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1 janvier 2003

La Comtesse

Nous arrivons au domaine, Alexandre est déjà là, à faire les cent pas dans le parc. Ma main glissée dans celle de mon mari, nous embrassons le cousin. D’un pas décidé nous montons les marches.

Personne à la porte, nous entrons dans le hall, puis dans le salon. Personne nulle part, Matthieu m’entraine à l’office. Une jeune femme et une petite fille sont en train de déjeuner
La femme nous regarde étonnée. ……… Vous êtes qui ?

……… Le propriétaire de cette maison !

Je laisse Matthieu discuter avec cette femme, et monte dans notre ancienne chambre, juste pour voir si quelque chose à changer, ou dans la chambre de ma puce.
Tout est en ordre. Je vais pour rejoindre les hommes dans la grande cuisine, quand des éclats de voix me parviennent. La dame de compagnie est rouge de colère. Matthieu et Alexandre viennent de la faire quitter la demeure sur le champ.

Alexandre rejoint sa voiture, nous la nôtre. En route Matthieu m’explique que l’employée était sur le point de partir, elle attendait le retour de la comtesse. Seulement elle n’a nulle part où aller avec sa fille et n’a pas beaucoup de références.

D’après cette jeune femme, la dame de compagnie se ferait servir comme une princesse, hurlant dans la cuisine si tout n’était pas fait selon ses desiderata, elle la faisait marner de sept heures à des fois plus de vingt-deux heures pour un salaire de misère. Ce qui l’empêchait de partir, c’est qu’elle a une chambre avec sa fille donc pas de loyer, malgré tout elle cherche une autre place.

Matthieu lui a demandé son contrat, elle a avoué travailler comme ça. Seule avec sa fille à élever, elle a répondu à cette annonce sans avoir vraiment de références dans le grand monde.  

Matthieu lui a proposé de rester en place, de garder le chambre pour sa fille et elle, à la seule condition que la petite ne court pas partout.

Très réticente à donner une réponse si la dame de compagnie restait, Matthieu a dû lui certifier qu’il devenait son nouveau patron et que cette femme était congédiée.
Que dès lundi, elle aurait un contrat en bonne et due forme. Elle a remercié les larmes aux yeux.

Pendant ce temps Alexandre était aux prises avec la mère Billion, Matthieu lui est venu en aide, intimant à cette femme de quitter illico cette maison, ou elle n’avait rien à faire. N’ayant pas de contrat de travail, il l’a menacé d’aller porter plainte pour sévices sur personne fragile, faisant le vide autour d’elle et l’empoisonnant à petits feux. Alexandre pour appuyer les dires, avoue avoir fait analyser le verre du repas chez manou

Laurence Billion de rouge est passée à blafarde. Elle a quitté le domicile sans demander son reste, prenant à peine ses effets personnels.

Alexandre l’aurait ramené au métro sans se préoccuper de la destination. Matthieu téléphonera lundi à l’agence de recrutement leur laissant entendre qu’il porterait l’affaire devant les tribunaux, s’il apprenait qu’elle continuait de travailler auprès de personnes âgées ou d’enfants.

Chez manou et Patrick. Lise et ses parents sont là, tous installés au salon Margaux dans les bras de Maryse, babille et la tante répond. Je suis émue aux larmes.
Je m’assois en me serrant contre mon mari

La tante …….. Vous voulez votre fille ?

…… Mais non gardez-là, elle vous fait la causette.

Un léger sourire se dessine sur le visage de Maryse qui a l’air de se détendre. L’apéritif est agréable, le repas plus calme qu’hier, je sens les cousins un peu sur la réserve.

Nous ne rentrons pas trop tard, tout le monde est un peu fatigué et demain comme dit tonton il y a école

Matthieu me laisse devant ma porte de bureau. Je lui tends mes lèvres

….. Monsieur Jorelle, je vais faire le tour des copines.
…… Et voilà à quoi je rémunère ma secrétaire !

…… Monsieur le Président, je vais présenter mes vœux à vos employées

….. Allez va trainer, il n’y a pas de courrier.

Je commence par le standard. Gy me reçoit les bras grands ouverts, ma cousine sourit. Je vois un café avec les filles tout en papotant de rien de spécial. J’attends toujours d’être seule avec mon amie pour partager des discussions intimes. Devant ma cousine, j’évite au maximum, il reste toujours ce petit truc qui fait que.

Après une bonne demi-heure en compagnie de mes amie-cousine, je descends au service de mes copines. Une acclamation m’accueille

…….. Madame Jorelle !

J’éclate de rire …….. Bah les filles alors !

Evelyne téléphone à Sabine. Je refuse le café des filles papote un peu, leur montre les dernières photos de ma puce et les quitte en les embrassant. En remontant je passe par le bureau de Gérard, pareil je refuse le café, je reste quelques minutes. Il me dit du bien de son service, qu’il est vraiment content, qu’une bonne ambiance s’est installée
En le quittant je vais faire la bise à Isabelle qui est super contente de me voir. Je lui propose qu’on déjeune ensemble un midi de la semaine. Elle me téléphonera.

En remontant je vais dire bonjour à Claude et lui rappelle mon prochain stage. Et pour finir ma tournée je vais chez Chantal qui me reçoit avec un grand sourire. Ce coup-ci j’accepte un petit café. Comme aux copines je lui montre les dernières photos de Margaux

…… Qu’est-ce qu’elle est belle, c’est une mini monsieur Jorelle et sa maman

Je souris ……..Merci ma chérie tu es gentille

….. Non je dis ce que je pense tu le sais

Je l’embrasse et la quitte. Enfin je remonte au bureau. Patrick se fait un café

…… Ah mon petit, je vous en fait un ?

J’éclate de rire ……. Bah tiens pourquoi pas !

Nous emmenons les tasses dans son bureau. A peine assise, je lui fais part de mon ressenti sur sa sœur.

…… Maryse est toujours chez vous ?

….. Oui bien sûr, nous voudrions la remettre sur pied.

J’opine de la tête sans répondre et oriente la conversation sur un sujet moins prenant.

Nous échangeons sur ce super réveillon, les progrès de Margaux. Je sens Patrick tout attendri. Ça me fait chaud au cœur. Je coupe ce moment d’émotion en demandant s’il a du courrier à faire.
…… Non mon petit.

Je ramasse les tasses et retourne dans mon bureau. Je m’aperçois que j’ai papoté toute la matinée.  Le téléphone sonne.
….. Tu manges

….. Oui bien sûr. On se retrouve en bas.

Pendant le repas, j’explique à Gy pour la mère Billion, je lui sous entends qu’il est fort possible que son mari récupère les travaux du domaine, en lui demandant de ne pas en parler à ma cousine

…… Mais non bien sûr

…… Je sais qu’elle n’est plus la même, mais j’ai toujours un petit truc qui me dit que.

Gy sourit …. Tu as été échaudée avec elle, je peux comprendre.

Nous repartons bras dessus bras dessous.

Aujourd’hui, ma puce fête ses sept mois. Ses progrès sont époustouflants. Pour l’occasion nous sommes invités chez tonton et tata. En arrivant je suis folle de joie, manou et Patrick sont là avec Maryse, En même pas deux semaines je trouve qu’elle a repris un petit peu de couleurs.

Je l’étreins et lui demande comment elle va.

….. Bien mon petit, je vous remercie.

Je lui fais un grand sourire et l’invite à s’assoir.

Lise descend l’étage quatre à quatre et embrasse tout le monde. Je vais à la cuisine demander à ce qu’il faut faire

……. Rien ma puce, tout est prêt.

Un coup de sonnette, je vais ouvrir à Alexandre, Lise me rejoint dans l’entrée, je les laisse se dire bonjour

Pendant l’apéritif Margaux passe comme d’habitude de bras en bras et fait sa coquine en riant et poussant des petits cris. Elle se force à tousser et éclate de rire, c’est son nouveau jeu. Ecouter des bruits et les reproduire.

Son parrain l’attrape des bras de tata ……….. Oh la môme Jorelle, tu n’as pas fini ton tapage ?

La petite le regarde en faisant la moue et d’un coup éclate de rire. Ce qui me fait rire aussi.
……. Evidemment ça ne m’aurait pas étonné que ta mère ne gouaille pas.

Tout en riant je réponds ……. Reconnais que sur ce coup elle t’a bien eu. Et j’ai un doute là, elle se moque de ta tronche non ?
Alexandre se tourne vers manou ……….. Manou comment faire taire cette péronnelle ?

Manou sourit ……. Aucune idée mon grand !

Il donne la petite à Maryse qui rosit légèrement, je fais celle qui ne voit rien. Maryse chuchote à l’oreille de la petite qui écoute très attentive en ouvrant de grands yeux, cette voix qu’elle entend pour la deuxième fois en peu de temps.

Alexandre se lève et rempli les verres, il se rassoit en souriant et en me toisant …….. Tu n’es qu’une insolente

…… Oui il parait, mon mari me le dit tous les matins en me tendant ma tartine beurrée

On s’amuse à se lancer des plaisanteries qui font rire ou sourire l’assistance.

Tata nous prie de passer à table, le repas est détendu. Du coin de l’œil j’observe la tante, assise aux côtés de manou.

Sans se goinfrer, elle a l’air de retrouver un peu d’appétit, puis manou surveille qu’elle se serve correctement.

La journée est plaisante et quand Matthieu me fait comprendre qu’il nous faut quitter ma famille, mon cœur se serre.

Tata insiste pour garder tout le monde au diner, prétextant que demain c’est dimanche et que rien ne presse personne.

Je suis à la fête quand Matthieu accepte.

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23 décembre 2002

Le premier Noël de Margaux

Je porte deux cafés dans le bureau de mon DRH qui éclate de rire en me voyant

…… Merci mon petit.

….. Comment allez-vous ?

……. Mais bien, depuis ce week-end, et vous ?

Je souris ….. Ça va merci

….. Alors quel est ce pli soucieux sur votre visage ?

Je bois mon café pour me donner une contenance …… Non rien de spécial.

….. Mais encore ?

Je finis par rire ……. Patrick vous n’êtes qu’un indiscret.

Il éclate de rire à son tour ……. Rien que ça ?

….. Vous avez parlé avec manou ?

….. Mon petit je parle beaucoup et de tout avec votre grand-mère.

….. Oui bien sûr.

….. Allez ne vous en faites pas, si c’est pour Maryse, nous allons faire en sorte de la garder un peu avec nous. Odette ne demande que ça !

Je hoche la tête …… D’accord, merci Patrick

Il me sourit ….. Vous n’avez pas à me remercier.

Je ramasse les tasses, et prends le dictaphone qu’il me tend. Je me mets au courrier sans vraiment d’engouement. Heureusement je n’ai pas celui de Matthieu.

Patrick a signé le courrier, je termine la mise sous pli. Je ne sais même pas si mon mari est dans son bureau, sa porte est fermée. Il est à peine onze heures et j’ai terminé mon travail, je me demande bien ce que je vais faire le reste de la journée.

Je vais laver les tasses et le plateau, avec une éponge je nettoie les alentours de la machine à café. J’essaie de m’occuper, quand mon téléphone sonne et me fait sursauter.

…… Darling veux-tu aller en courses ?

….. En courses ?

….. Faire les achats de Noël !

…… Heu lesquels ?

……. Aucune idée, un sapin par exemple et leurs décorations !

….. Ah !

Mon cerveau fonctionne à mille à l’heure …….. Heu non pas besoin.

….. Puis-je savoir pourquoi ?

Ironique je lui fais savoir ma pensée. ..….. Parce que je ne pensais pas que le grand PDG de Cathenry irait trainer les magasins à la recherche de guirlandes et de boules de Noël.

….. Bien !

J’ai senti son mécontentement dans ce simple mot. Je décroche mon téléphone et appelle la villa. C’est Lisette qui me répond

…. Bonjour Lisette

….. Bonjour madame Jorelle.

….. Est-ce que Georges pourrait me conduire cet après-midi dans un grand magasin ?

….. Si madame le désire, bien sûr. Que madame me dise où Georges doit prendre madame.

…. Heu, peut-il venir me chercher au bureau ? Nous gagnerons du temps.

…… Je l’envoie de suite madame.

….. Merci Lisette. Merci beaucoup.

Je sens un sourire dans la voix de l’employée …… Que madame ne s’inquiète pas

Du coup je range mon bureau et attends patiemment que madame Maurane me téléphone. En attendant je préviens Ghyslaine que je pars, et qu’elle ne m’attende pas pour manger.

L’après-midi avec Georges est un vrai plaisir. De par son bon goût nous avons acheté quantité de boules rouges et or, des kilomètres de guirlandes, des sujets de toutes sortes, sans sortir de notre couleur de base.

Dans ce même magasin je fais plusieurs emplettes. Pour chaque employée un coffret de chocolats suisse de grande renommée et une petite jacinthe en pot décoré. Pour les deux jardiniers et Georges, une bonne bouteille de vin accompagnera leurs chocolats

Mentalement je fais le tour de tout le monde. En fait nous avons pour habitude de ne pas se faire de cadeau, je trouve dommage, mais il est vrai que nous avons tout ce qu’il faut.

J’ai pour ma cousine, un tailleur et son corsage. Faisant la même taille que moi, je n’ai pas eu de mal à aller au forum un midi que Matthieu était absent

Je lui offrirai en douce. J’ai aussi pris un jeu de console pour Quentin et un joli ourson musical pour Aurélien. Je n’ai pas non plus oublié Sophie, je lui ai pris une jolie série de casseroles à fond en téflon.

Pour notre puce, avec son papa nous avons pris des vêtements et un trotteur, à cet âge difficile de faire de grands cadeaux, elle ne se rendra même pas compte

J’ai fait de folles dépenses mais je suis ravie. Je peux enfin dépenser sans compter. Mon salaire étant uniquement pour moi. Je n’ai pas à penser aux factures ou autre, je ne fais plus de versements à manou, et mon compte est largement rempli.

Le coffre plein d’emplettes, Georges me dépose à l’appartement, promettant de ranger tous les paquets. Je le remercie en lui recommandant une dernière fois de s’occuper de la décoration et du sapin.

……. A demain Georges, merci pour cet après-midi

….. Madame, vous n’avez pas à me remercier, je suis largement payé pour vous servir.

Je lui serre la main avec un grand sourire. Il remonte en voiture, je le regarde s’éloigner avant de prendre l’ascenseur, l’estomac un peu serré. Il est déjà tard et je m’attends à un accueil des plus froid !

Matthieu n’est pas rentré, je respire un bon coup. Je vais voir ma puce Je joue un bon quart d’heure avec elle, avant que Clara me demande si je veux la faire diner.
…… Non allez-y Clara.

Je vais prendre une douche et enfile une robe d’intérieur, installée sur le canapé j’attends mon mari.

Ce soir pendant le diner, Matthieu me fait savoir qu’il a déjeuné et passé un bon moment avec Marc, qui lui a répété ce que je lui avais dit. Il a soutenu que la comtesse n’était pas au mieux de sa forme et que souvent l’employée répondait pour la tante, lui coupant même la parole ou n’hésitant pas à la contredire.  

Il me fait comprendre qu’il va laisser faire les travaux, en donnant lui-même des directives à Marc qui semblant de rien les imposera au domaine. 

Matthieu m’entraine vers le canapé.

…… Mais ta tante pourra payer les travaux ?

…… Non, elle ne pourra pas, Marc va faire des devis au-dessus des moyens de Maryse

…… Pourquoi ? C’est du vol.

Matthieu sourit, tout en épluchant sa pomme ……… Darling, je connais exactement les finances de Maryse, dans le sens où je m’occupais de ses comptes, que je ne verse plus de rente, qu’elle ne perçoit plus de dividende de la société et que le domaine est lourd à entretenir

……. Mais elle a reçu beaucoup ?

Matthieu fait une moue en haussant une épaule d’un geste comique. …….. J’ai racheté au minima, sur du passif, elle a environ deux cent mille euros.

Ce qui me parait une énorme somme ………. C’est beaucoup quand même.

…… Darling Neuilly est une rente, entre les charges courantes et le personnel.

…. Mais alors comment tu fais ?

…… La société tourne à plein rendement, Neuilly est attaché à la société, c’est donc Cathenry qui paie les charges. Maryse n’est pas au courant, j’ai pris cette décision avec Patrick.

…… Ah d’accord.

…… Lorsque j’ai repris la société, nous étions au bord de la faillite. Il m’a fallu tout relever, les agences une par une, mais Neuilly engloutissait la plupart des bénéfices que je voulais réinjecter dans d’autres agences pour accroitre le chiffre d’affaires, du coup j’ai laissé un peu Neuilly en souffrance

Je glisse ma main dans la sienne. ……. C’est du passé chéri. Tu t’en es sorti à merveille.

….. Patrick m’a soutenu, et ton arrivée dans ma vie a été un souffle de bonheur

….. Oh merci mon chéri.

Il me sourit de ce sourire que j’aime tant.

La comtesse ne tiendra pas longtemps, surtout avec les factures des travaux. Elle va vite se rendre compte que la société et son dirigeant la faisait vivre.

……. Et tu feras quoi alors ?

…… Rien tant que l’autre sera en place. La maison a un bail de trois mois, d’ici là où je le prolonge ou je l’arrête et nous réintégrons le domaine.

Nous finissons notre conversation dans des ébats amoureux, là sur le canapé au risque de nous faire prendre par Clara ou Sophie. En nous en rendant compte, nous éclatons de rire et allons ensemble sous la douche.

Ce matin nous partons avec Clara et notre puce pour la villa.

En arrivant dans le parc je reste éblouie. Partout de grandes guirlandes scintillantes, les arbres pour la plupart nus de leurs feuilles sont décorés de lampes multicolores.

Marjorie nous ouvre la porte avec un grand sourire. …… Bonjour madame Jorelle, bonjour monsieur

Nous la saluons et entrons dans le salon- salle à manger. Catherine à son tour nous reçoit gentiment, un immense sapin trône dans le salon, tout illuminé. Je reste interdite devant la beauté de sa décoration.

L’odeur de la sève empli la pièce. Je prends Margaux des bras de Clara, lui enlève son manteau et l’approche du sapin. En poussant des petits cris, elle allonge le bras, sa menotte s’ouvre et se ferme à chaque exclamation.

Je ris et la donnant à sa nurse. Matthieu me prend la main, nous montons à l’étage vérifier toutes les chambres, sachant que tout le monde va dormir là. Parain et tata, Lise, Manou et Patrick, Alexandre et Sophie qui doit venir avec son patron. Seule pour Noël, il n’était pas question de la laisser à l’appartement.

Les cuisines nous ont préparé un déjeuner léger, après manger, mon mari m’entraine dans une petite balade. J’ai un coup au cœur, pensant au magnifique parc du domaine, de la gloriette ou c’est toujours un plaisir de se retrouver. De ce beau salon de jardin que Matthieu avait offert et qu’on a à peine profiter
Reverrais-je tout ça ? Ma fille connaitra-t-elle ?

Je chasse ma mélancolie en entendant la voiture de Patrick. Nous allons au-devant des arrivants, et rentrons au chaud

J’ai les mains et les pieds glacés.

Nous prenons place dans le salon, aussitôt Catherine pose un plateau de tasses. Matthieu fait le service.

Manou demande sa chambre pour se préparer. Je monte avec ma grand-mère

……. Je t’ai attribuée celle-ci manou, j’espère que ça ira. Tu as la salle de bains ici

Je me dirige vers la porte au fond de la chambre

….. C’est parfait ma poupée.

J’embrasse ma grand-mère ……. Je vais aussi me préparer manou, tu sauras redescendre ?

….. Oui ma puce ne t’inquiète pas.

Je vais embrasser ma fille et jouer une dizaine de minutes avec elle. Elle est déjà en pyjama prête à se coucher. Je souris à Clara ……. Tout va bien ?

…… Oui madame Jorelle.

…… Quand elle sera endormie, mettez le babyphone et descendez en cuisine, les filles ont préparé un petit repas.

….. Merci madame.

J’ai demandé à George, qu’il passe la consigne aux cuisines. Après tout pourquoi ferions-nous bombance et les employés mangeraient ordinairement ? Non pas avec moi. Je pars du principe que nous leur devons tout, ils nous servent avec respect et gentillesse

En arrivant dans notre chambre je trouve mon mari les cheveux humides en caleçon au milieu de la pièce

…… Tu étais où Darling ?

….. Avec Margaux, et j’ai dit à Clara de mettre le babyphone pour descendre aux cuisines, je sais qu’elles font un repas

…… Oui tu as bien fait ma chatte !

Je lui tends mes lèvres qu’il effleure ………. Ne me tente pas madame Jorelle !

Je vais à la salle d’eau en riant.

Je me prépare rapidement tout en prenant soin à mon maquillage et mon brushing. Un voile d’eau de toilette je peux descendre.

Au salon tonton tata et Lise sont arrivés, ils sont en grande conversation avec manou et Patrick. Alexandre et Sophie nous rejoignent pendant que Matthieu sert le champagne en guise d’apéritif.

Nous trinquons à ce nouveau Noël. Tout le monde parle à tout le monde, un joyeux brouhaha se fait entendre. Je suis à mon aise dans le bruit de ma famille, des gens que j’aime, si ce n’est qu’il en manque !

Tata et manou me font compliment du repas qui est une perfection. Les mets de qualité sont tout simplement sublimes. Le foie gras fait et cuisiné par Lisette est véritablement un délice.

Lisette nous a concocté un repas de fêtes digne des plus grands restaurants.

Après les deux entrées, la souris d’agneau fondante accompagnée de petits légumes mi-cuits, je commence à être gavée, Catherine nous sert un petit verre rempli de boule de glace et d’un liquide jaunâtre. Je sens

Matthieu sourit …… C’est un trou normand, glace à la pomme et calva.

Je déguste la cuillère de glace et comme Matthieu me le préconise, j’avale d’un trait l’alcool. Une certaine chaleur se propage dans ma bouche et dans tout mon corps. Je me sens bien, je me sens flotter dans un halo de bonheur

Le reste du repas nous tient encore une petite heure à table.

Nous allons au salon pour prendre café et champagne. Une musique s’élève dans la pièce, Matthieu me tend la main. Je me retrouve dans ses bras à tournoyer. Lise et Alexandre, je vois tonton et tata se lever et nous rejoindre sur la supposée piste.

L’alcool aidant, les bras de mon époux me guidant dans cette valse, je suis comme dit manou tourneboulée.

A minuit nous nous embrassons tous, nous souhaitant plein de bonnes choses.

Je m’éclipse quelques minutes et vais aux cuisines espérant y trouver Georges. Il est là avec les filles, discrètement je lui fais signe

……. Madame Jorelle ?

…… J’aurai voulu donner les petits présents au personnel.

….. Oui madame Jorelle, je vais vous chercher ça

J’attends à peine quelques minutes, Georges revient avec un grand sac de supermarché et une cagette qui contient les petits pots de fleurs.
Je le remercie, nous allons aux cuisines. Les filles finissent leur repas de Noël

…… Je viens par ces quelques petits présents vous remercier d’être à notre service avec autant de gentillesse.
Tout en parlant je leur offre à chacune une boite de chocolat pendant que Georges leur donne une Jacynthe.

Je leur fais la bise en leur souhaitant un joyeux Noël.

En sortant de la pièce je fais un petit signe de la main. En croisant le regard de Lisette je peux voir ses yeux brillants de larmes.

Je retourne au salon, ou des éclats de rires se font entendre.

Le champagne coule à flot, nous dansons jusque tard dans la nuit. Je passe de bras en bras, avec tonton qui me fera valser, Patrick aussi. Alexandre me fera tournoyer dans un slow. Les gars n’oublient pas d’inviter Sophie qui se détend et rit de bon cœur.

Il est trois heures quand nous montons nous coucher. Je suis épuisée et m’endors rapidement dans les bras de mon mari.

Je me lève sans bruit et me prépare tranquillement. Je vais à la chambre de ma puce qui gazouille sur son tapis de jeu, sa nourrice assise à ses côtés.
Dès mon entrée dans la pièce elle prend la petite et se lève ……. Bonjour madame Jorelle, je voulais vous remercier pour hier

Je lui souris …….. Bonjour Clara, rien de plus normal. Je vais descendre avec Margaux

……. Oui madame

Elle me tend ma fille qui babille. A la salle à manger Manou et tata finissent leur déjeuner. Je les embrasse, Sophie arrive, je lui fais la bise

….. Bah qu’avez-vous fait de vos maris ?

Tata sourit ……. Ils sont allés prendre l’air. Donne-moi la petite et déjeune tranquillement

……. Merci tata

Justement Patrick et tonton arrivent, suivis de près des amoureux. Mon mari daigne nous rejoindre, son cousin le taquine. Matthieu répond sur le même ton. Nous finissons par rire.

La journée est plus calme, on sent les convives fatigués. Le repas du midi est à l’image de celui de la veille. Des mets de choix.

Parrain et tata nous quitte en toute fin d’après-midi emmenant Lison. Manou et Patrick restent diner avec nous. Alexandre et Sophie nous quitte aussi.

Le repas léger est très calme, ma grand-mère et son mari nous quittent en milieu de soirée

Matthieu a décidé de nous octroyer quelques jours de repos. En cette fin d’année mon mari a besoin de recharger un peu les batteries. Ses traits tirés en témoignent.

Le matin nous nous prélassons au lit, sans parler, juste à profiter d’être dans les bras rassurants de mon mari. Un silence de communion nous uni, nous n’avons pas besoin de plus pour nous prouver notre amour

Dans la matinée il s’enferme une paire d’heure dans le bureau. Je le soupçonne de téléphoner à son oncle, pour s’enquérir de la bonne marche de la société. Peut-être répondre à quelques mails.

Après le déjeuner du midi, nous allons ensemble nous allonger. A mes côtés je sens Matthieu relâcher la pression et s’abandonner dans un sommeil réparateur. Souvent d’entendre sa respiration tranquille et régulière, je me laisse aller et m’endors à mon tour.

Après un café, nous allons promener notre puce bien emmitouflée soit dans son landau soit dans les bras de son papa.

Cette petite semaine passe très vite, j’ai profité au maximum de ma puce et de son papa. Je le trouve plus reposé, les traits détendus et moins sur la réserve. Ces toutes petites vacances ont été bénéfiques

Lundi soir après diner, nous reprenons la route pour l’appartement. En partant je vais souhaiter bon courage au personnel en leur serrant la main.

Clara couche une Margaux grognon, certainement fatiguée sans pouvoir trouver le sommeil.

Au petit déjeuner, Matthieu me dit aller faire un tour rapide aux bureaux.

Pour m’occuper, je vais prendre le bain à ma puce et lui fais ses soins. Je joue un bon moment avec elle, jusqu’aux premiers signes de sommeil, je la couche et lui fredonne une douce mélodie.

Je vais me prélasser dans un bain chaud et parfumé.

En passant dans le couloir j’entends Clara parler à ma fille qui gazouille, je souris. Je trouve qu’elle fait d’énormes progrès de jour en jour. Sa perle de nourrice s’en occupe merveilleusement bien.

Je décide de lui donner son repas. Elle se tient droite dans sa chaise haute et ouvre bien la bouche, elle essaie d’attraper la cuillère. Du coup je lui en donne une, qu’elle s’empresse de taper dans la purée, ce qui éclabousse un peu les alentours.
Je voudrais lui enlever, ce n’était pas une bonne idée. Un hurlement soudain s’élève dans la cuisine.

Sidérée, je regarde ma fille, sans pouvoir réagir. Au même moment Matthieu entre dans la cuisine

….. Que se passe-t-il ?

En deux mots je lui explique la situation

….. Tu ne dois pas la laisser hurler comme ça darling !

D’un ton sévère son père la faire taire. La petite regarde son père avec une tête toute triste et prête à pleurer.

Il se tourne vers Clara ………. Continuez de la faire déjeuner !

….. Oui monsieur.

Entourant mes épaules il me conduit à la table de la salle à manger. ……… Darling, tu ne peux pas laisser Margaux piquer de telles colères.

…… Ce n’est qu’un bébé.

…. Un bébé qui sait très bien ce qu’elle fait !

Je n’insiste pas, aucune envie qu’on s’engueule pour un bébé de 6 mois qui se met à crier pour une petite cuillère

Après manger, Matthieu m’oblige à aller m’allonger pour me reposer un peu, il voit que je suis contrariée.

Un doux baiser me sort de mon rêve. Matthieu penché sur moi sourit ………. Allez marmotte, va te préparer.

Je l’attrape par le cou et l’oblige à se pencher sur moi, presque couché. Je force sa jolie bouche aux lèvres chaudes, je sens son sourire, nous nous embrassons passionnément, de longues minutes.

…… Allez madame Jorelle, votre grand-mère nous attend

Je le repousse et le taquine en me levant ……… Ah, et pas son mari ?

D’une claque sur les fesses, il me pousse vers la salle d’eau. Je découvre une magnifique robe noire fourreau. Je souris, en me glissant sous l’eau de la douche. Je me maquille soigneusement et reforme mon brushing rapidement.

En pénétrant dans le salon je peux voir mon mari dans toute sa splendeur me détailler les yeux brillants d’amour. Il vient m’enlacer et m’embrasse à m’en faire perdre la tête.
……. Madame Jorelle, il vous faudra un jour payer votre perfection qui a pour effet de me faire perdre tout sens des réalités.

Le cœur battant je ris de bonheur ……… Monsieur Jorelle, vous êtes déloyal, vous faites en sorte que je devienne tentatrice et vous me faites reproche de votre manque de retenue.

C’est en riant que nous descendons au parking, Margaux dans les bras de son père, Clara la mallette bébé à la main.

Chez manou le sapin est somptueusement décoré, quelques paquets au pied. Je suis assez étonnée, il n’est pas dans nos habitudes d’échanger des cadeaux.

Une jeune femme nous débarrasse de nos manteaux, Clara emmène Margaux à la cuisine pour la faire diner. Je sais qu’au moment de l’apéritif elle va passer de bras en bras.

Patrick nous conduit au salon, et nous prie de nous assoir. Je demande à Alexandre à quelle heure arrivent mon parrain tata et Lise

…… Aucune idée, je ne vis pas chez eux. De plus pas sûr qu’ils soient invités

Je hausse une épaule ……. Tu es vraiment nul des fois

Il fronce les sourcils …… Dis-moi mon cher cousin, tu n’as pas encore réussi à la faire taire cette mégère !                                                                                                                                             

Je sens Matthieu à mes côtés se retenir de rire ……….. Que veux-tu mon cher, n’aurais-tu pas un exemple dans tes connaissances ?

…… Oh grand Dieu, jamais de la vie

La joute verbale cesse, alors que nous entendons du bruit. Lise et ses parents viennent nous embrasser. Lise est en beauté, elle a mis le tailleur que je lui ai offert la semaine dernière.
Je la prends dans mes bras et la complimente.
…… Merci à toi ma Méli.

L’animation reprend, quand je vois la figure d’Alexandre changer. Patrick se lève et va au-devant des nouveaux arrivants. Je reconnais sans tourner la tête la voix de Maryse.

Dans un parfait ensemble tout le monde se lève pour l’accueillir. Une soudaine angoisse m’étreint. Une certaine peine m’enveloppe en voyant la vieille dame, amaigrie, la mine triste et fatiguée. Sa dame de compagnie sur ses talons.

Elle embrasse tout le monde sans distinction et s’assoit sur le canapé face à nous. Direct sa bonne femme comme l’appelle mon mari, prend place à ses côtés.

Nous reprenons nos places, la conversation est tombée, et là tout de suite je sens qu’il va y avoir un clash. Mon mari ? Son cousin ? Aucune idée pour l’instant

Patrick propose un porto à la tante qui acquiesce d’un petit sourire. Je me lance

…… Comment allez-vous Maryse ?

La tristesse de son regard me fait mal. Encore un peu et j’aurai l’impression qu’elle va éclater en sanglots.

….. Ni bien, ni mal.

Je prends le verre que Patrick me tend et le remercie d’un grand sourire, j’essaie de lancer une conversation avec tata et ma cousine, quand cette dernière me demande où est sa filleule.

….. Elle mange avec sa nounou, elle va venir après.

Je n’ai pas fini ma phrase que Margaux dans les bras de Clara s’agite et pousse ses petits cris.

Lise se lève et tend les bras, Clara lui donne l’enfant et retourne à la cuisine.

Tata prend la main de la petite et babille avec elle, j’ai envie de rire. Les hommes discutent entre eux, Manou s’exclame devant son arrière-petite-fille qui saute sur les genoux de sa marraine

….. Quelle vivacité cette petite, elle marchera de bonne heure

….. Tu crois manou ?

…. J’en suis certaine, tu as marché tu avais à peine onze mois

Nous voilà à parler de Lise et moi petite. 

Margaux qui est passée des bras de Lise à manou et tata, commence à s’agiter. 

Dans la cuisine, un grand remue-ménage. Je demande à Clara de changer et coucher la petite.

Clara me suit dans le salon pour récupérer la petite. Je suis très étonnée, elle est dans les bras de Maryse et semble écouter avec grand intérêt ce que lui chuchote la tante. J’ai envie de sourire, Margaux étant calmée j’attends un peu avant de mettre fin à ce joli tableau. Je profite de mon téléphone pour faire une photo.

Nous passons à table, manou place ses convives, les anciens d’un bout de table, la jeunesse ensemble à l’opposé.

Le repas se déroule dans les rires et les taquineries des uns et des autres. Alexandre s’attaque à ses futurs beaux-parents avec espièglerie, mon oncle n’est pas dupe et répond du tac au tac. Avec Lise, tata et manou nous sommes obligées de rire. Je surprends quelques sourires de Maryse, ses yeux ont la douceur que j’ai toujours connu. D’un coup mon cœur se serre, j’apprécie tellement cette femme.

Au milieu du repas, j’intercepte un geste de la mère Billion qui ne me plait pas beaucoup. Discrètement je tire la manche de mon mari, qui pose son regard sur moi. Tout aussi discrètement je lui glisse dans l’oreille

….. Elle empêche ta tante de manger, et elle a mis un truc dans son verre, je ne sais pas ce que c’est.

Matthieu d’un regard capte l’attention de son cousin qui comprend que quelque chose n’est pas au goût de Matthieu.

Matthieu …….. Seriez-vous malade ma tante ?

La tante au regard effacé. …… Non mon grand pourquoi ?

….. Pourquoi ? Que prenez-vous comme médicament ?

….. Non c’est pour m’aider à digérer.

Alexandre …… Auriez-vous des difficultés à digérer ?

….. Oui si le repas est trop copieux.

Alexandre sourit …….. Je vous ai connu avoir un bon coup de fourchette pourtant.

La tante baisse des yeux tristes dans son assiette vide sans répondre. Alexandre se lève, fait le tour de la table et d’un mouvement brusque attrape le verre de la tante et le sent. Il sort de la pièce et revient quelques minutes après avec un verre propre.

L’ambiance est retombée, la dame de compagnie, le visage fermé foudroie la tante du regard.
J’ai presqu’envie de me lever et de la gifler, mais pour qui elle se prend cette dingue ?

Les deux cousins discutent à voix basse et en anglais. Je capte quelques mots ou il serait question d’odeur de noisette.

Tonton et Patrick essaient de remettre des discussions plus joyeuses en route. Lise fait son pitre ce qui finit par faire rire tout le monde. 

Nous trainons trois bonnes heures à table, le repas était succulent. Au moment de passer au salon pour le café et les liqueurs, les deux cousins s’approchent de la mère Billion.

Matthieu ……. Je vous prie madame de quitter cette maison, la place des domestiques n’est pas à la table des patrons !

….. Je ne vous permets pas monsieur, je ne fais pas partie de votre personnel

Alexandre ….. Peut-être mais ici c’est la maison de mon père, et nous n’avons pas besoin de vous en ce jour

Matthieu fait un geste de la main, une jeune femme amène le sac et le manteau de la dame de compagnie. Alexandre la raccompagne à la porte. ……. Je vous ai appelé un taxi !

Je glisse ma main dans celle de mon mari. Il penche la tête vers moi, et effleure mes lèvres. ….. Une bonne chose de faite.

…. Vous allez faire quoi ?

…. La virer purement et simplement, en fait elle n’a pas de contrat avec la tante. Nous verrons ça demain.

J’essaie de me replonger dans l’animation du réveillon. Manou me tend un paquet.

…… Le Noël de la petite.

Je me lève et prends manou dans mes bras, je la serre fort…….. Merci manou.

Un joli ourson musical avec une tête toute rigolote. Tata aussi m’offre un paquet, un bel ensemble tricoté, robe et cardigan, je les remercie chaleureusement. Lise à son tour me tend un paquet, je finis par rire

…… Hé ben, je suis gâtée.

Le parrain et la marraine ont pris un jeu d’éveil, fait de cubes, d’anneaux et bien d’autres choses qui s’empilent, dans de jolies couleurs

Je remercie tout le monde en leur faisant la bise. Maryse me tend presque timidement un petit paquet enrubanné. C’est aussi un jouet musical, j’embrasse la tante en la serrant fort dans mes bras.

