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28 août 2000

Département automobile

Au standard j’embrasse Ghyslaine et lui demande des nouvelles de son fils, Monsieur Duval arrive, avec sa mallette à la main. Il vient nous saluer et se tourne vers moi, gentiment il me rappelle que je suis attendue au service de monsieur Aimeriau

... Oui monsieur.

Une angoisse me prend, je ne sais pas pourquoi. Je me sens pâlir. J’aurai tellement aimé retourner dans le service d’Evelyne. Monsieur Duval sentant très certainement mon appréhension, propose de me conduire.

Nous montons au premier étage, il entre sans frapper. Une grande salle, 6 bureaux, quelques employés sont assis en train de papoter.

Mr Duval ….... Bonjour messieurs, monsieur Aimeriau est arrivé ?

Un type répond non.

......… Bien ! Mademoiselle, va rester quelques temps avec vous.

Monsieur Duval se tourne vers moi et avec un gentil sourire en me serrant la main, me souhaite une bonne journée.

......… Merci monsieur.

Il repart. Je reste là plantée, les employés sans s’occuper de moi reprennent leur conversation. Un monsieur d’un certain âge arrive. Je l’ai déjà remarqué passant devant le standard. Il me fait penser à une fouine avec ses petits yeux toujours plissés.

.....… Vous êtes ?

…...... Bonjour monsieur, je suis mademoiselle Robin, monsieur Duval m’a placé chez vous.

Il marmonne je ne sais quoi et me dit d’aller m’installer à un bureau, en me le montrant du doigt. Il serre la main aux employés avant d’aller dans sa bulle en verre sans plus s’occuper de moi. J’attends qu’on vienne me dire ce que je dois faire. Il est pratiquement 10 heures, quand enfin les employés se décident à se mettre au travail. Celui qui a répondu à monsieur Duval, m’apporte une chemise cartonnée qu’il ouvre

… Voilà sur cette grille regarde en haut dans la première case, tu as la succursale, tu remplis la grille avec les cartes grises des voitures. La date d’achat, la marque du véhicule, le kilométrage enfin tout quoi ! Tu as compris ?

  ........ Oui je pense.
  ….... Bon si tu as un souci tu viens me voir, je m’appelle Alain.

  ….... Oui merci.

Je commence par regarder une carte grise et essaie de la déchiffrer. Je ne comprends pas grand-chose à tous ces numéros. Le type me tend une carte grise, avec une grille déjà remplie

.......… Tiens celle-ci est faite, prends la pour exemple.

Je relève la tête et croise son regard, je le remercie.

Deux types étudient le tiercé sur un journal en commentant tout haut leurs pronostics. Un feuillette un journal et le dernier est au téléphone.

Alain ….... Bon ça y est les gars que j’aille faire les jeux

Ils répondent en chœur « Oui » fouillent dans leur poche à la recherche de monnaie qu’ils lui tendent. Alain ramasse l’argent et sort du bureau. Je ne le reverrai pas. Il est à peine midi je me retrouve seule, ils sont tous partis. Ni les uns ni les autres n’ont commencé à travailler. Quant au chef on ne l’a pas vu de la matinée. Je suis dépitée. Je referme ma chemise et la mets sur la pile, j’attrape mon sac et ma veste. Je descends rejoindre les filles au standard. L’après-midi Alain travaille un peu, et un autre passe son temps au téléphone, racontant sa vie

Je prends la chemise d’hier laissée sur le bureau et commence à déchiffrer la carte grise, les employés arrivent les uns derrière les autres. Mes pensées sont ailleurs. Je pense à ce service qui ne sert à rien comme celui de Martel, avec des salariés qui font tout juste acte de présence. Ils entrent comme dans un moulin. En plein après-midi ils s’en vont, ou arrivent avec leurs courses vers quatorze voire quinze heures. Je crois que c’est le pire service que j’ai fait. 

La semaine est triste et n’en finit pas, c’est la boule au ventre que je monte le matin.

A part Alain qui travaille un peu, allez trois ou quatre heures dans une journée, c’est tout. Ils apprennent le journal ou passe leur temps au téléphone. L’après-midi s’ils nous honorent de leur présence, c’est soit pour discuter entre eux, en déboisant tout le monde ou presque ou en faisant des mots croisés. Quant au chef, il est quasiment invisible. Je ne comprends vraiment pas cette mentalité. Pensent-ils qu’une société fonctionne toute seule ? Je suis écœurée, moi qui aie tant galéré pour avoir ne serait-ce qu’un job de quelques mois.
En tout cas maintenant que j’ai signé un contrat, je vais m’accrocher. Il me reste deux ans d’études pour mon master et un an supplémentaire pour l’école de magistrature, et je ne vais pas risquer de tout perdre. Je suis embauchée pour bosser, et je vais respecter le contrat, et ce pourquoi je suis payée chaque fin de mois.

Ce soir j’ai mon premier cours, j’allume mon pc et attends. Je sors un calepin et un crayon de bois. Un homme au visage sévère et fermé se présente. Pendant une demi-heure il nous fait une leçon de morale, expliquant que si nous n’avons pas la constance d’assister aux cours, autant arrêter tout de suite.

Il poursuit par des révisions de l’an passé. Ces deux heures ne m’amènent rien de concret et j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps.
Je rejoins Manou au salon.

... Alors ma poupée, ça été ?

Tout en allant à la cuisine pour manger, je lui raconte ce prof en le mimant nous faisant la morale comme à des enfants. Manou rit. Nous rangeons la cuisine, je vais avec ma grand-mère me délasser devant la télé.

