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30 mars 2002

Confidences

Tout de suite après le repas, Matthieu m’ordonne d’aller me reposer une paire d’heures.

Un peu avant seize heures, il vient me réveiller.
.... Tu vois darling que tu as besoin de te reposer !

Je souris et le pousse, je me lève, vais me rafraichir et m’habille de cette jolie robe à smocks. Alexandre et Lise sont dans le salon, je demande ou est manou

..... Avec Maryse et mon père à la télé

Matthieu me demande si je veux boire quelque chose, je demande un verre d’eau, j’ai la bouche un peu sèche.

Les gars nous emmènent à Montmartre, c’est Matthieu qui nous conduit. Je monte derrière avec ma cousine, laissant la place devant à Alexandre

Nous nous promenons tranquillement dans les ruelles, nous allons voir les jardins, les vignes, nous admirons la maison de Dalida, puis nous remontons sur la place des peintres. Un serrement me prend, ça me rappelle trop Christine. Je chasse vite mes idées noires

Nous nous installons en terrasse, il fait doux presque bon. Je demande un café, j’ai envie de son goût amer.

Alexandre ...... Tu en bois beaucoup ?

Je souris ...... Non docteur, j’ai grave ralenti mais là j’en ai envie

D’un coup Alexandre m’entreprend en anglais. ..... Mélissandre, do you see when I told your husband that I was looking for you double, I think I found him

(Mélissandre, vois-tu quand je disais à ton mari que je cherchais ton double, je pense l'avoir trouvé)

...... Yes and ?                                                       (Oui et ?)

..... I think it’s not reciprocal                           (Je pense que ce n’est pas réciproque)

...... What makes you say that                     (Qu’est-ce qui te faire dire ça ?)

.... She seems detached                         (Elle semble détachée)

J’éclate de rire ...... Well boy, you’re not very perceptive           (Bah mon gars, tu n’es pas très perspicace)

....... Whi ?                             (Pourquoi ?)

.... I tell you in two words. She’s shy, well not shy, just ain’t the kind of girl to throw herself at your head, so she waits

(Je te dis en deux mots. Elle est timide, enfin non pas timide, simplement ce n'est pas le genre de fille à se jeter à ta tête, donc elle attend)

..... So you think i can ? Have you tested the waters ?               (Donc tu penses que je peux ? Tu as tâté le terrain ?)

Je regarde mon mari et en français lui dit ....... Ne venez surtout pas me reprocher quoique ce soit par la suite ! Alors oui j’ai sondé !

Alexandre reprend en anglais .... And so ? What did she tell you        (Et donc qu’est-ce qu’elle t’a dit ?)

.... You are too stupid, it looks like you are fifteen. Already pay attention, she eats you with her eyes, and yes she is in love but she is afraid                                   (Tu es trop bête, on dirait que tu as quinze ans. Déjà sois attentif, elle te bouffe des yeux, et oui elle est amoureuse mais elle a peur)

.... Afraid of wah ?                                              (Peur de quoi ?)

...... She is not sure of herself                        (Elle n’est pas sûre d’elle.)

 .... Not sure to be in love ?                               (Pas sûre d’être amoureuse ?)

 .... Ah if that’s for sure, she’s crazy. No she’s not sure of you                      (Ah si ça elle est sûre, elle est raide dingue Non elle n'est pas sûre de toi.)

Why ?                                     (Pourquoi ?)

Je ris ....... Let’s say that she asks herself the same questions that I asked myself. Hox can a guy like you care about her

(Disons qu'elle se pose les mêmes questions que je me suis posé. Comment un type comme toi peut s'intéresser à elle)

...... But it cannot be ordered. Dhe is pretty, pleasant, smiling, she has repartee, she is intelligent, she is what !

(Mais ça ne se commande pas. Elle est jolie, agréable, souriante, elle a de la répartie, elle est intelligente, elle est, elle est quoi !)

Alexandre regarde son cousin. Je vois dans son regard une peine légère. Matthieu sourit.

..... I think you shoule give it a try, and I think he’s the right fit, anyway without revealing yourself you won’t know, so go for it ! We can’t help you much her

(Je pense que tu devrais tenter ta chance, et je pense que c'est la bonne personne, de toute façon sans te dévoiler tu ne sauras pas, donc lance-toi ! Nous ne pouvons guère t'aider sur ce coup.)

.... Usually I do not procrastinate, but her I am like a young first.                 (Ordinairement je ne tergiverse pas, mais là je suis comme un jeune premier.)

Nous éclatons de rire, je reprends mon souffle, et lui précise

...... Speak up without shaking things up, she hasn’t hat a lot of boyfriends, she’s as novice as I could be

(Déclare toi sans bousculer les choses, elle n'a pas eu beaucoup de petits copains, elle est aussi novice que je pouvais l'être)

Je rajoute ..... Back to french, Lise feels left out                          (Revenons au français, Lise se sent exclue)

.... Tu as raison ma belle cousine, message reçu !

Il se penche vers Lise et dépose une bise sur sa joue...... Désolé little heart, une petite mise au point avec ta cousine.

Lise sourit ...... Pas de souci.

Matthieu sourit ........ Vois-tu mon ami, il m’a fallu jouer très finement.

Alexandre .... A ce point ?

Mon mari me regarde taquin ...... Tu ne peux même pas savoir, je te raconterais, ce n’est pas le moment.

..... Ok, mon frère !

Alexandre fait signe au serveur, qui arrive plateau en main, le cousin demande si nous voulons boire quelque chose, je demande un perrier, Lise et Matthieu aussi, Alexandre prend un demi panaché.

Nous restons une bonne heure devant nos verres, tout en discutant de choses et d’autres, les cousins taquins nous font rire. Lise ne se départit pas de son sens de l’humour, je réponds tout aussi espiègle

Il commence à faire frais, nous allons nous promener un peu entre les peintres, nous arrêtant sur les meilleurs, admirant leurs chefs d’œuvre.

Je ne peux m’empêcher de dire ...... Quand même il y en a des bons.

Alexandre ........ Oui nous pouvons trouver de jolies choses. Bon j’aimerais faire une photo au pied de la Basilique

Je comprends le message, nous montons jusqu’à ce magnifique édifice. Je m’arrange pour écarter Lise de nous, Alexandre mitraille quelques clichés, et nous remercie.

La soirée au caveau, est un pur bonheur. Je suis transportée par la musique.

Nous rentrons à minuit passé, nous montons sans faire de bruit dans ce vieil escalier qui grince. Lise me fait la bise à notre porte de chambre, Alexandre me glisse dans l’oreille .... Merci ma jolie !

Dimanche après-midi nous allons nous promener aux Tuileries, Alexandre ramène Lise avant l’heure du diner. Je l’embrasse en la serrant fort.
.... A demain ma chérie.

D’une petite voix triste elle me répond ...... Oui à demain.

Nous retournons au domaine, partageons le repas avec Maryse qui est seulement avec sa dame de compagnie, Alexandre ne réapparait pas.

Mercredi je mange avec Lise, à peine assise chez les normands, je la taquine.
.... Alors raconte !

.... Heu tu veux que je te raconte quoi ?

.... Dis-moi ces beaux yeux brillants, c’est quoi ? Ta désertion lundi midi c’est quoi ?

Elle éclate de rire ........ Oh tu veux me remplacer et devenir inquisitrice ?

Je souris…. Ah non pas du tout !

..... Bon je te dis, si tu me dis le charabia que vous avez raconté samedi à Montmartre.

La patronne nous apporte une assiette avec un demi avocat mayonnaise. Je commence à manger tout en expliquant brièvement la peur d’Alexandre de se faire remettre en place, les réponses que je lui ai données, et la certitude qu’il pouvait se lancer, la sachant amoureuse

Lise termine son avocat ......... Il m’a fait sa déclaration en me raccompagnant dimanche

.... Bah raconte.

.... Simplement, il m’a embrassé et après il a pris mon visage dans ses mains, et il m’a dit, je pense que nous sommes d’accord !

.... Et ?

Elle rit ...... Bah j’ai trouvé bizarre sa déclaration, et je n’ai pas pu répondre, j’ai dit oui c’est tout, j’avais le cœur qui battait trop fort

..... Oui ils sont pudiques dans leurs sentiments, mais ils le prouvent de mille manières

.... Comment ?

.... En te faisant des petits cadeaux, par un geste tendre. Ne t’attends pas à ce qu’il te saute dessus, ils ont leur éducation dans la peau

.... Heu, comment te dire ?

Elle se met à rougir, la patronne vient débarrasser notre table et nous apporte deux belles assiettes fumantes de boudin purée. Nous la remercions. Je laisse Lise manger, sans rien demander.

Je repousse mon assiette sans finir ma purée, je cale et demande ...... Tu veux savoir quoi ma Lison

..... Non, c’est trop indiscret, excuse-moi

.... Vas-y, je ne me vexerai pas.

.... Heu au lit, ils sont coincés aussi ?

Je souris ....... Ma chérie je ne parlerai que de mon mari, je ne connais pas Alexandre au lit, mais non il n’est pas coincé, il m’a amené doucement à être femme, je te l’ai dit. Il est très prévenant

Rougissante elle me sourit presque timidement .... Merci

..... Bon et lundi où avais-tu disparue ?

..... Il m’a invité à manger

......Où ?

.... Dans le restaurant tu sais, qui est en face, on n’y va jamais. Remarque vu les prix pour une blanquette

Je ris ...... C’est la cantine des grands, c’est là que Matthieu m’emmène quand nous mangeons rapidement

Elle fait oui de la tête. Nous prenons une crème caramel en dessert et décidons de boire le café dans mon bureau

L’intérimaire est en pleine lecture quand on rentre ........ Heu le courrier est fini

Je lui souris ........ Relax, tu as le droit de lire la gazette

Je mets le perco en route, Lise s’assoit sur un fauteuil, je porte les deux tasses sur mon bureau.

Malicieusement je lui demande .......... Heureuse ?

..... Bien sûr, inquiète mais évidemment que je suis sur mon petit nuage

.... Inquiète de quoi ?

.... Méli, nous n’irons pas loin ensemble

.... Pourquoi ?

.... Tôt ou tard il rencontrera une fille de sa condition

Je prends un ton sévère ........ Arrête ça tout de suite ! Ce ne sont pas des girouettes !

La porte du bureau s’ouvre à la volée sur mon mari, Lydie sursaute et range rapidement son magazine. Je lève la tête

..... Monsieur Jorelle, vous ne pourriez pas ouvrir la porte plus doucement ? Vous voulez que votre fille soit une nerveuse

Il rit ......... Madame Jorelle ravi de vous trouver à votre poste, mademoiselle Dumont je vous cherche, après votre café vous viendrez dans mon bureau

...... Oui monsieur

Il referme la porte, Lise à pâlit, elle me demande si c’est parce qu’elle est là.

.... Non je ne pense pas, je vais lui faire un café et venir avec toi.

Je peux lire de la peur dans ses yeux, je la rassure du mieux que je peux, nous allons dans le bureau directorial. Il est au téléphone, il nous fait signe de nous assoir et continue sa conversation

.... Il me semble que ce week-end serait propice, c’est Pâques !

......

...... Fais une demande en bonne et due forme et ça passera comme lettre à la poste

.....

..... Je t’embrasse, j’ai une réunion dans mon bureau.

.....

...... A samedi !

Il raccroche tout en dévisageant Lise qui est d’une blancheur cadavérique. J’ai le cœur qui bat pour elle, je sais que le sien s’est emballé, qu’elle doit avoir les mains glacées, et une envie de pleurer. Je sais qu’elle s’inquiète

..... Tout va bien Elise ?

..... Heu j’ai fait quelque chose ?

.... Pas à ma connaissance pourquoi ?

Elle tente un petit sourire ...... Être convoquée n’est jamais rassurant

Matthieu éclate de rire ........ Elise tout va bien, détends-toi.

Je remarque qu’il la tutoie, je le regarde interrogative

...... Mademoiselle Dumont, sauriez-vous faire la part entre le travail et la vie privée ?

..... Oui, oui bien sûr

..... Ici je suis et reste monsieur Jorelle avec le vouvoiement, dehors, passé les portes de mon entreprise, je deviens Matthieu et le tutoiement sera de mise, je suis le mari de ta cousine, donc ton cousin.

Lise fait oui de la tête, aucun son ne sort de sa bouche, je sens qu’elle relâche la pression.

..... Ici pas de familiarité, rappelles-t-en, à l’extérieur aucune importance, je ne suis plus PDG, comprends-tu la différence ?

.... Oui monsieur, j’ai bien compris

.... Alors c’est parfait

Il se lève, nous nous levons. Geste inattendu, il fait la bise à Lise qui rougit.

..... Bon après-midi mademoiselle Dumont

.... Merci monsieur Jorelle

J’attends que la porte se referme sur ma cousine et me hisse sur la pointe des pieds j’enlace mon mari

 ...... Merci monsieur Jorelle, je crois qu’elle a eu la peur de sa vie

Il rit de ce rire taquin légèrement ironique ...... Ce qui ne lui fait pas de mal.

Je me détache de Matthieu ....... Oh tu en es encore là !

..... Doucement darling. Non j’ai passé le stade, mais de temps à autre une piqure de rappel ravive les souvenirs

..... Bon ok !

..... Allez, file, j’ai du travail.

..... Bien monsieur !

Ce midi je mange avec Ghyslaine, je la trouve fatiguée et lui en fais la remarque.

.... Oui je ne dors pas trop bien.

.... Pourquoi tu ne reprends pas un mi-temps ?

..... J’ai besoin de mon salaire, ma belle.

..... Oui je comprends, Matthieu va donner la chambre du bébé à ton mari, ça fera un petit plus.

..... Oui et en suivant il a les peintures chez ta grand-mère, en ce moment il travaille dans un appartement, ça va, mais on ne peut pas faire d’écart, on remonte à peine

.... Oui bien sûr. Avec un peu de pub, ça ne ferait pas avancer les marchés ?

.... C’est cher la pub.

.... Comme tout, ma pauvre Gi

..... Bon dis-moi qu’est-ce qui arrive à ta cousine ?

Mon pouls s’accélère ...... Pourquoi un problème ?

Gi rit .... Ah non pas du tout, mais un peu la tête dans les nuages je trouve. Lundi elle a pris deux heures de repas, et m’a prévenu qu’une fois par semaine, elle ferait de même

Je ris à mon tour ...... Elle est amoureuse.

.... Oh ! Pour de vrai ?

.... Ah oui carrément. Elle est raide dingue ce coup-ci je pense que c’est vrai

..... Et c’est qui ?

Je ris en taquinant mon amie ........ Oh si tu savais ! D’un beau mec.

.... Ah bon, ce n’est pas le tien le plus beau ?

.... Oh, dis donc Marc est beau aussi il me semble

.... Certes, mais attaché, il a la corde au cou et un fil à la patte

.... Bon tu vas rire, ça ne sort pas de la famille.

Gi lance un cri ......... Alexandre ?

..... Comme tu dis, et lui aussi est mordu

.... Oh bah ça alors !

Nous rions, comme des bécassines, Gi me fait remarquer qu’heureusement que la famille n’est pas plus grande

.... Tu m’étonnes !

Nous repartons bras dessus, bras dessous en riant.
..... Gi motus, attend qu’elle t’en parle

.... Ne t’inquiète pas !

