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30 juin 2001

Le bonheur de manou

En me réveillant, je suis seule dans le grand lit. Je me lève d’un bond et vais me préparer rapidement, pour descendre déjeuner. Hier dans la matinée, nous sommes passés au bureau brièvement avant d’aller à Neuilly. Nous avons couché sur place. Dans le dressing, ma robe d’une grande splendeur est suspendue.

Je me retrouve dans la salle à manger déserte, j’avale un café et un petit pain, et vais dans le salon faire ma curieuse. Alexandre discute avec mon mari

... Darling, te voilà réveillée !

J’embrasse Alexandre et mon mari qui m’enlace.

Matthieu .... Bien, allons, nous préparer, il est temps.

Je demande à quelle heure est la cérémonie

Matthieu .... Onze heures à la mairie.

Nous montons, j’ai un peu plus d’une heure pour me préparer et être belle pour ma grand-mère. Je prends une douche et me lave les cheveux, une coiffeuse doit venir, si elle n’est pas déjà là. J’enfile une robe avec boutonnage devant.

Matthieu vient me prévenir, que justement on m’attend dans la bibliothèque pour me faire peigner.

Maryse se fait faire les ongles, ma grand-mère des rouleaux sur la tête, les yeux brillants me sourit. J’essaie d’expliquer à la jeune femme ce qui me plairait comme coiffure. Elle me tend un catalogue, je le feuillète et lui montre le chignon ressemblant à celui de Bénédicte.

Une demi-heure plus tard, je remonte m’habiller et me maquiller. La coiffure n’est pas exactement celle de Bénédicte malgré tout je suis satisfaite.

Prête, je descends à la recherche de mon mari. Dans le salon, la coiffeuse range son matériel, Matthieu élégant dans son magnifique costume croisé arrive en me souriant.

... Madame Jorelle, si je n’étais marié, je vous épouserais. Vous êtes ravissante.

Je me sens rougir et ris en le traitant de bêta. Nous nous embrassons passionnément. Une onde de chaleur m’envahit tout entière. Nous entendons tousser discrètement, nous nous séparons. Catherine annonce la venue de monsieur et madame Robin accompagnés de mademoiselle Frontasky

J’embrasse mon père très beau dans un costume trois pièces, Anne-Marie est ravissante, Christine gracieuse dans une belle robe longue, peignée moderne et maquillée à la perfection, me sourit. Je sens la touche de mon amie Béné.

Alexandre en costume très chic vient saluer mes parents, je ne peux m’empêcher de féliciter ma petite amie

... Tu es magnifique Christine.

... Merci Mélissandre, toi aussi.

Maryse dans une très belle robe, certainement de haute couture, parée de ses bijoux entre au bras de Patrick.

Maryse ... Il vous faut partir Matthieu 

Avec Alexandre et Christine nous allons à la mairie. Il est prévu que Maryse et Patrick partent avec mon père et Anne-Marie

Sur la place de la mairie, un petit attroupement, robe longue et costumes chics, les gens s’embrassent entre eux. Je salue les de Chambault 

Je vais dire bonjour à mon oncle, nos regards se croisent, je m’arrête net devant ce visage sévère et peu engageant. Matthieu son bras autour de mes épaules me pousse vers lui. Je l’embrasse sans qu’il réponde à mes baisers, ma tante à une tête si triste qu’on pourrait penser qu’elle va se mettre à pleurer.
Je me détourne d’eux le cœur gros. Je vais vers mes parents, entrainant Matthieu avec moi.

J’aperçois tout de suite manou. Mon cœur loupe un battement. Ma grand-mère rayonnante est remarquablement sublime dans une robe longue blanc cassé, un chapeau assorti, on peut sentir la haute couture dans sa toilette, un bouquet d’orchidées en main. Je la serre contre mon cœur, des larmes de bonheur dans les yeux. J’essaie de me retenir afin de ne pas faire couler mon maquillage

.... Oh ma poupée, ne pleure pas.

... C’est de bonheur manou.

Alexandre embrasse ma grand-mère ... N’ai-je pas la plus jolie des belles mamans ? Manou vous êtes resplendissante

... Merci mon grand.

Christine à son tour embrasse ma grand-mère, taquin Matthieu la prend dans ses bras.

....... Manou il va falloir mettre les choses au point, vous devenez ma grand-mère par ma femme, et ma tante par mon oncle, de quoi m’y perdre un peu !

Manou en riant .... Matthieu je ne me fais pas de souci, vous êtes et le savez, mon petit-fils avant tout !

Sur la place de la mairie, un joyeux brouhaha, quelques groupes se forment, ça s’embrasse dans tous les sens. Je sens qu’on me prend le bras, je me retourne et vois Ghyslaine et Marc, je ris et serre mon amie contre moi.

Ghyslaine me demande en riant ...... Hé dis-moi c’est qui ce beau mec avec Christine ?

... Le cousin de Matthieu

... Il n’était pas là à ton mariage ?

... Non je te raconterai.

Matthieu fait rentrer les gens dans la mairie. Manou et mon oncle ferment la marche. Avec Alexandre nous allons près de Patrick en tant que témoins, pendant que du côté de manou, Anne-Marie et Matthieu se placent.

Le maire fait un discours très solennel qu’il termine avec une pointe d’humour qui fait rire l’assemblée. Patrick glisse une alliance en diamant au doigt de ma grand-mère, qui émue lui en glisse une à son annulaire. D’un geste plein de tendresse Patrick prend ma grand-mère dans ses bras et l’embrasse sous les applaudissements des invités.

Nous signons les registres à tour de rôle, manou sort au bras de son mari. Nous suivons derrière. Tout le monde va saluer et féliciter les nouveaux époux. Des flashs crépitent. Dans le lot je reconnais Romain.

Une nuée de confettis virevoltent dans l’air. Manou rit, je la pense un peu tourneboulée. Devant le trottoir est garée une magnifique Cadillac décorée de fleurs sur le capot et la plage arrière.

Patrick entraine manou, nous remontons tous en voiture. Les portières claquent, les klaxons font du tintamarre. Le cortège défile lentement devant les passants émerveillés par cette fabuleuse voiture.

Matthieu comme toutes les voitures, s’arrête devant un manoir. Plusieurs types attendent. Au fur et à mesure les voituriers vont ranger les véhicules
Matthieu, la main dans le bas de mon dos me conduit dans un grand salon décoré en l’honneur de cette union. Alexandre très attentionné auprès de Christine nous suit.

Le salon se remplit de joie, de rires et d’embrassades. Des serveurs passent entre les groupes, offrant champagne et toasts.

Maryse dans un frou-frou de robe salue tout le monde, ajoutant un petit mot gentil. Je n’entends pas ce qu’elle dit à mon oncle et ma tante, je vois un léger sourire sur le visage de tata. Je me sens mal à l’aise ils sont retranchés dans un coin du salon et ne parlent pas, même à mes parents. J’en veux à Lise, de cette gabegie qu’elle a mis dans la famille. A cet instant précis j’ai de la haine pour ma cousine.

Un rire éclate derrière mon dos, je me retourne pensant que c’est Matthieu, Alexandre et la baronne s’embrassent. J’ai envie de sourire de cette méprise.

J’ai décidé de m’amuser, j’essaie de ne pas penser aux parents de ma cousine. Après tout, ils font la tête alors que c’est leur fille qui a tort.

Des serveurs plateau en main, passent entre les convives offrant des coupes de champagne

Je me rapproche de Ghyslaine, qui discute avec Christine.

... Tout va bien les filles ?

Gi ... Oui ma belle, ta grand-mère est rayonnante.

Je souris ... Je la sens très amoureuse surtout.

  ... Comment ne pourrait-elle pas l’être, Patrick est un homme tellement gentil.

.... Oui effectivement, et je suis si heureuse pour eux. Ils méritent tous les deux

Je regarde Christine, je lui trouve un air béat. ... Tout va bien ?

... Oui merci.

... Tu es sûre ?

... Oui, ne t’inquiète pas. Tout est si beau ici.

Je comprends qu’elle admire ce grand luxe, je passe ma main sous son bras .... Allez, tu as l’habitude maintenant chez Maryse

... Oui mais là c’est encore plus grandiose.

Avec Ghyslaine nous éclatons de rire, Marc et Alexandre se retournent sur nous. Alexandre entoure les épaules de Christine

... Tout va bien tibou ?

Christine baisse légèrement la tête et sourit, et sans nous regarder murmure un ‘’ Oui’’

Alexandre se tourne vers Marc ... On se téléphone après le mariage.

Marc ... Oui, l’endroit ne me parait pas propice aux affaires.

Les deux gars sourient, Matthieu vient nous rejoindre. Les deux cousins nous font rire de leurs facéties.

Des serveurs rassemblent les convives nous priant de passer à la salle à manger.

La salle est de toute beauté. Décorée comme dans un rêve. Des tables rondes recouvertes de longues nappes blanches, les fauteuils habillés d’une housse blanche, retenue par un gros ruban de satin jaune. Sur les tables un chemin de fleurs.

Une petite étiquette annonce la place de chaque convive. Notre table accueille Alexandre et Christine, Ghyslaine et Marc.

La table de Manou et Patrick est formée de mes parents, mon oncle et ma tante. Maryse se retrouve avec les de Chambault et un couple que je ne connais pas.
Les autres tables, de plusieurs personnes dont j’ignore l’attachement à la famille. Je vois à une table monsieur Cériez et monsieur Thibault, et certainement leurs épouses. Je me promets d’aller les saluer

Le repas composé de mets de choix, est vraiment gastronomique. Les préparations et sélections ont étés faites avec gout et raffinement. Une magnifique pièce montée est apportée sur une table roulante, une autre est garnie de petits fours et de coupe de champagne.

Une musique s’élève dans la salle, les bavardages s’arrêtent. Mon oncle, va chercher ma grand-mère, et Patrick sa sœur. Une valse entraine les deux couples. Les femmes changent de bras, et manou valse avec Patrick pendant que Maryse et mon oncle se mettent en retrait.

Manou, les joues roses, les yeux brillants donne l’impression de s’envoler dans les airs. Au signe de Patrick, les gens se lèvent et rejoignent la piste de danse. Matthieu me tend la main, pendant qu’Alexandre en riant invite Christine qui baisse la tête et s’excuse de ne pas savoir danser.

Alexandre ... Laisse-toi guider.

Christine souriant béatement, se lève et suit Alexandre. Ghyslaine et Marc dans les bras l’un de l’autre gagnent la piste de danse.

Dans les bras de mon mari, je me sens vivre, le cœur battant de bonheur je me laisse porter par les notes de musique. Matthieu glisse dans mon oreille

... Madame Jorelle, vous me rendez fou !

Je lève les yeux pour rencontrer son regard pétillant et rempli d’amour.

En retournant à table je demande à Matthieu pourquoi nous sommes si peu au repas.

Matthieu .... Uniquement les proches darling, ce soir nous serons une centaine

... Ah d’accord, d’où les tentes dans le parc

... Exactement madame Jorelle.

Nous retournons sur la piste de danse, enlacés pour ce slow langoureux. Ensuite je passe de bras en bras, mon père, Patrick, Alexandre, Marc, jusqu’au baron de Chambault, qui me fait rire en disant qu’il a l’impression de danser avec une plume

Enfin le calme revient, je retourne à table déguster mon dessert. Marc et Alexandre discutent peinture et travaux. Des yeux je cherche manou et Patrick, je demande si quelqu’un les a vu

Christine ... Ils sont dans le parc, ils font des photos.
Au même moment Matthieu vient me chercher, m’expliquant que nous devons aller nous faire photographier avec les mariés.

La séance photo dure, tout le monde y passe. Groupe, individuellement. Romain mitraille.

Je rentre avec Ghyslaine tout en papotant de cette belle cérémonie.

Gi en riant m’apprend que Marc qui vient de se mettre à son compte, a la possibilité d’avoir un gros contrat grâce à Alexandre.

... Oh mais c’est super ça, dis-moi. Comment en sont-ils arrivés à s’entendre ?

... Je ne voulais pas te faire part de mes soucis, mais le patron de Marc a déposé le bilan le mois dernier, du coup mon mari a décidé d’essayer de se mettre à son compte en reprenant une partie de la clientèle. Mais comme le patron n’a fini aucun chantier, les clients demandaient à Marc de les finir sans être payé. Du coup il a refusé. Un midi ou tu n’étais pas là j’en ai vaguement parlé à Christine, et le cousin de Matthieu est allé voir Marc pour lui expliquer qu’il allait acheter un cabinet médical et un appartement et qu’il cherchait une entreprise sérieuse pour les travaux.

... Mais ton mari est peintre, il saura prendre en charge tous les travaux ?

... Oui, il est très bricoleur, tu sais il a tout fait chez nous. Quand nous avons fait construire pour économiser nous n’avons pas fait réaliser les finitions. Marc à tout fait, les carrelages, les faïences, les peintures. Il a monté la cuisine équipée. Bref il a des doigts en or.

... Ah bah écoute ma biche, je suis contente pour vous. C’est trop cool, pour le lancer.

... Oui nous allons pouvoir respirer un peu.

... Et Marc vient voir les travaux quand ?

... Dans la semaine. Alexandre veut les démarrer rapidement, dès la signature chez le notaire.

Les gens rentrent par petits groupes, avec mon amie nous changeons de conversation. Je lui glisse

... On en reparlera tranquillement.

Ghyslaine fait oui de la tête.

Patrick nous invite à reprendre nos véhicules pour nous rendre à Neuilly. Machinalement je regarde l’heure il va être dix-neuf heures. Je n’ai pas vu la journée passer. Du regard je cherche mon mari, qui discute avec mon oncle et ma tante

Tonton fait oui de la tête, serre la main de Matthieu. Mon mari embrasse ma tante.

En voiture je n’ose pas demander à Matthieu, Alexandre et Christine sont assis derrière nous. Matthieu nous dépose devant le grand escalier de la maison et va garer la voiture au garage. Georges fait la circulation, indiquant aux gens les places à prendre pour leur véhicule.
La Cadillac arrive, Patrick descend du véhicule et tend la main à ma grand-mère qui sort, radieuse.

Maryse et Matthieu entrainent les invités dans l’allée menant à la gloriette.

Les tentes sont décorées. Une arche de roses jaunes surplombe une table. Au centre un cœur garni de leurs deux initiales. Je suis ébahie.

Matthieu enlace ma taille ........ Rêveuse madame Jorelle ?

... Comme tout est beau.

Matthieu tourne ma tête vers lui, dans son regard je peux lire de la tristesse ... Aurais-tu apprécier la même chose à notre mariage ?

... Ah non, heu non pas du tout, simplement je trouve ça beau.

... Oui c’est beau, très beau, mais je ne suis pas pour ce genre de grande réception. M’en excuses-tu ?

... Mais oui bien sûr, nous avons aussi eu un beau mariage.

Je me hisse sur la pointe des pieds pour effleurer ses lèvres.

Des gens par dizaine arrivent, le parc est rempli d’animation. Un immense buffet est servi. Le champagne coule à flot, une douce musique fait danser quelques couples sur le plancher de la gloriette

Je vais voir mon père, savoir si tout se passe bien, et lui demande où sont passés mon oncle et ma tante.
.... Ils sont partis après le restaurant ma puce.

... Ah bon pourquoi ?

... Ils ne voulaient venir qu’à la cérémonie, je crois que c’est ton mari qui a insisté au nom de manou, pour qu’ils aient au moins la décence de rester au repas de ce midi

.... Pfff quelle merde !

Mon père sourit, je dis si rarement des mots... Ma puce, on en est là aujourd’hui par sa faute, arrête de culpabiliser, tu n’y es pour rien.

... Sais-tu ce qu’elle devient ?

... Le beau-frère de Pierre l’a prise dans son magasin elle fait de la manutention, du ménage. Bref Pierre a demandé à Georges de la faire marner pour lui apprendre la vie.

... Alors qu’elle avait un emploi tranquille. Et moralement ?

... Nous la voyons très peu, mais il est certain qu’elle a perdu de sa verve.

... Bon bah si ça peut la rendre meilleure, qu’elle se rende compte du mal qu’elle a fait et ce qu’est la vie

J’embrasse mon père qui me serre dans ses bras.

La fête bat son plein, Maryse dans le micro invite les jeunes filles à venir pour le bouquet de la mariée. Quelques jeunes filles se faufilent et forment un demi-cercle, je ne vois pas Christine. Je lève le bras en direction de Maryse et cherche mon amie des yeux dans cette foule. Maryse a compris, dans le micro elle appelle Christine qui rouge de timidité avance poussée par Alexandre.

Manou regarde les jeunes filles tour à tour, puis se tourne. Elle lève le bras au-dessus de sa tête et lance le bouquet. Je vois les fleurs tournoyer dans les airs. Une main que je reconnais lève le bras de Christine. Je souris. Alexandre est un malicieux. Un hourra est poussé. Christine tout sourire va embrasser ma grand-mère qui lui glisse quelques mots à l’oreille.

Ghyslaine qui m’a rejoint me dit en riant ... Dis donc ma belle, je crois que les mariages chez les Jorelle-Duval ne sont pas finis.

Je ris de bon cœur .... Oh doucement !

La clairvoyance de mon amie ne m’étonne qu’à moitié.

Vers trois heures du matin, certains commencent à partir. Nous irons nous coucher une bonne heure plus tard.
J’apprends que beaucoup de monde couche là. Mes parents et Christine. Ghyslaine et Marc, les de Chambault et d’autre que je ne connais pas.

Je m’étire dans le lit. Matthieu rieur me traite de marmotte. Nous nous levons pour nous préparer, mon mari m’offre une très jolie robe courte en mousseline jaune très pâle. Nous regagnons la salle à manger pour déjeuner. En place Maryse, Alexandre, Christine et Nicolas sont attablés.

Nous saluons tout le monde. Matthieu me tend une tasse de café. Tout le monde à l’air plus ou moins endormi. La tablée est bien calme.

Maryse .... Quel beau mariage, je suis satisfaite de cette réussite.

Matthieu ... Ma tante vous aviez fait les choses grandement.

Maryse sourit .... Il le fallait bien, j’avais une revanche à prendre sur le mariage de mon neveu

Matthieu rit ... Ma tante vous savez pertinemment que les mondanités ne sont pas pour nous !

Maryse .... Les mondanités, vont avec notre rang à tenir

Alexandre qui ne veut pas être en reste ... Ma tante, ne serait-il pas démodé votre rang ? Les comtes et barons à notre époque, c’est plutôt dépassé non ?

Maryse railleuse répond vivement. .... Les jeunes, vous oubliez facilement la bienséance !

Alexandre sèchement répond à sa tante ... Aurait-il fallu qu’en pension on nous l’apprenne !

Maryse chagrinée .... Je sais bien mon petit, et peut-on m’attribuer ce délit ?

  ... Non évidemment que non, mais que venez- vous nous demander de vivre selon vos idéologies ?

  ... Il est manifeste que vous étiez malgré tout, mieux là qu’ici à vous faire insulter

  ... Il est manifeste ma tante, que vous n’avez pas fait montre d’un tempérament énergique !

Je suis sidérée, j’ai l’impression d’avoir Matthieu en train de remettre sa tante en place. Je regarde mon mari qui l’air sombre ne s’oppose en rien. Je n’ai pas suivi la réponse de Maryse que je trouve d’un coup, attristée. Mon cœur se serre, cette femme est la bonté même.

Alexandre ... Alors permettez-moi ma tante, d’avoir cette personnalité, ce qui m’évitera à l’avenir bien des désillusions.

Maryse sourit ... Je te reconnais, tout comme Matthieu avec ce caractère Duval. Votre grand-père était de la même trempe.

Alexandre se radoucit .... Alors nous aurons hérité du mieux, si ce n’est du meilleur.

Au même moment mes parents arrivent bras dessus, bras dessous. Je me lève pour les embrasser, Matthieu les prie de s’assoir pour partager notre petit déjeuner

Mon père ......... Merci Matthieu, une tasse de café pour nous réveiller, nous avons déjà déjeuner, nous sommes allés prendre un peu l’air.

La conversation est moins tendue. Je respire tout en regardant Alexandre d’un autre œil. Je trouvais une ressemblance saisissante entre les cousins, je m’aperçois qu’ils sont copie-conforme tels des jumeaux. Je comprends qu’ils ont souffert par ces gens de peu. Je conçois la dureté de Matthieu envers la famille Marsaque-Gaubert.

D’un commun accord, nous sortons dans le parc faire quelques pas. Les tentes sont démontées, il ne reste plus rien de la cérémonie, si ce n’est que cet arceau de roses. Manou et Patrick sont assis sous la gloriette en compagnie du comte et la comtesse. Je vais les embrasser. Alexandre et Mathieu vont les saluer.
Alexandre prend ma grand-mère dans ses bras et lui claque deux bises sur les joues.

... Bonjour ma bonne mère !

... Bonjour mon grand, as-tu bien dormi ?

... Je vous remercie, et vous-même ?

S’ensuit un discours entre les deux que je ne peux pas suivre, la comtesse comme à son habitude s’extasie devant ma mine superbe.

Nous nous asseyons avec les anciens qui échangent des propos sans grande importance. Une conversation bon enfant.

Sans écouter vraiment, je pars dans mes pensées. Et si Christine tombe amoureuse de ce bel homme, aura-t-elle la force de lutter contre ses colères ? Ne va-t-il pas l’écraser ? Petite puce qu’elle est ! Mon cœur se serre pour cette petite sœur, qui est peu armée contre la vie, ne connaissant rien à rien.

Il me faudra en parler avec Anne-Marie, elle saura conseiller Christine, la mettre en garde.

Je vois tout le monde se lever, machinalement je me lève. Alexandre donne la main à Christine, je les laisse passer et descends les quelques marches. Je n’ai même pas remarqué que Matthieu n’était plus là.

Nous allons vers le domaine, le salon est plein de monde. Une joyeuse cacophonie raisonne. Ghyslaine s’approche et m’embrasse.

... Alors ma belle, depuis ce matin je te cherche.

... Ah ! Désolée ma biche, j’étais un peu partout.

... Hou là, qu’est ce qui se passe ?

... Non rien, je t’expliquerai.

Matthieu s’approche deux coupes de champagne à la main, qu’il nous offre avec un grand sourire

...Les inséparables, tout va bien ?

Gi ... On ne peut mieux, merci Matthieu

Matthieu .... Alors c’est parfait !

Il retourne auprès de certains invités, je m’écarte avec Ghyslaine qui me demande si mon oncle et ma tante viennent.

... Aucune idée pourquoi ?

... Je te dirai aussi.

... D’accord, donc mardi on prend une journée échanges de confidences.

Nous rions.

Le repas est excellent, manou rayonne, je crois qu’elle est sur une autre planète. L’après-midi sera calme, certains se relaxent dans le salon, d’autres dans le parc.

Ghyslaine, Christine et moi sommes assises sur l’herbe près de la grande fontaine. Marc est avec Matthieu et Alexandre, je les suppose à parler de travaux et devis. Je me lève un peu agacée et me dirige vers eux

... Dites-moi monsieur Jorelle est-ce le jour de parler chiffres et compta ?

Mon mari se retourne vers moi moqueur .... Dites-moi madame Jorelle, est-ce le jour de papoter avec vos deux amies ?

... Bah disons que je me sens un peu esseulée sans mon mari, je me réfugie donc auprès des personnes qui me montrent un peu d’intérêt !

Alexandre éclate de rire, suivi de Marc. Matthieu répond en riant .... Madame Jorelle, vous voulez me faire croire que votre mari se désintéresse de vous ?

Il me prend dans ses bras et me fait tournoyer. Je demande grâce, jusqu’à ce qu’il me repose par terre en riant .... Madame Jorelle, je vous prouverai mon intérêt ce soir.

Je deviens écarlate devant les deux hommes qui sourient.

... Oh bah la discrétion ne t’étouffe pas dis donc !

... Que viens-tu me dire devant mon cousin et Marc que je te délaisse !

Il m’enlace et m’entraine vers Ghyslaine et Christine qui n’ont rien perdu de la scène et de notre échange. Ghyslaine les yeux rieurs me sourit, Christine les yeux agrandis, bouffe Matthieu du regard

Marc s’assoit près de sa femme, quant à Alexandre sans se cacher s’assoit à côté de Christine, il la prend dans ses bras et l’appuie contre lui.

Certaines personnes viennent nous saluer avant de partir.
Au lunch du soir, nous nous retrouvons très peu dans la salle à manger. Ghyslaine et Marc partent aussi. Je suis un peu peinée, mais il est vrai qu’elle n’est invitée qu’en tant qu’amie.

Manou et Patrick assis en milieu de table, à côté de manou mon père et Anne-Marie, à gauche de Patrick Maryse.

Christine, Alexandre, Matthieu et moi leur faisons face.

Par-dessus la table Patrick tient la main de ma grand-mère. Mon père lance à Matthieu une invitation pour samedi prochain

Matthieu ... Bien sûr avec plaisir.

