Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
melissandre-meli
melissandre-meli
Publicité
Archives
17 juin 2000

Service difficile

Ce soir en ouvrant ma boite mails, j’ai la surprise de trouver un petit courrier de mon père.

« Ma fille, la maison est bien vide depuis ton départ. Je suis content que tu te portes bien, et ravi de tes résultats de partiels. Tu es ma plus belle réussite et je suis fier de toi. Je t’embrasse très fort. Ton papa qui t’aime. »

Je suis émue de lire ces quelques mots. Je lui réponds dans la foulée, lui expliquant que nous pourrions très bien nous voir autrement qu’en la présence de sa compagne, qu’il me manque aussi.

L’indicateur me fait savoir que Lison est connectée, j’envoie le mail à mon père et clique sur la fenêtre de ma cousine.

Nous échangeons sur quelques sujets sans grand intérêt. Je coupe rapidement.

La cloche de la grille est actionnée à toute volée, je regarde par la fenêtre de la cuisine. Lison annonce leur arrivée à grand bruit. Je ne peux m’empêcher de rire en rejoignant manou dans l’entrée qui ouvre la porte sur nos visiteurs.

… Alors ma puce, as-tu cru que nous n’étions pas réveillées avec ta cousine.
Lise enlace ma grand-mère en riant … Mais non Manou, juste que j’aime ce bruit, il me rappelle mon enfance.

Nous buvons un café. Tonton frappe dans ses mains

.... Allez hop les filles sur le pont !

En entrant dans ma future chambre, je trouve la pièce agréable. Le parquet a retrouvé une jolie couleur chêne clair.

Mon oncle nous demande de peindre. Nous étalons une grande bâche par terre. Il nous donne de gros pinceaux ronds et nous explique comment faire le haut, le bas des murs et les angles, pendant qu’il va repeindre le plafond. Lise prend le petit trois-marches de Manou, je grimpe sur un tabouret de cuisine.

Je descends de mon tabouret pour reprendre un peu de peinture quand Lise se penche sur moi et d'un coup de pinceau me barbouille le nez. Je me venge en lui striant la joue. Nous rions comme des gamines. 

Tonton rouspète ... Ah non les filles, ce n’est pas possible 

Lise ... Mais papa, détends-toi  

En s'approchant de son père le pinceau en l'air elle lui demande s’il en veut un petit coup.
Tonton .... Je te mets une fessée, tu paries ?  

Nous rions. Le père met sa fille sous son bras, je viens au secours de ma cousine. En entendant des cris Manou et Tata viennent voir ce qui se passe. Manou rit en s’essuyant les yeux, tata fait la mère horrifiée. Il relâche sa fille

 .... Allez les gamines, on s'y remet. 

Manou nous rappelle qu'il est bientôt treize heures. Nous prenons un repos d’une heure pour manger.

Nous travaillons jusqu’en fin d’après-midi.  La pièce entièrement peinte d'une première couche renvoie déjà de la luminosité

Couchées dans l’herbe nous nous détendons en bavardant et riant. Lise singe certains employés en débinant leurs fringues, leur coupe de cheveux. Sa mère met fin à ces commérages en nous appelant pour manger. 
Tonton nous informe que demain nous ferons la deuxième couche de peinture et vitrifierons le parquet.  

Manou ... Merci mon grand, il est vrai que cette maison a vraiment besoin d'un bon coup de jeune, mais je ne peux pas toujours te solliciter mon fils.
Tonton ... Ecoute nous allons venir t’envahir, maintenant que tu es enfin décidée pour des travaux.

Il se tourne vers ma tante ........ Qu'en penses-tu ma femme ?  

Ma tante ... Oui bien sûr, depuis le temps qu'on en parle.

Manou ... Vous êtes si gentille Patricia.

Ma tante ... Manou, ne préparez rien pour manger demain, j'amènerai un rôti que j'avais prévu de faire. 

Sur le perron, nous leur disons au revoir de la main. Je rejoins Manou à la cuisine, pour l’aider à finir de ranger.

Neuf heures, le carillon de la porte d’entrée se fait entendre. Croyant voir la petite famille débarquer, je m'empresse d'ouvrir. Je me trouve nez à nez avec mon père. Sans raison, je me sens gênée. Je m'efface pour le laisser rentrer. Il referme doucement la porte et m'embrasse. 

J’appelle ma grand-mère ... Manou c'est papa.

A l'autre bout de la maison, manou me crie ....... Fais-le entrer, j'arrive 

Papa ... J'ai eu ton message Méli, voilà tes livres de cours.

Il me tend un grand sac plastique. Manou embrasse mon père. 

La porte d’entrée s’ouvre, sur Lise et ses parents. Ils tombent nez à nez sur mon père.
Mon oncle ... Tiens quelle surprise ! Comment vas-tu depuis tout ce temps ?

Mon père ... Ça peut aller, et toi ? 

Mon père demande ce qu'ils font de beau. Mon oncle explique qu'on rénove un peu pour redonner une vie à ce pavillon. Mon père propose son aide si ma grand-mère accepte.
Manou ... Je ne voudrais pas de problème avec madame !

Mon père ... N'ayez crainte Odette, je fais encore ce que je veux. 

