Le bonheur de manou
En me réveillant, je suis seule dans le grand lit. Je me lève d’un bond et vais me préparer rapidement, pour descendre déjeuner. Hier dans la matinée, nous sommes passés au bureau brièvement avant d’aller à Neuilly. Nous avons couché sur place. Dans le dressing, ma robe d’une grande splendeur est suspendue.
Je me retrouve dans la salle à manger déserte, j’avale un café et un petit pain, et vais dans le salon faire ma curieuse. Alexandre discute avec mon mari
... Darling, te voilà réveillée !
J’embrasse Alexandre et mon mari qui m’enlace.
Matthieu .... Bien, allons, nous préparer, il est temps.
Je demande à quelle heure est la cérémonie
Matthieu .... Onze heures à la mairie.
Nous montons, j’ai un peu plus d’une heure pour me préparer et être belle pour ma grand-mère. Je prends une douche et me lave les cheveux, une coiffeuse doit venir, si elle n’est pas déjà là. J’enfile une robe avec boutonnage devant.
Matthieu vient me prévenir, que justement on m’attend dans la bibliothèque pour me faire peigner.
Maryse se fait faire les ongles, ma grand-mère des rouleaux sur la tête, les yeux brillants me sourit. J’essaie d’expliquer à la jeune femme ce qui me plairait comme coiffure. Elle me tend un catalogue, je le feuillète et lui montre le chignon ressemblant à celui de Bénédicte.
Une demi-heure plus tard, je remonte m’habiller et me maquiller. La coiffure n’est pas exactement celle de Bénédicte malgré tout je suis satisfaite.
Prête, je descends à la recherche de mon mari. Dans le salon, la coiffeuse range son matériel, Matthieu élégant dans son magnifique costume croisé arrive en me souriant.
... Madame Jorelle, si je n’étais marié, je vous épouserais. Vous êtes ravissante.
Je me sens rougir et ris en le traitant de bêta. Nous nous embrassons passionnément. Une onde de chaleur m’envahit tout entière. Nous entendons tousser discrètement, nous nous séparons. Catherine annonce la venue de monsieur et madame Robin accompagnés de mademoiselle Frontasky
J’embrasse mon père très beau dans un costume trois pièces, Anne-Marie est ravissante, Christine gracieuse dans une belle robe longue, peignée moderne et maquillée à la perfection, me sourit. Je sens la touche de mon amie Béné.
Alexandre en costume très chic vient saluer mes parents, je ne peux m’empêcher de féliciter ma petite amie
... Tu es magnifique Christine.
... Merci Mélissandre, toi aussi.
Maryse dans une très belle robe, certainement de haute couture, parée de ses bijoux entre au bras de Patrick.
Maryse ... Il vous faut partir Matthieu
Avec Alexandre et Christine nous allons à la mairie. Il est prévu que Maryse et Patrick partent avec mon père et Anne-Marie
Sur la place de la mairie, un petit attroupement, robe longue et costumes chics, les gens s’embrassent entre eux. Je salue les de Chambault
Je vais dire bonjour à mon oncle, nos regards se croisent, je m’arrête net devant ce visage sévère et peu engageant. Matthieu son bras autour de mes épaules me pousse vers lui. Je l’embrasse sans qu’il réponde à mes baisers, ma tante à une tête si triste qu’on pourrait penser qu’elle va se mettre à pleurer.
Je me détourne d’eux le cœur gros. Je vais vers mes parents, entrainant Matthieu avec moi.
J’aperçois tout de suite manou. Mon cœur loupe un battement. Ma grand-mère rayonnante est remarquablement sublime dans une robe longue blanc cassé, un chapeau assorti, on peut sentir la haute couture dans sa toilette, un bouquet d’orchidées en main. Je la serre contre mon cœur, des larmes de bonheur dans les yeux. J’essaie de me retenir afin de ne pas faire couler mon maquillage
.... Oh ma poupée, ne pleure pas.
... C’est de bonheur manou.
Alexandre embrasse ma grand-mère ... N’ai-je pas la plus jolie des belles mamans ? Manou vous êtes resplendissante
... Merci mon grand.
Christine à son tour embrasse ma grand-mère, taquin Matthieu la prend dans ses bras.
....... Manou il va falloir mettre les choses au point, vous devenez ma grand-mère par ma femme, et ma tante par mon oncle, de quoi m’y perdre un peu !
Manou en riant .... Matthieu je ne me fais pas de souci, vous êtes et le savez, mon petit-fils avant tout !