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16 mars 2002

Facétie

Matthieu attentionné à sa conduite ou peut-être dans ses pensées ne parle pas. Je ne dis rien non plus. La tête appuyée contre la vitre je regarde dehors, les yeux dans le vague

Il ne m'a pas parlé de jeudi, ni demandé ce que m'avait dit son cousin. Il me donne mes cachets qui me font dormir plus que nécessaire, je me sens apathique. Sans pensée, sans envie, sans force.

Sans sonner Matthieu ouvre le portillon et m'entraine vers l'envolée de marches, la porte s'ouvre aussitôt.
Mon oncle me serre dans ses bras ...... Tu n'as pas bonne mine ma puce

Je l'embrasse et vais vers ma tante que j'embrasse. Lise attend, elle me serre dans ses bras et me couvre de baisers. Je souris.

Tata prend nos manteaux que Lise accroche dans le placard de l'entrée, elle m'emmène au salon.

Mon oncle ....... Nous attendons maman et Patrick

Matthieu .... Merci Pierre.

Je m'assois à côté de Matthieu, les mains croisées sur mes cuisses, j'écoute mon oncle et mon mari parler. Tata et Lise ont disparues, je n'y prête pas attention.

La sonnette résonne, mon pouls s'emballe. Matthieu attrape mon bras et m'oblige à me lever. Manou vient directement à moi, elle me serre fort dans ses bras.
..... Ma poupée, je suis heureuse de te voir.

... Moi aussi manou.

Patrick m'embrasse, tata et Lise viennent saluer les nouveaux arrivants. Je me sens d'un coup en terrain ami. En présence de ma grand-mère je me sais hors de danger.

Elle prend ma main et m'entraine avec elle sur le canapé, elle sourit à Lise qui répond à son sourire.
L'apéritif est semble-t-il détendu. Pour la première fois depuis deux semaines, je me sens comme libérée.

Le repas est à l'image de ce que tata peut nous offrir, sans manger beaucoup, j'apprécie ce que Matthieu met dans mon assiette

Lise débarrasse, je vais pour me lever et l'aider ......... Non Méli reste assis, t'inquiète je n'en ai pas pour longtemps.

.... Mais je peux t'aider.

Elle me sourit ...... Méli couve ma filleule et laisse-toi vivre

Je souris à mon tour et me rassois. Manou me demande comment je me porte, je lui réponds que ça va bien, que je sens mon bébé bouger, c'est assez bizarre comme impression.
Avec tata, les voilà à parler de grossesse, de la joie quand le bébé est posé dans nos bras.

Pour la deuxième fois, la sonnette se fait entendre. Je retiens ma respiration. Je n'ai pas envie de les voir, je n'ai pas envie d'expliquer ce que j'ai pris pour une chose normale, devant un jury familial.
De suite je reconnais la voix de Maryse, dès son entrée elle met une ambiance bonne enfant. Nous nous levons pour l'embrasser, Manou se pousse pour que sa belle-sœur prenne place.

Lise amène un plateau avec des tasses, derrière elle, je vois les yeux rieurs d'Alexandre. Il fait le tour de la table et dépose une bise sur la joue des femmes.

Nous voilà presque tous réunis. L'ambiance est chaleureuse, personne ne parle du sujet qui pourrait fâcher. Même la tante tient sa langue. Malgré tout je sens que le chapitre Christine n'est pas fini.

L'après-midi se passe agréablement, tata insiste pour que nous restions diner. Matthieu me demande si je ne suis pas trop fatiguée. Je n'ai pas envie de quitter cette douceur, je le rassure, disant que tout va bien

Manou ...... Ma poupée, veux-tu venir en l'absence de Matthieu ?

Je la regarde, je ne veux pas la froisser, pas manou, et délicatement je refuse ........ Pas que je ne veux pas manou, mais je ne tiens pas à faire une rencontre qui me serait désagréable. Ils vont chez toi sans prévenir

Manou ....... Ma poupée, je les préviendrai

Je fais non de la tête, en lui souriant ....... Je ne préfère pas.

Manou ........ Tu ne vas pas rester toute seule ma poupée.

.... Je ne suis pas seule, il y a Sophie, et madame Breton.

Mon oncle ........ Ma puce, tu peux venir ici. Ça te fait un peu plus de transport, mais tu rentrerais avec Elise

..... Matthieu ne part que quatre jours, j'ai l'habitude quand il va faire ses tournées dans les agences, il ne rentre pas deux jours.

Tata .... Dans ton état, il serait mieux que tu ne sois pas seule.

Matthieu ....... Veux-tu aller à Neuilly, ton oncle et ta tante peuvent venir le week-end

Maryse ....... Mais oui, bien sûr, c'est une des meilleures solutions, Mélissandre.

Patrick ...... Allons à Neuilly ma tendre, et ton fils et Patricia nous rejoindrons dès vendredi soir, ils dormiront sur place. Mélissandre pourra profiter de son parrain, sa tante et sa cousine

Maryse s'écrie toute joyeuse ........ Excellent Patrick !

Tout le monde rit, même moi. Matthieu passe son bras autour de mes épaules et m'attire à lui........ Qu'en penses-tu darling ?

..... Oui je crois que c'est bien

Maryse .... C'est dit, ne revenons pas sur ça !

Nous nous levons pour nous séparer. Matthieu me demande si je veux aller à Neuilly. Je regarde mon mari, et lui sourit. Je sais qu'il est triste de mon état.

..... Lise elle peut venir ?

.... Evidemment.

Je me tourne vers ma cousine .... On t'emmène ?

Elle regarde son père qui fait un signe d'assentiment
..... Je vais chercher un change

Elle fonce comme une tornade vers les escaliers, mon oncle sourit ...... Un vrai cyclone

Maryse ....... Un agréable cyclone, Pierre, toujours souriante et bien plaisante.

..... Merci Maryse. Il aura fallu du temps ! Avec le recul, je remercie Matthieu.

Lise arrive un petit sac plastique à la main ....... Je suis prête.

Nous embrassons tonton et tata et partons. Manou et Patrick emmène Maryse, Alexandre emmène Lise, je monte avec mon mari.
Un défilé de voitures arrive à Neuilly en même pas vingt minutes. Les rues sont quasi désertes à cette heure avancée. Paris s'endort.

Nous allons directement au lit, il est presque minuit. Ce soir, mon mari m'offrira son amour avec délicatesse, je me donnerai à lui avec mes sentiments les plus forts
Je crois que j'ai déposé les armes au cours de cette nuit. 

La vie reprend ses droits tout doucement. Je me réveille de ma torpeur. J'ai longuement réfléchi d'abord à la conversation que j'ai eu avec Alexandre. Dois-je regretter ce que j'ai fait ? Non, au plus profond de moi je n'ai aucun remord, je me devais de faire la lumière. N'importe qui aurait été dans cette situation, j'aurais agi pareillement.

J'ai longuement parlé avec Patrick, lundi matin. La petite Sarah étant remontée, je n'ai pas trop à faire, j'ai pris le temps il m'a lui aussi assuré que j'avais bien agi, et m'a remercié chaleureusement.

Ghyslaine m'a tenu pratiquement les mêmes propos. Elle m'a demandé, si j'aurais été bien, si j'aurais continué d'être sereine, sachant que mon cousin ruinait sa vie.

Et pour finir Lise m'a tenu un discours qui m'a surpris de par sa maturité et son bon sens.

Ce midi Matthieu est venu me chercher pour déjeuner, nous sommes allés à Neuilly. Il m'a serré fort, je l'ai accompagné jusqu'à la voiture ou Georges attendait droit comme un I

Un sourire aux lèvres, retenant au maximum mes larmes, je me suis blottie contre mon mari

..... Darling, je te téléphone dès que j'arrive

..... Oui, sois prudent.

Il sourit ....... En avion je ne crains pas grand-chose.

..... Profite de Kévin, explique-lui pourquoi je ne viens pas

..... Il le sait !

Un dernier bisou, un claquement de portière, la voiture qui disparait dans l'allée, et mes larmes qui jaillissent de mes yeux.
Je vais jusqu'à la gloriette, le temps de me calmer.

Maryse et Laurence sont au salon, je vais les rejoindre

..... Tout va bien mon petit ?

..... Oui Maryse, merci.

..... Georges va chercher votre grand-mère en revenant de l'aéroport

.... Ah, je ne savais pas.

Maryse sourit ...... Votre cousine sera là ce soir avec Patrick !

Mon pouls s'emballe ...... Lise vient aussi ?

..... Oui vous partirez toutes les deux au travail avec Patrick

..... C'est Matthieu qui la dit ?

Maryse rit de ce petit rire très aristocratique ........ Mon petit, nous avez-vous déjà vu prendre de telles décisions ?

J'éclate à mon tour de rire ......... Vous auriez pu le suggérer semblant de rien. Vous savez faire.

Du coup nous partons dans un échange concernant Matthieu, la tante se demande comment, jeune femme frêle je peux supporter le despotisme de mon tendre et cher époux

..... Mais non Maryse, je vous assure, c'est un amour.

.... Il est mon neveu chéri, tout comme Alexandre, ils sont les enfants que le ciel ne m'a pas donné. Ce sont de vrais Duval, absolutistes

.... Ils ont de lourdes charges sur les épaules. Ils ne peuvent pas être hésitants et mous. Matthieu a trimé jour et nuit, il a bien fallu qu'il soit intransigeant.

..... J'en suis consciente mon petit. Ils ont tous deux du mérite. J'ai fait tout ce que j'ai pu, j'ai tenu le maximum, malheureusement je n'étais que la tante, on ne m'a pas laissé voix au chapitre. J'ai essayé de secouer Patrick, mais il était tellement hors du temps, il ne vivait que de théâtre et grands salons. Il n'ouvrait pas les yeux, puis il s'est retrouvé avec cette mauvaise femme, qui a fait tant de mal avec son frère. Ils ont accéléré la fin de ma sœur

.... C'est le passé Maryse, ne vous rendez pas malade avec des regrets. Ce qui est fait est fait, vous avez deux gaillards bien solides dans leur tête et dans leur vie.

Maryse me sourit ...... C'est assez curieux comme dès que je vous ai vue, j'ai dit à Patrick. Magnifique cette jeune personne, elle accompagne parfaitement ton neveu, alors bouge-toi

..... Vous voulez me dire, que vous avez arrangé notre mariage ?

Elle sourit ...... Arrangé ? Non pas du tout, je vous savais amoureuse de Matthieu, vos yeux ne trompaient pas, et j'ai su dès le gala de Noël que Matthieu était fou de vous.

Je pousse un petit rire joyeux. ..... Comment ne peut-on pas tomber amoureuse d'un de vos neveux ? Ils sont merveilleux en tout point de vue. Je sais qu'avec mon mari, rien ne peut m'arriver, il me l'a encore prouvé.

Ma voix se fêle un peu. Avec tact Maryse change de sujet. M'avouant que sa sœur Catherine et elle-même ont été élevées dans la tradition des filles de bonne famille. Elle a été mariée au comte de Chambault sans pouvoir se retourner.

.... Comment ça ? On vous a mariée sans vous demander ?

..... Mon petit dans les grandes familles, nous sommes vouées dès notre naissance. Catherine a eu le choix, elle a imposé son futur, je n'ai pas eu cette chance.

.... Mais alors, vous n'aimiez pas votre mari ?

.... Notre amour était plutôt une grande affection faite de respect. Nous nous aimions à notre façon aristocratique.

... Quelle horreur.

Elle sourit ...... Nous ne nous posions pas la question. Un comte dans la famille au nom si insignifiant de Duval était du plus bel effet. Imaginez l'égo de mon père

..... Ah ! Mais si vous aviez été malheureuse.

..... Le comte était un homme respectueux et de grande finesse. Nous nous sommes accommodés et avons fini par éprouver des sentiments forts.

.... Patrick aussi a été marié comme ça ?

.... Non Patrick a rencontré son épouse par des amis. Il a tenu tête, disant que c'était elle ou personne.

.... Ils étaient amoureux ?

..... Au début très certainement. Ma belle-sœur venait d'une famille tout à fait normale. Elle a pris goût à la grande vie, délaissant peu à peu son mari, son enfant. Il faut savoir que Patrick jeune, était fougueux comme les garçons. Limite, dictatorial ce qui ne fonctionnait pas avec notre père qui était lui-même despotique. Les altercations étaient fréquentes. Patrick voulait gérer d'une façon plus moderne, futuriste, le père restait sur ses acquis refusant d'aller de l'avant vivant avec son temps.

Je l'écoute, buvant ses paroles. C'est la première fois qu'elle se livre. Laurence écoute aussi bouche bée.

..... Pourtant il parait très calme.

Maryse sourit ........ Il a lâché l'entreprise et repris ses études. C'est de là, qu'il a appris à se contenir. Il n'est aucunement dolent, simplement il tempère.

..... Oui, au travail il fait pareil. C'est vrai qu'au début, je me disais l'un est trop sévère, l'autre pas assez.

.... Il temporise souvent son neveu. Ils s'entendent à merveille.

.... J'ai remarqué que Matthieu a beaucoup de considération pour vous deux.

..... Oui, sans pour autant boire nos paroles

Je ris ........ Oui je reconnais.

..... Catherine, a pris la place de Patrick à la société, elle était très proche de notre père, un peu sa préférée. J'étais déjà mariée, il aurait été mal venu que je travaille. Le papa de Matthieu était un grand homme, il a secondé mon père avec beaucoup d'efficacité, a doublé la société. Mon père prenait conseil auprès de lui.

.... Il était fort de caractère ?

.... Disons qu'il savait se faire entendre.

.... Et sa maman ?

.... Ma sœur était douce et effacée, elle se laissait mener et vivre par son époux qu'elle adorait.

Je fais oui de la tête ....... Et votre maman ? Si ce n'est pas indiscret

Maryse sourit ....... Nous étions d'un milieu bourgeois ma mère comme toutes les femmes de cette époque, ne pensait qu'à ses réceptions, à cette époque Neuilly vivait. Nous étions élevés à l'ancienne par des domestiques. Elle n'en était pas moins aimante, chaque soir elle venait nous embrasser, mais elle n'a pas été une mère très présente. Mon père était l'homme que nous ne pouvions atteindre, dirigiste et sévère, nous le craignions. L'époque refusait qu'un homme marque de l'affection à ses enfants.

..... Oui je comprends.

.... Petite, étant l'ainée, j'ai été mal accueillie par mes grands-parents.

Etonnée je ne peux m'empêcher de demander pourquoi

..... Une fille, vous pensez bien, mon petit ! Une fille ne sert à rien, elle ne transmet pas le nom
Je suis scandalisée.... Oh ! Mais vous n'y étiez pour rien.

..... C'est ainsi, dans ces grandes familles. Quand Catherine a accouché, Matthieu a été du pain béni. Mon père ne voyait que par lui. De plus sa préférée, lui donnait un petit fils

..... Mais pourtant Patrick était là, c'était son fils.

..... C'est assez contradictoire. Mon père était le maitre absolu. Patrick est arrivé après moi, il n'était que le second, en prenant de l'âge il s'est révélé avoir le caractère Duval, mon père ne pouvait supporter son double. Autant physiquement que caractériellement

..... C'est fou ce truc quand même. On se doute bien que les enfants vont nous ressembler d'une manière ou d'une autre

.... Les temps ont changé, mon petit, les mentalités aussi

Un doute d'un coup me pose question.... J'espère que Matthieu n'est pas déçu que ce soit une fille.