Manou ... Hum ! j'en doute. 

Les derniers mots font tomber un malaise palpable dans la pièce. Mon oncle reprend le dialogue.

......... Nous avons commencé les travaux dans mon ancienne chambre. Mélissandre s’y installera, mais avec les filles, pas moyen de travailler sérieusement. Il est vrai qu’un coup de main ne serait pas de refus

Il sourit en prononçant ces quelques mots. 

Lison .......Oh là ! Là tout de suite papa, tu fais ton rabat-joie
Mon père .... Tu veux de mon aide ?  

Mon oncle ... Si tu es libre pourquoi pas !

Mon oncle entraîne mon père dans la chambre pour lui montrer ce qui a déjà été fait.

Rendez-vous prit entre les deux hommes pour 13 heures. Je raccompagne mon père à la porte, avant de descendre les quelques marches il me demande

... Aimerais-tu de nouveaux meubles ma chérie ? Je peux t'offrir une chambre. 

En haussant les épaules l'air dubitatif ... Je ne sais pas papa, elle va encore te faire une crise tu sais bien. 

........ Ma chérie ne t'occupe pas de ça, ce sera ton cadeau d’anniversaire

Je l'embrasse très fort en lui disant merci. 

Dans la cuisine tata lave les tasses, manou épluche une salade. 

Je fais part à ma grand-mère de la proposition de mon père ........ Manou ça t'ennuie si je change les meubles de tonton ? 
.... Non ma poupée, je me rends bien compte qu'ils ont plus de 30 ans et qu'ils ne sont plus à la mode, comme vous dites les jeunes. 

Je souris, et cours dans la chambre rejoindre les travailleurs, père et fille pour demander à mon oncle si on peut mettre les meubles à la cave.

  .... Je les ai laissés là pour gagner du temps ma grande. 

  ...... Papa voudrait m'en acheter d'autres. 

  ....... Bah parfait alors !

Sitôt dit, sitôt fait, tonton démonte la grosse armoire, Aidée de Lise je descends les étagères, et les planches.

L'escalier étroit et en rond ne nous facilite pas la tâche.  La matinée passe entre rires et bricolage.

Nous finissons à peine de manger, mon père en jeans et polo arrive. Manou lui offre un café. Je trouve que mon père reprend un peu vie. Ses traits sont moins tirés, ses yeux sont pétillants et il est beaucoup plus souriant.
Avec Lise nous débarrassons.

Tonton .... Samedi pendant que tu iras avec ton père, je vérifierai si tout est parfait et ferai les retouches nécessaires !

Mon père ... Ça marche, je viendrai de bonne heure le matin que Mélissandre ait le temps de choisir. J'aimerais que nous allions tous manger dehors le soir 

Gentiment, je fais remarquer à mon père ............ Sans moi papa, je ne veux pas la voir ! 

........ Non Méli, je serais seul, elle est repartie chez ses parents. 

Je fais oui de la tête, si elle est partie c'est qu'il y a de l'eau dans le gaz. Chaque fois qu'elle n'obtient pas ce qu'elle veut de mon père, elle court se réfugier chez ses parents. Petite, ça me rendait heureuse, je ne voyais pas mon père souffrir. 

Les deux hommes vont s’enfermer dans la chambre, je vais avec Lise dans le jardin, nous nous allongeons dans l’herbe, j’écoute son babillage et finis par m’assoupir

Un brin d'herbe vient me chatouiller, j'ouvre les yeux, Lison de son air espiègle pouffe au-dessus de mon visage 

....... Allez l'intello debout il va être six heures. 

.... ... Déjà oups, j'ai bien dormi. 

.....… C’est que tu en avais besoin. Viens voir, ta chambre est presque finie.   

Nous regardons par la porte fenêtre ouverte, nous arrêtant sur le seuil comme nous le conseille tonton.
La pièce est lumineuse, d'un blanc éclatant avec le soleil ça donne un rendu presque beige-rosé. Le parquet est d'un joli chêne clair. Je suis bouche-bée. Je remercie chaleureusement mon oncle en l'embrassant et mon père aussi. 

Ma tante arrive avec deux bières qu'elle tend aux hommes, ils la remercient et vont se mettre dans le jardin. Nous allons à la cuisine boire un grand verre de limonade fraîche. Les hommes resteront plus d'une heure dehors à parler. Elise et ses parents partent avant manger, comme dit tonton, il y a école demain. Mon père tarde un peu mais décline l’invitation de Manou à partager notre repas.

Je reste un peu à la télé avec manou, avant de prendre ma douche et de me coucher

Pas de Lise au métro. Elle est là, fidèle à son poste, attendant que le café soit coulé.
... Salut Méli.
... Bonjour Lison tu es de bonne heure dis-donc.

... Non je viens d'arriver, tu veux un café ?

... Je veux bien oui.
Tout en me servant, elle me demande où je vais

... Service commercial

... Ah ! Bon courage ma Méli.

Je ne relève pas, bois mon café et monte au premier. A la troisième porte sur ma droite je vois la plaque qui m'intéresse.

J'actionne la poignée, la porte est fermée. J'attends espérant voir du monde venir. Au bout de quelques minutes, alors que je m'apprête à redescendre un homme s'avance.
.... Mademoiselle Robin ?