Mon père ... Maryse et Alexandre, vous êtes attendus aussi !

Maryse .... Merci Bernard, ce sera avec grand plaisir.

Et hop, la conversation part sur les mets culinaires, Maryse en riant demande si un barbecue serait propice à cette invitation

Mon père ... Si c’est un plaisir, bien sûr que nous pouvons faire un barbecue

Maryse ... Ici lorsque je demande, c’est toujours problématique

Matthieu ... Et pour quelle raison ?

Maryse ... La cuisine prétexte qu’ils ne sont pas outillé pour ça

Matthieu ... Et que ne faites- vous faire un barbecue ?

Maryse ... Parce que je n’y pense pas tout simplement !

Matthieu regarde son cousin ... Peux-tu t’en occuper ?

Alexandre ... Mais bien sûr, les exigences de madame la comtesse seront exécutés !

Maryse ... Ne soit pas narquois, je te prie.

Alexandre moqueur ... Telle n’était pas mon intention !

Matthieu détourne habilement la conversation en priant mon père d’accepter que nous nous occupions du dessert

En riant je me rebelle .... Alors c’est moi qui choisirais !

Matthieu ... Si tu veux bien sûr ! Tu as peur que mes tendances ne soient pas à ton goût madame Jorelle ?

... Oui exactement ! Parce que je sais d’avance que tu commanderas un fraisier

Tout le monde éclate de rire devant ma mine.

Maryse ... Vous avez raison, mon petit, ne vous laissez pas acheter avec un fraisier

La bonne humeur est revenue. Mon mari me taquine, je réponds sur le même ton plaisant.

Nous finirons la soirée devant des cafés et liqueurs ou alcools forts pour les hommes, servis au salon

Mon père et Anne-Marie nous disent au revoir, nous les raccompagnons jusqu’à leur voiture garée devant les marches. Il est prévu que Christine reste avec nous, puisqu’elle ne travaille pas demain

Enfin nous regagnons nos chambres. Fatiguée, je prends une douche rapide et me couche. Je n’entends même pas Matthieu se coucher.

Je sens son souffle sur mes cheveux. J’ouvre les yeux et le regarde de longues minutes dormir. Mon cœur s’emballe. Qu’il est beau mon mari. Il est des fois ou j’en viens à me demander comment a-t-il pu tomber amoureux d’une simple standardiste. Délicatement j’effleure ses lèvres. Il me sourit

... Tu ne dors pas ?

... Non darling, mais tu dormais si bien, que je ne voulais pas bouger

Nous faisons l’amour. De cette sensualité qu’il m’offre en m’emmenant au bout de la terre. Ce pays qui nous appartient, où nous nous retrouvons seuls, amis, amants, heureux et complices.

Je repose au creux de son bras, écoutant son cœur battre au diapason du mien. Je cherche mes mots, je voudrais lui demander tant de choses, ça se bouscule un peu dans ma tête.

... Ils partent quand manou et Patrick ?

... Cet après-midi par l’avion de 16 heures, il me semble. Pourquoi ?

... Mais alors ça va être court pour eux comme voyage.

Mon mari me serre dans ses bras ... Non darling, ils rentrent dans dix jours.

... Ah d’accord.

... Ne sois pas étonnée si ta grand-mère ne t’a pas remercié. C’est une surprise. Elle sait qu’ils partent en voyage, sans connaitre la destination.

... Ah d’accord. Remarque je n’ai pas prêté attention, dans le sens où c’est toi, qui leur a offert ce voyage.

... Non madame, c’est nous. Nous sommes mariés, de plus Christine et Alexandre ont participé.

... Mais Christine a de tout petits moyens.

... Peu importe la somme qu’elle a mis, l’essentiel est sa participation non ?

... Heu oui bien sûr. Pourquoi ton cousin attaque toujours ta tante ? On dirait qu’il lui reproche son pensionnat.

... Alexandre n’a pas encore fait la rétrospective de son passé.

... Mais ta tante n’y est pour rien. Pourquoi il ne s’en prend pas à son père ?

.... Que te dire ? Il était jeune, il avait trouvé en ma tante une mère, et il a pris pour abandon son placement

... Mais et sa mère ? Elle ne s’occupait pas de lui ?

... A l’époque mon oncle avait un cabinet médical, il était très pris. Sa femme paradait et s’occupait que très peu de son fils.

... Ah d’accord ! Donc c’est Maryse qui la prit en charge.

... Exactement. Alexandre n’a pas vraiment souffert de la mort de sa mère, il ne la connaissait pas ou si peu. Et quand Marsaque l’a mis en pension, il n’a pas compris que Maryse ne se batte pas davantage. En parallèle ma tante était en plein veuvage et m’a mère sa petite sœur se mourrait elle a été très ébranlée par cette double perte 

... Mais alors elles sont décédées très proches l’une de l’autre.

... Non, Alexandre a perdu sa mère à quatre ans, la mienne est partie quelques années après. 

... Et Alexandre a été placé si petit ?

... Non darling, nous avons été placés à quelques semaines l’un de l’autre dans des régions différentes, pour bien nous séparer. J’allais sur mes quinze ans et Alexandre en avait à peine treize

... Je comprends mieux.

Matthieu sourit ... Que comprends-tu ?

... Non je comprends l’attitude d’Alexandre, mais ne peux-tu lui parler ? Ta tante est malheureuse tu sais. Elle ne mérite pas ses reproches, elle est tellement bonne !

... Darling, c’est à eux de régler leurs problèmes.

... D’accord, donc tu n’interviendras pas !

... Non madame ! Tant qu’Alexandre reste courtois, je n’ai pas à intervenir, je ne suis pas son père.

... Ouais !

... Pourquoi ouais ? Penses-tu qu’Alexandre soit en âge de se faire morigéner par son cousin à peine plus âgé que lui ?

... Non bien sûr !

.... Allez ! Levons-nous madame Jorelle !

Des pieds je pousse les draps et la couverture. Sous la douche je repense aux paroles de Matthieu. Donc Alexandre sera toujours en reproches pour sa tante, elle qui se faisait une joie de le revoir.

Dans la salle à manger, Christine et Alexandre finissent de déjeuner, nous les saluons avant qu’ils ne se lèvent

Matthieu ... Nous vous faisons fuir ?

Alexandre souriant ... Que nenni, mais nous vous laissons tranquilles.

Matthieu ... Vous ne nous dérangez pas non plus. Vous pouvez rester.

Alexandre tire la chaise, Christine se rassoit, je surprends son geste d’agacement. Alexandre prend le pot de café

.... Bien alors je vais vous accompagner !

Il propose muettement à Christine, qui refuse de la tête. Je sonde le regard de mon amie, sans pouvoir lire quoique ce soit. Son visage n’est pas souriant, mais elle n’a pas l’air triste non plus. Je demande

... Tout va bien Christine ?

... Oui merci Mélissandre.

En riant je lui dis ... Tu me dirais si ça n’allait pas !

... Oui bien sûr !

Alexandre ... Ma chère cousine, penses-tu que je sois pour une quelconque raison coupable ?

J’éclate de rire ... Ah non pourquoi ? Le devrais-je ?

Alexandre ... A première vue non ! En seconde vue, peut-être ! Et en troisième vue certainement

.... Hum, je pense que Christine est une grande fille qui n’a pas besoin de moi pour se défendre, et si cas contraire, alors je sortirais les griffes.

... Hum ! Mon cousin aurait épousé une panthère ?

... Une lionne !

Nous rions. Je vois Christine regarder par en dessous mon mari.

... Cessez tous les deux, vous n’avez rien compris. Christine devient muette si je suis dans les parages. Ce n’est pas nouveau !

Un léger sourire se dessine sur le visage de Christine que j’intercepte avant qu’elle ne baisse la tête. Mon mari d’humeur taquine lui demande .... N’est-ce pas mademoiselle Frontasky ?

... Heu ... heu enfin non ça va.

Matthieu écarte les bras en signe de victoire ........ Vous voilà renseignez tous les deux !

  ... Terroriserais-tu ton personnel ?

  ... Mais c’est évident ! Me méconnais-tu ?

Alexandre éclate de rire .... Absolument pas mon cher cousin ! Je sais ce dont tu es capable.

  .... Je ne me détourne que des insignifiants des piques assiettes et des ramassis !

  ... Oui j’ai appris ta diplomatie.

  ... Tu ne vas pas me le reprocher, ce serait un monde !

  ... Certes non, j’ai savouré ma vengeance à travers toi.

  ... Nulle vengeance, j’ai simplement remis les choses dans le contexte qu’elles devaient être !

Je les écoute, je sais de quoi ils parlent. Christine doit se sentir un peu perdue, comme moi au début que je suis entrée dans cette famille, et que je les écoutais parler à demi-mot. Décidément c’est une manie chez eux !

La fin de matinée passe rapidement. Un repas léger est servi. J’ai l’estomac encore plein des autres repas. Nous prenons le café au salon. Vers quinze heures, Georges vient prévenir que la voiture de madame et monsieur Duval est avancée. Je tourne la tête, Patrick tend la main à ma grand-mère pour qu’elle se lève. D’un coup je réagis que madame Duval est manou. J’ai envie de sourire, tout en ayant le cœur qui se serre, ils vont partir.

Allez 10 jours ça passe vite, et puis samedi nous sommes chez mon père. Nous nous levons tous et les accompagnons jusqu’au bas du perron. A tour de rôle nous les embrassons. Je glisse à ma grand-mère ... Profite manou.

... Oui ma poupée, ne te tracasse pas, je suis dans de bonnes mains.

.. Je n’en doute pas.

Main dans la main avec Matthieu, nous regardons la voiture s’en aller. Le cœur gros je vais avec mon mari qui m’entraine vers les allées du parc. Nous nous promenons en silence quelques temps avant de rentrer saluer Maryse. Nous repartons pour Paris.

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25 juin 2001

Effervescence

Je me prépare avec grand soin, contente de retourner au travail. Je suis d’excellente humeur, pendant le déjeuner Matthieu me fait part d’une chose à laquelle il a pensé et me demande mon avis.

... Dis-moi darling, comment est mademoiselle Herald ?

... Heu Herald ? C’est qui ?

Matthieu me regarde, en fronçant les sourcils ... Darling, c’est ta collègue !

... Ah, heu, elle est rapide, ponctuelle. Pourquoi ?

... Elle est toujours sous contrat intérim, penses-tu que je puisse lui faire signer un CDI ?

... Et tu la mettrais où ?

.... Dans un premier temps, pour la faire tourner dans la société, nous allons démarrer les congés, donc il y aura des places vacantes à remplacer

... Je ne peux te dire, je ne sais pas si cela lui conviendra.

... Mélissandre, je ne m’attarde pas sur ces considérations, ou elle veut bosser et elle accepte, ou elle n’a pas envie et j’en prends une autre.
... Bah écoute, ne me demande pas, je n’ai pas loisir de parler pour les autres !

... Doucement darling. Je ne te demande pas de répondre pour elle, je te demande simplement si elle serait capable !

... Je pense oui ! Mais en septembre elle deviendra quoi ?

... Je la placerai avec Christine, il me semble qu’elles s’entendent bien.

... Demande à Christine, je ne m’avancerai pas sur ce terrain.

... As-tu entendu quelque chose ?

... Non rien de spécial.
Je bois mon café pour ne pas me trahir, ne pas trahir Christine, qui m’en a dit peu et beaucoup à la fois.

Dans l’ascenseur je demande à Matthieu si nous déjeunons ensemble ou si je téléphone à Ghyslaine.
... Oui déjeune avec ton amie, je ne suis pas sûr de pouvoir me libérer assez tôt. Je reçois un représentant.

.... D’accord.
Devant ma porte de bureau il m’enlace pour m’embrasser, et me souhaite une bonne journée.

En entrant, je vois les filles à leur travail, je peux entendre le bruit des claviers. Je les salue sans embrasser Sylvie. Je reste sur mes gardes depuis que Christine s’est légèrement confiée.

Je range mon sac et vais frapper à la porte de Patrick. Sylvie m’apprend qu’il n’est pas arrivé.

... Merci ! Je vais au standard, si le Président me demande.

... D’accord.

J’embrasse mon amie, et lui annonce que nous mangeons ensemble ce midi si elle est libre

... Gi est-ce que cela t’ennuie si je demande à Christine de se joindre à nous ?

.. Non pas du tout, pourquoi ?

En deux mots, je lui raconte ce que m’a confié notre amie sur l’attitude de Sylvie.

Ghyslaine ... Ah mince, qu’est-ce qui s’est passé au juste ?
... Bah je n’en sais pas plus que ça, et justement j’aimerais éclaircir l’histoire avant que ça arrive aux oreilles de Matthieu, je ne veux pas qu’il s’en prenne à Christine. Elle n’a rien dit de mal, et justement elle insiste sur le fait qu’elle est la nièce de ma belle-mère, pas ma cousine.

.... Oh là, là, c’est pénible, de ne pouvoir jamais faire confiance. Et en parlant de cousine, tu as des news d’Elise ?

... Non rien, elle n’est même pas invitée au mariage de ma grand-mère.

... Non ! Même ta grand-mère l’évince ?

... Non ce n’est pas ma grand-mère, mais Matthieu a dit à son oncle, si mademoiselle Dumont est présente, avec Mélissandre nous partirons aussitôt. Ce sera elle ou nous.

... Oh la vache !

Le téléphone de Ghyslaine sonne. Elle décroche

.... Madame Germain à l’appareil.

....

... Oui monsieur le directeur.

...

... J’arrive !

Elle raccroche ... Oh merde le directeur veut me voir. Qu’est-ce qui se passe ?

... Aucune idée ma biche. Tu téléphoneras à Christine pour lui dire ce midi ? Moi c’est difficile avec les filles dans mon bureau.

Ghyslaine se lève tout en me répondant ... Oui ne t’inquiète pas.

Nous sortons du standard, je vais dans mon bureau, elle va chez Patrick. Je suis étonnée qu’il l’appelle, à moins que ce soit pour lui présenter une nouvelle à former.

Les filles étant assises et en pleine saisie, chacune à un bureau, je ne sais pas vraiment trop quoi faire. La corbeille de courrier est vide et l’imprimante n’est pas en fonction. Je me prépare un café, quand l’interphone grésille. Sylvie appuie sur le bouton.

... Dites-moi si madame Jorelle est dans les parages.

... Oui, elle est dans le bureau.                                                                                                                                             

Je n’attends pas la fin, et frappe à sa porte.

... Entrez !

Ghyslaine assise, les yeux brillants comme si elle avait pleuré me regarde en me souriant.
... Ah Mélissandre, comment allez-vous ?

Il se lève pour me faire la bise. Il appuie sur l’interphone et demande trois cafés. Je me demande ce qui se passe. Patrick attend que Sylvie ferme la porte pour me dire.
...Mélissandre, votre grand-mère m’a prié d’inviter madame et monsieur Germain à notre cérémonie, et votre amie sans refuser expressément éprouve un certain embarras. Apportez-moi votre aide mon petit

J’éclate de rire. Un rire de soulagement, un rire de bonheur .... Ah ma Gi, là je ne peux rien faire, tu te dois de faire plaisir à ma grand-mère qui t’apprécie et en plus tu ne peux rien refuser à notre directeur.

... Mais pourquoi moi ? Pourquoi nous ?

... Ma chérie, qu’est-ce que tu veux que je te dise, ce n’est pas moi qui fais les invitations, je ne sais même pas qui il y aura à ce mariage.

 ... Monsieur Duval, je vous suis très reconnaissante et vous remercie

Patrick nous présente une tasse en souriant ... Bien !

... Mélissandre, tu me donneras le numéro de téléphone de ta grand-mère que je puisse la remercier.

... Oui bien sûr.

Ghyslaine boit son café, songeuse et repose sa tasse ... Je vais travailler monsieur Duval, si vous le permettez.
.... Oui madame Germain, faites !

Mon amie se lève, je lui rappelle d’appeler Christine pour midi.
Je souris à mon oncle par alliance .... Bon je ne sais pas ce que je vais faire, je n’ai plus de bureau !

... Oui nous allons certainement mettre mademoiselle Herald vacataire le temps des congés.

... Matthieu m’en a parlé ce matin.

Nous échangeons sur cette possibilité, et du coup, je garderais la nouvelle. Je ne sais même pas comment elle s’appelle.

Je finis par quitter le bureau du DRH et retourne dans le mien.

... Sylvie tu as fini la saisie ?

... Oui pourquoi ?

... Je voudrais avoir accès au pc.

... Ah d’accord.

Elle se lève et me laisse la place. Durant une bonne heure, je vais voir les horaires des employés, les congés posés. J’ouvre les dossiers bloqués. A l’agence de Saint Ouen, le nom de ma cousine est rayé. Il est noté. Licenciement pour faute grave. Caractérielle et brutale envers ses collègues.
Je relis à deux fois cette phrase, qui a ruiné son avenir. Je sais que Matthieu a été patient, qu’il a essayé de la mettre en garde, de la changer de poste pour qu’elle s’assagisse. Je crois qu’en fait elle n’a pas compris, et s’est attaquée de plus belle à nous. Elle a vraiment tout perdu. Je ne sais même pas ce qu’elle devient. En un an, elle s’est brisée toute seule.

Je rejoins mes deux amies, dans le hall. Nous allons déjeuner à la pizzéria. Sans perdre de temps, après notre commande, je demande à Christine de me raconter ce qui s’est passé avec Sylvie

Tout en mangeant, hésitante Christine nous explique qu’avec l’accord de mes parents, elle a invité Sylvie un week-end. Tout s’est bien passé, puis le week-end d’après Christine a été invitée à son tour chez Sylvie qui l’a présentée à sa famille en tant que cousine du grand PDG de Cathenry.  Christine à plusieurs reprises a essayé de remettre les choses dans leur contexte, sans succès.

Gi .... Mais pourquoi s’obstinait-elle ?

Christine ... Je ne sais pas, mais ce n’était plus la même fille, elle racontait n’importe quoi

Moi ... Comment ça ?

Christine ....... Elle jouait sa prétentieuse en disant qu’elle avait des rapports avec la direction de son travail, que la femme du PDG était son amie, et qu’elle passait ses week-ends chez la cousine du boss.

Je regarde Christine attristée qu’elle se soit prise d’amitié avec une mytho, je considère Sylvie pas très franche du collier, et de plus un tantinet hypocrite.

.... Ma biche, permets-moi d’en parler avec Matthieu.
... Oh je ne veux pas d’ennuis Mélissandre. Depuis j’ai un peu coupé les ponts avec elle.

En deux mots, je lui explique que mon mari a l’intention de lui placer Sylvie dans son service, et qu’elle sera bien obligée de parler à Matthieu, si elle ne veut pas de cette fille dans son équipe.

Nous rentrons au travail. Je n’ai pas parlé d’Alexandre devant Ghyslaine, pas par manque de confiance, mais plutôt pour ne pas mettre ma petite amie dans l’embarras. Je me promets d’aller la voir à son bureau.

En remontant, je vais frapper à la porte de mon mari, personne ne répond. Je me fais un café, et demande ma place à Sylvie. Je me rends compte que je suis froide, tant pis. Elle pense ce qu’elle veut.

J’ouvre la fenêtre des courriers et survole vite fait, les dizaines de lettres enregistrées, histoire de me mettre au courant de ce qui a pu se passer pendant mon absence.
Je suis en pleine lecture, quand l’interphone grésille. Je n’ai pas le temps d’appuyer sur le bouton que Sylvie répond.

.... Madame Jorelle est-elle près de vous ?

... Oui monsieur le directeur.

Je ferme la fenêtre, et vais voir Patrick.

... Mon petit, pourriez-vous nous faire un tableau des employés par service, avec en quelque sorte un calendrier mensuel.

... Heu oui bien sûr !

.... Normalement je tiens un cahier des visites médicales annuelles, mais il me semble qu’informatisé, cela serait plus pratique. Une fois le tableau fait, nous pourrions demander à l’informaticien, de nous mettre un genre de rappel qui s’afficherait par exemple avec le pointage de la personne.

... Heu oui, d’accord ! Vous pourriez me prêter le cahier ?

Il sourit ... Oui bien sûr, mais la plupart des employés ne font plus partie du personnel. Il vous faudra vous référer à la liste de pointage.

.... Ah oui d’accord.

... Je vous donnerai le listing des agences parisiennes. La province étant gérée autrement.

... D’accord, il vous faut ça pour quand ?

... Rapidement, de plus Alexandre prendrait le personnel en charge, cadeau de votre mari. Ce qui lui fera déjà une clientèle assurée, même si elle est moindre.

Je souris ... Oui j’ai cru comprendre qu’Alexandre deviendrait le nouveau médecin de l’entreprise.

Patrick me tend un grand livre, genre livre de compte et me remercie. En retournant dans mon bureau, je vois Sylvie sur mon fauteuil, essayant d’être aimable, je lui fais part de mon besoin d’avoir accès à l’ordinateur.
... Tu veux que je le fasse ?

... Non merci, ce travail me concerne.

J’ouvre le tableur et note en titre V.M. pour me comprendre sans que cela puisse être déchiffré par Sylvie ou quelqu’un d’autre. J’enregistre de suite, en mettant le même mot de passe qu’aux autres dossiers.

Je commence mon tableau par la direction, quoique je ne suis pas sûre que Matthieu ou Patrick fasse de visite de contrôle. Pas grave, allez je les note, et me mets à la suite.
Je fais par étage, le tableau du dessous, j’inscris le standard, je baisse ma fenêtre et ouvre les pointages pour avoir les noms de familles des deux nouvelles. Je continue par les petits services du deuxième, dont celui de Christine.
En première ligne des tableaux je mets le nom de Gérard Thibault et Isabelle Nonce sa secrétaire. Je continue tout le deuxième étage, quand l’interphone grésille, j’appuie sur le bouton

.... Faites-moi un café !

En moi je souris, ferme mes fenêtres et vais préparer deux tasses que j’emmène à mon mari. Sans frapper j’entre.

... Tu étais là darling ?

... Heu bah oui, ou serais-je sinon ?

Il sourit pendant que je pose le plateau sur le bureau et taquin répond .... Chez les copines

... Ah non monsieur le Président, il m’arrive de travailler aussi !

Je m’assois, il me demande ce que je fais, d’autant que le courrier est tapé. Je lui explique ce que Patrick m’a demandé

... Ah oui très bien !

Tout en tournant ma cuillère dans mon café, je réfléchis comment aborder le problème de Christine, sans qu’il en prenne ombrage.
... Tout va bien darling ?

... Heu oui, pourquoi ?

.... Je te sens soucieuse.

Je bois mon café et repose la tasse sur le plateau, je le regarde dans les yeux.
... Disons que j’aimerais te parler de quelque chose, mais je ne voudrais pas que ça porte à conséquence sur la personne concernée 

... Que se passe-t-il ?

Je me lève et ferme la porte, en reprenant place sur la chaise, je lui explique.

... Ben voilà Christine, s’était fait une copine, qu’elle a invité chez mon père. Tout s’est bien passé d’après ses dires, puis le week-end d’après cette fille à son tour a invitée Christine chez elle, mais là, Christine m’a fait part de son mécontentement.

..... Quel mécontentement, sa copine l’aurait mal reçu ?

... En fait, je ne sais pour qu’elle raison cette fille a réussi à associer Christine à moi, elle fait courir le bruit qu’elle est amie avec la cousine du patron donc toi. Christine a remis les choses en place, disant qu’elle n’était pas ma cousine et encore moins la tienne, mais la nièce de ma belle-mère, cette fille, n’en démord pas, disant que c’est la même chose !

... Bien et ?

... Christine s’est un peu éloignée de cette fille, elle évite de manger avec elle, et n’a pas trop envie de l’avoir dans son équipe, si tu remanies le service !

... Bien, tu as eu raison de m’en parler. Le problème, est que j’aimerais savoir qui est cette pseudo copine

.... Mademoiselle Herald.

... D’accord, je vais donc la faire tourner dans les bureaux, quelques temps et je verrai si elle est bavarde ou pas ! 

... Mais tu vas la mettre avec Christine ou pas ?

... Au cas où je la garderai, non inutile de provoquer les problèmes !

... D’accord, merci.

Je ramasse les tasses et demande ... Je t’attends pour partir ?

... Oui darling, bien sûr !

Je pose le plateau à côté du perco et me remets à mon tableau sans perdre une minute. Les filles chuchotent entre elle. Sylvie a pris une chaise visiteur de mon bureau, pour s’assoir à côté de l’intérimaire.
Tout en tapant les noms, je me dis ... Elle doit me prendre pour une prétentieuse, je n’ai pas échangé un mot avec elle.

Je termine, mon tableau, l’imprime, enregistre mon travail et ferme l’ordinateur. Je me lève et me plante devant l’imprimante pour ramasser mes feuilles avant Sylvie.
Je frappe chez Patrick,

... Entrez !