Samedi selon nos habitudes, nous allons faire un tour au marché. L’après-midi je me penche sur les premiers devoirs à renvoyer.

Dans la soirée j’échange par écrit avec Lison. Comme je lui ai expliqué je ne veux pas me servir de la cam, pour ne pas déranger Manou qui écoute la télé.

Elle me raconte en riant qu’elle est célibataire. Son petit copain n’aura pas duré longtemps.

... Alors tu vas faire quoi de tes vacances ?

... Me reposer et aller à la piscine pour bronzer

Je souris à son humour. Nous échangeons jusque très tard. Vers minuit je lui dis bonsoir.

Je remets mon pc sur le bureau, et vais me brosser les dents avant de me coucher.
Dimanche je buche pour finir mes devoirs commencés, et les envoyer rapidement.

Je m’arrête embrasser Ghyslaine, elle me propose un café que j’accepte volontiers. Pas vraiment pressée d’aller dans ce service. La semaine dernière m’a parue tellement morne, que j’angoisse pour cette semaine.

Je monte les escaliers d’un pas pesant, sans frapper j’entre et vais m’assoir. Les deux types du journal sont là, Alain brille par son absence

J’essaie de me concentrer sur le dossier entamé. Je n’ai pas beaucoup avancé et de toute façon je ne fais pas plus d’efforts que ça. Je vais à mon rythme, j’en ferai toujours plus que les 4 employés réunis.

Quand je rentre le soir, je me change pour une tenue plus décontractée. Avec Manou nous nous mettons dans le jardin et nous racontons notre journée devant soit un verre de limonade fraiche soit une menthe à l’eau. Nous voulons profiter de ces dernières belles journées de début septembre.

Après dîner, je range la cuisine avec Manou, avant d’aller me détendre sous la douche. Je rejoins ma grand-mère une petite demi-heure au salon pour écouter les infos. Dès le générique qui annonce le film, affectueusement je l'embrasse en lui souhaitant une bonne nuit.

Allongée sur mon lit, j'ouvre mon pc sur mes jambes relevées, avec Lison nous papotons un peu avant de m'endormir rapidement.

J’ai hâte que cette pénible semaine finisse.  Hâte que ma cousine rentre lundi. Oui mais voilà nous ne sommes que mardi

Je suis en pleine méditation quand monsieur Aimeriau présent aujourd’hui vient m’avertir que je dois monter à la direction. Sans un mot je me lève prends mon sac et sors.
Je descends voir Ghyslaine qui est seule, et lui confie mon sac à main. Je n’ai pas de quoi le ranger là-haut et je n’ai qu’une confiance mitigée dans ces hommes.

J’espère qu’il va me dire, qu’il me change de service. Je croise les doigts en montant dans l’ascenseur pour aller plus vite

Je frappe discrètement à la porte du DRH

... Entrez !

J’ouvre la porte, sachant déjà ce que monsieur Duval va me dire. Je souris.

... Asseyez-vous mon petit.

Il décroche son téléphone et dit simplement ... « Nous t’attendons ! »

La porte derrière moi s’ouvre sur le patron. Mon cœur s’emballe, je me traite intérieurement de gourde.

Monsieur Duval se lève, laisse sa place au PDG et reste debout à côté du bureau. Monsieur Jorelle me regarde intensément je me sens rougir.
Le PDG ........ Expliquez-moi comment vous conciliez cours et travail !

 ........ Je prends des cours par correspondance et en présentéisme par vidéo-conférence. Ainsi je ne déborde pas sur les heures de travail.

.......... Oui vous me l’avez déjà dit. Mais comment vous organisez-vous ? Les devoirs, les cours ?

 ........... Je reçois les cours je les travaille le soir ou le week-end. C’est un cursus pour les personnes qui ont une activité en parallèle.
.......... C'est un apprentissage bien plus difficile que la FAC

........ Je ne sais pas Monsieur.

....... Vous n'avez pas de bourses ? 

........ Non Monsieur.

........ Comment ça, vos parents sont-ils donc si aisés ? 

......... Il faut croire monsieur !

......... Que font-ils ?

 ........   Mon père est inspecteur régional dans le secteur bancaire.
......... Et votre mère ?

A cette question mon cœur se serre, d’une voix mélancolique en baissant les yeux. ......... Je n'ai plus de mère monsieur
.......... Désolé Mademoiselle. Vous vivez seule avec votre père ? 

.......... Non je vis avec ma grand-mère.
Il fronce légèrement les sourcils, mais n'insiste pas. Il change de sujet.

........ Savez-vous faire un courrier, une mise en page ? 

......... Oui Monsieur.

......... Vous avez principalement travaillé en secteur bancaire ?

......... Principalement oui, en entreprise aussi

.......... En tant que quoi ?

.......... Souvent comme simple employée de bureau

........ Bien ! Comment ça se passe dans le service d’Aimeriau ?

Je mordille ma lèvre, que lui dire ? ........ Ça va monsieur.

Il sourit......... Le contraire m’aurait étonné n’est-ce pas !

Mon pouls s’accélère, je me sens rougir.
Mr Jorelle ........ J’ai une proposition à vous faire, que vous êtes en droit de refuser. Vous me rendriez un fier service en acceptant.