..... Mon petit, cet enfant est le fruit de votre amour, il l'accepte avec joie.

Je fais oui de la tête, tout en restant perplexe. Du bruit me fait tourner la tête, je me lève d'un bond et serre ma grand-mère de toutes mes forces

..... Ma poupée, comment vas-tu.

Je glisse mon bras sous celui de ma grand-mère, attend qu'elle bise Maryse et l'entraine vers le canapé. Assise, elle prend ma main dans la sienne

.... Je vais bien manou, je vais mieux.

Manou, ses yeux pleins de bonté me sourit ......... Le temps reprendra ses droits ma poupée.

.... Oui je sais manou.

.... Vis pour toi et ton couple, vis pour ce bébé qui arrive

Je fais oui de la tête. ..... Oui manou

Maryse détourne habilement la conversation.

L'après-midi fait de bavardages, passe sans aucun ennui. Vers dix-huit heures Patrick et Lise rentrent du bureau. Je suis folle de joie d'avoir ma cousine.

Elle refuse le verre que Maryse lui propose, et demande la permission d'aller faire quelques pas en ma compagnie dans le parc.
Maryse ....... Mon petit, bien sûr, rien ne l'interdit, emmenez donc Mélissandre prendre l'air

...... Merci madame

Lise m'entraine vers le kiosque. J'ai un mauvais pressentiment. Je me mets sur mes gardes

.... Comment vas-tu ma Méli ?

.... Bien, ça va et toi ?

Elle rit .... Moi ça va super. Je me plais à ce nouveau standard, et même si on ne voit plus personne, le travail est sympa et les filles sont gentilles

.... Ah cool alors.

... En plus Gi est sympa, enfin même avant je m'entendais bien avec.

.... Oui, c'est vrai.

Je vois qu'elle voudrait me parler, et je pense qu'elle ne sait pas comment faire, j'attends, n'osant pas aborder un sujet même quelconque, de peur de déclencher un tsunami.

.... Méli, je ne voudrais pas que tu sois en colère

..... Mais non pourquoi tu veux que je sois en colère ?

.... Parce que jeudi dernier quand j'ai vu dans quel état tu étais, je suis allée te balancer à Matthieu

Je me serre contre ma cousine. .... Non ne t'inquiète pas, ma Lison, je ne t'en veux pas.

.... Tu sais je ne voulais pas me mêler, je voulais rester neutre, mais ça me faisait trop mal au cœur, et j'ai demandé à Ghyslaine ce que je devais faire, elle a dit que si je ne faisais rien, elle irait elle-même voir Matthieu, alors l'une comme l'autre on t'aurait balancé

Elle finit sa phrase en éclatant de rire. Ça me fait du bien d'entendre ma cousine, ce rire clair, ce rire du fond du cœur, ce rire qui est contagieux. Je fini par rire aussi

.... Méli, je peux te poser une question ?

.... Oui bien sûr, si j'ai la réponse
..... Il va venir Alexandre ?

..... Aucune idée ma Lison, tu veux que je demande à Maryse ?

.... Non, non ne dit rien
..... Pourquoi ?

.... Pourquoi tu ne dois rien dire ?

J'éclate de rire ...... Mais non bécassine, pourquoi tu me demandes s'il va venir

Je la vois rosir ....... Heu bah non comme ça

.... Espèce de Pinocchio.

Elle rit ....... Oh dis donc, hein !

.... Bon tu veux quoi ? Un coup de pouce ?

..... Un coup de pouce pourquoi ?

.... Non je ne sais pas, il se décide ou pas ?

..... Décide à quoi ?

.... A te déclarer sa flamme

.... Ah non, rien. Tu sais ce n'est pas un rapide comme le tien

.... Laisse le temps ma chérie, comme je te l'ai dit, il a eu une folle, et ensuite il a essayé de se reconstruire avec une dingue, alors il se méfie. Et puis tu sais, Matthieu a mis plus de six mois pour essayer de me dire qu’il m’aimait

..... T'inquiète, je ne brusque rien.

.... Sois sûre de toi

.... Tu étais sûre ?

Je la regarde son ton est plutôt questionnant, malgré tout je me méfie.

.... Dès le premier jour je suis tombée sous son charme, mais tu m'avais dit être raide dingue de lui, et ma condition de petite standardiste de surcroit étudiante, je savais impossible, je me faisais une raison. Puis il a commencé à m'inviter, il m'offrait des tenues de rêve pour parader dans les salons. Manou me disait. Je ne connais aucun patron agir de la sorte et offrir des robes à sa secrétaire pour l'emmener se pavaner dans des grands salons. Mais moi, je pensais qu'il me faisait plutôt la charité sachant que je n'avais pas les moyens

..... Manou m'a dit, Elise reste toi, naturelle et enjouée fais preuve d'espièglerie comme tu sais si bien le faire, et le bonheur va sonner à ta porte

Je regarde ma cousine étonnée tout en souriant ......... Alors manou aurait vu quelque chose ?

..... Je ne sais pas, peut-être qu'elle se trompe.

.... Manou ne se trompe jamais.

.... Il est gentil, il est courtois, il a de bonnes manières, mais voilà quoi !

.... C'est leur éducation ma chérie, mais j'ai vu Alexandre ignorer complètement Christine ici.  Au début oui, il tirait sa chaise, lui donnait le bras, mais ça s'est vite arrêté

....  Ah !

..... Lise, au fond de toi, tu es amoureuse ou tu es flattée ?

....  Au fond de moi Méli, je suis raide dingue. Je m'endors le soir en pensant à lui. Je tremble quand il me téléphone, je ne sais pas comment t'expliquer. Quand il me donne la main, j'ai chaud, j'ai froid, j'ai le cœur qui bat fort. C'est bizarre hein.

Je souris .... Non ma chérie tu es mordue. Ne prends pas les devants, laisse -lui son rôle d'homme, laisse-lui le temps.

.... Oui, oui, je ne fais rien qui peux dire que je me jette à sa tête.

.... Tu as raison. Tu agis bien

.... Tu crois que Matthieu lui a raconté ce que j'étais avant ? La peste, enfin la garce plutôt

.... Non Matthieu ne s'occupe pas de ça.

..... Bon quand je lui ai raconté, j'étais plutôt devant un médecin, à qui je confiais mon mal et je ne lui ai rien caché. Le mal que je t'avais fait, cette jalousie qui me bouffait

.... Tu as eu raison, au moins il sait que tu es honnête. Dès le début Christine lui a menti, disant qu'elle était orpheline et qu'elle vivait chez sa tante. Comme si, il n'allait pas découvrir rapidement que c'était mon père

.... Pourquoi elle a fait ça ?

.... La pauvre petite orpheline tu comprends on a de la compassion, on s'intéresse à toi

..... Elle est bizarre quand même cette fille. Elle ne dit rien, mais elle fait ses coups en douce

..... Oui je me suis laissée prendre à son air angélique. Je prenais ça pour de la timidité, mais je me suis aperçue qu'en fait tout est calculé chez elle.

.... Comment ça ?

.... Par exemple quand elle voyait arriver Matthieu, direct elle baissait la tête et ne parlait plus, mais Matthieu m'a ouvert les yeux, parce qu'un jour je lui ai dit. Tu lui fais peur, tu l'intimides, et Matthieu m'a dit .... Non darling, c'est une façon d'attirer les regards sur elle. C'est une façon pour qu'on s'intéresse à elle, qu'on lui parle. Elle ne passe pas inaperçue tout en faisant celle qui voudrait se cacher

.... Ah !

... Quand on allait chez mon père, elle attendait que tout le monde arrive, que tout le monde soit installé et commence l'apéro et elle arrivait comme une fleur. Du coup tout le monde tournait le regard vers elle, lui demandait comment elle allait, et voilà elle était l'unique sujet de conversation

.... Mais pourquoi ?

.... Pour se faire remarquer. Ne me dis pas, qu'elle n'entendait pas Maryse ou Manou arriver ? Elle ne pouvait pas sortir de sa chambre et venir dire bonjour ?

.... Oui c'est vrai.

.... Lise je peux te poser une question ? Tu répondras en toute sincérité ?

..... Oui bien sûr.

.... A ma place, sachant qu'elle voulait piéger Alexandre, tu aurais fait quoi ?

..... Pareil que toi ma Méli, alors peut-être pas de la même manière, mais je l'aurais acculée et fait cracher le morceau. J'ai eu des torts, j'ai eu largement le temps de penser à mon attitude, mais jamais je n'aurais pu faire un truc comme ça. C'était grave quand même, allez dire qu'il l'avait violée

.... Bon elle n'a pas vraiment dit violée mais déflorée et elle savait pertinemment que pour l'honneur il aurait été obligé de réparer. Ils sont modernes mais avec des usages d'un autre temps. Tu couches tu te maries

.... Méli ?

.... Oui ?

.... Heu, comment te demander ça. Heu ....

.... Tu veux savoir quoi ?

Elle rougit .... Tu n'as pas fait l'amour avant de te marier ?

.... Non ma chérie, Matthieu m'a respecté jusqu'au mariage, à peine échangions-nous quelques baisers

.... Mais alors comment savoir ? Imagine qu'au pieu ce n'est pas terrible ? Tu peux aimer un type mais qu'il soit bourrin au lit

J'éclate de rire ...... Avec leur courtoisie, avec leurs manières crois-tu qu'ils soient bourrins ? Matthieu m'a fait femme avec tendresse et douceur, et j'aime faire l'amour avec mon mari

Elle me fait un bisou sur la joue ...... Merci ma Méli, merci de discuter avec moi. J'ai peur tu sais

.... Tu as peur de quoi ?

.... J'ai peur qu'Alexandre tombe amoureux d'une autre fille, il voit du monde, il est beau, tu as des femmes qui vont chez leur médecin juste par plaisir

..... Alexandre comme Matthieu, ce sont des hommes qui ne regardent pas les autres femmes quand ils ont trouvé la leur

.... Comment être sûre ? Il y a tellement de garces

.... Matthieu ne regarde pas les autres, il ne les voit pas. Je m'en suis rendue compte tu sais.

.... Comment ça ?

.... J'ai eu Isabelle qui reconnais-le est mignonne, il la toisait lui demandait sèchement de taper le courrier il la tenait à distance

.... Elle lui faisait du rentre dedans ?

.... Non pas du tout, mais comment ne pas succomber à ces deux-là ? On est obligé d'être attirées

Elle rit et glisse son bras sous le mien ........ C'est vrai. Ça devrait être interdit d'être aussi beau, et ils se ressemblent tant, c'est un truc de fou.

.... Lise, ne te trompe pas.

Elle rit ...... Mais non tu es bête.

Je souris ...... Non je veux dire, ne te trompe pas. Sois sûre que c'est bien d'Alexandre que tu es amoureuse

..... Mais oui pourquoi ?

.... Alors je vais te dire, ce que j'ai compris rapidement. Christine était ou pensait être amoureuse de Matthieu et quand elle a vu Alexandre, elle l'a pris pour un remplaçant

Lise ouvre de grands yeux ....... Non ! Tu crois ?

.... Je ne crois pas, j'en suis sûre

.... Alors rassure-toi, c'est bien d'Alexandre que je suis gun. J'aime bien ton mari, j’ai beaucoup d’affection pour lui, mais il est trop heu .... Comment te dire .... Trop patron quoi !

.... Trop autoritaire ?

Elle rit .... Trop n'est pas encore assez, oh punaise. Il est dur quand il est en colère. J’en ai eu quelques exemples
Nous repartons en riant. Je ne pose aucune question sur ses anciens démêlés avec mon mari son patron.

En entrant Maryse et Manou nous regardent les yeux pleins de bonté, l'une comme l'autre

Maryse ...... Tout va bien les cousines ?

En même temps nous répondons .... Mais oui Maryse

Ce qui nous fait rire. Au même moment le père et le fils entre dans le salon. Alexandre embrasse ma grand-mère puis sa tante, un simple signe de tête à Laurence. Direct il va s'assoir à côté de Lise. Patrick sort quelques bouteilles, La jeune femme pose son éternel plateau

Il desserre sa cravate et demande si c'est little heart qui fait le pitre. Lise rosit, cachant son trouble en toussotant

Je réponds pour ma cousine .... Le pitre ? Ah non juste la malicieuse

.... Et toi comment vas-tu cousine number one ?

... Bien je te remercie

.... Je te trouve meilleure mine. Veux-tu que je prenne ta tension ?

Je ris ...... Elle ne va pas te convenir, alors sert plutôt l'apéritif, si tu as envie d'occuper tes mains.

.... Madame Jorelle, je vous sens en forme. Votre insolence le démontre.

.... Monsieur Duval fils, votre audace à dévoiler en société mes imperfections tente à prouver que vous manquez sérieusement de tact

Il éclate de rire, de ce rire à la Duval. .... Tu n'es qu'une impertinente

.... Oui, oui, il parait. Ton cousin me le dit chaque matin au petit déjeuner

L'apéritif se passe en joute oratoire. J'essaie d'inclure Lise qui n'ose pas participer

..... Lison, qu'est-ce que tu en penses ?

Je vois ses yeux brillants ....... Tu sais ma Méli, je ne vais pas tenir tête au cousin de ton mari, ils sont de la même espèce. Manou dit toujours le silence est d'or.

Alexandre se tourne vers Lise ....... Mademoiselle Dumont, auriez-vous les mêmes insolences que votre cousine, au bord des lèvres ?

Je sais qu'il plaisante, j'espère que Lise ne va pas se froisser, non elle réagit avec finesse

..... Monsieur Duval fils, vous ne voudriez pas être la copie conforme de mon patron, et qu'avec ma cousine nous soyons aux antipodes

Il éclate de rire ....... Et bien ! Me voilà voué à une égérie passionnée du même tempérament que mon adorable cousine !

Manou qui ne veut pas être en reste ...... Attention mon cher beau-fils, deux cousines s'entendant comme deux sœurs, et tu auras forte partie ! Ne dit-on pas, femme mène foyer ?

Alexandre sourit ........ Ma chère manou, belle-mère de surcroit, avec tout le respect que je vous dois, une femme est comme une chatte ronronnant, quand elle se sent belle et aimée. Et croyez-vous que nous n'arrivions pas à nos fins

..... Seriez-vous assez fûtés, vous les hommes il suffit d'un peu de finesse pour vous faire manger dans notre main

Alexandre fait le mec stupéfait et d'une voix qui dément son envie de rire.

........ Manou vous êtes en train de me dire que vous menez mon père à la baguette ?

Nous rions, même la dame de compagnie ....... Mon cher beau fils, je ne dis rien, tu avances, en parlant de ce que tu ne connais pas

..... Manou, je vais vous surveiller de près

Patrick .... Ma bien-aimée est la chose la plus belle qui me soit arrivé, avec mon fils.

.... Père, je te remercie. Je sais que tu es heureux, que tu as trouvé le bonheur. Je réalise que Matthieu a fait entrer le bonheur dans cette maison, en nous présentant sa promise et sa jolie famille

Il enlace Lise et taquin demande ........ N'est-ce pas cousine number two ?

..... Ah, heu .... Maintenant oui l'an passé tu n'aurais peut-être pas dit pareil

.... L'an passé est mort, les mauvais personnages ont quittés leur habit de malveillance little heart. Il faut vivre avec ce nouvel an ! Compris ?