Je referme la porte derrière moi, et tends les feuillets au directeur. Il jette un œil

... Ça me parait parfait ainsi. Nous les ferions passer par service, je pense ainsi que nous n’oublierions personne ! Merci mon petit, je vais voir avec Matthieu, si cela lui convient

... D’accord. Vous embrasserez ma grand-mère pour moi ?

Il sourit et moqueur me répond .... Plutôt deux fois qu’une

Je ris et lui souhaite une bonne soirée. Dans mon bureau Matthieu s’entretient avec Sylvie d’un ton sec, elle ne lâche pas son regard. Il se retourne vers moi

... Prête ?

... Oui !

Je prends mon sac, ferme mon bureau et tout en disant bonsoir aux filles, je sors avec Matthieu

Dans l’ascenseur, il me prévient qu’à partir de lundi, je ne serais qu’avec mademoiselle Lalande

Mercredi après-midi je profite d’un instant de répit. Les filles font le courrier. Je descends voir Christine, frappe à sa porte
... Entrez !

Un grand sourire aux lèvres j’ouvre la porte

.... Oh Mélissandre, tu viens me voir

... Mais oui, puisque tu ne viens pas !

Elle sourit, et me propose un café, que je refuse gentiment. Je lui demande des nouvelles de ma famille, semblant de rien, pour pouvoir entamer un sujet. Je ne veux pas la prendre de front, de peur qu’elle se renferme. Nous échangeons des banalités pendant quelques minutes, puis j’en viens à lui dire, que j’ai parlé à Matthieu de Sylvie, et qu’il a très bien compris.

... Ne t’inquiète pas, il m’a remercié de lui en avoir parlé, il ne te dira rien. De plus au cas où il garderait Sylvie, il ne la placera pas chez toi.

... Ah d’accord, oui je préfère, il me serait difficile de lui donner des ordres, ou de lui demander de faire un travail, tu comprends !

... Tout à fait. Elle ne trouve pas étrange que tu l’évites ?

.... Je lui ai dit, que je n’avais plus beaucoup de temps, et qu’en plus il y avait un mariage chez moi, et donc on était en pleine préparation.

... Ok, elle ne t’a pas posé de questions ?

.. Si elle voulait savoir qui se mariait, je lui ai dit, heu des amis de ma tante

... Tu as eu raison, ça ne la regarde pas

Christine prend un air triste ... Tu vois, je suis toujours obligée de mentir, et je n’aime pas trop

... Oui mais c’est un mensonge pas bien méchant, et après tout ma grand-mère est amie avec Anne-Marie

Elle sourit ... Oui bien sûr, mais à force je risque de m’emmêler dans mes mensonges.
... Ecoute quand elle te pose des questions embarrassantes, réponds-lui simplement que ce sont des choses qui ne la concernent pas ou change de sujet tout simplement

... Oui enfin ce n’est pas toujours facile, elle est insistante

... Je sais. Bon tu as vu, c’était bien le week-end chez Maryse, ça t’a changé les idées.

... Oui, ils sont gentils.

... Bah oui, et tu as l’air de bien t’entendre avec Alexandre.

Elle me regarde en souriant ... ... Oui il est gentil. Je trouve qu’il ressemble beaucoup à ton mari, on dirait deux frères, c’est fou

Je ris ... Oui c’est vrai tu as raison. Bon méfie-toi quand même, ne t’emballe pas sur lui.

... Non pourquoi tu me dis ça ?

... Non comme ça, j’ai trouvé qu’à peine vous vous connaissiez, vous étiez bien proches.

... Matthieu t’a dit quelque chose ?

... Ah non, pas du tout. Tu sais il ne se mêle pas de ce genre de chose. Simplement je ne voudrais pas que tu souffres. Je ne connais pas Alexandre plus que toi, et je ne sais pas s’il est sérieux, tu comprends ?

... Heu oui bien sûr, mais tu sais, si je tombe amoureuse, je n’y pourrai rien

... Bien sûr, mais préserve toi

... Oui ne t’inquiète pas. En plus je lui ai menti, j’ai dit que j’étais orpheline et la nièce d’Anne-Marie

... Aucune importance, s’il s’avérait que votre relation aille plus loin, tu lui avoueras lui avoir dit ça, parce que tu ne veux pas de problème, et que tu n’as pas envie de raconter ta vie à tout le monde, mais nous n’en sommes pas là.

... Oui, bien sûr je lui dirai plus tard.

..... Oui voilà.

…… De toute façon j’attends qu’il se déclare

Je la regarde sans comprendre ses mots.
..... Qu’il se déclare ? Mais Christine tu ne l’as vu qu’une fois.

….. Oui je sais, c’est pour ça que j’attends

….. Mais Christine tu ne peux pas savoir en une fois

..... Oui je sais, mais toi aussi tu as été rapide.

... D’accord, je vais remonter

J’embrasse mon amie qui me raccompagne à la porte. En montant, je reste songeuse. Qu’a- t-elle voulu me dire ? Chercherait-elle à se faire épouser rapidement ?

La fin de semaine, se passe sans problème particulier. Nous allons vendredi à Neuilly. Alexandre n’est pas présent du week-end.

Les derniers préparatifs du mariage sont au point. Il est prévu que ça se passe à Neuilly.

Matthieu m’a fait livrer une magnifique robe longue en organza vert amande. Le bustier subjectif n’est en rien provocant. La taille cintrée d’une large ceinture en satin ton sur ton, laisse échapper la jupe en plis souples.

En rentrant de Neuilly, je demande à mon mari, si dans la semaine, il a vu le cabinet médical de son cousin

... Non darling. J’ai été trop occupé cette semaine. Ayant le mariage, et du fait que Patrick sera absent, j’ai voulu avancer quelques dossiers. De plus je voudrais que nous partions aussi

... Ah d’accord. Et tu vas laisser la société sans personne à la direction ?

... Juste deux jours, je désire que nous prenions vendredi et lundi, comme c’est imparti aussi pour le personnel en cas de mariage d’un parent.

... Ah d’accord.

Il éclate de rire, je tourne la tête dans sa direction pour savoir pourquoi cette euphorie

... J’ai dit quelque chose qui te fait rire ?

... Non darling, mais ce qui est parfait, c’est que tu es toujours d’accord avec tout.

... Bah, tu veux que je te réponde quoi ?
... Rien de plus madame Jorelle, c’est parfait !

La voiture descend la rampe du garage. Matthieu se gare et vient ouvrir ma portière. Enlacés, nous prenons l’ascenseur et montons à l’appartement.

Je vais directement prendre une douche et me mettre en tenue pour la nuit, il se fait déjà tard. Nous avons diné au domaine.

Matthieu me rejoint, encore humide de la douche. Il me prend dans ses bras. Je m’endors rapidement au rythme de sa respiration tranquille

J’ouvre les yeux, comme souvent, la place à côté de moi est vide, je me lève et vais à la salle à manger qui est vide. Je vois la tasse de Matthieu qui a servi, je le suppose à la salle de bains. Je déjeune rapidement et vais à mon tour me préparer.
Matthieu arrive de ce pas allongé ... Ah Darling, te rappelles-tu j’ai rendez-vous à neuf heures avec mademoiselle Herald

... Ah, heu oui, je suis prête dans cinq minutes.

Dans la glace au-dessus de moi, il arrange son nœud de cravate, nos regards se croisent. Il me fait ce sourire qui chaque fois emballe mon pouls. Je me retourne et l’aide en riant.

Il attrape ma taille et m’embrasse à pleine bouche. Un émoi me submerge toute entière. Je passe les mains derrière sa tête et m’accroche. Doucement il se dégage
... Darling, partons avant de faire n’importe quoi !

J’enlace sa taille, il entoure mes épaules et m’attire à lui. Nous descendons à la voiture.

Dans le couloir, il me demande de lui envoyer ma collègue. En entrant dans mon bureau, je salue les filles et dis à Sylvie que le patron la demande. Elle sourit bêtement. Je la soupçonne d’avoir un petit faible pour mon mari. Je m’amuse, sachant que je n’ai pas de crainte à avoir. Je trouve normal que toutes se pâment devant ce bel homme charismatique. N’ai-je pas été pareil ?

Je prends le dictaphone de mon mari, et commence le courrier, pendant que l’intérimaire fait celui de Patrick.

Une bonne heure après, l’interphone grésille, au moment où j’envoie l’imprimante.

... Darling fais-nous un café.

Je glisse deux tasses et attends qu’elles se remplissent, je les place sur le plateau et vais dans le bureau de mon PDG de mari.

Il me regarde songeur, ses paroles me laissent étrangement dubitative

....  Nous mangeons ce midi avec Alexandre, doit-on inviter Christine ?

A mon tour je le regarde, ne sachant s’il plaisante, ou si vraiment il me demande mon avis.

... Et en quel honneur, tu veux l’inviter ?

... Comme ça, je pensais qu’il serait sympa de les faire se croiser.

... Tu imagines quoi ?

... Je n’imagine rien, que veux-tu dire ?

... Bah honnêtement je ne comprends pas ta question. Auriez-vous en vue de les mettre dans le même lit ?

Matthieu éclate de rire.... Darling, un coup de pouce ne fait de mal à personne.

.... Ah oui, comme nous ?

... Pourquoi comme nous ?

... Non rien !

... Que crois-tu ? Notre mariage est bien réel me semble-t-il !

... Oui bien sûr, mais tellement surprenant.

... Qui a-t-il de surprenant dans notre union ?

... Ne serait-ce que ta demande en mariage.

Mon mari me regarde taquin ... Madame Jorelle, si je vous avais avoué être éperdument amoureux, vous m’auriez ri au nez. N’est-ce pas ?

... Heu oui, enfin non. Je ne sais pas.

... Mais bien sûr que si !

... Et là penses-tu réellement qu’ils soient tombés amoureux en se voyant une seule fois ?

... Peut-être, peut-être pas, qu’en sais-je

... Alors mon cher mari, laisse faire les choses sans les brusquer. J’ai parlé avec Christine, elle ne m’a pas sous-entendu qu’elle était tombée follement amoureuse, ni avoir eu le coup de foudre.

... Bien, madame Jorelle !

Je ramasse les tasses et retourne perplexe dans mon bureau. Je me remets à ma saisie, en ayant l’esprit ailleurs.

A midi vingt, l’interphone crépite, j’appuie sur le bouton.

.... Prête ?

... Oui j’arrive.

Dans le bureau de mon mari, un Alexandre en costume. Tellement semblable à mon mari. Je lui souris franchement et vais l’embrasser.

... Bonjour ma belle cousine.

... Bonjour beau cousin.

Nous rions, Matthieu se lève et nous entraine vers la sortie. Il déclenche le système ouvrant la porte centrale et nous conduit à notre petit restaurant.

Tout en mangeant, les deux hommes discutent de ce fameux cabinet. Après le café, au lieu de retourner au bureau nous remontons le boulevard en direction du métro. Les deux hommes s’arrêtent devant une façade blanche, propre. En levant la tête je vois le numéro 14, l’immeuble style Haussmannien est agréable d’extérieur

Alexandre sonne, une femme d’un certain âge vient nous ouvrir 

.... Bonjour, le docteur vous attend.

Un monsieur en costume un peu défraichit, viens nous serrer la main, nous regardant par-dessus ses lunettes. En moi je souris. Tout à fait le vieux médecin un peu provincial, mais pas du tout parisien.

Il nous fait visiter le cabinet médical, puis nous montons à l’étage, l’appartement vieillot est un peu bigot avec son crucifix au- dessus d’un miroir dans la petite salle à manger. La salle de bains, est plutôt un cabinet de toilette, avec une toute petite baignoire sabot et un lave-main plutôt qu’un lavabo. L’appartement sent le renfermé. Ses tapisseries anciennes le rendent triste. Nous visitons l’autre appartement qui est identique, quatre petites pièces désuètes pleines de cartons et de bric à braque.

Nous redescendons dans le cabinet, le médecin nous fait assoir. Alexandre demande s’il a les plans des appartements.

Le docteur va dans une petite pièce à côté, nous pouvons l’entendre parlementer, il revient avec un grand sourire découvrant des dents jaunies.

....... Ma femme va vous les chercher. Comme je vous l’ai dit, si vous prenez l’ensemble des deux appartements plus le cabinet, je révise mon prix à la baisse.

Les trois hommes parlent de prix de vente, de négociations, justifiant le matériel démodé et plus vraiment au goût du jour. L’obligation de tout mettre aux normes, de faire installer le système informatique.

Pendant plus d’une heure, Matthieu et son cousin, ne lâche pas, restant sur le prix offert au départ. Le médecin fini par comprendre, qu’il n’aura peut-être pas d’autres opportunités, Alexandre et lui se donne rendez-vous chez le notaire pour signer un compromis de vente-achat.

Enfin nous ressortons en lui serrant la main. Dehors j’aspire une grande bouffée d’air, pour effacer ce relent de renfermé poussiéreux.
Matthieu nous emmène au bar-tabac en face prendre un verre.

Devant mon perrier-citron je les écoute

Matthieu ........ Il te faudrait faire les travaux dès l’acte signé.

Alexandre ......... Oui c’est bien ce que je compte faire.

Matthieu demande à son cousin, s’il pense commencer par le cabinet ou les appartements. Alexandre en souriant, lui fait comprendre qu’il est plus important de démarrer par le cabinet pour l’ouvrir au plus vite, même si pendant quelques temps il habite à Neuilly

Nous remontons enfin au bureau. Alexandre nous quitte sur le trottoir en nous embrassant. Je souris de voir ces deux grands gaillards se faire la bise.

Sa main dans mon dos, Matthieu m’accompagne jusqu’à la porte de mon bureau.

La semaine se termine, sans que j’aies pu un instant discuter avec ma nouvelle collègue. Je sais par la liste des pointages qu’elle s’appelle Sarah Lalande

Le week-end à Neuilly se passe agréablement entre ma grand-mère et Patrick, Maryse et Matthieu qui comme chaque fois se taquinent. Seul manque Alexandre. Je ne pose aucune question sur son absence.
Dimanche soir Matthieu accepte de partager leur diner sur l’invitation de sa tante. Nous rentrons après vingt-deux heures. 

En arrivant dans le hall de la société, je vois madame Maurane à l’accueil, je lui fais un grand sourire et lui serre la main, pendant que Matthieu s’impatiente devant les portes de l’ascenseur ouvertes.

Au bureau Sarah est en pleine saisie, je la salue d’un sourire et me mets au travail. Je vérifie les pointages et téléphone à Ghyslaine.

... Je peux passer te voir ?

... Oui bien sûr, je te fais un café ?

.... Oui s’il te plait !

La porte s’ouvre dès que j’appuie sur le bouton. Mon amie me reçoit avec sa gentillesse habituelle.

... Un souci ma belle ?

... Non pas spécialement pourquoi ?

... Non comme ça, je te trouve soucieuse.

Je lui fais un grand sourire et lui demande ce qui lui fait dire ça.

... Je ne sais pas, une intuition.

... Non enfin, as-tu pu parler avec Christine ?

... J’ai mangé avec jeudi, puisque tu brillais par ton absence

J’éclate de rire .... Madame Germain, sachez que j’ai un PDG qui est très prenant, et de plus il se trouve être mon mari, alors imagine.

Ghyslaine rit aussi .... Je me doute, je me doute ! Bon tu veux savoir quoi pour Christine ?

... Son travail ?

... Alors son travail, elle s’y plait, elle s’y est faite. Les filles ont l’air sympas, Une qui lui a demandé qui tu étais, et Christine a simplement répondu, c’est la femme du PDG, la fille, heu je crois Annette ou Annie, je ne sais pas trop lui aurait dit ... Ah et tu lui fais la bise

Je ne laisse pas Ghyslaine finir, et pousse un soupir d’agacement ...... Mais ce n’est pas possible, on ne peut pas pisser sans que tout le monde le sache ?

Ghyslaine sourit ....... Christine a été fine, elle lui a répondu, j’ai commencé avec elle, j’étais sa collègue, et elle n’est pas fière pour deux sous, alors oui on se fait la bise, est-ce interdit ?  Parait que la fille a été vexée et n’a pas répondu.

...  Christine a eu raison ! C’est agaçant à la longue !

Gi me serre un nouveau café .... Que veux-tu, travailler avec des femmes n’a jamais été très facile tu sais ! La jalousie fait partie de l’entente, si on peut dire !

Je bois ce deuxième café avec plaisir et demande s’il y a autre chose que je devrais savoir

Gi ... Non pas que je sache, à part qu’effectivement elle ne veut pas de Sylvie dans son équipe.

... Oui Matthieu ne la mettra pas. Et en plus je ne suis même pas sûre qu’il l’embauche, tu sais qu’il ne veut pas de problème entre les employés.

... Oui il a raison. Il va la virer alors ?

... Pour l’instant il la garde pour la faire tourner pendant les congés. Il se peut qu’elle vienne au standard, donc méfiance.

... Ne t’inquiète pas ma belle ! De plus à part Pascaline, j’ai deux nouvelles qui ne connaissent pas la société ni qui tu es, ni qui est Christine.

Nous continuons de papoter, je lui raconte les préparatifs grandioses du mariage de samedi. Comme pour moi, elle me demande si elle doit faire livrer des fleurs, et qu’elles sont les préférées de ma grand-mère.

Le soir pendant le diner, Matthieu me demande mon avis

... En cadeau de mariage pour mon oncle et ta grand-mère, j’ai pensé que nous pourrions leur offrir un voyage.

... Ah !

Il hausse un sourcil et me regarde interrogatif .... Non ?

... Heu si bien sûr, mais où et quand ?

... Patrick va poser 3 semaines, je vais l’obliger, ils partiront une semaine en voyage, puis feront bien comme ils veulent après.

... Oui d’accord !

... Ensuite, où ? Alors j’ai pensé à une croisière, est-ce que cela conviendrait à ta grand-mère ?

... Heu oui je pense. Tu sais elle n’a jamais voyagé.

... Les Caraïbes me semble tout à fait approprié

J’ouvre de grands yeux d’envie, le temps d’une seconde et réponds taquine .... Hum je ne pense pas que manou refuse

... Bien ! Nous leur offrirons dans leur corbeille de mariage

... A ce propos, Ghyslaine m’a demandé si comme au nôtre elle faisait livrer des fleurs, j’ai dit oui, mais je ne savais pas qu’il y avait une corbeille.

.... Des fleurs sont parfaites, dis-lui de les prendre de préférence claires, mais pas blanches. Ils ont un certain âge.

... Heu oui d’accord.

Nous finissons le repas en parlant de ce mariage, qui sera d’après Matthieu plus grandiose que le nôtre, une cinquantaine de personnes seront à la célébration et au repas, et une trentaine viendra se joindre le soir pour un buffet

... Patrick connait tant de monde ?

Matthieu sourit .... Nous nous devons d’inviter certaines personnes ayant trait à notre travail, comme des représentants de marques de voitures ou encore des intermédiaires importants. Il y aura Cériez et Thibault

... Et pourquoi pas au nôtre ?

... Parce que nous ne voulions ni l’un ni l’autre un mariage médiatique.

... Mais pourtant il y avait Romain.

... Oui pour faire taire les langues de vipère

... D’accord, et tout le monde sera à Neuilly ?

... Oui du fait du beau temps, nous faisons installer des tentes de réception dans le parc.

Nous finissons notre conversation sur le canapé du salon

Une onde de bonheur m’envahit, alors que je reprends mes esprits après être partie dans cet autre monde que seul Matthieu sait me transporter quand nous sommes au lit. 

Ce jeudi après-midi avec Sarah, nous sommes seules à la direction, sans dictaphone. Matthieu m’a prévenu qu’ils seraient absents son oncle et lui. Ce matin nous avons plié le courrier.

Je rentre de déjeuner avec Ghyslaine et l’invite à boire un café. Nous papotons tranquillement quand Sarah entre de déjeuner à son tour. Ghyslaine repart en me faisant la bise. Discrètement je lui dis ‘’ A samedi ma biche’’

Je vérifie les pointages du matin et ceux de la veille au soir, jette un œil aux courriers tapés par ma petite collègue et ferme l’ordinateur.

Je vais voir les parapheurs, sur les bureaux du PDG et du DRH, je reviens bredouille, tous les courriers sont dedans mais aucun n’est signé. Je suppose qu’ils vont revenir avant la fin de journée.
Je propose un café à Sarah

... Oui je veux bien s’il vous plait.
Les cafés coulés je mets une tasse sur son bureau et vais m’assoir avec l’autre en main. Je cherche comment entamer la conversation quand elle me demande ce qu’elle doit faire

... A priori rien, la direction est absente. Nous n’avons eu guère le temps de nous présenter, je suis Mélissandre.

... Oui Sylvie m’a dit, que vous étiez la femme du directeur

.... Du directeur ?

... Oui.

... D’accord, je suis aussi sa secrétaire, je ne suis pas ta supérieure. Que t’a-t-elle dit d’autre ?

... Non rien de spécial, juste qu’elle est étonnée que vous travailliez et que vous embrassiez le PDG

Je souris, en pensant à Christine, effectivement cette Sylvie est un peu curieuse, mais après tout c’est bien normal, si ce n’est que ça.

... Alors je travaille parce que je ne veux pas être dépendante, et je suis ici parce que je travaillais déjà à cette place avant d’épouser mon mari.

... Ah d’accord.

Elle boit doucement son café, songeuse. Pourquoi Sylvie lui a dit que Matthieu était le directeur ? Bon je vais la faire parler, je voudrais en savoir davantage. J’élude la question à savoir pourquoi je fais la bise à Patrick et la regarde en souriant

... Et c’est tout ?

... Comment ça c’est tout ?

... C’est tout ce qu’elle t’a dit ?

... Non elle m’a parlé de votre cousine qui travaille aussi ici

... Ah non je n’ai pas de cousine ici, à qui penses-tu ? Madame Germain ?

... Madame Germain ? Je ne sais pas qui c’est.

... La dame qui était là tout à l’heure.

... Ah non pas du tout, elle travaille au standard cette dame.

... Oui exactement.

... Non je parle de la fille qui était là avant moi et qui maintenant est au deuxième étage.

... Isabelle ?

... Heu non, Christine 

... Christine est ma cousine ?

... Oui, même qu’avec Sylvie elles vont chez le PDG le week-end.

... Ah ! Première nouvelle, d’abord Frontasky n’est pas ma cousine ni celle de mon mari, et je n’ai jamais vu Sylvie le week-end. Qui raconte ça, Christine ou Sylvie ?

... Ah non elle ne va pas chez vous, mais chez le patron, avec Christine qui est sa cousine.

.... Alors sache que le patron, c’est celui que tu appelles le directeur ! Qui t’a reçu à ton entretien ?

... C’est le monsieur plus âgé

... D’accord, alors l’autre le jeune, c’est lui le patron et c’est mon mari

... Ah d’accord.

... Et qui raconte qu’elle va chez le PDG le week-end Sylvie ou Christine ?

... Non c’est Sylvie, même qu’elle m’a dit que chez Christine c’était des gens très riches.

... Ah, bon ? Ils habitent où ?

... Je ne sais pas, mais ils ont une grande maison avec un grand jardin et Christine elle a une belle chambre avec plein de fringues.

... Bah écoute, hein, c’est sa vie.

... Oui bien sûr.

... Elle raconte quoi encore ?

... Non rien de spécial que ça, qu’elle va chez le PDG et qu’elle est amie avec sa femme et sa cousine.

.... Ne l’écoute pas, ce ne sont que des mensonges !

.....  Sylvie voulait que je l’invite chez mes parents, mais nous ne sommes que des gens normaux, et je n’ai pas envie qu’elle aille après dire des trucs.

... Tu as raison. Et avec Christine Frontasky tu t’entends bien ?

... Je ne la connais pas vraiment.

... D’accord, bon et tu veux me parler un peu de toi ?

... Je n’ai pas grand-chose à dire de spécial.

... D’accord. Je vais te parler de moi alors. Je suis donc rentrée dans cette société au standard pour commencer, puis j’ai tourné dans différents services et j’ai atterri là. Je fais des études de droit et je suis en deuxième année de master.

... J’aurai bien aimé faire des études, mais mes parents n’avaient pas les moyens, alors j’ai fait secrétariat.
... Tu aurais aimé faire quoi ?

... Je voulais être institutrice.

... Et pourquoi tu ne reprends pas tes études, maintenant que tu travailles ?

... Parce que ça coute cher.

... Mais ici tu gagnes bien ta vie. Tes parents ne voudraient pas ?

... Ah si bien sûr, mais si je reprends mes études je ne pourrais pas travailler en même temps, et puis l’intérim n’est jamais sûr, des fois je reste un mois sans mission

Je lui souris, et lui explique que je prends des cours par correspondance, sans aller à la FAC. Elle s’ouvre un peu me disant que son père est mécanicien dans un garage et sa mère est au foyer, ils sont cinq enfants, et elle est la troisième de la fratrie. Elle a un grand frère dans l’armée, l’autre est vendeur dans un magasin d’électroménagers son autre frère est boulanger, sa petite sœur n’a que quinze ans, et va encore à l’école.