Je le regarde sans comprendre ce qu'il veut. Il m'observe, me dévisageant jusqu'à me faire rougir. Aujourd’hui ses yeux sont d'un vert presque clair. Sa jolie bouche bien ourlée dessine un léger sourire. Lison à raison, il est craquant

Mr Jorelle ........... Jeudi 14, j'ai un cocktail, je souhaiterais que vous m’accompagniez

Je plonge mon regard dans le sien. Je n'y lis rien, il reste énigmatique, et continue sans lâcher mon regard.
.......... Nous n'y ferons qu'une apparition, comme la dernière fois, mais je me dois d'être vu. Plusieurs représentants seront là. Votre rôle consiste à rester à mes côtés, si on vous pose des questions sur la société, à répondre simplement ....... De passer nous voir, l'endroit étant mal choisi ! Quelle que soit la question.

Je fais oui de la tête, en clignant des yeux, signe que j'ai bien compris ce qu'il voulait. 

Mr Jorelle ......... Il va de soi que votre soirée sera payée en heures supplémentaires. Avez-vous une tenue style robe de cocktail ou autre ? Non que vous ne soyez pas élégante, bien au contraire. Mais le tailleur n'est pas très approprié.

......... Non monsieur, mais je peux m'en procurer une si c'est nécessaire.
......... Je m'en occupe, je vous la ferai livrer chez vous.

......... Pouvez-vous me dire l'endroit et l'heure à laquelle je devrais me présenter ?

........... Je viendrais vous chercher, je ne vais pas vous faire prendre les transports dans cette tenue. De plus il est mieux que nous arrivions ensemble.

 .......... Oui Monsieur.

........ Vous prendrez votre après-midi, pour vous préparer. Je serai chez vous à dix-huit heures trente, soyez prête.

.....… Oui monsieur.

.......… Pas un mot à quiconque, la discrétion vous est demandée. D’autre part, je veux que vous alliez au standard
Je fais oui de la tête et me lève, je salue les deux hommes, le cœur battant. Dans le couloir j’attends un peu que ma respiration se calme avant de descendre.

 Ce matin je suis en grande forme, contente d’être avec Ghyslaine je pars le cœur léger. J’apprécie beaucoup cette jeune femme calme, je me demande comment elle fait avec l’exubérance de ma cousine.

En arrivant, je souris, pose mes affaires dans l’armoire et vais prendre la place de ma cousine. Ghyslaine me propose un café, que j’accepte volontiers

Il y peu de travail mais beaucoup d’échanges avec Ghyslaine, qui m’apprend qu’elle est mariée depuis cinq ans, un petit garçon est venu combler leur bonheur.  

Je lui explique que ne m’entendant pas avec la compagne de mon père, je suis partie vivre chez ma grand-mère.
Nos confidences nous rapprochent. En souriant je lui demande comment elle supporte Lise.

...... Elle est jeune avec une vie facile, elle n’a pas encore acquis de maturité, et pour ta cousine patron ou collègue elle ne fait pas la différence.

Je souris .... C’est vrai, mon oncle et ma tante sont adorables, mais n’ayant qu’elle, ils la chouchoute un max.

........ Elle grandira, ça va que monsieur Duval est cool, je ne suis pas sûre qu’un autre accepterait d’être chahuter comme ça par une employée. Je pense que Jorelle aurait vite fait de la remettre en place
Je souris et reconnais que des fois, elle me met mal à l’aise.

Nous rions en nous remémorant les propos qu’elle tient au directeur. Je voudrais faire remarquer à ma nouvelle collègue cette habitude que j’ai remarqué chez Lise, de critiquer tout le monde, mais je ne sais pas si elle va apprécier que je parle sur le dos de ma cousine.

J’embrasse ma nouvelle amie, lui souhaitant un bon week-end.

En entendant la voix de Lise je me lève immédiatement. Encore endormie je vais à la cuisine pour trouver tonton, tata, ma cousine et mon père. Manou leur sert un café.

........ Ah ma grande, nous t’avons réveillée.

........ Non Manou ne t’inquiète pas.

Lise ......... Oh la marmotte il est bientôt dix heures, tu ne pousses pas un peu.

Je lui tire la langue et embrasse tout le monde, je me verse un grand bol de café au lait.
Il est prévu ce week-end que les travaux concerneront la salle à manger et le salon.

Mon oncle .... Pour ne pas laisser trop de désordre à maman toute la semaine, nous allons essayer de travailler par étape.

Mon père ........ Oui tu as raison.

....... Je viendrais le soir avancer le chantier

........ Je peux aussi venir.

....... Oui il serait bien que ce soit fini pour l’anniversaire de la mère.

........ Nous avons deux semaines, ça devrait aller.

Je vais à la salle d’eau me rafraichir. Dans ma chambre, j’ouvre grand mon lit en rabattant le drap et la fine couverture au pied. J’ouvre la porte-fenêtre, et rejoins Lise.

Les hommes ont poussé les meubles du salon dans la salle à manger

A grands rires nous enlevons des lés entiers de ce vieux papier à grosses fleurs orange sur fond marron. Les murs dessous apparaissent clairs, comme par enchantement le salon semble plus lumineux et plus grand.

A midi nous déjeunons sous le grand tilleul d’un rôti froid et une salade de riz que tata a apporté, le dessert est fait de pêches juteuses et sucrées à volonté

Après manger nous finissons le décollage, et enlevons les traces de colle. Tonton commence l’enduit.

D’un coup Lise balance son éponge dans le seau d’eau, ce qui provoque des éclaboussures.
Lise ........ Je jette l’éponge.