... Oui monsieur Bonjour.

.... Venez !

Il m’emmène à la porte d’à côté, il sort une clé de sa poche ouvre la porte et s'efface pour que je rentre, le bureau est vide.

  Deux types arrivent en discutant

... Bonjour les gars, mademoiselle Robin vient nous prêter main forte, vous pouvez l’aider ?

Un homme cheveux gras et mal rasé répond ... Pas de souci chef !

Monsieur Martel repart, je reste debout à attendre.
Celui qui a parlé au chef me regarde d'un air narquois et dit à son collègue ... Bah vieux maintenant on envoie des gonzesses et pas n’importe quoi, vise un peu.

Le moustachu... Ouais pas mal, qu’est ce tu veux les temps changent.

Je me sens mal à l'aise, et les fusille du regard.

Le cheveu gras ... Bon bah restez pas planté là, venez, vous assoir.

Sans répondre je m’assois à un bureau et attends. Pas un des deux ne m’expliquera le travail
Enfin un employé arrive il est dix heures vingt.

 ... Salut les gars

... Salut Claude, mademoiselle vient t'assister.

..... Lionnel n’est pas là ?

Le crasseux hausse les épaules ........ Aucune idée

Le nouveau me dévisage ... Bonjour mademoiselle.

Il pose sa sacoche, fait le tour des bureaux et serre la main aux gars, il s’assoit ouvre un journal et se plonge dedans.
La matinée me semble interminable.

En mangeant Lise me demande comment ça se passe dans ce service, je souris et lui dis que je ne suis pas trop fatiguée, j’ai attendu toute la matinée qu’on m’explique le boulot

Lise ....... Bah ça ne m’étonne pas.

En rentrant je bois un café avec ma cousine et sa collègue.

Dans le bureau un type que je n’ai pas vu ce matin me demande ce que je cherche

..... Je suis envoyée par la direction, je suis sensée venir aider.

.... D’accord, bah je vais vous montrer

Il allume l’ordinateur devant moi et m’explique rapidement le travail. Pointer les cartes grises par département selon le parc automobile, ensuite rentrer les données sur l’ordinateur

Le crasseux son acolyte et un autre type arrivent en riant bruyamment.

Je regarde le listing et suis étonnée quand je vois qu’il est daté de quatre ans en arrière. Je lève la tête et regarde l'homme qui doit se sentir observé.
... Vous avez un problème ?

... Non pas spécialement, mais c'est bien cette année que je dois faire ?

... Oui ! Oui ! Nous devons faire un bilan sur cinq ans, je m'occupe de l'année antérieure à la vôtre.

... D'accord merci.

Le crasseux plein de hargne me jette un regard noir et lance à la cantonade pensant faire rire ses collègues

.... Depuis quand les intérimaires posent des questions ?

Lionel ... Ecoute sois gentil Jacques, fous nous la paix, et fais ton taf ou ne fais rien, ça ne te changera pas, mais oublie-nous !

  ... Oh la- la, tu as des vues ?

  ... Oui j'ai en vue de te mettre mon poing dans la gueule.

Le crasseux part d'un grand éclat de rire. Je ne me sens pas à l'aise dans cette ambiance. Je ne sais pas ce qu'ont ces types mais ils sont franchement désagréables et vulgaires

..... Ce n’est pas du pain pour toi

Lionnel ne répond pas, je me plonge dans le listing.

Le travail n'est pas compliqué en soi. Si je ne m'occupe pas de cet énergumène qui fait peser une petite dictature sur l'ensemble du bureau, ça peut aller.

L'après-midi, un grand type sec vient se joindre à l'équipe. Comme les autres, il ne touchera pas à un seul dossier, nous ne sommes que lui et Lionnel dans le bureau. D’ailleurs ce nouveau je ne le verrai que très peu.

Tout au long de la semaine, je verrais cinq types faire acte de présence, mais jamais ensemble. Quand nous sommes trois dans le bureau une demie journée, c’est le maximum.

Ce service est encore plus triste que le service automobile. La semaine est longue. J’ai hâte d’être samedi.

Vendredi après-midi monsieur Duval me fait appeler, je monte moins anxieuse. Je sais, enfin je présume que c’est pour me donner les directives de la semaine prochaine.

... Asseyez-vous mon petit. Comment allez-vous ?

... Bien monsieur je vous remercie.
.... Parfait, alors racontez moi un peu ce que vous avez fait cette semaine.

Je lui explique en quelques mots. Il me regarde souriant et m’écoute attentif. Il griffonne quelques mots sur un bloc-notes.

.... Bien et les autres pendant ce temps ?

 ... Lionnel s’occupait de l’année antérieur.

 ... Lionnel ?

Je souris. . ....... Désolée, monsieur je ne connais que les prénoms.

... Bien ! Bien ! Bien ! Mais ne sont-ils pas six dans ce service ?

Je hausse imperceptiblement les épaules. ........ Difficile à dire pour le matin, et le monsieur qui vient l’après-midi

........ Qui vient l’après-midi ?

Malgré moi je souris ........ Je ne connais pas son nom, il est grand et maigre.

....... Bien mon petit, la semaine prochaine vous continuez dans ce service, ça ne vous ennuie pas ?