Sur la place de la mairie, un joyeux brouhaha, quelques groupes se forment, ça s’embrasse dans tous les sens. Je sens qu’on me prend le bras, je me retourne et vois Ghyslaine et Marc, je ris et serre mon amie contre moi.
Ghyslaine me demande en riant ...... Hé dis-moi c’est qui ce beau mec avec Christine ?
... Le cousin de Matthieu
... Il n’était pas là à ton mariage ?
... Non je te raconterai.
Matthieu fait rentrer les gens dans la mairie. Manou et mon oncle ferment la marche. Avec Alexandre nous allons près de Patrick en tant que témoins, pendant que du côté de manou, Anne-Marie et Matthieu se placent.
Le maire fait un discours très solennel qu’il termine avec une pointe d’humour qui fait rire l’assemblée. Patrick glisse une alliance en diamant au doigt de ma grand-mère, qui émue lui en glisse une à son annulaire. D’un geste plein de tendresse Patrick prend ma grand-mère dans ses bras et l’embrasse sous les applaudissements des invités.
Nous signons les registres à tour de rôle, manou sort au bras de son mari. Nous suivons derrière. Tout le monde va saluer et féliciter les nouveaux époux. Des flashs crépitent. Dans le lot je reconnais Romain.
Une nuée de confettis virevoltent dans l’air. Manou rit, je la pense un peu tourneboulée. Devant le trottoir est garée une magnifique Cadillac décorée de fleurs sur le capot et la plage arrière.
Patrick entraine manou, nous remontons tous en voiture. Les portières claquent, les klaxons font du tintamarre. Le cortège défile lentement devant les passants émerveillés par cette fabuleuse voiture.
Matthieu comme toutes les voitures, s’arrête devant un manoir. Plusieurs types attendent. Au fur et à mesure les voituriers vont ranger les véhicules
Matthieu, la main dans le bas de mon dos me conduit dans un grand salon décoré en l’honneur de cette union. Alexandre très attentionné auprès de Christine nous suit.
Le salon se remplit de joie, de rires et d’embrassades. Des serveurs passent entre les groupes, offrant champagne et toasts.
Maryse dans un frou-frou de robe salue tout le monde, ajoutant un petit mot gentil. Je n’entends pas ce qu’elle dit à mon oncle et ma tante, je vois un léger sourire sur le visage de tata. Je me sens mal à l’aise ils sont retranchés dans un coin du salon et ne parlent pas, même à mes parents. J’en veux à Lise, de cette gabegie qu’elle a mis dans la famille. A cet instant précis j’ai de la haine pour ma cousine.
Un rire éclate derrière mon dos, je me retourne pensant que c’est Matthieu, Alexandre et la baronne s’embrassent. J’ai envie de sourire de cette méprise.
J’ai décidé de m’amuser, j’essaie de ne pas penser aux parents de ma cousine. Après tout, ils font la tête alors que c’est leur fille qui a tort.
Des serveurs plateau en main, passent entre les convives offrant des coupes de champagne
Je me rapproche de Ghyslaine, qui discute avec Christine.
... Tout va bien les filles ?
Gi ... Oui ma belle, ta grand-mère est rayonnante.
Je souris ... Je la sens très amoureuse surtout.
... Comment ne pourrait-elle pas l’être, Patrick est un homme tellement gentil.
.... Oui effectivement, et je suis si heureuse pour eux. Ils méritent tous les deux
Je regarde Christine, je lui trouve un air béat. ... Tout va bien ?
... Oui merci.
... Tu es sûre ?
... Oui, ne t’inquiète pas. Tout est si beau ici.
Je comprends qu’elle admire ce grand luxe, je passe ma main sous son bras .... Allez, tu as l’habitude maintenant chez Maryse
... Oui mais là c’est encore plus grandiose.
Avec Ghyslaine nous éclatons de rire, Marc et Alexandre se retournent sur nous. Alexandre entoure les épaules de Christine
... Tout va bien tibou ?
Christine baisse légèrement la tête et sourit, et sans nous regarder murmure un ‘’ Oui’’
Alexandre se tourne vers Marc ... On se téléphone après le mariage.
Marc ... Oui, l’endroit ne me parait pas propice aux affaires.
Les deux gars sourient, Matthieu vient nous rejoindre. Les deux cousins nous font rire de leurs facéties.
Des serveurs rassemblent les convives nous priant de passer à la salle à manger.