Je l’imite, nous rions, en rinçant nos seaux et nos éponges et les portons à la cave pour la prochaine fois.

A la salle d’eau nous nous rafraichissons et rejoignons les femmes dehors. Lise s’affale dans l’herbe, je m’assieds à côté. Tata nous apporte de grands verres de menthe à l’eau.

Tout en sirotant mon liquide frais, je fais remarquer à Lise qu’elle est bien bronzée.

......... Ah oui je ne t’ai pas dit, je reviens des Baléares.

J’éclate de rire devant son sérieux. Nous plaisantons en échangeant des futilités. Lise prend un air du grand monde, en me lançant des « Ma chère comprenez que les Baléares ne sont plus ce qu’ils étaient »

Sautant du coq à l’âne, comme à son habitude, elle me demande des nouvelles du boulot.

.......... Rien de spécial, il n’y a pas beaucoup de travail.
........ Vous faites quoi alors ?

....... Bah rien, on attend les appels, on fait monter des gens. On papote

........ Vous parlez de quoi ?

....... De tout de rien.

...... Bah vous avez des sujets quand même.

Les hommes viennent nous rejoindre, ils se mettent à côté de nous, une bière à la main. Ce qui m’empêche de répondre aux questions insistantes de ma cousine.
Je regarde mon père, il a les yeux brillants, un sourire aux lèvres il discute avec son beau-frère des travaux qui se terminent.

Mon oncle ........ Bon c’est un gros chantier, s’il faut je poserai un ou deux jours.

Mon père ....... Je ne pense pas pouvoir poser de journée en ce moment, mais je verrai

....... Ce n’est pas grave ne t’inquiète pas.

Je les laisse deviser tranquillement, mon père porte sa canette à la bouche et bois une rasade de bière. Intérieurement je jubile, il brave les interdits.

....... Bah dis-donc mon papounet, si elle te voyait faire elle piquerait bien une crise.

Mon père me regarde longuement et lâche d’un coup ........ Aucune importance, je suis célibataire !

Un blanc s’installe. Manou rompt le silence. ......... Il vous aura fallût du temps !

Mon père ........ Effectivement Odette, et Mélissandre m’a ouvert les yeux !

Manou ........ Dommage que cette enfant ait eu à subir la vacherie de cette femme.

Mon père ....... Et j’en demande pardon à ma fille.

Lise ......... Ouais bah quand même, on te le disait qu’elle frappait Méli, mais toi tu disais non, elle est tombée.

Le visage de mon père s’assombrit, comme chaque fois qu’il est mal à l’aise, il passe sa main sur son visage.

........ Elle me disait que Méli tombait ou se cognait, je ne pouvais penser qu’elle mentait, et Mélissandre ne se plaignait jamais

Mon oncle ......... Allez ! Allez ! Rien ne sert de revenir sur le passé. Mélissandre a vite grandie, elle est forte sous des airs fragiles. Elle s’en sort très bien, et maintenant elle est heureuse chez maman.

Mon père se rapproche de moi, il me prend dans ses bras et me claque deux grosses bises sur les joues.

.......... Je m’en veux tellement ma puce de ne pas avoir tout vu. Je m’enfonçais dans le travail, je me cachais la vérité.

.......... Papa, je ne t’en veux pas. C’était ta vie, en grandissant j’ai appris à me défendre contre sa méchanceté. C’est fini, elle ne pourrait plus m’atteindre, et plus personne ne m’atteindra.

Tata ......... Allez, les enfants mettons la table, demain il y a encore du travail

Le repas est joyeux, la tristesse de tout à l’heure est envolée. Tout le monde parle et rit en même temps. Lise fait comme d’habitude son pitre.

Il est à peine huit heures que j’entends la voix de mon père et mon oncle dans la maison. D’un bond je me lève

........ Bah vous êtes tombés du lit ?

Mon père me prend dans ses bras et m’embrasse.
......... Non mais nous ne voulons pas perdre de temps.

Pendant que je déjeune, ils prennent un café. Mon oncle me demande si je veux bien leur donner un petit coup de main.
........ Oui bien sûr, et tata elle ne vient pas ?

......... Si pour midi, ta cousine dormait encore.

Rapidement j’enfile un jeans et un tee-shirt et rejoins les hommes dans la salle à manger. Ils sont en train de vider les placards sous l’œil vigilant de Manou.

......... Attention à mon service en porcelaine Pierre. ........
......... Bernard prenez un autre carton, sinon celui-là va craquer.

Au bout de dix minutes, mon oncle se relève et d’une voix sévère

......... Maman, prends ton panier et va faire ton marché !

Manou marmonne en sortant de la pièce. Je souris et continue de passer la vaisselle à l’un ou l’autre des hommes.

L’enfilade de la salle à manger et le petit meuble à deux portes, sont entièrement vidées, le meuble-télé dans le salon aussi. Les deux hommes poussent la table de la salle à manger et débarrasse complètement le salon.
Mon oncle ......... Ma puce tu nous aides à décoller le papier ?

........... Oui bien sûr tonton

Je le fais avec plaisir, ça m’amuse de tirer sur les grands lés de papier et de découvrir les murs derrière. En même pas deux heures la salle à manger est mise à nu. Mon père juché sur un trois-marches lessive les plafonds, je ramasse les lambeaux de papier et les fourrent dans un grand sac poubelle. Tonton décollent les plinthes en bois. Je donne un grand coup de balai sur le sol.