....... Non monsieur.

........ Parfait mon petit. Je vous souhaite un bon week-end.

Nous nous serrons la main, je redescends prendre mes affaires, il est l’heure de partir.

Je ne suis pas à proprement parlé, enchantée de continuer dans ce service où règne vraiment une sale ambiance, à part Lionnel qui sans être sympathique, n’est pas désagréable. Il ne s’occupe pas de ses collègues et même s’il n’est pas constant dans les horaires, il fait son travail. Les autres quand ils nous honorent de leur présence c’est pour les entendre déblatérer sur la direction, parler vulgairement des filles ou dénigrer tout ce qu’ils peuvent, à part ça, ils ne font pas grand-chose.

Prête, j’attends mon père, Manou est à la salle de bains. Je me sers un café quand papa arrive. Je lui en offre un. Il demande à Manou si elle veut venir.
 ... Non merci Bernard, Pierre ne devrait pas tarder, je vais l'attendre.
... Vous n'avez besoin de rien ? 

 ... Non ça va, merci. Allez partez vite et revenez pour midi, vous déjeunerez avec nous !
Mon père accepte, et m'entraine, nous partons à la galerie marchande.

Je suis heureuse d’aller avec lui trainer les magasins. Pas de lui faire dépenser de l'argent, non ! Mais d'être avec lui pour échanger nos goûts, écouter son avis. Ça fait tellement longtemps.

Il nous emmène à la ‘’Maison du rêve’’. Ce grand magasin de meubles chic et de bonne qualité, mais assez couteux.

...... C’est cher ici papa

..... C’est de la bonne qualité ma puce !

Nous faisons le tour du magasin, je m'arrête sur un ensemble, lit, bureau armoire et table de chevet en pin vernis. L'armoire à trois portes, celle du milieu à une grande glace. Le bureau comporte 3 tiroirs et une tablette pour clavier d’ordinateur

... Ça te plait Méli.

........ Elle est jolie. Non ?

Mon père sourit ........ Oui elle est jolie !  

...... Je peux prendre une couverture ou une couette ? 

... Oui, prends ce qu'il te faut, je te laisse carte blanche.

 ..... D’accord, merci papa.

Je prends deux oreillers, une couette épaisse et sa housse d’un côté rose clair, l’autre face est fuchsia. Deux draps housse assortis je me dis que pour l'instant je me débrouillerai avec ça. Manou a des draps. Bon d'accord ils sont en gros coton blanc, mais utiles tout de même. Mon père me fait prendre un matelas neuf.

Les paquets ne rentrent pas dans la berline, nous louons pour 1 heure une camionnette. Le gars du dépôt nous aide à charger.

A notre retour mon oncle accroche les voilages que Manou à laver. Il vient à notre rencontre nous prêter main forte. Les deux hommes entassent les paquets dans le couloir et un peu dans le salon. Papa va rendre la camionnette et récupérer sa voiture.

J'embrasse mon oncle et lui demande où est Lison.

... Elle dort tu parles ! Ta tante viendra à midi.

Je demande à Manou si elle a du café de fait.

 .... Ma poupée, nous n'allons pas tarder à manger. 

... Oui Manou mais j'ai envie d'un café, ça t'ennuie 

... Pas du tout ma poupée, sers-toi.
... Merci Manou.

Je bois mon café debout devant le meuble de la cuisine.

Mon père revient à pied, il a été garé sa voiture directement chez lui. Devant chez manou il y a déjà celle de tonton et ma tante ne devrait pas tarder. Mon oncle sourit et entraîne mon père dans la chambre.

Tata arrive avec Lison, elles nous rejoignent dans la cuisine. Je tends la pile d'assiettes à ma cousine, tout en l'embrassant, j'embrasse ma tante qui prend possession de la cuisine.

Le repas est animé, je suis contente d'avoir mon père, je le retrouve, gai et souriant. Le beau temps nous invite à manger dehors à l'ombre sous le gros tilleul.

Tout de suite après manger, mon oncle et mon père déballent les meubles, avec Lison nous emmenons les cartons dans le jardin, en faisant les folles dedans. Tonton fait remarquer en riant, qu’ensemble nous sommes terribles.

L’après-midi ils montent les meubles, me demande dans quel sens je veux mon lit. Je leur dis de le mettre face à la porte, l’armoire sur le côté et le bureau en face.
Avec Lise nous faisons le lit. Ma chambre est jolie, elle sent le neuf, les meubles de la même couleur que le parquet, sont du plus bel effet.

La pièce est spacieuse et claire, de la porte fenêtre donnant sur le jardin je me vois prendre mon bouquin et aller m'installer au pied du tilleul pour étudier au calme dans un environnement serein.

Ce dimanche il est prévu que tout le monde se repose, j’organise ma nouvelle chambre. Mes affaires sont rangées dans l'armoire, mes vêtements pendus. Mes livres ont trouvé place sur une étagère à trois rayonnages, qui traînait à la cave. Mon père l’a poncée et vernie. Mon bureau est prêt. Le cadre de ma mère trône sur ma table de nuit. Mon petit nid a fière allure.

Ce soir je vais étrenner mon nouveau lit, j'ai l'impression d'avoir un petit chez moi. 