L’ambiance est bon enfant, manou fait servir café et champagne. Une douce musique s’élève, Matthieu me tend la main, nous nous retrouvons au milieu du salon à danser.
Tard dans la soirée, ou plutôt au petit matin, les deux cousins s’entretiennent à l’écart de tout le monde. Matthieu vient me voir

….. Darling, il était question que nous dormions sur place, avec Alexandre et Elise. Nous aimerions que la tante ne rentre pas à Neuilly, elle va donc dormir ici, et nous allons rentrer, nous reviendrons demain. Clara et Margaux dormiront ici aussi

….. Oui bien sûr, il n’y a pas de problème, mais pourquoi ?

….. Avec Alexandre, demain nous voulons en savoir un peu plus, sur l’état de la tante. 

….. Oui d’accord.

16 décembre 2002

La villa

En chemin, je rappelle à Matthieu que cette semaine, je dois faire un stage.

…… Vois avec Cériez darling, je vais à Créteil.

….. D’accord, heu je prends qui pour les après-midi ?

….. Vois avec madame Benton ou madame Legal, elles ont des intérimaires

….. D’accord.

Il me dépose aux portes du bureau. Sur le trottoir, je le regarde partir, un sentiment de solitude me prend subitement, sans raison aucune, puisqu’il rentre ce soir.

En entrant dans le sas, je ravale mes larmes et me traite d’imbécile. J’affiche un sourire en pénétrant dans le hall.

Je vais directement au bureau d’Evelyne qui me reçoit gentiment. Sabine arrive derrière moi, nous nous faisons la bise.

Les filles me demandent ce qui m’amène en souriant je leur explique qu’il me faut une intérimaire pour la semaine

Evelyne ……. Il y a Astrid, elle est rapide et comprend facilement.

….. Elle est arrivée ?

….. Oui c’est la blonde là-bas.

…… D’accord

….. Astrid, tu changes de poste, tu es à la direction pour la semaine. Ça ne t’ennuie pas ?

La jeune femme nous regarde …….. Ah non pas du tout.

Je lui souris …… Je vous emmène ?

….. Oui !

J’attends qu’elle prenne ses affaires, son sac et son manteau. Nous montons en ascenseur. Je lui donne le planning à lire, allume les machines et ouvre les armoires

Je prépare le plateau et vais frapper à la porte du DRH, qui sourit en me voyant.

Il se lève pour m’embrasser ……… Comment allez-vous Mélissandre ?

……. Mais bien, et vous ? J’ai récupéré une intérimaire au secrétariat, je suis en stage cette semaine

….. Bien mon petit !

Je discute une bonne heure, avec mon DRH, nous rions sur quelques boutades. De but en blanc il me demande si ma cousine est souffrante.
….. Non pas que je sache pourquoi ?

…… Avec votre grand-mère nous l’avons trouvé sur la réserve ce week-end

…… Un petit différend avec monsieur Duval fils

Il éclate de rire ……. Alors, laissons-les régler leur différend.

Je souris …… Bon je vais aller travailler un peu.

Je donne le dictaphone du DRH à l’intérimaire, en lui disant de prendre exemple sur les feuilles que je lui ai confié.

Je téléphone à Cériez et lui explique qu’il me faut un stage d’une semaine. Je me justifie en expliquant que c’est en accord avec mon PDG et mari. Nous papotons quelques minutes, il m’attend pour 14H
Le dictaphone de Matthieu est plein, et j’ai l’impression de ne pas avancer, le téléphone n’arrête pas de sonner. A midi j’envoie l’intérimaire manger. Enfin vers midi quarante je peux aller chercher ma cousine.

Je propose un plat à la brasserie. Je lui demande si avec son adonis ça va mieux. Elle m’explique qu’elle a éclaté en sanglots, du coup il l’a prise dans ses bras ils se sont expliqués, il s’est excusé de s’être emporté, elle s’est excusée d’avoir mal réagi

Je ris …….. Bon bah voilà tout est bien qui finit bien.

Je vais boire le café au standard, pour faire une bise à mon amie.
De retour au bureau j’accélère pour terminer mes courriers, et vérifie rapidement celui d’Astrid.
A quatorze heures je descends chez Claude.

En remontant je vois l’intérimaire faire la mise sous pli. Je lui demande si tout a été signé.

…… Oui madame.

….. Bien.

Par l’interphone je préviens mon mari que je suis remontée.

….. Veux-tu rentrer ?

….. Tu as fini ?

….. Oui ça ira pour aujourd’hui !

Je range mes affaires et préviens la jeune femme que je pars, qu’elle devra éteindre l’imprimante et le perco.

Je retrouve Matthieu dans son bureau.

En chemin il m’explique qu’il doit aller à Reims pour l’ouverture d’une nouvelle agence.

…… Mais t’arrêteras-tu un jour mon chéri ?

….. Nous n’avions pas de grande enseigne dans la Marne, et j’ai de la demande.

….. D’accord. Tu pars combien de temps ?

….. Demain matin, je pense rentrer jeudi au plus tard.

….. D’accord.

Il se tourne vers moi en souriant …….. Alors si mon épouse est d’accord !

…… Ben d’accord pas d’accord, ça ne changera rien. Et je ne peux même pas venir avec toi, je suis tenue par mon stage

….. Et ça été avec Cériez ?

….. Oui c’est cool, j’aime bien travailler avec lui, il explique bien.

Il sourit en faisant des hum ! Hum !

C’est enlacé que nous allons voir notre puce, dès qu’elle nous voit elle s’agite en poussant ses petits cris.

Ce matin Matthieu me dépose à la société, il espère rentrer demain, jeudi au plus tard. Je l’embrasse avant de présenter ma carte de pointage. Dans le sas je me retourne, Matthieu m’envoie un grand sourire avant de démarrer.

Comme chaque fois qu’il part je ressens comme un abandon. Je monte le cœur gros, les larmes au bord des yeux.

Tout en faisant le café j’essaie de réfléchir à cette attitude complètement folle. Seul un psy pourrait m’aider, mais je pense que ça vient de la perte de ma mère qui est en soi comme un abandon, puis l’attitude de mon père.

Je porte deux cafés dans le bureau de mon DRH qui éclate de rire en me voyant

Nous papotons une petite heure, sur divers sujets sans grande importance, juste histoire de discuter.

Je me sens bien seule à l’étage, mon PDG de mari n’est pas rentré mon DRH a déserté, sur mon bureau le courrier signé.

L’intérimaire n’est pas rentrée de déjeuner. Je me fais un café et tout en réfléchissant je fais la mise sous pli.

A quatorze heures, je descends chez monsieur Cériez en laissant quelques consignes à l’intérimaire.
Claude me reçoit d’un grand sourire et d’une franche poignée de main.

Les trois heures de cours passent en explications de quelques cours que j’ai du mal à retenir.

……. Nous reviendrons dessus demain, si vous le souhaitez

…… Oui d’accord, merci Claude.

Nous nous serrons la main en nous disant à demain, même heure.

Je retrouve l’intérimaire à faire la mise sous pli. Par habitude je lui demande si le courrier a été signé.

…… Oui madame, par le DRH.

…… D’accord, bon je me sauve, vous fermerez les armoires et éteindrez le perco et l’imprimante.

…… Oui d’accord.

Je rassemble mes affaires, vais frapper chez Patrick, pour le prévenir que je rentre. Il se lève et me fait la bise.

……. Bonne soirée Mélissandre

…… Merci Patrick, bonne soirée aussi, embrassez manou

Il sourit ….. Je n’y manquerai pas.

Je vais directement voir ma fille, et joue une petite heure, avant de la rendre à sa nourrice qui va la faire manger

Ce soir Sophie est absente, la soirée est tristounette. Je ne vais même pas à la télévision, je me couche avec un bouquin.

Matthieu me téléphone un peu avant vingt-deux heures, il m’apprend qu’il a bien bossé et espère rentrer plus tôt. J’exulte

……. Je t’attends demain alors

Il éclate de rire …….. Darling je suis arrivé en fin de matinée, le temps d’aller prospecter. Non je pense rentrer jeudi en après-midi ça te va ?

…… Heu bah faudra bien hein !

…… Oui madame Jorelle, je t’aime, dors bien
C’est le cœur gros que je raccroche.

Ce midi je mange avec Lise, Ghyslaine va faire des courses, et Alexandre est plein de rendez-vous à domicile

Nous avalons rapidement un croque-monsieur salade. Lise voudrait que je l’aide pour une dissertation.

Pendant qu’elle s’occupe du café, je relis ses notes. Assise sur une chaise visiteur, elle boit son café à petites gorgées, nous débattons sur ce sujet épineux

‘’La raison peut-elle tout expliquer ?’’

Je réfléchis quelques secondes. Sans lui donner mes idées, je la laisse noter quelques questions qui vont l’aider, la conseille de faire des recherches sur Kant et sa pensée. Je l’aiguille en lui justifiant le terme raison qui vient du latin ratio qui veut dire calcul

Je fini par lui expliquer que la raison se définit comme la capacité de l’Homme à formuler des jugements mais aussi à faire la différence entre le vrai et le faux, le bien et le mal. Et enfin je lui fais remarquer que la raison est une faculté de juger qui permet à l’homme de connaitre le monde théorique et d’orienter ses actions dans l’aspect pratique.

Lise me regarde avec de grands yeux étonnés ………. Woua l’intello ! Je suis scotchée

Je ris ……. Pourquoi ?

….. Mais comment tu sais tout ça ?

….. J’ai appris ma Lison !

…… Bon je fais et je t’emmène pour dire si je ne suis pas hors sujet ?

….. Oui, ok !

Elle m’embrasse en me serrant dans ses bras ………. Merci ma Méli, tu es la meilleure

L’intérimaire entre et nous regarde en souriant. Lise fait coucou de la main et referme la porte en douceur

A quatorze heures, je descends chez monsieur Cériez en laissant quelques consignes à l’intérimaire.
Claude me reçoit d’un grand sourire et d’une franche poignée de main. Nous revoyons les deux leçons d’hier et lundi, il me pose des questions pertinentes, je ne tombe pas dans les pièges, mais les déjoue habilement. Notre cours se termine en éclats de rire.

Ce mercredi je mange avec Ghyslaine que je trouve bien silencieuse
…… Qu’est-ce qui se passe Ghy ?

…… J’ai du mal à trouver une nourrice, du coup Marc ne prend pas de chantier et garde les enfants

…… Ah mince. Tu t’es renseignée auprès de qui ?

…… La mairie, et la PMI mais les nourrices ont leur quota pour l’année, je me réveille un peu tard.

…… Et tu n’as pas de crèche

…… C’est pareil, tu sais, il faut s’y prendre au 6e mois de grossesse

……. Ah zut, je ne sais pas quoi te dire. Et quelqu’un qui viendrait chez toi c’est cher ?

Elle sourit …… Ma belle, on n’a pas vraiment les moyens

…… Oui je me doute. Mets des annonces chez les commerçants, souvent quand j’étais étudiante je trouvais comme ça

…… Oui je vais voir.

J’essaie de lui trouver des idées. Décidément je suis vraiment chanceuse d’être libérée de tous ces soucis qui minent.

En rentrant je glisse mon bras sous celui de mon amie, pour essayer de lui donner un peu de réconfort. Je la quitte devant sa porte de standard en l’embrassant.

Alors que je m’apprête à me coucher, Matthieu me téléphone pour me dire qu’il est satisfait, il me pose des questions sur le bureau, je le rassure en le faisant rire.

J’ai hâte, il m’a promis de rentrer demain en milieu d’après-midi.

Le cours de Claude Cériez se termine en fou rire, comme souvent. Sous ses airs d’avocat austère, c’est en fait un type super et rempli d’humour.

Alors que je remonte au bureau, la porte de communication avec mon mari est ouverte. Je me précipite.
…… Oh tu es rentré.

Il éclate de rire ………. Je viens juste d’arriver darling

Nous échangeons un long baiser qui me fait frémir. Doucement il se détache de moi.

……. Veux-tu rentrer ?

….. Heu oui si tu veux.
….. Il nous faut nous préparer, ce soir est le gala de fin d’année

…… Ah bon ! Mais tu ne m’as rien dit, je n’ai pas de tenue de prévue.

Il sourit ……. Madame Jorelle, dois-je jusqu’à aller m’occuper de vos tenues ?

…… Heu bah non, mais je ne savais pas.

…… Je t’ai fait livrer une robe darling.

Je monte sur ma pointe des pieds et murmure sur ses lèvres ……….. Merci monsieur mon mari

Il attrape ma taille et force ma bouche je glisse mes mains autour de sa taille, pour me serrer contre lui.
……. Allez femme de petite vertu, dépêche-toi

Je souris en allant chercher mes affaires, Matthieu me rejoint dans mon bureau. Il pose le parapheur sur le bureau d’Astrid et m’aide à enfiler mon manteau. Il attrape ma main nous allons à l’ascenseur.

Je vais voir ma puce avant de finir de me préparer. J’aime autant qu’elle ne bave pas sur ma robe. Cette robe que Matthieu m’a fait livrer, et qui vont en faire rêver plus d’une.

Deux ans déjà que je suis entrée dans la vie de Matthieu, ou plutôt deux ans que j’ai découvert être follement amoureuse de ce bel homme inabordable. Ce même gala qui m’a fait savoir que ma vie ne serait plus pareille sans cet homme.
Même dans mes rêves les plus fous, je ne pouvais imaginer que lui aussi tombait amoureux de la petite standardiste que j’étais.

Mathieu me rejoint, beau comme un Dieu dans ce costume au tissu soyeux. ……… Darling vas te préparer.

Je lui tends ma bouche pour sentir ses lèvres chaudes sur les miennes.
Au bras de mon mari, aux yeux de tous, nous entrons dans ce grand salon qui respire l’argent et l’aisance des personnes présentes.

Matthieu m’entraine vers le vestiaire, il range le petit carré de plastic dans sa poche et me donne la main.

J’ai envie d’éclater de rire. Monsieur et madame Duval viennent à notre rencontre.

Manou est magnifique dans une robe longue. Les deux hommes nous emmènent vers une banquette, un serveur nous offre une coupe de champagne.
…… Tu es belle manou

….. Merci ma puce, tu es resplendissante !

Mon pouls s’accélère, comment peut-on être aussi heureux ? Est-ce que ça ne va pas s’arrêter subitement ?

Je chasse vite mes pensées noires et essaie de m’intéresser à ce que racontent les hommes.

Le repas est comme dans mes souvenirs, ni mauvais ni bon. Il est quelconque, ce qui interpelle dans ces grands salons luxueux.

Matthieu me fera danser une bonne partie de la soirée, jusqu’au petit matin. Patrick et Manou sont partis depuis un bon moment.

Je m’allonge avec plaisir dans le lit, il n’est pas loin de trois heures du matin.

Je me réveille seule dans ce grand lit, en me penchant légèrement je peux lire l’heure sur le radio-réveil de Matthieu.

Oh ! Il est dix heures vingt. Je me lève d’un bond. Dans la salle à manger ma tasse et le petit déjeuné est resté. Je vais à la cuisine. Madame Breton me reçoit avec sa gentillesse un peu bourrue. Elle me fait savoir que Matthieu est parti il y a un peu plus d’une heure.

Une douche fraiche me sort de ma fatigue, j’enfile à la hâte un jeans et un sweat. Je vais passer un bon moment auprès de ma puce.

Je suis admirative à ses progrès. Elle arrive à attraper un cube si je lui tends. Elle le porte à la bouche, et en riant je lui enlève

…… Non, non petite coquine, ce n’est pas bon

Ce qui la fait rire aux éclats.

Je tourne la tête au bruit de la porte. Matthieu dans l’encadrement sourit ironiquement

….. Quoi ?

….. Bonjour madame Jorelle.

Je m’extirpe du fauteuil, la petite dans les bras, j’embrasse mon mari, qui murmure tout près de mes lèvres ……… Vous êtes ravissante madame Jorelle.

Je rougis légèrement et lui tends sa fille.

Il dépose un baiser sur son front et la donne à sa nourrice, il m’entraine dans le salon. Sur la petite table un plateau et deux verres.

Je trempe mes lèvres dans ce liquide légèrement amer et sirupeux.

….. Dis-moi darling, as-tu pensé au menu de Noël ?

Je reviens sur terre, et regarde mon mari sans vraiment comprendre sa question. ……… Heu bah non pourquoi ?

….. Pourquoi ? Noël est dans deux jours, et il me semble que nous ayons des invités.

….. Heu bah je ne sais pas, tu ne veux pas t’en occuper ?

…. Madame Jorelle, j’aimerais que vous preniez vos fonctions d’épouse et maitresse des lieux.
Je souris et hausse légèrement mon épaule …… Bah je ne sais pas ! Une dinde aux marrons ?

….. Tu n’aurais pas plus original ?

….. Heu bah tu veux manger quoi ?

….. Non darling, tu ne m’auras pas, c’est à toi de décider et donner les ordres pour la cuisine.

….. Mais d’habitude qui s’occupe des repas à Neuilly

…. Maryse entre autres ! Il me semble qu’elle représentait la maitresse de maison, avant ton arrivée

…. Mais après aussi, elle n’a jamais fait appel à moi

….. Fais-toi aider de manou ou ta tante !

….. Heu oui d’accord !

….. Le réveillon étant mardi soir, nous irons à Neuilly lundi après-midi. Ce week-end j’ai invité tout le monde

….. Deux jours pour préparer un réveillon ?

Mon mari sourit …….. Dis-moi n’ai-je pas le droit à quelques jours de congés ? De plus tu auras tout à organiser la salle à manger, la décoration d’un sapin, les menus à établir avec Lisette, crois-tu que tout se fasse sans nous ?

….. Heu mais non, mais je n’ai pas l’habitude, commander du personnel ce n’est pas facile

….. Notre personnel te vénère, alors ne te fais pas de souci !

…… Bon d’accord !

….. Passons-nous à table ?

….. Heu oui bien sûr.

Je sens l’homme détendu et de bonne humeur, je profite du repas pour lui rapporter la conversation que j’aie eu avec Ghyslaine

Au fur et à mesure que je lui relate les propos, je vois son visage changer, ses yeux foncer. Je sens la colère proche.

….. Quand as-tu appris ça ?

…… La semaine dernière, mais comme tu étais préoccupé avec ta nouvelle agence, je ne voulais pas rajouter de soucis.

…… Bien ! Merci darling

….. Tu vas faire quoi ?

…. Dans le sens ou Neuilly m’appartiens, et que je n’ai donné aucun ordre, il n’y aura pas de travaux

….. Oui mais si ta tante, les ordonne ?

….. Alors je porterai plainte pour dégradation de biens

….. Tu sais mon chéri, je crois que ta tante est complètement sous l’emprise de cette folle

…. J’ai voulu l’éliminer de son entourage, elle s’y est opposée !

….. Je crois qu’elle est dépassée par tout ça. Tu sais, elle ne se porte pas très bien, d’après manou, elle a énormément maigri, l’autre la prive de nourriture. Elle se plaint

….. Qui se plaint ?

…. Ta tante, aurait lâchée quelques bribes à manou.

….. Comme quoi ? Subit-elle des sévices ?

….. La laisser crever de faim fait partie des sévices ?

….. Hum, laissons passer Noël nous verrons après

….. Tu vas l’inviter pour Noël ?

….. Non !

….. Pourquoi Matthieu ? Vois-là au moins, discute avec elle

….. Je lui ai dit ce que j’avais à lui dire, elle n’a pas entendu, qu’elle fasse sa vie comme elle l’entend.

Mon pouls s’emballe, c’est avec colère que je lâche ……. C’est dingue quand même !

…. Qu’est-ce qui est dingue ?

…. Avec Alexandre, vous ne lâchez jamais ?

Il plonge son regard dans le mien, et me fixe quelques secondes, sa voix sèche claque dans le silence de la salle à manger

……. On invite ton père à Noël ?

….. Certainement pas !

….. Alors le sujet est clos !

Je commence à m’énerver ……. Mais ça n’a rien à voir

….. C’est exactement la même chose. Ton père héberge une intrigante, ma tante aussi. Donne-moi la différence !

….. La différence ? Mon père vit heureux entre sa gonzesse et sa nouvelle fille, à contrario ta tante est enfermée avec une folle qui refuse l’accès de la maison à tout le monde !

D’un ton froid, un ton qui n’admet pas de réplique, en jetant sa serviette sur la table, il me balance en pleine figure

……. Contente toi d’être une bonne maitresse de maison, et ne t’occupe pas des histoires de famille !

Je suis soufflée, je n’ai même pas le temps de répondre, qu’il a déjà quitté la pièce.

La petite gazouille dans son siège auto. Je suis calée contre la portière et ne parle pas. J’ai du ressenti sur la dispute d’hier au soir.

Sitôt descendue de voiture, je vais à la cuisine, saluer le personnel et m’entretenir avec Lisette, je sais qu’elle a l’habitude et qu’elle saura me guider.

Sans façon je m’assois à la grande table, ou deux jeunes femmes épluches des légumes. Ne connaissant pas du tout le rangement des placards, je demande s’il est possible d’avoir un café.
Lisette me sert avec un grand sourire. Sent-elle que sa patronne, ou plutôt la femme du patron est contrariée.

….. Lisette, que pourrions-nous prévoir comme repas de Noël et pour le lendemain.

…. Que plairait-il à madame de manger ?

Je souris tristement …… Je n’en ai aucune idée, n’ayant jamais eu à me préoccuper de repas ou de maison et de marche à suivre.

Lisette avec sa gentillesse, me rassure. Nous réussissons en même pas une demie heure à établir plusieurs menus. Je la remercie chaleureusement et monte voir si ma fille dort.

Une jeune femme me fait savoir que la nurse est descendue avec l’enfant

Je redescends mécontente. Décidément je ne sens pas cette journée, comme une journée grand bonheur. Au salon j’allume la télé et m’enfonce dans les coussins du grand fauteuil.

Toute à mes pensées, je ne regarde même pas le programme, quand du bruit me fait tourner la tête. Manou au bras de Patrick fait son entrée.

Un poids se détache de mon estomac, les larmes aux yeux je me lève embrasser Patrick et serrer ma grand-mère dans mes bras.

…… Tout va bien ma poupée ?

En essuyant mes yeux je fais oui de la tête. Matthieu vient saluer les arrivants. Catherine pose son plateau de verres, Matthieu sert l’apéritif.

L’oncle et le neveu essaient de tenir un semblant de dialogue. Je sens le regard de manou peser sur moi.

Le repas n’est pas triste, mais pas animé non plus. Je ne parle pratiquement pas. Dès la fin, les deux hommes se retirent dans le bureau. Je respire un peu

Manou et moi allons au salon. Catherine nous sert le café

…… Tu veux la télé manou ?

….. Pas spécialement ma puce. Veux-tu me parler de ce souci qui barre ton front ?

J’essaie de sourire à ma grand-mère, en quelques mots je lui relate la discussion mouvementé avec mon mari hier au soir. Je lui fais part de mon désarroi vis-à-vis de la tante que j’apprécie beaucoup. J’insiste sur le fait que je l’ai connue gaie, agréable souriante.

……. Nous en avons parlé avec Patrick, tu n’es pas sans savoir que seul ton mari peut prendre ce genre de décision. Nous l’avons conviée pour le trente et un.

….. Et elle va venir avec sa bonne femme ?

Manou sourit ……. Aucune idée ma puce. Son frère va essayer de lui faire entendre raison, nous la garderons à dormir

….. Manou, comment peut, elle être si faible devant les autres ?

…..Comment ça ?

…. Elle n’a pas plus de caractère ? Elle se laissera toujours bouffer ?

…… Ma puce, elle est d’une ancienne génération, élevée dans la tradition des grandes maisons, son mari menait la barque, elle n’a jamais eu à se battre pour vivre, elle s’est toujours laissée bercer, et elle va dans le sens du vent.

….. Non manou je ne suis pas d’accord, elle sait imposer ses idées quand elle veut.

….. Poupée, j’adore ton mari et tu le sais, et je ne voudrais pas que tu puisses penser que je médis, mais Matthieu impose sa loi partout, et tu le sais !

….. Alors ça veut dire qu’on va la laisser mourir sans bouger le petit doigt ?

….. Laisse faire Patrick, ne t’inquiète pas. Ton mari arrive à se ranger aux idées et aux paroles de son oncle qui sait être persuasif en douceur.

….. Bah j’espère !

….. Apprends ma puce, à ne pas prendre ton mari de front, il n’a pas l’habitude qu’on lui tienne tête, n’oublie pas sa position.

….. Oui d’accord manou

Je change de sujet, pour ne pas plomber l’après-midi, malgré tout j’ai du ressenti envers Matthieu. Je n’apprécie pas du tout d’être reléguée au simple rôle de femme de maison.

Nous ne reverrons les hommes qu’en fin d’après-midi, au moment où mon oncle et ma tante arrivent avec Lise. Je suis contente de leur venue, je sais que ça va adoucir cette atmosphère un peu lourde.
Alexandre nous rejoint presqu’à l’heure du repas.

Le diner est plus animé que le déjeuner, j’arrive à sourire avec Lise qui nous amuse de ses réparties.

Après le repas, elle m’entraine dehors, malgré le froid glacial, nous faisons quelques pas pendant qu’elle grille sa clope

…… Tu es souffrante Méli ?

…… Non je me suis frittée avec Matthieu.

….. Oh merde pourquoi ? Heu non tu me dis que si tu veux

Je lui raconte en quelques mots la discussion et la remise en place de mon mari

….. Il l’a dit sur le coup de l’énervement, Méli.

…… Non je n’accepte pas, et là je lui en veux, c’est la première fois qu’il me remet à une place de femme de ménage

Elise éclate de rire ……… Mais non ma Méli, juste que c’est difficile pour eux cette situation, et tu connais les gars, ils sont orgueilleux, on ne peut pas leur dire ce qu’ils doivent faire.

….. Je ne lui ai pas non plus dit, ce qu’il devait faire. Laisse tomber.

Nous rentrons en pressant le pas, nous sommes gelées. Lise passe aux toilettes, je rejoins le salon ou les voix vont bon train.

Personne ne demande rien, et ça me soulage. Je n’aurai pas supporter une réflexion. J’attends un temps raisonnable, avant de dire bonsoir et de monter me coucher

Après une douche rapide, je me glisse dans les draps et me tourne. J’essaie de m’endormir, mais je crois que le sommeil va me fuir.

Alors que je suis entourée de ma famille, je me sens angoissée. Je descends déjeuner, la salle à manger est vide et Matthieu n’était plus dans le lit.

Catherine me salue d’un grand sourire, auquel je réponds. Je me sers une grande tasse de café, ajoute deux sucres et un peu de lait. Je n’ai pas faim, et les petits pains tout chauds ne me tentent pas.

Alors que je vais pour quitter la salle à manger, Matthieu et Alexandre viennent s’installer. Matthieu effleure mes lèvres, son cousin me fait un grand sourire …… Bonjour cousine number one

…… Bonjour !

Je n’attends pas et me lève, je monte à l’étage pour voir ma puce, Clara finit de l’habiller

Elle se lève prestement ……. Bonjour madame Jorelle

….. Bonjour Clara. Tout va bien ?

…. Oui madame, Margaux est une gentille petite fille.

Je souris et tends les bras, elle me place l’enfant qui sautille contre moi.

Je descends avec ma fille et m’installe au salon. Au moins j’aurai une occupation au milieu de leur bla-bla

Au bout d’une petite heure Margaux commence à s’agiter, je la remonte à sa nourrice et redescends sans beaucoup d’énergie.

Dans la matinée, je vais faire un tour dans le parc avec ma cousine. J’essaie de ne rien laisser paraître et tout en la laissant fumer sa cigarette, je parle comme si aucun souci ne me perturbait.

Pendant le déjeuner, les conversations vont bon train entre manou et tata au sujet des repas pour les réveillons. Je ne relève pas, et ne préviens même pas qu’ici tout est au point grâce à Lisette.

Mon oncle et ma tante parte relativement tôt. Comme dit tonton, on ne sait jamais s’il ne va pas geler. Lise part avec ses parents, Alexandre ayant quelques paperasses à faire, nous quitte rapidement
Je vais dire au revoir au personnel dans la cuisine, nous rentrons à Paris.

25 novembre 2002

Le rush de fin d'année

Le rush de décembre commence avec cette semaine qui boucle novembre. Des relances par dizaines, le courrier courant, les réponses ou demandes variées. Je ne lève les yeux que pour répondre au téléphone, qui évidemment ne fait que sonner. 

Je perds beaucoup de temps. Ce midi, en plaisantant je prie ma cousine de ne plus me passer de communications. 

…… Oh tu veux que je me fasse engueuler par le patron ? Tu le connais en colère ?

Je ris …….. Non bien sûr, mais ça m’énerve ces appels pour rien, la plupart du temps. 

…… Je sais bien ma Méli, et encore avec Ghyslaine, nous trions le plus possible. Imagine au standard. Ça n’arrête pas de sonner, je ne sais pas ce qui se passe. 

….. Pour nous c’est presque la fin d’année. Les représentants sont aux aguets, les appels d’offres débordent de mon bureau. 

Lise finit par me faire rire avec quelques anecdotes, sur ses cours. Elle a repris les études avec beaucoup d’engouement. D’un côté je lui apporte mon savoir, tonton l’assiste dans ses maths, Alexandre l’encourage avec beaucoup d’amour. Son premier rendu de devoir est un succès. Elle me fait savoir sa déception sur sa note de dissertation, je lui explique que les dissertations sont toujours notées bas, qu’elle ne s’inquiète pas son 13 est une très bonne note. Je la félicite très chaleureusement, l’encourageant à continuer sur ce beau début prometteur.

Je m’arrête au standard boire un café, je ne traine pas, Lise comprend. Nous nous faisons la bise. 

Le soir en rentrant je vais me délasser en jouant un bon moment avec ma fille.  

Sur demande du grand patron, je reste toute la matinée avec Patrick, pour faire les tableaux de données, qui serviront d’index pour les primes. Entre les bureaux et les agences, le travail est presque titanesque.

Les chefs de pôles ont rendu leurs annotations, il me reste à vérifier les présentéismes.

Il est déjà tard quand je laisse Patrick. Les filles sont parties et certainement revenues, je descends me chercher un sandwich et une canette, pour ne pas perdre trop de temps.

Dès mon retour au bureau, je constitue un dossier et note les employés des bureaux. Je baisse la fenêtre et service par service j’ouvre les pointages, je compte les absences autres que congés ou récupérations par employé.
Etrangement je trouve que très peu d’absences sont à noter par rapport à l’an passé.

L’interphone me sort de mon travail.
…… Darling ?

……. Oui !

…… Tu couches au bureau ?

J’éclate de rire. ……. J’arrive donne-moi cinq minutes

Après une soirée calme, moi devant la télé Matthieu pour une bonne partie dans son bureau, nous nous couchons tout en discutant un peu avant de nous endormir.

 Je porte deux cafés dans le bureau de mon DRH qui éclate de rire en me voyant

…… Merci mon petit.

….. Comment allez-vous ?

….. Mais bien et vous ?

Nous papotons un peu, il me tend son dictaphone. Je referme doucement la porte, il est au téléphone.

Il est pratiquement midi quand je porte le parapheur dans le bureau de mon mari, qui brille par son absence. Mon Drh est à sa place, il me remercie d’un grand sourire.

……. Si Matthieu me cherche, je pars manger

…… Bien mon petit

Au moment où je veux décrocher mon téléphone, celui-ci se met à sonner.

…… Tu manges madame Jorelle ?

….. Oui madame Germain

….. On s’attend en bas ?

….. D’accord, j’arrive

J’attends mon amie dans le hall, tout en bavardant avec madame Maurane. Avec Ghyslaine nous décidons d’aller chez les normands.

Au moment où la serveuse nous présente une belle tranche de pâté de lapin, Ghyslaine tout en prenant un morceau de pain dans la corbeille, me pose une question qui me laisse interdite.

…… Alors vous vous êtes décidés pour des travaux ?

….. Des travaux ? Où ?

….. Bah à Neuilly.

….. Comment ça des travaux à Neuilly ?

….. Ton mari ne t’a rien dit ?

….. Bah non, comment tu sais ça toi ?

Gi me regarde en reposant son couteau ……. Tu te moques de moi ?

….. Mais non Gi, mais je ne comprends pas ce que tu me dis

….. Ton mari a embauché le mien, et tu n’es pas au courant ?

….. Je t’assure que non ! Neuilly où ? Dans une nouvelle maison ?

A son tour Ghyslaine montre une incompréhension

….. Une nouvelle maison ? Mais non je te parle du domaine de Neuilly.

Deux assiettes fumantes sont posées devant nous, je regarde le poulet purée sans comprendre.

…… Gi dis-moi parce que là je suis dans l’incompréhension totale.

….. Ok ! Samedi avec Marc nous avons été invités au domaine, la tante a commandé des travaux pour le hall d’entrée, la salle à manger, le salon, le salon télé et la bibliothèque, en fait pour tout le bas. Marc lui a dit qu’il fallait qu’il fasse des devis, il a pris quelques mesures, fait quelques photos, et a dit à la tante ……… Je vais voir avec monsieur et madame Jorelle ce qu’ils souhaitent.
Gi avale une bouchée et reprend son explication qui me sidère …… La femme qui vit avec la tante

….. Oui sa dame de compagnie !

…. Oui j’imagine, une certaine Laurence

….. Oui c’est ça, et elle était là ?

…. Oui, elle a répondu à Marc. Cela ne les concerne pas, les travaux sont commandés par la comtesse pas par eux.

…. Elle était où la tante ?

….. Avec nous au salon, mais elle ne parlait pas, entre parenthèse elle est un peu éteinte, je ne lui trouve pas bonne mine.

….. Ah ! Et il a dit quoi Marc ?

….. Bah qu’il était désolé mais comme c’est monsieur Jorelle qui paie, c’est à lui qu’il demandera, et la bonne femme s’est emportée en disant que si ce n’était pas Marc il y avait d’autres sociétés. Le problème c’est que Marc ne voudrait pas louper ce chantier, il est important tu comprends !

….. Ecoute je vais en parler avec Matthieu, parce que franchement je ne suis pas au courant.

….. Juste j’espère ne pas avoir gaffé si ton mari voulait te faire une surprise

….. Non, je ne pense pas puisqu’on ne va plus au domaine. Matthieu voudrait prendre en location une grande villa à Neuilly, mais il n’a jamais été question de faire des travaux.

En repartant au travail, je reste pensive. Quelle est donc cette nouvelle lubie de la tante ? A moins que ce soit vraiment Matthieu. Avec sa tante ils avaient parlé de rénover et moderniser. A qui demander sans mettre le feu aux poudres.

Je quitte mon amie devant la porte du standard, en lui faisant la bise. Je la serre contre moi.

Je me sens bien seule à l’étage, mon PDG de mari n’est pas rentré mon DRH a déserté, sur mon bureau le courrier signé. Je le mets sous enveloppe et décide de téléphoner à manou.

Après quelques échanges d’usage, comme quoi sa maison est jolie, comme quoi ma fille est magnifique et très éveillée, je rentre directement dans le vif du sujet

…… Manou vous avez des nouvelles de Maryse ?

….. Pas plus que ça ma poupée. Pourquoi ?

….. Alors je suis la seule à m’inquiéter ?

….. Et quelle est cette inquiétude ?

….. Seule avec sa bonne femme, elle ne donne de nouvelle à personne, alors qu’avant elle téléphonait tous les jours à Matthieu.

…… Nous sommes allés la voir, poupée. Notre venue n’a pas été appréciée.

…… Par qui ?

…… Par sa dame de compagnie.

…… Parce que c’est elle qui commande et décide qui la tante doit recevoir ?

….. Il faut croire ! Le domaine est bien changé

…… Comment ça ?

….. Une personne s’occupe des repas et d’un peu de ménage. Les repas sont hypo caloriques, au point que Maryse a perdu bien du poids, de plus cette femme fait barrage, Patrick a dû faire montre d’autorité pour voir sa sœur.

…… Mais manou, Maryse n’a jamais eu d’embonpoint.

….. Elle est très fatiguée, la dame de compagnie lui sert des assiettes de moineau. Je ne pense pas qu’elle mange à sa faim. De plus j’ai l’impression qu’elle la gave de médicaments

….. Des médicaments pourquoi ? Alexandre est au courant ?

….. Non je ne pense pas.

….. Et donc personne ne fait rien ? Personne n’en parle à Matthieu sachant ça ?

…. Que veux-tu poupée, nous ne pouvons pas nous immiscer dans leurs problèmes familiaux.

….. Mais manou, il en va de la vie de la tante, de sa sœur, c’est ta belle-sœur !

…. Je l’ai dit à Patrick, il me suggère d’attendre les fêtes.

….. Pourquoi les fêtes ?

….. Parce que nous l’inviterons

….. Hum, d’accord.

J’embrasse fort ma grand-mère et raccroche songeuse. Bon je ne sais pas ce que je vais faire cet après-midi.

Je m’occupe comme je peux, je fais des recherches sur internet sur tout et n’importe quoi. A dix-sept heures, je remballe et rentre à l’appartement.

Je passe une bonne heure avec ma fille, elle devient super intéressante. Je lui fais les marionnettes et maladroitement elle essaie de m’imiter et éclate de rire, de ce rire de bébé qui est tellement attendrissant et qui me va droit au cœur.
J’enfouis mon nez dans son petit cou, je me repais de son odeur de bébé. Elle s’agrippe à mes cheveux, délicatement j’enlève ses petits doigts de mes mèches. Elle pousse des cris de mécontentement

…… Dis, vilaine tu fais mal à maman.
Elle ouvre grands ses yeux et éclate de rire en essayant d’attraper une nouvelle fois les mèches qui pendent.