Il finit sa phrase d'un ton qui n'admet pas de réplique. Ce ton que des fois Matthieu emploie aussi.

Lise rougissante .... Bien monsieur Duval

Et elle éclate de rire ....... Rho on dirait mon PDG, c'est un truc de dingue ça !

Alexandre ...... Ne parle pas des absents, ce déserteur ne mérite pas qu'on s'attarde sur lui

Maryse ...... Alexandre, ne sois pas léonin. Je pense que cette charge lui pèse

Alexandre sèchement ......... Ma tante, achetez-vous un manuel de dérision moqueuse, vous apprendrez je pense à savoir rire des choses insignifiantes.
Il se lève et tend la main à Lise ........ Passons à table !

Mon pouls s'accélère, je laisse passer les anciens et retiens Alexandre par la manche. Il a sa main dans le dos de ma cousine.
.... Alexandre cool.

.... Entendu cousine number one !

Il me tend son bras, je glisse ma main dessous. Il tire ma chaise pour que je prenne place, puis tire la chaise de Lise. Il se retrouve entre nous deux. En face Patrick entourée de sa femme et sa sœur. Laurence se met à côté de Maryse

Alexandre relance la conversation nous faisant rire à plusieurs reprises. La soirée se termine dans la bonne humeur.

Vers vingt-deux heures trente, je prie tout le monde de m'excuser et monte me coucher.

Je me réveille à plus de dix heures. J'ai fait largement le tour du cadran. Rattrapant ce sommeil qui me fuyait. En quatrième vitesse je m'habille et descends déjeuner. Mon verre de lait est sur la table. Je l'avale sans manger de croissant, je rejoins les voix dans le salon. Manou et Maryse devisent tranquillement.

Comment font-elles pour parler des heures entières ? Je vais les embrasser et m'assois en face, mettant mes jambes sous mes fesses

.... Tu t'es reposée ma puce.

... J'ai dormi comme jamais, pourquoi personne ne m'a réveillée ?

Maryse ....... Ce n'est pas une journée d'absence qui vous portera préjudice, Patrick nous a dit qu'une jeune femme vous remplaçait, et que le travail était moindre

..... Merci.

Je les laisse à leur papotage et vais au salon regarder la télé en attendant le déjeuner.

Le week-end passe très rapidement. Tonton et tata arrivent vendredi soir et restent jusqu'à dimanche en fin d'après-midi. Je supplie tonton de laisser Lise et promets tout ce qu'il veut. Qu'elle sera à l'heure au travail, qu'elle ne sortira pas aux heures des repas, et qu'elle sera d'une tenue irréprochable. Je le remercie en m'accrochant à son cou pour l'embrasser

Mon oncle m'embrasse ........ Merci Mélissandre.

Je me serre contre mon parrain. ...... C'est moi parrain qui te remercie, tu as toujours, du moins souvent été là quand j'avais besoin, avec tata.

.... Peut-être pas assez, mais c'est ce qui t'a rendu forte et t'a fait devenir une belle jeune femme, dans l'âme.

Je suis émue. Nous les accompagnons jusqu'à leur voiture garée en bas des escaliers.

Le matin nous partons, Lise et moi avec Patrick, le soir nous rentrons tous les trois à Neuilly. 

Hier j'ai mangé avec Ghyslaine, je lui ai retracé en gros notre week-end, la joie de retrouver ma cousine comme je l'avais gardée dans mon souvenir. Comme je la connaissais plus jeune.

Ce midi je déjeune avec Lise. Elle me demande ce que voulait dire Alexandre quand il a répondu qu'il était voué à une égérie. Je lui explique le mot dans un vocabulaire facile.
..... Mais il voulait dire quoi ?

.... Une égérie c'est quelqu'un qui inspire les hommes.

.... Une pute alors ?

Je ris ....... Mais non, plutôt une muse. Je pense qu'il essaie de te faire passer certains messages

..... Oh, c'est compliqué, je n'ai pas ton vocabulaire, je ne comprends pas toujours les phrases à double sens.

.... Ne t'inquiète pas, ça va venir.

.... Il faisait pareil Matthieu ?

.... Oui souvent, mais je connais le sens des mots.

Elle rit ...... Je vais apprendre le dico par cœur. Et léonin ça veut dire quoi ?

.... Tu vois déjà tu te rappelles des mots, donc tu devrais les retenir. Maryse voulait faire remarquer que Matthieu s'était absenté par obligation, et que c'était injuste de dire qu'il désertait par plaisir.

.... Ah d'accord.

Nous papotons encore un peu et décidons de rentrer au bureau, je l'invite à venir boire le café.
Sarah est en plein travail, je lui demande si tout bien.

.... Oui ça va.

Je mets le perco en route et laisse couler le café. Je pose les tasses sur le bureau. Mon téléphone sonne, je décroche

..... Bonjour madame Jorelle

Je ris .... Bonjour monsieur Jorelle

.... Tout va comme tu veux ?

.... Oui et toi ?

.... Tout va bien aussi, tu as les amitiés de Kévin, qui est à mes côtés.

.... Transmets-lui les miennes. Profitez les gars.

.... Tu profites toi ?

.... Oui et je te remercie, j'ai demandé à tonton du coup Lise reste jusqu'à ce que tu rentres.

.... Rien ne l'empêche de rester jusqu'au week-end.

.... Ah, heu faut demander à son père, et là, je ne suis pas sûre qu'il veuille

J'entends son rire raisonner dans le combiné ........ Darling, fais montre de persuasion, tu sais si bien faire

Je ris à mon tour ........ Comment ça ?

.... Allez, je te laisse, madame Jorelle, à vendredi. Je t'embrasse

.... Heu oui moi aussi

J'entends le bip. Je me sens toute chose, ça m'a fait du bien de l'entendre, il me manque déjà.

Je demande à Lise si elle peut rester le week-end.

.... Faut que je demande à mon père, tu sais bien.

.... Tu veux que je l'appelle ?

Elle me regarde les yeux suppliants ....... Tu le ferais ?

Je décroche mon téléphone et compose le numéro au fur et à mesure que Lise me le donne.

.... Dumont à l'appareil.

.... Tonton bonjour, je voudrais te demander de me laisser Lise pour le week-end

.... Mais ton mari rentre quand ?

.... Heu bah je viens de l'avoir au téléphone, il rentre vendredi et il a dit que Lise pouvait rester le week-end, il la fera raccompagner

.... Comment elle va ?

..... Bien tonton, et moi aussi, elle m'a aidé à remonter, elle me fait rire. Tu sais tonton ça me fait du bien

.... Allez, garde ta cousine, et soyez sages

Je ris .... Toujours tonton. Je t'aime

.... Moi aussi ma puce

Je raccroche ........ C'est ok ma chérie

.... Woua super. Bon je vais aller bosser

.... Je vais avec toi, je vais faire un ti bisou à ma Gi

Nous allons au standard, Ghyslaine est penchée sur un listing ...... Et ben ça bosse dur là-dedans

Elle sursaute et rit ....... Oh madame la PDG comment vas-tu ?

.... Même pas PDG, juste femme de !

Nous nous faisons la bise, je reste une bonne vingtaine de minutes avec les filles, avant de descendre au service auto, je frappe à la porte et ouvre. Le bureau est vide. Je vais voir au grand bureau, et entre sans frapper, quelques têtes se lèvent. Chantal pousse un ''Mélissandre''

Je ris ...... Oh bah ma belle remets-toi !

.... C'est à toi que je dois cette place privilégiée ?

.... Ah non pas du tout, tu remercieras ton PDG

..... Déjà fait.

Elle m'entraine dans son bureau et m'offre un café. ..... Non je te remercie, j'ai ralenti, ton PDG râle sinon

.... Ah bon, il râle ? Tiens c'est étrange.

Nous rions, Chantal se sert une tasse ....... Bon allez raconte-moi.

..... Tu veux que je te raconte quoi ?

..... Miss Frontasky, qu'est-ce qu'elle est devenue ?

..... Elle a donné sa démission

.... Non ! Pourquoi ?

..... C'est une longue histoire, disons que mon mari lui a fait signer sa démission pour ne pas la licencier.

.... Bah mince alors. C'était ton amie.

.... C'était oui, avant qu'elle ne déraille

.... Ah, d'accord. Elle a fait des salades ? Pourtant elle paraissait tranquille et faisait bien son taf

..... Côté travail rien à redire. Disons qu'elle a fait des problèmes dans la famille de Matthieu

.... Bon ok. Ecoute ça ne me regarde pas, mais en tout cas, c'est une sacrée promo pour moi

... Tu mérites. Tu vois Matthieu dégage les mauvais éléments, mais il sait reconnaitre les bons

.... Je vais te dire, au début quand on ne le connait pas, on se fait dessus, tu vois. Mais si on n'a rien à ne se reprocher il nous fiche la paix.

..... Bien sûr !

.... J'ai connu l'ancienne direction, ça fait sept ans que je suis là. C'était tout et n'importe quoi. On est bien plus tranquilles et sereines maintenant, de plus malgré son autorité, il est à l'écoute. On peut aller le voir

.... Oui, c'est un bon patron

Chantale rit ....... Bien sûr, et tu sais toutes les filles en sont folles.

..... Ah oui mais là, interdit de toucher, juste vous avez le droit de regarder.

.... T'inquiète ma belle, il ne nous voit pas.

Je ris, embrasse mon amie et continue le couloir jusqu'au bureau d'Evelyne qui me reçoit à bras ouverts. Je dis bonjour à mon amie Nadine, à Josiane, les autres je ne les connais pas, je leur serre la main. Je papote quelques minutes avec Evelyne qui à son tour m'entraine dans son bureau.

Je refuse le café, elle me demande ce qui s'est passé avec Frontasky. En deux mots je lui raconte qu'elle a donné sa démission. Très étonnée, elle semble sceptique

.... Tu ne me fais pas confiance.
Je souris .... Si bien sûr. Disons qu'elle n'a pas une eu attitude correcte vis-à-vis de la famille de mon mari et il ne veut plus avoir à faire à elle, il lui a donc demandé sa démission pour ne pas la licencier, qu'elle puisse retrouver du travail

.... Oh bah mince alors ! Pourtant elle paraissait toute mignonne.
.... Comme quoi on peut se tromper

.... Mais elle habite chez ton père, si je ne m'abuse

.... Effectivement, et du coup bah je ne vais plus chez mon père

.... Oh ma pauvre. C'est si grave que ça ?

.... Assez oui. Bon ton service il roule ?

.... Oui dans l'ensemble ça va, je suis un peu amputée sans Chantal mais on se voit, et je suis contente pour elle

.... Oui avec Sabine vous êtes des éléments que mon mari apprécie.

.... Oh bah alors, si on a l'appréciation du ponte.

Je ris, et l'embrasse. Je remonte dans mon bureau, Sarah me dit que le directeur m'a demandé. Je vais frapper à sa porte

.... Ah mon petit, on y va ?

..... Heu oui bien sûr, j'appelle Lise.

Sarah me dit au revoir, je prépare mes affaires et appelle ma cousine. Nous la retrouvons dans le couloir. Patrick nous fait monter dans l'ascenseur, nous descendons directement au garage.

Je me lève en pleine forme. J'ai hâte d'être ce midi, j'ai hâte de me serrer contre mon mari, j'ai hâte qu'il soit là. Je retrouve Lise qui termine son déjeuner

.... Alors Méli-Mélo bien dormi

Je lui fais un bisou avant de m'assoir ...... Un peu seule dans mon grand lit.

Elle rit ........ Allez ce soir tu vas retrouver ton ronfleur

.... Oh, il ne ronfle pas d'abord

Elle éclate de rire ....... Bah encore heureux, non mais !

Patrick arrive et se sert une tasse de café ......... Hum vous voilà de bien bonne humeur les cousines

Je n'ai pas la tête au travail, heureusement il n'y a pas grand-chose et je laisse le courrier à Sarah. J'ouvre ma boite mail, la copine de Fac m'a répondu, ça fait plus d'une semaine, je lui écris vite fait un petit mot pour la remercier et imprime le dossier qu'elle m'a envoyé. Je ne m'attarde pas dessus. Je n'ai plus vraiment l'engouement aux études, je suis un peu à saturation, est-ce dû à mon état ? A ma condition de femme mariée ? Bien sûr qu'il n'a jamais été question que je sois secrétaire toute ma vie, ce n'était pas mon idée première, mais tellement de choses sont arrivées, changeant ma vie de tout au tout.

A midi, Patrick vient me chercher pour aller déjeuner à Neuilly. Il est prévu que je reste cet après-midi, puisque Matthieu doit rentrer.
Après déjeuner, Patrick repart au bureau, je vais au salon avec Maryse et manou, je les écoute parler de massifs de fleurs. Maryse donne des idées à manou. Je les laisse et vais m'allonger un peu, mon dos tire, et la petite semble bien nerveuse. Est-ce dû à mon état d'attente de son papa ?

Une main dans mes cheveux me réveille, j'ouvre les yeux. Matthieu bronzé est penché sur moi, son sourire tueur aux lèvres. Je me redresse d'un bond et me jette à son cou, pleurant et riant à moitié

..... Madame Jorelle, doucement.

Il m'enlace et m'embrasse passionnément. Une envie de lui me prend toute entière, je passe mes mains sous son pull et me colle à lui.

.... Darling, ils nous attendent en bas pour boire un café.

Déçue, je le repousse et me lève. J'enfile ma robe, brosse mes cheveux. Main dans la main nous descendons le grand escalier

Patrick et Lise sont là aussi.

Mon mari demande un café et me regarde, je fais non de la tête.

Les conversations vont bon train, le sujet étant Kévin. Alexandre nous rejoint pour le diner

Le repas se passe entre les rires et les taquineries des deux cousins. Le rire clair d'Elise éclate à plusieurs reprises, je ne peux m'empêcher de rire aussi de bon cœur.

Avec Matthieu nous ne montons pas trop tard, laissant les autres à leur soirée.
Notre coucher sera fait d'un amour tendre et passionné.

Je me réveille dans les bras de mon mari. Mon bonheur est immense, ces quelques jours m'ont paru tellement longs, ses absences me pèsent, c'est toujours un déchirement.

Nous retrouvons Lise seule à la table en train de déjeuner

Matthieu la taquine ......... Vous voilà bien sage mademoiselle Dumont

Lise sourit ...... Heu comment vous dire, que seule dans cette grande salle à manger, je ne vais pas m'exploser de joie

Matthieu éclate de rire, quand son cousin arrive, le visage fermé. Il s'assoit à côté de ma cousine et se sert une tasse de café. Je le regarde faire, serait-il de mauvais poil ?

....... Alors Alexandre mal réveillé ?

..... Chère cousine, vous étiez dans les bras de votre amoureux transi que j'étais déjà levé.

.... Ah ok ! alors de mauvais poil ?

..... Non pourquoi ? Le devrais-je ?

.... Ah non je ne sais pas, tu arrives et tu ne dis bonjour à personne

.... Dis-donc madame Jorelle, tu me cherches querelle ?

Je ris .... Bah oui bien sûr, pas toujours toi dis donc.

Alexandre regarde son cousin ........ Non mais elle a un toupet ta femme, ce n'est pas croyable

Matthieu se retenant de rire ....... Ah bon tu penses ?