La salle est de toute beauté. Décorée comme dans un rêve. Des tables rondes recouvertes de longues nappes blanches, les fauteuils habillés d’une housse blanche, retenue par un gros ruban de satin jaune. Sur les tables un chemin de fleurs.
Une petite étiquette annonce la place de chaque convive. Notre table accueille Alexandre et Christine, Ghyslaine et Marc.
La table de Manou et Patrick est formée de mes parents, mon oncle et ma tante. Maryse se retrouve avec les de Chambault et un couple que je ne connais pas.
Les autres tables, de plusieurs personnes dont j’ignore l’attachement à la famille. Je vois à une table monsieur Cériez et monsieur Thibault, et certainement leurs épouses. Je me promets d’aller les saluer
Le repas composé de mets de choix, est vraiment gastronomique. Les préparations et sélections ont étés faites avec gout et raffinement. Une magnifique pièce montée est apportée sur une table roulante, une autre est garnie de petits fours et de coupe de champagne.
Une musique s’élève dans la salle, les bavardages s’arrêtent. Mon oncle, va chercher ma grand-mère, et Patrick sa sœur. Une valse entraine les deux couples. Les femmes changent de bras, et manou valse avec Patrick pendant que Maryse et mon oncle se mettent en retrait.
Manou, les joues roses, les yeux brillants donne l’impression de s’envoler dans les airs. Au signe de Patrick, les gens se lèvent et rejoignent la piste de danse. Matthieu me tend la main, pendant qu’Alexandre en riant invite Christine qui baisse la tête et s’excuse de ne pas savoir danser.
Alexandre ... Laisse-toi guider.
Christine souriant béatement, se lève et suit Alexandre. Ghyslaine et Marc dans les bras l’un de l’autre gagnent la piste de danse.
Dans les bras de mon mari, je me sens vivre, le cœur battant de bonheur je me laisse porter par les notes de musique. Matthieu glisse dans mon oreille
... Madame Jorelle, vous me rendez fou !
Je lève les yeux pour rencontrer son regard pétillant et rempli d’amour.
En retournant à table je demande à Matthieu pourquoi nous sommes si peu au repas.
Matthieu .... Uniquement les proches darling, ce soir nous serons une centaine
... Ah d’accord, d’où les tentes dans le parc
... Exactement madame Jorelle.
Nous retournons sur la piste de danse, enlacés pour ce slow langoureux. Ensuite je passe de bras en bras, mon père, Patrick, Alexandre, Marc, jusqu’au baron de Chambault, qui me fait rire en disant qu’il a l’impression de danser avec une plume
Enfin le calme revient, je retourne à table déguster mon dessert. Marc et Alexandre discutent peinture et travaux. Des yeux je cherche manou et Patrick, je demande si quelqu’un les a vu
Christine ... Ils sont dans le parc, ils font des photos.
Au même moment Matthieu vient me chercher, m’expliquant que nous devons aller nous faire photographier avec les mariés.
La séance photo dure, tout le monde y passe. Groupe, individuellement. Romain mitraille.
Je rentre avec Ghyslaine tout en papotant de cette belle cérémonie.
Gi en riant m’apprend que Marc qui vient de se mettre à son compte, a la possibilité d’avoir un gros contrat grâce à Alexandre.
... Oh mais c’est super ça, dis-moi. Comment en sont-ils arrivés à s’entendre ?
... Je ne voulais pas te faire part de mes soucis, mais le patron de Marc a déposé le bilan le mois dernier, du coup mon mari a décidé d’essayer de se mettre à son compte en reprenant une partie de la clientèle. Mais comme le patron n’a fini aucun chantier, les clients demandaient à Marc de les finir sans être payé. Du coup il a refusé. Un midi ou tu n’étais pas là j’en ai vaguement parlé à Christine, et le cousin de Matthieu est allé voir Marc pour lui expliquer qu’il allait acheter un cabinet médical et un appartement et qu’il cherchait une entreprise sérieuse pour les travaux.
... Mais ton mari est peintre, il saura prendre en charge tous les travaux ?
... Oui, il est très bricoleur, tu sais il a tout fait chez nous. Quand nous avons fait construire pour économiser nous n’avons pas fait réaliser les finitions. Marc à tout fait, les carrelages, les faïences, les peintures. Il a monté la cuisine équipée. Bref il a des doigts en or.
... Ah bah écoute ma biche, je suis contente pour vous. C’est trop cool, pour le lancer.
... Oui nous allons pouvoir respirer un peu.