Je la rends à sa nourrice, elle commence à s’énerver, il est temps qu’elle aille prendre son repas

Matthieu desserre sa cravate avant de venir m’embrasser. ……… Tout va bien darling ?

…… Heu oui ?

….. Au bureau ?

…. Rien de particulier pourquoi ?

Il sourit ironiquement ……. Je peux demander ?

Je souris …… Bah évidemment. Bon et toi de ton côté.

….. Bien, ça devrait rouler !

Pendant le repas, il m’explique l’inspection des nouvelles agences avec contrat SNCF. Je tais les confidences de mon amie

Je m’endors comblée et heureuse.

Je n’aurai pas l’occasion de me renseigner auprès de Patrick, il est d’après mon mari absent pour la journée.

Enfin ce vendredi il fait acte de présence au bureau. Je prépare mon plateau avec deux tasses et vais frapper à sa porte.

Il sourit ……. Voilà comment j’ai une nièce adorable.

Je m’assois et le regarde intensément.

….. Un souci Mélissandre ?

Je reviens sur terre …….. Heu non, enfin si mais je ne sais pas si cela me regarde. Je distille insidieusement mon petit venin, mais voudra-t-il parler ?

Sournoisement je lui demande s’ils ont des nouvelles de Maryse.

….. Nous essayons d’aller à Neuilly quelques fois.

….. Et ?

…. Il est des choses difficiles à comprendre mon petit. L’humain est ambivalent, Maryse ne fait pas exception.

….. Pourquoi ?

Patrick relève les sourcils, ce qui me fait sourire ……. Pourquoi quoi ? Que cherchez-vous à savoir ?

….. Non rien de spécial, mais pourquoi vous dites qu’elle est ambivalente.

….. Quand tout le monde est présent, ça lui déplait, quand personne ne lui rend visite c’est sujet à acrimonie.

….. Pourquoi Patrick ? Pourquoi est-elle devenue comme ça ? Je l’ai connue rayonnante.

Patrick lève les yeux au ciel, d’un air désabusé……. Que dire Mélissandre ? Maryse est assez influençable. Auriez-vous vu juste en soulignant l’attitude de la dame de compagnie ?

….. Je ne sais pas, mais il est certain qu’elle est responsable du comportement de Maryse. Déjà par ses agissements à vouloir gérer le personnel et à l’écarter de Maryse. Par contre je ne sais pas à quel dessein
….. Comment le savoir ? Aurait-elle cru pouvoir régenter à la place de ma sœur ?

….. Oh vous croyez ?

….. Je ne crois rien mon petit, j’observe.

….. J’ai téléphoné à manou, elle me dit que la tante n’est pas très vaillante

….. Effectivement votre grand-mère m’a fait remarquer, que Maryse était amaigrie, et fatiguée

….. En avez-vous parlé à Matthieu ?

Patrick sourit …….. Il a bien d’autres soucis en ce moment !

…… Patrick, si je peux me permettre, votre sœur est faible de caractère.

….. Elle n’a jamais eu à se battre pour vivre. Mariée assez jeune, le comte a pris les rênes du couple, elle se laissait vivre, faisant de grandes fêtes, recevant et paradant.

…. Que pouvons-nous faire Patrick ?

…. Rien pour l’instant !

….. Patrick et si Matthieu abandonne Neuilly ? C’est aussi votre maison de jeunesse

…. Il n’abandonnera pas Neuilly, mais disons qu’il aspire à une vie calme, il cherche donc une porte de sortie

….. Pourquoi en être arrivé là ? Et si la tante tombe malade ? Qu’en pensez-vous ?

…. Je ne pense rien, je n’ai aucune idée.

….. Et vous n’en parlez pas avec lui ?

…. Attendons quelques temps

….. Pourquoi attendre ?

….. J’ai suggéré à Odette d’attendre et d’inviter ma sœur au réveillon.

…… Et si l’autre l’empêche de venir ?

….. Nous verrons à ce moment-là.

…… Etes-vous au courant que monsieur Germain a été demandé pour faire des plans en prévision de gros travaux

….. Où ?

….. Mais au domaine, parait que Marc aurait dit en parler à Matthieu et la bonne femme a répondu que ça ne vous concernait pas.

Patrick me regarde comme si j’étais une martienne. ……… Qui vous en a parlé ?

…… Ghyslaine mardi, mais je n’ai pas pu vous en parlez, vous aviez déserté.

Je vois Patrick changer de couleur, le sang se retire de son visage d’habitude si avenant.
….. Permettez que je demande des explications à votre amie ?

….. Bah oui vous pouvez

Je le vois décrocher son téléphone, et demander madame Germain.

Je vais faire trois cafés, Ghyslaine assise face au DRH, répète ce qu’elle m’a dit mardi midi, presque mot à mot.

…… Madame Germain, je vous remercie, dites à votre mari qu’il fasse trainer les devis, le temps que j’en parle à Matthieu.

…… Oui ça ce n’est pas un problème, de toute façon il ne veut rien commencer sans l’aval de monsieur Jorelle

…… Bien ! Merci madame Germain.

Monsieur Duval me tend sa tasse avec un petit sourire. Je ramasse les tasses et repars avec le plateau. Je fais couler un nouveau café, je n’en prends pas je me trouve suffisamment énervé comme ça.

Je pose doucement la tasse sur son bureau, il est au téléphone et d’après ses réponses je pense que c’est Matthieu.

Je sors discrètement et referme la porte.

A peine assise j’entends l’interphone. Je souris et prépare deux cafés et plateau en main, je vais toquer à la porte de mon mari. Il lève la tête et me sourit
….. Ah darling, peux-tu me taper ce courrier rapidement.
Je pose les tasses sur son bureau ……. Oui bien sûr.

….. Merci madame Jorelle, pour le café !

Il sourit. Je retourne à mon bureau, et tape son courrier sans attendre, je lui apporte pour la signature et bois mon café qui se retrouve être tiédasse

….. Dis, j’ai un cours ce soir, on peut quitter plus tôt ?

….. A quelle heure ?

….. Dix-huit heures

….. Pars, je suis retenu par un rendez-vous à dix-sept heures, je crains ne pas avoir terminé.

….. D’accord.

Je ramasse les tasses, vais les rincer au lavabo, et range mes affaires, j’éteins les machines.

Je prends le temps d’aller embrasser ma fille, avant de m’installer au bureau de mon mari

Je note tout ce que le prof nous explique. Je suis contente, c’est le même que l’an passé, et je le trouvais dynamique et sympa.

Les deux heures passent vite, il nous fait souvent rire. Pour finir il nous explique que cette année nous n’aurons pas de devoirs en correspondance, mais quatre stages en entreprise ou cabinet. Nos rapports de stage comptent comme travail sur table

Je note les dates. Du 16 au 20 décembre. Du 20 au 25 janvier. Du 24 au 28 février et du 17 au 21 mars. Une étudiante demande si nous n’aurons plus cours. Le prof sourit

….. Mademoiselle, avant et après les stages, pour en discuter. Cette année est davantage intense, la fin d’année vous mène à votre master !

J’éteins l’ordinateur, rassemble mes papiers et vais à la salle à manger. Je retrouve mon mari dans le salon

…… Alors darling ?

….. Heu j’ai plusieurs stages à effectuer.

….. Bien, nous verrons avec Cériez, passons-nous à table ?

….. Oui bien sûr.

Pendant le repas, je lui donne mes dates de stages et de cours. Nous parlons de mes études, je lui fais savoir, qu’après j’arrête.

….. Comment se fait-il que tu aies ton premier cours ce soir ?

…. Le mois dernier était les présentations, mais nous avons eu un récapitulatif sur le portail de l’école.

Il lève la tête, ses yeux sont clairs, mais le ton n’est pas celui que j’apprécie. …….. Tu veux me faire comprendre que tu as loupé le premier cours, et quand je t’en ai parlé, tu n’as rien fait ?

….. Mais non, mais je ne vois pas l’intérêt de rester deux heures à écouter du bla-bla que je connais depuis cinq ans.

…. Hum ! Un conseil, attention à ne pas faire d’impasse !

Je ne réponds pas, je n’ai pas envie de me disputer avec mon mari. La dernière fois, nous nous sommes boudés une semaine.

Nous finissons la soirée devant une émission de variétés.

Ce week-end nous restons à l’appartement, le temps n’est vraiment pas engageant. Installée au salon, je potasse mes cours, pendant que Matthieu enfermé dans son bureau travaille sur un dossier.

En entendant ma fille pleurer, je vais voir ce qu’il se passe. Clara nettoie la table à langer et ma fille braille dans son lit.

…… Désolée madame, j’ai posé la petite dans son lit, le temps de ranger

….. Ne vous inquiétez pas !

Je tends les bras dans le berceau, Margaux agite les jambes et les bras, elle a bien compris que j’allais la sauver. J’ai envie de rire.

…… Espèce de petite coquine !

Je retourne au salon et m’installe confortablement dans un fauteuil, et à haute voix je lui lis un passage de mes notes, ce qui la fait rire.

Matthieu de ce pas élancé et félin nous rejoint sourire aux lèvres et regard taquin.
…… La fille et la mère, quel charmant tableau. Ta fille est une miniature de toi petite

….. Bah non tout le monde dit qu’elle te ressemble

Il éclate de rire …… Disons qu’elle est un beau mélange de notre amour. Non ?

….. Si bien sûr.

Une vive émotion me fait monter quelques larmes aux yeux, je ravale vite ce sanglot d’immense bonheur, Matthieu ne comprendrait pas.

Papa vient s’assoir près de nous, et prend sa fille, qu’il met debout sur ses cuisses, en la tenant par la taille elle adore. Elle a compris qu’en fléchissant les jambes elle pouvait sauter, et s’en donne à cœur joie. Elle rit et bave tout ce qu’elle peut. 

Matthieu ramène notre fille à sa nurse. Nous passons à table. 

Notre soirée sera faite de cet amour que nous ne nous lassons pas de nous offrir.

Ce matin, nous n’arrivons pas spécialement de bonne heure au bureau et pourtant j’ai un boulot monstre. Je mets au propre les notes prises la semaine dernière avec Patrick, concernant les tableaux. Ils doivent être déposés à la compta avant la fin de semaine, ainsi les primes seront inclues aux salaires de fin décembre.

Je sais que certaines vont être super contentes, d’autres vont être étonnées, et quelques-uns, quelques-unes déçues.

Evidemment le téléphone n’arrête pas de sonner. Enfin vers midi vingt je peux aller chercher ma cousine.

Nous optons pour un hamburger-frites-coca tout ce que mon médecin de cousin réprouve. En croquant dans mon pain je ris et fait remarquer à Lise que nous sommes dans le péché, nous nous régalons avec du poison.

Nous éclatons de rire en faisant le serment de ne jamais en parler au médecin.

Ce midi je mange avec Ghyslaine, je la trouve fatiguée et lui en fait part.

…… Aurélien ne fait pas ses nuits, c’est difficile.

….. Ah zut, et tu ne peux pas prendre quelques jours ? Ou le laisser deux ou trois nuits à sa mamie ?

…… Là, ça me parait compliqué, déjà qu’elle sous-entend qu’elle est fatiguée que le petit pleure beaucoup, que Quentin était plus facile à garder. Bref Aurélien n’est pas Quentin, et elle fait quelques préférences 

…. Oh mince, tu vas faire quoi ?

…… Prendre une nourrice, que veux-tu ? Mais bon si c’est pour me lâcher au bout de trois mois, fallait me dire tout de suite de prendre quelqu’un.

….. Oui pas cool, ta belle-mère.

….. Avec elle, j’ai l’habitude.

Nous mangeons en silence, je sens mon amie contrariée.

Enfin cette semaine hyper chargée se termine, et je suis assez fière j’ai bouclé mon travail. Les dossiers sont partis à la compta ce midi.
Ce week-end le temps ne nous permet pas de sortir la petite. Matthieu me fait savoir que son cousin va passer pour la visite des six mois de Margaux.

Alors que nous prenons le café au salon, les amoureux arrivent.

Sans perdre de temps, Alexandre demande à ausculter sa filleule. Avec Lise nous allons dans la chambre, Alexandre sur nos talons.
La petite dort à poings fermés. Clara sort discrètement comme à son habitude. Je prends délicatement mon bébé endormi dans son lit. Elle s’étire en baillant bruyamment. Je la couche sur la table à langer.

…… Tu peux la déshabiller ?

Je déboutonne la petite robe, pour lui enlever, et retire son collant. Mademoiselle n’est pas contente d’être réveillée. Elle s’agite et commence à faire la moue, d’un coup elle pousse un cri et se met à pleurer.
Alexandre sans s’occuper des cris de sa filleule, l’ausculte avec beaucoup d’attention. Il examine ses oreilles, profite qu’elle hurle pour explorer le fond de sa gorge. En l’attrapant sous les aisselles il la met debout, et tout en piquant une vraie colère à en devenir toute rouge, elle essaie de marcher en avançant un pied devant l’autre.
Alexandre la prend contre lui et d’une voix un peu forte ……… Dis donc ce n’est pas fini cette colère ?

D’un coup net Margaux s’arrête de crier et regarde son parrain d’une drôle de tête, les sourcils froncés et la bouche dessinant une moue de mécontentement.

….. Oui, oui tu peux me regarder comme ça ! Non mais !

Il allonge la petite sur la table à langer, illico elle se remet à brailler. Il ausculte son petit ventre, ses cuisses, d’abord la gauche en repliant la jambe, puis la droite.

Il enlève son stéthoscope et s’écarte ………. Allez rhabille ta braillarde !

J’éclate de rire ……… Ouais bah hein ! C’est une Jorelle Duval.

Alexandre éclate aussi de rire ……….. Hum ! Allez, avoue, elle a de sa mère.
Il enlace Lise et l’entraine hors de la chambre en pouffant de rire.

Je rhabille ma puce et la prends contre moi. En lui caressant le dos, j’essaie de l’apaiser avant de la recoucher.

Les amoureux restent avec nous l’après-midi, les conversations décousues vont bon train. Des pourparlers au sujet du mariage de Sophie. Matthieu fait comprendre à son cousin, qu’il n’a aucune idée du sujet.

Le soir nous décidons d’aller manger au restaurant.

Cette semaine est un peu plus calme que la semaine dernière, malgré tout, les dictaphones sont pleins. Ce midi je mange avec ma cousine, comme souvent le lundi, son chéri a une journée chargée en consultations.

Au salon, blottie dans les bras de mon mari, il me parle pour la énième fois de cette maison. Il a fini par avoir gain de cause. Nous sommes devenus les heureux locataires de cette belle villa à Neuilly.

Quand je lui ai demandé ce qui l’avait fait pencher sur une location plutôt qu’un achat, il m’a répondu calmement

…… La tante ne va pas tenir ad vitae aeternam, n’oublie pas que je ne lui verse plus de dividende sur la société, elle n’a qu’une maigre retraite et doit payer le salaire de sa dame de compagnie plus entretenir le domaine.

…… Mais elle a de l’avance ?

…… Disons qu’avec les parts qu’elle a vendu et que nous avons payé au plus juste, elle peut tenir une toute petite année, pas davantage.

…… Et tu comptes faire quoi ?

…. Rien, tant que cette bonne femme sera à son service.

Mon estomac se serre, à l’idée que la tante que j’aie connue si pétillante, si aimable, puisse être tenue juste par une employée qui n’a ni foi ni morale.

….. Et pour les fêtes tu comptes faire quoi ?

….. Darling, nous fêterons Noël à la villa, le jour de l’an chez ta grand-mère. A Patrick d’inviter sa sœur, pour ma part, je ne bougerai pas.

…… C’est le premier Noël de Margaux.

…… Elle a choisi entre sa famille et son personnel, je n’y peux rien !

Son ton n’est pas des plus aimable, je ne veux pas envenimer, je n’insiste pas.

Il change de sujet et me fait savoir que depuis une dizaine de jours, le personnel que je connais est installé à la villa, ce week-end nous allons les retrouver. Matthieu a invité la famille.

La voiture entre dans la propriété en roulant doucement. L’allée menant à la bâtisse n’est pas si longue que celle du domaine, malgré tout elle est large et bien entretenue. Georges et les deux jardiniers ont dû travailler rapidement.

Même si le parc n’est pas en fleur à cause de l’hiver, il est cependant propre, aucune feuille sur les pelouses, les arbres ont été taillés proprement.
Georges arrive prestement au-devant de notre véhicule, se fendant d’un grand sourire il ouvre ma portière.

Il s’incline légèrement …….. Madame Jorelle, heureux de vous revoir

Je lui tends la main …….. Moi aussi Georges, heureuse de vous retrouver.

Matthieu enlève les ceintures de sécurité de sa fille, Clara descend du véhicule avec le sac de nursery

Nous entrons dans le hall, et là surprise ! Tout le personnel présent est venu nous présenter leurs hommages. Je ne peux m’empêcher de prendre Catherine dans mes bras et de lui glisser une bise en la remerciant d’être là. Je serre les mains à Marjorie, Jocelyne, Lisette, Francine la cuisinière et cette jeune personne que je ne connais pas. A toutes j’ajoute un petit merci d’être restées à notre service.

Nous allons au salon qui est ouvert sur la salle à manger. Matthieu demande à son personnel si tout va bien, si aucun souci ne s’est présenté. Georges qui a suivi répond au nom de tous et rassure son patron.

Matthieu ……. Comment avez-vous partagé les tâches ?

Catherine …… Comme au domaine monsieur Jorelle. Marjorie et moi le bas Marjorie la porte et moi la salle à manger, Patricia et Francine le premier étage. A la cuisine Lisette avec Marinette et Jocelyne à la lingerie.

….. Bien si cela vous convient, je n’y vois aucun inconvénient, il suffit de partager les tâches entre vous ! Georges vous restez nos yeux en notre absence.

….. Oui monsieur Jorelle.                                                                                                                                             

Matthieu prévient que les invités arriveront sur les coups de midi trente. Nous nous installons au salon, direct Catherine nous sert un verre d’eau pétillante.
Matthieu ….. Dites-moi Catherine, avez-vous les mêmes commodités ?

La jeune femme sourit…… Non monsieur Jorelle, mais la cuisine n’est pas à l’autre bout, ça peut aller. Je laisse toujours un plateau prêt à l’office

….. Bien.

Elle se retire en me faisant un grand sourire. En m’installant sur le canapé, je détaille le salon. Un grand écran télévision, quelques étagères avec des bouquins, de grands tapis au sol, et ces canapés un peu crapaud, ou il est agréable de s’assoir

……. Que dit madame Jorelle ?

Je souris ….. Disons que ça nous change !

….. Nous nous y ferons. Que dirais-tu de faire Noël ici ?

….. Heu je ne sais pas, Manou ne s’était pas proposé ?

…… Si bien sûr, mais un peu forcée non ?

….. Demandons-lui.

En entendant du bruit je tourne la tête. Le cœur battant je souris, manou et Patrick arrivent suivi de tonton, tata et Lise

Je me lève heureuse, pour embrasser tous mes gens chéris.

Catherine apporte un grand plateau de coupes de champage, Jocelyne deux seaux avec une bouteille dans la glace.
Alexandre arrive il embrasse tout le monde et s’assied aux côtés de Lise.

Patrick et Matthieu font sauter les boutons de champagne. Je me sens bien, je me sens dans mon élément entourée de ma famille que je chéris tant.

Tonton et Patrick font remarquer que c’est une belle maison. Les deux cousins font le service en passant les coupes de champagne.

Les conversations sont décousues et en tous sens, j’essaie de suivre au maximum les uns et les autres. A plusieurs reprises je croise le regard de ma cousine. Malgré qu’elle me fasse des petits sourires, je la trouve triste, ou soucieuse, je ne saurais dire.

L’apéritif est enjoué, tout le monde à l’air de se détendre. Matthieu propose de passer à table.

Le repas, est sublime, les mets sont délicats, le turbo sauce crème est un délice. Au dessert Matthieu fait du charme à manou, j’ai envie de rire

……. Manou comment allez-vous ?

….. Mais bien Matthieu, quelque chose vous fait penser le contraire ?

Mon mari sourit. ….. Vous êtes pimpante !

….. Mon petit-fils aurait-il quelque chose à me demander ?

Manou rit et taquine mon mari qui répond comme un enfant pris en faute. Nous éclatons de rire.

Matthieu …… Il était prévu de faire Noël chez vous manou, et Patrick, et jour de l’an chez Patricia et Pierre, quelqu’un verrait un inconvénient à changer un peu les plans ? Avec Mélissandre nous aurions aimé vous recevoir pour l’un ou l’autre des réveillons.

Tata se récrie …… Mais non Matthieu, pour ma part, je ne me vexerai pas.

Manou ….. Tout pareil pour nous, vous pouvez bien faire ici, l’important est d’être ensemble !

Mon mari se tourne vers moi …….. Darling que dis-tu ?

Je souris …… Je dis qu’on peut faire Noël en plus ce sera le premier de Margaux, et faire la nouvelle année chez manou ou tata.

Manou ….. Faisons le jour de l’an à la maison, qu’en pense mon mari ?

Patrick ……. Ma bien-aimée, tu aimes tellement recevoir les enfants, que je n’y vois aucun inconvénient !

Manou ….. Voilà c’est réglé !

Nous passons au salon, je demande à Clara d’aller voir si la petite dort. Sur la petite table, un plateau de tasses, Catherine dépose un pot de café.

Je prends plaisir à faire le service, Lise vient m’aider en offrant les tasses pleines. Clara la petite dans les bras vient me la présenter. En riant je lui propose de la donner à sa marraine.

Ma fille fait rire l’assemblée avec ses petits cris, et ses éclats de rire un peu forcés, et plus nous rions plus elle crie. Son parrain la prend et la soulève à hauteur de ses yeux ……….. Oh la môme Jorelle, vas-tu nous laisser en placer une ?

Margaux écarquille grand ses yeux et pousse un cri aigu, elle agite ses mains et attrape une poignée de cheveux à son parrain, qui redonne la petite à tata ……….. Non mais voyez-vous ça ! Elle a bien la goule de sa mère celle-ci

Je ris ……. Oh dis donc ! C’est ta filleul n’oublie pas !

Matthieu ne dit rien, mais je sens à mes côtés qu’il se retient de rire. Tata prend ma défense, signalant que j’étais une gentille petite fille très calme.

Alexandre ………. Et alors de qui peut-elle tenir ?

Manou qui ne veut pas être en reste ………. Entre son père et son parrain, on se demande bien !

Nous rions. L’après-midi est détendu, la petite est une joie pour tous. Elle passe de bras en bras et fait sa coquine. Je crois qu’elle a déjà compris comment amadouer son monde

Discrètement je glisse à l’oreille de mon mari ……. Je vais faire quelques pas avec Lise.

…… Va ma chatte !

Je regarde ma cousine et lui fais signe de me suivre.

Nous sortons du salon, je vais voir Marjorie…… Vous auriez nos manteaux ?

….. Tout de suite madame Jorelle.

Une fois dehors à l’abri des oreilles indiscrètes, je glisse mon bras sous celui de Lise …….. Allez vas-y fume ta clope

….. Merci Méli.

….. Qu’est-ce qui se passe ma Lison ?

….. Non rien pourquoi ?

….. Pourquoi ? Parce que je vois bien que tu donnes le change, mais tes yeux sont porteurs de tristesse.

Tout en tirant sur sa cigarette, la voix enrouée elle m’avoue s’être disputée avec son chéri

….. Oh merde à cause de quoi ?

…… Hier il m’a raccompagné, maman m’a donné l’enveloppe de l’école, mais je ne l’ai pas ouverte, je sais que ce sont mes notes, j’aime bien les regarder au calme dans ma chambre. En plus j’étais fatiguée, je ne suis pas en bonne période, tu vois

….. Oui bien sûr. Fallait lui dire

…. Je lui ai dit, que je l’ouvrirais plus tard, il a demandé pourquoi et j’ai dit, mais ce n’est pas important à la minute. Et là il a vrillé, et m’a engueulé, j’ai commencé à lui tenir tête, et du coup il est parti en colère

….. Bon t’inquiète vous allez vous expliquer et ça va aller.

….. Oui mais tu as vu il ne me parle pas, alors je ne sais pas comment faire.

Je serre le bras de ma cousine, je sens qu’elle va éclater en sanglots. Je l’entraine au travers du parc sans rien ajouter de plus.

Nous rentrons après deux petits tours et deux cigarettes, qui ont pour effet de calmer Lise. Dehors le brouillard tombe et l’humidité pénètre.

En rentrant je fais visiter la maison à Lise, le temps qu’elle se recompose un visage serein. Je l’encourage à faire le premier pas en entreprenant Alexandre sur la maison

…… Comment ?

…. Je ne sais pas, tu lui dis, tu as vu elle est grande la maison, par exemple, et tu verras bien.

….. D’accord.

Nous retrouvons les parents en pleine conversation de repas de fête.

Manou …. Vous étiez où les cousines ?

…… J’ai fait visiter à Lise

Lise fait la fille enjouée, mais pour qui la connait, on peut voir le stress qui la tenaille …….. Oui c’est grand, elle est belle cette maison.

Elle se tourne vers son fiancé ……. Tu as visité ?

Alexandre songeur plonge son regard dans celui de ma cousine qui rougit légèrement ……… Non je n’ai pas eu ce plaisir.

Je saute sur l’occasion……. Vous voulez qu’on vous fasse visiter ?

Manou ….. Mais oui ma poupée, c’est une bonne idée

Je ris …… Et en plus vous verrez vos chambres comme ça

Nous voilà tous à arpenter la maison en discutant. Je pousse Lise vers Alexandre, en lui chuchotant ….. Prends-lui la main

De la tête elle me fait oui. Matthieu emmène la famille au travers des différentes pièces. Je vois Alexandre lâcher la main de ma cousine, pour lui entourer les épaules.

De retour dans le salon, Catherine pose un plateau de verres. Alexandre laissant Matthieu faire le service, m’interpelle un peu cavalièrement.
…… Dis-moi chère cousine, suis-je à mettre au pilori ?

Je le regarde sans comprendre et ironique demande …….. Pourquoi ? Aurais-tu des choses à te reprocher ?

….. Que nenni, cependant je suppose que certaines malencontreuses paroles seraient rapportées, déformées amplifiées.

Je prends une grande inspiration et d’un ton peu aimable je lui demande s’il ne verserait pas dans la parano

Un grand silence s’est fait dans le salon, tous les regards vont d’Alexandre à moi.

….. Pas encore, cousine number one

….. Alors sachez monsieur Duval, que vous n’êtes pas le nombril de cette terre, que je peux discuter avec ma cousine de multiples sujets sans que vous soyez au milieu.

….. Hum !

….. Quoi hum ? Par exemple le cadeau de Noël de la filleule de ma cousine. Nous pouvons aussi parler chiffons, robes et tenue de fêtes, nous pouvons aussi parler d’études, tu sais celles que ma cousine prend, et qui lui arrive de me demander des conseils ou une aide quelconque, nous avons aussi comme conversation le boulot parce que pour ta gouverne on bosse un peu dans la même société………. Alors monsieur Duval tu en veux encore !

….. Quelle fougue madame Jorelle.

…… Oui avec les emmerdeurs !

Alexandre me regarde et éclate de rire. De ce rire qui sort du cœur ………. Madame Jorelle !

Matthieu me tend mon verre en m’envoyant ce sourire qui me fait toujours autant palpiter. Je le remercie et ne m’occupe plus du cousin

Le repas du soir est animé. Chacun commente cette belle demeure moderne.

Alexandre demande, si nous ne verrions pas le mariage de Sophie ici.

Matthieu …… Oui à voir ! C’est une idée. Nous en reparlerons !

Le week-end passe vite comme chaque fois que je suis au milieu des miens. Tonton et tata partent en fin d’après-midi emmenant ma cousine réconciliée avec son chéri. Patrick et manou nous quitte à leur tour.

Nous faisons un diner léger, Matthieu laisse des consignes à Georges avant de partir. Nous disons au revoir au personnel et emmenons une Margaux endormie dans les bras de sa nurse, nous regagnons Paris.

12 novembre 2002

Confidences de Sophie

Matthieu se gare le long du trottoir, il décroche ma ceinture, tourne mon visage vers le sien, et un sourire ironique au bord des lèvres, il me dévisage, avant de se pencher pour m’embrasser.

……. Tu boudes ?

Je hausse mon épaule et sans répondre sors de la voiture. Arrivée à la pointeuse je me retourne pour voir Matthieu me dévisager. J’attends que le sas s’ouvre, et avec juste un signe de tête à l’hôtesse d’accueil, je monte d’un pas pesant les trois étages. Les larmes aux yeux je me traite de gourde. Il ne part que trois jours. Ce n’est pas le bout du monde.

Je change la photo du cadre qui trône sur mon bureau. Ma fille en cinq mois a changé, le temps passe trop vite. Nous l’avons enlevée de son berceau, elle dort maintenant dans son petit lit. Elle se retourne et gazouille, souriant dès son réveil. Le merveilleux sourire de son papa s’inscrit sur son visage. Ses grands yeux clairs s’ouvrent à tout ce qui l’entoure. 
Clara me dit chaque fois qu’elle en a l’occasion, qu’elle est ravie de garder un si gentil bébé. Je suis fière d’être sa maman. 

J’attends mon amie dans le couloir. Nous nous faisons la bise et décidons d’aller à la brasserie.

A peine installées, Ghyslaine me demande ce qui me tracasse.

En haussant les épaules, d’une voix peinée je lui explique que Matthieu est parti en Alsace

…… Ah ! Et il rentre quand ?

….. Bah normalement vendredi.

Ghy prend un air songeur, donnant l’impression de réfléchir, je demande bêtement …… Qu’est-ce qu’il y a ?

…….. Je comprends ma belle, ton mari parti à la guerre trois jours, je me doute que ça doit être difficile

Je me détends et éclate de rire …….. Oh tu es bête.

….. Bah évidemment que je suis bête !

Nous finissons notre repas en plaisantant. Gy vient prendre un café avec moi avant de regagner le standard.

L’après-midi je m’occupe comme je peux, je fais des recherches sur internet sur tout et n’importe quoi. A dix-sept heures, je remballe et rentre à l’appartement. 

Je passe une bonne heure avec ma fille, elle devient super intéressante. Je lui fais les marionnettes et maladroitement elle essaie de m’imiter et éclate de rire, de ce rire de bébé qui est tellement attendrissant et qui me va droit au cœur.  
J’enfouis mon nez dans son petit cou, je me repais de son odeur, elle attrape mes cheveux et s’agrippe en poussant ses petits cris. Je défais un à un ses petits doigts et ramène mes cheveux à l’arrière de ma tête.  

Matthieu me téléphone dans la soirée. D’entendre sa voix chaude me fait sentir comment il me manque. 

Ce soir je n’ai pas beaucoup d’appétit, bien mieux que Sophie n’est pas là, et toute seule dans cette grande salle à manger, je me sens perdue. Je me couche aussitôt en essayant de pouvoir dormir

 

Ce midi je mange avec Gy, Lise est avec son chéri. Cette semaine, je n’ai pas beaucoup vu ma cousine, je sais par Gy que le midi qu’elle n’est pas avec Alexandre, elle préfère étudier.

Je ne voudrais pas qu’elle se bourre le crâne, j’irai la voir pour discuter avec elle.

Comme hier je quitte tôt, Patrick est toujours absent, il me laisse des courriers sur le dictaphone. J’ignore totalement ce qu’il fait, où il est. Il me renseignera certainement la semaine prochaine. En posant le parapheur sur son bureau, je ne manque pas de lui noter mon départ. 

Un coup de cafard me prend en rangeant mes affaires. Matthieu absent, la soirée va me paraitre interminable. 

Je vais directement à la chambre de ma fille. Installée confortablement dans le rocking chair, je fredonne une chanson en anglais. Margaux est très à l’écoute, ses grands yeux m’examinent, quand d’un coup elle pousse son petit cri et s’agite. 

Je la mets debout tout contre moi et la berce doucement pour qu’elle se calme.  

Ce matin, je n’ai pas un courage débordant pour aller au bureau. Et pourtant je me dois de m’y rendre, n’ayant personne à la direction.

La matinée est longue, je n’avance pas vraiment dans mon travail, le téléphone n’arrête pas de sonner, tous veulent parler soit à Mr Duval, soit à Mr Jorelle, et comme une ritournelle je demande les coordonnées et promets qu’on les rappellera lundi
Enfin quand midi arrive, et que je vois ma porte s’ouvrir sur Ghyslaine, je pousse un soupir de soulagement.
Nous allons manger chez nos normands. Pendant le repas je supplie mon amie de ne plus me passer de communications

Elle rit …….. Et ? Je me fais virer c’est ça l’histoire ?

Je ris à mon tour. …… Mais non je te couvrirais

Nous rentrons en riant. Nous nous quittons devant nos portes respectives en nous étreignant et nous souhaitant un bon week-end.

A dix-sept heures, sans demander mon reste, je plie bagage et rentre.

Je vais directement embrasser ma puce, et l’emmène au salon j’allume la télé. Margaux sur mes genoux piaffe et joue avec ses mains. Je lui fais la causette, elle semble comprendre et dans son babillage me répond, ce qui me fait sourire.

Quand elle commence à s’agiter je vais la porter à sa nourrice, il va être l’heure de son repas.

Sans me plonger dans le jeu télévisé, mon esprit s’évade, sur rien de bien particulier

Sophie vient me rejoindre. 
…….Bonsoir Mélissandre 

….. Bonsoir Sophie, j’ignorais que tu étais là 

…. Je viens de rentrer, je peux me joindre à vous pour diner ?  

….. Mais évidemment au contraire, je suis seule 

Je propose un verre de jus de fruit à Sophie, avant de passer à table. 

Après avoir débarrassé la table et ranger rapidement la cuisine pour ne pas que madame Breton trouve du désordre demain, j’entraine Sophie au salon, emmenant le café. J’allume la télé en baissant le son, pour ne pas lui donner l’impression d’un questionnaire. J’essaie d’échanger un peu avec mon amie. Timide et discrète elle ne se livre pas facilement.

….. Tout va bien au travail ? 

….. Oui Mélissandre. 

…. Avec monsieur Duval, ça va ? 

Sophie sourit ….. Oui, ça me plait beaucoup et monsieur Duval est très gentil. 

Elle m’explique que le travail n’est pas compliqué, et qu’il suffit de rassurer les gens, quand elle sent le stress les gagner.  

Je souris, Sophie est une jeune femme tellement douce et patiente, que les gars ont bien joué et bien vu. Ce travail est fait pour elle. 

Je me renseigne à savoir si elle est allée voir son appartement.
……. Oh oui il est trop joli. Avec François nous sommes émerveillés

Je ris et continue en demandant si elle a vu pour son mariage. 

Sophie se rembrunit. ……. C’est difficile  

….. Pourquoi difficile ?  

…… Avec François on ne peut pas vraiment décider 

….. Ah bon, mais pourquoi ?  
…… Il est laborieux de discuter avec mamé. 

Je ne comprends pas trop ce qu’elle me dit, et bêtement je demande …… Ah bon mais pourquoi ?  

…. Parce qu’elle impose et s’énerve si on n’a pas ses idées 

…. Mais c’est ton mariage Sophie, tu dois décider. Toi et ton chéri ! 

….. François dit, qu’il faut en passer par là, pour avoir la paix, et qu’ensuite nous ferons une fête entre nous. 

…… Et ses idées sont quoi ?

…..…. Mélissandre, de toute façon, je ne peux inviter personne, ni manou, ni la comtesse, ni monsieur Duval 

….. Donc tu vas te marier à la sauvette ? Je doute que Matthieu accepte.

….. Mamé dit qu’avec papé ils ne pètent pas dans la soie, et que ce n’est pas ma famille 

J’éclate de rire ……. Sophie, tu invites qui tu veux.  

Sophie fait non de la tête. …… Elle refuse de les recevoir, et avec François nous craignons qu’elle fasse un esclandre ou qu’elle s’oppose au mariage. 

…. Mais Sophie, elle ne peut pas, tu es majeure. 

Je regarde ma petite amie, ce que j’aperçois me déroute, ses yeux sont remplis de larmes. D’une voix que j’essaie de maitriser d’une colère que je sens m’envahir. …... Mais alors qui assistera à votre mariage ?  

……… Vous et monsieur Jorelle, papé, mamé, Françoise, l’ami de François et nous deux. 

….. Donc vous vous mariez juste entre deux témoins. Tu n’auras même pas ton frère ?  

Elle fait oui de la tête, sans pouvoir parler. 

….. Et tu t’entends bien avec la sœur de François ?  

….. Oh oui Mélissandre, elle est tellement gentille. Je voudrais bien la prendre avec nous, François est d’accord. Vous savez elle n’a pas de vie. Elle est très renfermée, et je dirais même qu’elle est enfermée, elle n’a pas le droit de sortir. La grand-mère a décidé qu’elle se marierait à vingt-cinq ans avec un cousin à elle. 

….. Un cousin à qui ?  

Sophie sourit tristement ……. Le fils d’un cousin de la grand-mère. 

Je suis abasourdie …… Mais en quel honneur la grand-mère décide ? Nous ne sommes plus en 1800. 