Ce matin je ne me lève pas vraiment de bonne humeur, chose qui m’arrive très rarement, mais de savoir la semaine qui m’attend, j’ai une boule au ventre.

Sans précipitation je vais au travail. Au standard Ghyslaine arrive, nous nous faisons la bise, je ne m’attarde pas, il est déjà huit heures quarante. J’ai loupé mon RER à force de trainer.

J’ouvre la porte et sans m’occuper de personne, je reprends ma place de la semaine dernière. Claude me demande si je sais ce que je dois faire, j’ai une terrible envie de l’envoyer sur les roses. Je le fusille du regard, allume l’ordi et me plonge dans le travail. Lionnel n’est même pas là

Un peu après dix heures, Lionnel arrive. Il serre la main des trois types et s’assoit en face de moi. Il allume son ordinateur, il me sourit de ses dents jaunis. Je ne réponds pas à son sourire.

..... Quand vous avez finis une agence, il faut faire le bilan.

Je demande ....... Le bilan ?

..... Oui vous faites la différence entre les bénéfices et les pertes que l’agence sort. Vous avez compris ?

... Je pense oui, merci

... Bien bah je vous laisse travailler alors.

A peine ses dernières paroles prononcées, il prend sa veste et sort. Je ne le reverrai pas

Je raconte à Lise qui me pose des questions sur le climat de ce service. Sur son insistance je lui explique qu’un certain type est un grossier personnage.

.... Tu parles de Jacques Decran

..... Je ne sais pas comment il s’appelle mais vraiment c’est un porc, il dégueule sur tout le monde. La direction en prend plein la tronche

Le soir je raconte à Manou, sans détailler l'ambiance. Elle est contente que je fasse plusieurs postes disant que ça m'ouvre à d'autres horizons.

Jeudi matin, les employés arrivent les uns derrière les autres, je suis seule à me dépatouiller avec ce listing, n’osant rien demander, j’espère ne pas faire d’erreur. Lionel n’est pas là.
Il arrive tranquillement à dix heures. ........ Salut !

Les autres répondent salut, puis continue de chuchoter
Lionnel demande où est Gilbert ?

Le crasseux ........ Il s’est fait virer !

....... Ah bon mais comment ça ?

....... On n’en sait rien, il a été appelé à la direction, il est redescendu à peine dix minutes après en nous disant « méfiez-vous les gars, il y a des putes ! »

... On lui a demandé pourquoi, il a répondu je suis viré !

....... Oh bah merde, mais qu’est-ce qui s’est passé ?

Le moustachu hausse les épaules. ....... Toute façon avec ce jeune con les anciens sont sur la sellette, on le sait !

Lionnel. ....... Ne prends pas les choses comme ça, il se rend bien compte que le travail n’avance pas, il n’est pas abruti. Gilbert ça fait plus de dix jours qu’on ne le voit qu’épisodiquement.

Le moustachu devient tout rouge ......... Pauvre con, ça t’amuse de faire n’importe quoi ?

........ Et alors, je m’en tape de pointer les listings de cinq ans, j’ai ma paie qui tombe, alors ça ou autre chose, je m’en cogne !

..... Bah amuse-toi, mais je ne lèverai certainement pas le petit doigt pour ce connard qui arrive on ne sait d’où

Un type que je n’ai pas beaucoup vu .........Bon en tout cas, le boss est dans les murs, alors faites gaffe les mecs

Le moustachu ... Tu parles d’un boss, un jeune con pédant qui se prend pour Dieu !

Je me replonge dans mon listing sans écouter la suite, n'entendant que le rire gras de cet homme je ne lève pas la tête.

Vendredi en début d'après-midi je suis appelée chez le directeur. J’espère qu’il va me changer de service, deux semaines, c’est grandement. Ce bureau n’est vraiment pas engageant. Je croise les doigts en montant l’étage.

Comme à son habitude, il me reçoit jovialement

... Asseyez-vous mon petit. Comment allez-vous ?

... Bien monsieur je vous remercie.
.... Parfait, alors racontez moi un peu ce que vous avez fait cette semaine.

Je lui explique en quelques mots. Il me regarde souriant et m’écoute attentif. Il griffonne quelques mots sur un bloc-notes.

..... Vous ne faites pas en équipe ?

Je le regarde sans comprendre sa question ............ En équipe ? Comment monsieur ?

...... Vous faites le pointage plus le bilan ?

..... Heu oui monsieur

.... Bien et les autres pendant ce temps ?

... Lionnel a continué l’année d’avant

Il me pose encore quelques questions et m’envoie pour la semaine prochaine au service « Secteur Province »

Il me donne une franche poignée de main me souhaitant bon week-end.  

En sortant de son bureau je suis trop contente. Je ne sais pas si j’aurais supporté une semaine de plus dans cette ambiance malsaine

Publicité
Publicité
13 juin 2000

Enthousiasme

Au standard une jeune femme, me sourit et me demande par qui je suis attendue.

... Bonjour madame, je suis la cousine de mademoiselle Robin.

... Elle ne devrait pas tarder.

... Merci, je vais l'attendre.

Je me mets sur le côté de façon à ne pas gêner, quand je vois Lison arriver.