... Et Marc vient voir les travaux quand ?
... Dans la semaine. Alexandre veut les démarrer rapidement, dès la signature chez le notaire.
Les gens rentrent par petits groupes, avec mon amie nous changeons de conversation. Je lui glisse
... On en reparlera tranquillement.
Ghyslaine fait oui de la tête.
Patrick nous invite à reprendre nos véhicules pour nous rendre à Neuilly. Machinalement je regarde l’heure il va être dix-neuf heures. Je n’ai pas vu la journée passer. Du regard je cherche mon mari, qui discute avec mon oncle et ma tante
Tonton fait oui de la tête, serre la main de Matthieu. Mon mari embrasse ma tante.
En voiture je n’ose pas demander à Matthieu, Alexandre et Christine sont assis derrière nous. Matthieu nous dépose devant le grand escalier de la maison et va garer la voiture au garage. Georges fait la circulation, indiquant aux gens les places à prendre pour leur véhicule.
La Cadillac arrive, Patrick descend du véhicule et tend la main à ma grand-mère qui sort, radieuse.
Maryse et Matthieu entrainent les invités dans l’allée menant à la gloriette.
Les tentes sont décorées. Une arche de roses jaunes surplombe une table. Au centre un cœur garni de leurs deux initiales. Je suis ébahie.
Matthieu enlace ma taille ........ Rêveuse madame Jorelle ?
... Comme tout est beau.
Matthieu tourne ma tête vers lui, dans son regard je peux lire de la tristesse ... Aurais-tu apprécier la même chose à notre mariage ?
... Ah non, heu non pas du tout, simplement je trouve ça beau.
... Oui c’est beau, très beau, mais je ne suis pas pour ce genre de grande réception. M’en excuses-tu ?
... Mais oui bien sûr, nous avons aussi eu un beau mariage.
Je me hisse sur la pointe des pieds pour effleurer ses lèvres.
Des gens par dizaine arrivent, le parc est rempli d’animation. Un immense buffet est servi. Le champagne coule à flot, une douce musique fait danser quelques couples sur le plancher de la gloriette
Je vais voir mon père, savoir si tout se passe bien, et lui demande où sont passés mon oncle et ma tante.
.... Ils sont partis après le restaurant ma puce.
... Ah bon pourquoi ?
... Ils ne voulaient venir qu’à la cérémonie, je crois que c’est ton mari qui a insisté au nom de manou, pour qu’ils aient au moins la décence de rester au repas de ce midi
.... Pfff quelle merde !
Mon père sourit, je dis si rarement des mots... Ma puce, on en est là aujourd’hui par sa faute, arrête de culpabiliser, tu n’y es pour rien.
... Sais-tu ce qu’elle devient ?
... Le beau-frère de Pierre l’a prise dans son magasin elle fait de la manutention, du ménage. Bref Pierre a demandé à Georges de la faire marner pour lui apprendre la vie.
... Alors qu’elle avait un emploi tranquille. Et moralement ?
... Nous la voyons très peu, mais il est certain qu’elle a perdu de sa verve.
... Bon bah si ça peut la rendre meilleure, qu’elle se rende compte du mal qu’elle a fait et ce qu’est la vie
J’embrasse mon père qui me serre dans ses bras.
La fête bat son plein, Maryse dans le micro invite les jeunes filles à venir pour le bouquet de la mariée. Quelques jeunes filles se faufilent et forment un demi-cercle, je ne vois pas Christine. Je lève le bras en direction de Maryse et cherche mon amie des yeux dans cette foule. Maryse a compris, dans le micro elle appelle Christine qui rouge de timidité avance poussée par Alexandre.
Manou regarde les jeunes filles tour à tour, puis se tourne. Elle lève le bras au-dessus de sa tête et lance le bouquet. Je vois les fleurs tournoyer dans les airs. Une main que je reconnais lève le bras de Christine. Je souris. Alexandre est un malicieux. Un hourra est poussé. Christine tout sourire va embrasser ma grand-mère qui lui glisse quelques mots à l’oreille.
Ghyslaine qui m’a rejoint me dit en riant ... Dis donc ma belle, je crois que les mariages chez les Jorelle-Duval ne sont pas finis.
Je ris de bon cœur .... Oh doucement !
La clairvoyance de mon amie ne m’étonne qu’à moitié.
Vers trois heures du matin, certains commencent à partir. Nous irons nous coucher une bonne heure plus tard.