….. J’ai appris la famille. François m’a tout raconté. C’est une histoire triste. Je peux vous la dire ? J’ai confiance Mélissandre 

…. Tu peux, ma chérie. Et si ça te fait du bien d’en parler, alors vide ton sac ! 

….. En fait, les grands-parents de François ont eu deux enfants, Julie la mère de François, et un fils Claude.  

La grand-mère est morte en mettant au monde un troisième enfant qui n’a pas survécu non plus. 

…. Oh !  

Le grand-père s’est remarié avec Germaine qui n’aimait pas les enfants de son mari, elle n’a jamais pu en avoir 

…. Peut-être n’en voulait-elle pas ! 

…. Elle a fait plusieurs fausses couches. Julie et Claude ont grandi dans la méchanceté de cette femme. Ils ne pouvaient pas étudier à l’école, elle les faisait marner à la ferme. Claude s’est marié très jeune, il a trois enfants, et Julie a eu les jumeaux. Germaine a semé le doute et la discorde, disant que Julie était une incapable. 

…. Mais comme ça de but en blanc ?  

…. Non c’est venu petit à petit. En fait tout le monde habitait la ferme, et tout le monde travaillait. Claude est parti avec sa femme parce que la grand-mère attaquait toujours Christèle la femme de Claude, disant que c’était une bonne à rien, mais elle attendait son premier enfant, et était fatiguée. 

Je pose ma main sur le bras de Sophie. ……. Je vais chercher à boire. 

….. Ne bougez pas, j’y vais. 

Sophie revient avec deux grands verres de citronnade. Je bois quelques gorgées, en attente de la suite du récit 

…… Et alors ?  

…… Claude trouvait souvent sa femme en pleurs, un jour il s’est disputé très fort avec sa belle-mère et ils sont partis, sans jamais revenir. Il a traité son père de couard et s’est disputé aussi avec lui. Julie fréquentait un jeune homme, ils allaient au lycée ensemble. La grand-mère a tout fait pour empêcher le mariage, mais Julie a tenu bon, ils se sont mariés sans rien dire. Au début ils vivaient avec les parents. Julie s’est trouvée enceinte rapidement, elle voulait son frère pour parrain de ses enfants, ça a fait des histoires. Le parrain est venu le temps du baptême, c’est tout 

….. Il est parrain des deux ?  

….. Oui des jumeaux, et François l’aime beaucoup. Les enfants étaient tout bébé, et la grand-mère a commencé à faire passer Julie pour une incapable, parce qu’évidemment quand elle nourrissait un bébé l’autre pleurait. Elle obligeait Julie à tirer son lait, pour s’occuper elle-même des nourrissons. Julie était fatiguée, elle se levait la nuit plusieurs fois, et la journée elle devait travailler à la ferme et vendre les fromages au marché 

…. Le père ne disait rien ?  

…. Papé ? Non, en fait je pense qu’il ne dit rien pour avoir la paix 

…. Et le père du bébé ?  

….. Christian a quitté la ferme pour travailler dans une usine de pièces détachées pour électro-ménager 

Sophie trempe les lèvres dans son verre avant de continuer ……. Jusqu’au jour où Christian en a eu assez d’entendre dire qu’ils ne méritaient pas d’avoir des enfants, que Julie était une incompétente. Ils sont partis de la maison 

….. En laissant les enfants ?  

….. Non en les emmenant. 

…. Mais alors ? Comment se sont-ils retrouvés chez elle ?  

….. Vers leur trois ans, Julie est tombée malade, elle a fait une pneumonie, la grand-mère a sauté sur l’occasion pour récupérer les jumeaux, disant que Julie allait contaminer les enfants. Et quand Julie a été guérie elle a refusée de rendre les enfants.  

….. Mais comment des parents peuvent-ils abandonner leurs enfants ?  

….. Non ils ne les avaient pas abandonnés, la grand-mère a joué finement. Elle les invitait le dimanche midi, et l’après-midi mettait les jumeaux à la sieste, et faisait partir les parents, ou elle les invitait le soir alors que les enfants devaient aller au lit. Et petit à petit, les habitudes se sont installées, les enfants sont restés chez les grands-parents, ils ne connaissaient pas leurs parents. 

….. Comment se fait-il que ce soit elle qui gère tout. ? 

Sophie sourit ……. Le grand-père est gentil, mais dès qu’il prend la défense de Françoise, elle pique des crises terribles, alors le grand-père ne dit plus rien. Je crois qu’il s’est rendu compte très vite, mais trop tard, que ce n’était ni une bonne épouse ni une gentille maman pour ses enfants. 
….. Mais comment François s’est engagé ?  

….. Il a un ami, comme un frère avec qui il était au collège. Ils ne se sont jamais quittés. C’est Alain qui a entrainé François à être gendarme. 

….. Et comment as-tu connu François ?  

Sophie sourit, ses yeux brillent. …… Alain est le frère de Katia, ma meilleure amie, et une fois à son anniversaire, elle avait fait une petite fête, monsieur Jorelle m’avait autorisé à m’y rendre. Il y avait François, après Katia s’arrangeait pour m’inviter quand Alain et François étaient en permission.  

….. C’est vraiment gentil. 

….. Vous savez Mélissandre, François est très courtois, il est très gentil et prévenant. Il s’est disputé avec la grand-mère pour le mariage. Elle ne veut personne et ordonne que ce soit chez elle, sachant qu’on n’a pas de gros moyens

….. Sophie, c’est ton mariage, ce doit être le plus beau jour de ta vie, et Matthieu comme Alexandre, ne laisseront pas la grand-mère gérer votre mariage. Evincez-les une bonne fois pour toute 

…. Papé est gentil, ça me fait mal au cœur pour lui. Il n’a plus d’amis, plus de famille, elle a écarté tout le monde. 

….. J’ai bien compris. Et donc, avec François tu prendrais sa sœur chez vous ?  

….. Oui nous en avons parlé plusieurs fois, François voudrait sortir sa sœur de là, mais elle n’a pas de métier. 

….. Quand on veut on trouve, vendeuse ne demande pas de grands diplômes  

…… Oui, et nous voudrions nous marier en février, parce que les jumeaux auront vingt-cinq ans en avril.  

….. Et ?  

….. A vingt-cinq ans Françoise devra épouser le cousin, il a vingt ans de plus qu’elle, et elle ne l’aime pas. 

….. Allez, Sophie, ne te chagrine pas. Permets-tu que je rapporte tout ça à Matthieu ? Il saura faire face. 

….. J’ai toute confiance en monsieur Jorelle, il n’a jamais failli à sa parole. Je l’aime beaucoup. Quand j’étais chez madame Jorelle mère, son nouveau mari était méchant. Il venait en douce derrière mon petit frère et le poussait. Kevin tombait et pleurait, il n’arrivait pas à s’orienter. Il le traitait d’handicapé abruti et ça le faisait rire. 

Sa voix s’enroue. Je la prends dans mes bras …… Sophie, c’est du passé tout ça.  

….. Oui et monsieur Jorelle, nous a rendu au centuple le bonheur. A son retour monsieur Jorelle l’a inscrit dans une école pour aveugles, et lui a fait suivre des cours de gestion. A notre majorité, il a acheté une école pour aveugles et a mis Kevin a la direction. Il a suivi quelques temps la gestion et a fini par la laisser à Kevin. Il m’avait dit avoir placé de l’argent, mais je ne savais pas la somme si importante. 

Je fais oui de la tête.  .….. Je vais discuter avec Matthieu, c’est promis, et nous vous aiderons à sortir Françoise de cette vie. 

….. Merci Mélissandre. Vous êtes merveilleuse. 

Je souris …. Toi aussi Sophie, tu es merveilleuse. Tu as traversé tant d’épreuves. La vie n’est pas toujours juste, maintenant il faut vivre ton bonheur pleinement. La vapeur se renverse. 

…. Oui, merci Mélissandre. 

…. Pourquoi les as-tu toujours vouvoyés ?  

…. Ma mère du temps de monsieur et madame Jorelle, était à leur service.  

…. Oui je comprends bien, mais eux ne sont que les enfants. 

…. C’est une habitude, maman disait toujours, avec ton frère vous devez les respecter et les vénérer, sans eux nous ne serions rien. 

…. Tu ne parles jamais de ton papa. 

…. Mon père était au service de monsieur et madame Jorelle, il était marié avec une lingère et il couchait avec ma mère. 

….. Mais et Kevin alors ?  

…. Le même homme. Monsieur Jorelle père a licencié le couple, quand il a su que ma mère était encore enceinte, elle avait tout juste dix-sept ans pour moi et à peine vingt ans à la naissance de Kévin. Ils ont gardé ma mère à leur service et se sont occupés de nous. Nous inscrivant dans une école, suivant nos études. Madame Jorelle était ma marraine et monsieur Jorelle le parrain de Kévin. 

Nous étions élevés comme monsieur Jorelle et monsieur Duval, sauf que maman tenait à ce que nous les respections comme nos futurs maitres. 

….. D’accord, Sophie.  
Je souris avant de continuer …… Et quatre garnements ne devaient pas être de tout repos. 

Sophie éclate de rire……. Monsieur Jorelle et monsieur Duval nous entrainaient souvent dans les bêtises et monsieur Jorelle père nous faisait la morale. J’étais la seule fille, et monsieur Jorelle père me protégeait contre les trois garçons. 

…… Mais les parents d’Alexandre étaient où ?  

……. Monsieur et madame Duval n’étaient pas souvent là, monsieur Duval fils était souvent avec la nurse, et c’est monsieur et madame Jorelle qui lui donnait son éducation avec monsieur Jorelle fils. 

Je ris à mon tour, essayant de les imaginer. 

….. Comment étaient les parents de Matthieu ?  

…… Des fois vous me faites penser à eux, monsieur Jorelle était sévère et intransigeant mais juste, madame Jorelle était une femme douce. Etant la seule fille du groupe, monsieur Jorelle me protégeait. Souvent il m’emmenait en promenade le samedi matin dans le parc de Neuilly, il m’expliquait les arbres les fleurs, par lui j’ai appris beaucoup de choses. Monsieur et madame Jorelle nous ouvrait à la culture générale, ils nous emmenaient souvent à des expositions avec les garçons 

Une bouffée d’amour pour ces gens si bons monte en moi. Je comprends le caractère de mon mari, intransigeant dans le travail mais si bon, si compréhensif devant la misère des gens. Ses parents lui ont inculqués de belles valeurs.

Je vais pour savoir comment était mon mari enfant, quand je le vois dans l’encadrement de la porte. D’un bond je me retrouve dans ses bras, riant et pleurant à la fois. Il me serre et riant aussi, me faisant remarquer qu’il n’est pas parti plusieurs mois. 

Sophie discrète s’est éclipsée. 

Notre nuit sera torride. En reprenant mon souffle, je lui demande comment s’est passé sa visite et pourquoi il est rentré plus tôt 

….. Ayant bouclé le dossier en une matinée, j’ai repris l’avion dans la soirée. Je me colle contre mon mari, nous repartons dans notre monde. 

C’est enlacé que nous allons rendre visite à notre princesse qui gazouille dans les bras de sa nounou. 

Matthieu attrape sa fille et bras tendus, la lève au-dessus de sa tête, la petite éclate de rire, de ce rire qui me fait sourire, je me colle à la taille de mon mari. 
…… Bonjour jeune fille ! 

Dans son langage, Margaux babille, on dirait presqu’elle répond à son papa. J’éclate de rire. Il me tend ma fille. Je l’embrasse et la rend à Clara. 

Main dans la main nous rejoignons la salle à manger pour prendre le petit déjeuner. Sophie termine le sien.

Prête, je me rends dans la chambre de ma fille, je ne trouve que sa nounou. 

….. Où est la petite ?  

….. Avec son père, madame. 

….. Merci Clara, je vous souhaite une bonne journée 

….. Merci madame. 

Le père et la fille m’attendent au salon, Matthieu de son sourire tueur souffle bruyamment ce qui fait rire Margaux 

….. Ah tu vois ma fille, ta mère daigne enfin nous rejoindre ! Reconnais que l’attente en valait la peine, ta maman est la plus belle chose dans ma vie, avec toi ma puce. 

Je souris et tends le manteau du bébé à son père.

Chez manou tout le monde est là, les embrassades durent, Margaux évidemment fait le tour des bras de manou, tata, sa marraine et son parrain qui l’emmène pour s’assoir sur le canapé le temps de l’apéritif.

Après cette excellente journée entourée des miens, je leur dis au revoir avec toujours ce petit serrement au cœur. Clara est là pour nous accueillir, je lui confie mon enfant qui dort dans mes bras. Il faut dire qu’il est déjà tard. 

Ce dimanche nous ne nous levons pas spécialement de bonne heure. Enlacée dans le bras de mon mari, qui de sa main dessine des ronds sur ma peau chaude et enfiévrée. Je lui raconte les confidences de Sophie, sans parler du chapitre ses parents et ses bêtises avec Alexandre.

Nous finissons par nous lever, après avoir pris notre déjeuner, Matthieu me prie de l’excuser, il doit préparer un dossier pour demain.
J’acquiesce, et en profite pour aller me faire couler un bain. Je fais mes épilations, taille mes ongles de pieds avant de les vernir.
Je termine par un brushing et rejoins Matthieu à la salle à manger, pour le repas.

Nous décidons d’aller promener notre fille, malgré le soleil et un beau ciel bleu, il ne fait pas très chaud. Bien couverte dans son landau, elle s’endort dès qu’on la balade.

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11 octobre 2002

Le retour de Ghyslaine

Octobre est là, l’humidité automnale aussi. Depuis plusieurs jours il pleut sans discontinuité. Nous n’avons pas remis les pieds à Neuilly, depuis un mois et n’avons aucune nouvelle de Maryse. Matthieu ne m’a parlé de rien, et je ne demande rien non plus. J’ai juste l’impression qu’on ne retournera plus dans cette belle demeure, certes un peu ancestrale, mais avec tellement de charme.

D’avoir connu la tante, volubile, souriante toujours agréable avec les uns et les autres, et la découvrir sous son nouveau jour me poigne au plus profond.
J’en veux terriblement à cette bonne femme qui nous prive de la comtesse, sa méchanceté n’a d’égal à sa fourberie. Matthieu lui a offert un emploi bien rémunéré et de premier choix. La tante n’étant pas contrariante, elles auraient toutes les deux pu avoir une vie tellement plaisante.

Nous sommes souvent chez manou et Patrick, ou chez tonton et tata. Il nous arrive de les inviter à tour de rôle, mais voilà plus rien n’est pareil.

Margaux depuis hier est fiévreuse, Clara a beau me réconforter, je me fais du souci.

Je téléphone à Alexandre, Sophie promet d’informer le médecin, de mon appel

En rentrant de déjeuner, Alexandre m’appelle. Il me demande ce qui me tracasse. Je lui explique que Margaux est fiévreuse, qu’elle ne mange pas beaucoup et a un sommeil agité.

……. Bien je vais passer la voir !

…… Merci Alexandre.

Je raccroche un peu rassérénée.

Le soir Clara m’apprend que le docteur est venu ausculter Margaux, elle a une rhinite et une poussée dentaire.

Je prends ma fille et l’emmène au salon. Je la berce en lui murmurant de tous petits mots, je la rassure en anglais.

De ses grands yeux fiévreux elle me regarde et m’offrant son petit visage triste. Mon cœur de maman se serre devant le regard plein de détresse de mon enfant.

Cette semaine, précisément le jour des quatre mois de ma puce, Matthieu et Sophie ont rendez-vous chez le notaire.

La jeune femme est rayonnante.

Je les attends à l’appartement, Matthieu m’a proposé de ne pas aller au bureau, ils rentreront déjeuner avec moi, et nous irons au travail dans l’après-midi, en déposant Sophie au cabinet médical

Je m’occupe de Margaux, lui prends son bain. Elle barbotte dans l’eau en poussant des petits cris joyeux. On remarque deux petites perles dans sa bouche de bébé. Alexandre me dit qu’elle est grave en avance pour faire ses dents.

En voulant la sortir, pour ne pas qu’elle ait froid, elle se met à crier. Je l’enveloppe dans son peignoir éponge en la rassurant

Clara me sourit …… Elle n’aime pas quitter le bain.

Je souris à mon tour. …… Ah, ah mademoiselle Jorelle, on fait des caprices ?

Je l’habille, la pouponne, peigne ses petits cheveux et termine sa toilette par de l’eau de toilette spéciale bébé

Assise dans le fauteuil, Margaux sur mes genoux, je la tiens par ses petites mains. Elle maintient sa tête droite. Alexandre me dit qu’elle se développe bien. Je suis fière, elle est si belle. Ses grands yeux clairs comme son père me regarde en faisant la moue.

…….. Madame Jorelle, voulez-vous que je fasse manger la petite ?

Je lève la tête, Clara est dans l’embrassure de la porte.

….. Heu oui, je veux bien, je vais aller me préparer.

Je tends l’enfant à la nurse et vais me maquiller et me coiffer. Au moment où je sors de la salle de bains, Matthieu et Sophie arrivent. Nous passons à table

Le repas est joyeux, Matthieu taquine Sophie qui répond légèrement.

Il est prévu que Marc commence les travaux dès lundi. Ce qui va bien arranger le couple, Gy m’ayant confié que les affaires étaient très calmes en ce moment.

Nous prenons le café au salon, Sophie s’est éclipsée. Mon mari m’apprend, que profitant d’être chez le notaire, il a fait faire un contrat de mariage à Sophie.

En arrivant au bureau, je mets le perco à chauffer et prépare une tasse. Je sais Patrick absent, il est en tournée dans quelques agences.

En ouvrant ma boite courriers, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Un rappel me fait savoir que je n’ai toujours pas validé mon inscription à la Fac. Je m’empresse de taper mes codes, enregistre mes numéros de carte bleue et ouvre le portail. Le calendrier, est le même que l’an passé, le premier vendredi de chaque mois. Evidemment j’ai loupé les cours de septembre et d’octobre.

J’enregistre le calendrier et l’imprime. En raison du premier novembre, le cours est reporté au neuf. Ouf ! Je n’ai pas perdu grand-chose. Sachant que le cours de septembre, est plutôt une présentation, et le deuxième des explications sans devoirs.

Je téléphone à mon amie, son retour approche, et je la sens anxieuse. Je la rassure en lui rappelant que ce n’est pas une inconnue qui s’occupera de son bébé, mais sa propre mamie, et qu’elle a une grande chance de ne pas confier son bébé à une nourrice quelconque.

Ce week-end le temps froid et pluvieux nous maintient à l’appartement.

Ce matin, je suis heureuse d’aller au travail. Bien sûr je suis toujours contente d’être au bureau, mais aujourd’hui Gy reprend. La première chose que je fais en arrivant, la première personne que je vais voir, c’est évidemment mon amie

Elle me reçoit à bras ouverts. Nous rions en nous embrassant. Elle m’entraine vers son bureau

….. Café ?

…. Oui je veux bien, j’arrive seulement

….. Comment ça madame Jorelle ? Il va être dix heures

J’éclate de rire ….. Que veux-tu ton patron n’a pas changé en trois mois. Bon allez dis-moi comment va petit Aurélien

Tout en servant le café dans les tasses, Gy me raconte, qu’il est sage, aussi sage que Quentin bébé. Elle me montre quelques photos.

….. Hé ben ! Ton mari, ne peux pas renier ses fils.

….. Tout comme ta fille, qui est le portrait craché de son père 

….. Je ne sais pas, manou dit qu’elle commence à tirer vers moi.

A mon tour, je déroule les photos sur mon téléphone et les présente à mon amie.

…… Oui c’est vrai, sa petite bouche et son nez retroussé, c’est toi, mais le regard gris clair comme ça, bah je crois que monsieur Jorelle y est pour quelque chose.

Je souris en soufflant sur mon café ………. Et Lise elle est où ?

Gy fait une moue …… Alors là aucune idée, ma belle. Je pensais justement que tu m’aurais appris quelque chose

Je hausse une épaule ….. Comme quoi ?

….. Non rien, juste où est ta cousine. Serait-elle mutée dans un service ?

….. Heu non je ne pense pas, je vais me rencarder, je te tiens au courant si j’apprends quelque chose

…. Tu manges ce midi ?

…. Oui bien sûr, à moins que mon mari contrecarre mes projets.
….. Ok, tu me préviens.

….. Oui bien sûr.

Je rejoins mon bureau, allume mon pc et l’imprimante. Le perco est déjà allumé. J’ouvre la fenêtre du personnel et vais voir à Elise Dumond. Responsable standard. Je m’aperçois qu’elle n’a pas badgé ce matin

Je sais Matthieu en réunion avec le directeur du deuxième. Il me fera signe, quand il sera seul, il va très certainement me demander un café. J’essaierai de savoir où est Lise.

Ce midi avec Gy, nous parlons bébé, bien sûr. Mon amie me remercie, pour le chantier de l’appartement de Sophie. Elle m’apprend que son mari était sans travail précis. Quelques bricoles chez des particuliers, qui ne paient pas vraiment, alors que là, ça va leur faire une belle rentrée d’argent. Matthieu paie correctement.

…… T’inquiète ma Gy, Matthieu a en tête d’avoir une maison, et ton mari n’aura pas le temps de chômer

…… Vous allez déménager ?

En quelques mots je lui explique la situation. La tante qui a changé du tout au tout, et le refus de mon mari de retourner à Neuilly. D’où l’achat ou la location de cette grande maison pour pouvoir recevoir dans la tranquillité, sans avoir de réflexion qu’on envahit l’espace de qui que ce soit. Ghyslaine reste interdite devant mon récit.

Je passe par le standard, pour boire le café avec mon amie.

Le soir à table, je m’enquière à savoir où est placée ma cousine.
Matthieu lève un sourcil, ses yeux clairs me disent que tout va bien.

Ironiquement il me demande, quel poste j’emploie dans la société.

….. Bah, secrétaire de direction, enfin je crois.

Il sourit …… Et en tant que secrétaire de direction, tu n’as pas les pointages ? Les congés ?

Je rougis ….. Heu si bien sûr, mais elle n’avait pas pointer quand j’ai regardé

….. Ta cousine a pris quelques jours de congés, comme madame Germain rentrait, j’ai accédé à sa demande

…. Ah ok, d’accord.

Nous papotons de tout et de rien, avant d’aller nous coucher

Vers dix heures je téléphone chez mon parrain. Une voix toute ensommeillée me répond

…. Lison ?

….. Oui méli

…. Qu’est-ce qui t’arrive ?

…. J’ai la grippe, mais je ne voulais pas m’arrêter en maladie, j’ai pris une semaine

…. Ah ok, je me suis inquiétée

Le nez pris, elle parle difficilement.

…. Tu as vu le médecin ?

…. Alex est passé hier au soir, il m’a fait une ordonnance d’antibios, sirop et gouttes pour le nez

….. Oh comme il est mimi.

Elle rit et tousse en même temps …… Tu es bête.

…. Repose -toi, je te rappellerai

….. Oui Méli, merci.

Je raccroche rassurée, pas qu’elle soit malade, non, plutôt de connaitre motif de son absence.

Le soir j’en parle à mon mari……… Oui Alexandre m’a téléphoné. Tu la note en maladie, aucune raison qu’elle prenne ses congés en maladie.
….. Heu, oui mais il me faudra un arrêt de travail

…. Tu l’auras. Darling, j’ai un peu de travail ce soir, je suis désolé

…. Non va, ne t’inquiète pas. Je vais aller bouquiner, et si tu ne tardes pas trop, tu me trouveras éveillée

Il rit …… Serait-ce une demande déguisée madame Jorelle

….. Monsieur Jorelle, à vous de savoir où sont vos priorités.

….. Entendu madame Jorelle.

Je ris en allant à la salle de bains, me préparer pour la nuit.

En arrivant au bureau, je pense à téléphoner à ma cousine, je n’ai pas de nouvelles. Alors que je mets le perco en route et allume l’imprimante, mon téléphone sonne.

Bureau de monsieur Jorelle, bonjour.

….. Bonjour ma Méli.

….. Ah justement je voulais t’appeler, comment vas-tu ?

….. Je suis au travail. Ça va mieux

….. Pourquoi tu as repris si tôt ?

…. J’ai mon cours demain midi, j’ai dit à Alex, je ne veux pas le louper

J’éclate de rire …….. Oh bah alors ! Mais tu sais tu peux rattraper ce n’est pas bien grave

….. Non, non je ne veux pas commencer à louper.

….. Et tu pouvais le suivre de chez toi, tu es nunuche

A son tour, elle rit ……… Bah cool la cousine !

Nous échangeons quelques minutes et décidons de manger ensemble ce midi.

La semaine est bien définie, sauf contretemps, le mardi et vendredi je mange avec ma cousine, les autres jours avec Gi.

Depuis deux jours, je ne me sens pas bien. Une boule à l’estomac m’empêche d’être tranquille.

Ce soir au lit, Matthieu fini par me demander ce qui me préoccupe. Craignant sa réaction, j’essaie d’esquiver et invente un petit embarras gastrique

Il se redresse, tourne mon visage vers lui …….. C’est toute la confiance que tu as ?

Je sens les larmes monter, je respire le plus calmement possible.

Matthieu me prend dans ses bras ……. Dis-moi ce que tu as !

….. Comment on fait pour vendredi ?

…. Il y a quoi vendredi ?

….. C’est le premier novembre.

….. Oui et ?

Je m’agace ………. Généralement on va tous sur la tombe de ma mère

…… Doucement darling. Et qu’est-ce qui empêche ?

D’un bond je m’assois dans le lit ………… Non mais oh, tu crois que je vais y aller avec mon père et l’autre ? 

Matthieu me dévisage. …… Et tu comptes faire quoi ?

….. Bah justement je n’en sais rien.

….. Alors dors, nous avons deux jours pour réfléchir.

Le sommeil tarde, cette question me perturbe, sans que je puisse trouver de solution, sauf celle d’y aller seule samedi ou dimanche. Mais comment savoir s’ils ne feront pas pareil. Comment savoir si on ne va pas les croiser au cimetière ?

Quand je pense que depuis le baptême je n’ai aucune nouvelle de mon père. Il ne connait même pas sa petite fille qui va sur cinq mois. Ah ! le cinéma qu’il m’a fait quand il a appris qu’il allait être grand-père. Que du vent. Et cette pute qui est toujours chez eux, paradant dans ma chambre de jeune fille. Minaudant à la table familiale.
J’ai une telle haine envers elle, que jamais plus jamais je n’aiderai quelqu’un. A part ma Gy en qui j’ai une immense confiance. C’est ma seule et véritable amie.
Ce midi, je demande à Lise si elle est au courant pour la journée de demain.

…… On va chez manou ! Pourquoi ?

….. Et tu sais si mon père sera là ?

…… Ah non, aucune idée, tu veux que je demande à manou ?

….. Non pas grave

….. Méli, je vois bien que tu es contrariée depuis quelques jours.

….. Disons que je n’aimerais pas tomber sur eux, je crois que je vais plomber la journée.

Elise éclate de rire …… Mais non allez !

Je laisse Lise à la porte du standard, et lui promets de venir boire un café dans quelques instants.

Je téléphone à manou, le cœur battant

….. Allo ?

….. Manou !

….. Oui ma puce, comment vas-tu ?

…. Bien manou et toi ?

…. Bien ma puce merci. Qu’est-ce qui t’amène ?

….. Manou, demain tu as invité tonton et tata.

….. Oui bien sûr, et vous aussi, Matthieu ne t’a rien dit ?

….. Heu bah non justement.

…. Patrick a dû lui en parler ce matin, il te tiendra au courant ce soir je pense

….. Manou il y aura qui ?

….. Pierre et Patricia, ta cousine et son fiancé et vous pourquoi ?

…. Parce que je n’aimerais pas me trouver avec mon père et sa gonzesse

…. Ma puce, ton père nous n’en n’avons plus beaucoup de nouvelles.  

…. Bah j’espère qu’elle n’amènera pas sa gueule demain

J’entends le rire de manou ……. Non ma puce !

…. Ok manou merci à demain.

….. A demain.

Je raccroche un peu rassérénée et vais rejoindre ma cousine au standard. Je lui apprends que demain manou a eu la délicatesse de ne pas inviter mon père

….. De toute façon Méli, il a un peu coupé les ponts avec notre famille

…. Tes parents non plus ne les reçoivent pas ?

…. Mon père les a invités à plusieurs reprises, et chaque fois ils ont un prétexte, mon père a laissé tomber

Je hausse les épaules tout en remuant mon café ……….. Et ben, cette pute aura foutu un beau bordel !

….. Passe à autre chose Méli, tu as ta fille, un mari en or, tu as manou de ton côté et puis ton horrible cousine

Elle finit sa phrase dans un éclat de rire, je suis obligée aussi de rire

…… Ma cousine est toute nouvelle, je la découvre de plus en plus et de jour en jour. Disons que je retrouve la cousine que j’ai toujours adorée.

….. Ah bon pourquoi tu en avais une autre ?

Nous rions ………. Non elle est morte, c’était une Lison-chiffon qui ne valait pas un clou

Je l’embrasse et retourne à mon bureau, soulagée. Je tape les quelques lettres du dictaphone de Matthieu, et porte le parapheur à Patrick qui est rentré de province

…… Ah Mélissandre, comment allez-vous ?

….. Bien, et vous Patrick ?

…. Bien, mon petit, merci. Demain vous venez déjeuner.

…… Oui j’ai eu manou au téléphone.

….. Un problème ?

Je pique mon fard ……. Heu non, enfin je voulais savoir s’il y aurait mon père.

Patrick sourit ……. Nous n’allons pas gâcher cette journée, déjà pleine de tristesse. Non ?

Je murmure ….. Oui, merci Patrick

Je reprends le parapheur, avant qu’il ne voie mes yeux s’emplir de larmes.

En allant chez manou, je ne suis pas vraiment tranquille. Qui me dit qu’ils ne vont pas passer ?

Ma grand-mère nous reçoit avec sa gentillesse habituelle. Tonton et tata sont déjà là avec les jeunes.

Tata semble déçue que nous n’ayons pas Margaux

….. Je n’allais pas l’emmener au cimetière tata.

…… Non bien sûr je comprends.

Nous passons à table rapidement. Le repas n’est pas vraiment joyeux, mais nous ne pouvons pas dire qu’il soit triste non plus.

Nous partons dès le café avalé. Matthieu a commandé une jolie composition de fleurs que je dépose au pied de la tombe. Mon cœur se serre. Je retiens mes larmes, en pensant que ma fille ne connaitra jamais sa mamie, et qu’elle n’a pas de grand-père non plus.

Nous ne restons pas très longtemps. Manou dépose des fleurs, tonton un énorme chrysanthème, Lise et Alexandre une belle plante rose dont j’ignore le nom. D’un coup la tombe ressemble à un mini jardin tout fleuri.

Matthieu enlace mes épaules ………. Ça va darling ?

….. C’est toujours un peu dur, de savoir ma mère six pieds sous terre.

Il resserre son bras et m’attire à lui sans rien dire. Il me reconduit à la voiture. Les jeunes montent avec nous comme à l’allée, tandis que tonton et tata montent avec Patrick et Manou.

Manou fait servir du café, nous nous réchauffons rapidement. L’après-midi est plus animé. Alexandre y va de sa verve taquine.

Manou demande à l’assemblée ……… Vous allez diner avec nous les enfants.

Tonton et tata acceptent, je regarde Matthieu. Il m’envoie son sourire qui tue ……. Avec plaisir manou

Manou …….. Vous auriez eu la petite, vous auriez pu coucher là !

Matthieu ……. Que décide ma femme ?

….. Heu bah, on peut aller la chercher ?

Manou ……… Mais oui, il n’est pas tard, vous avez le temps.

…… Oui mais Clara elle dormira où ?

Manou sourit …….. Dans le bureau, et puis Lise et Alexandre peuvent dormir là aussi !

Alexandre éclate de rire ……. Manou espérez-vous me faire pêcher avant le mariage ?

Nous rions, ma grand-mère taquine riposte ………. Loin de moi cette idée, tu peux dormir dans le salon, le canapé à fleur se convertit.

…….. Je vous remercie manou, je rentrerai, mais si Lise accepte de dormir chez sa grand-mère, alors demain je m’invite

Manou ….. Voilà qui me semble parfait !

Patrick ……. Vous n’allez pas à Neuilly ?

Avant que quiconque réponde, Matthieu de cette voix froide qui m’impressionne toujours autant répond ……. Certainement pas !

…… Vous n’avez pas de nouvelles ?

….. Non, et cela m’importe peu. Tant que sa mégère sera à son service, ta sœur continuera sa vie sans nous.

Un froid tombe dans la pièce. Alexandre par une plaisanterie, fait revenir l’ambiance. Matthieu décide avec son cousin d’aller chercher notre fille et sa nurse

…… Profite de ta grand-mère, nous faisons l’aller-retour.

Je lui souris en guise de réponse. Je suppose qu’il a besoin de s’isoler avec son cousin pour parler. Je sais qu’il me dira après. Avec un prétexte futile, je préviens que je sors.
Manou …… Tu vas où ma puce ?

…… Juste à la pharmacie, acheter de la lotion pour la puce
Je me tourne vers Lise …….. Tu viens avec moi ?

….. Oui bien sûr.

J’attrape le bras de ma cousine. Sur le trottoir je lui dis en riant …….. Allez avale ta fumée.

Lise rit ……. Merci ma Méli

Nous allons tranquillement sur le boulevard, pour la forme nous nous arrêtons à la pharmacie, j’achète de la lotion et du lait de toilette.

….. Nous passons par la maison de Manou ?

…. Oui si tu veux.

Nous faisons le grand tour et allons devant la maison de notre grand-mère. Malgré moi un petit serrement au cœur se fait sentir.

Lise ……. J’aimais bien cette maison, elle ressemblait davantage à manou

…. Disons qu’on l’a toujours connue ici. Sa nouvelle maison est à son image aussi

…. Oui bien sûr, mais plus cossue, plus …. Heu, plus riche quoi.

J’éclate de rire ……. Disons que les moyens ne sont pas les mêmes

Elise allume une nouvelle cigarette. Nous devisons gentiment et accélérons le pas, il fait froid, une espèce de brouillard descend sur nos épaules. Peu de monde se promène

En rentrant, Lise va directement aux toilettes. Je la suppose à se rincer la bouche et se laver les mains, j’ai envie de sourire

Les hommes arrivent, Margaux dans les bras de son parrain babille. Manou fait assoir Clara. Patrick sort verres et bouteilles, il sert l’apéritif.

Margaux passe de bras en bras, elle rit en poussant des petits cris, et s’énerve un peu. Je laisse faire, pour une fois qu’elle peut profiter de tout le monde, et surtout qu’elle commence à comprendre.

Tout en sirotant mon martini, j’écoute un peu tout le monde. Matthieu explique que nous sommes allés visiter une maison de maitre sur Neuilly. Il décrit le grand portail en fer forgé, le luxurieux jardin, et la maison par elle-même.
Patrick lève un sourcil étonné. …… Elle est à vendre ?

Matthieu …… Pas vraiment, elle est à la location, mais nous pourrions l’acquérir je pense

….. Ce n’était pas la maison des Goilons ?

…. Il me semble que si !

…. Ah oui, belle demeure !

Tata ….. Vous allez déménager ?

Matthieu sourit ……. Ma femme ne veut pas quitter l’appartement, nous aurions pu avoir une maison de week-end.

Manou …… Vous n’irez plus à Neuilly ?

…… Neuilly domaine, pas de sitôt. Malgré tout, nous avons besoin Mélissandre et moi, de prendre du repos le week-end, dans le calme et la sérénité

Manou hoche la tête …. Oui je comprends

Margaux met fin à cette conversation en poussant des cris. Je me tourne vers Clara

…. Je pense qu’elle a faim.

La jeune femme rougit, et se lève, elle prend la petite des bras de tata, manou accompagne la jeune femme à la cuisine

En revenant manou, fait remarquer que cette demoiselle est bien mignonne. Je souris, personne ne relève

Nous passons à table, les conversations se tendent vers cette nouvelle demeure. 

Vers vingt-trois heures, tonton et tata nous quittent, nous les embrassons, Patrick les raccompagne jusqu’au portail. Alexandre nous quitte à son tour pour rejoindre son appartement, promettant d’être là demain.

Avec Lise nous allons à la salle de bains, j’ouvre la fenêtre et m’assois sur le bord de la baignoire. Lise allume sa clope. Nous pouffons de rire.

….. Dis, ma Lise, fais attention, parce que même si tu te laves les mains et que tu manges un bonbon, la clope sent dans tes cheveux et sur tes fringues.

Elle hausse une épaule ….. Oui je sais, mais je fais attention.

Je me démaquille, et commence à me déshabiller pour mettre un pyjama qui reste chez manou.

Une petite émotion me prend, le lit de maman a été repeint dans un rose tendre, ma fille dort à poings fermés.

Je me couche en écoutant sa respiration. Matthieu me rejoint, je le regarde se déshabiller.
….. Tout va bien darling ?

….. Oui pourquoi ?

Il fait non de la tête ….. Je peux demander ?

Je souris ….. Mais oui bien sûr.

Nous nous endormons blottis l’un contre l’autre.

Les petits cris de Margaux me réveille, je mets quelques secondes à comprendre. Je vais chercher la petite et la mets dans le lit avec son père.
A la cuisine, je prépare son biberon et l’apporte à Matthieu, ma fille sur le ventre de son père, la tête relevée le regarde avec ses grands yeux ouverts.