La cloche tinte d’une telle force, que nous savons tout de suite que c’est Lison qui l’actionne.

Tonton........ Ah celle-ci un vrai démon.

Je ris d’entendre ma cousine chanter à tue-tête

Tonton ......... Adieu tranquillité tu nous as quitté.

Je pose le balai et la pelle, mon père sourit, Lise sur le seuil de la pièce.

........ Oh hé ! Attention, je peux repartir hein !

Tonton ......... Oui pars maintenant, et à pied comme ça fatiguée, tu dormiras et nous feras des vacances.

Elle rit traitant son père de vieux barbon, et embrasse mon père........... Tonton, reconnais que mon père est désagréable avec moi.

Mon père ....... Ah tu trouves ?

Lise ....... Ouais, ouais, tu es de son côté évidemment !

Tata nous appelle mettant fin à cette chamaillerie.

Après manger, mon oncle nous dit, qu’il n’est pas utile qu’on soit dans ses pattes, s’adressant à sa femme.
.......... Chérie, emmène ma mère en courses, en balade, où tu veux, mais sors-nous là de la maison ! Je ne veux personne.

Manou ........ Oh mais je ne vous embête pas.

Mon oncle .......... Tu es sans arrêt dans nos jambes, alors oust maman dégage le plancher !

Manou vexée fait demi-tour et enfile un gilet ........ Venez Patricia, puisque je dérange dans ma maison !

Les deux hommes retournent sur le chantier. Du jardin ou avec Lise nous nous sommes installées, nous pouvons les entendre siffloter ou parler.

Je m’allonge dans l’herbe et ferme les yeux, voulant éviter les questions de ma cousine. Lise reste assise en tailleur jouant avec un brin d’herbe.

Le week-end s’achève au diner sous le gros tilleul

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16 août 2000

Des heures supplémentaires

Lise est à la sortie du métro. Elle me saute dessus et me claque deux bises, son bras sous le mien, elle se dandine en riant, pendant que nous remontons le boulevard.

….... Eh bé tu fais sensation au boulot.

...... Ah bon pourquoi ?

........ Tout le monde parle que tu as réussi à faire virer Mokopaldi.

....... Je n’ai rien fait de spécial pour qu’elle soit licenciée, elle m’a attaquée, je me suis défendue
Lise rit ....... Bah en tout cas tout le monde en parle.

Je hausse les épaules. Au standard je fais la bise à Ghyslaine, refuse le café des filles, leur expliquant que j’en bois avec mes collègues

Evelyne lève la tête du journal qu’elle lisait

....... Ah Mélissandre, je suis contente de te voir, je pensais que tu ne faisais plus partie du bureau.

......... Bonjour Evelyne, si mais hier j’avais ma journée. Désolée, je n’ai pas pensé à t’en parler.
........ Non ne t’inquiète pas, je suis contente de te revoir.

Elle se lève vient me faire la bise, Josiane et Chantal m’embrasse aussi.

Chantal ........ Tu prends un café ?

... Oui je veux bien merci.

Je demande à Evelyne ce que je dois faire.

........ Tu vas te mettre avec Chantal, on doit faire un listing de toutes les dépenses des bureaux.

Chantal me demande ........ Ce matin je saisis, et cet après-midi c’est toi, ça marche ?

......... Ça marche.

Evelyne et Josiane se mettent ensemble.

A voix basse pour ne pas gêner Josiane, j’énumère le service, j’attends que Chantal saisisse mes données, pendant ce temps j’ouvre la chemise et sors les factures. Je lui donne la raison sociale, le numéro de facturation, la date de commande et la marchandise avec le prix HT et TTC.

En milieu de matinée, Evelyne propose un café. Nous nous arrêtons dix minutes.

Chantal ...... Tu veux qu’on change ?

Moi ........ Non pas spécialement, en plus je ne tape pas très vite.

Nous nous remettons au travail jusqu’à midi.

Je suis stupéfaite de voir la quantité de fournitures de bureau qui est dépensée. Des milliers d’euros en stylos de toutes les couleurs, crayons, gommes, taille-crayons, même des feutres des surligneurs ou des crayons de couleurs. Tout comme les cahiers, les rames de papier, des calculettes et j’en passe.

Le midi j’en parle vaguement à Lison et Ghyslaine

Ghyslaine ....... Oui c’est nous qui recevons les colis. Surtout vers septembre.

......... Ah bon ! Pourquoi plus vers septembre ?

Ghyslaine sourit ........ Parce que c’est la rentrée des classes à moindre frais.

Je suis interloquée ....... Oh !

Je reste bête devant la réponse de Ghyslaine.

En fin d’après-midi, nous avons fait tous les services. Evelyne est super contente.
......... Oh les filles je vous adore. La direction va être satisfaite. J’envoie tout de suite le rapport.

Chantal ........ On a mérité un petit café ?

Evelyne rit. ...... Oui bien sûr, si tu le fais.
Chantal se lève et va chercher de l’eau aux lavabos. Je ramasse les chemises contenant les factures et les mets en un tas propre sans faire dépasser les feuilles.

Nous buvons notre café tout en papotant.
Evelyne ........ Voilà ce que tu étais tenue de faire Mélissandre

Je fais oui de la tête en lui souriant.
En partant ce soir, les filles m’embrassent et me disent souhaiter que je sois mutée dans leur service

Dans le RER, je repense à toutes ces dépenses d’argent sur le dos d’un patron. Je trouve que la moralité des employés est limite. Leur niveau d’intégrité un peu moyen. Pour moi ce n’est ni plus ni moins du vol. Alors bien sûr, qui n’a jamais pris un tube de colle, un stylo ou même un bloc papier, au travail ? Mais là, des listes entières.