Je lui demande, si ici elle est en tant qu’intérimaire ou si elle a signé un Contrat.

... Non je suis intérimaire.

... D’accord, et tu te plais à ce poste.

... Oui ça va, le travail est intéressant, le directeur est gentil, il parle toujours aimablement.

Nous continuons à discuter encore un peu, quand l’interphone grésille. Je mets un doigt sur ma bouche pour faire comprendre à Sarah de ne rien dire. J’appuie sur le bouton.

... Viens me voir !

Je souris à la jeune fille et vais dans le bureau du PDG. J’entre sans frapper. Je croise son regard clair.

... Tout va bien darling ?

... Heu oui et toi ?

... Parfait, les tentes sont montées, la décoration sera faite demain. Les fleurs seront livrées demain aussi. Nous avons mis la dernière touche au repas avec les traiteurs.

... Super alors !

... Veux-tu aller à Neuilly ce soir ? Ta grand-mère sera là.

... Heu oui pourquoi pas ?

... Veux-tu partir maintenant ? Juste le temps de signer le courrier

... Heu oui, et moi je vais voir Christine deux minutes.

... Téléphone-lui !

... Heu non, je préfère la voir

... Allez madame Jorelle, va trainer.

Je ris en sortant par la porte couloir

Je descends rapidement et vais frapper à la porte de Christine.

.... Entrez !

En me voyant, elle se lève et viens m’embrasser ... Bah qu’est-ce qui t’amène ?

... Je voudrais rapidement te parler, je ne peux pas m’étendre Matthieu m’attend !

Elle change de tête et pâlit légèrement. Je m’assois et attaque d’emblée. Je lui raconte ma conversation de cet après-midi avec Sarah. Au fur et à mesure, Christine se décompose.

... Christine, il n’y a pour l’instant rien de grave, mais méfies-toi, ne traine plus avec elle.

... Oui déjà j’avais espacé de manger avec elle, je dis toujours que je n’ai pas trop le temps.

... Pourquoi elle dit qu’elle passe le week-end avec le PDG ?

... Non parce qu’une fois qu’elle est venue, manou et monsieur Duval sont venus prendre le café, et même monsieur Duval était étonné de la voir chez tes parents.

.... Ah d’accord, tout s’explique. Allez ne t’en fais pas. Bon on se voit samedi à Neuilly.

... Oui monsieur Jorelle, m’a dit de prendre mon vendredi et mon lundi pour mariage de famille, j’ai fait la feuille à monsieur Duval.

... D’accord.

Je l’embrasse et remonte chez Matthieu.

.... Ah darling, on y va.

Je vais chercher mes affaires

En arrivant dans le parc de Neuilly, l’allée est embouteillée par plusieurs camionnettes. Matthieu se gare. Nous descendons, main dans la main il me conduit vers la gloriette. Sur les pelouses, de grandes tentes sont installées, ça grouille comme dans une fourmilière. Nous remontons l’allée et entrons dans la maison, ou la même agitation règne.

Manou et Maryse dans le salon discutent à bâtons rompus.

... Ah mes enfants, vous voilà !

J’embrasse les deux femmes, Catherine instantanément apporte des verres de rafraichissements. Tout en sirotant mon orangeade, j’écoute manou volubile

Nous finissons la soirée en dinant à Neuilly, entre les rires et la bonne humeur. Malgré tout, je remarque l’absence d’Alexandre

17 juin 2001

Les deux cousins

En me réveillant, je sens tout de suite que la place de Matthieu est vide. Je m’assois et regarde l’heure. Oh mince il est déjà neuf heures vingt.

Je me lève et vais à la cuisine voir si Sophie est là. Elle me reçoit avec un grand sourire

... Bonjour madame Jorelle, avez-vous bien dormi ?

... Bonjour Sophie, merci oui.

Je me dirige vers la cafetière, Sophie m’arrête dans mon geste.
... Le petit déjeuner de madame est prêt dans la salle à manger.

... D’accord, merci, à quelle heure est parti mon mari ?

... Huit heures madame, il sera là ce midi.

Je la remercie et vais boire un café dans la salle, une corbeille de petits pains est posée, beurre et confiture. Je m’aperçois d’un coup que j’ai faim. Je me beurre un petit pain et croque dedans avec plaisir. J’avale mon café. Laissant tout comme ça, je vais prendre une longue douche, je me lave les cheveux et m’apprête. Je fais mes ongles de pieds, mes épilations et termine par un maquillage un peu appuyé pour effacer mes traces de fatigue et de souffrance.

J’enfile cette jolie robe que Matthieu m’a offert. De couleur crème, tout en dentelle, doublée de tissu léger. Je chausse mes escarpins à bouts ouverts.

 Je retourne à la cuisine espérant pouvoir boire un café. Sophie s’active entre casseroles et table de cuisson.

A mon arrivée, elle me demande ce que je désire

... Rien, je vais me servir un café.

... Si madame veut bien aller au salon, je lui amène de suite
Je sens l’agacement me gagner et un peu sèchement je lui réponds ... Continuez votre travail et ne vous occupez pas de moi.

Elle pâlit et se retourne vers sa poêle ou quelques champignons dorent. J’ouvre un placard, je trouve des verres, je me serre un café et demande juste le sucre.
Elle se dirige vers un placard et sort le sucrier en verre. Je la remercie. Je m’assois au bout de la petite table. Rêveuse je me pose des questions sur cette fille. Qui est-elle, comment a-t-elle atterrit au service de mon mari, elle est jeune. Quand est-ce qu’elle dort ? Est-ce qu’elle s’occupe seule de ce grand appartement ?

Je sirote tranquillement mon café. Je me sens bien, je me sens mieux. Les paroles d’Alexandre me reviennent en mémoire. Je veux retomber enceinte pour le plaisir de Matthieu. Pour voir ses yeux briller d’amour, comme quand je lui ai annoncé ce bébé. Il est vrai qu’il va sur trente ans, et que certainement ça lui tarde, même si moi je suis beaucoup plus jeune.

La sonnette me fait sursauter et me tire de mes pensées. Je pose le verre dans l’évier. Alors que je sors de la cuisine, Sophie me tend une enveloppe et va porter les autres dans le bureau.

Je vais m’assoir dans le salon, relève mes jambes et les mains tremblantes j’essaie d’ouvrir l’enveloppe à l’en -tête de la fac. Je tire le feuillet, les yeux embués, je lis et relis les résultats.
Je m’élance dans le bureau et décroche le téléphone.

... Allo !

... Matthieu, heu je te dérange ?

... Non darling, que se passe-t-il ?

... J’ai eu mon, ... J’ai mon .... Heu ....

.... Darling, calme-toi, qu’essaies-tu de me dire, qu’as-tu eu ?

En pleurant de joie, je lui annonce que je suis reçue à mon master 1

... Darling tu es la meilleure, et c’est pour ça que je t’aime. Le savais-tu ?

... Heu ... Heu oui, moi aussi je t’aime.

J’entends un grand éclat de rire .... Madame Jorelle, que de progrès.

Je souris au travers de mes larmes. Matthieu enjoué ....... Je quitte, je te rejoins, attends-moi pour déjeuner

... Oui d’accord. Est-ce que tu sais si ma grand-mère est chez elle ?

... Oui certainement.

Je raccroche et compose le numéro de ma grand-mère qui décroche rapidement

... Allo manou

... Ma poupée, comment vas-tu ? Matthieu nous a dit que tu étais souffrante.

... Bien, manou ne t’inquiète pas.

... Dis-moi ce qui s’est passé, nous nous sommes inquiétés, Matthieu ne voulait pas que l’on te rende visite.

... Oui il a eu raison, ce n’est rien, juste un peu de fatigue. Mais je vais mieux, je t’appelle pour te dire que je suis reçue à mes partiels.

... Ma poupée, tu ne m’étonnes pas, tu travailles tellement, tu es si méritante.

... Merci manou. Tu seras au domaine ce week-end ?

... Oui ma poupée, la semaine nous sommes là et le week-end à Neuilly.

En riant ma grand-mère me dit .... Maryse se plaint d’être abandonnée.

Je ris à mon tour .... Bah oui elle a toujours été avec son frère, juste s’ils ne formaient pas un couple.

.... C’est ça ma poupée. Non qu’elle soit jalouse, loin de là, elle est tellement bonne, mais elle se sent bien seule

... Pourtant il y a Alexandre et son amie au domaine.

... Oh ma poupée, cette jeune femme est méprisante, je ne la supporte que difficilement.

Ma grand-mère qui est la gentillesse même, m’interpelle par ses mots ....... Elle a été désagréable avec toi ?

... Non pas spécialement, elle m’ignore donc tout va bien. Mais elle prend Maryse de haut.

... Ah bon ! Mais pourtant Maryse ne s’en laisse pas conter

Ma grand-mère me raconte une histoire désolante. Un soir à table Maryse aurait demandé à Alexandre s’il comptait prendre un appartement avec son cabinet, ou alors vivre à Neuilly.  Alexandre expliqua que dans un premier temps, il préférait continuer d’habiter là, elle se serait récriée en exprimant son mécontentement.

... Mais elle a dit quoi de si malveillant ?

Ma grand-mère prend une longue inspiration .... Oh ma poupée, si tu savais ! J’ai cru que Maryse allait se mettre à pleurer.

... Non ce n’est pas possible ! Matthieu est au courant, qu’elle maltraite sa tante ?

... Je ne pense pas ma poupée.

... Mais Patrick n’a rien dit ?

... Il était absent aussi. Nous n’étions que Maryse les deux jeunes et moi.

... Et tu ne pouvais pas défendre Maryse ?

... Ma poupée, je ne peux pas me permettre d’entrer dans leur mésentente.

... Mais qu’est-ce qu’elle lui a dit de si désagréable ?

... Qu’elle n’allait certainement pas s’encrouter avec des vieux dans une maison des temps victoriens

... Mais il a dit quoi Alexandre ?

Manou rit ... Ma poupée, j’ai cru qu’on avait changé Alexandre en Matthieu.

J’éclate de rire ... Raconte manou s’il te plait.

... Il lui a dit très froidement ... Que crois-tu ? Que je suis riche à million et que je vais t’entretenir ? Tu m’as confondu avec mon cousin, et sa femme travaille tout en poursuivant ses études !

.. Ah ! Elle a dit quoi ?

.... Qu’il était prié de ne pas l’associer à une maniérée qui sort d’on ne sait où.

... Oh bah merde alors, elle se prend pour qui celle-là encore ?

.... Maryse à prit ton parti en lui répliquant sévèrement .... Je ne vous permets pas de parler de Mélissandre dans ces termes odieux !

... Ah gentille Maryse.

J’entends du bruit derrière moi, je sens qu’on attrape ma taille, je ris et dans le combiné je dis à ma grand-mère

... Ah manou, je vais te laisser mon mari crie famine.

Ma grand-mère rit .... Oui ma poupée, va nourrir ton homme.

Matthieu me prend le combiné des mains .... Bonjour manou, comment allez-vous ?

Je les laisse et sors, je remarque que j’ai parlé plus d’une heure avec ma grand-mère, que malgré ce qu’elle vient de m’apprendre je me sens bien.

Mon mari me rejoint dans la chambre, ou je suis allée me repeigner et me parfumer un peu.

... Allons déjeuner darling.

Je pose ma brosse et me retourne, je regarde Matthieu droit dans les yeux

....... Matthieu je veux aller au bureau cet après-midi.

.... Attends lundi.

.... Non je veux aller voir mes copines, parler à du monde, voir du monde.

... D’accord. Veux-tu aller à Neuilly ?

... Oui manou m’a dit qu’elle y serait.

.... Bien madame Jorelle, puisque manou remporte l’unanimité.

Je souris, me hisse sur la pointe des pieds et embrasse ses belles lèvres chaudes. Il m’enlace et m’attire à lui. Sa bouche collée à ma bouche, il me murmure .... Je vous aime madame Jorelle.

Mon cœur s’emballe, là tout de suite je voudrais faire l’amour, me donner à lui. Je m’accroche à son cou et l’embrasse passionnément. Il m’écarte au bout de quelques minutes, et comme si, il avait lu en moi
.... Prenons le temps darling. Rien ne nous presse.

Je fais oui de la tête, un peu déçue.  Il prend ma main, nous partons en voiture. Nous allons manger à notre petit restaurant du midi. Le repas se passe en conversations ayant trait au travail. Matthieu évite tout sujet qui pourrait me blesser. Il m’explique qu’il a pris une intérimaire pour me remplacer, que Sylvie était débordée. Je lui exprime mon étonnement, sachant qu’elle est rapide.

... Oui darling, mais depuis le remaniement, nous avons beaucoup de travail, Patrick avait une partie de ton travail, comme les pointages qui ne doivent pas sortir de nous trois, les congés qui défilent, les tickets restaurants et autre.

... Ah oui, alors tu vois que je dois revenir

Il rit, se lève et va payer. Nous sortons du restaurant enlacés. A l’accueil je vais saluer madame Maurane, Matthieu m’attend devant l’ascenseur, de son pied il a bloqué la porte.

En montant il me dit en souriant .... Je pense que madame Jorelle va faire le tour de toutes ses copines.

... Exactement monsieur le Président.

Matthieu frappe à la porte de Patrick et l’ouvre sans attendre. A notre entrée Patrick se lève et vient me serrer dans ses bras.
... Mélissandre heureux de vous retrouver.

Je l’embrasse attendrie par cet homme bon. ... Merci Patrick, oui je commençais à m’ennuyer un peu.

Il appuie sur l’interphone ... Faites-nous trois cafés mon petit.

Je reconnais la voix de Sylvie, je sais donc qu’elle est à ma place.

Elle vient poser le plateau, une tasse complètement à droite, les deux autres à gauche serrées l’une contre l’autre. Je souris en moi. Elle ressort et ferme la porte discrètement.
Patrick me tend une tasse et une petite cuillère, Matthieu boit le sien sans attendre.

Patrick ... Mélissandre, nous avons mis un mot de passe à plusieurs dossiers sur votre ordinateur, que le personnel qui vous remplace n’ait pas accès à certaines données.

... D’accord, et c’est quel mot ?

.... Tout simplement votre date de naissance séparée de tirets.

... Ah d’accord.

... A savoir que nous avons mis le même, de ce fait nous ne pouvons pas nous tromper et bloquer le système

Je souris .... Bon bah cool alors, je ne peux pas me tromper non plus

Patrick sourit ... Nous le changerons tous les trimestres !

... Bon d’accord.

Matthieu se lève ... Je vous laisse à vos bavardages, j’ai du travail.

Je lève la tête et tends ma bouche, Matthieu se penche et effleure mes lèvres. Il sort par la porte du couloir.

Patrick ... Comment allez-vous mon petit ?

... Bien, ça va.

... Matthieu m’a prévenu du motif de votre absence, n’ayez crainte votre grand-mère n’en a pas connaissance ni Maryse. Et votre amie l’est aussi, Matthieu l’a convoquée pour lui annoncer.

... Heu mon amie ? Christine ou Ghyslaine ?

Patrick sourit ... Madame Germain, alors ne soyez pas étonnée. Ne vous voyant pas, elle s’est doutée de quelque chose et est venue me supplier de lui dire où vous étiez. J’ai laissé Matthieu lui annoncer, ce n’était pas mon rôle.

... D’accord merci Patrick, je vais aller l’embrasser et la rassurer.

... Allez mon petit.

Je repose les tasses sur le plateau, et vais dans mon bureau le porter près du perco. J’embrasse Sylvie, en lui demandant si tout va bien

... Oui merci, et toi ? Le président m’a dit que tu étais absente.

... D’accord

Je me retourne et salue la jeune femme qui est à la place de Sylvie. Elle me sourit. Je frappe à la porte de Matthieu

... Entrez !

J’ouvre et en restant dans l’embrasure, je le préviens que je vais voir Ghyslaine et Christine.

... Entre deux minutes !

Je referme la porte et m’assois .... Darling, madame Germain est au courant de ton état, elle est la seule avec Patrick et bien sûr Alexandre. N’aies aucune crainte cela ne transpirera pas, au reste de la famille, j’ai simplement dit que tu étais très fatiguée et que je t’obligeais à rester à la maison quelques jours.

... D’accord, merci.

Il sourit et taquin réplique ... C’est tout merci ! Merci qui ? merci quoi ?

Je ris de bon cœur.... Heu bah merci mon mari chéri.

Mon pouls s’accélère, par pudeur, je n’ose pas employer des mots tendres. Je ne sais pas.

... Bien il y a du progrès ... Allez va femme ingrate,

Je sors en riant, les filles me regardent étrangement. Je préviens Sylvie que je vais au standard.

A peine j’entre que Ghyslaine bondit de sa chaise et me serre dans ses bras.

.... Oh ma belle je suis si contente de te voir, comment vas-tu ?

.... Bien, ma Gi, merci.

... Tu veux un café ?

... Heu non merci, je viens d’en boire un.

Je reste un petit quart d’heure avec mon amie. Elle m’apprend qu’avant son fils elle a aussi fait une fausse couche, et qu’elle s’est retrouvée prise tout de suite derrière. Je ne dois surtout pas me faire de souci, c’est très souvent le cas.

Je lui demande des nouvelles de Christine, elle m’apprend que tout va bien, elle s’intègre parfaitement. Je décide d’aller la voir. Je quitte mon amie en lui souhaitant un bon week-end. Nous prenons rendez-vous pour manger ensemble lundi midi

Je descends l’étage à pied et vais pour frapper à la porte de ma petite amie, quand je vois celle-ci ouverte. Je reste quelques secondes, interdite, ne sachant pas où la chercher. Une jeune femme sort des toilettes et me demande ce que je cherche.
.... Mademoiselle Frontasky n’est pas là ?

.... Si, elle est dans le bureau d’à côté.

La jeune femme se dirige vers ledit bureau, je la suis et entre à sa suite. Christine lève la tête, son visage s’éclaire tout de suite

... Mélissandre !

Je souris ... Bonjour mesdames. Coucou Christine comment vas-tu ?

Elle se lève, glisse son bras sous le mien et m’entraine dans son bureau.

... Alors tu étais malade ? Manou m’a demandé à plusieurs reprises, je suis montée voir ton mari, il m’a dit que tu étais fatiguée et que tu te reposais. Je ne savais même pas ou te téléphoner, et manou quand elle appelait elle tombait sur une fille qui disait que tu dormais. Tu sais on s’est inquiétés avec ton père et Anne-Marie.

... Oui j’avais besoin de quelques jours de repos. Tout a été tellement compliqué avec les histoires, mes cours et tout.

... Oui je comprends. Tu veux un café ?

... Non merci, j’évite d’en boire trop sinon je ne dors pas.

... D’accord.

Tout comme avec Ghyslaine je papote un bon quart d’heure, elle me donne des nouvelles de ma famille, me dit qu’elle a été déçue par son week-end chez Sylvie qui clame un peu partout qu’elle sort avec la cousine du patron.

... Ah mince, pourquoi fait-elle ça ? Elle avait l’air discrète et gentille

... Oui elle est gentille, mais voilà quoi. Je lui ai dit que je n’étais pas la cousine du patron, que je n’avais rien à voir avec sa famille, mais la nièce de ta belle-mère, et elle dit, oui bah c’est pareil. Et maintenant j’ai peur qu’elle dise des trucs ici.

... Tu comptes faire quoi ?

... J’ai espacé, je mange avec les filles du bureau ou des fois avec Ghyslaine.

... D’accord, tu as raison, préserve-toi des mauvaises langues.

... Oui, et je ne veux pas de problème au travail.

Je ris, nous papotons encore quelques minutes, je l’embrasse et la quitte. Je descends au premier et vais voir mes copines du secrétariat qui me reçoive en riant, à celle qui m’embrassera la première.

Chantal ... On a appris que tu étais malade !

... Non simplement un peu fatiguée, les examens de fin d’année m’ont épuisée.

... Et alors ?

... Et alors, bah je suis admise en deuxième année.

Un hourra retentissant fait arriver au pas de courses le directeur d’étage. Quand il m’aperçoit il m’offre un gentil sourire

.... Madame Jorelle, ravi de pouvoir vous saluer.

Nous nous donnons une franche poignée de main. Je m’excuse du désordre que j’occasionne, et lui explique que je suis venue apprendre à mes amies ma réussite à mon M1

... Toutes mes félicitations madame Jorelle.

... Merci monsieur.

Je me retourne vers les filles .... Bon allez je vous laisse à votre travail, soyez sages les filles 

Je sors en souriant et me décide à monter voir Gérard pour lui apprendre aussi ma réussite. Il me serre dans ses bras et me félicite, je reste une dizaine de minutes et fini par rendre visite à monsieur Cériez.

.... Madame Jorelle, je suis ravi de votre réussite, mais je n’en doutais pas.

Je le remercie chaleureusement, il ajoute .... Si un quelconque stage vous était demandé, ce serait avec grand plaisir que je vous guiderais.

... Merci beaucoup.

Je me décide enfin à regagner mon travail, il n’est pas loin de seize heures. En entrant dans le bureau, j’ai la sensation d’avoir coupé net un échange entre les deux filles. Je me sens mal à l’aise. Au moment où je me dirige vers la porte de mon mari, l’interphone grésille. Sylvie appuie sur le bouton.

.... Portez-moi un café !

Je regarde Sylvie ... Ne bouge pas, j’y vais.

Je prépare le plateau, fais couler deux tasses et emmène le tout chez le PDG. J’entre sans frapper. Il lève la tête les sourcils froncés. Dès qu’il m’aperçoit, son visage s’illumine d’un grand sourire

... Darling, tu as terminé le tour de ces dames ?

Je ris en posant le plateau sur son bureau .... Oui et aussi Thibault et Cériez,

.... Hum, devrais-je me méfier de la gent masculine ?

... Mais non, je voulais leur dire que j’avais réussi mon M1

... Comment ça tu es reçu à ton M1 ?

... Mais oui je te l’ai dit au téléphone tout de suite.
... Hum, et nous n’avons pas fêté ça ?

Je hausse les épaules ... C’est bien la peine que je te téléphone, tu n’écoutes même pas les bonnes nouvelles

Je prends ma tasse de café, que je bois à petites gorgées, d’abord parce qu’il est chaud, et moitié vexée. Matthieu me sourit taquin

... Darling tu boudes ?

... Mais non pourquoi ?

... Veux-tu que nous partions ?

... Heu tu as fini ?

... Pour aujourd’hui oui, ça ira.

... Bah d’accord alors.

.... Allons-nous à Neuilly ?

... Oui bien sûr.

Il se lève, enfile sa veste, éteins son ordinateur et ramasse les papiers sur son bureau qu’il range dans un tiroir, il le ferme à clés. Il prend le parapheur et me tend la main.
Dans mon bureau il pose le parapheur devant Sylvie ........ Contactez le coursier et faites partir le courrier !

En même temps je sens l’intérimaire me dévisager

Sylvie bouffe mon mari des yeux en souriant presque naïvement ... Oui monsieur le Président.

Sans avoir lâché ma main, nous nous dirigeons vers le bureau de Patrick.

... Tu veux rentrer avec nous ?

... Je dois aller chercher Odette.

... Pourquoi n’envoies-tu pas Georges ?

Patrick sourit ... Parce qu’il est convenu que j’aille la chercher.

...   Ça t’éviterait de traverser tout Paris.

... Aucune importance.

... Bien à tout à l’heure.

Patrick me fait un petit clin d’œil et opine de la tête. Je vais chercher mon sac que j’ai posé sur le coin du bureau.

Matthieu nous emmène aux jardins des Tuileries, nous marchons main dans la main sans parler. Au bout d’un bon quart d’heure il me demande si je ne suis pas fatiguée.

... Non ça va.

... Veux-tu aller prendre un verre en terrasse ?

... Si tu veux.

Il m’entraine vers le grand café en face du jardin. J’ai comme l’impression qu’il retarde le moment d’aller à Neuilly.

Il commande deux perriers citron, allonge ses jambes et me regarde intensément, ce qui emballe mon pouls et me fait rougir

... Madame Jorelle, vous êtes ravissante.

Je souris troublée ... Merci monsieur Jorelle.

... Le mariage de ta grand-mère approche, as-tu une idée de la tenue qui te plairait ?

... Heu non, je n’en sais rien. Je ne sais même pas comment ma grand-mère sera habillée.

... Je pense en tailleur, ou robe longue sobre. Ta grand-mère n’est pas une personne qui fait étalage.

... Je lui demanderai peut-être.

... Oui bien sûr ! D’autre part, où aimerais-tu que nous partions en vacances ?

... Heu aucune idée.

... Te plairait-il de visiter la Corse ?

... Ah oui bien sûr. Mais n’importe où du moment que je suis avec toi.

Il éclate d’un grand rire ....... Ma chère épouse, je ne vais certainement pas te laisser aller seule.

Je souris ... Mais moi non plus de toute façon.

Nous partons dans un échange mi taquin mi sérieux. Nous faisant comprendre à l’un comme à l’autre notre petit côté jaloux.