Matthieu redresse sa fille et tend la main, je lui donne le biberon et me recouche auprès de mes deux amours.

Nous nous levons, Margaux dans les bras de son père babille toute joyeuse. A la salle à manger, une jeune femme nous sert notre déjeuner. Manou nous rejoint et nous embrasse, elle prend la petite des bras de son père.

….. Déjeunez tranquillement Matthieu.

Mon mari sourit et remercie manou. Je demande où est passé son mari

….. Il arrive, il était sous la douche. Voulez-vous aller faire un petit tour de marché ?

…. Oui bien sûr, tu veux chéri ?

…. Pourquoi pas ?

Patrick nous rejoint, il nous embrasse et se sert un café ……. Bien dormi les jeunes ?

Je souris ….. Oui merci Patrick.

Clara arrive et se dirige vers la petite …….. Voulez-vous que je la prenne madame ?

Manou sourit. ……. Je l’ai si peu, laissez-là moi.

Alexandre arrive, il prend le temps de boire un café.

Nous laissons Margaux avec Clara à la maison, pendant que nous allons tous ensemble au marché. Alexandre me fait rire

….. Manou, laissez-moi vous porter votre panier

….. Merci mon grand !

Ma main froide dans celle chaude de Matthieu, nous déambulons entre les étalages. Je remonte mon col de manteau, et glisse mon autre main dans ma poche.
Enfin une bonne heure après, manou prend le chemin du retour, nous entrainant à sa suite.

Cette balade ne m’a pas vraiment comblée, et pas rassurée non plus. J’avais tellement peur de tomber au détour d’une allée sur mon père et elle.

Pour ce midi, nous nous régalons de beaux colinots sauce hollandaise.

Le temps dehors ne nous incite pas à sortir, nous restons au chaud dans ce salon cossu, à parler de tout et de rien. Du mariage de ma cousine, de celui de Sophie. Des fêtes de fin d’année, et là mon pouls s’accélère.

Il sera décidé que le réveillon de Noël sera célébré chez manou et Patrick, ainsi que le lendemain. Le jour de l’an pose problème, chez nous à l’appartement, même si la salle à manger est de belles dimensions, nous nous trouverions malgré tout à l’étroit.

Alexandre …….. Je suis certain que ma future belle-mère serait ravie de nous recevoir

Lise …… Ah oui c’est même sûr, maman adore cuisiner

Alexandre …… Nous nous inviterons donc !

Avec Matthieu, nous partons en début de soirée, embrassant manou et la serrant dans mes bras.

Nous finissons notre soirée devant le poste de télévision. Dès le générique Matthieu me propose d’aller nous coucher

Il se lève, me tend la main, et sans me lâcher, nous passons par la chambre de Margaux qui dort à poings fermés.

Cette semaine au bureau je suis presque surbookée. Le téléphone n’arrête pas de sonner. Le standard n’arrive pas à sélectionner les appels inutiles, plus la tonne de courrier de Patrick et mon mari, je n’ai pas une minute pour souffler.

Je vois arriver vendredi avec grand bonheur, je suis fatiguée et compte bien me reposer ce week-end

Ce lundi en raison du onze novembre, nous ne travaillons pas. Nous allons nous rendre compte des travaux à l’appartement de Sophie qui d’après Marc sont bien avancés.

Le parquet des trois chambres, a été poncé et vitrifié. Ils sont magnifiques. Tout est peint en blanc. Dans la grande chambre, un mobilier moderne, pas d’armoire, juste une commode. Dans le renfoncement un grand dressing. Les fenêtres sont habillées de jolis voilages fins, une dentelle bordant le bas.

L’autre chambre est vide de meuble. Le salon salle à manger, agrandi par la petite chambre, est contemporain chic.
Un canapé d’angle convertible, en tissu gris perle, des meubles couleur miel. Au mur, des étagères placées en décalées sont du plus bel effet. Une énorme horloge design. Le côté salle à manger est meublée avec goût. La longue table blanche aux pieds noirs bien carrés, les chaises en simili blanc, ont aussi les pieds noirs. L’enfilade au portes blanches, le dessus noir. L’ensemble est tout simplement sublime.

Je reste muette devant la salle d’eau. Une douche à l’italienne, carrelée en tout petits carrelage beige et marron, au sol comme des dalles dans le même ton. Les matériaux sont vraiment beaux

La cuisine est en montage, mais elle promet d’être jolie et pratique. Cadeau de Matthieu, il a tenu à de la bonne qualité. Sur le balcon, un faux gazon deux gros pots rose contenant un arbuste chacun.

En redescendant, je ne peux m’empêcher de féliciter mon mari, pour son bon goût.
….. Marc m’a bien aidé, puis nous nous sommes assistés de catalogues.

….. En tout cas quand on a connu l’appartement, et qu’on le voit maintenant. C’est sublime.

Il sourit et me propose d’aller manger au restaurant. Notre journée, se termine par de tendres ébats amoureux. Je repose dans les bras de mon mari, en reprenant mon souffle.

….. Madame Jorelle, qui m’aurait dit !

Je cache ma tête sur son torse, en rougissant légèrement. Matthieu éclate de rire.

Ce matin tout en conduisant, Matthieu m’apprend qu’il doit partir en Alsace pour quelques jours.

Mon cœur saute dans ma poitrine. Je n’aime pas quand il part, je n’aime pas le savoir loin de moi.
…… C’est quoi quelques jours ?

….. Je pense partir demain et rentrer vendredi

….. Et tu vas faire quoi là-bas ?

….. Voir pour ouvrir une boutique, il y a de la demande et pas de possibilité. Ce sera un bon marché.

….. Pourquoi c’est toi qui pars ?

Je vois son profil, et remarque son sourire …… Parce que je suis le patron darling

Je me renfrogne dans le coin de la portière. Ma belle humeur est envolée.

9 septembre 2002

Détermination

La semaine se termine, je sens Matthieu soucieux et pas vraiment de bonne humeur. Le soir à peine le repas terminé, il s’enferme dans son bureau. Je m’endors sans lui.

Vendredi, dans la matinée, Matthieu me demande trois cafés. Dans son bureau monsieur Cériez se lève à mon entrée. Je pose le plateau et lui serre la main.

Matthieu offre une tasse à l’avocat, en demandant à l’homme

….. Alors ?

….. Le notaire est prévu pour mardi quatorze heures.

….. Bien, l’avez-vous prévenue ?

….. Pas encore monsieur, je voulais avant vous aviser, de plus il me faut plusieurs signatures de monsieur Duval

….. Ça peut attendre cet après-midi ?

….. Oui bien sûr, et même lundi après-midi.

Matthieu hoche la tête et décroche le téléphone. Il fait un numéro et passe le combiné à l’avocat.

………. Bonjour, maitre Cériez à l’appareil, pourrais-je parler à madame de Chambault ?

……..

Mr Cériez ……. Quand puis-je appeler madame de Chambault ?

………..

……. Il est fort regrettable que madame de Chambault refuse de me parler, le conseil d’administration va prendre des dispositions contraires à un compromis à l’amiable.

Matthieu met le haut-parleur, nous pouvons entendre la voix de la dame de compagnie

……. C’est quoi des dispositions contraires à un compromis à l’amiable ?

Mr Cériez ……. Si monsieur Jorelle n’arrive pas à rassembler les parts de marchés pour vendre, il déposera purement et simplement le bilan, il n’y aura donc plus de société et par conséquent pas de vente. Comprenez-vous madame que c’est important.

…….. Que voulez-vous que je vous dise, son neveu spolie cette dame âgée, il veut le gâteau pour lui tout seul

…… Madame, je n’ai pas la possibilité de juger d’une situation, cependant sachez que si la société dépose le bilan, madame de Chambault ne percevra pas le montant de la vente de ses parts. 

Un éclat de rire nous arrive de plein fouet ……… Monsieur vous me prenez pour une idiote ? S’il n’y a plus de société de toute façon il n’y aura plus de rente

…… S’il y a vente, madame de Chambault aura le résultat de ses parts pour voir venir, qui seront assez confortables

….. Le résultat de la vente s’élève à combien ?

Monsieur Cériez ne peut s’empêcher de sourire ……… Ce ne sont pas des détails que je suis autorisé à divulguer madame !

Je suis soufflée par le toupet de cette bonne femme.

…… Madame, je n’ai pas toute la matinée, je vous prie de me passer madame de Chambault, pour que nous puissions décider d’un rendez-vous.

……. Je regrette maitre, madame de Chambault n’est pas en état de vous répondre

……. Bien madame. Je vais donc l’assigné par voie de justice. Je vous souhaite une bonne journée. Au revoir

Il ne lui laisse pas le temps de répondre et raccroche.

Matthieu à l’air soucieux ……… Que pouvez-vous faire ?

…… Pouvons-nous aller sur place lui faire signer les papiers ?

…… Oui bien sûr, sans prévenir nous la trouverons au salon.

……. Sinon après c’est le tribunal.

Matthieu décroche à nouveau son téléphone ……… Sophie, dis-moi si le médecin est là ?

………

……. Peux-tu lui demander de venir jusqu’à mes bureaux ?

………

……. Merci Sophie.

Matthieu plonge ses yeux dans les miens, il me regarde quelques secondes intensément, puis fini par me sourire.
….. Que veux-tu faire madame Jorelle ?

…… Heu comment ça ?

….. Veux-tu te joindre à nous ?

Tout en parlant je secoue la tête …….. Non je vais aller travailler un peu, tu me raconteras.

…… Va madame Jorelle.

La matinée pratiquement écoulée, je téléphone à ma cousine, sachant qu’elle ne sera pas avec son chéri.

En allant manger avec Lise, je ne parle de rien. Un reste d’appréhension me retient de lui raconter.

La semaine se termine enfin. Elle a été relativement fatigante, la reprise est plus dure que je ne le pensais, d’autant que Matthieu est soucieux et pas vraiment bienveillant depuis les problèmes que sa tante pose.

Pendant le repas, Matthieu me demande si une maison me plairait

….. Pourquoi ? J’aime bien l’appartement

Il sourit …… Une maison pour nos week-ends ?

Je hausse une épaule ……. Et Neuilly ?

….. Parce que tu penses que je vais retourner à Neuilly ?

….. Je ne sais pas.

….. Demain, nous irons visiter une villa que j’ai repéré sur internet. J’ai téléphoné au notaire, nous avons rendez-vous à dix heures.

….. D’accord.

….. Après, nous ferons ce que tu auras envie. Restaurant par exemple.

….. Tu n’as pas de travail ?

….. Non darling, je n’ai rien d’urgent. La société roule bien maintenant. Je vais pouvoir souffler un peu

….. Ah bah pas trop tôt

Il éclate de rire. Ce rire qui m’émoustille toujours.

Nous finissons le repas sur une note plaisante. Je sens qu’il relâche un peu cette pression qui l’a tenu toute la semaine

Je repose au creux de ses bras, en essayant de retrouver mon calme. Mon pouls se ralenti, je m’endors repue de bien-être et d’amour.

…… Darling, il va être neuf heures.

….. Oh déjà !

Son rire me réveille complètement …….. Allez, marmotte.

D’un coup de pied, je pousse le drap et la couverture, et vais directement sous la douche. Tout un tas de questions me viennent à l’esprit. Mais alors, si on achète une maison, il faudra du personnel, donc il va rappeler Marjorie Catherine Lisette et les autres

Le notaire, un jeune homme cheveux ras et roux, très souriant nous reçoit en toute simplicité. Nous faisons une première visite virtuelle.

Matthieu …….. Pourrions-nous la visiter maitre ?

….. Oui bien sûr, allons-y

Il nous emmène dans son véhicule. Je ne comprends pas, nous prenons la route de Neuilly. Je reconnais le quartier du domaine. Nous le dépassons pour nous arrêter à quelques centaines de mètres.

Le notaire se gare devant de hautes grilles, qu’il ouvre à l’aide d’un code sur le digicode.

Nous remontons une grande allée, menant à la demeure. Je reste sans voix tellement elle est majestueuse et moderne de façade.

Le notaire ouvre une porte vitrée double battant, un grand hall dallé de marbre blanc, la visite commence

Au rez de chaussée, un bureau, un petit salon, une bibliothèque salle de télévision, une très grande salle à manger et un autre salon, les communs tels l’office, la cuisine et la buanderie.

A l’étage huit chambres avec chacune leur salle de bains ou salle d’eau. Un autre étage, cinq chambres, une grande cuisine et deux salles de bains.

Après deux heures de visite, nous allons dans le parc. Bon il n’est pas aussi fleuri ni aussi grand que celui du domaine, mais il est beau quand même. Une tonnelle appelle au repos. Une spacieuse terrasse accédant sur la salle à manger et le salon, par de grandes baies vitrées.
Main dans la main avec Matthieu, nous faisons le tour du parc. Au détour de l’angle de la maison, une piscine couverte. Je suis folle de joie.

Je trouve cette villa bien entretenue.

Nous retournons dans la maison et nous asseyons au salon, sur un confortable canapé.

Le notaire et Matthieu discutent prix, charges et entretien. Matthieu insiste sur le fait qu’il a lui-même son personnel et qu’il garde l’entretien de cette demeure et son parc.
Le notaire ……… Bien je joins rapidement les propriétaires et vous fait part de leurs demandes et exigences.
Les hommes se lèvent nous nous dirigeons vers le haut portail.

Matthieu se tourne vers moi ……. Qu’en penses-tu darling ?

….. Elle est jolie, mais grande.

Matthieu sourit …. Guère plus que le domaine, si nous devons recevoir tout le monde, il n’y a pas plus de place que ça

Je fais oui de la tête, c’est vrai que c’est une belle demeure. Je laisse les deux hommes discuter, je commence à sentir la faim me tirailler

Enfin, nous quittons le notaire. Matthieu m’emmène déjeuner dans un restaurant pas très loin.

….. Qu’en dis-tu darling ?

….. Heu je ne sais pas, c’est une belle demeure.

….. Elle te plairait ?

….. Tu veux quitter l’appartement ?

Il sourit tout en dégustant son verre. …….. Non darling, simplement je veux qu’on vienne le week-end se reposer en toute tranquillité, sans avoir l’animosité de Maryse qui plombe l’air !

….. Tu comptes l’acheter ?

…… En fait nous avons le choix, la louer ou l’acquérir

……. Mais si tu l’achètes que feras-tu du domaine ?

…… C’est bien pour ça que je préfère dans un premier temps la louer.

Je fais oui de la tête. …… Tu vas recruter du personnel ?

….. Non, celui de Neuilly viendra s’installer ici

…… Tu vas enlever tout le personnel à ta tante ?

Matthieu fronce les sourcils …… Elle restera avec sa dame de compagnie, puisqu’elle seule à l’heur de convenir à Maryse.

Je détaille mon mari, je reste bouche bée. Je ne sais même pas quoi répondre.

Le serveur pose nos assiettes devant nous, machinalement je le remercie. Le repas se passe en silence.
Au café Matthieu me fait sourire.

….. Darling, tu dois comprendre qu’on ne peut tolérer l’attitude de la dernière fois. Donc ma tante engagera son propre personnel avec l’assentiment de madame Billion !

….. J’aimais bien Neuilly.

Mon mari sourit et taquin me répond ……. Nous serons toujours à Neuilly

Je souris à mon tour. …… Oui bien sûr, mais ce n’est pas pareil, je m’étais faite à cette grande demeure, j’y avais mes repaires, le grand parc, la gloriette.

….. Rien ne nous empêche de mettre une gloriette. Je te l’accorde, le parc est plus petit, mais nous pouvons le fleurir aussi.

Je hausse une épaule et fini mon dessert, un peu contrariée malgré tout.

…… Darling, je ne donne pas la fin d’année pour que la tante baisse la garde ! Alors nous récupérerons le domaine.

Je fais oui de la tête. Mon cœur bat la chamade. Je n’ose pas lui dire ma pensée, je crains qu’une dispute éclate entre nous.

Main dans la main nous allons nous promener sur les grands boulevards avant de reprendre la voiture pour rentrer.

Sophie m’apprend que Clara est sortie avec notre fille.

De tout le week-end une certaine angoisse ne m’a pas quittée.

L’interphone me fait sursauter, mon regard croise celui de l’intérimaire, elle me sourit.
…… Viens me voir !

Mon cœur fait un bond et s’accélère. Je n’aime pas le ton employé par mon patron-mari. Je frappe et entre sans attendre. Dans le bureau Alexandre beau comme un Dieu dans un costume noir, chemise noire et cravate blanche à rayures noires.

Je lui fais la bise en souriant, et me tourne vers mon mari

…… Darling nous allons à Neuilly, veux-tu venir ?

….. Non je ne préfère pas, je vais aller manger avec Lise.

….. Va madame Jorelle.
Au moment de sortir j’entends toquer. Matthieu de sa voix puissance ………. Entrez

Cériez un dossier sous le bras entre, il serre la main aux cousins et me fait un grand sourire ……… Bonjour madame Jorelle.
…… Bonjour monsieur Cériez

Nous nous serrons la main, je regagne mon bureau contrariée de la tournure des évènements.

Du coup j’appelle Lise pour aller manger. Je lui propose de boire le café dans mon bureau.

Elle s’assoit sur une chaise visiteur. ………. Bon tu as quoi de très important à me dire ?
…. Ton inscription ma Lison.

…. Mon inscription ? Inscription à quoi ?

….. Ton BAC, Lison-chiffon ! Tu te rappelles ?

Elle éclate de ce rire communicatif. …….. Oh là, là, j’ai le trac.

Je ris et demande ….. Le trac de quoi ? C’est par correspondance.

Tout en parlant je vais sur le site que j’ai retenu, parmi d’autres. De plus c’est sur Paris, et si elle doit se rendre sur place, elle n’aura pas trop de trajet

Je tourne mon écran vers ma cousine. …….. Nous sommes mardi dix-sept et les inscriptions sont jusqu’à vendredi minuit, il faut te décider.

….. Heu oui, bah, vas-y alors.

Je clique sur inscription, et rempli le formulaire complet. Dans la session adaptée à sa demande, je remplis le nouveau formulaire.

De mon tiroir, je sors ma carte bleue et saisis les numéros, je valide.

…… Pourquoi tu paies ?

Je souris …… Parce que je te l’avais promis. Tu paieras ton trimestre. Tu vas recevoir un mail de confirmation, si tu ne sais pas faire, tu viens, on le fera ensemble.

….. Je vais le recevoir quand ?

Je hausse une épaule ……. Fin de semaine, je pense

….. D’accord, merci ma Méli

…. Allez, les choses sérieuses commencent. Je pourrais t’aider dans tes cours, un peu les maths, mais tu vois surtout avec tonton. Les autres cours, sont faciles, ce sont surtout des leçons à retenir

…. D’accord, les cours c’est quand ?

…. Tu vas recevoir tout ça par mail. Le calendrier et les bouquins. Avant de les acheter je regarderai si je ne les ai pas, ça te fera économiser, inutile d’acheter des doubles. Je n’en ai plus besoin

….. D’accord.

….. Je te propose, le midi, on se prend un sandwich qu’on mange ici et on fait tes cours. Qu’en dis-tu ?

…. Ah oui carrément. Cool.

Je ris ….. Bon sauf les jours où tu es avec ton chéri, et moi le mien

…. Bah oui !

Nous nous faisons la bise, elle repart toute guillerette. Je suis contente qu’elle se reprenne en main. Je retrouve ma cousine, ma sœur, mon amie.

Ce soir pendant le repas, Matthieu me demande mon impression sur la visite de samedi.

…… Dis-moi darling, que faisons-nous pour la maison ?

…… Heu je ne sais pas, elle te plait ?

….. Je la trouve moderne, bien agencée et suffisamment spacieuse pour faire des réunions. Pas toi ?

….. Si bien sûr, elle est jolie

... Veux-tu que nous fassions une contre visite ?

….. Je ne sais pas.

…. Tu ne sais pas quoi ?

Je pose ma fourchette et regarde mon mari droit dans les yeux

…… Pourquoi Matthieu ?

….. Pourquoi quoi darling ?

….. Tu veux vraiment abandonner Neuilly ?

…. Vois-tu une autre solution ?

….. Mais c’est la maison de ta famille depuis tant de décennies

….. Et ?

Je sens la tension monter en moi, j’essaie de rester calme devant son incompréhension

…. Et ? As-tu pensé à Patrick ? A ce qu’il peut ressentir, sachant que tu vas mettre sa maison de jeunesse à l’abandon, ne plus l’entretenir, ce qui revient à dire qu’elle va se détériorer

….. Maryse saura très bien s’en occuper avec sa dame de compagnie

….. Tu sais parfaitement que ce ne sera pas le cas

….. Alors je ne peux rien faire

….. Pourquoi Matthieu ?

….. Pourquoi quoi ?

….. Pourquoi fais-tu ça ? Ta tante ne veut pas tout ça, essaie de discuter avec elle

…… Et quand ? Puisqu’elle ne daigne pas descendre quand on vient

….. Donc tu abandonnes la partie et tu fuis

Son regard fonce ………. Pardon ? Je fuis ?

J’évite son regard et ne relève pas son ton cinglant …… Qu’est-ce qui nous empêche d’aller à Neuilly, ne nous occupons pas de ta tante, elle finira bien par se joindre à nous

D’un geste rageur il jette sa serviette sur la table …… Tu te moques de moi ? Crois-tu être au repos sachant que Maryse est dans ses appartements et qu’on nous reprochera d’envahir son espace et de l’empêcher de sortir.

….. En fait tu lui laisses la jouissance de Neuilly sachant qu’elle ne pourra rien en faire, tu lui coupes les vivres.

…… Je respecte simplement son envie de ne plus être envahie par la famille et d’avoir son libre arbitre pour agir sans que je joue de mon statut de majoritaire !

Il se lève d’un geste rapide et sort de la salle à manger. Je suis submergée d’une colère mélangée à de la contrariété

Je me couche avec une envie de pleurer.

Avec Matthieu sans nous faire ouvertement la tête, nous restons sur nos positions, et échangeons très peu.

Ce vendredi Lise me téléphone pour me demander si nous mangeons ensemble. Elle me dit avoir reçu la validation de son inscription.

En portant un café à mon PDG mari, je lui exprime le désir de manger avec ma cousine. D’un signe de tête il acquiesce.

Je le laisse à sa conversation téléphonique.

J’attends ma cousine, tout en rangeant le dessus de mon bureau, quand j’entends frapper.
Lise entre avec deux sandwichs et deux canettes à la main. Je souris

….. Oh cool ma Lison.

…. Oui dehors il pleut à torrent, on sera aussi bien ici.
….. Tu as raison.

Elle me donne ses identifiants, j’ouvre le portail de l’école. Une liste de fourniture à se procurer, un calendrier avec les cours. Deux sessions, soit le premier mardi de chaque mois, de dix heures à midi, soit le premier vendredi de chaque mois de dix-sept heures trente à dix-neuf heures trente.

Je réfléchis rapidement, et clique sur la première option, sans rien dire.

….. Voilà ma Lison.  

Contrariée Lise me fait savoir qu’elle ne pourra pas assister aux cours

…… Pourquoi ?

….. Regarde l’heure, c’est le matin de 10 heures à midi.

…. Ah oui !  

…… C’est fichu !

….. Mais non, on va s’arranger, ne t’inquiète pas.

Nous mangeons notre sandwich en silence. Je fais les cafés et pose les tasses sur le bureau

….. Allez, Lison ne soit pas défaitiste. Je vois ça avec ton patron.

….. Oui, d’accord. Bon je vais retourner au standard.

J’ai envie de rire, ma petite idée n’est pas sans arrière-pensée, il me faut maintenant convaincre mon mari.

Ce soir, je fais part des soucis de Lise à Matthieu.

….. Comment ça se fait ?

…. Disons que si c’est le midi, je pourrais toujours l’assister

….. Et que proposes-tu ?

Je souris à mon mari ……. Bah soit, elle vient le mardi après-midi, soit j’ai pensé, comme j’ai un pc dans mon bureau qui ne sert pas, puisque je n’ai plus l’intérimaire, elle vient de 10h à midi et elle suit son cours

…… Cela ne va pas te déranger dans ton travail ?

…… Avec l’écouteur du dictaphone sur l’oreille, je n’entends pas vraiment ce qui se passe autour.

….. A toi de voir madame Jorelle !

….. Merci monsieur Jorelle !

Nous partons nous coucher réconciliés. Lovée contre mon mari, encore sous la chaleur de ses caresses, j’essaie de reprendre une respiration normale. Nous avons enterré la hache de guerre

Ce week-end nous restons à la maison. J’en profite pour trier mes cours et mettre deux bouquins de côté. Dimanche nous allons promener notre petite princesse au parc Monceau

Je vais boire le café au standard, Lise m’accueille avec un grand sourire

….. Tu sors de ta tanière ?

….. Oui, pour te dire qu’avec l’accord de Matthieu, mardi, tu viendras dans mon bureau, tu prendras l’autre ordi, et tu suivras ton cours en direct. Et méfie-toi si tu n’es pas attentive, j’aurais l’œil !

Elle éclate de rire et se lève pour me serrer dans ses bras…… Oh c’est trop cool. Merci Méli, j’irai remercier le grand patron.

Nous prenons notre café en riant

…… Tiens, je t’ai amené ce que j’avais, tu devras commander les autres.

….. D’accord, ne t’inquiète pas. Je crois que je peux les commander directement sur le site de l’école.

….. Oui et généralement ils sont moins chers qu’en librairie.

…. Oui, et je crois que papa va me les payer.
….. Cool alors ! Bon, je file avant que ton patron me cherche

Je pars en entendant le rire clair de Lison.

Un peu avant dix heures, je téléphone à Lise pour qu’elle vienne s’installer. Elle arrive pochette sous le bras, et s’installe. Je lui fais un café, et retourne à mon courrier.
A midi, elle pousse un grand soupir, en éteignant l’ordinateur.

….. Oh là, là, j’espère que je vais m’en sortir

Je souris ….. Mais oui, ce qu’il faut c’est que tu prennes des notes, comme ça tu te remémores le cours tout de suite, pour tes devoirs.

….. D’accord.

…. Tu manges ? Ou tu vas avec Alexandre ?

…. Non je mange, comme je lui ai dit que j’avais mon cours, il a dit jeudi. Le mercredi s’est chargé pour lui, on se voit rarement.

….. Alors on y va. Laisse tes affaires là.

…. Je vais chercher mon manteau, je les rangerai en même temps.

….. Je t’attends dans le couloir, je vais aux toilettes

Nous nous retrouvons, et décidons d’aller à la brasserie. Tout le repas, Lise me parle des cours, elle me demande comment retenir les leçons. Je lui conseille de les enregistrer sur son walkman avec un fond de musique, comme ça elle apprend au tempo de la chanson

Elle rit, et me dit que j’ai de très bonnes idées.

Jeudi, Lise vient me voir après le déjeuner, qu’elle a pris avec son chéri

….. Tu paies un café ma Méli ?

….. Oui bien sûr.

Elle me raconte avoir fait une partie de ses devoirs hier, son père l’a aidé à comprendre quelques exercices de maths. Elle en parle avec beaucoup de plaisir. Je suis vraiment contente.

Ce soir en rentrant, Matthieu me glace ……. Dis-moi, ta cousine a eu son premier cours ?

….. Oui, elle était très à l’écoute.

….. Et peux-tu me dire quand est le tien ?

Je me sens devenir livide, quand d’un ton qui gronde il réitère sa question

Doucement, presque dans un murmure je réponds que je ne suis pas inscrite

….. Alors tu vas me faire le plaisir de t’inscrire rapidement, parce que si tu ne m’as jamais vu en colère, tu pourrais bien m’y voir !

Fuyant son regard, je continue de manger, quand d’un coup il tonne

….. Tu m’as entendu Mélissandre ?

….. Oui !

….. Parfait, alors !

Jetant un regard furtif vers lui, pendant qu’il se lève, je peux voir toute la colère dans ses yeux.
J’ai envie de pleurer. Il me traite comme une gamine, pour qui se prend-il ? Je suis moi aussi en colère.

En me couchant, je me tourne sur le côté et essaie de m’endormir avant qu’il ne me rejoigne.

5 septembre 2002

La reprise

Je téléphone à Gy, pour prendre de ses nouvelles. Nous papotons bébé pendant plus d’une demie heure. Je lui apprends que je reprends le travail jeudi cinq. En riant elle me dit ne pas être pressée et vouloir profiter de son petit le plus possible.

Pendant ces trois jours, je me prépare psychologiquement à reprendre le travail. D’un côté je suis ravie que Matthieu est enfin accédé à ma demande, d’un autre, ma petite puce va me manquer.

Je reste de longs moments avec ma fille, lui chantant de douces chansons, lui parlant anglais, l’endormant dans mes bras. Alexandre nous a conseillé de commencer le midi les petites compotes en dessert ou en gouter en recommandant de ne pas ajouter de sucre à la cuisson des fruits.

J’aime la faire manger, sa petite frimousse fait toujours de drôles de mimiques qui me font sourire et m’attendrissent.

Je me couche ce soir avec une joie indescriptible.

Matthieu me secoue gentiment. ……. Darling, c’est l’heure.

Je m’étire en grognant, ce qui le fait rire. Je le rejoins à la salle à manger

…… Pourquoi n’attends-tu pas lundi pour reprendre ?

La bouche pleine je fais non de la tête et déglutis. ……. Non comme ça je travaille aujourd’hui et demain le temps de me remettre dans le bain.

Il avale son café sans répondre, essuie sa bouche à l’aide de sa serviette en coton et finit par me sourire.

….. Allez ! Nous partons

Je vais embrasser ma puce, enfouis mon nez dans son petit cou tout chaud et la respire à plein poumon, espérant emmener son odeur de bébé chaud avec moi

Nous arrivons au bureau à neuf heures, dans le couloir Matthieu effleure mes lèvres. ……. Je te laisse l’intérimaire jusqu’à la semaine prochaine !

…… Merci chéri

Il effleure mes lèvres et ouvre la porte avant de rejoindre son bureau de sa démarche féline. Je le suis des yeux avant d’entrer.

Une jeune femme lève les yeux et me sourit.

…… Bonjour !

…… Bonjour, je suis madame Jorelle, l’adjointe de direction.

….. Ah oui, bonjour madame. Le patron m’a prévenu

J’accroche ma veste, sort de mon sac le cadre que j’ai préparé, et mets ma fille sur mon bureau. Mon sac rangé dans mon tiroir qui ferme à clés, j’appuie sur le perco et par l’interphone je demande

…… Un café monsieur ?

…… Oui merci !

Je fais couler deux tasses, sans m’occuper de l’intérimaire et vais les porter dans le bureau de mon mari

Au-dessus de sa tasse, il me regarde. Ses yeux sourient.

….. Heu j’ai du noir sur le nez ?

Il repose sa tasse …… Tu es rayonnante darling.

Je rosis …….. Oh merci. Bon je vais aller dire bonjour aux copines !

….. Allez va trainer madame Jorelle.

Je me penche et lui dépose un bisou sur sa joue. Il attrape ma taille, se lève et me serre contre lui. Il force ma bouche et m’embrasse à me faire avoir une envie qui monte dans mes entrailles. J’essaie de le repousser

….. Monsieur Jorelle, vous n’êtes pas sérieux !

Il éclate de rire ……. Tu me tentes, et tu fais l’offensée

….. Moi ? Oh quelle vilaine pensée monsieur le Président

…. File, avant que je ne te viole

J’ouvre la porte du couloir en riant. Je commence ma tournée par le standard. Lise me reçoit toute contente.

….. Le patron t’a mise au boulot !

Je ris ….. Non j’ai demandé, supplié. Je me retrempe gentiment, On mange ce midi

….. Ah oui bien sûr.

Nous papotons un peu, je lui demande si ses parents sont rentrés

….. Oui je crois qu’on se voit samedi

…. Ah, Matthieu ne m’a rien dit

Elle hausse une épaule ….. Moi non plus alors

Nous rions. Je la quitte et descends voir Chantal. Je la trouve dans le grand bureau, quand elle me voit elle s’écrie toute joyeuse. ………. Madame Jorelle !

Je souris et l’embrasse, quelques têtes se lèvent. Je suis surprise de voir Sarah dans son équipe, je vais lui faire une bise

Chantal …….. Bon alors raconte

En souriant je lui demande ce qu’elle veut savoir.

….. Ta fille ?

Je manipule mon téléphone et lui montre les photos. Chantal s’écrie

….. Woua, comment elle ressemble à son père.

….. Ah tu trouves

…. Ah bah oui carrément, elle a ses yeux. Elle est sage ?

…… Ah vraiment oui, elle ne pleure pas beaucoup

….. Alors elle sera calme comme sa maman

…. Ah bon ! Pourquoi son papa n’est pas calme ?

Nous rions, Chantal m’offre un café que j’accepte. Nous allons dans son bureau.

….. Alors la cousine a réintégré la société !

….. Oui, comment tu la trouves ?

….. Je ne la croise pas spécialement, mais honnêtement nous ne la reconnaissons pas.

…. C’est-à-dire ?

…. Elle est calme, souriante, aimable. Qui la changée comme ça ?

Je souris ….. Disons qu’elle a grandi et mûri

…… Et Frontasky tu as des nouvelles ?

….. Non et aucune importance !

Chantal me regarde interrogative, j’ai dû répondre plus sèchement qu’il n’aurait fallu. Elle n’insiste pas. Nous parlons un peu boulot. Elle me dit être pleinement satisfaite de son équipe et m’apprend que Sarah a atterrie chez elle en remplacement d’une intérimaire qui n’a pas été embauchée malgré un long contrat

…. Ah elle ne faisait pas l’affaire ?

…. Disons qu’elle prenait ses aises, et n’en ramait pas lourd

Je ris ….. Alors pas de pardon.

J’embrasse ma copine, et continue ma tournée. Chez Sabine et Evelyne, je fais juste une petite apparition leur promettant de revenir les voir, je leur montre les photos de ma puce.

J’embrasse Nadine et Jocelyne, je serre la main aux filles que je ne connais pas vraiment.

Je finis ma tournée par Isabelle qui est ravie de me voir. Tout pareil je lui montre les photos de ma puce, elle s’extasie

Elle m’apprend qu’elle a rencontré un type super à la compta et qu’ils sortent ensemble depuis quelques semaines

…… Ah cool, c’est qui ?

……. Je vais te le dire, parce que je te sais discrète, mais nous ne voudrions pas que ça s’ébruite.

…. Tu as raison ma biche, préserve-toi, il y a toujours des mauvaises langues.

….. C’est Damien Marleau

…… Oh beau mec en plus

Nous rions. Je la serre fort dans mes bras …… Sois heureuse et profite.

…… Merci Mélissandre.

Rapidement je vais embrasser Gérard. Il me dit être content de ma visite, je lui demande innocemment si tout roule dans son service

…… Je n’ai rien à dire. Ton mari a fait du ménage, j’ai une super équipe, une secrétaire topissime. Au moins le travail devient un plaisir.

….. J’en suis ravie. J’ai travaillé avec Isabelle, c’est vrai qu’elle est efficace.

…. Très agréable !

…. Super. Je vais te laisser, je reviendrai te faire coucou.

…. Viens prendre un café, un de ces matins

…. D’accord, merci

Je vais voir Claude Cériez qui est enchanté de ma visite. Il me pose des questions sur mes études. Je me trouble

…. J’ai abandonné, avec ma fille je n’avais plus envie de poursuivre

Il éclate de rire ….. Et qu’en dit le patron ?

….. Heu bah il n’est pas trop au courant en fait

….. Hum !

Je hausse les épaules en souriant et le quitte. Enfin je remonte à mon bureau.

L’intérimaire me fait savoir que le DRH m’a demandé, je la remercie et vais toquer à la porte de Patrick

….. Mon petit, je pensais bien que vous repreniez aujourd’hui

Je ris en l’embrassant …… Heu j’ai fait la tournée des copines

….. Je me doute.

Je demande des nouvelles de manou. Nous échangeons un peu sur la Bretagne, sur la puce.

Je réintègre mon bureau au moment où Lise me téléphone pour savoir si je suis prête.
Je retrouve ma cousine dans le couloir.

Nous allons manger à la brasserie. Je ne la trouve pas très enjouée.

….. Tout va bien ma Lison ?

…. Oui pourquoi ?

…. Non comme ça.

La conversation n’est pas vraiment soutenue, je sens qu’elle a un souci, et ne veut rien dire. Je n’insiste pas, d’elle-même elle m’en parlera, si elle en a envie. Je ne veux pas qu’elle pense que je cherche à fouiner.

A seize heures, Matthieu vient me chercher, nous rentrons. Je suis contente de cette attention, il doit se douter que malgré tout, la première journée serait longue sans ma puce.

Samedi en fin de matinée nous partons pour Neuilly. Maryse est rentrée de vacances depuis une semaine. J’espère retrouver la tante avenante comme je l’ai connue.

Clara assise derrière avec Margaux qui dort paisiblement dans son siège auto. Il fait beau, tout est réuni pour passer une belle journée.

En arrivant Matthieu ordonne à Clara d’aller déjeuner. Marjorie ouvre la porte, je lui fais un grand sourire.