J’apprends que beaucoup de monde couche là. Mes parents et Christine. Ghyslaine et Marc, les de Chambault et d’autre que je ne connais pas.
Je m’étire dans le lit. Matthieu rieur me traite de marmotte. Nous nous levons pour nous préparer, mon mari m’offre une très jolie robe courte en mousseline jaune très pâle. Nous regagnons la salle à manger pour déjeuner. En place Maryse, Alexandre, Christine et Nicolas sont attablés.
Nous saluons tout le monde. Matthieu me tend une tasse de café. Tout le monde à l’air plus ou moins endormi. La tablée est bien calme.
Maryse .... Quel beau mariage, je suis satisfaite de cette réussite.
Matthieu ... Ma tante vous aviez fait les choses grandement.
Maryse sourit .... Il le fallait bien, j’avais une revanche à prendre sur le mariage de mon neveu
Matthieu rit ... Ma tante vous savez pertinemment que les mondanités ne sont pas pour nous !
Maryse .... Les mondanités, vont avec notre rang à tenir
Alexandre qui ne veut pas être en reste ... Ma tante, ne serait-il pas démodé votre rang ? Les comtes et barons à notre époque, c’est plutôt dépassé non ?
Maryse railleuse répond vivement. .... Les jeunes, vous oubliez facilement la bienséance !
Alexandre sèchement répond à sa tante ... Aurait-il fallu qu’en pension on nous l’apprenne !
Maryse chagrinée .... Je sais bien mon petit, et peut-on m’attribuer ce délit ?
... Non évidemment que non, mais que venez- vous nous demander de vivre selon vos idéologies ?
... Il est manifeste que vous étiez malgré tout, mieux là qu’ici à vous faire insulter
... Il est manifeste ma tante, que vous n’avez pas fait montre d’un tempérament énergique !
Je suis sidérée, j’ai l’impression d’avoir Matthieu en train de remettre sa tante en place. Je regarde mon mari qui l’air sombre ne s’oppose en rien. Je n’ai pas suivi la réponse de Maryse que je trouve d’un coup, attristée. Mon cœur se serre, cette femme est la bonté même.
Alexandre ... Alors permettez-moi ma tante, d’avoir cette personnalité, ce qui m’évitera à l’avenir bien des désillusions.
Maryse sourit ... Je te reconnais, tout comme Matthieu avec ce caractère Duval. Votre grand-père était de la même trempe.
Alexandre se radoucit .... Alors nous aurons hérité du mieux, si ce n’est du meilleur.
Au même moment mes parents arrivent bras dessus, bras dessous. Je me lève pour les embrasser, Matthieu les prie de s’assoir pour partager notre petit déjeuner
Mon père ......... Merci Matthieu, une tasse de café pour nous réveiller, nous avons déjà déjeuner, nous sommes allés prendre un peu l’air.
La conversation est moins tendue. Je respire tout en regardant Alexandre d’un autre œil. Je trouvais une ressemblance saisissante entre les cousins, je m’aperçois qu’ils sont copie-conforme tels des jumeaux. Je comprends qu’ils ont souffert par ces gens de peu. Je conçois la dureté de Matthieu envers la famille Marsaque-Gaubert.
D’un commun accord, nous sortons dans le parc faire quelques pas. Les tentes sont démontées, il ne reste plus rien de la cérémonie, si ce n’est que cet arceau de roses. Manou et Patrick sont assis sous la gloriette en compagnie du comte et la comtesse. Je vais les embrasser. Alexandre et Mathieu vont les saluer.
Alexandre prend ma grand-mère dans ses bras et lui claque deux bises sur les joues.
... Bonjour ma bonne mère !
... Bonjour mon grand, as-tu bien dormi ?
... Je vous remercie, et vous-même ?
S’ensuit un discours entre les deux que je ne peux pas suivre, la comtesse comme à son habitude s’extasie devant ma mine superbe.
Nous nous asseyons avec les anciens qui échangent des propos sans grande importance. Une conversation bon enfant.
Sans écouter vraiment, je pars dans mes pensées. Et si Christine tombe amoureuse de ce bel homme, aura-t-elle la force de lutter contre ses colères ? Ne va-t-il pas l’écraser ? Petite puce qu’elle est ! Mon cœur se serre pour cette petite sœur, qui est peu armée contre la vie, ne connaissant rien à rien.
Il me faudra en parler avec Anne-Marie, elle saura conseiller Christine, la mettre en garde.