Nous repartons jusqu’à la voiture enlacés et amoureux comme jamais.

En voiture, Matthieu vient chercher ma main. Je suis bien, heureuse amoureuse et sereine.

Au salon, la tante est en grande conversation avec son neveu. Maryse se dit enchantée de me revoir, me complimente sur ma meilleure mine. Alexandre sourit.

Matthieu ... Vous devisiez ?

Alexandre ... Oui justement j’expliquais à tante Maryse que j’avais trouvé deux locaux et que j’hésitais

Matthieu .... Et pourquoi cette hésitation ?

... Un est à Neuilly qui ne me convient pas pleinement, et l’autre assez proche de tes bureaux, mais je ne voudrais pas t’encombrer.

... Et lequel correspond le mieux à tes attentes ?

... Celui de Neuilly est récent, l’autre a des travaux de modernisation à prévoir, mais je préfère l’emplacement.

Maryse ... Alexandre a peur que celui de Neuilly lui ramène une clientèle s’ennuyant et se plaignant de petits bobos insignifiants.

Mon mari sourit .... Connais-tu la clientèle de l’autre cabinet ?

... Oui bien sûr, j’ai assisté à quelques consultations. Seulement ce cabinet ne convient pas à Isabelle.

Matthieu se rembrunit .... Il doit d’abord être à sa convenance avant la tienne ?

Alexandre sourit à son cousin ... Disons que l’appartement est au-dessus du cabinet, et elle préfèrerait résider à Neuilly.

... J’ai pourtant cru comprendre qu’elle ne souhaitait pas vivre avec des barbons !

... Non, bien sûr, mais nous prendrions un appartement.

Matthieu d’un ton froid répond à son cousin .... Tu vas te laisser mener par cette fille ? Le laissez paraitre ?  Alors si c’est elle qui décide, tu devras te débrouiller. Je ne vais certainement pas retomber dans le fléau Marsaque et compagnie !

Je vois Alexandre pâlir, et du même ton froid se défend ........ Je n’ai pas dit que j’allais accéder à sa demande, personnellement je préfère le quartier du neuvième

... Alors je ne vois pas où est le problème. C’est bien toi qui travailleras, puisque mademoiselle veut jouer à la maitresse de maison et recevoir à tour de bras !

.... Ce n’est pas encore fait. Je pense qu’après des journées chargées, j’aspirerai à du repos tranquille chez moi

... Permets-moi d’en douter !

... Que lui reproches-tu ?

... Alexandre, ne me dit pas que n’as pas conscience de la réalité ! Remarque son manège, sois observateur ! Je pense qu’à la première braguette qui va passer, tu seras cocu mon ami

Maryse à un sursaut d’indignation ....... Matthieu est-ce un langage ?

Matthieu toise sa tante ......... Ma tante, ne soyez pas aveugle, il n’y aurait donc que vous deux qui n’auriez pas remarqué que la seule et unique fois ou je l’ai vu, elle tentait de me séduire ouvertement !

Maryse ... Elle essayait d’être plaisante !

Matthieu ... En toisant ma femme, comme une merde de chien ?

Je suis soufflée, je ne m’étais donc pas fait d’idée, mais c’était sans compter Matthieu très observateur, rien ne lui est passé inaperçu. Mon pouls s’emballe, je sens qu’ils vont se quereller

Maryse .... Effectivement je n’ai pas fait attention

Matthieu ... Elle est où présentement ?

Alexandre .... Chez le coiffeur, elle ne devrait pas tarder.

... Elle va chez le coiffeur seule ?

Maryse .... Ne sois pas niais, Georges est avec elle !

…... Ma niaiserie, ma tante, ne va pas jusqu’à payer du personnel pour les intrigantes.

Alexandre …... Ne pousse pas trop Matthieu !

Matthieu ….... Alors ouvre les yeux, il ne faut pas quatre ans pour s’apercevoir qu’elle est avec toi, juste pour le rang que tu lui apporteras.

Alexandre ... Mais non ne soit pas ridicule.

Matthieu ... Alors dis-moi pourquoi elle ne continue pas ses études, puisqu’elle veut être médecin.

Alexandre ... Elle n’a pas les capacités, et s’en rend compte, elle fatigue des études.

Matthieu ... Oui, il vaut mieux parader, c’est moins prenant !

Je tourne la tête en entendant la porte s’ouvrir, manou au bras de Patrick arrivent.

Je me lève pour serrer ma grand-mère dans mes bras

... Ma poupée, je suis si contente de te voir. Matthieu a eu raison de t’obliger à te reposer, tu as meilleure mine.

Je souris, Matthieu sort des bouteilles du meuble vitrine, comme par magie Catherine dépose un plateau de verres sur la petite table. D’un sourire je la remercie.

Alexandre fait le service ... Mélissandre que désires-tu boire ?

... Heu un petit martini.

Il me sert et me tend le verre avec un beau sourire. Je me trouble, tant la ressemblance avec Matthieu est flagrante.

La conversation s’anime avec manou et Maryse. Je demande à ma grand-mère comment elle désire que ses invités soient habillés.

... Ma poupée, tu es si féminine, je ne pense pas avoir de conseils à te donner.

La porte s’ouvre, une Isabelle toute pimpante entre. Je ne vois pas grand changement avec sa coupe de cheveux de la dernière fois.

Elle salue tout le monde de la tête et va s’assoir à côté d’Alexandre, sans un geste tendre. Je suis surprise.

Alexandre ... Que désires-tu boire ?

Avec un haussement d’épaules elle répond sèchement ... Comme d’habitude !

Alexandre demande à Matthieu s’ils ont du gin.

Matthieu ... Oui très certainement, regarde dans le bar !

Isabelle d’un sourire ... Oh ne vous inquiétez pas Matthieu, je prendrai ce qu’il vous convient de me servir

Matthieu ... Alexandre n’est pas à la hauteur ?

Isabelle pouffe de rire ... A la hauteur ?

Matthieu que je sens agacé .... Que me demandez-vous de vous servir ? Prendriez-vous les hommes pour vos boys ?

Elle s’empourpre, tous les regards vont de Matthieu à Isabelle. Des fois mon mari m’irrite de balancer sans aucune demie mesure, ses sarcasmes même pas voilés.

... Matthieu, comment penser une chose pareille, je ne me permettrais pas. Je pensais simplement qu’il n’était pas de bon ton de se servir soi-même

... Je ne pense pas que vous ayez autant de scrupules pour profiter de mon personnel !

Je regarde Alexandre qui lui sert un doigt de whisky, Patrick sourit Maryse et manou ne quittent pas Matthieu des yeux.

... Alexandre n’étant pas disposé à me déposer au salon de coiffure, j’ai demandé à votre tante.

Matthieu émet un petit rire ironique .... Pensez-vous qu’une fois installé, Alexandre prendra le temps de vous promener, et aura les moyens de vous payer un chauffeur ?

... Pourquoi me déclarez-vous la guerre Matthieu ?

Elle minaude en lui faisant un sourire un peu crispé. Matthieu ne se laisse pas démonter.

... Sachez qu’ici il y a des règles à respecter ! Je vous prierai donc d’en parler avec Alexandre, et ne pas vous croire en terrain conquis !

Maryse ... Matthieu, voyons, tu mets à mal cette jeune femme. Ce n’est pas une affaire d’état !

Matthieu jauge sa tante, je sens qu’il bout, qu’il risque d’éclater et de la remettre vertement en place. Je prends sa main d’un geste qui veut dire ... Allez ne gâche pas tout.

Il tourne la tête vers moi. Enlace mes épaules et me chuchote ... Oui darling, je me tais. Je préfère !

Isabelle contre-attaque ... Matthieu je ne demande qu’à apprendre vos us et coutumes, et je ne voudrais pas outrepasser mes droits.

Matthieu cinglant lui répond .... Alors restez à votre place !

Puis s’adressant à Maryse ... Passons-nous à table ma tante ?

... Oui bien sûr.

Je repose mon verre que j’ai à peine touché. Je suis peinée, décidément après les Marsaque, ça va être Isabelle qui met le trouble dans cette famille. C’est dingue ça !

Matthieu se lève et me tend la main. Je remarque qu’Alexandre n’a jamais de geste tendre envers la jeune femme qui représente sa future compagne. Nous laissons passer les anciens, Isabelle talonne la tante.

Alexandre pose un bras sur celui de Matthieu

... Mon cher cousin, tout le monde n’a pas la chance de tomber sur Mélissandre.

... Alexandre, ouvre les yeux, et réfléchis avant de t’engager plus en avant.

.... Mélissandre n’aurait pas sœur ou cousine à me présenter ?

Nous éclatons de rire, mon mari taquin ... Oh certes non, sa cousine est de la pire espèce.

Alexandre sourit .... Vois-tu !

Nous allons à table. Isabelle me lance un regard noir, je ne m’attarde pas.

Le repas se passe bien, les conversations sont principalement axées sur le mariage qui avance à grand pas.

Je mange de bon appétit et me laisse bercer par la joie d’être en famille, si ce n’est mon père et Anne-Marie qui me manque.

Sitôt le repas terminé, Alexandre et Isabelle s’éclipsent. Nous allons au salon boire le café. Maryse attaque d’emblée son neveu d’un ton mécontent.
... Matthieu, tu ne peux pas tout te permettre !

.. Ma tante, je ne veux pas qu’Alexandre se fasse manger par cette fille qui va le mener à la baguette !

... Tu ne peux régenter la vie amoureuse de ton cousin.

... Ne soyez pas ridicule, ils ne sont en rien amoureux, ils sont ensemble par habitude. Vous êtes aveugle ou quoi ?

.... Et dans quatre ans, auras-tu les mêmes attentions envers Mélissandre ?

... Dans quatre ans, dans dix ans ... J’aime ma femme, pas uniquement pour six mois !

... Je te connais Matthieu, je sais que vos sentiments sont forts, mais reconnais que tu ne sais rien de leur couple !

Patrick ... Maryse, je ne veux pas donner raison à Matthieu, mais je ne suis pas sûr qu’elle fasse le bonheur de mon fils

Maryse fataliste, ce qui me fait sourire ... Alors si vous vous liguez tous contre moi ! Laissons les choses venir.

Je capte le regard de manou, qui pour sûr, est belle et bien amoureuse.

... Manou, c’est indiscret de te demander comment tu seras habillée pour la cérémonie ?

... Non ma poupée, Maryse m’a aidé à choisir, je serais en robe longue écrue.

... D’accord, tu veux que l’on soit en robe longue aussi ou pas ?

.... Ma poupée, tu choisis la toilette qui te plait, je connais ton bon goût.

Nous voilà à parler de tenues, les deux hommes nous demandent la permission de se retirer une petite heure dans le bureau

Matthieu ... Darling, si tu veux après, nous pourrons aller nous promener un peu.

... Oui d’accord

Nous nous retrouvons entre femmes. Je demande comment sera habillée Anne-Marie.

Manou ... Elle a une jolie robe mi-longue en soie bleue

Je souris et demande à la tante.

Maryse ... Mon petit, je serais aussi en robe mi-longue couleur vert d’eau.

Je pose la question fatidique .... Et mon parrain et tata ?

Manou à le regard qui se voile .... Ils seront là, sans Elise.

... Elle ne veut pas venir ? Elle ne peut pas faire un tout petit effort pour toi ?

... Ma puce, si Elise apparait, ton mari et toi n’assisterez pas. J’ai donc fait mon choix.

... Comment ça ?

... Matthieu m’a certifié que si jamais ta cousine pointait le bout de son nez, vous partiez aussitôt.

Une onde de colère me submerge, je me sens pâlir

Manou rajoute ... Ton mari a raison. Elle fera bonne figure et ira colporter je ne sais quoi par la suite !

... Mais je ne peux pas définitivement la rayer de ma vie.

... Laisse le temps faire les choses ma poupée. Elle a été trop loin dans la diffamation, elle a fait beaucoup de mal, par sa jalousie et sa méchanceté.

... Quel gâchis, franchement.

Maryse change subitement de conversation, je vois les hommes arriver, je souris à la tante. Matthieu me propose de sortir. Je me lève.

Nous nous promenons dans le parc, main dans la main à petits pas, tout en échangeant sur le mariage, Matthieu me demande si je souhaite qu’il s’occupe de ma toilette, en riant il ajoute .... Le rouge étant interdit

Je ris à mon tour .... Comment fais-tu pour savoir exactement mes tailles et pointures ?

... Le coup d’œil darling !

... Mais non, en réalité ?

... En réalité ? J’ai ta photo dans mon téléphone, il m’a suffi de dire ta stature et le couturier étant très bon, a jaugé de suite ta taille.

... Oh, j’ai un mari menteur en plus

Matthieu fouille dans sa poche et sort son téléphone portable, il le manipule et le mets devant mes yeux. Je suis avec mon tailleur beige et mon caraco marron. Je n’en reviens pas.
... Mais tu l’as prise quand ?

... Une fois ou je t’ai prié de monter me voir, j’avais mon portable en main, et dès que tu es rentré, semblant de rien je t’ai photographié.

J’éclate de rire en le traitant de malin. Il encercle ma taille et me fait tournoyer. Je ris aux éclats, comme ça fait bien longtemps que cela ne m’était pas arrivé.

Il me repose, je suis essoufflée et titubante. Il me tient solidement.

... Matthieu ?

.... Oui darling ?

... Je voudrais qu’on fasse un enfant !

Il s’arrête net, et me regarde. Je vois ses yeux qui se voilent, mon pouls s’emballe.

... Nous avons le temps mon amour, remets-toi déjà de cet accident.

... Mais il parait que c’est mieux d’essayer rapidement.

... Nous en reparlerons, veux-tu ?

... Oui d’accord.

Je n’insiste pas, mais je suis décidée à ne pas me protéger. Nous continuons notre promenade, Matthieu me demande si je veux reprendre le travail lundi

... Ah oui, bien sûr. Je m’ennuie tu sais à l’appartement, bien mieux que je n’ai même pas les cours pour m’occuper.

... Comptes-tu continuer ?

.. Mais oui bien sûr, je ne vais pas m’arrêter là.

... Doucement darling, je m’enquiers c’est tout, je ne compte pas te demander d’arrêter.

Je pousse un soupir de soulagement ... Ah d’accord, excuse-moi alors.

... Madame Jorelle, ne montez pas au créneau chaque fois que je pose une simple question.

... Oui d’accord.

En arrivant vers la gloriette, nous entendons des éclats de voix. Je reconnais tout de suite Isabelle, elle est en furie. Je vais pour faire demi-tour quand Matthieu continue dans cette direction

... Matthieu laissons-les.

... Justement finissons-en une bonne fois pour toute et rapidement !

... Matthieu ça ne nous regarde pas.
... Si darling, il est hors de question qu’elle touche au moindre sou d’Alexandre pour ses envies de grandeur.

Je me tais à bout d’argument. Je sais qu’il a travaillé jour et nuit pour arriver au sommet de la richesse et de la gloire.

Alexandre les mains dans les poches de son pantalon, ne nous voit pas arriver, il tourne le dos aux quelques marches que nous montons. Elle a les yeux flamboyants de colère, dès notre arrivée elle se radoucit

... Oh Matthieu vous vous promenez aussi ?

Alexandre se retourne, il a les yeux noirs de colère. Je connais ce regard, son cousin à le même.

Matthieu m’entraine vers un banc, nous nous asseyons, sans un mot. Mon mari enlace mes épaules et m’attire à lui.

... Tout va bien Alexandre ?

Le jeune homme nous regarde tour à tour, il n’a pas le temps de répondre qu’Isabelle d’une voix suave répond pour lui

... Oui bien sûr, nous papotions pour le cabinet médical de Neuilly, je disais à Alexandre, qu’il serait bien de nous dénicher un petit nid.

Matthieu lui rétorque froidement ......... Papotez ? On vous entend à l’autre bout du parc.

Elle glousse ... Nous n’arrivons pas à être d’accord sur le choix de l’emplacement.

.... Vous ne comptez pas vous investir dans son travail ?

.... Comment ça ? Je dois bien m’investir dans sa vie tout de même ! Votre femme ne s’investit pas dans votre vie ?

... Laissez ma femme en dehors de ça, et sachez que dans mes affaires, je suis seul le patron !

... Oui bien sûr, mais est-elle si insignifiante, qu’elle n’a pas son mot à dire ?

Matthieu a la voix qui gronde et répond vertement .... Sachez que quoique décide Alexandre sans mon assentiment, il n’aura pas un sou pour s’installer, nous verrons qui de vous ou de ma femme est insignifiante !

Elle pâlit ... Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, et Alexandre m’a fait comprendre qu’il avait des biens personnels !

... Vous vous êtes fourvoyée mademoiselle, Alexandre n’a de bien personnel que sa chemise !

... Mais son père sera à même de l’aider financièrement.

... A eux de voir, mais j’en doute !

Alexandre sort enfin de son mutisme et d’une voix caustique s’adresse à son amie .... Que crois-tu, que mon père est riche à millions ? Tout ce qui est ici appartient à Matthieu !

Elle ....... Ah, et même la société ?

Alexandre ....... Et même la société, mon père n’est qu’employé de Matthieu

Elle me fusille du regard et d’un sourire mauvais ........ Bah au moins, vous avez su tirer le bon numéro !

Je suis outrée, et sans que personne ne s’y attende je la remets en place avec une colère incontrôlable.

....... Vous croyez quoi ? Que je me suis mariée pour son patrimoine et son nom sur la place publique ? Je me suffis à moi-même, je n’ai pas besoin de mon mari pour me payer un coiffeur, ni de chauffeur pour m’y rendre.

...... Oui enfin, vous profitez bien !

..... Vous me prenez pour une pute qui écarte les cuisses pour quelques salons de coiffure ou une tenue ? Je travaille pour me payer le coiffeur ou une paire de chaussures. Je ne m’habille pas pour parader, mais pour plaire uniquement à mon mari.

....... Et que croyez-vous que je sois une pute ? Ça fait quatre ans que nous sommes ensemble, nous sommes un couple !

Alexandre ...... Ma chère remet les choses dans leur contexte s’il te plait !

Elle se retourne sur Alexandre ....... Quel contexte ?

Alexandre d’un air désabusé ......... Matthieu, il y a un an, notre idylle a cessé parce que plus rien n’allait. Isabelle ne pensait qu’à sortir, alors que je voulais bucher. Je voulais décrocher mon doctorat, nous avons donc rompu ! Isabelle a été batifoler avec mon meilleur ami, enfin je le pensais mon meilleur ami, son père à un cabinet médical comprends-tu ? Je n’avais que mes bourses estudiantines et ce que me donnait mon père pour m’aider, je n’étais donc pas à la hauteur de ......

Elle ne le laisse pas finir et d’une voix ou la rage explose ........... Arrête, arrête ça tout de suite !

Elle est en pleine crise de nerfs, Alexandre lui demande si la vérité la dérange. D’un geste peu gracieux, elle se lève gifle Alexandre à la volée et descend les marches, on la voit courir dans l’allée et remonter jusqu’au domaine.

Je suis soufflée, je le regarde sidérée. Sa joue rougie vitesse grand V. Il passe sa main sur sa joue, et s’assoit.

Matthieu ....... Elle est belle ton idylle !

Alexandre ........ Oui, je pense que là, elle a été trop loin. Je vais lui signifier que c’est terminé une bonne fois pour toute !

..... Pourquoi ne pas l’avoir fait avant ?

..... Elle s’accroche comme une sangsue.

Matthieu ... Que s’est-il passé il y a un an ?

Alexandre soupire d’un air las, il se lève et fait les cent pas nerveusement tout en racontant. .... Nous avons rompu. Un jour au self de la fac elle est venue me voir, me demandant de l’aide pour un devoir, je n’ai pas prêté attention et j’ai dit oui. Le soir elle m’a rejoint dans ma piaule, le cours ne l’intéressait nullement, elle me faisait ouvertement des avances, mais j’ai continué mes explications. Nous avons échangé un peu sur notre avenir en tant que médecin, et à brûle pourpoint elle m’a demandé si je savais que mon cousin faisait la une des journaux avec une jouvencelle. Comment ça, lui ai-je demandé, elle m’a sorti un magazine ou un gros titre annonçait qu’une jolie égérie était au bras du puissant PDG de chez Cathenry, En riant je lui ai dit oui je suis au courant ! Cette histoire a fait un peu le tour des amis, puis elle s’est rapprochée de moi, de plus en plus, jusqu’à revenir complètement. Me jouant la scène du repenti et de la femme amoureuse, insistant pour être présentée à ma famille. Depuis elle me fait une vie d’enfer, voulant mener grand train.

Matthieu se lève et prend son cousin dans ses bras. J’ai envie de rire, ils sont aussi grands l’un que l’autre.

... Allez vire-moi ça, ne retombons pas dans la perfidie et compagnie, nous ne le méritons pas !

Alexandre ... Oui tu as raison, de toute façon elle m’indiffère, presque, elle me dégoute ! J’ai eu confirmation avant cette scène, quand elle me disait vouloir être femme au foyer sans enfant.

Prise d’un élan de sympathie, me rappelant qu’il y a quelques jours Alexandre venait à mon écoute, je me lève et d’emblée l’embrasse ...... Alexandre, tu es bel homme, tu trouveras une gentille fille.

Il sourit ... Une madame Jorelle ?

Je réponds à son sourire ... Mais oui, il y en a d’autres, ne t’inquiète pas. Et quand elle se présentera alors tu sauras la reconnaitre.

Matthieu entoure mes épaules ...... Alexandre le plus grand malheur que je puisse te souhaiter, c’est de rencontrer une merveille comme mon épouse.

Je me hisse sur la pointe des pieds et dépose un délicat baiser sur la joue de mon mari ....... Oh merci monsieur Jorelle.

Nous éclatons de rire, et bras dessus, bras dessous, nous remontons tous les trois jusqu’au domaine.

Dans le salon, nous trouvons une Isabelle abattue, Maryse la mine déconfite essaie de rassurée la jeune fille.

Alexandre s’assoit à côté de sa tante sans un regard vers elle. Matthieu fait signe à Catherine qui suivit d’une jeune fille pose un plateau de tasses à café.

Mon mari, narquois demande si nous avons interrompu une conversation passionnante.

Maryse ... Non nous devisions tranquillement.

Matthieu s’appuie sur le dossier du canapé, allongeant ses jambes, il semble être détendu, je sais qu’il n’en est rien, et qu’il ne faudrait qu’une toute petite étincelle pour le faire exploser. Alexandre, nous sert et nous tend nos tasses je le remercie d’un gentil sourire.

La fin d’après-midi est étrangement calme. Patrick et manou après le café, se décident à leur tour, à aller prendre l’air dans le parc. Matthieu me chuchote ... Je suis dans le bureau.

Je me retrouve entre Maryse qui a l’air peinée, Alexandre et Isabelle qui ne parlent pas.

Contrariée au plus haut point, moi qui me faisais une joie de venir. D’un bond je me lève, m’excuse auprès de Maryse et sors le cœur battant du salon. Je frappe discrètement à la porte du bureau.

... Entrez !

J’ouvre doucement la porte, ne sachant si mon mari ne va pas trouver à redire que je vienne le déranger.

... Darling, tout va bien ?

... Heu oui.

... Entre, que se passe-t-il ?

... Disons que je me sens un peu seule.

... Où est ma tante ?

... Si elle est là, dans le salon avec ton cousin et Isabelle, mais personne ne parle.

Il se lève et m’attire à lui, il me conduit vers son fauteuil je m’assois sur ses genoux.

... Ma petite femme esseulée. Dis-moi darling, aimerais-tu que nous invitions tes parents ?

Je tourne légèrement la tête, je peux sentir l’haleine chaude de mon mari, sur ma joue.

.... Oui, ils me manquent !

... Bien invitons-les alors !

Il décroche son téléphone et très aimablement salue ma belle-mère qui a dû décrocher.

... Dites-moi Anne-Marie, vous serait-il possible de vous libérer au diner ?

Je n’entends pas ce qu’elle répond, je vois mon mari sourire.

..... Je ne suis pas persuadé être dans les exigences protocolaires, mais entre nous, en avons-nous besoin ?

........

Matthieu éclate de rire ... Alors dites à mon beau-père que je le remercie grandement. Nous vous attendons pour 20 heures, pour y passer la fin du week-end. Mélissandre se languit un peu des siens.

......

... Il est évident que mademoiselle Frontasky est invitée, faites-lui en part je vous prie !

........

.... Anne-Marie, elle est à la place qu’elle a mérité, ni plus ni moins. Je sais pouvoir compter sur elle, c’est un excellent élément, et elle me l’a encore prouvé cette semaine.

.....

.... Non j’en suis convaincu.  Certaines gagnent, certaines perdent, ainsi vont les choses

.....

... A ce soir chère belle-mère, si vous me permettez.

.....

Matthieu pour la deuxième fois, rit de bon cœur avant de raccrocher.

Je le regarde en quête d’explications.

... Qu’elle est cette attente darling ?

... Heu elle a dit quoi ?