Dans le salon il y a Manou et Patrick, je suis folle de joie. Matthieu libère notre fille et me la tend, nous nous asseyons après les embrassades

Mon mari demande où est la tante. Patrick sourit ……… Aucune idée !

Lise et Alexandre arrivent à cette minute. Le salon s’anime. Je donne la petite à ma cousine, qui va s’assoir près de son fiancé

Alexandre ……. Tout va bien ?

Matthieu ……. Dans l’ensemble oui !

Patrick se lève et va au placard à bouteilles, Aussitôt Catherine pose son plateau de verres sur la petite table. Margaux commence à s’énerver, Lise me lance un regard qui me fait sourire, je reprends ma fille et dans le sac de nursery, j’attrape le biberon. Je demande à Catherine de le faire tiédir.

Bien calée dans le canapé, le bras de mon mari autour de mes épaules, je donne à manger à ma fille qui se calme, et englouti son lait.

Nous finissons l’apéritif tranquillement. Voilà bientôt une heure que nous sommes arrivés, et toujours pas de tante.

Clara récupère Margaux, pour lui donner ses soins et la coucher, Matthieu demande à Catherine ou est la comtesse.

….. Dans ses appartements monsieur.

….. Allez la chercher, nous allons passer à table.

….. Oui monsieur

Alexandre …….. Serait-elle souffrante ?

Matthieu ….. Aucune idée !

Catherine revient quelques cinq minutes après …….. Madame la comtesse ne désire pas assister au repas

Tour à tour je regarde les cousins. Alexandre un sourire dérisoire sur les lèvres, Matthieu les yeux en colère se lève

…… Nous nous passerons d’elle

Le repas est très calme et vite expédié, je sens mon mari ronger son frein.

Nous nous retrouvons au salon pour le café. Je sens que l’après-midi ne va pas être serein. Une appréhension me prend toute entière.

Patrick et manou vont à la télé, tandis que Matthieu et Alexandre discutent de travaux, de l’appartement de Sophie

…… Chéri, permets-tu que j’aille faire un tour avec Lise

….. Va darling !

Avec ma cousine nous sortons dans le parc. ….. Tout va bien Lison ?

….. Oui pourquoi ?

….. Je t’ai senti sur la réserve

…… Non pas spécialement. Tu veux bien que je m’en grille une ?

Je souris ….. Bien sûr Lison-chiffon

Nous allons jusqu’au fond du parc tranquillement. Lise me demande pourquoi la tante n’est pas là.

….. Aucune idée, peut-être est-elle souffrante.

Nous retournons tranquillement vers la maison, Les gars sont à la gloriette, nous pouvons les entendre discuter en passant à côté

Suivie de Lise, je monte les quelques marches. Alexandre de cette voix qui tonne tout en se contenant

…….. Vire-là !

…… Elle ne fait plus partie de mon personnel, que veux-tu que je fasse ?

…… Alors agis autrement !

…… Encore un souci de plus. Vois-tu mon cher Alexandre, je pense ne pas revenir de sitôt !

Tout en m’asseyant je demande ce qui se passe

Alexandre ………. La charmante comtesse est dérangée par notre venue. Nous envahissons son espace

Je tombe des nues ……… Mais ça fait un mois qu’elle ne nous a pas vu. Je ne comprends pas, je pensais qu’en rentrant de vacances elle retrouverait son monde avec plaisir.

Matthieu …… Il faut croire que non !

Alexandre ……. Et cette bonne femme, qui me tape sur le système. Tout vient de cette garce, c’est elle qui conditionne la comtesse

Matthieu d’un bond se lève …….. Bien ! Je vais prendre une décision radicale. Ne venez pas me reprocher quoi que ce soit par la suite !

Je glisse mon bras sous celui de mon mari ……… Que vas-tu faire chéri ?

…… Régler ce problème rapidement !

D’un pas décidé il remonte l’allée. Je suis obligée d’allonger le pas. Je tire sur son bras ……. Chéri, n’y va pas en colère, tu pourrais dire des choses que tu regretterais.

Il dégage mon bras, entoure mes épaules et me serre contre lui. …… Tu as raison darling.

Dès notre entrée, il demande des rafraichissements à Catherine et la prie d’aller chercher la comtesse. Nous attendons, Manou et Patrick viennent se joindre à nous

Matthieu s’adresse à son oncle d’un ton de colère. …… Où est ta sœur ?

Patrick sourit ….. Aucune idée, certainement dans ses appartements.

Catherine réapparait, pâlotte. …… Monsieur Jorelle, la comtesse se repose.

….. Merci Catherine.

Je monte voir ma fille, elle termine son biberon. J’attends que Clara me la tende et la remercie en souriant

Je m’assois sur le confortable fauteuil, tout en regardant Clara s’affairer.
La porte s’ouvre brusquement Matthieu le regard noir, me fait savoir que nous rentrons. Je donne la petite à Clara

…… Préparez-là

….. Oui madame

Je rejoins mon mari …… Qu’est-ce qui se passe ?

…… Darling, crois-tu la conduite de ma tante convenable ?    

Nous descendons sans un mot de plus. Clara nous suit avec Margaux. Nous rentrons à l’appartement. Je suis dépitée, et en colère contre Maryse.

Matthieu va s’enfermer dans son bureau, je vais à la cuisine, voir ce que nous pourrions diner. Pas que j’aie vraiment grand appétit, malgré tout Matthieu va vouloir manger

Du réfrigérateur, je sors un plateau de fromages, une boite avec de la charcuterie.

Je vais toquer discrètement à la porte du bureau et entre. Je m’assois et écoute Matthieu au téléphone.

……. Je vois ça avec ma femme, bonne soirée.

Il raccroche et plonge son regard dans le mien. Je lui envoie un grand sourire …….. Tu viens manger un truc ?

….. J’arrive darling

En passant, j’invite Clara à aller se restaurer aussi.

Nous grignotons plus que nous mangeons. Il me fait part de l’invitation de manou pour demain midi.

Nous laissons Margaux aux bons soins de sa nourrice et partons.

Ma grand-mère nous reçoit avec chaleur, et nous introduit dans le salon où sont déjà installés Alexandre et ma cousine. Nous nous embrassons avant de prendre place.
Je demande innocemment où est Patrick, j’entends un éclat de rire ………. Je suis là mon petit.

Je me retourne en souriant et me lève pour l’embrasser.

Une jeune femme apporte un plateau de coupes et une bouteille de champagne dans un seau. Patrick fait le service.

Matthieu prend la parole et de cette voix que j’aime, cette voix chaude, il nous soumet son projet calmement.

….. Puisque sa dame de compagnie ne fait plus partie de mes employés et que la comtesse refuse de s’en séparer, puisqu’elles se sont accaparé Neuilly, je ne vois pas d’autre solution que d’enlever mon personnel et de ne plus subvenir aux frais de la demeure ! Nous verrons ce que fera sa dame de compagnie

Patrick ……. Et que vas-tu faire du personnel ?

….. Dans un premier temps, les mettre en congés !

….. Et ensuite ?

….. Soit, nous n’avons plus accès à Neuilly, auquel cas j’achète ou loue une demeure pour nous tous à la campagne ou disons hors Paris. Soit, nous récupérons Neuilly et le personnel réintégrera les lieux

Patrick …… Ne crains-tu pas que ce soit pire ?

….. Pire que quoi ? Sans sa dame de compagnie, j’espère qu’elle reviendra à de meilleurs sentiments. Il est vrai que nous avons fait fausse route en l’employant.

Patrick …… Avait-elle de bonnes références ?

….. Mélissandre m’a dès le début fait part de quelques inquiétudes, je n’ai pas prêté grand intérêt me disant qu’il n’était pas grave qu’elle mignote la tante, mais c’est pire que ce que nous pensions.

Alexandre …… Admettons que cette bonne femme prenne la poudre d’escampette, que comptes-tu faire ? Reprendre une dame de compagnie pour ne pas qu’elle soit seule ?

Matthieu ….. Aucune idée ……… Qu’en penses-tu Patrick ?

Patrick …… Il est vrai, que seule toute la journée, juste à parler à du personnel n’est pas très gai. Elle ne sort pas et je pense que c’est ce qui la rend acariâtre. Nous ne sommes pas très présents non plus.

Matthieu ……. Si nous reprenons une dame de compagnie, nous mettrons dès le début un protocole, elle devra sortir la tante tous les jours ! Elle louera un studio du haut, et en notre présence elle prend ses quartiers, de plus le salaire sera revu à la baisse, puisque nourrie et entretenue.

Alexandre …….. Au début laisse-là en notre présence que nous puissions nous faire une idée

Patrick …….. Oui Alexandre a raison

Matthieu …….. En semaine allons à tour de rôle à Neuilly si possible               

Alexandre ……. Et tu comptes faire quoi ?

Matthieu …… Je suggère que demain soir nous allions à Neuilly, du moins Alexandre et nous, qu’en dis-tu ?

Alexandre sourit …… Aurais-tu besoin d’un assistant ?

Matthieu sourit à son tour, il a l’air de se détendre légèrement …….. Un assistant ? Non ! Je dirais plutôt un témoin, que mes paroles ne soient pas déformées.

Alexandre …… Alors retrouvons-nous là-bas. Le mieux est d’y aller à la fin du repas, au moment de son café

Matthieu ……. Tu préfères la surprendre ?

Alexandre …… Si tu annonces que nous venons diner, elle ne descendra pas et se fera servir dans ses appartements

Matthieu ….. Oui tu as raison, donnons-nous rendez-vous à 21 heures.

Manou propose que nous passions à table. La soirée est plus détendue, Alexandre fait preuve d’humour, ce qui a pour effet de décontracter mon mari.

Nous ne partons pas tard, demain tout le monde travaille. Je serre fort ma grand-mère

En arrivant, je vais frapper à la porte de la nursery, Clara m’ouvre

….. Bonsoir madame Jorelle

….. Bonsoir Clara, je viens juste faire un bisou à ma puce

Elle s’efface pour que je rentre …….. Je vous en prie.

En me penchant sur le berceau de mon bébé, je ne peux me retenir d’avoir cette bouffée d’amour envers ce petit être. Je reste quelques minutes à la contempler dans son sommeil.

…… Merci Clara, bonne nuit

….. Bonne nuit madame Jorelle.

Blottie contre mon mari, je ne peux m’empêcher de lui demander s’il va vraiment mettre son plan à exécution.

….. Tout déprendra de son attitude demain soir. Dors darling, il est déjà tard.

Au bureau, je reprends doucement mes marques. L’intérimaire n’est pas bruyante. Je sais par les pointages qu’elle s’appelle Sylvaine Vautrin.

A midi je rejoins Lise pour aller manger. Nous ne pouvons, nous empêcher de penser à ce soir. Lise ne sera pas parmi nous, je lui promets de lui raconter.

Avant de passer le sas, je vais saluer madame Maurane qui me sourit et me dit quelques gentilles paroles.

A dix-sept heures, Matthieu me fait savoir que nous partons. Je range le dessus de mon bureau, passe aux toilettes et reviens chercher mes affaires.

Nous rentrons à l’appartement, je vais voir ma puce qui joue avec sa nourrice. Clara me tend l’enfant et sort de la chambre

J’apprécie beaucoup cette jeune femme, de par sa discrétion et la douceur qu’elle apporte à ma fille.

Ma puce change de jour en jour, elle commence à gazouiller, elle bave tant et plus. Elle est attentive aux voix et reconnait bien la mienne, quand je lui chante une comptine ou tout simplement quand je lui parle. Elle ouvre ses grands yeux aux longs cils. Ses grimaces se transforment davantage en sourires, quand elle fait la moue, elle fronce ses sourcils involontairement, ce qui me fait sourire. Il est vrai qu’elle ressemble tellement à son papa.

Je la serre fort contre moi, en m’installant dans la chaise à bascule. J’ai besoin de sentir son odeur de bébé, sa peau douce et parfumée.

La porte s’entrouvre, Matthieu un grand sourire aux lèvres ……. Mes petites femmes ! Venez- vous au salon ?

Je me lève, Matthieu prend sa fille et entoure mes épaules ……… Alexandre est arrivé, allons diner et nous partirons pour Neuilly sans tarder.

J’embrasse le cousin, Matthieu donne la petite à Clara. Nous prenons un verre, il est à peine dix-neuf heures.

Madame Breton a concocté un repas facile à servir. Une quiche – salade, le plateau de fromages est prêt et en dessert une crème brulée.

Je débarrasse et pose tout dans la cuisine. Pendant que les deux cousins papotent, je prends le temps de ranger la vaisselle dans la machine, que madame Breton ne retrouve pas sa cuisine sens dessus-dessous.

En arrivant à Neuilly, Matthieu se renseigne auprès de Marjorie à savoir où est la comtesse

….. Je l’ignore monsieur, certainement à la salle à manger.

Matthieu nous laisse dans l’entrée et se dirige vers les cuisines. Il revient quelques minutes après.

Nous traversons le salon et allons à la salle à manger. La tante et sa dame de compagnie finissent leur repas.
La tête de madame Billion se ferme d’un coup, la tante à l’air étonnée.

Matthieu me tire une chaise, nous prenons place autour de la table, sans même avoir saluer les deux femmes. Matthieu commande des cafés.

Catherine dépose aussitôt un plateau avec des tasses.

La tante ……. Que me vaut cette visite impromptue ?

Matthieu ……. Qu’avez-vous décidé au sujet de votre employée ?

La tante …… Je te l’ai dit, notre entente est telle que je ne m’en séparerai pas, ne t’en déplaise !

……… Vous n’êtes pas sans oublier que je vous alloue en plus de vos dividendes une rente plus que confortable, que je gère entièrement ce domaine et son personnel !

Je vois la tante pâlir ………. Tu ne m’apprends rien, tu es maitre partout, tu régentes tout et tout le monde !

……. C’est ainsi que vous voyez l’entreprise que j’ai relevé à la force du poignet ? C’est ainsi que vous me remerciez d’avoir pris en charge vos avenirs en faisant de votre futur, une vie dorée ?

…… Tu n’as pas pris nos avenirs en charge, tu as pris nos vies en charge, tout doit systématiquement passer par toi, il est un temps où nous pouvons nous prendre en main ! 

…… Parfait ma tante, je vais donc vous donner les coudées franches ! Vous allez pouvoir organiser votre avenir à votre guise. Dans le sens ou votre dame de compagnie s’est accaparé Neuilly, en s’arrangeant pour que ne nous soyons plus les biens venus en notre demeure. Dans le sens ou votre dame de compagnie, vous a rebâché que nous ne devions pas envahir votre espace, et soit- disant vivre à vos crochets, je vous laisse le domaine entier
…… Ne dis pas n’importe quoi !

…. Je dis n’importe quoi ? Ce week-end, vous n’avez même pas daigner descendre alors que nous venions vous présenter nos respects !

…… J’étais migraineuse

….. Et comme par magie, dès que nous avons eu le dos tourné, la migraine s’est envolée et vous êtes descendue avec votre cerbère.

….. Je ne te permets pas !

….. Aucune importance, je me permets. Sachez ma tante, que dès ce soir, je n’assumerai plus cette demeure, vous serez et resterez seule à décider, mais attention sans le personnel que je rétribue dans une maison ou nous n’avons plus nos entrées.

….. Qu’est-ce à dire ?

….. Je viens de vous le dire, je ne subviendrai plus à l’entretien de cette résidence, étant donné que je ne peux en jouir avec ma famille, ou la famille de ma femme. De plus, puisqu’il m’est reproché par votre petit personnel et vous-même chère comtesse, d’être le seul maitre à bord, que rien ne vous oblige à recevoir, ni à céder à mes caprices d’enfant gâté, dès lundi je mets la société en vente ! 

La tante est cadavérique, je dirais même qu’elle a le teint vert. ………. Tu n’es pas sérieux !

…… Si madame, prenez soin de noter les bons conseils de votre employée. En d’autres termes, pour qu’une société fonctionne à plein rendement, je ne m’embarrasse pas d’indésirables je les jette sans regret. Ce n’est pas votre cas, vous aimez à vous entourer de parias et de vermine. Grand bien vous fasse, mais sachez que je ne laisserai jamais une vulgaire dame de compagnie me dicter ma conduite !

D’un coup il vide sa tasse et se lève ………. Catherine !

Comme par magie la jeune femme apparait. ………. Allez me chercher le personnel

….. Tout le monde monsieur ?

…… Oui Georges et même le jardinier et son aide

…… Monsieur à cette heure Alain et Christophe ne sont plus là.

….. Allez chercher les autres !

Marjorie, Georges, Lisette, Jocelyne Denise et Catherine arrivent, avec une jeune femme que je n’ai jamais vue.

Matthieu regarde sa montre ……… Mesdames, mesdemoiselles, et Georges, il est exactement 21 heures vingt, ramassez vos affaires, prenez votre soirée et rentrez chez vous en laissant vos activités.

Georges …….. Allez-vous nous licencier patron ?

 

Un léger sourire se dessine sur le visage de mon mari ……… Pas dans l’immédiat, je vous contacte rapidement, gardez contact avec le personnel.

….. Oui monsieur Jorelle

Il se tourne vers moi …….. As-tu des choses à prendre là-haut ?

Je hausse les épaules, je suis sidérée …….. J’ai toutes mes affaires, celles de Margaux.

…… Jocelyne et Lisette, pouvez-vous emballer en moindre temps les affaires de madame Jorelle ?

En cœur les deux femmes répondent …….. Oui monsieur Jorelle.

……. Georges, prenez le van accompagnez Marjorie Catherine Denise et Cynthia à leur domicile, puis revenez, vous chargerez les paquets et les porterez à l’appartement dès demain. Vous pouvez garder le Van pour l’instant.

….. Bien monsieur !

….. Vous pouvez disposer, pour rassemblez vos affaires.

Matthieu se lève et me tend la main, le personnel quitte la pièce, nous allons au salon. Du bar Matthieu sort une bouteille de cognac, et sert deux ballons, il en tend un à son cousin.

Personne ne parle, j’ai le cœur qui tambourine fort dans ma poitrine. Va-t-il mettre son projet à exécution ? Balancer la société ?

Vingt minutes dans un silence terrible, les cousins sirotent leur verre, chacun dans leurs pensées. Catherine, Marjorie et la nouvelle viennent nous saluer. Matthieu se lève

…… N’ayez aucune crainte, je vous contacte très rapidement. Pour l’instant vous serez en congés

Catherine …… Merci monsieur Jorelle 

Il serre la main aux trois employées, je me lève et à mon tour leur serre la main. J’ai pu voir quelques larmes dans les yeux de Marjorie.

Il est presque minuit quand Georges accompagné de sa femme, vient nous voir……….. Monsieur Jorelle, tout est dans le camion.

Il leur serre la main, je me lève et leur serre aussi la main en les remerciant.

Nous partons à notre tour. Nous déposons Alexandre chez lui et rentrons. Je suis fatiguée, une migraine me vrille les tempes.

J’enfile une nuisette, brosse mes dents et me couche sans attendre.

A mes côtés Matthieu, les mains sous la nuque, les yeux mi-fermés semble pensif. Je me colle à lui.
…… Chéri comment vas-tu ?

….. Te rends- tu comptes des manigances que je dois employer ?

…… Mais tu ne vas pas vendre la société ?

….. Non, je vais racheter les parts de Maryse, je ne veux plus qu’elle ait l’œil sur les affaires.

….. Elle vivra de quoi alors ?

….. De sa retraite, ça va lui faire du bien de manger un peu de pain noir et de se rendre compte que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Dès sa naissance elle a été choyée, de par son mariage elle a été bichonnée et maintenant aussi. Alexandre a raison, je cède trop à ses toquades de vieille femme !

….. Qu’est-ce qui a fait qu’elle est devenue geignarde, limite méchante ?

….. Cette bourrique de Billion qui n’a pas compris comment fonctionnait la maison et la famille

….. Mais quand même ta tante lui a raconter de long en large et en travers.

…… Je pense qu’elle a vu une vieille femme un peu faible se faisant mener par deux neveux. Pensait-elle en tirer profit en montant la tante contre nous ? Aucune idée, toujours est-il qu’elles vont vite changer leur fusil d’épaule !

….. Et si ta tante revient à de meilleurs sentiments ?

…… Tant que Billion sera là, je ne changerai pas. Vois-tu Catherine a toujours une oreille qui traine, et elle m’a fait savoir à plusieurs reprises les calomnies de cette bonne femme. Elle faisait du forcing auprès de la tante. De sa voix mielleuse tous les jours elle rabâchait à Maryse de ne pas se laisser faire par ces deux freluquets qui se croyaient tout permis

…… Oh non !

….. Allez dors, il se fait tard darling.

Il dépose un doux baiser sur mon front, et me prend dans ses bras. Je sens sa respiration s’apaiser, je m’endors.

….. Levons-nous madame Jorelle, il est tard, et le bureau m’attend

Je file sous la douche et en moins de temps qu’il faut je me prépare, sans me maquiller. Nous avalons un café et partons, il est dix heures vingt quand nous arrivons au bureau.

Je prépare deux cafés et les porte à mon mari, dans son bureau le DRH. Je lui fais la bise du coup je vais chercher un autre café.

Matthieu explique à son oncle la soirée d’hier. Je vais chercher une chaise et retourne m’assoir avec les deux hommes qui sont en pleine discussion, je bois mon café en essayant de comprendre de quoi il parle

…… Darling, je veux racheter les parts de Maryse, mais pas en mon nom ni à mon compte, et Patrick n’en veut pas.

Je me tourne vers l’oncle en souriant ……. Vous ne pouvez pas les racheter ?

Patrick sourit ……… Là n’est pas le problème mon petit, mais j’ai bien assez de mes parts, je n’ai pas besoin de plus, avec votre grand-mère nous avons de quoi vivre.

Je hausse une épaule en regardant mon mari, j’ignore ce qu’il attend de moi.

….. Patrick veut que je rachète à ton nom !

….. Pourquoi ?

…… Mon petit étant la femme de mon neveu, qui plus est le président, il me semble normal que ces parts vous reviennent

….. Mais non, il n’y a aucune raison, cette maison appartient à votre famille.

Patrick sourit. ….. Et vous ne faites pas partie de cette famille ?

Je me trouble et me sens rougir …… Heu si bien sûr.

Je réfléchis à toute vitesse ………… Mais et Alexandre ? Chéri si Patrick n’en veut pas, ça revient à son fils alors

L’oncle et le neveu se regardent, Matthieu sourit ……….. Alors je m’incline !

Patrick me sourit, je vois tant de bonté dans ses yeux ……… Merci mon petit, merci pour Alexandre

…… Mais non c’est normal, ça lui revient de droit, et puis moi aussi j’ai bien assez, j’ai un salaire qui me sert juste pour moi. Mon mari subvient à tous mes besoins.

Patrick rit suivi de mon mari …….. Mon petit, un mari ne doit-il pas subvenir aux besoins de sa bien-aimée ?

…… Heu si, oui bien sûr.

….. Darling, nous ferais-tu un café ?

Je ramasse les tasses et retourne dans mon bureau. La petite jeune est en pleine saisie, elle lève la tête et me sourit.

J’apporte mon plateau. Matthieu décroche son téléphone.

…… Jorelle à l’appareil, pouvez-vous monter me voir ?

……….

…… Merci

Je souffle sur mon café, les deux hommes sont silencieux, ça frappe à la porte. Patrick va chercher une chaise dans mon bureau. Monsieur Cériez ouvre la porte et vient nous serrer la main

…… Asseyez-vous Claude ! J’aimerai que vous contactiez maitre Stener pour un rachat de parts.

….. Oui pour quand ?

….. Le plus rapidement possible, vendredi au plus tard.

….. Bien, pouvez-vous m’en dire plus ?

….. Vous rachetez les parts de la comtesse de Chambault

….. Pour quel compte ?

….. Au nom de Duval Alexandre.

….. Bien monsieur Jorelle.

…… Par contre arrangez-vous comme vous voulez, mais c’est vous qui irez chez le notaire et représenterez monsieur Duval sans qu’aucun nom ne soit dévoilé !

….. Bien monsieur Jorelle. Je m’attèle de suite et vous tiens au courant.

Cériez se lève, Matthieu lui serre la main en le remerciant et le raccompagne à la porte. Il revient s’assoir avec nous.

…… Tu es sûr de toi Patrick ?

….. Mais oui, de toute façon Odette n’en aurait pas voulu.

……. Et toi darling, sûre de toi ?

Je ris …… Mais oui, ne t’inquiète pas, et en plus c’est normal que Alexandre ait aussi un petit bout de cette société.

Patrick se lève, et vient me serrer dans ses bras. Je le sens ému ……… Merci Mélissandre

Les deux hommes s’embrassent aussi. Un certain trouble me prend aux tripes.

Patrick met fin à cette émoi qui empli la pièce. ……..Je file, je dois ramener Alexandre pour qu’il récupère sa voiture, je déjeune sur place avec lui, voulez-vous vous joindre à nous ?

Matthieu me regarde, me questionnant du regard ……… Heu oui bien sûr, on peut emmener Lise ?

Mon mari sourit, Patrick sort du bureau, Matthieu décroche son téléphone ……….. Elise, nous allons déjeuner chez manou, joins-toi à nous !

……..

….. A toute de suite.

Je vais chercher mon manteau et mon sac, et main dans la main avec mon mari nous rejoignons Lise et Patrick à l’ascenseur. Alexandre nous attend au garage, je souris en le voyant.

Je monte avec Matthieu, nous partons chez manou qui est heureuse de nous recevoir.

Le repas tout en étant simple, est très bon, je me régale avec les tagliatelles fraiches au saumon.

Pendant le repas, Patrick et Matthieu mettent Alexandre au courant de la décision prise.

……. Merci chère cousine.

Pour la énième fois je répète ….. Bah non c’est normal

Je ne me voyais pas profiter des parts de leur tante alors qu’Alexandre n’a rien de cette société.

Alexandre nous quitte en embrassant sa fiancée, qui l’accompagne au portail. Manou et son mari discute avec Matthieu de la soirée d’hier.
Je crois que ce sujet n’est pas près de se tarir.

Matthieu donne le top départ, nous retournons au bureau, il est pratiquement quinze heures.

Malgré tout je vais au standard, et pendant une heure, je raconte à Lise la soirée, la détermination de Matthieu et le peu de réaction de la comtesse

….. Mais quand même, elle va faire comment ? Elle ne pourra jamais assumer cette grande baraque.

Je hausse les épaules …… C’est bien ce que je pense, en plus j’aimais bien cette maison, j’y avais trouvé mes repères, j’adore le parc, en été et au printemps il est sublime, même en automne d’ailleurs.

Je quitte ma cousine en la serrant fort dans mes bras. ……. A demain ma Lison, il va falloir qu’on s’occupe de ton inscription.

De la tête elle me fait oui.

29 juillet 2002

Les vacances

Ce matin manou et Patrick partent quelques jours en Bretagne. Dans la matinée de mardi, alors que je viens juste de coucher ma poupée, le téléphone sonne, je cours dans le bureau et décroche.

….. Allo ?

….. Darling ?

….. Oui.

…. Marc vient de me téléphoner, ton amie a accouché cette nuit d’un petit Aurélien

….. Oh trop cool, elle est où ?

….. A l’hôpital de l’orangerie

….. On pourra aller la voir ?

….. Oui, en fin d’après-midi, je viens te chercher

…. Mais et la chambre ? Elle est chez manou.

….. Une des employées est à demeure, nous enverrons Marc la récupérer, je pense que ta grand-mère a laissé des directives.

….. Oui d’accord

Nous papotons quelques minutes. Je file me préparer et descends sur le boulevard, un magasin bébé-enfant présente de jolies choses.

Je choisis un petit ensemble en 3-6 mois, ajoute un beau pyjama en velours et un petit doudou lapin. Je demande un paquet cadeau

En rentrant, je vais me rafraichir, la chaleur dehors est pesante et orageuse.

Matthieu arrive de bonne heure, je viens de finir le biberon de Margaux, et lovée dans le canapé, la petite dans les bras, je lui murmure quelques mots

En chemin, j’explique mes achats à Matthieu, sans quitter la route des yeux, il me sourit ……. Oui darling, tu as eu raison.

A l’accueil, nous demandons la chambre de madame Germain.

Matthieu frappe discrètement à la porte, et main dans la main, nous entrons.

Gy sourit à notre entrée. ……. Oh c’est gentil de me rendre visite.                                

J’embrasse mon amie et laisse Matthieu lui faire la bise. Je me penche sur le petit berceau en plexis. Un joli bébé dort à poings fermés. Je m’assois au pied du lit

…. Alors raconte !

…. Tout s’est très bien passé, et rapidement.

…. Il est tout mimi.

….. Il ressemble beaucoup à Quentin à la naissance

….. Peut-être changera-t-il en grandissant

Gy hausse une épaule et sourit ……. Il fera bien comme il veut.

Je ris ……. Exactement, Margaux est bien le portrait de son père

….. Tu as des photos ?

….. Oui !

Je sors mon téléphone et fait défiler les photos de ma puce prise sur toutes les coutures

….. Comme elle est belle !

….. Merci ma Gy.

Ghyslaine lève les yeux vers Matthieu qui sourit sans parler …….. Elle vous ressemble beaucoup monsieur Jorelle

….. Les chiens ne font pas des chats, Ghyslaine

Nous rions. On frappe à la porte qui s’ouvre en même temps. Marc donnant la main à Quentin entre. Nous nous saluons, je l’embrasse et embrasse le petit

….. Bonjour Mélissandre, tu as vu mon petit frère

…. Oui j’ai vu ton petit frère, il est beau

….. Oui, maman dit qu’il me ressemble

Je souris, nous prenons congé, voulant les laisser en famille. J’embrasse mon amie, et lui promets de l’appeler

Nous passons une soirée tranquille, devant la télé.

Mercredi matin je téléphone à mon amie. Nous évitons le sujet Christine et mon père. Nous parlons un peu de Lise

Ghyslaine ne tarit pas d’éloges sur ma cousine, qu’elle ne reconnait pas, elle me fait rire.
…. J’ai l’impression de trouver ton double ma biche. Et même encore plus calme que toi

Vendredi Gy m’apprend qu’elle sort le lendemain. Je suis contente pour elle. C’est vrai, à la clinique ou hôpital, certes on ne fait pas grand-chose, mais les journées sont longues et on ne se repose pas vraiment. J’ai eu la chance que Matthieu me rende visite longuement, et reste le soir pour diner avec moi.

Ce midi nous sommes invités à déjeuner chez tata. Lise est en beauté dans une petite robe estivale qui lui va à ravir, je lui en fais compliment.

Je suis étonnée de trouver Maryse, je la croyais partie avec son beau-frère et sa belle-sœur.

Pendant le repas, Alexandre nous fait rire de ses réparties pleines d’humour, mon mari est au diapason, malgré tout on sent que Maryse n’est pas dans l’ambiance. Sa bouche pincée en témoigne.

Sans raison, je sens que ça m’agace. Je lui en veux d’être souvent d’une humeur de chien, alors que je l’ai connue pleine d’entrain et toujours prête à lancer une conversation, si futile soit-elle.

J’aide ma cousine à débarrasser, dans la cuisine je lui demande si elle a remarqué la grise mine de la tante

Ma cousine sourit. ….... Bah tu sais, je ne la connais pas vraiment autrement. Elle fait toujours la gueule

…… Je l’ai connu vraiment plus dynamique.

….. Je ne sais pas, je ne demanderai à Alex.

Nous chuchotons tout en rangeant la vaisselle dans la machine. Tata nous rejoint, elle sort un magnifique gâteau du réfrigérateur, avec Lise nous emmenons le plateau de café et les petites assiettes.

Je pose le plateau sur la table, et vais dans la chambre de tata. Margaux est réveillée, je change sa couche, prends dans la mallette son biberon, et mon bébé dans les bras, je vais faire chauffer son lait.

Je retourne dans la salle à manger, en souriant je tends ma fille à sa marraine et pose le biberon sur la table.

Lise tout sourire me remercie muettement. Elle cale tranquillement l’enfant dans le creux de son bras et lui présente le biberon au bord des lèvres. La petite se jette goulument dessus. Un silence se fait, tous les regards sont braqués sur Lise qui finit par rougir.

Tata …… Elle est si petite, elle sera toute menue comme sa maman.

Maryse qu’on n’a pas beaucoup entendue, répond d’un ton ironique ……. Oui enfin elle a bien le temps de changer !

Et voilà les deux femmes à discuter de Margaux, elle ressemble à son père, elle est sage comme sa mère. Elle a de longs doigts. Elle aura de beaux cheveux

Je souris tout en dégustant mon gâteau et buvant mon café. Maryse contre systématiquement tata.  Alexandre y va de sa dérision

…… Elle ne marche pas encore ?

J’éclate de rire ……… Non tu as vu, elle est vachement en retard.

….. Alors ce n’est pas une Jorelle !

Tata taquine ……. Laissez-là donc aller à son rythme, quand elle va commencer à crapahuter vous serez les premiers à râler qu’elle touche à tout

Alexandre. ….. Ah bon ! Sa mère était comme ça ?

Ma tante rit de bon cœur …… Oh que non, c’était un petit trésor.

Alexandre ………. Hum, j’ai quelques doutes, et dites-moi, comment était Elise alors ?

 ……. Mon premier trésor, puisque de quelques mois de plus que Mélissandre. Le ciel nous a comblé en nous donnant deux adorables poupées, et maintenant cette petite perle.

Alexandre. ……..  Chère belle-mère, nous vous ferons un petit fils, vous verrez tout gentil comme son père

Je ris, je ne peux pas m’empêcher de railler ………. Gentil comme son père ? Pauvre Lison, je te plains

Tata ……. J’aimerais bien un petit fils, effectivement

Lise ……… Hé doucement hein ! On n’est même pas mariés

Maryse ……… Oui on attendra, vu que le mariage est dans un an !

Personne ne relève, tonton répond …… Tu as raison ma fille, prends ton temps. Rien ne presse.

Tata sort ses albums photos, nous nous plongeons dans les souvenirs. Une photo du mariage de mes parents, me serre le cœur. Je sens les larmes piquer mes yeux. Je me lève et vais aux toilettes.

Au moment de sortir, j’entends Lise …… Méli ça va ?

…… Oui, t’inquiète.

….. Allez viens

Je glisse mon bras sous celui de ma cousine. Matthieu me regarde songeur, au moment où je m’assois, il encercle mes épaules et m’attire à lui

….. Tout va bien darling ?

….. Oui merci.

Le moment de tristesse passé, je m’intègre dans les conversations.

Malgré l’insistance de tata, Matthieu refuse de rester diner. Nous rentrons à l’appartement.

La soirée est des plus calme, après avoir nourri et changer ma fille, je la couche délicatement dans son berceau.

Le repas se passe sans beaucoup d’échanges. Je vais me coucher avec mon bouquin pendant que Matthieu va s’enfermer dans son bureau. Je le trouve taciturne.

Assise dans le lit, mon livre ouvert, je laisse mon esprit vagabonder.

Maryse part demain avec son beau-frère et sa belle-sœur. Le départ a été légèrement retardé, pour une raison que j’ignore. J’espère, je prie que ces quelques semaines de séparation avec la mère Billion, la ramène à une meilleure constitution. Elle devient vraiment désagréable. A reprendre tout le monde à la moindre parole, à faire ouvertement la gueule. Franchement c’est déplaisant.

Cette nouvelle semaine, je m’occupe avec Sophie qui est en congés, Alexandre a fermé son cabinet pour deux semaines.

Lundi et mardi nous étudions les catalogues du magasin de meubles, nous regardons même leur site sur internet.

Je trouve qu’elle n’a pas des goûts très modernes. En douceur je lui fais comprendre.

...... Ils sont moins chers.

..... Sophie, tu dois choisir selon tes goûts, pas selon le prix. Nous sommes assez pour vous aider à meubler.

Je souris avant de dire ........ Enfin moi, perso je n’adhèrerai pas beaucoup, mais entre Mathieu, Alexandre, Maryse et Patrick avec ma grand-mère, tu as de quoi faire un joli choix.

..... Je ne sais pas ce que je peux demander et à qui.

..... Fais faire une belle cuisine moderne, c’est mieux pour faire de bons petits plats. En plus tu es douée en cuisine

Elle feuillète et tourne les pages du gros catalogue, une cuisine retient toute son attention, les placards en blanc laqué, le dessus façon marbre blanc et gris, c’est du plus bel effet.

...... Oui elle est jolie, et moderne, tu te vois dedans ?

Elle sourit ........ Oui trop. Je ne sais pas quel placard il faut choisir.

..... Tu donneras le modèle à Matthieu, et Marc s’en arrangera

..... Je vais la noter, et j’emmènerai les catalogues à François pour savoir si ça lui plairait.

Nous feuilletons le bouquin à la recherche d’un mobilier moderne. Tout en sirotant une orangeade je lui fais part de mon idée

...... Tu sais j’ai pensé, mais c’est juste une idée, la chambre bureau, vous pourriez en faire un salon. Marc est capable d’ouvrir le mur, ça vous ferait une super belle pièce salon-salle à manger

Je vois ses yeux briller ........ Oh oui, je vais en parler à François

....... Choisis-toi un canapé

..... En velours ?

.... Oui par exemple.

Nous cherchons la page des canapés, sofas et fauteuils.

...... C’est déjà beaucoup Mélissandre.

...... Sophie tu as trois pièces de meublées, et il te manque la chambre.