Je vois tout le monde se lever, machinalement je me lève. Alexandre donne la main à Christine, je les laisse passer et descends les quelques marches. Je n’ai même pas remarqué que Matthieu n’était plus là.
Nous allons vers le domaine, le salon est plein de monde. Une joyeuse cacophonie raisonne. Ghyslaine s’approche et m’embrasse.
... Alors ma belle, depuis ce matin je te cherche.
... Ah ! Désolée ma biche, j’étais un peu partout.
... Hou là, qu’est ce qui se passe ?
... Non rien, je t’expliquerai.
Matthieu s’approche deux coupes de champagne à la main, qu’il nous offre avec un grand sourire
...Les inséparables, tout va bien ?
Gi ... On ne peut mieux, merci Matthieu
Matthieu .... Alors c’est parfait !
Il retourne auprès de certains invités, je m’écarte avec Ghyslaine qui me demande si mon oncle et ma tante viennent.
... Aucune idée pourquoi ?
... Je te dirai aussi.
... D’accord, donc mardi on prend une journée échanges de confidences.
Nous rions.
Le repas est excellent, manou rayonne, je crois qu’elle est sur une autre planète. L’après-midi sera calme, certains se relaxent dans le salon, d’autres dans le parc.
Ghyslaine, Christine et moi sommes assises sur l’herbe près de la grande fontaine. Marc est avec Matthieu et Alexandre, je les suppose à parler de travaux et devis. Je me lève un peu agacée et me dirige vers eux
... Dites-moi monsieur Jorelle est-ce le jour de parler chiffres et compta ?
Mon mari se retourne vers moi moqueur .... Dites-moi madame Jorelle, est-ce le jour de papoter avec vos deux amies ?
... Bah disons que je me sens un peu esseulée sans mon mari, je me réfugie donc auprès des personnes qui me montrent un peu d’intérêt !
Alexandre éclate de rire, suivi de Marc. Matthieu répond en riant .... Madame Jorelle, vous voulez me faire croire que votre mari se désintéresse de vous ?
Il me prend dans ses bras et me fait tournoyer. Je demande grâce, jusqu’à ce qu’il me repose par terre en riant .... Madame Jorelle, je vous prouverai mon intérêt ce soir.
Je deviens écarlate devant les deux hommes qui sourient.
... Oh bah la discrétion ne t’étouffe pas dis donc !
... Que viens-tu me dire devant mon cousin et Marc que je te délaisse !
Il m’enlace et m’entraine vers Ghyslaine et Christine qui n’ont rien perdu de la scène et de notre échange. Ghyslaine les yeux rieurs me sourit, Christine les yeux agrandis, bouffe Matthieu du regard
Marc s’assoit près de sa femme, quant à Alexandre sans se cacher s’assoit à côté de Christine, il la prend dans ses bras et l’appuie contre lui.
Certaines personnes viennent nous saluer avant de partir.
Au lunch du soir, nous nous retrouvons très peu dans la salle à manger. Ghyslaine et Marc partent aussi. Je suis un peu peinée, mais il est vrai qu’elle n’est invitée qu’en tant qu’amie.
Manou et Patrick assis en milieu de table, à côté de manou mon père et Anne-Marie, à gauche de Patrick Maryse.
Christine, Alexandre, Matthieu et moi leur faisons face.
Par-dessus la table Patrick tient la main de ma grand-mère. Mon père lance à Matthieu une invitation pour samedi prochain
Matthieu ... Bien sûr avec plaisir.
Mon père ... Maryse et Alexandre, vous êtes attendus aussi !
Maryse .... Merci Bernard, ce sera avec grand plaisir.
Et hop, la conversation part sur les mets culinaires, Maryse en riant demande si un barbecue serait propice à cette invitation
Mon père ... Si c’est un plaisir, bien sûr que nous pouvons faire un barbecue
Maryse ... Ici lorsque je demande, c’est toujours problématique
Matthieu ... Et pour quelle raison ?
Maryse ... La cuisine prétexte qu’ils ne sont pas outillé pour ça
Matthieu ... Et que ne faites- vous faire un barbecue ?
Maryse ... Parce que je n’y pense pas tout simplement !
Matthieu regarde son cousin ... Peux-tu t’en occuper ?
Alexandre ... Mais bien sûr, les exigences de madame la comtesse seront exécutés !
Maryse ... Ne soit pas narquois, je te prie.
Alexandre moqueur ... Telle n’était pas mon intention !