Elle m'embrasse. ... Tu vas bien ?  Viens je te présente.

Elle va vers la jeune femme derrière le standard et lui fait la bise.
... Ghyslaine, je te présente ma cousine Mélissandre, elle t'a remplacé

Ghyslaine sourit ....... C'est gentil ça, merci cousine.

Je souris, et demande à Lise ce que je dois faire. Elle me répond par une moue qui prête à sourire
... Heu bah attends Duval, il ne va pas tarder.

Elle me sert un café, qu'elle pose sur l'arrondi du comptoir. Les employés défilent nous saluant et nous souhaitant une bonne journée. J'attends un bon quart d'heure, quand monsieur Duval arrive enfin.

... Bonjour madame et mesdemoiselles.

Les deux collègues répondent en cœur ... Bonjour monsieur le directeur.

Je murmure un timide bonjour. Il ne s'attarde pas ...... Montons mademoiselle Robin !

Je prends mon sac et le suis dans l'ascenseur. Nous longeons ce couloir à la belle moquette épaisse. Il ouvre la porte de son bureau et me laisse entrer. J'ai le cœur qui bat. Va-t-il me dire que mon contrat est fini ?

... Asseyez-vous j'arrive.

Il passe la tête par la porte de communication de l'autre bureau et demande un café.

Il s'assoit en m'offrant un gentil sourire. ... Bien mademoiselle Robin, cette semaine vous serez au service automobile.

... Oui monsieur, pourriez-vous m'indiquer où je dois me rendre ?

... Au premier étage 2e porte de gauche en descendant. C'est marqué sur la porte.

Je vais pour me lever quand il me fait un geste de la main. La dame grise arrive avec un petit plateau contenant une tasse de café qu'elle pose sur le bureau sans un mot. Elle repart comme elle est venue sans bruit. Je remarque qu'elle est exactement habillée comme la 1e fois que je l'ai vue. Sa robe grise assortie à ses cheveux gris raides coupés courts. Elle ressemble à une petite souris grise. Jamais un mot, jamais un sourire.

... Je vais vous faire signer un nouveau contrat, si vous voulez bien rester avec nous !

Je souris et le cœur battant le remercie. Il me tend comme la dernière fois des feuillets à parapher et signer. Mon pouls s'accélère, en en-tête et en lettres capitales je lis

« CONTRAT DE TRAVAIL »

Durée de trois mois en date de ce jour

Je reste sans voix.  Une immense joie s'empare de moi. Mentalement je compte tout juin, tout juillet et tout août. C'est plus que mes espérances. Sait-il qu’il m’offre la possibilité de continuer sans trop me poser de questions ? Sait-il que par ce contrat je vais pouvoir aller au premier semestre ?

Je paraphe à côté des initiales M.J déjà apposées et signe à droite de cette belle calligraphie. Je lui tends les papiers

Il décroche son téléphone et compose un numéro

....

Monsieur Duval. ...........Je vous envoie mademoiselle Robin.

....

Pour commencer une semaine !

....

Bonne journée.

Il raccroche et me sourit ... On vous attend.

... Merci monsieur.

Je descends les étages à pied, regarde les plaques sur les portes, et frappe à celle qui indique le service ou je dois me rendre.

... Entrez !

Je me trouve dans un petit bureau en verre, un monsieur sans âge me regarde de la tête aux pieds, peu avenant.

... Bonjour monsieur, je suis ....

Il me coupe la parole, et d'un ton sec ......... Je sais qui vous êtes. Venez !

Il se lève et m'emmène dans la pièce attenante où se trouve 6 bureaux et deux employés présents

... Dubreuil pouvez-vous initier cette personne. Faites-lui faire les récapitulatifs depuis septembre avant que l'autre aboie

Il a parlé sèchement et repart aussi vite qu'il est entré. Ça n'a pas duré deux minutes.
Un homme la quarantaine, petit légèrement bedonnant se lève et vient me serrer la main.

.......... Bonjour je suis Fabrice, venez je vais vous montrer.

Il me fait prendre place à une table de travail, un épais listing à côté d'un ordinateur.

... Vous savez vous servir d'un ordinateur ?

... Oui monsieur.

... Appelez-moi Fabrice, et vous ?

... Mélissandre.

... Joli ! Vous n'étiez pas au standard ?

... Oui je faisais un remplacement.

.... Ah d'accord. Bon ce n'est pas compliqué, sur le listing vous avez le parc automobile rangé par catégorie de véhicules, sur l'ordinateur c'est classé par agence. Il suffit de relier la voiture et de la mettre dans l'agence correspondante. D'accord ?

... Heu, je vais essayer.

... Vous avez compris ?

... Désolée, non pas vraiment.

A l'aide d'un crayon papier, il entoure sur le listing la première ligne qui représente une description de véhicule avec une immatriculation. ... Regardez ce véhicule est dans une agence, il suffit de la retrouver et la pointer en notant sur le listing l'agence.

... D'accord.

... Fais attention, tu peux avoir plusieurs agences dans la même ville. Par exemple Paris tu as les agences A-B-C jusqu'à H

... Et par quel moyen je les différencie ?