..... Mais déjà c’est beaucoup

..... Regarde, par exemple, la salle à manger Alexandre, le salon, Maryse, la cuisine Patrick et Matthieu et moi ?

Elle rit ......... Mais c’est l’appartement.

Je ne sais pas si je dois lui dire que l’appartement elle se le paie quasi toute seule, j’ignore si Matthieu lui en a parlé. Je dévie ....... Choisis quand même la chambre, si un de nous n’a pas envie par exemple de prendre le salon

...... Ah oui d’accord.

Nous replongeons dans le catalogue.
Nous en sommes toujours là quand Matthieu rentre. Il vient m’embrasser tendrement et fait une bise à Sophie. Madame Breton amène un plateau avec des grands verres de citronnade, il s’assoit sur le fauteuil en face de nous

...... Qu’avez-vous fait de beau cet après-midi

Je souris ........ Nous avons étudié de fond en comble le bouquin de Meuble et Confort

Matthieu sourit en nous tendant un verre à chacune et demande ........ As-tu trouvé ton bonheur Sophie ?

..... Mélissandre m’a bien aidé monsieur Jorelle

..... Ce doit être à ton gout, pas à celui de madame Jorelle

Sophie sourit, je m’empresse de répondre ........ Non c’est à son goût, mais elle ne cherchait pas vraiment, elle prenait systématiquement le moins cher. C’est idiot, elle aura des meubles qui ne lui plairont pas.

Sophie ...... Non, mais je ne voulais pas mettre des grosses sommes. Il y a beaucoup, et monsieur Jorelle et monsieur Duval font tant déjà.

...... Sophie, je n’ai rien fait de spécial, à part placer ton argent dans un appartement, afin que tu ne le dilapides pas n’importe comment !

........ Oui monsieur Jorelle merci.

...... Dans la corbeille il y a les meubles, ton appartement tu te le paies, n’aies crainte. Tu ne me dois rien.

..... Oui d’accord monsieur Jorelle.

...... Comptes-tu aller rapidement déposer la liste ?

...... Je pars quand monsieur Jorelle, pour aller voir Kévin

...... Mais quand tu veux !

...... Je vais aller avec François un soir, et je peux partir mercredi ou jeudi ?

..... Décide-toi pour ton billet de train.

..... Mercredi ?

..... Oui bien sûr, et tu rentres quand ?

..... Vendredi ou samedi d’après.  François me rejoint là-bas. Kévin le connait déjà

..... Parfait, je m’en occupe

..... Merci monsieur Jorelle.

Elle se lève et va dans sa chambre, nous laissant seuls avec mon mari, qui change de place et vient s’assoir à mes côtés. Il enlace mes épaules et me demande de lui montrer les meubles. Nous feuilletons le catalogue ensemble.

En nous couchant, Matthieu me fait savoir que jeudi nous avons rendez-vous avec Marc et le type de l’agence à l’appartement.

….. Pour ?

…… Marc veut faire des plans de travaux, il nous faut savoir ce que veulent les jeunes.

…. Tu sais la petite chambre-bureau, elle est mitoyenne avec la salle à manger, Marc ne pourrait pas ouvrir et faire le salon, ça leur ferait un beau séjour.

….. A Sophie de me dire, essaie de savoir, mercredi elle part, elle ne pourra donc pas être avec nous.

….. Et on ne peut pas y aller mardi ?

….. Non l’après-midi j’ai un rendez-vous que je ne peux pas remettre

…. D’accord, alors. Ta tante est partie ?

…. Oui dimanche pourquoi ?

…. On pourra aller à Neuilly le week-end alors.

….. Si cela te chante, oui bien sûr.

J’appelle Sophie, nous passons à table. Pendant le repas Matthieu la questionne à propos du salon, elle demande si les travaux vont coûter beaucoup

Matthieu sourit ………. Arrête de penser aux chiffres, ton appartement est en dessous de ton bas de laine, les travaux n’excéderont pas la somme.

….. D’accord monsieur Jorelle.

…. Mélissandre m’a montré les quelques meubles que tu as retenu, quand vois-tu François pour lui soumettre ?

….. Demain après-midi, il est de repos

…. Allez, vous promener au magasin, regardez bien tes choix, parfois ça peut être sympa sur bouquin et en réel moins à votre goût

…. Oui monsieur Jorelle.

Après diner, Sophie nous laisse, elle est discrète et ne s’interpose jamais dans notre couple. Nous allons au salon regarder la télévision. Je sais que de son côté elle fait pareil, elle a un poste dans sa chambre

Jeudi midi, Matthieu rentre déjeuner avec moi. Nous partons pour l’appartement. Le type de l’agence nous attend avec Marc.

Il est en partie vidé de ses meubles, et me parait plus grand.

Marc son calepin et stylo en main mesure toutes les pièces à l’aide d’un appareil. Il note chaque chose sur son bloc, fait plusieurs photos.
Une heure après nous redescendons, le type de l’agence nous serre la main et s’en va. Matthieu propose d’aller prendre un verre

Tout en savourant mon perrier citron bien frais, j’écoute les deux hommes détailler les travaux. Marc se fera aider par un employé intérimaire.

Nous partons samedi dans la matinée, pour Neuilly, Clara nous accompagne.

Nous retrouvons Alexandre qui se balade dans le parc. Après les embrassades, je lui demande ce qu’il a fait de ma cousine

…… Elle ne devrait pas tarder, j’ai invité ses parents pour le week-end

Mon mari sourit ……. Tu as eu raison. Des nouvelles des vacanciers ?

…… Non pourquoi ?

Tout en parlant, nous nous dirigeons vers la demeure. Marjorie est en congé, une jeune femme que je ne connais pas nous ouvre la porte

……. Bonjour madame et messieurs.

Les deux cousins lui font un signe de tête, et moi un sourire en guise de bonjour.

Matthieu pose le cosy sur un des canapés et détache sa fille, il met le cosy par terre, et s’assoit gardant la petite dans ses bras. Alexandre sort une bouteille de whisky et une de porto. Lisette qui remplace Catherine en congé aussi, pose un plateau de verres sur la table.

Matthieu. ….….. Ne sers pas de suite, attends tes beaux-parents !

….… Telle était mon attention !

Il s’assoit sur le canapé en face de nous. ……….. Silencieuse madame Jorelle !

……. Heu non pourquoi ?

Il sourit ……… Dis-moi Matthieu, que comptes-tu faire de Billion à la rentrée ?

…….. Rien ! Elle n’est plus mon employée.

……… Elle crèche où maintenant ?

…… Aucune idée !

……. Il va falloir prendre une décision. La tante était une emmerdeuse, mais là elle est arrivée au comble de l’exaspération

……. S’est-il passé une chose que j’ignore ?

Alexandre sourit ……. Ne me dis pas que tu n’as pas remarqué son attitude chez mes beaux-parents !

La petite s’agite dans les bras de son père. Je la prends et la cale dans le creux de mon bras, tout en la berçant j’écoute les deux cousins.

……. Pas plus que d’habitude.

….. A reprendre ma future belle-mère chaque fois qu’elle essayait de parler ! Crois-tu que je vais supporter ça longtemps.

….. Espérons que ce mois auprès de sa belle-sœur, la ramène à de meilleurs sentiments.

…. Espérons, sinon je la ferais évincer de chez mes beaux-parents et de chez mon père, elle aura matière à geindre !

Mon mari éclate de rire …… Alexandre, sois sérieux ! Nous ne pouvons la laisser sur le banc de touche

Les yeux du cousin commencent à foncer, je sais, je sens qu’il se contient.

…….. Ecoute Matthieu, je suis conscient que tu la vénères, mais tout n’est pas acceptable. Elle est la première à critiquer nos manières, à ne pas accepter que nous puissions nous amuser toi avec ta femme, moi avec ma promise, et elle se permet d’étaler son animosité, jusqu’à remettre vertement Patricia en place.

……… Voyons à son retour ! Profitons de Neuilly au calme, ma femme aspire à la tranquillité !

Du bruit me fait tourner la tête. Je souris en voyant mon parrain tata et Lise. Après les embrassades, j’attends que tata soit installée pour lui mettre ma fille dans les bras. Ses yeux brillent.

…… Merci ma puce !

Alexandre sert l’apéritif, tout en discutant tranquillement, la bonne humeur est là. Lise nous fait sourire de ses ripostes moqueuses avec son fiancé.

Avant de passer à table, je demande à Lisette ou est Clara, pour lui confier la petite.

Le repas est agréable, tonton et les deux cousins discutent, tata, Lise et moi échangeons sur un sujet très féminin, mariage, robes, coiffure.

L’après-midi est plaisant, Lise et moi allons promener Margaux dans le parc. Ma cousine avec grande fierté pousse le landau. Je glisse mon bras sous le sien

……. Alors ma chérie comment vas-tu ?

Elle tourne légèrement sa tête vers moi, ses joues rosissent, ses yeux brillent ………. Oh Méli si tu savais comme je suis heureuse, je vis sur un petit nuage.

Je ris ……. C’est l’amour ma Lison

…… Alex est un homme tellement ……. Tellement quoi.

….. Tellement quoi ?

….. Tu sais Méli, j’en ai eu des flirts, j’en ai eu des aventures, mais jamais je ne suis tombé sur un mec pareil. Il est tout.

….. Alors tu as trouvé le bon. Celui qui te fera vibrer dans ses bras.

…… Toi aussi tu vis ça ?

….. Exactement, mon mari est toute tendresse, tout amour. Tu sais ils ont une certaine éducation et quand ils aiment c’est à fond, c’est pour la vie. Et depuis que Margaux est là, notre amour est encore plus fort, que fort

D’une petite voix Lise m’avoue ……. Alexandre ne veut pas d’enfant tant que je n’ai pas fait mes études, alors tu vois je ferai mon bac et une licence, sinon j’aurais trente ans avant d’être mère

…… Tu es pressée ?

…… Pressée oui et non, quand je vois ta petite puce, ça donne envie

….. Ça va aller vite ma chérie, vous vous mariez au printemps donc déjà six mois, là on va s’occuper de t’inscrire à l’école, juin tu passes ton bac, et voilà un an de passé. Tu fais une licence et hop deux ans. Tu auras tout juste vingt-cinq ans. Tu vois c’est bien

…… Oui c’est vrai. Dis Méli ?

…… Oui ?

….. Tu me laisses cloper ?

J’éclate de rire ………. Bah oui bien sûr.

Elle fouille dans son corsage et sort un paquet de cigarettes. En l’ouvrant elle retire un petit briquet et allume sa cigarette. Elle aspire une grande bouffée.

Nous nous arrêtons sous les sapins, plus loin que le salon de jardin. Assises dans l’herbe, je laisse ma cousine savourer son poison.

…… Tu fumes beaucoup ?

….. Bah j’ai ralenti de presque moitié. Mais tu sais c’est dur

….. Je me doute. Et tu fais comment quand tu es avec lui ?

Elle éclate de ce rire joyeux …… Je gruge, à la maison soit je monte dans ma chambre vite fait, soit je vais aux toilettes. Maman le sait, mais mon père croit que j’ai arrêté

…… Mais tu n’as pas peur qu’il le sente ?

….. Non je mange un bonbon.

Je ris ……. Petite filou.

…… Au travail, je vais aux toilettes. Gy me laisse. Tu as des news ?

….. Oui je l’appelle le matin, elle est contente d’être soulagée. Il est beau son petit.

….. Oui nous sommes allés la voir avec Alex

….. Ah super !

…… La pauvre, elle venait le matin, les yeux grave cernés, elle n’a pas notre chance, nous on fait du lard. On est des princesses.

….. Tu verras à la longue c’est pénible. Je m’occupe de Margaux le plus possible, mais les journées sont longues, j’ai hâte de reprendre le taf

…… Et tu reprends quand ?

….. J’aimerais bientôt mais chaque fois que j’aborde le sujet, Matthieu me répond. Repose-toi profite de ta fille

….. Vous n’allez pas partir un peu ?

….. Si j’espère, Matthieu a besoin de se détendre.

….. Oui je le trouve fatigué et un peu sur les nerfs

….. Au travail ?

….. Non ça peut aller, mais en général.

….. Je crois que la tante y est pour beaucoup, j’espère que ce mois de vacances va lui faire du bien

….. Ouais, elle n’est pas très joyeuse, à côté de manou.

Je souris ……… Manou est amoureuse, ça donne des ailes

Elise éteint son mégot, et semble songeuse. …... Dis Méli comment tu fais pour ne pas t’engueuler avec ton mari ?

…… Ça nous arrive de ne pas être d’accord, et quand je vois qu’il s’agace, je laisse tomber, je remballe ma colère et quelques jours après, tranquillement je lui reparle du sujet.

…… Oui mais toi, tu es tempérante.

….. Tu apprendras ma Lison, ils ont des caractères forts, mais t’inquiète en douceur tu arrives à te faire entendre. Ne lui rentre pas dedans de plein fouet. Ils aiment être maitre de la situation. Laisse-lui toujours cette impression.

….. Oui d’accord. On rentre ?

….. Oui ça va être l’heure de son biberon.

Dans le hall, Clara et la jeune femme que je ne connais pas, discutent. Je tends la petite à sa nurse

….. Je crois qu’elle a besoin d’être changée.

….. Oui madame.

Au salon, ils sont en pleine discussion de repas. J’essaie de savoir de quoi il s’agit quand tata m’interpelle

…… Matthieu me demandait quel genre de repas pour un petit mariage. J’ai suggéré un buffet style champêtre.

Je me tourne vers mon mari ……. Le mariage de Sophie ?

…… Oui darling.

…… Et tu ne prends pas conseil auprès des futurs ?

…… Je doute que Sophie ait une grande idée sur la question. Elle voudra quelque chose d’une simplicité absolue, et nous allons nous retrouver avec des carottes râpées.

Je souris. ….. Mais tu ne peux pas tout décider pour eux, pourquoi tu ne rencontres pas les grands-parents ?

….. C’est bien Sophie et François qui organisent, les grands-parents ne seront qu’invités

….. Oui bien sûr, mais je pense qu’il serait sympa de les rencontrer

…… Bien, nous verrons ça à notre retour.

Je tilt sur le ‘’notre retour’’, il ne m’a pas parlé de partir. ………. Notre retour ? Tu comptes m’offrir des vacances ?

Il sourit ……. Ne crois-tu pas que nous les ayons méritées ?

Je hausse une épaule. ….…….. Je n’en sais rien, on n’en a même pas parlé !

……. Ça coule de source non ?

….. Bah pas pour moi ! Et le travail je reprends quand ?

….. Septembre si tu le souhaites

….. Oui !

Je passe à autre chose, je sens le ton peu amène. Je demande à tata comment elle verrait ce buffet, sachant que le mariage serait en hiver. Nous cherchons des plats sympas et sortant de l’ordinaire.

Matthieu nous invite au restaurant, Lise et son fiancé montent avec ses parents. Nous dinons sur un bateau mouche, tata ouvre de grands yeux toute émerveillée, de naviguer en mangeant.

La soirée est plaisante, tonton asticote son futur gendre qui ne s’en laisse pas conter. Nous rions de bon cœur.

Dimanche Alexandre nous invite à son tour dans une auberge toute sympa en vallée de Chevreuse. L’après-midi, nous nous baladons dans le parc régional.

En fin d’après-midi, début de soirée, nous retournons tous au domaine. Tonton et tata déclinent l’invitation de partager notre repas. Alexandre promet de raccompagner Elise avant vingt-trois heures.

Nous passons à table sans prendre de verre au salon. Je n’ai pas très faim. Le repas de ce midi me pèse encore sur l’estomac. Lise me sauve en jouant de l’humour

……. Oh, on va bientôt rouler à manger comme ça.

Je souris …. Comme tu dis.

Alexandre …….. Mange selon ton appétit, little heart, ne va pas me faire une indigestion.

Le repas est malgré tout bien accueilli, du jambon de pays accompagnant du melon bien juteux et pour finir un sorbet.

Nous partons dès qu’Alexandre décide de raccompagner Elise. Nous nous embrassons, je promets de lui téléphoner.

Une nouvelle semaine sans grand changement. Margaux et mon mari. Le soir il reste avec moi, le mois d’août est plus léger, il s’arrange pour ne pas emmener de travail.

A son arrivée, nous allons promener notre fille une petite heure et rentrons pour son repas.

Nous passons nos soirées devant la télé, tout en devisant. Tous les sujets sont bons à de grandes discussions qui finissent souvent en éclats de rire.

Nous peaufinons les travaux pour l’appartement de Sophie. Il est entendu que le mur sera abattu et la pièce de vie agrandie sur un petit salon. Comme je dis, il leur reste deux chambres, une pour eux, une soit pour recevoir, soit pour un bébé et ce salon peut aussi servir de chambre

La deuxième chambre nous leur laissons la meubler selon leur convenance.

Mercredi après-midi avec Matthieu nous allons voir les cuisines, Marc nous a fait un plan avec toutes les mesures. Matthieu a pris rendez-vous avec le cuisiniste du magasin.

Main dans la main, nous nous baladons dans les allées qui exposent de manière subtile quelques cuisines du catalogue.

Un type vient à notre rencontre …….. Monsieur et madame Jorelle ?

Matthieu …….. Oui exactement.

Le type nous serre la main. ….. Allons- nous installer, et vous allez tout me dire.

Il est souriant et avenant. Nous le suivons vers un bureau encombré d’un écran d’ordinateur, un clavier et une corbeille pleine de paperasses
…… Avez-vous un modèle précis ?

…… Heu oui, nous aimerions la cuisine, blanche laquée.

….. La Vérone ?

….. Heu oui je crois.

Il pianote sur son clavier, et tourne l’écran vers nous …….. Celle-ci ?

Je souris ……. Oui c’est ça !

Matthieu sort un plan 3D avec toutes les cotes, la fenêtre, les prises électrique, l’arrivée d’eau.

Le type ….. Ah super, merci. Quel meuble préférez-vous ?

Il nous regarde tour à tour, Matthieu du menton me demande muettement.

…… Heu, bah des meubles fonctionnels

Le type sourit …… Oui bien sûr, mais vous les préférez en 60, en 80, en 120 ? Vous préférez plusieurs petits ou plutôt quelques larges ?

Je hausse les épaules …….. Mais je n’ai aucune idée. Comment savoir ?

…… Je vais vous proposer plusieurs plans en différentes dimensions. Souhaitez-vous des meubles hauts ?

Oh là, là, il me pose des questions auxquelles je ne sais pas répondre. J’essaie de visualiser la cuisine à l’appartement et me tourne vers Matthieu

…… Heu tu as fait comment pour notre cuisine ?

…… Aucune idée, darling la cuisine venait d’être installée quand j’ai acquis l’appartement.

Le type pianote sur son ordinateur, tout en feuilletant un bouquin qui contient des lignes des cases, des mesures, des prix.

Il tourne l’écran vers nous …….. Voilà ce que ça donnera en meuble 60

Je trouve joli, bêtement je demande s’il n’a pas oublié le réfrigérateur. Il sourit et montre sur l’écran une porte haute

…… Là madame.

Pendant deux heures, il fera des plans, changeant, rajoutant, enlevant des placards, mettant un petit épicier de 20 cm, permutant tel meuble avec tel meuble.

Une migraine se profile, j’ai chaud et soif. Enfin nous nous arrêtons à un modèle qui me semble être le mieux, le plus pratique et la plus jolie. Le type fait signer le devis à Matthieu. Il regarde un planning et nous propose la visite d’un expert pour bien s’assurer des mesures. Matthieu refuse ce contre-temps expliquant que tout a été pris par un professionnel.

Le vendeur ……. La moindre erreur serait ennuyeuse, et serait à vos frais

Matthieu …… Il n’y aura pas d’erreur ! Nous allons réfléchir. De toute façon la pose ne serait qu’aux alentours du quinze novembre !

…… Il y a cinq semaines pour la commande, les meubles sont fabriqués à la demande.

…… Nous reviendrons à ce moment-là, les plans étant faits, nous irons vite.

Le type nous serre la main. Nous sortons de ce magasin bruyant et étouffant.

….. Veux-tu rentrer darling ?

….. Oui s’il te plait.

Nous reprenons la voiture et sortons du parking souterrain. Matthieu met la clim en fonction. L’habitacle se rafraichit rapidement.

Je m’empresse d’avaler deux aspirines, avant de m’affaler sur le canapé. Madame Breton nous sert un grand verre de citronnade que je bois d’un coup. En souriant je lui en demande un second.

……. Que penses-tu de cette cuisine. ?

…… Oui je pense qu’elle sera belle, on la soumet à Marc ?

….. Oui bien-sûr. Que veux-tu faire demain ?

…. Tu ne travailles pas demain ?

…… Darling, nous sommes le 15 août.

J’étouffe un bâillement. Matthieu enserre mes épaules et m’attire à lui. Je m’endors comme une masse, sans répondre.

Ce jeudi 15 août, nous allons déjeuner en bord de Marne en emmenant Margaux, l’après-midi nous faisons une grande balade, elle finit par s’endormir dans son landau.

Samedi nous partons pour Neuilly, manou et Patrick reviennent de vacances. Ma grand-mère à le teint hâlé. Je la serre fort en l’embrassant. Je suis heureuse de la retrouver.

Alexandre nous rejoint avec Elise pour déjeuner. J’apprends que tonton et tata sont partis aussi.

En me baladant avec Lise dans le parc, pour qu’elle puisse fumer sa cigarette, je lui demande innocemment si mon père est parti en vacances aussi.

…… Aucune idée Méli, nous n’avons aucune nouvelle.

…… Il a même tourné le dos à tes parents ?

….. Tourné le dos, je ne sais pas. Mes parents ont voulu les inviter, ils ont prétexté être déjà invités, et comme après mes parents partaient, bah du coup on ne les a pas vu.

Je sens mon pouls s’emballer. Je demande si manou a des nouvelles. Lise l’ignore.

….. Lise tu te rends compte que ma fille a eu deux mois. Ils l’ont vu en tout et pour tout deux fois, la naissance, le baptême !

Ma cousine passe son bras sous le mien ……. Allez ma Méli, chasse tes idées noires. 

Nous partons lundi, avec Clara et notre fille pour la Bretagne. Un joli coin de paradis qui s’appelle Concarneau.

L’hôtel est cossu. Comme chaque fois que nous sommes en vacances, si courtes soient-elles, Matthieu revêt son habit de mari amoureux et sans souci. Il dépose toutes ses préoccupations à notre porte.

Les douze jours sont idylliques. Le matin nous promenons notre fille, l’emmenons à la piscine pour ses premiers bains. Dans les bras de son père, elle prend plaisir à battre ses pieds dans l’eau. Fait la moue quand quelques gouttes éclaboussent sa petite frimousse, ce qui nous fait rire.

L’après-midi nous la laissons à Clara pour aller nous balader, et visiter les environs. Nous nous régalons de grandes galettes à toutes les sauces. Chocolat chantilly – chocolat-banane- glace à tous les parfums- flambées au grand-Marnier

Le soir souvent je ne prends qu’une salade.

Et voilà, c’est le retour. Matthieu promet de prendre quelques jours en octobre. Il nous conduit directement à Neuilly. Je sais y retrouver ma famille.

10 juillet 2002

Un été bien rempli

Je n’ai pas entendu Matthieu se lever, en regardant le réveil, je m’aperçois que j’ai fait une belle grasse matinée. Je repousse les draps et me lève, j’enfile mon déshabillé pour aller déjeuner, en passant je vais voir ma puce.

Clara me reçoit avec un grand sourire, j’embrasse ma fille. Elle change trop vite, Déjà un mois que je lui ai donné la vie. Elle est plus belle de jour en jour.

Tout en beurrant mon petit pain, je réfléchis à comment présenter mon plan. Sitôt mon café avalé, je téléphone. C’est Ghyslaine qui décroche.

..... Coucou ma Ghy. Ne dis rien.

..... Bonjour

...... Je viens manger avec toi ce midi, j’ai quelque chose à te dire en particulier

..... D’accord, midi et demi !

.... Ok Ghy à tout à l’heure chez les normands

Je m’empresse de me préparer, il est déjà onze heures dix. Un maquillage léger, un coup de brushing, je préviens madame Breton que je ne déjeune pas ici.

Je m’installe à une table et tout en attendant mon amie, je peaufine mon discours. Ghyslaine arrive, les yeux brillants, les joues rouges. Son ventre tout rond

Je me lève et serre mon amie dans mes bras. .......... Tu es en congé quand ?

..... Je finis vendredi, j’ai hâte je suis fatiguée

..... Je me doute ma chérie, c’est long la fin, et pénible. On a l’impression de peser dix tonnes

La patronne vient nous serrer la main, elle nous propose poulet rôti ou rôti de porc. J’opte pour le poulet, Ghyslaine prend le rôti.

La serveuse nous pose une salade de tomate

..... Et toi, tu as bonne mine. Et la petite ?

..... Je t’ai amené des photos.

Je farfouille dans mon téléphone et lui tends ......... Oh grave comment elle ressemble à Matthieu

..... Bah oui c’est ce que tout le monde dit

..... Elle est belle, une jolie puce !

...  Merci ma chérie, bon et toi pour quand 

........ Bah la fin du mois

.... Tu as déposé une liste quelque part ?

.... Non j’ai encore de Quentin

….. Tu as même gardé le lit, la poussette ?

Gy sourit …… J’ai un petit lit en toile et la poussette, je verrais sur le site d’occasion.

Tout en mangeant nos rondelles de tomates nous parlons de ce futur petit mec

..... C’est Quentin qui est content d’avoir un petit frère

..... Et vous ?

.... Si on est fou de joie. C’est avant tout un enfant et il est le bienvenu

..... Je me doute.

La patronne vient chercher nos assiettes vides et nous donne les pleines. Je croque dans une frite et attends un peu avant d’exposer mon plan

Ghy ....... Bon qu’as-tu à me dire ?

Je souris .......... Bon voilà je crois que tu vas me prendre pour une folle, et je ne sais pas comment t’exposer le truc

..... Et ça concerne quoi ? Toi ? Ton mari ? Ta cousine ?

J’éclate de rire ......... Non Frontasky

Ghyslaine me dévisage ...... Qu’est-ce qu’elle a fait encore ? Elle est toujours chez ton père ?

..... Oui, bien sûr.

..... Bon explique.

En quelques mots, avant d’aller plus en avant je lui donne les gros traits.

....... Et comment tu vas faire pour l’inviter ?

..... Je pense mettre Lise dans la confidence, mais où ça va tiquer c’est Alexandre. Il ne voudra pas rentrer dans ce petit jeu

..... Disons que là c’est gros.

..... Bah c’est la meilleure façon que mon père ouvre les yeux sur cette pute

..... Donc en gros tu l’invites au baptême, tu la fais draguer à fond par le pote du cousin et après ?

..... On attend de voir quand il va la larguer ce qu’elle fera

..... Hum ! Elle ne s’avisera pas à renouveler le déflorement. Le viol peut-être ! Imagine. Comment il se défend le type. On ne sera pas là, on n’a pas ou plus son emploi du temps.

..... Oui j’y ai pensé aussi, comment faire ?

..... Rien ma biche, laisse faire les choses, un jour ou l’autre elle paiera

..... Toi-même tu disais qu’il faudrait la mettre dans les pattes d’un type

..... Oui je sais, et je suis sûre qu’elle tomberait dans le panneau, mais là comment faire ?  Ce type il fréquente régulièrement Alexandre ?

.... Aucune idée.

.... Ecoute je réfléchis à tout ça, tu peux m’appeler demain ?

..... Oui mais attends avant d’en parler à Lise

.... Appelle-moi à 13 heures, demain elle prend deux heures, elle mange avec son apollon

.... D’accord, ma Gy

Je paie nos repas, embrasse mon amie sur le trottoir et regagne le métro pour rentrer.

Tout l’après-midi je retourne le problème dans tous les sens. Déjà comment dire à Matthieu que je l’invite au baptême sans le mettre dans la confidence ? Difficile, il ne va pas comprendre. Comment en parler à Alexandre sans qu’il pense que je suis une complotiste ?

Mon mari rentre assez tôt, enlacés nous allons voir notre fille.

….. Accorde-moi une paire d’heures darling.

….. Oui va.

Alors qu’il se dirige vers le bureau, je ne peux m’empêcher d’avoir une bouffée d’amour envers cet homme.

Je termine mon déjeuner et fonce dans le bureau téléphoner à mon amie. Elle me déconseille de faire quoique ce soit, au risque que ça se retourne contre moi

...... Ecoute j’ai eu beau réfléchir, j’en ai parlé à Marc, ça ne porte pas à conséquence peut-être aurait-il eu une idée, mais il dit qu’il ne faut pas, il pense comme moi. Elle peut faire tomber ce type

...... Ah ça fait suer. J’aurais tellement voulu la prendre en flague

..... Oui je me doute, mais tu veux faire quoi ?

..... Bah justement je ne sais pas. On en parle à Lise ?

..... Non ma belle, ça va nous attirer plus d’ennuis qu’autre chose. Et ton père risque de couper carrément les ponts

.... Ouais dommage !

.... Je sais ma belle, que tu as une dent contre elle, mais laisse faire les choses. T’inquiète un jour elle paiera

..... Oui un jour mais en attendant elle squatte toujours chez eux. Tu te rends compte que mon père ne m’a pas téléphoné une seule fois depuis la naissance. La petite a un mois !

.... Je sais, mais arrête de t’en faire. C’est ton père ok, mais tu n’es pas en tort !

.... Oui. Bon je vais te laisser bosser

.... Ne te contrarie pas Mélissandre. Vis ton bonheur et n’y mets pas d’ombre

..... D’accord. Bisous

.... Bisous ma belle.

Je raccroche moitié mécontente, moitié contrariée. Au fond de moi je sais qu’elle a raison, mon plan ne tenait pas vraiment la route.

Je ne parle de rien à Matthieu.

Ce samedi après un tendre moment dans les bras de mon mari, nous nous levons. Comme un rituel nous allons saluer notre princesse.

Je me prépare avec grand soin, j’enfile une petite robe soleil. J’ai repris pratiquement ma taille. Mon ventre redevient plat. Faut dire que tous les matins je fais une demi-heure de gymnastique comme le préconise le livre ‘’ Après bébé’’

Matthieu arrive de la salle d’eau, il m’enlace et m’embrasse tendrement, il m’entraine vers la salle à manger.

Pendant que Matthieu va donner quelques coups de téléphone, je prends le bain de Margaux, l’habille et lui donne son biberon. Je passe un long moment avec ma fille. Elle ouvre de grands yeux vers la voix qui chante. Calée dans mes bras, je ne me lasse pas de la regarder. Elle ressemble de plus en plus à son papa, je crois qu’elle aura ses beaux yeux.

Matthieu vient me chercher, madame Breton nous attend pour servir le déjeuner. Sophie mange avec nous, il est prévu ensuite qu’elle aille chercher son amoureux

Alexandre et Lise doivent arriver pour quinze heures, quand j’ai demandé à Matthieu pourquoi il ne les avait pas invités, il m’a fait savoir qu’ils déjeunaient chez tonton et tata

Nous allons au salon, Matthieu allume la télé, et tout en regardant vaguement, nous papotons. Il me demande si je veux partir quelques jours, la petite ayant un mois passé, Alexandre a commencé ses vaccins

.... Tu veux aller où ?

.... Je pensais la Normandie. Le climat est tempéré, nous pourrions partir huit jours

..... Je ne connais pas du tout la Normandie

Il sourit ...... Meilleur moyen de visiter. Il est de jolis coins.

..... Tu veux partir quand ?

..... Lundi ?

.... D’accord.

..... Et l’air fera du bien à Margaux

.... Oui.

Matthieu m’enlace, je me sens bien, mon angoisse de début de semaine est passée. Je me suis fait une raison. Pas moyen de coincer cette garce.

Alexandre et Lise nous embrassent, à peine assis Alexandre me titille gentiment.

Sophie accompagnée d’un jeune homme fait les présentations. Pas très grand, mais agréable à regarder, il est souriant

Je vais chercher le plateau avec le café que madame Breton a préparé avant de partir.

Lise me rejoint dans la cuisine ......... Tout va bien Méli ?

Je me retourne ....... Heu oui pourquoi ?

.... Non comme ça, je te trouvais soucieuse.

Je souris ....... Non t’inquiète !

Lise fait le service, nous buvons notre café en silence. Pas un bruit dans ce luxueux salon. Je jette un œil au jeune homme, qui doit être dans ses petits souliers.

Matthieu ....... Alors dis-moi tout Sophie !

..... Monsieur Jorelle, je pourrais aller voir Kévin ?

..... Pour ma part, pas de souci, vois avec ton patron pour les jours !

Alexandre ....... Et je fais comment sans ma secrétaire ?

Sophie rougit. ....... En août ?

Alexandre....... Aucun problème !

Il se tourne vers son cousin .......... Je ferme du trois au dix-sept

Matthieu ....... Bien nous verrons ça. Ensuite ?

Sophie se tourne vers son chéri, qui d’une voix assurée présente à Matthieu une demande toute simple

...... Monsieur Jorelle je sais par Sophie que vous êtes son tuteur, comme elle est majeure, je pense que vous ne verrez pas d’inconvénient à notre union

Matthieu ........  Tout à fait, et vous désirez vous marier quand ?

...... Nous sommes à la recherche d’un appartement, vers la fin d’année ?

Matthieu ...... Sophie m’en a touché deux mots. L’appartement sera dans la corbeille !

.......  Comment ça dans la corbeille ?

........ Vous aurez l’appartement en cadeau de vos noces, en revanche j’exige un contrat de mariage

François parait abasourdi ......... Un appartement ? Vous voulez dire un appartement acheté ?

Matthieu sourit ....... Tout à fait, votre caserne étant dans le premier, Sophie travaille dans le neuvième. Nous verrons à le prendre dans ces arrondissements là

François ........ Monsieur Jorelle, nous n’aurons pas les moyens de payer charges et impôts d’un appartement en plein Paris.

Matthieu ...... Payez vos factures, le reste je m’en charge ! Je dois bien ça à Sophie

Sophie ....... Merci monsieur Jorelle

Matthieu ...... Et ton patron ?

La jeune fille se tourne vers Alexandre en rosissant ........ Merci monsieur Duval

Alexandre lui fait un petit clin d’œil.

Matthieu ....... Bien quelle date arrêtez-vous ?

Sophie ....... Fin d’année, début de l’autre, ça nous donne le temps.

Matthieu ....... C’est parfait ! Qui organise le mariage ?

Sophie mal à l’aise, baisse les yeux, François répond ....... Nous deux

Matthieu ...... Vos parents ne s’investissent pas ?

François d’une voix timbrée, prend un air désabusé ....... Non, ils n’assisteront pas, il n’y aura que ma sœur et mes grands parents

Matthieu arque son sourcil ........ Pouvons-nous en connaitre la raison ?

...... Ils ne sont pas invités !

........ Seriez-vous en froid ?

François sourit ........ Disons que mes grands-parents les ont mis sur la touche

Matthieu ...... Désolé !

..... Aucune importance.

.... Votre sœur est plus âgée ?

.... Nous sommes jumeaux.

.... Donc pas d’aide de ce côté-là ?

..... Françoise ira avec Sophie pour la robe. Vu nos moyens nous ferons un mariage simple.

Matthieu regarde Sophie de longues minutes, elle finit par baisser les yeux. De cette voix enjôleuse Matthieu lui intime de le regarder. Je peux voir ses yeux brillants, prêts à se noyer de larmes. J’ai de la peine, elle est si gentille, elle mérite un peu de bonheur aussi.

...... Sophie, on ne se marie qu’une fois dans la logique des choses, il n’est pas question que tu te maries à la sauvette

Elle fait oui de la tête, Matthieu continue
..... Ma mère ne l’aurait pas accepté ! Veux-tu te marier à Neuilly ?

...... Je ne sais pas, ça va coûter combien ?

..... Peu importe, vous seriez combien ?

Sophie regarde son chéri qui répond ...... Pas plus d’une dizaine de mon côté, Sophie espère votre présence bien sûr.

Matthieu ........ Quels seront vos invités ?

François ....... Nous deux, ma sœur, mon grand-père et sa femme, du côté de ma mère, côté paternel aucun risque que je les invite. Ensuite j’ai deux amis d’unité Sophie les connait

........ Et toi Sophie qui veux-tu inviter ?

Sophie me regarde, je lui fais un grand sourire ........ Mélissandre et vous, et aussi monsieur Duval et mademoiselle Dumont. Est-ce que monsieur Duval et sa femme voudront venir ?

..... Si tu les invites ils seront enchantés 

.... Oui alors, j’aime beaucoup madame Duval, et aussi Maryse. J’aurais souhaité que Kévin vienne, mais je ne sais pas comment faire, il ne saura pas prendre le train tout seul

...... Georges ira le chercher quelques jours avant

D’un coup les yeux de Sophie brillent ........ C’est vrai ?

Matthieu éclate de rire ........ Mais non voyons, je ne tiens jamais mes promesses

Sophie sourit ....... Si monsieur Jorelle, et je vous en remercie

..... Bien cela étant dit, une quinzaine de personnes, n’est pas insurmontable. Légalement vous devrez vous marier à la mairie d’ici, ensuite tu me dis. ....... Restaurant ou Neuilly !

..... Je peux vous dire dans quelques jours ?