... Ils seront là à 20 heures.

... Mais il est déjà dix- huit heures trente

... Aucune importance, ils dormiront sur place, et tu les auras tout dimanche pour toi.

... Mais pourquoi tu riais ?

... Ta chère belle-mère me disait qu’un fils comme moi, elle s’arracherait les cheveux !

... Ah, et pourquoi elle a dit ça ?

... Je ne sais plus, parce que je l’ai appelé ma belle-mère je pense.

... D’accord, Christine sera là ?

.... Oui évidemment !

... J’espère qu’Isabelle ne va pas lui faire la misère, elle est déjà tellement timide.

... Non et à ce propos, nous allons y mettre un terme de suite !

Il me pousse pour que je me lève, nous retournons au salon, ou nous pouvons entendre Alexandre s’exprimer clairement d’une voix qui n’appelle pas de réponse. La même intonation glaciale que son cousin. Pire que des jumeaux ces deux-là

Maryse ... Ah mes enfants où étiez-vous ?

Matthieu .... Ma tante, dites en cuisine, que nous aurons deux convives ce soir !

  ... Tu as vu l’heure pour faire préparer un diner ?

 ... Il n’y a rien d’extravagant à mettre deux couverts de plus, ne me dites pas que tout est pesé au compte-goutte.

.... Et puis-je savoir qui est convié ?

.... Oui mes beaux-parents !

... Et la petite n’est pas invitée ?

... Si bien entendu !

... Alors ça fait trois convives si je ne m’abuse

... Oui trois convives et deux couverts.

... Qui ne dine pas ?

Matthieu sourit .... Tout le monde dine, sauf mademoiselle ici présente !

Les regards se tournent vers Isabelle qui ouvre de grands yeux.

Maryse ... Et puis-je en connaitre la raison !

Matthieu un rien sarcastique .... Au vu de la scène qu’elle nous a fait assister cet après-midi, je préfère l’évincer qu’elle ne puisse se donner en spectacle au beau milieu du repas devant mes beaux-parents

Isabelle d’une voix aigüe ... Je me suis excusée de mon emportement.

Matthieu ... Je n’ai que faire de plates excuses au regard de l’affront ! Je vous prierai dorénavant de m’éviter votre présence, lorsque je suis ici avec ma femme.

Maryse .... Matthieu mais qu’elle est donc cette attitude discourtoise ?

... Ma tante malgré tout le respect que je vous dois, je préfère ne pas épiloguer. Alexandre fera comme il l’entend, je ne veux simplement pas de mademoiselle les week-ends ou nous sommes présents avec Mélissandre. Ma femme a besoin de repos, pas de ces sempiternelles querelles déclenchées par des tiers personnes.

Maryse ... J’ignore ce qui s’est passé, mais tu outrepasses tes permissions.
Matthieu qui a la voix qui gronde de plus en plus regarde son cousin

... Alexandre, permettras-tu que cette femme te gifle en cas de désaccord ? Tu as quoi dans ton pantalon ?

Maryse élève la voix ... Matthieu je t’interdis d’être vulgaire.
Matthieu .... Alexandre réponds-moi, en tant que frère, et surtout en tant qu’homme !

Alexandre retrouvant un ton calme sourit légèrement .... N’aies crainte mon frère, j’ai signifié à Isabelle que notre histoire était belle et bien terminée !

Matthieu .... Alors dis-lui de disposer rapidement !

Alexandre ... Je vais te faire raccompagner chez toi Isabelle !

Isabelle d’une voix enrouée .... Pourquoi tu le laisses nous séparer ?

Alexandre ... Non, Isabelle, toi seule a provoqué cette rupture, tout comme la première. Seulement sache que celle-ci est la dernière.

Isabelle essaie de tenter une dernière tentative ... Alexandre, tu ne peux oublier ces quatre années de sentiments

Alexandre ... Années de sentiments ? Non Isabelle années laborieuses avec une capricieuse, à qui tout est du. Va donc chez tes parents te faire pouponner, je ne suis pas pédiatre.

Je souris malgré moi

Matthieu ... Catherine, dites à Georges de raccompagner mademoiselle à la gare, au métro, peu m’importe !

... Oui monsieur

Quelques minutes après, le chauffeur arrive, la mine sévère, il attend droit comme un I, ses mains croisées devant lui.

Alexandre ... Isabelle, ne te rends pas ridicule en te faisant prier. Les choses entre nous sont claires. Nous n’avons aucune affinité pour partager toute une vie.

En larme, sans plus aucune pudeur, elle se lève, passe devant nous et sort, suivie du chauffeur.

Maryse ... Je suis franchement navrée de la tournure des évènements.

Matthieu ... Désolé mais pas moi ! D’où une femme gifle un homme, ou réciproquement ? Nous ne sommes pas à l’âge féodal me semble-t-il !

Maryse ... Alexandre, comment en es-tu arrivé là ?

  ... Doucement ma tante, Isabelle est une enfant gâtée, qui rêve de la grande vie, ce dont je n’étais pas enclin.

  ... Vient-elle d’un milieu aisé ?

  ... Absolument pas, ses parents se sont saignés pour ses études, elle n’a aucune reconnaissance. Préférant l’amusement aux études.

  .... Que nous l’as-tu présenté, si tu savais qu’elle n’était pas celle de ton cœur.

Alexandre sourit.... Ma tante une idée saugrenue, je vous l’accorde.

Matthieu met fin à ce discours ....... Passons à autre chose, mon cousin n’en est pas plus affecté que ça !

Alexandre ... Oh que non, et je te remercie d’être intervenu rapidement !

Matthieu .... Serais-tu poltron ?

Le cousin éclate d’un rire clair, un rire de bonheur .... Poltron ? Non loin de là, peut-être et très certainement un peu plus diplomate. Au contraire de toi, mon cher, je n’ai pas eu à me battre dans une fosse aux lions. Je prends davantage de temps.

  .... Alors tu perds aussi beaucoup de temps

  .... N’oublie pas mon cher Matthieu que si tu es un Jorelle, tu es aussi un Duval à cinquante pour cent, tout comme moi, et que nous n’avons rien à envier à l’autre question ténacité.

Matthieu éclate de rire à son tour ... Entièrement d’accord avec toi

Les deux cousins nous amusent de leurs réparties, manou au bras de Patrick entrent. Ma grand-mère les yeux brillants de bonheur, le visage de Patrick irradie tout autant.

Alexandre .... Voilà nos beaux tourtereaux.

Patrick sourit .... Et bien mon fils, en voilà des manières et un langage.

Taquin, Alexandre réplique ... Ne seriez-vous pas en phase de préliminaires maritales ?

Manou qui ne veut pas être en reste .... J’ai trouvé un petit-fils avec un sacré tempérament, me voilà avec un beau-fils du même acabit.

Elle lève la tête vers Patrick .... Mon bien-aimé, que vais-je devenir ?

Nous rions devant la mine contrite de manou.

Matthieu .... Manou et Patrick, j’ai pris la décision d’inviter mes beaux-parents. Mélissandre se languit un peu de son père

Manou .... Matthieu c’est tout à votre honneur.

La fin d’après-midi est faite de sourires et rires. De taquineries entre Maryse et les deux cousins, en passant par manou et Patrick. Je m’aperçois qu’ils s’entendent comme larrons en foire, et que dès que mon mari est avec son cousin, il se détend et devient farceur.

En entendant mes parents arriver, je bondis littéralement du canapé. Mon père sourit en m’embrassant, Anne-Marie me serre dans ses bras. A tour de rôle ils me disent être contents de me voir reposée. Matthieu fait les présentations pour son cousin.

A.M ... Mon dieu, de dos nous pourrions confondre ces deux beaux jeunes hommes.

Les cousins sourient, mon père et sa compagne s’assoient, il ne reste à Christine qu’une place près d’Alexandre. C’est en rougissant qu’elle va s’assoir près de lui.

Je la regarde et lui fais un grand sourire. .... Tu vas bien Christine ?

Baissant la tête souriant à demi, elle répond d’une petite voix ... Oui Mélissandre, je te remercie.

Matthieu .... Tout va bien Christine, nous sommes en famille, d’accord ?

... Oui monsieur !

Matthieu lui sourit .... Christine, fais un effort, ici je ne suis pas ton patron d’accord ?

... Oui d’accord !

.... Bien que veux-tu boire ?

... Heu pas d’alcool.

.... Catherine, portez un jus de fruit à mademoiselle

... Oui monsieur

Matthieu et Alexandre servent les apéritifs d’un même concert. Je les observe, ils ont les mêmes mimiques, les mêmes gestes. Je souris involontairement.

Les conversations vont bon train. Je demande à Christine comment elle sera habillée pour le mariage, elle me dit avoir une jolie robe longue choisie avec Anne-Marie.

Un gentil brouhaha de conversations croisées et décousues s’élève dans le salon. J’essaie de suivre ce qui se dit tout en sirotant mon martini.

Sur la demande de Matthieu à sa tante, nous passons à table. En réalité c’est Matthieu qui décide mais par respect il fait semblant de demander à sa tante qui acquiesce automatiquement.

Comme à son habitude Matthieu me tend la main pour m’aider à me lever, je remarque tout de suite que son cousin présente son bras à Christine qui les yeux brillants, glisse sa main. A table, il lui tire une chaise et attend qu’elle soit assise, pour prendre place à ses côtés.

Maryse .... Mes amis, Matthieu nous ayant prévenu au pied levé, le repas sera en toute simplicité.

Anne-Marie et mon père s’excuse du dérangement mais ravis de leur rendre visite prient Maryse de ne pas se tracasser.

Le joyeux brouhaha reprend de plus belle. A plusieurs reprises je vois Alexandre remplir le verre d’eau de Christine, en fin de repas, il arrive à la faire sourire et même rire

Je suis bien, heureuse d’être entourée des gens que j’aime, de mes parents, de Christine, que je considère comme une petite sœur, et de mon mari que j’aime tant.

Nous trainons un peu, l’ambiance est tellement chaleureuse. En sortant de table, nous allons au salon pour les digestifs des hommes, et le petit verre d’anisette de Maryse.

Matthieu me propose une petite promenade dans le parc. La soirée est douce et il fait encore jour. J’accepte volontiers. Il prie son cousin de se joindre à nous.
Je vois Alexandre glissé un mot à Christine qui opine de la tête

Main dans la main avec Matthieu, Christine et Alexandre côte à côte, nous arpentons les allées du parc en riant des boutades des deux cousins.

Les lampadaires du parc s’allument, ce qui le rend encore plus gigantesque et fantastique. Je n’avais encore jamais pu l’admirer de nuit. Nous rentrons tranquillement.
J’embrasse les jeunes et prévient Matthieu que je suis fatiguée, je prie mon mari de saluer tout le monde pour moi.
... J’arrive darling !

Je prends une douche fraiche, après cette journée lourde et moite et me glisse avec bonheur dans une nuisette. Je voudrais ne pas dormir, attendre Matthieu en espérant qu’il ne tarde pas.

Je me réveille tenue par son bras. Je bouge un peu et souffle sur sa figure doucement, je veux qu’il se réveille, je veux qu’il me fasse l’amour depuis le temps. Je veux me donner entièrement à lui.

... Darling ?

Il ouvre les yeux, je me blottis contre lui, et caresse son dos, je descends dans sa chute de rein, puis coquinement je glisse sur le haut de sa cuisse. Ma main rencontre son sexe qui se durcit, je me laisse emporter pas la passion et l’envie

Mon mari me fera l’amour tendrement, passionnément, nous emmenant dans un tourbillon de volupté ou je m’égare complètement.
Nous retombons sur le côté essoufflés et repus de nos deux corps à l’unisson.

Matthieu reprend ses esprits ... Ma femme est une petite dévergondée, mais j’apprécie beaucoup !

Nous rions en chahutant quelques minutes. Pour enfin nous lever et nous préparer.

Dans la salle à manger, nous ne trouvons personne, nous déjeunons en silence. Ce silence qui n’a pas besoin de mot pour nous comprendre. Ce silence fait d’amour et de partage.

Matthieu mord dans un petit pain, tout en me dévisageant ... Madame Jorelle, l’amour vous rend belle !

En rougissant je réponds taquine .... Monsieur Jorelle, le mérite vous en revient, si je n’avais besoin de quémander vos faveurs.

... Madame Jorelle, il fut un temps pas si ancien, où vous preniez mes faveurs à contre cœur.

Je hausse les épaules ... Faut toujours que tu triches

Il éclate de rire, de ce rire joyeux et taquin, au même moment Alexandre et Christine les joues roses entrent pour prendre un café.
Alexandre ... Et bien mon cousin, te voilà de bien bonne humeur.
Christine regarde Matthieu d’un air étonné.

Matthieu .... La malice de madame Jorelle en est la cause.

Les jeunes prennent place. Alexandre sert une tasse de café qu’il offre à Christine avant de se servir. Elle le remercie d’un grand sourire.

Matthieu ... Comment vas-tu Alexandre ?

... Ma foi, très bien. J’avais idée cette semaine de t’amener à ce fameux cabinet médical, que tu puisses me faire part de ton jugement.

... Bien sûr, quel jour ?

... Le tien sera le mien. Je suis libre !

.... Je regarde mon planning et te fais part de mes libertés. Viens en matinée, nous déjeunerons ensemble

... Impeccable !

.... Dis-moi Alexandre, si ton cabinet est si proche de mes bureaux, pourrais-tu alors te charger des visites médicales annuelles ? Ou des accidents de travail en cas ?

... Oui bien sûr tout à fait !

... Nous établirons un contrat en bonne et due forme, que tu n’es pas de soucis avec l’ordre des médecins !

... Oui bien sûr !

... Nous en parlerons à ce moment-là. Les travaux te semblent importants ?

... Ce n’est pas à proprement parlé vétuste, plutôt ancien et peu serviable.

... Et l’appartement ?

... Un petit quatre pièces. La salle à manger n’est pas plus grande qu’une chambre.

... Bien, nous verrons tout cela. Il est peut-être préférable d’investir et d’être dans un quartier qui te séduit.

... Il est certain, que les bobos de Neuilly ne m’auraient en aucun cas convenus !

Matthieu sourit. ... A quelle hauteur du boulevard ?

... C’est au 14.

... J’irais jeter un œil au bâtiment.

... Le cabinet est en rez-de-chaussée, l’appartement juste au-dessus. De plus celui d’à côté est aussi en vente. Il appartient à ce médecin qui s’en servait pour faire une réserve d’archives

... Ce dont tu n’auras pas l’utilité puisque tu seras informatisé, je pense.

... Oui tout à fait. Je voyais plutôt cet appartement pour agrandir le premier.

..... Ils sont côte à côte ?

...... Oui en fait le mur de la salle à manger les séparent

... D’accord, oui excellente idée. Voyons ça rapidement !

.. Merci Matthieu.

... Non tu n’as pas à me remercier. Tu as ta part placée, il suffira de t’en servira pour démarrer soit les travaux soit l’ouverture du cabinet. Nous verrons tout ceci ensemble !

.... Oui qui plus est, au prix d’un cabinet à Neuilly, et d’un cabinet dans le 9e même avec les travaux, je serai gagnant je pense

... D’accord, nous verrons ça.

Matthieu me regarde ... Que fait-on ?

... Heu bah je ne sais pas, as-tu une idée ?

.... Veux-tu aller faire quelques pas ?

... Oui bien sûr, mais si tu as du travail, je peux aller toute seule.

... Non, non allons-y. Alexandre vous nous accompagnez ou vous avez déjà fait une balade.

... Nous pouvons vous suivre, les lèves-tard.

Je souris. En laissant passer Alexandre et Christine devant, je remarque la main du cousin dans la cambrure de mon amie. Une vive émotion s’empare de moi.

Matthieu entoure mes épaules, nous marchons tous les quatre en pas cadencés. Les deux hommes ne peuvent s’empêcher de parler de leurs futurs projets, nous laissant un peu sur la touche Christine et moi.

Je pars dans mes pensées. Des pensées farfelues, je vois déjà Christine mariée au cousin de mon mari. D’un coup je réagis fiévreusement. Il quitte hier Isabelle, et aujourd’hui fait du charme à Christine. Qu’est-ce que ça veut dire ? Serait-ce un dragueur ? Je me dois de mettre Christine en garde, je ne veux pas, qu’elle souffre. Elle a tellement besoin d’amour, qu’elle serait capable de s’enticher du premier venu. Le réveil serait cruel

Toute la journée, je surveille Alexandre, Christine reste effacée, tout en étant à son écoute béate. Il est certes très prévenant, mais n’est-ce pas un usage chez eux, que de tirer la chaise, de servir un verre vide, de laisser passer la femme devant.

En rentrant à l’appartement en fin d’après-midi, Matthieu me fait remarquer que j’ai été très distante toute la journée.

... Heu non, j’étais à vous écouter, Alexandre et toi.

.... A plusieurs reprises je t’ai trouvé bien songeuse. Qu’est-ce qui se passe ?

... Rien de spécial.

En garant la voiture sur notre place de parking, Matthieu vient chercher ma main, avant de monter dans l’ascenseur, il m’attire à lui. D’un geste doux il relève mon menton et m’oblige à croiser son regard.
... Mélissandre, c’est toute la confiance que tu m’accordes ?

... Mais non, que vas-tu imaginer ?

... A ne pas me confier ton tourment, tu penses que je ne connais pas ce visage inquiet ?

... Cela risque de ne pas te plaire !

... Suis-je en cause ?

Je souris ... Non pas du tout.

... Alors dis-moi, je ne te lâcherai pas avant de savoir.

Je prends mon courage à deux mains, et pèle mêle je lui dis ce que je pense de son cousin.
... Tu comprends, je ne veux pas que Christine souffre, elle en a assez bavé comme ça

... Je ne pense pas qu’Alexandre soit un dragueur pénitent. Oui il a mis un terme hier à sa relation avec Isabelle, mais était-ce réellement une liaison ? Non, et tu le sais. De plus par notre éducation nous respectons la femme, d’où cette courtoisie. Je parlerai à Alexandre, si tu le souhaites, mais c’est un grand, et je pense que ton amie aussi ! Il veut être simplement agréable.

... Christine est naïve, elle ne connait rien de la vie. Elle commence juste à respirer depuis qu’elle est chez mon père.

Matthieu m’enlace nous montons.

Pendant le repas, je lui explique la vérité sur Christine. Sa vie chez sa mère, sans oublier cette histoire de vêtements découpés, puis son installation chez mon père. Matthieu m’écoute sans m’interrompre.

Dès la fin du repas, je vais me préparer pour la nuit, et c’est en shorty et tee-shirt que je vais au salon regarder un peu la télé. Matthieu est dans son bureau.

3 juin 2001

Le fils prodigue

La grande salle du deuxième, avance, elle est repeinte en blanc, le sol recouvert de grandes dalles en PVC, les bureaux sont installés, les informaticiens mettent en place les ordinateurs. Lundi tout sera prêt.

L'équipe de six employés est faite. Christine va être surprise, cette semaine elle a été placée chez Gérard qui lui a appris à faire un bilan mensuel et trimestriel, pointer un listing, déchiffrer une facture. Elle s'en sort merveilleusement bien, ayant compris rapidement ce qu'on attendait d'elle.
Matthieu doit la convoquer ce matin pour lui annoncer la grande nouvelle. J'ai demandé à être présente.

Mon interphone grésille .... Darling, fais-nous trois cafés.

Je regarde l'heure il est exactement quinze heures, j'apporte le plateau. Christine assise, a le regard baissé. Je pose le plateau et embrasse ma copine. Matthieu lui tend une tasse, d'une petite voix elle le remercie. Il avale le sien en deux gorgées et attend que Christine finisse le sien

Matthieu .... Mademoiselle Frontaski, comment ça va chez monsieur Thibault ?

... Bien monsieur.

... Qu'avez-vous appris ?

En quelques mots elle lui explique la vie d'une voiture, les dépenses, l'analyse et le rapport d'une agence.

Matthieu la laisse parler sans l'interrompre.

....... Donc vous seriez faire seule ?

...... Oui certainement.

....... Christine, je vous ai placé cette semaine chez monsieur Thibault pour que vous appreniez le travail, je vois que cela à porter ses fruits.

Il lui parle gentiment, la mettant à l'aise. D'un grand sourire elle le remercie

....... Je vais vous changer à nouveau, mais juste de bureau.

........ Heu pourquoi ? Je n'ai pas bien fait mon travail ?

Matthieu lui sourit et subitement, la tutoie......... Si Christine je suis pleinement satisfait, et pour cette raison, je vais te mettre à la tête d'un bureau sous la direction de monsieur Thibault.

Mon amie devient rouge pivoine. ........ Je ne saurai pas monsieur.

....... Bien sûr que tu sauras. De plus tu n'auras que des employés faciles à driver. Tu devras t'imposer, monsieur Thibault te seconderas.

... Merci monsieur Jorelle !

... Tu n'as pas à me remercier, tu arrives là, par ton travail. Jamais un bruit, tu as encaissé bien des coups sans te rebiffer. Il te faut maintenant t'imposer.

....... D'accord monsieur Jorelle, je vais essayer

........ Ton grade commence lundi, ton salaire sera augmenté puisque tu passes responsable. Mélissandre va te montrer ton nouveau bureau.   

Elle fait oui de la tête, les yeux brillants elle demande .... Je peux l'annoncer à Bernard et Anne-Marie ?

Il sourit, de ce sourire qui me fait toujours autant vibrer. .......... Evidemment, et même à manou !

Il rit en lui répondant, et me demande de conduire mon amie aux nouveaux locaux.

Dans le couloir, je serre mon amie dans mes bras, elle se met à pleurer, du moins je l’entends renifler, elle essuie ses yeux
........ Christine qu'est-ce qui t'arrive ?

En hoquetant elle bégaie ....... Depuis .... Depuis, oh Mélissandre

Je l'entraine aux toilettes, lui donne du papier essui tout pour qu'elle se mouche et sèche ses larmes, j'attends qu'elle reprenne ses esprits.

....... Depuis que je te connais, il m'arrive que des bonheurs. Comment te remercier Mélissandre ?

....... En étant heureuse ma chérie, et en faisant bien ton travail pour faire plaisir à Matthieu qui te donne une chance

....... Je te promets Mélissandre, que mon travail sera irréprochable.

...... Je te fais confiance ma belle, et surtout au moindre problème, n'essaie pas de faire l'impasse ou de ne rien dire, va voir directement Gérard, et si cela ne s'arrange pas, tu m'en parles d'accord ?

....... Promis. Tu es comme ma sœur

....... Mais ne le suis-je pas ?

Elle sourit ...... Si tu es ma sœur et Matthieu est tellement, heu tellement ......

Elle se jette dans mes bras en me serrant, je souris

Au deuxième, elle s'extasie devant la salle, qui a été séparée. Un seul bureau avec téléphone, et ordinateur, une armoire contenant quelques fournitures, dans l'autre partie trois bureaux faisant face à trois autres, un petit meuble à tiroirs, une cafetière neuve dessus

....... Tu retourneras chez Gérard, je vais remonter ma chérie 

....... Oui merci. Ton père va être trop content et Anne-Marie aussi.

........ Oui et manou.

Elle sourit ... Oui enfin je lui téléphonerai, je ne sais jamais si monsieur Duval sera là.

...... D'accord ma belle, allez je me sauve, ne tarde pas trop quand même, tu auras le temps lundi de t'habituer

....... Oui tu as raison, j'y vais aussi

Nous nous embrassons et nous nous séparions.

En quittant le bureau, nous allons directement à Neuilly. Je suis sereine, je sais qu'il n'arrivera rien de fâcheux, la mère et la fille n'étant plus invitées.

Nous dinons avec uniquement Maryse. Patrick est absent. Le repas se déroule calmement, la tante et le neveu échangent légèrement tout en se taquinant comme à leur habitude. Je souris.

Si ce n'était ce mal de ventre qui me gêne, je profiterais pleinement.

 Après le diner Matthieu et moi, allons prendre l'air et profiter des rayons de soleil dans le grand parc. Nous marchons main dans la main en cadence, sans parler, d'être ensemble nous suffit.

Je me réveille, coincée par le bras de mon mari qui me tient la taille, je n'ose pas bouger. Je tourne la tête. Il dort à poings fermés.

Tout un tas de pensées me passent par la tête. Manou avec Patrick, ce qui m'aurait paru improbable avant, me semble merveilleux. Je sais que Patrick rendra ma grand-mère heureuse. Leur amour se lit dans leurs yeux. Est-ce notre cas aussi ?

Dès le début Ghyslaine m'en a parlé...... Je me souviens de ses paroles. Le regard ne trompe pas, il te parle en anglais pour être compris que de toi. Je n'avais pas voulu la croire. Je reconnais que Matthieu est un homme comme beaucoup de femmes rêveraient d'avoir pour mari. Il est tendre, prévenant, nous nous découvrons de jour en jour. Il est fort, je peux m'appuyer sur lui, je sais que rien ne peut m'arriver.
Rien que ce chahut chez mon père ... Qui aurait pu croire ? Je souris en moi-même ... Si ses employés le voyaient

Sa main se desserre, il ouvre les yeux

... Bonjour darling, as-tu bien dormi ?