... Par ordre d'importance, toutes les villes sont classées pareilles. La A est plus importante que la B, la C moins importante que la B, tu comprends. Les plus importantes sont souvent du nom des gares. Comme Saint-Lazare ou agence de l'est

... Oui merci.

... Si tu as un souci, demande-moi.

... D'accord merci.

Il me tend le crayon et va s'assoir. J'ai entendu qu'il m'avait tutoyé, je ne dis rien.

Je commence par la première ligne du listing, sur la page de l'ordinateur je cherche l'agence 124, je m'aperçois qu'elles ne sont pas rangées par numéraire mais par lettre alphabétique, et comme je ne les connais pas, je perds beaucoup de temps.

Une fois que j'ai pointé, je fais une croix sur le listing pour m'y retrouver et note l'agence, comme me l'a conseillé Fabrice.

Je ne lève pas le nez de toute la matinée. Vers onze heures un type arrive, il me dévisage et va s'assoir sans un mot, il ouvre un journal.

L'autre type après avoir été collé au téléphone plus d'une heure a quitté le bureau.

A midi quand Fabrice me dit qu'il est temps d'aller manger, je suis contente. Je descends l'étage à pied histoire de me dégourdir un peu les jambes. Lise m'attend.

Lise ... Tu manges avec nous Ghyslaine ?

....... Non ne m'attendez pas.

Je pars avec ma cousine laissant sa collègue. Nous allons à la brasserie qui fait poulet rôti  

Tout en mangeant Lise me demande ou je suis placée.

... Au service automobile.

... Lequel ?

... Heu je ne sais pas pourquoi, il y en a plusieurs ?

Elle rit ....... En fait tous les services s'appellent service automobile.

Je souris ...... Je suis au premier, celui qui m'a expliqué s'appelle Dubreuil

Lison fait une grimace ... Beurk, ils ne sont pas très courageux dans ce service.

Je souris sans répondre, et termine mon assiette.

Elle me parle des employés, me rapportant des ragots dans des termes pas vraiment plaisants et qui me gênent.

Sa collègue est assise, à croire qu'elle n'a pas bougé de sa place. Je bois un café avec les filles. Quand je vois Fabrice rentrer, je monte aussi.

Je reprends ma place et continue mon pointage jusqu'au soir. Je n'ai qu'une hâte, que la journée se termine. Ce travail est un peu rébarbatif. Personne ne parle, nous travaillons dans un silence monacal. L'employé parti dans la matinée, arrive avec un autre que je n'ai pas encore vu. Ils n'en feront pas plus

Ce midi, je préviens ma cousine que ce soir je ne peux pas traîner, le technicien d'internet vient pour 18 heures faire l'installation.

A l'heure pile, je range mes affaires, dis au revoir à la cantonade sans attendre de réponse et rejoins Elise qui m'attend.

Au RER nous nous faisons la bise, nous souhaitant une bonne soirée.

Devant chez Manou une camionnette se gare. Je presse le pas. Un gars descend et demande Mademoiselle Robin

... Bonsoir, c'est moi, entrez.
Je l'introduis dans la maison tout en appelant ma grand-mère qui arrive du salon en criant ... Oui ma poupée

.... Manou, c'est le technicien.

Le gars chargé d'un carton d'emballage et d'une mallette d'outils me demande ou est la prise téléphonique

Je le conduis au salon. Il me suit, débranche le poste de télévision et le téléphone pour brancher les appareils. Il m'explique la télécommande. Vérifie que tout fonctionne bien.

Je fouille dans mon sac à la recherche de quelques pièces, et en le remerciant lui glisse un pourboire.

Dans ma chambre, je troque mon tailleur contre une longue tunique. Assise sur mon lit, mon pc sur les genoux, je tape le numéro à rallonge pour me connecter. Je clique sur le moteur de recherches.  Euréka ça fonctionne. 

Dans ma boîte mails, deux, trois pubs que j'efface tout de suite. J'ouvre le système pour une discussion. Je cherche ma cousine et lui envoie une invitation. 

J'envoie un mail à mon père, le rassurant sur ma vie et lui demande si à l'occasion il pourrait m'apporter le reste de mes bouquins. Je surfe un peu en attendant l'heure du repas.

Manou maugrée après sa télé, elle est un peu perdue avec sa nouvelle télécommande. Je ris en l'embrassant, et lui explique, que dorénavant la télécommande de sa télé ne lui servira que pour allumer ou éteindre le poste, quant à l'autre pour changer les chaînes, monter ou descendre le son. Je joins le geste à la parole pour lui faire la démonstration. Manou me remercie et joue avec sa télécommande.

Manou .... Ah oui d'accord, et celle-là j'éteins le poste.
 ... C'est ça Manou. 

.... D'accord ma poupée j'ai compris, allons manger.

Elle nous a concocté un lapin à la moutarde, je me régale, à en sucer les os et mes doigts. Manou rit de mon manque de convenances.

.... Je suis tellement bien ici Manou. Je me sens libre, sans être obligée de jouer à la petite fille modèle
 ... Tu as raison ma poupée, fais comme bon te semble.

Nous échangeons sur les bons usages et le manque de savoir-vivre de certaines personnes

La cuisine rangée, Manou va à sa télé, je vais prendre une douche.