Matthieu détourne habilement la conversation en priant mon père d’accepter que nous nous occupions du dessert
En riant je me rebelle .... Alors c’est moi qui choisirais !
Matthieu ... Si tu veux bien sûr ! Tu as peur que mes tendances ne soient pas à ton goût madame Jorelle ?
... Oui exactement ! Parce que je sais d’avance que tu commanderas un fraisier
Tout le monde éclate de rire devant ma mine.
Maryse ... Vous avez raison, mon petit, ne vous laissez pas acheter avec un fraisier
La bonne humeur est revenue. Mon mari me taquine, je réponds sur le même ton plaisant.
Nous finirons la soirée devant des cafés et liqueurs ou alcools forts pour les hommes, servis au salon
Mon père et Anne-Marie nous disent au revoir, nous les raccompagnons jusqu’à leur voiture garée devant les marches. Il est prévu que Christine reste avec nous, puisqu’elle ne travaille pas demain
Enfin nous regagnons nos chambres. Fatiguée, je prends une douche rapide et me couche. Je n’entends même pas Matthieu se coucher.
Je sens son souffle sur mes cheveux. J’ouvre les yeux et le regarde de longues minutes dormir. Mon cœur s’emballe. Qu’il est beau mon mari. Il est des fois ou j’en viens à me demander comment a-t-il pu tomber amoureux d’une simple standardiste. Délicatement j’effleure ses lèvres. Il me sourit
... Tu ne dors pas ?
... Non darling, mais tu dormais si bien, que je ne voulais pas bouger
Nous faisons l’amour. De cette sensualité qu’il m’offre en m’emmenant au bout de la terre. Ce pays qui nous appartient, où nous nous retrouvons seuls, amis, amants, heureux et complices.
Je repose au creux de son bras, écoutant son cœur battre au diapason du mien. Je cherche mes mots, je voudrais lui demander tant de choses, ça se bouscule un peu dans ma tête.
... Ils partent quand manou et Patrick ?
... Cet après-midi par l’avion de 16 heures, il me semble. Pourquoi ?
... Mais alors ça va être court pour eux comme voyage.
Mon mari me serre dans ses bras ... Non darling, ils rentrent dans dix jours.
... Ah d’accord.
... Ne sois pas étonnée si ta grand-mère ne t’a pas remercié. C’est une surprise. Elle sait qu’ils partent en voyage, sans connaitre la destination.
... Ah d’accord. Remarque je n’ai pas prêté attention, dans le sens où c’est toi, qui leur a offert ce voyage.
... Non madame, c’est nous. Nous sommes mariés, de plus Christine et Alexandre ont participé.
... Mais Christine a de tout petits moyens.
... Peu importe la somme qu’elle a mis, l’essentiel est sa participation non ?
... Heu oui bien sûr. Pourquoi ton cousin attaque toujours ta tante ? On dirait qu’il lui reproche son pensionnat.
... Alexandre n’a pas encore fait la rétrospective de son passé.
... Mais ta tante n’y est pour rien. Pourquoi il ne s’en prend pas à son père ?
.... Que te dire ? Il était jeune, il avait trouvé en ma tante une mère, et il a pris pour abandon son placement
... Mais et sa mère ? Elle ne s’occupait pas de lui ?
... A l’époque mon oncle avait un cabinet médical, il était très pris. Sa femme paradait et s’occupait que très peu de son fils.
... Ah d’accord ! Donc c’est Maryse qui la prit en charge.
... Exactement. Alexandre n’a pas vraiment souffert de la mort de sa mère, il ne la connaissait pas ou si peu. Et quand Marsaque l’a mis en pension, il n’a pas compris que Maryse ne se batte pas davantage. En parallèle ma tante était en plein veuvage et m’a mère sa petite sœur se mourrait elle a été très ébranlée par cette double perte
... Mais alors elles sont décédées très proches l’une de l’autre.
... Non, Alexandre a perdu sa mère à quatre ans, la mienne est partie quelques années après.
... Et Alexandre a été placé si petit ?
... Non darling, nous avons été placés à quelques semaines l’un de l’autre dans des régions différentes, pour bien nous séparer. J’allais sur mes quinze ans et Alexandre en avait à peine treize
... Je comprends mieux.
Matthieu sourit ... Que comprends-tu ?
... Non je comprends l’attitude d’Alexandre, mais ne peux-tu lui parler ? Ta tante est malheureuse tu sais. Elle ne mérite pas ses reproches, elle est tellement bonne !
... Darling, c’est à eux de régler leurs problèmes.