... Oui merci et toi ?

... Comme un bébé !

Je souris et lui propose de nous lever.

Nous descendons déjeuner, Catherine nous apporte un pot de café chaud. Je la remercie d'un grand sourire. Elle se met à l'écart et attend patiemment

... Veux-tu sortir ce soir ?

Je regarde mon mari beurrant un petit pain qu'il me tend

.... Heu je ne sais pas. Tu as une idée ?

... Il y a un cocktail donné par les représentants des constructeurs automobiles

... Tu veux y aller ?

... Si tu n'es pas fatiguée, nous pouvons !

... D'accord, mais je n'ai pas de tenue.

... Je m'en occupe

Je lui souris et rajoute taquine .... Pas de rouge !

... C'est noté madame Jorelle !

Nous finissons de déjeuner. Matthieu va dans son bureau, je prends mon gros livre de Ken Follet, et vais me mettre sous la gloriette.

Je lis une bonne partie de la matinée. Mon mal d'estomac ne me laisse pas en paix. Je me décide de rentrer boire quelque chose de frais pour apaiser ce mal-être.
Dans le salon Patrick, manou et Maryse sont en pleine discussion. Je vais les embrasser. La jeune fille à qui j'ai demandé un grand verre d'eau, me le tend sur un plateau. Je la remercie d'un sourire, à son tour elle me sourit et repart

Maryse .... Vous allez bien mon petit ?

... Oui je vous remercie, juste une grande soif, j'étais au soleil à lire. Je ne me suis pas rendue compte

.... Oui le soleil est traitre en cette saison.

Je souris, et demande si j'ai abrégé une conversation.

... Non mon petit, nous débattions pour le mariage

... Ah d'accord. Et alors ?

Manou un peu peinée, me fais savoir qu'elle est triste pour Pierre et Patricia

... Pourquoi manou ?

... Viendront-ils sans Elise ?

... Manou, écoute, c'est comme ça, c'est elle qui a cherché, tu ne vas pas t'abaisser ?

Patrick .... Mélissandre a raison, ma tendre bien-aimée.

Maryse ... Vaut mieux être peu et bien entouré Odette, quittez cette peine qui vous chagrine.

Manou retrouvant un semblant de sourire .... Vous avez raison Maryse. Aurons-nous la joie d'avoir votre belle-sœur et votre beau-frère ?

Maryse ... Si vous leur faites la joie de les convier, ils seront ravis bien entendu.

Matthieu arrive de ce pas élancé, il s'assoit à mes côtés, à ses yeux je le sens de bonne humeur.

... Ma tante, assisterez-vous ce soir au cocktail ?

... Oui bien sûr, qui me conduira ?

... Pourquoi Georges est en congé ?

... Non mais je pensais aller avec toi ou Patrick et Odette.

Matthieu sourit ....... Ma tante, seriez-vous en train de vous immiscer ?

La tante prend un air offusqué, je sais qu'elle joue à la femme offensée .... Comment peux-tu penser à une telle prétention ?

Matthieu rit .... Disons que je vous connais.

Manou ... Mais non Maryse, nous vous conduirons.

Maryse ... Voyez mon amie, comme j'ai un neveu insupportable !

Nous rions et passons à table. Le repas est fait de boutades et de rires. Malgré le manque d’appétit, je me sens détendue.

Après déjeuner, Matthieu tient à ce que j'aille me reposer. Je ne refuse pas et m'endors rapidement dans ses bras.

Mon mari vient me réveiller un peu après seize heures, nous descendons prendre une légère collation, je remonte me préparer, une très belle robe longue m'attend sur mon lit. D'un jaune orangé, un bustier en forme de cœur tout en dentelle doublé d'un fin tissu ton sur ton, des fines bretelles en dentelle le retient. Cintrée à la taille elle tombe en plis harmonieux sur mes hanches jusqu'en bas et se termine par une légère traine. Le bas ourlé de la même dentelle. Son mi-dos nu laisse à penser quelques suggestions sans être ostentatoire ni impudique.

Je me prépare avec soin, me sentant particulièrement en beauté.

Matthieu entre dans la chambre, merveilleusement beau dans son costume noir au tissu chatoyant. De son sourire qui tue, il me jauge. Des papillons dans le ventre, je me sens rougir

D'un pas il s'approche de moi et m'enlace

... Vous êtes en beauté madame Jorelle.

... Merci monsieur Jorelle, le mérite vous en revient.

Il rit .... Hum ! Quelle charmante déclaration.

Nous descendons. La grosse berline est garée devant le perron. Délicatement je prends le temps de m'assoir.

Matthieu nous conduit à Longchamp dans un grand château. En entrant je reçois le luxe de cet établissement comme un coup de fouet en pleine face. 

L'immense salle de réception au parquet vitrifié aux grandes portes fenêtres ouvertes sur un magnifique parc. Matthieu m'entraine dans le milieu de la salle, je n'ai pas le temps de détailler davantage.

Un couple que j'ai déjà vu à une autre réception, se présente à nous. Je vois le visage de Matthieu se fermer d'un coup. Je les reconnais d'emblée, elle, à sa voix désagréable et lui à son visage rubicond, prouvant un coude léger.

Elle .... Société Cathenry étrange de vous rencontrer ce soir

Matthieu ... Cette soirée ne serait donc réservée qu'aux béotiens ?

Sans attendre de réponse, il se détourne m'entrainant à travers quelques couples. Je vois Maryse et manou, chacune au bras de Patrick. En moi je souris.

Comme si nous ne nous étions pas vus depuis des lustres nous nous saluons en nous embrassant. Manou est resplendissante dans une robe de cocktail gris clair. Un magnifique collier de perles fines au cou, que je ne lui connais pas.

Patrick et Matthieu nous entrainent vers un petit salon formé de canapés en velours beige, placés en face à face. Les coussins très moelleux invitent à se prélasser.

Un serveur, plateau en main demande ce que nous désirons boire. Matthieu commande du champagne. Doucement je fais part à mon mari de mon envie de boire plutôt quelque chose de frais. Il rajoute à l'intention du serveur une eau pétillante bien fraiche.

Manou, les joues roses et les yeux brillants, jette un œil discret à ce qui nous entoure. Nos regards se croisent, je lui fais un grand sourire. Matthieu son bras autour de mes épaules m'attire à lui et me demande si tout va bien. Je tourne la tête vers son visage et lui sourit comme pour le rassurer.

La tante comme à son habitude, taquine son neveu qui lui répond de bonne grâce. Un éclair d'un coup m'éblouit. Matthieu jure entre ses dents, un deuxième éclair me surprend tout autant.

... Sont-ils d'un pénible, ils ne peuvent écrire leur torchon avec d'autres, bon sang !

Maryse ... Que veux-tu mon grand, ils ne pourraient louper une telle occasion !

... Bien attendons leur torchon.

Nous restons une vingtaine de minutes, puis Matthieu décide qu'il est temps que nous partions.

En voiture, je vois mon mari légèrement soucieux, il ne dit pas un mot. Nous allons dans un restaurant à Neuilly, retrouvant Maryse accompagnée de Patrick et manou.

Patrick très prévenant, donne le bras à ma grand-mère et lui chuchote quelques mots à l'oreille. Les yeux brillants de manou témoignent de leur entente amoureuse. Mon cœur se réchauffe tellement je suis heureuse pour ces deux-là.

Le repas est agréable. Tant par les mets fins que par les conversations entrecoupées de boutades et humour.

Je me réveille seule dans ce grand lit. Je m’étire et pousse les draps avec mes pieds. Je me prépare rapidement, et descends à la salle à manger. Il est déjà dix heures. La pièce baigne dans les rayons de soleil. En ce dimanche je me sens sans aucune raison apparente, d’une humeur joyeuse.

Catherine, la jeune fille de service me reçoit avec un grand sourire que je lui rends. Elle pose un bol de café chaud devant moi

... Merci Catherine.

Elle sourit en faisant quelques pas en arrière, semblant ne pas s’occuper de moi, mais je sais qu’elle est là pour être attentive à mes moindres gestes ou demandes. Au début cela me gênait, maintenant je me suis habituée. Elle est toujours dans les parages du salon ou de la salle à manger. Silencieuse et discrète

J’avale le café rapidement et vais au salon, sans trouver personne. Je tourne un peu sur moi, ne sachant pas quoi faire.
Je m’apprête à sortir quand Matthieu arrive de je ne sais où.
.... Ma tendre épouse est réveillée ?

Il m’enlace et effleure mes lèvres. Je demande où sont les autres.

.... Patrick et ta grand-mère certainement en promenade, quant à ma tante aucune idée.

Délicatement je me dégage de ses bras, il m’entraine au salon.

... Es-tu fatiguée ?

... Heu non pourquoi ?

... Tu n’as pas bonne mine, il te faudrait consulter peut-être.

... Oui je verrais dans la semaine.

Au moment où il veut rajouter quelque chose le trio arrive. Je me lève pour les embrasser. Manou me demande si tout va bien. Je souris.

... Oui manou, ne t’inquiète pas.

.... Je te trouve une petite mine ma poupée.

... Peut-être la fin de l’année scolaire, un peu de fatigue accumulée.

J’ai le cœur qui cogne, manou est perspicace, pour une fois elle n’insiste pas.
Matthieu demande à son oncle ........ As-tu des nouvelles ?

Patrick ... Ils seront là dans l’après-midi.

Matthieu .... Bien ! Si madame Jorelle n’est pas trop fatiguée nous partagerons votre diner.

Patrick me regarde en me faisant un petit clin d’œil, comme je ne sais pas de qui ni de quoi ils parlent je souris bêtement sans répondre.

Matthieu sert l’apéritif, je refuse ayant encore mon café sur l’estomac. Leurs conversations un peu décousues ne me captivent pas. J’écoute sans plus.

Le déjeuner se déroule calmement. Peu de temps après le repas, je prends mon livre et vais à la gloriette bouquiner tranquillement.

Je me plonge dans mon histoire de bâtisseurs. Captivante et pleine de rebondissements. Je ne vois pas le temps passé. Matthieu viendra me chercher plus de deux heures après.

.... Que fais-tu toute seule ?

... Je lis.

... Je le vois.

Ses yeux sont clairs, je lui souris. Il grimpe les quelques marches et vient s’assoir à mes côtés.

.... T’ennuies-tu ?

... Ah non pas du tout, je voulais simplement avancer cette histoire passionnante, ta tante et ton oncle sont avec ma grand-mère et toi dans ton bureau, j’ai donc pris plaisir à profiter du soleil avec mon bouquin.

... Veux-tu rentrer, nous attendons de la visite

... Heu oui bien sûr, je vais aller me rafraichir un peu.

Main dans la main, nous remontons l’allée. Je vais directement prendre une douche fraiche. Je souris dans la glace, j’ai pris un petit coup de soleil sur le nez. J’enfile une robe très estivale avec de fines bretelles retenant un bustier en smocks.

Jaune soleil à toutes petites fleurs jaunes plus foncées, elle part en une jupe en corolle. J’enfile mes sandales à talons. Un léger maquillage, et un coup de peigne, je redescends dans le salon.

Une certaine animation se fait entendre, j’entends un rire masculin inconnu, avec une intonation de voix virile très agréable.

J’entre avec un peu d’appréhension. Matthieu se lève et vient chercher ma main

.... Mon épouse est en beauté !

Il effleure mes lèvres, ce qui me fait rougir légèrement. Il m’enlace et me présente

.... Mélissandre, je te présente Alexandre mon cousin, et son amie Isabelle.

Je souris sans savoir si je dois aller les embrasser. Alexandre s’avance vers moi et sans façon me prend dans ses bras.

... Bonjour et enchanté ma chère cousine ! J’ai entendu beaucoup de bien à ton sujet

... Merci Alexandre, enchantée aussi.

Nous nous faisons la bise, il se tourne vers la jeune femme qui me jette un regard peu amène, je lui souris et m’approche d’elle. Elle m’embrasse sans grand enthousiasme, je perçois de suite la froideur de cette fille.

Je m’assois à côté de mon mari, le couple prend place sur le petit canapé deux places. Là ou souvent la mère et la fille s’installaient.

Maryse les yeux brillants demande à Alexandre s’il est enfin revenu définitivement

Alexandre ... Ma tante, oui, j’aimerais m’installer dans les parages.

Maryse ... Je pense que tu ne peux faire plus grand plaisir à ton père.

Alexandre rit .... Ma tante, il me semble que nous ayons du temps à rattraper, si manou le permet.

Je souris en entendant le cousin appeler ma grand-mère par son surnom, je n’écoute pas sa réponse, mais à voir les visages enjoués, je sais que manou a répondu exactement ce qu’ils attendaient. Je vois Patrick enserrer les épaules de ma grand-mère.

.... Merci ma bien-aimée.

Manou émue rosit. Matthieu sort quelques bouteilles de la vitrine, aussitôt Catherine dépose un plateau de verres sur la petite table.

Matthieu ... Faites porter un jus de fruits à madame Jorelle !

... Oui monsieur.

Isabelle que je n’ai pas encore entendu, je ne pourrais dire le son de sa voix, me regarde ironique. Je détourne la tête et essaie de m’intéresser à la conversation que Maryse et Patrick ont avec le jeune homme.

Maryse .... Vous allez bien entendu résider ici, le temps qu’il faudra

Alexandre .... Bien sûr ma tante, sans problème !

Maryse ... Tu ne comptes tout de même pas te mettre au travail immédiatement ?

Le jeune homme rit sans retenue .... J’espère bien profiter de la saison estivale pour recharger les batteries. Isabelle ira à la fac à la rentrée !

Isabelle d’une voix hautaine .... Tu décides pour moi ?

Alexandre se tourne vers sa compagne ... Ne veux-tu repasser ton année ?

Une moue dédaigneuse se dessine sur son visage, et de cette voix que d’emblée je n’apprécie pas, cette voix pleine de suffisance .... Je n’en vois pas la nécessité puisque tu vas ouvrir ton cabinet !

Alexandre .... Bien sûr, mais qu’en sera-t-il de toi ? Resteras-tu oisive ?

... Oisive à tenir une maison ?

Tous les yeux convergent vers le couple qui sans se disputer réellement, n’ont pas l’air d’être au diapason.

Alexandre .... Hum ! Il me semblait ennuyeux de tenir une maison, ne m’as-tu pas dit que tu ne souhaitais pas être femme au foyer ?

.... Me vois-tu travailler dix heures par jour dans ton cabinet et donner des réceptions ?

Alexandre ... Bien nous en parlerons plus tard.

Le ton du cousin est devenu mordant. Elle le fusille du regard. Une chappe de plomb est tombée dans le salon.

Catherine me tend un verre, je la remercie. Je sens le regard d’Isabelle ne pas me quitter. Je trempe mes lèvres dans le nectar d’abricot, Matthieu distribue les verres.

Il se cale dans le canapé et demande innocemment à son oncle, si la date de mariage est arrêtée

Patrick .... Nous aimerions fin juin, nous trouvons la période propice puis partirions en juillet quelques jours

Matthieu .... Pourquoi quelques jours ? Prends tes congés et emmène manou faire un beau voyage.

Patrick .... Tu sais bien que je ne prends jamais plus de huit jours de congés

Matthieu éclate de rire .... Oui mais ça c’était avant, permets toi trois semaines, ce n’est rien de trop

Patrick à son tour rit .... Alors si j’ai la bénédiction du patron !

Il se tourne vers ma grand-mère ... Qu’en penses-tu ma bien-aimée ?

Manou sourit à mon mari .... Que vous-dire Matthieu ? Ce serait une grande joie.

Matthieu ... Et bien voilà, et avec Mélissandre, nous partirons en août !

Un débat sur les congés et les destinations est entamé, Matthieu demande à sa tante, si elle compte partir un peu avec sa belle-sœur et son beau-frère

Maryse .... Oui bien sûr, c’est prévu, et de ce fait, il est mieux que le mariage soit célébré en juin.

Je sirote mon verre en écoutant distraitement. Alexandre, ressemble énormément à mon mari. Tout en semblant être espiègle. Des yeux clairs et rieurs, un beau sourire, des dents blanches bien alignées. Grand athlétique, avec un visage avenant. Souriant à la moindre occasion, il a l’air de croquer la vie à pleines dents. Il est évident que moins de charges pèsent sur ses épaules. Sa compagne, ne sera pas une amie, ça c’est certain. Je trouve dommage, nous aurions pu être complices ayant sensiblement le même âge.

Je me réveille de mes pensées en entendant les deux cousins éclater de rire. Ils ont la même intonation. J’essaie de savoir ce qui s’est passé pour les voir hilares.
Alexandre .... Ma tante, je crois qu’avec l’âge vous ne vous êtes pas assagie

Maryse rit doucement .... Mon cher enfant, l’âge ne nous corrige pas, bien au contraire

Alexandre ... Dis-moi Matthieu tante Maryse est-elle toujours autant inquisitrice ?

Matthieu ... Tu ne peux même pas imaginer !

Maryse pend un air vexé ... Non mais quelle jeunesse ! Aucun respect pour les anciens.

Patrick .... Ma chère sœur, je crois que tu as tendu le bâton pour te faire battre.

Maryse .... Un n’étant pas suffisant, il va me falloir supporter ces deux fripons !

Matthieu taquin.... Sauf le respect que nous vous devons, nous ne courons plus en culottes courtes

Le visage de Maryse devient soudain triste .... Certes, et je n’aurais vraiment pas eu la joie de profiter de vous enfant.

Matthieu .... Ne parlons pas du passé, nous voilà réunis, ce sont les moments à venir dont il faut profiter

Patrick .... Oui Maryse, Matthieu a raison !

Matthieu ... Passons-nous à table ?

Maryse ... Oui bien entendu.

Patrick, tend la main à ma grand-mère puis à sa sœur, Matthieu m’aide à me lever, nous passons à table. Les conversations vont bon train, je me mets au diapason et rit à plusieurs reprises à l’humour d’Alexandre titillant sa tante qui les yeux brillants, répond malicieuse. Matthieu ne reste pas en marge et espiègle, appuie son cousin pour railler la vieille dame. Nous rions de bon cœur. Tout au long du repas, je sens le regard d’Isabelle, me jaugeant désagréablement. Je finis par ne plus m’intéresser à elle.

Je remarque par contre, qu’à plusieurs reprises elle s’adresse uniquement à Matthieu dans des termes choisis et flatteurs. Il lui répond avec beaucoup d’amabilité et de gentillesse, arrivant même à la faire sourire.

Après le repas, nous passons au salon. Matthieu met une musique douce d’ambiance, nous prenons pour certains, cafés et alcool ou liqueurs, je demande à Catherine un grand verre d’eau pétillante que je garde en main, pour me donner une contenance. Le cœur battant, un sentiment de jalousie m’accapare d’un coup. Je n’apprécie pas du tout les manières de cette fille, qui flirt ouvertement avec mon mari.

Matthieu se tourne vers moi .... Tout va bien darling ?

... Oui merci !

Je réponds un peu plus sèchement que je ne l’aurai voulu, je vois ses sourcils se froncer. Je détourne la tête, il reprend sa conversation avec les autres. Je sens le regard de manou, je lui souris, elle plisse ses yeux de cette manière qui me fait comprendre, qu’elle a vu aussi !

Après une soirée de bavardages tantôt divertissants, tantôt subtils ou plus sérieux, enfin Matthieu se décide à me demander si je veux rentrer

Nous souhaitons une bonne nuit à chacun et rentrons à Paris.

Je vais me préparer pour la nuit et me couche en me tournant sur le côté.

Mon mari vient se coller à moi et me susurre dans l’oreille .... Que se passe-t-il Mélissandre ?

…... Rien je suis tout simplement fatiguée.

Il se détache et me tourne le dos, j’ai une soudaine envie de pleurer.  

Matthieu me dépose devant la société, il est déjà neuf heures vingt. Je vais saluer madame Maurane et papote cinq minutes avec elle, avant de monter.
Je retrouve Sylvie en plein travail, après lui avoir dit bonjour, je vais voir Patrick.

Aussitôt qu’il me voit, il se lève et vient m’embrasser. Je lui demande s’il désire un café.

..... En prenez-vous un aussi mon petit ?

Je souris …... Oui bien sûr.

…... Alors d’accord.

Je retourne dans mon bureau préparer le café, je pose les tasses pleines sur le petit plateau et mets la soucoupe avec le sucre.

En posant le plateau, je m’assois.
... Comment allez-vous mon petit ?

Je ris ... Bah depuis hier, ça va !

... Bien, bien, bien.

Je sais que lorsqu’il est comme ça, c’est qu’il veut parler et qu’il cherche comment entamer le sujet. Je le devance

….. Alexandre, ressemble beaucoup à Matthieu je trouve

Ses yeux pétillent .... Oui de plus ils sont très proches. Matthieu n’a jamais laissé mon fils de côté. Je sais qu’il a placé de l’argent pour Alexandre, et qu’il pourra je pense sans difficulté ouvrir son cabinet.

... Ah !

Mon cœur se rempli d’amour pour mon mari. Chaque personne à qui il peut faire plaisir, chaque personne qu’il peut aider, il le fait. Il ne garde pas uniquement pour lui les bénéfices importants de cette entreprise.

.... Ils ont beaucoup d’écart ?

.... Non, Alexandre a vingt- six ans.

.... Ah oui effectivement. Vous allez être heureux maintenant, entre manou et Alexandre.

... Oui, il aura fallu le temps, mais enfin je vais pouvoir gouter au bonheur d’avoir mon fils et ma bien-aimée. Voyez-vous Mélissandre j’ai aimé la mère d’Alexandre, mais Odette, c’est autre chose, très fort, très profond. Je ne saurai même pas l’expliquer.

... C’est normal Patrick, ça fait combien ? quinze ans ?

... Oui c’est un peu près à cette époque.

... Bah c’est pour ça, vous redécouvrez l’amour. Alors même si ce n’est pas comme à nos âges, la tendresse est forte.

Patrick me sourit .... Hum vous auriez fait une bonne psychologue.

J’éclate de rire, et termine mon café.

... En plus vous voilà soulagé, Alexandre à l’air d’apprécier manou.

.... Alexandre a trouvé en votre grand-mère presqu’une mère à son écoute, il est ravi de notre union.

.... Difficile de ne pas s’entendre avec manou, c’est la bonté même

.... Comme sa petite fille, mon petit !

Je souris en rosissant .... Merci Patrick c’est gentil.

.... Tout va bien avec Matthieu ?

... Ah oui très bien même.

Il me dévisage quelques secondes, l’air dubitatif .... Je vous ai trouvé sur la réserve au diner hier au soir.

... Heu non, peut-être un peu fatiguée. L’année a été dure et j’attends anxieusement mes résultats.

Il hoche la tête, je le sais peu convaincu. J’oriente adroitement la conversation sur le travail. On entend toquer à la porte monsieur Duval prie d’entrer. Sylvie timidement dit

... Il y a le patron qui demande Mélissandre.

... J’arrive.

Je ramasse vite fait le plateau et le pose sur mon bureau.

... Allo ?

... Darling, prends rendez-vous chez le médecin, qu’il te donne quelque chose, tu dois être en carence de fer ou quelque chose pour être autant fatiguée.

... Heu oui d’accord.

... Promis ?

.... Oui promis.
... Attends-moi ce soir, je serais au bureau. Je suis à gare du nord, pour l’ouverture du garage réparation. Tu sais je t’en ai parlé.

.... Oui, oui, pas de soucis.

... A ce soir, darling.

... A ce soir.

Je raccroche rassérénée de ce coup de téléphone. Je décide d’aller voir Ghislaine, puis je rendrai visite à Christine.

Au standard mon amie me reçoit à bras ouverts. Je refuse son café, nous papotons quelques minutes, nous accordant pour manger ensemble ce midi.
Je descends l’étage à pied et me dirige vers les nouveaux bureaux. Sur la porte, une plaque en cuivre ‘’ Service automobile. Melle Frontasky’’ Je souris réjouis pour ma petite amie. Je frappe

... Entrez !

J’ouvre doucement la porte, Christine la tête levée en direction de la porte éclate de rire
... Oh Mélissandre tu viens me rendre visite !

.... Mademoiselle responsable de bureau comment allez-vous ?

Elle se lève précipitamment et se jette dans mes bras. Je reste interdite, j’attends qu’elle se calme et la force à s’assoir sur son siège. Je me mets sur une chaise en face.

... Mais qu’est-ce qui t’arrive ?

Elle renifle un peu et essuie ses yeux de sa main ... C’est tellement énorme ce qui m’arrive maintenant.

... Mais non ma chérie, ce n’est pas énorme, c’est essentiellement dû à ton travail, à ta gentillesse, à ta discrétion. Matthieu sait récompenser les bons éléments.

... Oui, mais je vous dois tant.