...... Ne peux-tu la canaliser ?

.... Dans son état tu crois ?

Je me récrie .... Dites-donc monsieur Duval fils, ce ne sont pas des conseils de médecin ça !

..... Sachez madame Jorelle, qu'il n'est pas admissible de parler ainsi à son médecin.

..... Ah bon pourquoi ?

Manou et Patrick entre et viennent prendre place à la table, Patrick sert une tasse de café à ma grand-mère et se sert, il demande innocemment s'ils ont coupé une conversation.

Alexandre prend un air accablé ...... Cher père, vous ne pouvez savoir ce que je subis par votre petite fille

Avec Lise on croise nos regards et on éclate de rire, Patrick prend un air interloqué.

.... Mon fils que se passe-t-il ? Mélissandre te donne du souci ?

Alexandre se tourne vers Lise ...... Dis-moi little heart, es-tu du même acabit que ta cousine ?

Lise se retient de rire ...... Moi ? Ah non je suis pire

Matthieu n'a rien dit, il se sert un café qu'il boit en deux gorgées. Il se penche vers moi. .....  Darling je vais faire un tour au bureau.

Je me tourne vers mon mari avec un air désolé ...... Où ?

..... Au bureau, je viens de te le dire

..... Oui mais au bureau où ? A l'entreprise ?

.... Oui, je fais un aller et retour.

Je sens la colère monter ....... Ah mais non, tu iras lundi, repose-toi on est le week-end, il n'y a rien qui urge.

Matthieu me regarde surpris de ma réponse. ........ Comment ça non ?

..... Tu vas y faire quoi ? Tout est fermé, il n'y a personne, tes courriers tu les dicteras lundi matin

Alexandre éclate de rire je lui lance un regard noir ........ T'as quoi à rire ?

Alexandre .... Oh cousine number one, doucement

..... Patrick, je n'ai pas raison ? Il est rentré d'hier après-midi, il n'y a rien qui urge ça peut attendre lundi

Patrick .... Matthieu, ta femme a raison, reste avec nous, il n'y a rien à signaler, je t'en aurais parlé.

Matthieu pousse un soupir ........ Bien ! Si mon DRH et mon adjointe se liguent contre moi, je ne peux que m'incliner

..... Bah écoute c'est vrai, ça fait une semaine que tu es parti, la société ne s'est pas écroulée, ça peut bien attendre une journée

Matthieu sourit ....... Ma chère épouse, tu as une drôle de manière d'écrire un calendrier, je ne suis parti que cinq jours, et lundi est dans deux jours

.... Ouais, bah tu m'as compris. Ce week-end il est à moi.

.... Bien madame Jorelle, et as-tu une idée de ce que tu veux faire ?

..... Bah non pas spécialement, mais j'ai envie d'être avec toi.

Alexandre ....... Pourquoi ne sortirions-nous pas ?

Matthieu se tourne vers moi ........ Qu'en penses-tu ?

.... Bah oui c'est une bonne idée.

Alexandre ...... Cousine number two ?

Lise malicieuse répond en souriant ......... La cousine number two n'a pas vraiment d'idée, mais elle suivra le mouvement

Matthieu demande à son cousin s'il a une idée.

Alexandre ....... Un bateau-mouche ?

Matthieu .... De ce temps bof !

Alexandre ...... Une cave ?

Matthieu ........ Pourquoi pas !

Alexandre ...... Les filles ?

Je regarde ma cousine, elle semble réfléchir et espiègle lance ........ Heu une cave ? Vous voulez nous enfermer ?

Les deux cousins éclatent de rire, Alexandre taquin ........ Oui pour ne pas que tu m'échappes.

Je vois Lise rosir. Matthieu me demande s'il peut au moins aller dans le bureau regarder ses mails. J'opine de la tête.

Alexandre ...... Nous t'attendons ? Où tu en as pour la matinée ?

Matthieu sourit ...... Voudrais-tu que je me fasse écharper ?

Il se lève et effleure mes lèvres, il me glisse ......... Laisse-moi un petit quart d'heure.

Je fais oui de la tête. Alexandre demande une nouvelle cafetière. Un silence s'installe, Catherine dépose le pot de café et se recule légèrement.

Alexandre sert son père demande à manou qui accepte, j'en prends un, l'odeur me tente. Il sert ma cousine et fini par se servir, en reposant le pot sur la table, il me regarde longuement et finit par sourire

.... Qu'est-ce qu'il y a ?

..... Rien chère cousine !

Je tourne mon café, les sens en alerte, quand manou éclate de rire, tous les regards se tournent vers elle. Je demande gentiment

.... Pourquoi tu ris manou.

.... Tu me fais rire ma poupée !

Alexandre ....... Dites-moi manou, ce sont les mêmes natures ?

Manou ...... Je pense que la tempête est passée, et que le calme est revenu. Pour répondre à ta question, disons que c'est semblable à vous. L'esprit est vif des deux côtés, mais bien plus tempérant qu’auparavant

Je regarde manou, j'ai compris, et je sais que Lise n'a pas saisi, je reste attentive

..... Manou en toute franchise, cela vous poserait problème ?

Manou sourit ....... Absolument pas, ce serait même une grande joie, je sais qu'il ne pourrait lui arriver plus grand bonheur

.... Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

.... Mon petit, je suis une vieille de la vieille, il est des signes qui ne trompent pas

.... Croyez-vous que je puisse me lancer dans l'aventure ?

Je vois Patrick sourire et regarder tendrement sa femme, Lise bouche ouverte va de l'un à l'autre se sentant larguer, j'ai envie de rire et ne peut m'empêcher de taquiner le cousin

..... Oh serais-tu subitement timide ?

..... Ne fais pas ta maline, que sais-tu ?

..... Je sais, je sais, c'est tout

..... Parce que vous déboisez ?

.... Ah non absolument pas, mais comme dit manou, les signes sont présents

Alexandre éclate de rire ......... Si jamais le jardinier sort son râteau je te vouerai un mépris jusqu'à la fin de mes jours

J'éclate de rire sans pouvoir m'arrêter ....... Alors là mon pote, si jamais il n'y a pas de jardinier et de râteau tu me devras un restaurant

Matthieu entre dans la salle et nous regarde tour à tour, il me sourit les yeux emplis d'amour.

..... Serait-ce ma femme qui amuse la galerie.

Je me ressaisis et en riant encore un peu ....... Mais non, c'est ton cousin qui parle jardinage

Alexandre se rembruni ......... Moque-toi femme de peu, la vie est facile pour toi

Matthieu se sert un café et demande à la ronde si quelqu'un en veut ........ Puis-je savoir ce qui en découle ?

Alexandre ....... Je demandais simplement à manou si je pouvais poser mes jalons et ton impertinente femme se moque

Matthieu m'attire à lui ....... Cela te déplairait ?

.... Ah non pas du tout, au contraire.

Matthieu ...... Et vous manou ? Y verriez-vous un problème ?

Manou sourit les yeux pleins de bonté ........ Que pourrait-il lui arriver de mieux ?

Matthieu ........ Alors c'est parfait ! J'ai réservé au caveau pour ce soir vingt heures

Alexandre ........ C'est parfait !

Matthieu ...... Déjeunons-là et sortons dans l'après-midi

Alexandre ...... Bien !

Nous regagnons le salon, Maryse en compagnie de Laurence, semble nous attendre.

La conversation va bon train, j'attends quelques minutes et fais savoir que je vais me promener un peu. Matthieu me demande si je veux qu'il m'accompagne.
..... Non mon chéri, reste avec les tiens, je vais emmener Lise

Alexandre .... Vas-tu t'enquérir ?

Je lui souris ironique ....... Pour m'entendre dire que je suis une fouineuse ?

Le cousin me lance un regard noir ........ Tu es impitoyable !

..... Non pas impitoyable, mais chacun son linge sale, ça évite les problèmes.

Je fais signe à Lise qui se lève et me suis. Marjorie nous présente nos manteaux, je glisse mon bras sous celui de Lise que je sens un peu maussade, son sourire à disparu. Je l'emmène jusqu'au kiosque

Nous nous asseyons, j'attends qu'elle parle la première, je la vois dans ses pensées

.... Tout va bien Lise ?

Sortant de ses réflexions, elle me sourit ....... Ils ont une manière particulière de parler, je n'ai rien compris

Je souris ....... Tu t'y feras, au début j'avais toujours l'impression d'être transparente. Si tu suis bien, tu arrives à comprendre

.... Ils parlaient de quoi ? Tu as eu l'air de savoir

Je me serre contre ma cousine et glisse mon bras sous le sien ....... Ma chérie, en gros Alexandre demandait la permission à manou de se déclarer

..... Se déclarer de quoi ?

J'éclate de rire ....... De te déclarer sa flamme.

Lise tourne la tête, elle rougi, les yeux brillants elle demande d'une toute petite voix ....... Tu es sûre ? Il va le faire ?

..... Alors peut-être pas aujourd'hui ma chérie, mais je crois que c'est sur la bonne voie.

..... Pourquoi il a parlé du jardinier ?

J éclate de rire ......... Pour dire que s'il se prenait un râteau, en gros si tu le repoussais, il m'en voudrait puisque j'ai dit que de ton côté tu étais prête.

..... Oh Méli, j'ai le trac.

Elle prend ma main et la pose sur son cœur ......... Regarde je crois qu'il va exploser

Je ris à en pleurer ....... Ma chérie, c'est ça l'amour.

..... Je ne sais pas quelle attitude avoir, je vais être sur le qui vive

..... Surtout pas ma Lison, reste-toi, c'est comme ça qu'il t'aime, malicieuse. Ils aiment la joute oratoire

.... C'est quoi ?

... Ils aiment qu'on les taquine, qu'on réponde avec malice, qu'on plaisante dans nos réparties, jamais de réflexions désagréables, pas de mauvaise humeur. Tu comprends ?

..... Oui d'accord j'ai compris.

..... Lison ne dit pas qu'on en a parlé, ce sont nos secrets de filles, comme eux, t'inquiète, ils parlent de nous.

..... Ils se racontent tout ?

.... Tout non, ils ont de la pudeur, mais comme nous ils se parlent. Ils sont comme frère, comme nous, nous sommes comme sœurs.

Elle dépose un baiser sur ma joue ........ Merci Méli. Pourquoi ai-je été si méchante avec toi ?

.... C'est fini Lise, tu as pris conscience, tu as mûri, c'est ça l'essentiel. Tu es une belle personne ma chérie

Au milieu de l'allée, je vois les hommes arriver ........ Lise reprends-toi, ils arrivent.

Matthieu demande si tout va bien, prompt, je réponds en souriant ........ Lise me disait que le nouveau standard est super.

Matthieu sourit ...... J'espère bien qu'il est à la convenance des standardistes au prix où il m'a coûté

Je souris...... Monsieur Jorelle, à bon personnel, bon outil

Matthieu ...... Exact, je commence à avoir une belle équipe qui roule

Alexandre s'est assis à côté de Lise, direct il a entouré ses épaules de son bras, et l'a attiré à lui.

Lise ...... Matthieu, c'est vrai que je suis bien, enfin toujours je revis, et je vous remercie vraiment du fond du cœur.

Matthieu ...... Elise, il faut laisser les choses se faire, il y a toujours un revers de médaille, dans le mauvais comme dans le bon. Je jette les néfastes sans regret, et ne garde que le favorable

Lise fait oui de la tête et murmure ...... Est-ce que je suis vraiment favorable ?

Matthieu avec gentillesse sourit à Lise ......... Il faut croire que oui, puisque vous avez intégrez mes équipes !

Tout doucement, dans un murmure à peine audible ....... Merci Matthieu

Je peux percevoir la gêne de ma cousine, sa timidité vis-à-vis de mon mari, j'essaie de réanimer sa petite flamme

..... Bon monsieur Jorelle, quel est le programme ?

..... Si madame Jorelle n'est pas trop fatiguée, nous pourrions aller nous promener, et ce soir aller écouter du jazz. Le programme te satisfait ?

.... Impeccable monsieur Jorelle.

Alexandre ...... Et toi little heart ça te convient ?

Lise ...... Mais oui carrément. On peut aller à Montmartre ? Non parce que la dernière fois, la balade était heu comment dire simplifiée.

Alexandre rit ...... Simplifiée est très raccourci, je dirais plutôt anéantie.

Les deux hommes de concert se lèvent, et chacun leur bras autour de nos épaules, nous reconduisent au domaine.

Avec Lise nous montons, nous coiffer et nous laver les mains. Je demande

..... Ça va ma Lison ?

Elle sourit les yeux brillants ....... Oh ma Méli tu ne peux savoir le bonheur que je ressens. Tout m'arrive d'un coup.

Sans que je m'y attende, elle éclate en sanglots. Je reste interdite quelques secondes et la prends dans mes bras.
..... Bah ma Lise alors !

Au travers de ses larmes, elle rit et m'embrasse ........ Oh ma Méli

..... Oui allez sèche tes larmes, ton mec va croire que je t'ai fait de la peine.

Elle hausse les épaules ...... Mais non tu es bête

Je lui sors ma trousse de maquillage, vite fait elle rectifie son maquillage qui a un peu coulé, nous descendons bras dessus, bras dessous et retrouvons tout le monde au salon.

14 mars 2002

Terrible constat

Les jours s’écoulent sans que je puisse reprendre le dessus. Presque deux semaines et je n’ai aucune nouvelle de mon père. Dehors le temps gris et pluvieux est en osmose avec mon moral. Dimanche après-midi, Matthieu a essayé de savoir pourquoi j’étais dans cet état, je n’ai pas su lui répondre. Il m’a dit de rester à l’appartement, si je me sentais trop fatiguée, j’ai tenu bon. Malgré tout je me dois de continuer à aller au bureau, de sortir, au risque de tomber moralement plus bas.

J’essaie de faire le travail, en temps voulu. Je vérifie les pointages, rempli les feuilles de congés quand on vient m’en demander.

Ghyslaine reprend à temps complet ce matin. Elle vient me chercher pour manger. Devant notre pizza dégoulinante de fromage râpé, j’ai la tête penchée en regardant mon assiette, sans savoir par quel bout la prendre.

Mon amie en est à la moitié, je n’ai même pas entamé la mienne. Elle pose ses couverts, me regarde bien droit dans les yeux.

.... Bon tu vas me dire, ce que tu as !

... Mais rien, je n’ai pas faim c’est tout

... Tu te moques de moi ou quoi ?

Je repousse mon assiette et bois un grand verre d’eau. Ghyslaine sur un ton mécontent

... Alors de deux choses l’une, ou tu me dis ce qui ne va pas, ou je vais voir ton mari.

Je fais non de la tête, et repose mon verre. ... Laisse tomber Gi, ne fais pas ça !

... Alors dis-moi ce que tu as.

Je commence à m’agacer et d’un ton plus sec que je ne l’aurais voulu ....... Mais je n’ai rien, lâche-moi.

La serveuse, demande si ma pizza n’est pas bonne

...... Si c’est parfait mais je n’ai pas faim.

.... Je vous l’enveloppe ?

Je regarde mon amie et lui demande si elle la veut.

Gi .... Oui mettez ma moitié avec, s’il vous plait

Je refuse le dessert et le café. Nous rentrons, je quitte Ghyslaine au standard et retourne dans mon bureau.