... D’accord, donc tu n’interviendras pas !
... Non madame ! Tant qu’Alexandre reste courtois, je n’ai pas à intervenir, je ne suis pas son père.
... Ouais !
... Pourquoi ouais ? Penses-tu qu’Alexandre soit en âge de se faire morigéner par son cousin à peine plus âgé que lui ?
... Non bien sûr !
.... Allez ! Levons-nous madame Jorelle !
Des pieds je pousse les draps et la couverture. Sous la douche je repense aux paroles de Matthieu. Donc Alexandre sera toujours en reproches pour sa tante, elle qui se faisait une joie de le revoir.
Dans la salle à manger, Christine et Alexandre finissent de déjeuner, nous les saluons avant qu’ils ne se lèvent
Matthieu ... Nous vous faisons fuir ?
Alexandre souriant ... Que nenni, mais nous vous laissons tranquilles.
Matthieu ... Vous ne nous dérangez pas non plus. Vous pouvez rester.
Alexandre tire la chaise, Christine se rassoit, je surprends son geste d’agacement. Alexandre prend le pot de café
.... Bien alors je vais vous accompagner !
Il propose muettement à Christine, qui refuse de la tête. Je sonde le regard de mon amie, sans pouvoir lire quoique ce soit. Son visage n’est pas souriant, mais elle n’a pas l’air triste non plus. Je demande
... Tout va bien Christine ?
... Oui merci Mélissandre.
En riant je lui dis ... Tu me dirais si ça n’allait pas !
... Oui bien sûr !
Alexandre ... Ma chère cousine, penses-tu que je sois pour une quelconque raison coupable ?
J’éclate de rire ... Ah non pourquoi ? Le devrais-je ?
Alexandre ... A première vue non ! En seconde vue, peut-être ! Et en troisième vue certainement
.... Hum, je pense que Christine est une grande fille qui n’a pas besoin de moi pour se défendre, et si cas contraire, alors je sortirais les griffes.
... Hum ! Mon cousin aurait épousé une panthère ?
... Une lionne !
Nous rions. Je vois Christine regarder par en dessous mon mari.
... Cessez tous les deux, vous n’avez rien compris. Christine devient muette si je suis dans les parages. Ce n’est pas nouveau !
Un léger sourire se dessine sur le visage de Christine que j’intercepte avant qu’elle ne baisse la tête. Mon mari d’humeur taquine lui demande .... N’est-ce pas mademoiselle Frontasky ?
... Heu ... heu enfin non ça va.
Matthieu écarte les bras en signe de victoire ........ Vous voilà renseignez tous les deux !
... Terroriserais-tu ton personnel ?
... Mais c’est évident ! Me méconnais-tu ?
Alexandre éclate de rire .... Absolument pas mon cher cousin ! Je sais ce dont tu es capable.
.... Je ne me détourne que des insignifiants des piques assiettes et des ramassis !
... Oui j’ai appris ta diplomatie.
... Tu ne vas pas me le reprocher, ce serait un monde !
... Certes non, j’ai savouré ma vengeance à travers toi.
... Nulle vengeance, j’ai simplement remis les choses dans le contexte qu’elles devaient être !
Je les écoute, je sais de quoi ils parlent. Christine doit se sentir un peu perdue, comme moi au début que je suis entrée dans cette famille, et que je les écoutais parler à demi-mot. Décidément c’est une manie chez eux !
La fin de matinée passe rapidement. Un repas léger est servi. J’ai l’estomac encore plein des autres repas. Nous prenons le café au salon. Vers quinze heures, Georges vient prévenir que la voiture de madame et monsieur Duval est avancée. Je tourne la tête, Patrick tend la main à ma grand-mère pour qu’elle se lève. D’un coup je réagis que madame Duval est manou. J’ai envie de sourire, tout en ayant le cœur qui se serre, ils vont partir.
Allez 10 jours ça passe vite, et puis samedi nous sommes chez mon père. Nous nous levons tous et les accompagnons jusqu’au bas du perron. A tour de rôle nous les embrassons. Je glisse à ma grand-mère ... Profite manou.
... Oui ma poupée, ne te tracasse pas, je suis dans de bonnes mains.
.. Je n’en doute pas.
Main dans la main avec Matthieu, nous regardons la voiture s’en aller. Le cœur gros je vais avec mon mari qui m’entraine vers les allées du parc. Nous nous promenons en silence quelques temps avant de rentrer saluer Maryse. Nous repartons pour Paris.