L’inventaire des fournitures fait, nous reprenons les fiches de présentéisme. Je m’aperçois encore une fois que beaucoup d’absences ne sont pas justifiées

Certains-certaines s’absentent deux à trois jours d’affilé sans aucune raison. Je demande à Evelyne ce que je dois noter dans la case, si je n’ai pas la feuille signée de la direction

........ Tu mets L pour litige

Dans certains services je n’ai d’ailleurs la plupart du temps que des L, de temps à autre des C.A et souvent, très souvent des maladies avec plus ou moins le certificat médical.

Comment des gens sensés, des gens au bonheur de travailler peuvent-ils tricher comme ça ? Bien sûr ça peut arriver, mais à ce point-là, c’est à se demander comment la boite peut tourner avec un personnel aussi peu consciencieux.

Nous travaillons dans une ambiance détendue et agréable. Il y a toujours une fille pour raconter une histoire drôle, une anecdote. Chantal prise les histoires un peu coquines qui nous font rire.

Evelyne, ne prend pas la grosse tête, souvent elle est avec nous dans le bureau central, et rarement dans sa bulle. Si le téléphone sonne elle va décrocher en courant.

En partant Lise me demande si je veux sortir ce soir avec ses potes. Je la remercie et refuse. D’abord il faudrait que je rentre avec elle laissant Manou toute seule, et de plus je n’ai pas vraiment envie de sortir avec les amis de ma cousine que je ne connais pas.

Tonton et tata sont partis quelques jours en vacances dans le Périgord, papa est parti aussi je ne sais où.

Je me suis étonnée quand il m’a dit qu’il prenait quelques jours de congés et qu’il partait à l’aventure. Ce n’est pas vraiment son genre. Je pense qu’il est avec mon oncle et ma tante et n’a pas voulu en parler. Par pudeur ou je ne sais quoi.

Samedi comme à l’accoutumée avec Manou nous allons au marché. Les étals reviennent peu à peu, ça sent presque la fin des vacances. Nous nous attardons sur le boulevard devant les galeries, la grande vitrine est nouvelle avec la collection automne-hiver. Une robe retient toute mon attention, je la montre à Manou.

....... Elle est belle celle-ci Manou en lainage avec sa ceinture vernis.

........ Oui ma poupée, et fine comme tu es, elle devrait être encore plus belle sur toi.

Je souris à ma grand-mère ... Tu crois ? Tu vas me rendre prétentieuse.

....... Non ma poupée, ce n’est pas ton genre d’être hautaine. Viens essaie-là.

....... Elle est jolie manou, mais un peu chère.

..... Je voudrais te l’offrir.

...... Non Manou, garde tes sous, j’ai bien assez de vêtements

...... Fais-moi plaisir et accepte, donne-moi la possibilité de te remercier de ta gentillesse

En sortant de la cabine d’essayage, manou s’exclame ......... Magnifique ma chérie, franchement très belle. Elle te va à ravir.

La vendeuse appuie les dire de ma grand-mère et me tend une jolie ceinture ........ Vous voulez essayer avec la ceinture

Je prends la ceinture et la remercie. Je la passe autour de ma taille.

..... Non je préfère sans.

Je lui rends la ceinture et me tourne vers manou.
..... Prends-là ma puce, elle est faite pour toi.

Je dépose une petite bise sur la joue de ma grand-mère et retourne en cabine m’habiller. Je tends la robe à la vendeuse

Dimanche j’invite Manou au petit restaurant italien en bas du boulevard qui fait de savoureux ravioles frais nappés de crème au basilic.

Sans nouvelles de la direction, je retrouve avec plaisir mes copines du secrétariat.

Nous faisons la pause-café du milieu de matinée, le téléphone d’Evelyne se fait entendre. Elle va décrocher.

Nous la voyons faire oui de la tête tout en parlant, mais nous n’entendons pas la conversation. Elle raccroche et revient parmi nous.
... Mélissandre tu es convoquée chez le directeur.

Je finis mon café, pose ma tasse et en souriant annonce ........ Bon les filles, je crois que je vais changer de rue.

 Chantal ........ Ah bon, oh mince alors !

Sabine ........ Hé tu oublies Aurélie qui revient demain

Sylvie........ Tu parles, quand elle va voir que sa copine Mokopaldi n’est plus là, elle va .........
Evelyne ne la laisse pas finir et intervient mécontente ............ Elle ne va rien du tout, parce que si elle pose le moindre problème je la balance.

Sylvie à une moue dubitative. Je les laisse et monte.

Monsieur Duval me reçoit tout sourire, il se lève à mon entrée et me serre la main. Je lui trouve bonne mine. Un peu hâlé

Tout en gardant ma main dans la sienne, avec ce grand sourire franc qui éclaire son visage, il me demande comment je vais

… Bien monsieur, je vous remercie.

… Nous venons de recevoir un appel téléphonique, Madame Germain est en arrêt, son fils à la rougeole, pourriez-vous la remplacer quelques jours ?

  ........ Oui bien sûr.

  ........ Jusqu’à la fin de semaine je pense

......... D’accord monsieur.

Je réponds tout en cherchant qui est cette madame Germain.

 ......… Parfait, vous êtes une bonne petite.