...... Parlez-en tous les deux, et tiens-moi au courant.

..... Oui monsieur Jorelle.

Alexandre ...... Partirez-vous quelques jours ?

François ....... J’ai une semaine de congés, je pense que nous meublerons l’appartement, plutôt que d’aller en voyage. Nous partirons plus tard.

Les deux cousins se regardent avec le même air de connivence. A quoi pensent-ils ? Je suis sûre qu’ils vont leur offrir un voyage

Matthieu ......... Sophie, tu vas à ‘’Meuble et confort’’ et tu déposes une liste de mariage, les invités se référeront à cette liste pour les cadeaux.

...... Oui monsieur Jorelle.

..... Pensez à vos témoins, il faut les déclarer à la mairie. Passerez-vous par l’Eglise ?

François regarde Sophie avec un petit sourire ...... Oui bien sûr.

..... Alors faites les papiers à l’avance, il vous faut trois semaines au minimum

...... Oui monsieur Jorelle.

Elle prend une grande inspiration ........ Monsieur Jorelle, je peux vous demander d’être mon témoin ?

Matthieu sourit ......... Ne veux-tu pas Kévin ?

..... Difficile pour lui de se mouvoir seul et de signer

....... J’accepte avec grand plaisir,

..... Merci monsieur Jorelle.

.... Bien je pense que nous avons fait le tour de la question.

Je propose un café ou autre boisson, tous veulent un café. Je vais à la cuisine range les tasses sales dans le lave-vaisselle pendant que le café coule. Je prépare un nouveau plateau.

Sophie demande, s’ils peuvent aller se promener, Matthieu donne son approbation.

Une fois les amoureux partis, Alexandre fait part de son opinion. ....... Il ne me semble pas vivace le copain !

Matthieu ....... Il est tranquille, elle sera bien avec lui.

.... Tu penses les envoyer en voyage ?

..... Obligé !

..... Décembre je fais comment ? Ça ne tombe pas bien.

...... Prends une intérimaire.

..... Hum ! Pour l’appartement il nous faudrait accélérer. Nous n’avons pas trop de temps

.... J’ai déjà contacté deux agences, ils me préviennent dès qu’ils ont un bien qui rentre

..... Et tu penches Neuilly ou restaurant.

Matthieu semble réfléchir quelques secondes ........ Ecoute vu le peu d’invités, le restaurant me parait être le mieux. Maryse ne pourra ergoter !

.... C’est je pense le mieux aussi. Bien l’appartement ok, la liste de mariage ok. Ils auront un appartement vide ?

Matthieu sourit ........ Pouvons-nous demander à ton père une chambre ? A Maryse une salle à manger ou un salon ?

.... L’appartement tu le prends en charge ?

..... Ma mère avait placé l’argent de l’assurance, le faisant fructifier, la somme est conséquente et couvrira largement

..... Ok, nous prenons la salle à manger.

.... Nous meublerons pendant leur voyage.

Alexandre rit ...... Tout est dit

Lise ....... On peut aller voir mademoiselle Jorelle ?

Je me lève, laissant les cousins à leurs projets. Clara sort de la chambre, me laissant seule avec ma cousine. Je prends la petite dans son berceau et la tends à ma cousine, qui ravit s’assoit par terre, calant le bébé dans son bras, et s’adossant à la commode. Je m’assois près d’elle mettant mes jambes sur le côté.

...... Bah dis-donc tu parles d’un mariage !

..... Comment ça ?

...... La pauvre elle n’aura pas beaucoup de monde

En riant elle précise ....... Mais elle aura de sacrés cadeaux.

...... Matthieu se sent redevable d’une promesse qu’il a fait à sa mère

..... A d’accord.

..... Nous n’avions pas vraiment besoin de meubles, toi non plus d’ailleurs. Je suppose que ton chéri a des casseroles

Ai-je été sèche en répondant ? Lise me regarde peinée.

.... Je ne critiquais pas, loin de là. Je plaisantais

Je fais oui de la tête.

Nous papotons sur Sophie sans aucune méchanceté. Lise reconnait qu’elle n’a pas eu de chance de perdre ses parents si tôt, et qu’il est important qu’elle soit heureuse.

Alexandre et Lise restent diner avec nous, n’ayant rien de prêt nous allons à la pizzéria en bas du boulevard, avant de nous rendre au feu d’artifice au pied de la tour Effel.

Lundi, nous partons une semaine dans un grand hôtel près de Bayeux. Matthieu me fait visiter la région. Le cimetière Américain est impressionnant, tant par ses belles pelouses tondues ras, que toutes ces croix de marbre alignées. Nous assistons à la projection d’un film sur le débarquement. J’ouvre tout grand mes yeux. L’écran fait 360°, nous pourrions nous croire sur le bateau. La pointe du Hoc surplombe la mer, c’est grandiose

Nous nous régalons de moules, d’huitres et de crêpes. Nous profitons du bon air iodé par de grandes promenades sur la plage. Margaux dans un sac kangourou que son papa porte avec fierté.

La visite de Bayeux est intéressante, un joli moulin en plein centre-ville, cette avenue piétonne avec ses maisons moyenâgeuses. La tapisserie de Bayeux, et sa cathédrale me laissent de supers souvenirs. A l’aide de mon téléphone je prends plein de photos. J’ai en tête de faire un album de cette escapade pour garder en mémoire cette féérique semaine, ou avec mon mari détendu nous passons nos nuits à nous aimer et nos journées à découvrir de merveilleux horizons.  

Partis une huitaine de jours, le retour est comme toujours nostalgique. Nous rentrons dimanche en fin de soirée.

Matthieu reste avec moi lundi. Nous mettons à profit cette journée pour visiter trois appartements. Un retient toute notre attention. En allant à l’agence Matthieu demande une contre-visite le lendemain.
Le type regarde un agenda .......... Demain dix heures trente, ça vous convient ?

Matthieu ........ Parfait

On serre la main à l’agent immobilier ....... A demain Monsieur et madame Jorelle.

Nous rentrons tout en commentant. Je fais remarquer à Matthieu que les pièces sont claires, mais petites, la cuisine étant un tout petit coin pas vraiment serviable

Matthieu sans quitter la route des yeux. ....... Elle sera dans un quartier qu’elle connait. Certes il est petit, mais pour un début, ce n’est pas mal.

Alexandre nous rejoint chez nous à neuf heures tapantes. Je termine de me préparer rapidement. Les deux hommes sont installés dans le salon. En passant, je vais me chercher un café à la cuisine.

Sophie nous rejoint, je lui fais un grand sourire.

Matthieu ...... Partons !

Je monte à l’arrière de la voiture avec Sophie, laissant les deux cousins devant
A l’agence, le type nous reçoit très professionnellement. ......... Je vous offre un café ?

Matthieu ....... Pour ma part, non merci.

Du coup personne n’en prend, le type nous sourit et ouvre un gros classeur

.......... J’ai reçu d’un confrère un bien qui est en vitrine depuis un an !

Matthieu ......... Des problèmes ?

...... Pas vraiment, en fait c’est un appartement en indivision, les héritiers en veulent un prix exorbitant, nous n’avons pas réussi à les convaincre de revoir à la baisse. Il était pratiquement vendu, puis pour une raison que j’ignore la vente a été annulée. Vous m’avez dit être pressé, les papiers sont quasi prêts. Dans le sens où vous faites un paiement comptant, je pense que pour fin septembre, début octobre le notaire serait prêt.

Alexandre ......... Quel quartier ? Quelle surface et quel prix ?

Le type sourit ......... Je ne vous cache pas qu’il est assez vétuste, mais c’est un bel immeuble Haussmannien. 80m² pour trois cent quinze mille. Il faut faire une proposition, ils sont acculés. De plus ils ne veulent plus payer les charges et les impôts. Ils sont trois enfants, deux sont d’accord pour négocier.

Il nous présente des photos de l’immeuble en pointant son doigt sur le deuxième étage, un grand balcon courre sur l’arrondi de la façade.

....... Il se compose de trois chambres, la petite est un bureau. Une cuisine assez spacieuse, une pièce à vivre de 30m²

Alexandre ......... Pas de photos de l’intérieur ?

..... Non mon collègue ne m’a remis que celles-ci. Il doit m’apporter le dossier

Matthieu et le type discutent de charges impôts et autres. 

Les deux cousins se regardent, Alexandre prend la parole ......... Il est loin ?

..... Poissonnière limite 10e

Matthieu ........ Pouvons-nous le visiter ?

Le type regarde sa montre .............. Oui, nous allons commencer par celui-là. Mon prochain rendez-vous est à 16h

Alexandre ........ Pour cet appartement ?

Le type sourit .......... Non pour un qui ne saurait vous intéresser.

Nous partons Alexandre monte avec l’agent immobilier, Sophie et moi avec Matthieu

En voiture Matthieu recommande à Sophie d’exprimer son avis sans avoir peur. Cet appartement est pour elle, pas pour nous.

..... Oui monsieur Jorelle.

L’immeuble assez cossu, est engageant d’extérieur. L’agent immobilier tape un code sur le boitier de côté, la porte émet un déclic, l’agent la pousse et nous laisse entrer.
Un hall spacieux et propre, carrelé au sol en damier noir et blanc. Une rangée de boites aux lettres, rapidement je compte quatre en hauteur et autant en largeur. Seize appartements.

Une double porte vitrée ouvre sur un vestibule, les murs sont en boiseries claires, et peinture beige.

Face à la porte, légèrement en décalé sur la gauche, un magnifique ascenseur avec ses portes en fer forgé travaillé, et deux portes en bois vitrées qui s’ouvrent sur l’intérieur

L’agent immobilier ....... L’ascenseur est assez exigu pour cinq, nous allons au deuxième.

Je regarde partout pour ne rien oublier. Sur la gauche deux portes, et sur la droite un escalier large et bien entretenu. Une moquette rouge recouvre le milieu des marches. La rampe est tellement cirée qu’on la croirait vernis. Une boule en cuivre brillante termine la main courante.

Matthieu me donne la main, nous montons cette envolée de marches, l’agent nous conduit à gauche du palier, il cherche des clés et ouvre la belle porte de chêne, il s’efface pour nous laisser entrer avant de refermer la porte.

Une petite entrée avec un placard dans un renfoncement. Les WCS sont tout de suite à droite, un couloir si on peut appeler ça comme ça, débouche sur une belle pièce claire, une double porte-fenêtre donnant sur le balcon. La pièce est encombrée d’un mobilier datant de plusieurs décennies, quelque peu hétéroclite. Sur le côté une porte ouvre sur une cuisine assez grande, des placards en formica rouge, qui ont dû voir le jour il y a quarante ans.

Sur la gauche de cette grande pièce, une porte ouvre sur un petit couloir

...... La partie nuit, est séparée comme vous pouvez le voir.

Sur la droite une salle de bains, ancienne. Un lavabo sur colonne, une baignoire sabot, un petit meuble en pin.
Mitoyenne à la salle de bains, une petite chambre arrangée en bureau. Pareil, les meubles sont disparates, c’est plutôt une pièce fourre-tout. A gauche, fin du couloir une chambre de belles dimensions, et pour finir face au bureau une autre pièce avec juste une grande armoire et un fauteuil. Les pièces sont spacieuses, les grandes fenêtres assez hautes laissent entrer largement la clarté et les rayons de soleil. Les papiers peints me rappellent ceux de chez manou, marron à grosses fleurs orange.

Nous retournons dans la salle à manger, Alexandre ouvre la porte-fenêtre et va sur le balcon. Nous le suivons, la rue sans être d’un calme absolu, n’est pas si bruyante que ça. Nous nous penchons sur la balustrade et regardons le mouvement des passants en bas.
Matthieu demande la superficie du logement. Le type nous confirme 80m²

Les deux cousins se regardent semblant se comprendre. Ils font un nouveau tour rapide

Alexandre ........ Qu’en penses-tu Sophie ?

...... Je ne sais pas monsieur Duval.

Nous repartons.

Sur le trottoir Mathieu demande s’il sera vide pour la vente.

L’agent immobilier ....... Oui bien sûr.

..... Donnez-nous le temps d’en discuter, nous vous rappelons.

..... Oui bien sûr. Voulez-vous revoir les deux autres ?

...... Non ils ne conviennent pas.

Le type nous sert la main. Matthieu nous entraine vers une terrasse, nous nous asseyons autour d’une petite table ronde, à l’abri du soleil que l’auvent cache en partie

..... Que dis-tu de cet appartement Sophie ?

Elle fait un léger sourire ....... Il n’est pas très gai.

Matthieu sourit ....... Sophie, nous n’allons pas te le livrer dans cet état, nous allons y faire des travaux. Monsieur Germain s’en chargera.

Alexandre d’une voix douce demande ........ Ton ami est-il bricoleur ?

...... Oui, bien sûr, souvent il aide son grand-père. Il a repeint leur salle à manger et fait quelques travaux

Alexandre regarde Matthieu ........ Fais tout faire en blanc, ils s’arrangeront pour faire à leur goût !

Matthieu tout en avalant une gorgée de son perrier fait oui de la tête et répond à son cousin. ........ Peux-tu lui donner un après-midi cette semaine ?

Alexandre éclate de rire ......... 15 jours est-ce suffisant ? Je ferme le cabinet en août !

.... De fait, c’est parfait. Sophie tu iras avec François à Gare Saint Lazare au magasin ‘’Meuble et confort’’ dans la semaine. Tu choisis en deux ou trois exemplaires, les meubles qui vous plairaient.

.... Comme quoi monsieur Jorelle ?

Matthieu lève ses sourcils d’une manière qui me fait sourire .......... A ton avis ? Chambre, canapé, cuisine, salle de séjour, à toi de voir !

La voix de Sophie se fait tristounette d’un coup .......... Monsieur Jorelle.

..... Oui ?

...... Nous n’avons pas les moyens de nous meubler dans un tel magasin.

..... Sophie, nous mettrons vos goûts sur la liste de mariage !

..... Du côté de François, ses grands-parents et même sa sœur, n’ont pas vraiment de gros moyens

Je sens Matthieu s’agacer ......... Ils vous achèteront des casseroles, pour le reste nous nous en chargeons !

...... Oui monsieur Jorelle. Merci

...... Déjeunons ici, Alexandre peux-tu joindre monsieur Germain ?

..... Oui bien sûr, pour maintenant ?

.....  Oui, faisons une contre visite avec lui, il nous chiffrera rapidement les travaux.

Alexandre sort un téléphone de sa poche et fait dérouler la liste de numéros, en même temps Matthieu fait de même et contacte l’agent immobilier

Les deux cousins en ligne, se mettent d’accord pour une visite à quatorze heures trente, devant l’immeuble

Matthieu fait signe au serveur .......... Apportez-nous la carte, nous allons déjeuner.

..... Prenez une table en salle, elles sont plus spacieuses

Nous nous levons, et suivons le serveur, il nous mène à une table carrée à l’intérieur du restaurant. Il fait plus frais que nous pouvions l’espérer. La clim est en fonction.
Les hommes prennent un steak-frite, avec Sophie nous prenons une salade composée. Après un dessert et un café, nous retournons à pied devant l’immeuble. Marc est déjà là. Je lui fais la bise, les cousins et Sophie lui serre la main.
L’agent immobilier arrive, un grand sourire aux lèvres.
Matthieu ....... Désolé de vous déranger, mais il nous faut être sûr de notre choix, et nous sommes pressés par le temps.

....... Oui je comprends. Ne vous inquiétez pas, les affaires sont calmes en ce moment.

Tout en discutant nous montons les deux étages.

Marc et Matthieu font le tour, Marc note plusieurs choses sur un calepin. A l’aide d’un laser, il mesure les pièces et écrit les surfaces sur son bloc. Il prend plusieurs photos

Les deux hommes dans la cuisine parlent à voix basse, avec Alexandre nous attendons en faisant un nouveau tour dans les pièces

Matthieu ....... Bien, je crois que nous avons tout vu.

Marc demande une nouvelle fois la superficie du logement. L’agent patient, répète

..... Comme je l’ai dit à monsieur il est avantageux avec ses 80m²

..... Et le prix ?

..... 315 mil euros

Je vois Marc griffonner sur une page. 65 m². Il relève la tête

...... Vous n’êtes pas au prix du marché !

Le type de l’agence fronce les sourcils ............. Comment ça ?

..... Vous savez comme moi, que les pièces d’eau et les dégagements ne sont pas comptées dans la surface habitable. Cet appartement fait 65m², ce qui revient à dire que vous n’êtes pas au prix

...... Comme j’ai précisé à monsieur Jorelle, une négociation est faisable, les vendeurs sont pressés

Marc regarde Matthieu ........ On peut en discuter ?

Matthieu ......... Oui bien sûr !

Nous repartons. Sur le trottoir nous serrons la main du type qui a l’air dépité, Matthieu lui fait savoir que d’ici une heure nous aurons pris notre décision

........ A seize heures j’ai un rendez-vous

Matthieu ....... Bien disons 18 heures, peut-être avant.

La contrariété peut se lire sur la figure du type quand il nous quitte. Je glisse mon bras sous celui de Sophie qui n’a pas dit un mot.
Nous allons nous assoir à la même brasserie que ce midi.

Matthieu .......... Qu’en dites-vous Marc ?

..... Monsieur Jorelle, cet appartement dans l’état qu’il est, est un quart trop cher. Au prix ou il est, environ 4800€ le m², il devrait être impeccable, or ce n’est pas le cas.

..... A combien l’estimez-vous ?
..... Le marché dans ces quartiers de Paris, n’excède les 2800 à 3200 euros, un appartement nickel

...... Que nous conseillez-vous ?

...... Je dirais .........

Rapidement il fait un calcul sur son bloc. ..... Disons 3000 euros le m², 65 m² ça fait 227 mille euros.

Alexandre ....... Ah ça change la donne !

Matthieu songeur ........ Ils n’accepteront pas une négociation pareille.

Marc ...... Ils ne le vendront pas, ou alors à des gugus qui se feront avoir

Matthieu regarde Sophie ......... Refait, est-ce qu’il te conviendrait ?

...... Oui monsieur, il est spacieux.

..... Et à François ?

Sophie sourit ......... Là où je suis, ça lui plaira monsieur Jorelle

Matthieu sourit, et sort son téléphone ........... Monsieur Guerisis est là ?

.......

..... Merci mademoiselle

.........

....... Monsieur Guerisis, nous sommes prêts à discuter du prix de ce dernier logement.

.........

........ On arrive !

A pied, nous redescendons la rue jusqu’à l’agence. Monsieur Guerisis nous fait entrer dans un bureau, et arrange quelques chaises face au bureau.
...... C’est un bel appartement, il est certes à rafraichir, mais c’est un bon placement. L’immeuble est bien situé, au pied du métro, l’avenue est passante, et les commerçants sont au pied de l’immeuble.

Mathieu........ Nous savons tout ça, maintenant le prix est bien trop élevé, il dépasse de largement un tiers du prix demandé.

..... Comme je vous l’ai souligné les héritiers sont prêts à le baisser, et je pense que pour trois cent mille vous pourriez l’acquérir

Marc, qui n’a rien dit jusqu’à là ....... Le marché actuel, pour ce quartier est entre 2800 et 3200 pour un appartement sans travaux. Les WCS sont vétustes, la cuisine est à faire entièrement, les peintures et papiers peints sont à revoir, les parquets sont abimés, et les fenêtres ne sont pas en double vitrage. De plus les radiateurs sont à changer, et il est inexistant dans la salle de bains, qui est à refaire entièrement.

Monsieur Guerisis sourit ....... C’est un quartier côté

Alexandre ........ Le dixième ? J’ai un gros doute, parlez-moi du premier, sans citer le dix-septième ou le quinzième. Disons un quartier populaire. Le prix est gonflé au maximum.

...... Les héritiers se sont concertés et ont imposé ce prix !

..... Ils sont dans l’erreur et vous le savez !

....... Vous en proposeriez combien ?

Matthieu ........ Deux cent trente mille

Le type se retient de rire et fait non de la tête ......... Je doute que les héritiers acceptent

Marc ......... Ils ont surévalué et la superficie et le prix

Le type se lève et sort en laissant la porte ouverte ........ Benoit va passer ?

...... Normalement il devrait être là. Ah bah tiens, le voilà

Monsieur Guerisis revient avec un jeune homme ......... Ces clients sont là pour l’appartement Poissonnière

..... Oui ! C’est un beau logement, une fois rafraichi

Matthieu ........ Chiffré au double de son prix

....... Comment ça, il est spacieux, 80m² rare pour Paris

Marc ....... Monsieur il faut réviser vos côtes, il ne fait que 65m²

Le type regarde son collègue ....... Guillaume nous a dit quatre-vingt

..... Sur les dires des vendeurs

.... Et vous n’avez pas vérifié ?

..... Ce n’est pas notre agence qui s’est occupé de ce bien

Le jeune se tourne vers nous ........ Et à combien vous l’estimez ?

Avant que Matthieu ou Marc parle, monsieur Guerisis en souriant, annonce 230 mille

Il sort son téléphone et pianote dessus ......... C’est le prix pour 65m²

Monsieur Guérisis ........ Tu t’occupes des vendeurs ?

....... Oui bien sûr. De toute façon depuis un an, nous ne pourrons pas le vendre au tarif qu’ils demandent. Il faut leur faire comprendre

Le jeune décroche le téléphone. Il parlemente un long moment, insistant sur le fait que l’appartement n’est pas de la surface annoncée, qu’il est vétuste et que beaucoup de travaux sont à prévoir. L’autre au bout du fil à l’air de maintenir qu’il a raison

Le jeune ......... Vous avez compté les pièces d’eau, elles ne font pas partie de la surface habitable

......

Il sourit ........ Non monsieur, c’est la loi qui est comme ça. J’ai un bon client, avec un paiement comptant, qui offre un bon prix pour la bonne surface

Je sens une migraine se profiler, enfin au bout d’une bonne vingtaine de minutes, sans perdre son calme, il raccroche

....... Il en parle à ses deux sœurs, et nous rappelle en début de semaine prochaine.

Matthieu se lève ........ Prévenez-moi dès que possible, sinon nous nous tournerons vers autre chose !

Monsieur Guerisis se lève à son tour ......... Je vais les presser monsieur Jorelle. Au plus tard mercredi.

Les hommes se serrent la main ....... Bien monsieur, j’attends votre appel.

Enfin nous sortons. La chaleur dehors est écrasante, je suis fatiguée. Matthieu invite son cousin

...... Je vais chercher la miss, elle doit s’inquiéter !

..... Venez manger.

Alexandre nous quitte, nous allons au parking chercher la voiture. Matthieu nous conduit jusqu’à un autre parking souterrain, en remontant, nous sommes sur un grand boulevard. Il prend ma main et nous entraine vers un magasin sur trois niveaux.

Rapidement nous faisons étage par étage. Il prend toute la documentation qu’il peut. En sortant dans un panier, il y a de gros catalogues rassemblant l’ensemble du magasin.

Nous repartons au parking et enfin rentrons à l’appartement. Je vais directement prendre deux cachets avant de rejoindre Matthieu et Sophie au salon, frais avec la clim que madame Breton a mis en fonction.

...... Tout va bien darling ?

..... J’ai mal à la tête.

..... Va t’allonger un peu.

Je ne me le fais pas dire deux fois. Je prends une douche fraiche et en sous-vêtements je pousse le dessus de lit et m’allonge sur le drap.

Je dors jusqu’au lendemain. Matthieu est venu me chercher pour diner, dans mon sommeil, j’ai répondu que je n’avais pas faim.

Après m’être occupée de ma fille, je prends mon temps dans un bain parfumé, fais mes épilations avec soin et vernis mes ongles de pieds. Matthieu rentre pour déjeuner avec moi.

L’après-midi comme promis je téléphone à Ghyslaine. Elle me dit être contente d’être enfin en repos, très fatiguée elle craint de ne pas aller jusqu’à la fin du mois. Elle se repose le maximum. Nous rions de quelques propos futiles.  

Comme un rituel, le matin je m’occupe de ma fille, je lui prends son bain, je choisis ses vêtements, et l’habille, je lui donne son biberon, et reste un bon moment avec mon enfant dans les bras, calée dans le fauteuil à lui fredonner quelques chansons ou tout simplement à lui murmurer des mots doux.

Jeudi, Matthieu me fait savoir que l’agence l’a appelé, et qu’il va à quinze heures avec Sophie, signer le compromis de vente au prix qu’on a demandé 

Evitant Neuilly le week-end, nous avons souvent Lise et Alexandre, ou allons chez Manou ou mon parrain, tata se fait une joie de nous concocter des repas estivaux, des barbecues et salades composées. Manou et Patrick sont souvent invités aussi.

La fin du mois arrive rapidement. Margaux profite bien, elle va sur deux mois, curieuse de tout, elle ouvre de grands yeux semblables à ceux de son papa.

Cette dernière semaine, les conversations sont principalement axées sur le baptême. Tata a fait de jolies cartes. Le texte vient de Margaux qui invite elle-même les gens.
Nous ne sommes pas retournés à Neuilly, mais il est prévu que la fête se passe là. Matthieu et Alexandre ont tout mis sur pied, sans mettre la tante à contribution. Elle est parait-il, vexée. J'espère que dimanche elle ne fera pas la tête ouvertement.

Samedi en début d’après-midi nous rejoignons Neuilly, Alexandre arrive juste après nous. Quasiment en même temps d'ailleurs. Dans le salon vide, nous prenons un café tous les trois. Marjorie vient prévenir Matthieu que monsieur Blondeau est arrivé

Matthieu se lève et me tend la main. J'ignore totalement qui est cet homme. Alexandre nous accompagne.

Les deux hommes lui serrent la main, Matthieu me le présente

Matthieu ....... Je vais vous conduire aux cuisines

Matthieu m'entraine, je ne suis jamais allée dans cette partie de la demeure. Je découvre une vaste cuisine moderne et aménagée en L. Le dessus en inox. Deux pianos de cuisson en inox aussi.
Lisette et une femme d'un certain âge s'activent à éplucher des légumes

Mattieu ......... Lisette voici monsieur Blondel, suivez ses instructions.

La femme ....... Oui monsieur Jorelle

Il se tourne vers le traiteur ....... Que vous faut-il comme personnel ?

...... Ces deux dames me suffiront. De plus elles connaissent les lieux, je gagnerai du temps

..... Bien, si vous rencontrez un quelconque problème, Lisette me le fera savoir

Lisette ...... Oui monsieur

Le traiteur ....... Les achats ont été faits ?

Matthieu ....... Voyez avec Lisette, je pense que tout est dans les frigos

Le traiteur ......... Bien monsieur Jorelle, je vous remercie

Nous faisons demi-tour et allons faire quelques pas dans le parc. Tout en marchant Alexandre demande

..... Et alors la tante ?

Matthieu pousse un soupir........ Elle n'a pas accepté de gaité de cœur

..... Et sa bonne femme ? Toujours là ?

..... Oui, je l'ai exclue demain !

...... Bien !

..... Mes beaux-parents arrivent ce soir ?

..... Oui pour le diner je pense, Manou et ton père aussi. J'ai laissé, carte blanche à Maryse pour ce repas !

Alexandre les mains dans les poches, sourit ...... Ça l'occupe !

De notre arrivée à la fin d'après-midi nous ne verrons pas Maryse. Nous nous retrouvons au salon avec Manou et Patrick, tonton et tata.

Elle apparait au diner, sans beaucoup participer aux conversations, malgré les efforts de tata et manou. Sa dame de compagnie ne bronche pas non plus.

Dès le repas terminé, la tante et Laurence se lèvent pour nous fausser compagnie. Je sens Matthieu se contenir.

Personne ne relève l'attitude de la tante. Nous allons au salon. Matthieu ne nous suit pas.

Manou ....... Mon bien-aimé ta sœur n'a pas l'air en grande forme

Patrick sourit ....... Elle n'a pas pu mettre son grain de sel pour demain, cela la perturbe

Manou me regarde gentiment ....... Elle est peinée du peu de confiance que vous lui accordez ma puce

Je me défends ...... Non manou, Matthieu n'a simplement pas voulu qu'elle organise tout, et comme elle ne sait pas faire de demi-mesure, il a décidé que ce ne serait rien, c'est tout.

Le silence retombe, tata demande si je veux voir la robe. Je souris mais contrariée que manou pense que je pourrai être responsable de la mine de Maryse, je réponds le plus gentiment possible

..... J'aurais la surprise demain tata

Lise ....... Elle est trop jolie, en plus maman m'a dit que je devais habiller Margaux

Je souris ....... Si ça te fait plaisir

Lise ........ Non, non c'est mon rôle de marraine. Hein maman ?

..... Oui me puce, c'est la tradition.

Je souris. Matthieu arrive, sa tante à son bras, il la conduit vers sa place et vient s'assoir à mes côtés. Du coup le peu de conversation s'éteint tout de suite.

Matthieu ....... Aurions-nous coupé une conversation ?

Manou enjouée ....... La marraine nous faisait part de la tradition d'habiller sa filleule. A quelle heure est la messe ?

Matthieu sourit ......... N'auriez-vous pas reçu d'invitation ?

Manou sourit espiègle, j'ai compris qu'elle essayait de faire partir un dialogue.

Lise ......... Bah alors manou ? Tu es trop jeune pour perdre la boule. C'est à onze heures

Manou ...... Je pensais te voir jeudi ou hier ma puce.

Je regarde ma grand-mère sans comprendre .......... Ah, tu ne m'as pas dit.

..... Tu aurais pu aller chez Bénédicte

..... Tu me trouves mal coiffée ?

Manou rit ....... Non ma puce, mais une petite coupe serait bienvenue.

..... Oui bah je n'ai pas pensé. Pas grave !

Maryse ...... Voulez-vous que nous fassions venir ma coiffeuse ?

Je lui souris ...... Merci Maryse, ce n'est pas grave.

Un semblant de conversation entre manou et Maryse s'engage. Tata s'intègre. Bon ce n'est pas une conférence non plus, mais l'air est moins pesant.

Dans notre lit, blottie dans les bras de Matthieu je demande si la tante va faire la gueule demain.

.....  Je ne pense pas, je l'ai prévenu au risque de ne plus nous voir du tout.

..... Oui parce que c'est désagréable

..... Dors, darling, demain une longue journée nous attend.

J'ai compris qu'il n'en dirait pas davantage.

Je descends avec Matthieu pour déjeuner. La salle à manger est déserte. A la salle de bains, je prends une longue douche, lave mes longs cheveux et enfile la robe que Matthieu m'a offert pour l'occasion.

Je fais un brushing en m'appliquant. Je me maquille avec grands soins, et vais à la nursery.

Ma fille sent bon le bain et l'eau de toilette, elle est en body blanc. Je la couvre de petits bisous, Lise et Alexandre entrent

Alexandre ........ Allez oust la maman, on n'a pas besoin de toi.

Je souris et donne l'enfant à ma cousine. Je sors en fermant doucement la porte.

Dans le salon quelques voix me parviennent. Manou et Maryse sont en grande conversation sur les très prochaines vacances.

J'embrasse les femmes et m'assois, tata nous rejoint suivie de près de tonton et Patrick. Je ne peux m'empêcher de demander ou est mon mari.

Patrick ........ Aucune idée mon petit.

Margaux dans les bras d'Alexandre, Lise à son bras le regard brillant de bonheur. Je ne peux m'empêcher de pousser un OH !

La robe de ma fille est magnifique, tout en satin blanc, de jolies fleurs brodées sur le plastron, un large ruban de satin brillant ceint la taille et laisse partir une jupe en une multitude de plis. Les petites manches ballon et le bas de la robe se termine par une fine dentelle. Un petit chapeau assorti lacé dans le cou de Margaux avec un joli ruban.
J'embrasse ma tante....... Tata elle est magnifique. Merci beaucoup.

Tata me serre dans ses bras. ..... J'ai eu plaisir à la coudre ma chérie.

Elle tend un gilet fait main, tout au point de fougère en laine fine et blanche, à Lise ....... Mets-lui pour l'Eglise ma puce, il fait toujours frais

...... Oui maman.

Matthieu ......... Il nous faut partir !

Sur le parvis de l'Eglise tout le monde est là. Je vais embrasser les Chambault, Ghyslaine et Marc, sans me décider à aller vers mon père. C'est eux qui viennent à moi. Je leur dis brièvement bonjour et les embrasse du bout des lèvres

Mon père ...... Comment vas-tu Mélissandre ?

Je ne peux m'empêcher d'être sarcastique ....... Ma foi, après deux mois je suis remise.

Je me détourne et vais voir Sophie et François qui se tiennent en retrait. Je les embrasse, serre la main à Jean-Luc l’ami d’Alexandre, l’homme qui a mis ma fille au monde. Matthieu vient me chercher

L'Eglise ou nous nous sommes mariés, est joliment décorée de fleurs blanches. La messe s'éternise, Alexandre penche Margaux sur les fonts baptismaux, le curé lui verse un peu d'eau sur le haut de la tête. Aussitôt Margaux montre son mécontentement en criant. En moi je souris. Alexandre donne Margaux à la marraine qui la berce. Le parrain tient comme un sacrement le cierge que le curé lui remet. Il bénit la chaine et la médaille. Une médaille ovale toute ciselée, avec un petit angelot en épaisseur

Enfin, nous signons les registres. Nous trainons un peu sur le parvis, le soleil est éblouissant très haut et chaud. Matthieu invite tout le monde à regagner les voitures. Le parrain et la marraine garde l'enfant, c’est Patrick et manou qui les emmènent

Le salon a été aménagé pour recevoir tous les invités, des fauteuils ont été rajoutés. Clara amène le biberon, Lise fière donne à manger à sa filleule.
Tout le monde s'extasie sur l'enfant, sur la robe, sur la marraine.

Le champagne coule dans les coupes, des petits friands et autres gourmandises circulent entre les convives, Lisette et Catherine sont attentives.

Margaux peu habituée au bruit, passant de bras en bras, commence à s'énerver. Elle nous le fait savoir en poussant des cris. Clara viens la chercher et disparait avec.
Nous passons à table. Le repas est animé et copieux. Les aumônières de saumon sont tout simplement sublimes. Les gigots en croûtes savoureux. Le déjeuner est un vrai festin.

Après cette bombance, nous nous retrouvons dans le parc par petits groupes. Je vais voir Sophie et lui demande si tout va bien.
...... Mélissandre, Maryse m'a demandé pour notre mariage, mais je ne sais pas ce qu'a décidé monsieur Jorelle, je n'ai pas su répondre.

..... D'accord, je lui en parlerai ce soir. Ne t'inquiète pas. Amuse-toi. Où est François ?

.... Avec monsieur Jorelle.

.... D'accord.

Je glisse mon bras sous le sien et l'entraine vers Ghyslaine et Elise. ...... Alors les filles ?

Lise ....... C'est une belle fête Méli

..... Je n'ai pas fait grand-chose, je vais aller remercier tata. Je vous laisse Sophie, elle est un peu paumée toute seule

Lise ...... Mais oui !

Des yeux je cherche ma tante. Je presse le pas pour la rejoindre et lui tire le bras.

..... Ma puce ?

..... Tata je voudrais te remercier, c'était un excellent repas.

Tata sourit ........ Il faut remercier le traiteur, je n'ai donné que des idées.

.... Qui étaient parfaites. Merci tata

Je la serre contre moi et l'embrasse deux fois. Je rejoins les filles qui papotent. Les deux cousins viennent s'incruster, François prend discrètement la main de Sophie.
Alexandre ....... Comment vont les babillardes ?

Lise ...... Les quoi ?

Alexandre ........ Les pies jacasses

Lise s'arrête, nous obligeant Ghyslaine et moi à stopper, et d'un air qu'elle veut mécontent

....... Dites donc monsieur Duval et la tendresse bordel

Matthieu rit, Alexandre attrape Lise à bras le corps et la fait tournoyer. ....... Mademoiselle Dumont je vous prierais d'être un peu plus courtoise

Lise rit aux éclats ....... Lâche-moi, lâche-moi tout de suite.

Les anciens s'arrêtent et regardent ce qui se passe. Manou sourit, Maryse pince les lèvres. Alexandre repose ma cousine qui titube. Il la tient fermement

Tous les huit, bras dessus bras dessous, nous rentrons avec les ainés. Le gâteau nous attend. Manou a fait faire une jolie pièce montée en forme de berceau.

Alexandre et Lise aidés de Lisette servent les assiettes de choux. Tonton et Matthieu distribuent les coupes de champagne

Il est déjà tard, les gens partent vers vingt heures. Je serre ma Gy dans les bras et lui recommande de me prévenir dès la naissance. Avec Matthieu nous leur avons offert la chambre mais mon amie n'est pas au courant. Marc ira la chercher chez manou qui la garde.

Les cuisines ont préparé quelques salades composées, et de la viande froide. Personne n'a vraiment faim.

Ne sont restés que les Chambault, Alexandre et Lise, manou et Patrick. Mon père est parti avant le gâteau. J'étais en colère et ne leur ai même pas dit au revoir.

Nous couchons tous à Neuilly, sauf Lise que son fiancé raccompagne vers vingt-trois heures. Nous montons, je suis fatiguée

Dans les bras de Matthieu, je lui fais part de mon bonheur de cette belle journée.

Nous rentrons à l'appartement en milieu de matinée, sans avoir vu, ni Maryse ni les Chambault. Patrick est parti raccompagnant manou avant d'aller au bureau

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