... Tu ne nous dois rien du tout, reste telle que tu es, tu es une fille formidable Christine.

Elle fait oui de la tête .... Tu sais j’ai voulu donner plus à tes parents, parce que maintenant je peux, mais ils n’ont pas voulu. Je ne sais pas comment faire pour les remercier.

.... Invite-les au restaurant, ils seront contents.

... Ils vont me dire non garde tes sous, et je voudrais leur faire un cadeau mais je n’ai pas d’idée

... Je vais réfléchir et je te dis ça d’accord ?

... Oh oui je veux bien.

Je me lève et vais l’embrasser ........Rassure-toi mes parents sont contents de t’avoir, ça leur fait une compagnie, mais il faudrait quand même que tu sortes avec des jeunes de ton âge ma chérie.

... Oui on a prévu avec Sylvie de se voir plus souvent. Je vais aller chez elle, ses parents sont d’accord.

... Ah super ! Allez, je me sauve, dès que j’ai une idée je te téléphone, c’est quoi ton numéro de poste ?

... C’est le 28-40

... Ok ça marche à bientôt ma chérie.

... A bientôt Mélissandre, je pourrais aussi te téléphoner des fois ?

La main sur la poignée je me retourne et dévisage l’air triste de mon amie .... Mais évidemment et tu peux même monter boire un café, personne ne te dira rien.

... D’accord. J’ai peur de m’ennuyer toute seule dans ce bureau.

... Intègre toi à ton équipe, ce sont des filles nouvelles, donc elles seront sympas si tu es sympa avec, tu comprends ?

... Oui d’accord.

Je lui fais un petit coucou de la main et lui envoie un baiser du bout des doigts. Je remonte songeuse. A-t-on eu raison de la placer là ?

En entrant, Sylvie me fait part de l’appel de madame Germain. Je décroche mon téléphone 

... Je suis dispo si tu veux

... D’accord ma belle, retrouvons-nous en bas

... D’accord ma Gi, à tout de suite

Je raccroche et préviens Patrick que je pars déjeuner.

... Oui mon petit, bon appétit.

... Merci vous aussi.

J’attrape mon sac et descends en ascenseur. Mon point de côté est lancinant et me fait de plus en plus souffrir. Je me promets en rentrant de déjeuner, de téléphoner au service médical pour prendre rendez-vous.

Ghyslaine est là. Nous sortons, un beau soleil de juin chauffe l’atmosphère.
Gi ... Tu veux manger où ?

... Comme tu veux, quelque chose de léger

... Une salade ?

... Oui parfait.

Nous allons à l’italien qui fait de belles salades composées. Pendant le repas, je fais part à mon amie de cette douleur qui me tracasse.
... Il faut consulter depuis le temps, tu n’es pas sérieuse ma belle.
... Oui je vais prendre rendez-vous en rentrant.

... Il serait temps depuis quinze jours que tu me dis avoir mal

Je souris. Je lui parle de Christine et de ce que j’ai appris tout à l’heure.
... Elle n’a jamais travaillé seule, c’est tout nouveau. Tu penses qu’elle ne va pas s’y faire ?

... Je ne sais pas, mais elle n’a pas l’air joyeux de quelqu’un qui vient d’avoir une promo

.... J’irai lui rendre visite demain. Je te dirai

... D’accord, tu sais si elle a repris contact avec sa mère ?

... Non, je crois qu’elle a tiré un trait dessus.

... C’est grave quand même

... Disons qu’elle n’était pas heureuse, elle le savait, mais ne connaissait rien d’autre, et là elle tombe chez ton père qui lui offre une vraie vie de famille, sa mère ne fait pas le poids, que veux-tu !

... Hum, oui c’est sûr, et ma belle-mère est adorable en plus.

... Sans compter ta grand-mère !

……. Malgré tout quelque chose me dérange.

….. Quoi ?

Je réfléchis quelques secondes, je ne veux pas donner l’impression que je ne suis pas intègre. Ghyslaine me regarde.

…… Je ne sais pas trop comment te dire ça.

….. Qu’est-ce qui se passe ma belle ?

…… Bah voilà, j’ai remarqué à quelques reprises que Christine s’assombrit et renifle, je pense qu’elle pleure, elle essuie ses yeux, mais ils sont secs

….. Comment ça ?

Je hausse les épaules ….. Je ne sais pas, elle pleure sans larme ou fait celle qui pleure 

Ghyslaine me regarde en fronçant les sourcils …… Et dans quel but ?

….. C’est là que je ne comprends pas.

….. Hum, oui bizarre.

Je change de conversation, je ne voudrais pas que mon amie pense que je dénigre.

.... Heu tu sais quoi ma Gi ?

Mon amie éclate de rire .... Non mais je pense que tu vas me dire.

Je souris .... Patrick, va se remarier.

... Ah super dis donc, dis il est bel homme en plus, et sa dulcinée tu la connais ?

En riant je la taquine ... Heu un peu oui !

... J’espère qu’l tombera sur quelqu’un de sympa, il mérite.

.... Ah pire, qu’elle est sympa, et ils forment un beau couple

... Tant mieux. Il l’a rencontré comment ? Tu sais ?

... Oui, c’est ma grand-mère !

... Quoi ?

Ghyslaine ouvre de grands yeux, incrédule et finit par éclater de rire

... Non ce n’est pas possible, ta grand-mère et monsieur Duval !

... Ils se marient à la fin du mois.

... Oh mais c’est grandiose ça !

.... Pire, ils sont trop mignons, tous les deux. Bon ça reste entre nous.

... Ma belle, tu n’as pas besoin de me le rappeler. M’as-tu déjà vu parler de quoique ce soit ?

... Non ma Gi, c’est vrai.

Nous rentrons au bureau en nous séparant sur le palier, devant la porte du standard. Nous nous faisons la bise

En entrant je trouve le bureau vide, j’en profite pour prendre rendez-vous au service médical avec le docteur qui m’a vu la dernière fois. La fille de l’accueil toujours aussi peu aimable me dit jeudi à 10 h.

Sans la remercier, je raccroche soulagée de ne pas attendre trop longtemps. Sylvie entre au même moment. Je la regarde étonnée.
... Désolée, Mélissandre, je suis partie déjeuner tard

... Aucune importance, rien de grave.

Elle s’assoit et prend le courrier dans la corbeille, je ne m’occupe pas d’elle. Elle connait son travail

Je suis en pleine saisie, d’une note que Patrick vient de me demander, quand la porte s’ouvre vivement, ce qui me fait sursauter. Mon mari sourire aux lèvres entre. Je lui renvoie son sourire

... Prête darling ?

Je regarde la pendule, il est à peine dix-sept heures.

... Heu je finis une note pour Patrick.

.... Fais !

En deux pas, il traverse le bureau et va chez Patrick. Il ferme la porte. Je me dépêche de finir la lettre et envoie l’imprimante. J’attends que la feuille sorte et la pose sur mon bureau. Je vais aux toilettes.

A mon retour, je demande à Sylvie si mon mari est toujours dans le bureau du DRH

... Heu oui je pense, je ne l’ai pas vu ressortir.

Je prends la lettre, vérifie que tout soit correct et vais frapper à la porte.

... Entrez !

J’ouvre la porte. Matthieu l’air soucieux, son sourire à disparu, Patrick à l’air contrarié. J’essaie de sourire et lui tends la feuille fraichement imprimée

... Merci mon petit.

Je regarde mon mari ... Je suis prête.

... On y va

Mon mari sa main dans la cambrure de mes reins, me poussent légèrement vers mon bureau. Je prends mon sac, ferme le tiroir à clés et dis au revoir à ma collègue.

Nous descendons jusqu’au parking en silence. En voiture Matthieu me demande si j’ai pris rendez-vous avec le médecin

... Oui jeudi dix heures

... Bien !

En arrivant, je vais me faire couler un bain, pendant que Matthieu va dans son bureau. J’essaie de me prélasser, mais mon mal de ventre plus mon mal d’estomac me barbouille. Je sors du bain et vais pour m’essuyer quand je sens un liquide chaud couler le long de mes jambes. Je regarde, je suis trempée de sang. Je pousse un cri de terreur.
Matthieu arrive précipitamment et vois tout de suite ce qui se passe. Il m’enveloppe d’une grande serviette, me prend dans ses bras et m’allonge sur le lit. Il sort de la pièce pour revenir quelques instants plus tard. Je suis en pleurs. Mon mari s’assoit à mes côtés, il m’aide à enfiler une nuisette et me prend dans ses bras.

... Doucement darling !

Sophie frappe à la porte, elle est accompagnée d’un type ....... Monsieur Jorelle, le médecin.

Matthieu se lève et va serrer la main au médecin qui entre dans la chambre, priant Matthieu de sortir.

Il me pose quelques questions, m’examine et appelle mon mari qui est resté dans le couloir.

... Il faut emmener rapidement votre femme aux urgences.

... Bien docteur.

Matthieu m’aide à m’habiller. Il roule à tombeau ouvert, grillant presque les feux tricolores. Je me tords de douleur et serre les dents.

A l’hôpital je suis prise en charge rapidement, pour la deuxième fois on m’ausculte et sur un brancard, on me conduit à la salle d’échographie. Le type met un produit froid sur mon ventre et me passe un appareil, il regarde en même temps sur un écran. Tout ça sans un mot. Matthieu me tient la main, il est blanc comme un linge.

Le type me donne du papier absorbant, Matthieu me le prend des mains, et nettoie mon ventre, il m’aide à remonter ma culotte légèrement baissée.

Le type sort. Une violente douleur m’arrache un cri. Le type revient avec un autre homme et une femme qui me donne un cachet et un verre d’eau

La femme peu aimable s’adresse à Matthieu ......... Monsieur il va falloir partir, nous emmenons votre femme en salle d’accouchement.

Matthieu .... Mais pourquoi ?

Je suis dans un état second et n’entends pas la réponse de l’infirmière. Matthieu se penche et dépose un baiser sur mes lèvres.

... Je reste là darling. Ne t’inquiète pas.

Je fais oui de la tête, je suis dans le cosmos, je sens mes yeux se fermer.

Je regarde autour de moi, les murs sont blancs, un énorme bouquet de roses rouges dans un vase posé sur une tablette à roulettes. La porte s’ouvre sur une jeune femme.

... Madame Jorelle, comment vous sentez-vous ?

... Dans le brouillard. Je suis où ?

... A l’hôpital

... Qu’est ce qui s’est passé ?

... Le médecin va venir vous voir, votre mari est là, voulez-vous qu’il entre ?

D’une vois cotonneuse je dis oui

Matthieu pâle vient s’assoir près de moi et me prend dans ses bras, il me berce comme un bébé. Je rassemble mes forces et demande ce qui est arrivé.

... Tu as perdu le bébé darling.

J’éclate en sanglots. Comme une bête traquée je geins. La porte s’ouvre sur le médecin que j’ai vu en arrivant.

.... Madame Jorelle, comment vous sentez-vous ?

Je suis incapable de parler, mes sanglots sont violents, ils se transforment en spasmes. Le docteur me tapote la main.

….. Ce sont des choses courantes, madame Jorelle. Rien de vous empêchera de faire dix beaux bébés par la suite. Nous allons vous garder deux trois jours en observation. Puis tout rentrera dans l’ordre.

Il ressort, une infirmière entre et me tend un cachet et un peu d’eau. Je l’avale et repose ma tête sur l’oreiller.

Quelques minutes après je m’endors.

Le lendemain dans l’après-midi Matthieu vient me rendre visite, il m’a amené quelques revues féminines, il est aux petits soins. Je lui demande de ne rien dire, pour ne pas inquiéter ni manou ni mon père et Anne-Marie.

... Ne veux-tu pas de leur visite darling ?

Je fais non de la tête, et me retourne, les yeux pleins de larmes. Je n’ai envie de voir personne

Enfin vendredi après-midi je peux rentrer chez moi. Le médecin exige que je revienne dans un mois pour une visite.

Matthieu vient me chercher et me conduit à l’appartement, il m’oblige à me coucher en rentrant.

Pendant de longues heures, je ne fais que pleurer, je suis en pleine déprime. Matthieu refuse que je reprenne le travail.

Je ne m’alimente pas beaucoup, je dors pour oublier ma douleur de ne pas avoir su garder l’enfant de Matthieu.

Ce week-end nous restons à l’appartement. Je n’ai pas envie de voir tout le monde, et je n’en ai pas la force. Samedi Matthieu essaie de me sortir de mon apathie. Je me force à me lever et m’habiller, je me force à me mettre à table et mange du bout des lèvres.
Dimanche il m’oblige à sortir et m’emmène parc Monceau. Nous nous promenons dans les allées main dans la main, sans un mot. Dès qu’il essaie de me parler de cette fausse-couche, je fonds en larmes.

Je le sens désemparé, et ne peux rien faire pour l’aider, je n’arrive pas à surmonter ce que je prends pour un échec. Je reste deux jours à trainer dans l’appartement comme une âme en peine. Je m’alimente peu, essaie de m’enfoncer dans le sommeil.

Mercredi matin, en venant m’embrasser avant d’aller au bureau, il me prévient qu’il rentrera déjeuner avec moi. Je fais oui de la tête. J’attends qu’il soit parti pour me lever.

Je vais dans le bureau et allume mon ordinateur, je cherche les causes de cette fausse-couche. Rien de satisfaisant dans ce que je lis. Je referme sèchement le couvercle de mon ordinateur et vais prendre une douche. Je m’habille et me maquille légèrement pour essayer de reprendre le dessus. J’essaie de me secouer un peu.

Tout en me maquillant, je sens les larmes monter. Je respire un grand coup.

Je passe ma matinée à tourner et virer, décidée, je vais aller au bureau cet après-midi avec Matthieu, je lui tiendrai tête s’il refuse. Je m’installe dans le salon et allume la télé en attendant mon mari. En pleines pensées, je n’entends pas parler.
.... Darling ?

Je lève la tête, Matthieu est accompagné d’Alexandre. Tristement je fais un sourire et me lève. Matthieu effleure mes lèvres et me laisse embrasser son cousin.

Sophie amène des verres, Matthieu sort une bouteille de whisky et me regarde, je fais non de la tête. Mon mari vient s’assoir près de moi dans le canapé, Alexandre dans un fauteuil en face.

Matthieu .... Tu es en beauté madame Jorelle

... Je veux aller au bureau cet après-midi.

... N’est-ce pas trop tôt ?

... Je m’ennuie, je tourne en rond.

... Profite pour te reposer, tu en as besoin.

Je m’entête. …... Non c’est bon, je veux aller travailler.

Matthieu regarde son cousin qui sourit .... Laisse-la voir du monde, c’est un bon remède.

Je murmure un merci à l’intention d’Alexandre qui ajoute en souriant …... Mais pas avant demain, cet après-midi je te tiens compagnie, nous allons faire connaissance.

Je le regarde sans comprendre. Matthieu se lève et me tend la main, nous passons à table. Les deux hommes discutent d’un peu de tout et de rien, de leur enfance jusqu’à leur séparation chacun dans une pension différente, ne leur donnant plus l’occasion de se voir beaucoup. La haine d’Alexandre, est aussi grande que celle de Matthieu pour cette famille qui a ruiné leur jeunesse. Je les écoute sans rien dire.

A peine le café avalé, Matthieu repart pour le bureau me laissant seule avec son cousin.

…... Veux-tu aller faire quelques pas dehors, il fait si beau ?

Je hausse les épaules dans un geste machinal 

Il demande gentiment à Sophie de m’apporter un gilet. Il m’aide à l’enfiler. Nous empruntons l’ascenseur pour descendre les deux étages. Sur le trottoir une bouffée de chaleur m’atteint en plein visage. Alexandre me prend par le coude et m’entraine. Nous descendons le boulevard en silence.

... Veux-tu prendre place en terrasse pour un rafraichissement ?

... Heu si tu veux.

Il me conduit vers le grand café, nous prenons place dehors à l’ombre du store baissé. Un serveur arrive aussitôt. Alexandre d’un mouvement du menton me laisse parler.

... Un perrier citron s’il vous plait

... Et un panaché.

Le serveur repart, je regarde le mouvement de la rue, sans pouvoir parler. Une boule obstrue le fond de ma gorge. Le serveur pose nos verres sur la table. Alexandre fouille dans la poche de son pantalon à la recherche de monnaie qu’il tend au type qui attend.

Je trempe mes lèvres dans le perrier rafraichissant, Alexandre fait de même. Il repose son verre et me sourit

…... Mélissandre, je suis là en tant que cousin de Matthieu mais aussi en tant que médecin, je veux te parler de l’accident qui vient de se produire.

Mes yeux s’emplissent de larmes instantanément. Alexandre par-dessus la table prend ma main.

…... Mélissandre, ce n’est pas dramatique en soi. Cela ne t’empêchera pas de retomber enceinte dans de bonnes conditions.

La voix enrouée de pleurs je demande pourquoi.

…... C’est une réaction naturelle de défense de l’organisme. Une fausse couche primaire n’a rien d’inquiétant. Alors je sais bien que cela affecte énormément la mère, mais il faut te dire, qu’il vaut mieux perdre cet embryon que mettre un enfant mal formé au monde. Physiologiquement, souvent l’œuf est vide, ou tout simplement pas viable.

Je fais non de la tête, j’essaie de boire une gorgée de mon verre pour débloquer cette boule qui me fait mal.

.... Mélissandre, écoute-moi, tu es pour l’instant sous le coup de cette perte, vous étiez préparés à cette venue, rien ne vous empêche à ton cycle de recommencer, tu verras fais-moi confiance

J’éclate littéralement en sanglots. Alexandre ne se départit pas de son calme.
…... Mélissandre je te promets qu’il n’y a rien de tragique.

En pleurs je bredouille ... Je ne suis même pas capable de donner un enfant à ton cousin.

.... Bien sûr que vous allez avoir des enfants, tu veux parier ? Je m’engage à te certifier que si tu fais ce qu’il faut le mois prochain tu seras enceinte, et plein de petits Jorelle viendront agrandir la famille.

Au travers de mes larmes, je souris tristement.

... Serais-je le parrain de ce premier petit Jorelle ?

J’essuie mes yeux ... Alors il faudra demander à Matthieu

... Enfin si tu m’offres une petite fille avec tes yeux je serais le plus heureux des parrains.

Je finis par me détendre, je demande un peu anxieuse malgré tout ... Tu es sûr de ce que tu avances ?

.... Ah non pas du tout. En fait je n’y connais pas grand-chose, rien du tout même. Entre nous, mais ne le répète pas, j’ai eu mon diplôme au tir à la carabine, à la foire du trône.

J’éclate de rire, me sentant d’un coup, légère et heureuse.

Alexandre reprend son sérieux et me questionne ... As-tu eu des signes précurseurs ?

... Dès le début j’avais comme un point de côté en bas du ventre.

... Alors c’était inévitable, ce devait certainement être une grossesse extra-utérine 

... Comment ça se fait ?

... Une mauvaise implantation de l’œuf qui souvent trop gros ne peut pas remonter. Il en résulte une ovulation dans la mauvaise cavité. Ce qui arrive très fréquemment en cas de grossesse primipare.

... D’accord.

... Nous en reparlons dans six mois ?

Je souris et fais oui de la tête.

Alexandre se lève et me tend la main, nous remontons le boulevard, sans nous lâcher. Il monte avec moi à l’appartement et me tient compagnie. Il me raconte quelques anecdotes de Fac et de sa jeunesse, quelques frasques avec Matthieu. Je finis par rire de bon cœur.

Matthieu rentre l’air soucieux, il m’embrasse, desserre sa cravate et quitte sa veste de costume.  Il vient prendre place à mes côtés. Sophie amène un plateau garni de deux verres de whisky et un jus de fruit.

.... Comment vas-tu darling ?

Je lui réponds doucement .... Ne t’inquiète pas, ça va.

Il entoure mes épaules et m’attire à lui. Il entame un sujet avec son cousin, madame Marsaque, arrive dans la conversation

Matthieu .... Elles ne me gênaient ni l’une ni l’autre puisque je n’allais pas au domaine. Je me suis d’abord occupé de la société, et ça n’a pas été sans mal. Ton père m’a été d’un grand secours.

Alexandre ... Et comment tu t’y es pris ?

Matthieu .... Je les tenais, je les avais mises dans un appartement m’appartenant, donc, dès le jour où j’avais décidé de les éliminer, j’ai vendu l’appartement.

Ils continuent d’échanger sur cette famille, qui je le comprends, leur a vraiment fait du mal.

Matthieu ... Tu vas partager notre repas !

Alexandre .... Oui, avec plaisir. Juste un coup de fil pour prévenir.

Il se lève et va vers l’entrée, nous pouvons l’entendre parler. Il revient en rangeant un téléphone dans sa poche arrière de pantalon.

Pendant le repas, Matthieu touche un sujet délicat. Sa manière d’aller droit au but, n’a pas l’air d’offusquer son cousin. Je m’aperçois qu’Alexandre parait très souple de caractère, mais qu’en réalité il a le côté intransigeant de mon mari

Matthieu .... Dis-moi depuis quand es-tu avec Isabelle ?

Alexandre .... Environ quatre ans.

... Et vous comptez vous marier ?

Alexandre éclate de rire, de ce rire généreux .... Oh là, doucement.

... Pourquoi ?

... Disons que j’ai légèrement révisé mon jugement sur elle !

... Qu’est-ce à dire ?

.... Puis-je t’en parler ?

... Ne suis-je pas ton frère ?

... Si bien sûr, et si je ne t’en parle pas, alors à qui pourrais-je en parler ?

... Exactement ! Je t’écoute.

... Disons qu’il y a environ un an .... Tu étais avec Mélissandre dans un journal people qu’Isabelle feuillette à temps perdu. Au cours d’une conversation, elle me demande si ce bel Apollon dont tout le monde parle, autant dans les journaux qu’à la télé ne serait pas mon cousin

Matthieu sourit, je suis captivée de savoir. Je dévore Alexandre des yeux, attendant la suite.
Mon mari .... Et donc, tu lui as dit oui et elle ne t’a pas cru.

.... Bien au contraire, je lui avais raconté quelques bribes de ma jeunesse, et cette séparation d’avec ma famille.

... Où est le problème ?

... Nous devions ouvrir un cabinet médical, nous marier et travailler ensemble. Au cours d’une discussion avec des potes, j’ai lâché que je n’aurais pas de mal à ouvrir mon cabinet, ayant des fonds placés. Elle m’a sondé, questionné, sur ma famille, à savoir qui était la comtesse. De ce jour, elle a changé littéralement, achetant toutes les revues ou tu étais, jusqu’à me demander qui était Mélissandre, me harcelant pour être présentée à ma famille.

Alexandre devient soudain amer, son ton joyeux du début, se voile de plus en plus. Matthieu le laisse prendre son temps. Je ne dis rien. D’emblée je n’ai pas apprécié cette jeune femme hautaine et sûre d’elle.

Alexandre, repose son verre d’eau et continue .... Elle a commencé à changer de plus en plus, voulant sortir, s’achetant des tenues, dépassant notre budget, je l’incitais à travailler, notre examen final et le mémoire arrivait à grands pas. J’ai dit stop et me suis remis à mes études jour et nuit. Elle a échoué, j’ai réussi. Lorsque je lui ai dit de reprendre son année, elle m’a ri au nez, me disant que cela ne servait à rien de travailler puisqu’elle aurait notre demeure à tenir, pour recevoir. En fait elle se voyait vivre la grande vie. C’est pire depuis que je vous l’ai présenté.

... Et tes sentiments ?

... J’ai bien réfléchi, et non aucun. Disons plutôt qu’elle faisait partie de mon entourage. Au début que je l’ai connu c’était une jeune fille très agréable, puis elle est devenue fat et fade, sans surprise, voulant courir les galeries, les salons et je t’en passe.

... Alors préserve-toi Alexandre, ne te laisse pas bouffer !

... Aucun danger, tous les jours ne sont que dissensions, je fatigue. J’aspire à une vie calme.

... Fais attention, ce genre d’énergumène est roué pour arriver à ses fins, nous en avons eu des exemples.

.... Justement, je ne vais pas la laisser au domaine, elle y prend ses aises et cela m’ennuie.

... Loue un appartement en attendant de t’installer et vois la suite.

Alexandre sourit .... Je ne vais pas m’amuser à meubler un appartement pour ensuite déménager je ne sais où.

Matthieu ... Nous en reparlerons si tu le veux bien.

... Oui bien sûr.

Alexandre a compris que le sujet était clos. Pendant que les hommes passent au salon, je demande pour aller me coucher.

Matthieu ... Oui darling, va te reposer, je ne tarde pas.

... Non reste avec ton cousin, vous avez tant de choses à vous dire.

Alexandre me prend dans ses bras et m’embrasse chaleureusement. Je le remercie pour cet après-midi. J’effleure les lèvres de mon mari.

Je me prépare, brosse mes dents, mes cheveux. Enfile un grand tee-shirt et me couche. Je m’endors rapidement, fatiguée de toute cette pression qui se relâche

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