Je lui souris. Dans le couloir je me demande où est-ce que je dois aller. Je descends chercher mes affaires et dire au revoir à mes copines, décidée à demander à ma cousine, je passe par le standard.

Lise est au téléphone, j’attends qu’elle raccroche.
.....… Tu fais quoi l’intello ?

.....… Heu c’est qui madame Germain ?

......… Bah c’est Ghyslaine.

J’ouvre tout grand mes yeux, et éclate de rire, je lui explique que je dois la remplacer jusqu’à vendredi. A son tour, elle rit de bon cœur.  
Je suis trop contente de retourner même peu de temps avec ma cousine

Mercredi je demande à Lison si elle a des nouvelles de Ghyslaine.
......... Non pas du tout, je ne sais même pas quand elle rentre.

........ De tout façon je suis là jusqu’à vendredi normalement

Elle rit ........ Ouais sauf si elle attrape aussi la rougeole

Le lendemain dans la matinée, Lise me fait rire en voyant un type rentrer avec des sacs de courses.
.......... Ah bah l’apéro va être beau ce midi au service auto
Nous rions, quand Monsieur Jorelle se pointe devant nous, nous arrêtant dans nos éclats de rire.

Sans même un regard vers Lise, il s’adresse directement à moi, d’une voix tempérée

......… Mademoiselle Robin vous monterez me voir à 14 heures !

 ...... Oui monsieur.
Le cœur battant je le regarde prendre l’ascenseur. Je me sens pâlir. .....… Hé merde ! Qu’est-ce qu’il me veut ?

.....… Alors là je n’en sais rien.

....… Il va m’engueuler ?  

….... Mais non, il ne te ferait pas monter pour ça. Et puis moi aussi il m’aurait convoquée

........ Tu es une ancienne, je suis sous contrat

Ma matinée est gâchée, ma joie d’être avec ma Lison est envolée. Je m’interroge à savoir s’il peut me licencier parce que je riais. Après ce que j’ai vu, la manière qu’il a de virer les gens sans préavis, je me méfie.
Le midi j’ai un peu de mal à manger, une boule au ventre me coupe l’appétit. Lison avec son optimisme habituel me dit de ne pas m’en faire. Qu’il trouve peut-être inutile que je sois au standard comme la dernière fois.

Quatorze heures, je monte le cœur battant, l’estomac noué je frappe à la porte du patron.
«  Entrez »

J’ouvre la porte, monsieur Duval est présent, ça ne me rassure pas du tout. D’un ton sec Monsieur Jorelle m’ordonne de m’assoir.
Les deux hommes parlent de choses que je ne comprends pas, le directeur reste calme, le PDG à l’air songeur. Ses sourcils sont froncés.
Mr Duval ….... Tu ne peux pas savoir à l’avance !

Mr Jorelle ...… Evidemment, mais reconnais qu’il y aurait de quoi se poser des questions !

Mr Duval. ......... Qui se poserait des questions ? Essaie, je te dis !

Mr Jorelle ......... C’est une idée de ta sœur ?

Mr Duval sourit. ........ Pas spécialement. Une intuition tout simplement.

Je me tiens droite sur ma chaise, et attends qu’ils aient fini leur conversation. Monsieur Jorelle en appuyant sur le bouton de l’interphone commande d’une voix sèche trois cafés.
La petite souris grise arrive de la porte latérale avec son plateau, qu’elle pose sans un mot. Je remarque une tasse à l’écart des deux autres. Elle repart comme elle est venue, sans bruit.
Le PDG met un sucre dans une tasse et me la tend. Je croise son regard, en rougissant je le remercie. Il prend la tasse isolée et avale son café en deux gorgées

Mr Jorelle ...… Mademoiselle Robin, êtes-vous fiancée ?

Je le regarde rougissant de plus belle. Interloquée par cette question je fais non de la tête.

Mr Jorelle ....... Un petit ami ?

......... Non plus
Mr Jorelle ...… Bien ! Puis-je vous demander des heures supplémentaires ?

  ….... Oui bien sûr monsieur.

....… Parfait, demain soir je dois aller au théâtre, j’ai deux invitations, vous m’accompagnerez.

J’ai envie d’éclater de rire. Non mais il s’est pris pour qui ? Et si j’avais prévu quelque chose pour ma soirée ? D’un ton où perce l’ironie je lui réponds.
......… Et pourquoi moi ? Vous n’avez personne dans vos connaissances à inviter ?

Il esquisse un sourire ...… Cela vous ennuie ?

.....… Non, enfin je ne sais que vous répondre.

....… Vous n’avez rien de prévu pour votre soirée demain ?

.....… Non bien sûr !

.....… Parfait ! Habillez-vous en conséquence, nous partirons à 17 heures du bureau.

Une boule se forme dans ma gorge, suis-je en colère ?

Il me recommande en souriant ...… Pas un mot à votre cousine !

.....… Non bien sûr !

......… Merci mademoiselle Robin à demain.

Je me lève comprenant que l’entretien est fini. En descendant les escaliers, je prends mon temps pour réfléchir. Bon si ce sont des heures supplémentaires, ça me fera un petit plus à la fin du mois, ce n’est pas négligeable. Et puis des heures supplémentaires au théâtre c’est quand même super cool. En moi je souris, un petit battement plus rapide se fait dans ma poitrine.
Evidemment Lison me demande ce que me voulait le patron.
….... Non rien de spécial, savoir si ça allait dans les services que je fais.
Lison ….... Ah ok !