Je m'allonge à demi sur mon lit, mon ordinateur sur les genoux relevés. Elise a répondu à mon invitation en m'envoyant un smiley qui tire la langue. Je souris. Tout en laissant la fenêtre ouverte, je vais sur le programme de mes études, il n'y a aucune info. Une photo de l'école nous invite à nous rendre sur notre espace personnel à partir du vingt-août. Je referme la fenêtre, mon pc émet un bip.

-      Alors Méli-mélo ça va ?

-      Ça va oui merci et toi ?

Nous échangeons une bonne partie de la soirée. La fatigue commence à me gagner au moment où Elise m'écrit

-      Je vais te laisser Mél à demain au taf.

-      A demain ma Lison, bisous

-      Bisous l'intello.

Je coupe la connexion éteins le pc et me glisse dans mon lit, je m'endors rapidement

Ce matin je pars avec un peu plus de courage que durant cette longue semaine. Je pense à demain qui ramène tonton et tata

Je suis écœurée par les employés de ce service qui se la coule douce. Le pseudo chef ne dit rien, j'ai remarqué qu'il était souvent absent, en n'en faisait pas beaucoup plus. Ils ont un emploi et ne connaissent même pas leur chance.

Cet après-midi, Leduc m'appelle. Inquiète je vais voir ce qu'il veut.

 ... Vous êtes demandée chez le directeur.

... Bien monsieur.
Je monte le cœur battant, que me veut-il ? Ai-je fait des erreurs dans mon travail ? Le chef se serait-il plaint de moi ? Je frappe et attends, une angoisse me prend aux tripes. J'ai les mains glacées.

... Entrez !

Je ferme doucement la porte et m'avance jusqu'à son bureau.

... Asseyez-vous. Comment allez-vous ?

Une boule obstrue le fond de ma gorge, je déglutis pour répondre d'une voix à peine audible.

... Bien monsieur.

... Comment ça se passe au service automobile ?

... Bien, enfin je pense

... Que vous a-t-on donné à faire ?

... Le pointage d'un listing.

... Toute la semaine ?

Mon pouls s'emballe, ne va-t-il pas penser que je suis lente ?

... Oui monsieur

... Bien ! Bien ! Bien ! Et les autres ? Ils pointent aussi des listings ?

... Je suppose monsieur !

... Vous devez bien vous rendre compte s'ils font le même travail !

Il parle gentiment, sans se départir de son sourire. Je baisse les yeux, imperceptiblement je hausse les épaules en signe d'impuissance.

... Et le chef de bureau monsieur Leduc ?

... Je ne le vois pas beaucoup monsieur.

... Oui il s'absente souvent n'est-ce pas ?

... Oui monsieur.

... Bien ! La semaine prochaine vous irez au service commercial avec monsieur Martel. C'est au premier.

Je suis contente de changer de poste. Je m'ennuie dans ce service ou pas un bruit ne se fait. C'est à croire que je travaille avec des muets. Ils sont tout juste capables de dire bonjour et bonsoir. Seul Fabrice m'adresse de temps en temps la parole. L'ambiance n'est pas vraiment le summum de la courtoisie.

Je me lève et serre la main du directeur. Dans le couloir je m'adosse au mur, espérant calmer mon pouls. Je passe par les lavabos. En mettant mes mains en coupe, je bois deux grandes rasades d'eau fraîche. Passe mes doigts dans mes cheveux et redescends.

En rentrant du travail, Manou me tend une enveloppe à l'entête de la FAC. Anxieuse je l'ouvre, vais directement au deuxième feuillet

« Admise » avec les félicitations du jury ''Mention très bien''. J'exulte et pousse un cri. Les mains tremblantes je tends les papiers à ma grand-mère

.... Explique-moi ma poupée

.... Manou, j'ai ma licence. J'ai réussi

 .... Tu es méritante ma puce. Tu as tellement étudié.

Je ris et pleure à la fois. Ma grand-mère m'attire à elle et m'embrasse toute aussi émue que moi. Je lui demande si je peux téléphoner à Lise

Ma cousine pousse un cri de joie dans le téléphone ... Ah ouais carrément, c'est trop de la balle.

... Tu m'étonnes, je suis trop heureuse, je vais pouvoir m'inscrire au master. Tu peux le dire à parrain ?

..... Oui bien sûr, je vais leur annoncer.

Nous papotons dix minutes, elle me demande si je reste dans le même service la semaine prochaine. Je lui relate les mauvaises impressions que j'aie et espère tomber dans un meilleur service. Elle me conseille d'en parler à Duval.

... Non Lise, je ne suis pas là pour faire de la délation.

...... Ouais, mais bon quand même !

Nous raccrochons. Je rejoins Manou pour manger.

En allant dans ma future chambre, je réfléchis. J'aimerais bien repeindre les meubles plus clairs. Allez, ce n'est pas très important, je suis si bien ici.

J'envoie un petit message à mon père, lui donnant mes résultats de partiels et la réussite de ma licence, je l'embrasse fort.
Je clique sur la fenêtre de ma cousine. L'indicateur me fait savoir qu'elle est connectée

Nous échangeons jusqu'à vingt-trois heures, elle me dit à demain et coupe. Je pose mon pc et me couche. Je ne tarde pas à m'endormir

Publicité