Le dictaphone de Patrick est sur mon bureau, il n’y était pas ce matin. Je m’atèle tout de suite au courrier. Une fois trié dans le parapheur, je le porte à son bureau.

... Bonjour Mélissandre, comment allez-vous ?

... Bien je vous remercie.

... Nous feriez-vous un petit café ?

... Oui bien sûr.

Je vais au perco, et attends que le jus coule dans les tasses, j’emmène le plateau et m’assois sans attendre.

... Tout va bien mon petit ? Je ne vous ai pas vu beaucoup la semaine dernière.

... Oui ça va.

.... Quel est ce regard triste alors ?

Je mélange mon café, en baissant les yeux. Je n’ai pas envie de discuter avec lui. Non que je lui en veuille, il n’est pour rien dans mon état, et encore moins dans ce qui est arrivé à son fils.

.... Un petit grain de sable dans le couple ?

Tristement je souris et faisant non de la tête.

... Alors c’est toute la confiance que m’accorde ma nièce ? Ne pas partager ses soucis ?

Tristement je souris et demande comment va Alexandre

.... Bien je pense !

Je hoche la tête et à brûle pourpoint demande si le fait d’avoir enregistrer Christine prouve que je suis fausse et mauvaise amie

Patrick me regarde semblant ne pas comprendre .... C’est pour ça votre mine toute retournée ?

... Je crois que mon père m’en veut d’avoir fait ça.

... Je ne pense pas votre père aussi peu clairvoyant. Personnellement j’ai trouvé cette initiative intelligente, dans le sens ou mademoiselle Frontasky ne pouvait crier au complot.

De la tête je fais oui ....... C’est bien la première pensée que j’ai eue, avec madame Germain nous voulions lui faire avouer qu’elle mentait, qu’elle aurait pu créer des ennuis à votre fils. Seulement maintenant ma famille me bat froid.

....... Votre grand-mère ne vous bat absolument pas froid, mon petit. Simplement ce week-end votre oncle nous avait convié, nous ne pouvions donc pas être à Neuilly

.... Nous n’y étions pas non plus.

.... Avez-vous téléphoné à votre père ?

.... Oui, mais il était soit- disant en réunion, je n’ai pas pu lui parler

... Et votre belle-mère ?

....... Elle avait parait-il un appel sur une autre ligne.

Les larmes aux yeux, le pouls accéléré je lâche dans un murmure ....... Voyez bien qu’ils me tournent le dos, comme par hasard ils sont occupés quand je veux leur parler

Patrick, croisent ses mains sur le bureau et me regarde profondément

....... Voulez-vous venir diner, vous pourriez parler avec votre grand-mère.

... Non, je ne veux pas la déranger.

... Téléphonez-lui.

..... Oui je verrai. Je vous remercie

Je me lève et ramasse les tasses, en ravalant mes larmes, j’emmène le plateau directement aux sanitaires pour faire la petite vaisselle.

Assise à mon bureau, je regarde le téléphone, ne me décidant pas à le décrocher.

Ce soir pendant le repas, Matthieu me déconcerte.

... Dis-moi darling, vas-tu trainer ta tête de martyre encore longtemps ?

.... Pourquoi tu me dis ça ?

... Depuis dix jours, depuis l’histoire de Frontasky, tu ne parles plus, tu fais la moitié de ton travail. Ne me dis pas que tout va bien ! Tu n’as même pas assisté à ton cours vendredi.

... Je l’ai oublié.

... Et tu comptes en oublier un sur deux ? Tu comptes refaire ton année ?

Je baisse la tête. Non je n’ai pas envie de refaire une année, parce que je n’ai pas envie de continuer

.... Que se passe-t-il Mélissandre ?

Je sens les larmes mouiller mes yeux. Je fais non de la tête. Le repas se termine en silence.

Matthieu me rejoint rapidement dans le lit, il enlève le livre que j’ai dans les mains, et le pose sur sa table de nuit. Il ne s’allonge pas, la tête appuyée sur le bois de la tête de lit.
... Vas-tu me dire ce qui te chagrine !

... Rien ça va.
... Mélissandre, ne me dit pas que depuis Neuilly tu es dans ton état normal. Aurais-tu eu des remarques désobligeantes ?

... Non

.... Alors quoi ?

En larmes, je vide mon sac. Matthieu me prend dans ses bras.

....... Que vas-tu imaginer ? Pourquoi veux-tu que ton père te tourne le dos pour une intrigante ?

... J’ai voulu lui téléphoner, il était parait-il occupé et Anne-Marie aussi. Je crois qu’ils n’ont pas voulu me parler

... Allez darling, arrête d’avoir de mauvaises pensées, ton père est très occupé, tu le sais

Je fais oui de la tête et me serre contre mon mari

... Darling, je pars jeudi prochain, veux-tu venir ?

... Tu vas où ?

Il sourit ... Je vais passer quelques jours avec Kévin, je t’en ai parlé

... Oui, vas-y. Je suis fatiguée, je préfère rester là.

... Iras-tu chez ta grand-mère ?

... Je ne sais pas, voudra-t-elle ?

... C’est évident.

En riant il me demande si je ne tomberais pas dans la paranoïa. Je souris malgré moi.

Nous nous endormons dans les bras l’un de l’autre.

J’essaie de reprendre le dessus, j’essaie de me dire qu’effectivement c’est un concours de circonstance. Le midi je mange une fois avec Ghyslaine, une fois avec Lise.

Ce midi, j’attends ma cousine dans le hall, elle glisse son bras sous le mien et m’entraine d’autorité à la brasserie.

Sans me consulter elle commande deux plats du jour.

..... Méli, essaie de reprendre le dessus, avec Ghyslaine nous sommes malheureuses de te voir comme ça, pense à ton bébé.

Je souris tristement et fais oui de la tête ........ Tu es au courant ?

...... Manou et Patrick sont venus manger, et ils en ont parlé, alors oui je suis au courant.

..... Mon père et Anne-Marie m’ont tourné le dos

.... Mais non que vas-tu imaginer ?

.... Ils ne répondent pas au téléphone.

..... Peut-être étaient-ils sortis ?

..... Non j’ai appelé dans l’après-midi et comme par hasard ils étaient occupés.
Lise sourit gentiment, la serveuse vient poser deux assiettes garnies d’un steak frites ........ Au travail, ma Méli, ils sont obligatoirement occupés

Je fais non de la tête ........ D’habitude mon père me dit je te rappelle, et là rien.

Je mastique un long moment mon morceau de viande qui n’arrive pas à passer. Je mange quelques frites et pousse mon assiette. Je pose la question qui me tarabuste

..... Elle habite toujours chez mes parents ?

Lise vide sa bouche ....... Aucune idée, tu veux que j’appelle manou ?

..... Non laisse tomber, aucune importance !

En rentrant je refuse le café que Lise me propose de venir boire au standard. Je rentre dans mon bureau, épuisée moralement.

J’envoie un mail à la copine de Fac et lui demande le cours, lui expliquant que je l’ai loupé. Je me balade une vingtaine de minute sur internet et me décide à rentrer.

La soirée sera très calme, sitôt manger Matthieu va dans son bureau et moi je me couche en larmes.

Mon interphone grésille, machinalement j’appuie sur le bouton

..... Viens me voir !

Son ton n’est pas engageant, je me lève et sans frapper j’entre. Lise et Patrick sont assis, Matthieu debout les mains dans les poches me regarde les sourcils froncés. Patrick se lève me laissant le fauteuil

.... Assieds-toi.

Matthieu prend place dans son fauteuil directorial. ....... Nous allons faire cesser ce mal-être, tu ne peux continuer comme ça Mélissandre !

Je le regarde, sans baisser les yeux ......... Comme quoi ?

...... Dans l’état où tu te mets

Il décroche son téléphone et demande à parler à monsieur Robin. Il a mis le haut-parleur. Je reconnais la voix d’Anne-Marie

..... Bonjour Matthieu, à quel propos ?

.... Faut-il une demande spéciale pour parler à mon beau-père ?

.... Attendez, je vais voir s’il peut vous prendre.

Nous attendons quelques secondes avant que mon père prenne la communication.

..... Oui ?

.... Bonjour Bernard, Matthieu à l’appareil.

.... Bonjour Matthieu.

..... Je ne vais pas y aller par quatre chemins, votre fille est en pleine déprime et dans l’incompréhension la plus totale

.... Quelle incompréhension ?

..... Depuis Neuilly, Mélissandre a l’impression que vous lui avez tourné le dos au profit d’une intrigante.

Un silence se fait, nous pouvons entendre un soupir, j’imagine mon père passant sa main dans ses cheveux comme chaque fois qu’il est dans l’embarras. Anne-Marie certainement en train d’écouter
Matthieu ...... Alors ?

..... Je ne comprends pas pourquoi Mélissandre s’imagine ça !

..... Vous ne la prenez pas au téléphone, votre compagne non plus. Pourquoi ?

..... Un hasard certainement.

..... Et vous ne pouvez pas l’appeler ? La rassurer ?

..... Dites-lui que je l’appellerai prochainement.

.... Pourquoi prochainement ?

Il n’y a pas de réponse, je sais à ce moment précis, qu’il ne m’appellera pas.

 Matthieu enchaine ........ Dites-moi, elle est toujours chez vous ?

.... Que vouliez-vous qu’on fasse ? Elle se retrouve au chômage sans revenu puisque vous lui avez fait signer une lettre de démission, ou irait-elle ?

..... Donc une intrigante fallacieuse a grâce à vos yeux au désavantage de votre propre fille ?

......  Ce n’est pas ce que je dis, devais-je la jeter à la rue ? Que ferait-elle ? Comment vivrait-elle ?

..... Et donc son bien-être est plus important que celui de Mélissandre !

..... Je ne sais que penser de tout ce remue-ménage. Mélissandre a tout de même agit inconséquemment

..... Que devait-elle faire ? Laisser cette fourbe ruiner la vie de mon cousin ?

Je vois les yeux de Matthieu se foncer avec rapidité. Je sais qu’il se contient, mais que la colère couve. Je sais qu’il va se retenir par respect.

..... Alors écoutez-moi bien monsieur Robin, quand je vous ai demandé la main de votre fille, je vous ai promis de toujours la protéger, et si pour ça, je dois passer au-dessus de sa famille, je le ferai !

..... Que voulez-vous dire ?

.... Ce que je veux dire, c’est simple, si cette petite garce est chez vous, nous ne nous verrons plus !

J’ai le cœur qui bat, mon estomac se serre, je sens les larmes envahir mes yeux. Matthieu ne lâche pas mon regard tout en écoutant, je n’ai pas entendu ce que mon père a répondu. Matthieu d’une voix qui gronde

..... A vous de choisir entre votre fille et cette garce !

...... C’est Mélissandre qui la mise chez nous, nous l’avons accepté, comment la rejeter ?

..... Embauchez-là, et mettez-là loin des célibataires, c’est un conseil. Qu’elle se trouve un appartement et qu’elle disparaisse de nos vies. Elle n’a pas été licenciée comme mademoiselle Dumont, je suis encore trop bon, je lui laisse une chance

...... Nous ne sommes pas tous sans pitié, Matthieu.

..... Je n’ai pas de pitié pour les saletés, je les jette. C’est à vous de voir monsieur Robin, je ne vous retiendrai pas davantage, je vous salue !

Il raccroche .... Va chercher tes affaires !

Lise se lève et me prend dans ses bras ......... Méli tu veux venir à la maison samedi ? Mes parents seraient contents

Je fais oui de la tête.

.... D’accord Méli-mélo je les préviens.

Sans pouvoir parler, la gorge serrée, je fais encore oui de la tête.

Lise m’entraine dans mon bureau, elle décroche mon manteau et m’aide à l’enfiler, elle m’embrasse

.... A demain ma Méli

Les larmes aux yeux je réponds ........ A demain Lise

Matthieu vient me chercher, je ne sais pas où il m’emmène nous sortons par les sas.

Sans quitter ma main, il me conduit jusqu’au cabinet d’Alexandre, sonne et pousse la porte. Son cousin est accoudé au comptoir discutant avec Sophie.
Alexandre m’embrasse et me fait entrer dans son cabinet. Matthieu s’assoit sur un siège. Je lui lance un appel au secours muet, il me sourit sans bouger.
Alexandre referme la porte, il me pousse gentiment vers un siège et s’assoit sur son fauteuil, me faisant face. Il croise ses mains sur le bureau.

..... Et bien la cousine number one, quel est donc ce visage défait et larmoyant ?

Triturant mes doigts, je ne le regarde pas, je ne réponds pas. Il se lève et passe de l’autre côté, il revient avec son tensiomètre.

..... Enlève ton manteau, je vais prendre ta tension, ensuite tu me diras ce qui se passe

Je me lève, enlève mon manteau et retrousse la manche de ma robe. Il me fait assoir avant de gonfler l’appareil autour de mon bras

..... Hum, petite tension. Veux-tu quelques jours de repos ?
Je le supplie ...... Non ne m’arrête pas Alexandre, je m’ennuie à l’appartement.

Il pose l’appareil sur le bord du bureau et s’assoit ........ Ok, alors dis-moi ce qui te met dans cet état. Parle au médecin et ne vois pas le cousin !

Que lui dire ? Que mon père et son amie m’ont tourné le dos au détriment de Christine, que je pensais avoir une véritable amie.

....... Je t’écoute ma belle !

Je le regarde, il sourit ........ Tu veux que je te dise quoi ?

..... Pourquoi cette tristesse, alors que tu attends l’enfant de l’homme que tu aimes et qui t’aime

Je hausse les épaules, il demande ........ Tu ne supportes pas ta grossesse ?

..... Heu si bien sûr.

.... Es-tu malade ? Ton estomac ?

.... Non ça va. Un peu mal au bas du dos c’est tout, et pas tout le temps.

.... Essaie de mettre des talons un peu plus bas, si tu peux, tes échasses fatiguent

Je souris et fais oui de la tête.

.... Est-ce cette histoire qui te perturbe ?

.... Mon père m’a fermé sa porte.

.... Elle est toujours chez eux ?

Les larmes aux yeux je fais oui de la tête.

.... Pourquoi avoir fait la lumière sur cette histoire ? Tu devais te douter que ça engendrerait certaines difficultés par la suite

..... Non je n’ai pas pensé, je n’imaginais pas que mon père me mépriserait

.... Regrettes-tu Mélissandre ? Regrettes-tu d’avoir fait la lumière sur des accusions aussi graves ?

.... Non, bien sûr que non.

.... Pourquoi ?

..... Pourquoi quoi ?

Alexandre sourit, de ce sourire qui le fait tant ressembler à mon mari

.......... Pourquoi ne regrettes-tu pas ?

Mécontente je réponds ....... Mais parce que c’était grave.

..... Qu’est-ce qui était grave ?

Je le regarde, sans comprendre pourquoi il me demande ça. Il doit le savoir que ça aurait pu aller très loin.

.... Mais tu es bête ou quoi ?

Il éclate de rire ....... Certainement oui, c’est fort possible, je veux juste savoir pourquoi tu as pris ma défense au détriment de celle que tu considérais comme ton amie

Et là je me mets en colère ......... Alors tu crois que je suis une mauvaise amie ? Que j’ai voulu ce qui arrive, que je voulais lui faire du mal ? Tu crois que je suis jalouse d’elle comme tu me l’as dit et que j’ai voulu la descendre pour me venger ?

..... Je ne crois rien du tout, je veux juste que tu m’expliques

..... Mais il n’y a rien à expliquer, il fallait rétablir la vérité, il me semble

.... Serait-ce de l’intégrité ?

.... Je te rappelle que je me prépare à être avocate, si je ne suis pas intègre autant que j’arrête tout de suite !

.... Me croyais-tu incapable ?

..... Incapable à quoi ?

..... A me défendre, me fallait-il une avocate ?

...... Mais imagine qu’elle ait été dire que tu l’avais violée, qu’elle demande réparation et que tu sois par ton père obligé de te marier. Chez vous ça serait un pur scandale. Tu viens d’ouvrir ton cabinet, tu te voyais sali par les journaux ? Et le nom de Matthieu associé au tien ? Et ma grand-mère c’est une Duval aussi maintenant ! Et Maryse ? C’est toute la famille qui aurait été touchée.

.... Qu’est-ce qui est plus important la famille ou les amis ? Les amis on les choisi, la famille, on la subit non ?

.... Tu veux me faire comprendre, que je n’aurais rien du dire après ce que manou et Anne-Marie m’avaient appris ? Je n’aurais pas dû en parler à mon mari parce qu’elle était mon amie ?

..... Je ne dis rien de tel ma belle. Je cherche simplement à comprendre pourquoi avoir agis de cette manière

Je commence à m’énerver et hausse le ton.

.... Mais parce qu’il me semblait normal de la faire avouer, sans qu’elle puisse dire que je mentais ou même Ghyslaine

..... Donc tu te sens dans ton bon droit ?

..... Je n’y suis pas ?

.... Je ne sais pas, à toi de me dire.

Je le regarde droit dans les yeux, fouille son regard, examine son visage serein. Il ne laisse rien paraitre, et de cette voix calme me demande pourquoi cette machination

La colère explose littéralement ....... Machination ? Donc d’après toi je suis l’intrigante. Tu lui donne raison, j’aurais dû la laisser aller jusqu’au bout. Laisser faire et assister à un mariage qui ne te convenait pas 

.... Mélissandre, me crois-tu si idiot pour la conduire devant le maire ?

... Et si ton père t’avait obligé, si Maryse avait crié au scandale, si la famille t’avait tourné le dos.

Il sourit ........ Cousine number one, vois-tu que tu arrives à sortir ta colère !

...... Evidemment, tu me prends pour une conne ou quoi ? Je me devais de l’acculer, pour mon mari, pour sa famille et la mienne. Qu’est-ce que tu viens me reprocher maintenant ?

Je le regarde, je sais que j’ai les yeux pleins de colère, de hargne

..... Tu sais quoi Alexandre Duval ? C’est fini, si j’entends quelque chose qui ne me regarde pas, vous irez tous vous faire voir, je ne m’en occuperai pas je ne m’occuperai plus de rien. Je vais couper les ponts avec tout le monde. Je n’irai à Neuilly que si je suis sûre d’y trouver Maryse seule. Terminé, j’en ai marre de vous tous.

J’ai craché ces derniers mots, je me lève, le cœur battant, les larmes au bord des yeux et la rage au bord des lèvres. Avant que j’atteigne la porte Alexandre me rattrape et me prend dans ses bras. J’éclate en sanglots

...... Mélissandre, j’ai compris ton action, et je t’en remercie du fond du cœur. Je voulais simplement que tu sortes la colère qui te ronge les sangs. Tu as agi comme il le fallait, sans penser qu’il pourrait avoir des conséquences te desservant. Laisse le temps au temps, ma belle. Tout va s’arranger

Je fais non de la tête et entre deux sanglots lui explique que mon père m’a tourné le dos, et de ce fait me rend responsable du licenciement de Christine, que dans l’histoire c’est elle la pauvre petite et moi la grosse méchante

.... Viens t’assoir, je vais te donner un petit calmant que tu prendras quelques jours. Ton père t’aime, il ne sait pas la meilleure attitude, la jeter dehors ou la garder, en espérant ne pas perdre sa fille.

J’essuie mes yeux avec mes mains, Alexandre me tend une boite de mouchoirs en papier, je le remercie

..... Mélissandre, réfléchis ! Que ferais -tu si tu devais choisir entre ta meilleure amie et ton père ?

..... La question n’est pas là, ce n’est pas la même chose.

.... N’as-tu pas été fâchée avec ton parrain, à cause de ta cousine ?

.... Mais elle m’attaquait, ce n’est pas la même chose !

.... Pour ton père, Christine fait partie de leur vie. Laisse-le se rendre compte du manque que ton absence lui procure, il va revenir vers toi, n’en doute pas.

Hargneuse je demande...... Dans un an ?

Alexandre sourit .... Non dans trois mois !

Je le regarde sans comprendre

..... Ma belle, crois-tu que ton père va louper la naissance de sa première petite fille ?

.... Alors s’il attend trois mois, ce sera trop tard, parce que ça voudra dire, qu’il ne revient pas pour moi mais pour l’enfant

.... Seule cette décision t’appartient, cousine number one.

Il prend son stylo et écrit sur son ordonnancier, il détache la feuille et me la tend. Il se lève. Je plie le papier en deux et le fourre dans mon sac.

Me prenant par les épaules, il m’accompagne à la porte, qu’il ouvre.

..... Je te rends ta moitié !

Les deux cousins se serrent la main .... Merci Alexandre.

Matthieu me ramène à la société, mais au lieu de monter, il m’entraine vers le garage. Nous rentrons à l’appartement. Il me fait me coucher en rentrant.

Doucement il referme la porte. J’éclate en sanglots.

Ce vendredi, je ne vais pas au travail, Matthieu reste à la maison. Il me donne les cachets prescrits par son cousin, m’oblige à manger et à me reposer, me conduit au lit pour une sieste et s’allonge à mes côtés jusqu’à ce que je m’endorme. Ce qui ne tarde pas.

2 mars 2002

Coup d'éclat

Une main chaude sur mon sein gonflé me réveille. J’ouvre les yeux et souris à mon mari, qui les yeux grands ouverts, me contemple

.... Bonjour madame et mademoiselle Jorelle !

..... Bonjour monsieur Jorelle !

...... Ce midi tes parents seront là, Alexandre aussi. Il ne parlera pas, se laissera malmené par mademoiselle Frontasky, tu pourras si tu le souhaites avec de bons arguments intervenir.

Mon cœur s’accélère ...... Que feras-tu après ?

..... Après quoi ?

...... Bah après l’explication !

........ Doucement darling, je la ferais raccompagner, inutile qu’elle s’attarde, ton père fera bien comme il veut, pour ma part, lundi elle sera licenciée sur le champ. Je la laisse venir et à neuf heures je la convoque pour lui faire signer une lettre de démission

Je pousse un ...... Han !

..... Darling, ses accusations sont trop graves, imagines qu’elle porte plainte contre un viol ?

..... Oui je sais, j’ai pensé à cette éventualité.

...... Mi-mars, veux-tu aller trois ou quatre jours à Chamonix ?

...... Va voir Kévin, ne t’inquiète pas, j’irai me faire dorloter chez manou

...... Ne veux-tu m’accompagner ?

..... J’ai peur qu’autant de voiture en si peu de temps me fatigue

...... Tu prends quelques jours en rentrant

Je me serre contre lui ....... Non monsieur Jorelle, vous ne me ferez pas quitter mon travail !

Il rit et me serre tout contre lui, nous échangeons un tendre baiser. En le repoussant je lui demande pourquoi il n’y a plus la jeune intérimaire.

...... Je l’ai mise quelques temps chez madame Legal, veux-tu qu’elle revienne ?

...... Selon le service, mais il est vrai qu’en arrivant à dix heures, je n’ai pas le temps de boucler le courrier pour midi.

...... Bien madame Jorelle !

...... Et si tu vires Christine, tu vas mettre qui lundi au pied levé ?

...... Madame Benton.

.... Woua, comment elle va sauter au plafond.

Il rit, de ce rire qui me dit qu’il est de bonne humeur. Nous nous levons pour nous préparer, et déjeuner.

Tout en buvant mon café, je lui fais part de mon observation sur la dame de compagnie envers sa tante.

... J’ai vu, laissons-les faire à leur guise.

... N’as-tu pas peur que ta tante s’encroûte si elle ne peut même pas se servir un verre d’eau ou de vin ?

.... Elle a toujours été habituée à être choyée, d’après les dires de ma tante, madame Billon la fait bouger, l’occupe et la sort, c’est important aussi

... Oui tu as raison.

En riant, il me fait remarquer qu’il a toujours raison.

Main dans la main, nous allons faire un tour dans le parc. Un timide soleil sans vraiment réchauffer le fond de l’air, nous tient compagnie. Dans les massifs, les premières jonquilles sortent de terre et égaient de leur joli jaune.

...... C’est trop joli les jonquilles, j’adore. Petite je me rappelle que ma mère en mettant toujours un bouquet dans la salle à manger

...... Tu as beaucoup de souvenirs de ta maman ?

...... Je me rappelle d’une jolie femme, toujours gaie, elle chantait souvent, et elle avait une belle voix. Je crois que mes parents étaient fous amoureux.

....... Tu lui ressembles, darling.

Mon mari entoure mes épaules et m’attire à lui. Nous continuons notre balade en devisant gentiment. Il me parle aussi de sa mère, femme douce et un peu effacée. Je demande pourquoi Maryse n’a jamais eu d’enfant, alors qu’elle donne le sentiment de les aimer. Il m’apprend qu’elle a fait deux fausses couches.

Nous faisons demi-tour en entendant une voiture arrivée dans la grande allée. Mon pouls s’accélère, c’est la voiture de mon père.

Nous attendons que mon père se gare, Georges descend et ouvre la portière d’Anne-Marie, Christine descend sans que Matthieu fasse un geste. Mon père tend les clés à l’employé

Les embrassades se font au bas des marches. Je trouve Anne-Marie tourmentée, Christine affiche un air tranquille, avec un petit sourire en coin.

Anne-Marie, Christine à son bras montent les quelques marches, quand mon père se met en retrait, doucement il demande si Alexandre sera présent au repas.

Matthieu répond d’une voix tout à fait normale ... Oui bien sûr, cela pose problème ?

Mon père passe ses doigts dans ses cheveux, signe qu’il est mal à l’aise .... Disons que j’ai appris un différend entre Christine et Alexandre. Pourrions-nous en parler en privé ?

....... En parler ? Oui bien sûr ! 

....... Merci Matthieu

Nous rentrons, je réfléchis rapidement. Donc papa est au courant par Anne-Marie

A peine sommes-nous rentrés, que Patrick et manou arrivent. Après les embrassades, Matthieu fait servir l’apéritif. Je profite d’un moment ou tout le monde parle et demande à Matthieu en chuchotant dans son oreille.
...... Tu n’as rien dit à mon père ?

Il se penche vers moi et me susurre ...... Personne n’est au courant à part toi, Alexandre et moi. Parle-lui !

Je fais oui de la tête, et lance enjouée.
.... Alors Christine tout va bien ?

... Oui merci

... Qu’est-ce que tu racontes de beau ?

Elle répond sèchement... Rien !

Je souris ... Alors ça ne change pas, tu n’as jamais rien à raconter.

Mon père intervient .... Christine n’est pas au plus haut de sa forme ma puce

Je hausse les épaules sans répondre, Alexandre beau comme un Dieu entre de ce pas allongé dans la pièce. Il embrasse tout le monde sauf Christine et l’employée de Maryse. La tête de Christine change d’un coup, elle vire au gris son sourire narquois disparait

Patrick sert un verre et le tend à son fils, Matthieu boit une gorgée du sien, je sais qu’il va comme à son habitude mettre tout le monde à l’aise, pour abattre ses cartes.

Patrick d’un coup demande à son neveu s’il emmène même le travail au salon. Je n’ai pas remarqué, le dictaphone est posé sur la petite table

Matthieu sourit ....... Oui vois-tu !

Maryse se récrie ........ Ne peux-tu de temps en temps te poser ?

Mon mari ...... Une fois posé, vous me reprocherez de ne pas être au summum !

Il se tourne légèrement vers Christine ....... Et au bureau tout va bien ?

... Oui bien sûr.

... Rien à dire ?

... Non pourquoi ?

.... Je ne sais pas ! Un souci, ou quelque chose de plaisant

..... Bah non ça va.

... En fait vous n’avez jamais rien à dire ?

... Je ne sais pas, vous voulez que je vous dise quoi ?

Matthieu fait une moue, en haussant les sourcils ... Je ne sais pas non plus, vous pourriez nous parler un peu de vous !

... Je n’ai pas grand-chose à raconter.

..... Pas de loisirs ? Pas de balades ? Un film qui vous aurait marqué ?

.... Bah non !

... Quand vous n’êtes pas ici ou chez manou, que faites-vous de vos journées ?

... Je suis avec Anne-Marie et Bernard.

... Et ? Vous ne faites rien ?

... Pas spécialement.

... Et quand vous êtes avec Alexandre ?

Elle change de tête, va de Matthieu à moi, de moi à Alexandre, mince se doute-t-elle de quelle chose

....... Avec Alexandre ? Nous ne nous voyons pas.

Matthieu se penche légèrement et regarde son cousin .... Ne te plaisais-tu pas en compagnie de mademoiselle Frontasky ?

Alexandre sourit, creusant les mêmes fossettes que mon mari ...... Depuis septembre, je n’ai pas vraiment eu le temps de balader mademoiselle, de plus l’envie ne m’étouffe pas !

Matthieu interrogatif se fait répéter, comme s’il n’avait pas compris .... Depuis septembre comment ça ? Nous sommes bien allés à Montmartre ensemble en novembre.

Mon père va pour s’interposer, Matthieu d’un geste de la main ....... Monsieur Robin, je vous prie de ne pas intervenir, je pense mademoiselle Frontasky et monsieur Duval suffisamment adultes pour me répondre.

Mon père ...... Auriez-vous quelques reproches à faire à Christine ?

Matthieu doucereux ...... Non juste une mise au point, celle que vous m’avez suggéré.

Mon père passe ses doigts dans ses cheveux, Anne-Marie est pâle, manou les yeux plissés, les sourcils froncés et interrogatifs regarde mon mari cherchant à comprendre où il veut en venir, Patrick et Maryse sont très à l’écoute. La dame de compagnie droite comme un I

Alexandre ....... Effectivement, nous étions même accompagnés d’Elise, si tu as souvenance.

....... Tout à fait ! Et effectivement j’ai aussi en mémoire, une scène provoquée par mademoiselle Frontasky, ce qui me donnait à penser que vous étiez très intimement liés.

....... Non ! Je n’ai pas revu Christine par la suite, à part Noël chez mon père, et ici même au jour de l’an

.... J’ai peur de ne pas suivre, tu as bien invité Christine chez toi.

Alexandre sourit ....... Oui bien sûr, en présence de tout le monde, au pot d’ouverture de mon cabinet

..... Non Alexandre, je te parle de chez toi, de ton appartement, un peu avant Noël !

Alexandre ne se départ pas de son sourire légèrement ironique ........ Serais-je amnésique ?

Matthieu se tourne vers Christine qui est rouge tomate, les yeux lui ressortent de la tête.

........ Christine c’est bien ce que vous avez avancé à Anne-Marie que vous étiez allée chez Alexandre ? 

.... Je n’ai pas avancé.

Matthieu à la voix qui commence à gronder, je sais qu’il se retient d’éclater en colère, il veut aller jusqu’au bout.

...... Alexandre vous a invité chez lui ou pas ?

Christine commence à se sentir mal, elle comprend qu’elle est fichue, qu’elle a raconté n’importe quoi. De cette voix agaçante, comme si elle allait éclater en sanglots

... Bah si, il m’a invité avec tout le monde.

.... Donc vous n’êtes jamais monté à l’appartement ?

..... Non

...... Alors il vous a allongée où ? Dans son cabinet ? Ou la fois que vous l’avez pompé dans le parc ?

Maryse se récrie ....... Matthieu ça ne va pas ? Quel est ce langage

Matthieu d’une voix autoritaire, comme quand il engueule un employé ...... Ma tante restée à votre place, sans intervenir, la suite va être bien plus croustillante, croyez-moi !

Christine laisse échapper quelques larmes, Matthieu avec violence demande

.... J’attends une réponse !

... Pourquoi vous dites ça ?

... Pourquoi je dis ça ? N’avez-vous pas fait une fellation à Alexandre, qui essayait de vous repousser, disant qu’il ne voulait pas ? Ne s’est-il pas dégagé pour rentrer, vous laissant à poil et affamée ?

... Je n’ai pas voulu ça.

... Vous n’avez pas voulu, mais l’avez fait ! Vous affirmez qu’il vous a défloré contre votre volonté, vous violant presque, à qui veut l’entendre, dans quel but ? De le salir aux yeux de son père ? De mettre sa réputation en danger ?

... De toute façon, il ne veut pas se marier

... Certainement pas avec une pute !

Christine éclate littéralement en sanglots. Je suis interloquée par les paroles employées par mon mari. Personne ne bouge, à peine osent-ils respirer. Laurence s’est rapetissée, dans le fauteuil. Elle est aussi pâle que les autres.

.... Ayez le courage de répéter, ce que vous avez inventé en racontant vos élucubrations à Anne-Marie.

...... Je n’ai pas dit ça.
Matthieu d’un ton qui me fait sursauter, en élevant la voix ……. Vous n’avez pas dit quoi ? Vous n’avez pas dit qu’Alexandre vous avait invitée chez lui pour se soulager comme un hussard avant Noël et vous laisser tomber à Noël parce qu’il y avait cette garce d’Elise Dumont ? Vous n’avez pas dit non plus, qu’elle était une merde comme vous, et qu’il la sauterait sans rien lui promettre ?

Elle crie presque un ... NON, je n’ai pas dit comme ça !

Matthieu se penche vers la petite table et prend le dictaphone, il met un écouteur dans son oreille, et appuie sur lecture. Il fait défiler la bande, enclenche le stop enlève l’écouteur et met le son.
Un silence de mort règne, la voix de Ghyslaine se fait entendre quand elle demande si nous avons été invités chez Alexandre, nos réponses et notre insistance avec Ghyslaine à faire avouer à Christine qu’elle n’est jamais allée chez lui

Matthieu laisse jusqu’au bout la bande défiler, au moment où je dis à Ghyslaine qu’elle a fait une fellation à Alexandre, je me sens mal, le cousin me fait un petit clin d’œil, il a l’air détendu et semble s’amuser de la situation

Christine est en larmes. Matthieu met fin en arrêtant l’appareil, il demande à Anne-Marie si c’est la version qu’elle a eue.

A.M d’une voix blanche répond ...... Non, je suis désolée de dire, que la version que j’ai eu n’est pas exactement la même

Matthieu ....... Christine dans quel but ? Vous faire épouser en demandant réparation d’une chose qui n’a existé que dans votre tête ?

Elle renifle, les yeux baissés, elle ne répond pas, Matthieu en haussant le ton .... Vous êtes bien plus volubile pour raconter des propos démentiels tout droit sortis d’un cerveau de folle ! Vous êtes une menteuse pathologique !

Il la regarde haineusement, ses yeux sont tellement noirs de colère, que j’en ai des frissons.
....... Mademoiselle Frontasky pourquoi ? Ensuite vous auriez changé votre version et auriez accusé Alexandre de viol, pur et simple, voyant que vous n’arriviez pas à vos fins ? Peut-être même annoncer un début de grossesse qui se serait soldé comme par hasard par une fausse couche !
Il se tourne vers mon père et enchaine, sans laisser le temps à Christine de dire un mot.

....... Malgré tout le respect que je vous dois Bernard, et vous ferez bien comme vous l’entendez, mais sachez que je ne veux plus de mademoiselle Frontasky dans notre vie de famille ! S’il vous venait l’idée de nous inviter ma femme et moi, faites en sorte qu’elle ne soit pas présente, car nous repartirions aussitôt !

Mon père .... Je comprends, je pense que nous allons rentrer !

.... Je vais la faire raccompagner !

..... Ne dérangez personne, nous allons y aller. Cela me semble plus raisonnable

Il se lève Anne-Marie ne fait rien pour le retenir et se lève aussi en me jetant un regard triste

Matthieu persifle ....... Au détriment de votre fille ? Cette intrigante passerait donc avant Mélissandre ?

Mon père blanc comme un linge ........ Non bien sûr que non, mais il est préférable de rentrer je pense.

... Faites !

Je suis dégoutée, que Matthieu ne les retienne pas davantage, c’est mon père quand même. Je lance une prière muette à Anne-Marie qui détourne le regard. Je suis anéantie, va-t-elle me tourner le dos ?

Une envie soudaine de pleurer me prends. Je sors précipitamment et vais aux toilettes. J’éclate en sanglots. Je pleure de longues minutes, quand Matthieu ouvre la porte. Il vient me prendre dans ses bras.

....... Pourquoi ?

Dans sa voix, je perçois que la colère est retombée ....... Pourquoi quoi darling ?

....... Pourquoi mon père est parti ? Il va dire que j’ai piégé Christine.

....... Il est parti, parce qu’il était mal d’avoir cru en cette garce !

...... J’en ai plus que marre, de toutes ces histoires, après Lise, c’est elle, je vais finir par me détacher de tout le monde.

....... Darling, je pense que ta cousine est calmée, Frontasky éliminée, tout devrait rentrer dans l’ordre.

Il sèche mes yeux avec un essuie mains en papier ....... Sèche tes larmes, et passons un bon week-end en famille.

Je prends un autre papier dans le distributeur, me mouche et vais le jeter dans la cuvette des WCS. Main dans la main nous retournons au salon. Patrick sert un verre à tout le monde.

Manou ....... Ne pleure pas ma puce, nous n’avions pas la bonne version, comme souvent. Alexandre, pourquoi ne nous avoir rien dit ?

Alexandre ...... Aurait-il fallu que je sois au courant de ses dires.

Patrick .......  Mélissandre comment l’avez-vous appris ?

Je lui raconte en quelques mots, manou m’appuie, ne sachant pas vraiment ce qui c’était passé. Patrick se tourne vers ma grand-mère

...... Pourquoi m’avoir tu une chose aussi grave ?

...... Mon bien-aimé, mets-toi à ma place, c’est ton fils qu’on accusait !

Ils débattent pendant un long moment sur ce nouveau problème, Maryse demande à Matthieu ce qu’il compte faire

....... Dès lundi, elle sera licenciée !

...... As-tu quelques reproches à faire sur son travail ?

....... Ma tante, soyez un peu lucide, croyez-vous que, je vais la laisser accuser un directeur ou autre de viol pour se faire épouser ? Les brebis galeuses, je les vire, ce n’est pas compliqué !

Nous passons à table, je chipote la paëlla pourtant délicieuse. D’un coup je suis fatiguée. Fatiguée psychologiquement, fatiguée physiquement d’avoir été tendue pendant presque deux heures et fatiguée nerveusement. Que va faire mon père ? Vont-ils la garder malgré tout, va-t-elle faire son cinéma ? Et moi je deviens quoi dans tout ça ? Ne verrais-je plus mon père ? Je sens les larmes piquer mes yeux, j’essaie de respirer à fond. Tout le monde ne parle que de cette histoire, faisant des spéculations, avançant des théories. Je reste silencieuse.
A peine la dernière bouchée avalée, sans attendre le dessert je monte à notre chambre et éclate en sanglots.

J’enlève ma robe et en boule sous la couette, je pleure un long moment, jusqu’à m’endormir à bout de forces.

Matthieu vient me chercher, je lui demande l’heure

...... Dix-sept heures, vient goûter, tu n’as rien mangé.

...... Il y a qui en bas ?

...... Qui veux-tu qui sois là ?

Je hausse les épaules et me lève, je vais me rafraichir, enfile ma robe et descends au bras de Matthieu qui me conduit au salon. Maryse et manou sont en pleine conversation

Maryse ... Vous allez mieux mon petit ?

... Oui merci.

.... Allez, ne vous rendez pas malade.

Je ne réponds pas, et prends le verre de jus de fruits que Catherine me tend avec un grand sourire. Je lui souris tristement. Je sens le regard de Laurence peser sur moi, je détourne la tête

Les deux vieilles femmes, continue de parler d’un salon de couture qui devrait se tenir prochainement. Je n’écoute qu’à moitié, j’ai le cerveau vide, rien ne me captive.

Matthieu entoure mes épaules .... Veux-tu sortir ce soir ?

Je le regarde en faisant non de la tête. J’appuie ma tête sur le haut dossier du canapé. Mon mari me demande si je veux voir mon oncle et ma tante avec Lise, tout pareil je fais non de la tête.
Je n’ai envie de rien, ni de parler, ni de voir du monde. Je veux qu’on me laisse tranquille.

Patrick et son fils reviennent pratiquement à l’heure de l’apéritif, je sais par habitude qu’il est dix-neuf heures trente.

Je ne prends rien et refuse le verre de jus de fruits. Matthieu me demande si je souhaite autre chose, je fais non de la tête.
Le repas se passe en un silence peu agréable. Tout le monde parle du bout des dents, semblant calculer les conséquences du sujet qu’ils vont aborder.

Je ne les suis pas au salon, mais vais à la télévision, que j’allume. Je me blottis dans le fauteuil et sans suivre ce que dit le commentateur, je ne vois que les images défiler. On ne peut pas dire que je suis dans mes pensées, non, je n’en ai pas.

Au bout d’une heure, je me lève éteins le poste et monte me coucher. Je verse quelques larmes, me tourne et essaie de m’endormir

Le dimanche matin se traine en longueur. Dehors le temps gris n’invite pas à la balade. Je n’ai qu’une hâte, que Matthieu donne le signal du départ.
Le midi je boude mon assiette, tout de suite après le café pris dans le salon, Matthieu déclare que nous rentrons

Maryse .... Ne passerez-vous pas l’après-midi avec nous ?

Matthieu .... Non !

La tante pousse un petit soupir désolé, manou me regarde peinée. J’embrasse rapidement tout le monde. Dans la voiture je me cale près du montant de la portière et ferme à demi les yeux.

A l’appartement, pas un bruit. Madame Breton est absente, et Sophie aussi. Je vais me mettre dans le canapé et attends sans rien espérer de la soirée. Je finis par aller me coucher

Dès que j’arrive au bureau, je téléphone à Lise, lui expliquant en deux mots, que j’ai trop à faire pour passer, qu’elle ne m’attende pas le midi. Ghyslaine ne travaille pas aujourd’hui. Je la verrai donc demain et je n’ai pas envie de lui téléphoner

A quinze heures, laissant du courrier en plan, je rentre, prends un bain et me couche. Je suis dans une telle lassitude que je n’arrive plus à penser sereinement.

Mardi midi, Ghyslaine me téléphone enjouée .... On mange ma belle.

... Oui

... Oh bah cache ta joie !

Je raccroche sans répondre, prends mon manteau, mon sac et descends. Je vais serrer la main à madame Maurane plus par habitude que par envie. Ghyslaine glisse son bras sous le mien et m’embrasse.

En sortant mon amie me demande ce que je veux manger, je réponds d’une voix éteinte ....... Aucune importance, ce que tu veux.

Elle ne dit rien et m’entraine au chinois.

... Bon qu’est-ce qui se passe ?

J’éclate en sanglots, elle me laisse pleurer, me sert un grand verre d’eau et commande le repas pour nous deux.

Le serveur nous amène trois nems dans une petite assiette, je les regarde sans en avoir envie.

... Bon allez, raconte ma belle, qu’est-ce qui te met dans cet état ?

Je la regarde, et pèle mêle lui explique ce qui s’est passé, mon père parti en me disant à peine au revoir, ma belle-mère me foudroyant du regard.

... J’ai appris qu’elle est virée.

... Comment ?

... Comment quoi ma belle ?

....... Comment tu le sais ?

........ Ton mari m’a convoqué ce matin, il m’a interdit de te passer un appel de sa part ! J’ai donc fait suivre aux filles, et toute personne qui te demande, doit d’abord passer par moi.

.... Pourquoi ?

Ghyslaine sourit ....... Prends-tu ton mari pour un idiot ? Et si elle annonce un nom à la gomme. Je sais reconnaitre les voix, ma chérie.

Je fais oui de la tête, et entame un nem du bout des dents. Avec difficulté je viendrais à bout des trois.

En suivant, Ghyslaine à demander du bœuf au petits légumes. J’essaie de me forcer.

Ghyslaine. ....... Ce n’est pas son licenciement qui te met dans cet état, alors c’est quoi ?

Je sens les larmes monter ... J’ai l’impression que mon père m’en veut d’avoir fait éclater au grand jour que c’est une menteuse. Je crois que le coup du dictaphone n’est pas passé

... Pourquoi ? Vous l’aviez emmené ?

... Matthieu, oui.

... Ecoute ma belle, tu n’allais pas laisser la réputation d’Alexandre être bousillée, pour une mytho.

Ghyslaine me propose un dessert que je refuse, je n’ai même pas fini mon assiette. Nous rentrons au bureau, machinalement avec des gestes mécaniques je fais deux cafés.
Ghyslaine tente de me rassurer, insistant sur le fait que mon père n’est pas idiot, et qu’il a bien compris.

.... Peut-être est-il vexé de s’être trompé sur elle, il lui avait accordé toute sa confiance quand même

Je hausse les épaules, je ne sais pas, je ne sais plus.
... Téléphone-lui, demande-lui

... Non je n’ai pas envie

Ghyslaine est peinée de me voir dans cet état de tristesse. Elle m’embrasse et retourne à son poste de travail
J’enclenche le dictaphone et mécaniquement je termine le courrier, avec difficultés je me lève pour prendre les feuilles dans la corbeille de l’imprimante, je les classe dans le parapheur de Matthieu et vais lui porter. Le bureau est vide, je ne sais même pas où il est.

Il est à peine trois heures de l’après-midi, j’éteins tout sauf le perco. Je mets les tasses sales sur le plateau, et pars.
En rentrant je prends une douche rapide, revêt un pyjama en pilou, et vais me blottir sur le canapé, sans même allumer la télé. Madame Breton vient me demander si je souhaite une boisson ou quelque chose. De la tête je fais non.

La semaine se passe dans cette espèce d’accablement. Je vais au bureau, fais le minimum et rentre. Le soir je boude mon assiette, et ne réponds à Matthieu que par monosyllabe.

Ce week-end je refuse d’aller à Neuilly. Je reste à trainer dans l’appartement, du canapé au lit.

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