Je suis soulagée, elle ne m’en demande pas davantage. Lison est adorable, mais avec une pénible manie, elle veut toujours tout savoir. Comme elle est bavarde, je fais très attention à ce que je lui raconte pour éviter qu’elle colporte tout et n’importe quoi.
L’après-midi se passe entrecoupée de rires, par les fadaises de ma cousine.
Le soir je préviens de suite manou, qu’elle ne s’inquiète pas demain soir, je rentrerai assez tard, faisant des heures supplémentaires. Sans lui expliquer ni lui fournir la raison.

  … Ma poupée, tu travailles déjà beaucoup !

  … Non ce n’est pas fatigant, ne t’inquiète pas, et puis ça mettra une petite rallonge à mon salaire.

  ......… Je sais bien ma poupée que tu tires un peu le diable par la queue.

  ......… Mais non Manou, je m’en sors très bien, je compte même augmenter un peu la somme que je te donne.

 .....… Non ma poupée, ta participation est suffisante. Je ne veux pas davantage. 

...… Par contre Manou, tu n’en parles pas à Lison.

..... Non bien sûr pourquoi ?

....… Normalement ce n’est pas à moi de les faire, et Lison curieuse comme elle est, ne comprendrait pas.

....… Oui ma poupée ne t’inquiète pas !

J’embrasse ma grand-mère et vais me coucher. 

Lison s’étonne de me voir en beauté ce matin. J’ai mis un soin particulier à me préparer. Un brushing dompte mes cheveux ondulés. Ma large frange balaie mon front. Habillée d’une robe fourreau bleu, assortie de sa veste longue, chaussée de mes escarpins, je me sens à mon avantage, même si cet ensemble date de l’été dernier.

Lison ......… Bah tu vas où comme ça.
Je ris et réponds taquine.
......… Au théâtre.

Lison rit à son tour croyant à une blague. Elle ne posera pas plus de question, je détourne la conversation sur manou, et son anniversaire.

Peu avant dix-sept heures, alors que nous commençons à éteindre les postes téléphoniques, monsieur Jorelle demande à ma cousine de me prier de monter. Elle me fait la commission, je lui dis gentiment de ne pas m’attendre.

 ….... Bah tu en as pour longtemps ?

…... Justement je ne sais pas, alors pars, on se voit demain.

Nous nous embrassons, je prends mon sac ma veste, et monte au bureau, sentant le regard interrogatif de ma cousine

Discrètement je frappe à la porte du PDG

« Entrez »

Je m’avance timidement, il est seul assis à son bureau. Il me regarde de la tête aux pieds, je me sens rougir. Nos regards se croisent. Je crois y voir une lueur de satisfaction.

Mr Jorelle ….... Parfait, nous allons attendre un quart d’heure et nous partirons.

Je fais oui de la tête, impressionnée et intimidée.

….... Je vais vous faire signer votre contrat définitif avec un peu d’avance.

J’ai une palpitation qui m’arrive de plein fouet. Je vais signer un contrat, un contrat de travail définitif. Je n’en reviens pas. Je suis submergée par l’émotion, je ne sais que répondre. Pour moi c’est tout mon avenir qui se joue. Le sait -il ?

Mr Jorelle ........ Vos fonctions prendront effet le premier septembre. 

......... Oui monsieur.

Il pousse vers moi deux feuilles agrafées. D’une voix chaude que je ne lui connais pas, il lit l’autre exemplaire, les conditions de travail, le salaire qui est augmenté de 30 % et l’obligation des heures supplémentaires.

Je lis en même temps que lui. Deux points m’interpellent, je n’ose pas le couper dans sa lecture.

 ........ Avez-vous des questions ?

......... Heu oui monsieur, si je peux me permettre.

........ Je vous écoute !

....... Les heures supplémentaires

Mr Jorelle plonge son regard dans le mien, ce qui me fait rougir et accélérer mon pouls.

......... Cela vous pose un problème ?

... Non monsieur, mais c’est que ....

J’ai le cœur qui bat, ne va-t-il pas revenir sur sa parole de me faire signer ce contrat ? Il me sonde, je suis rouge pivoine, j’ai chaud, les mains moites.

D’une voix aux intonations chaudes, il me demande ce qui me dérange.

........ Je vais reprendre mes études, je ne veux et ne peux louper un cours monsieur.

........ Bien, nous aviserons selon vos études. A quelle cadence sont les cours ?

........ Généralement le premier vendredi de chaque mois, mais un professeur peut décaler 

........ C’est tout ?

........ Heu non, dans la case fonction il n’y a rien d’inscrit.

Mr Jorelle sourit ........ C’est intentionnel, nous remplirons cette case prochainement.

......... D’accord monsieur

Il sourit, me tend son stylo en or, je le prends en le remerciant. Nos doigts se touchent, je sens comme un coup d’électricité me parcourir. C’est la main tremblante que je paraphe la première page et signe la seconde. Monsieur Jorelle me tend le deuxième exemplaire que je signe aussi. Je pose son stylo sur le contrat.
Il paraphe d’un M-J, signe les deux exemplaires, m’en tend un que je plie soigneusement avant de le ranger dans mon sac

Il glisse le contrat dans un tiroir de son bureau qu’il ferme à clé, range son stylo dans la poche intérieure de sa veste.

Il regarde sa montre et se lève.
.....… Nous partons !

Je me lève à mon tour, il ouvre la porte du bureau et me laisse passer. Je le remercie.

Nous prenons l’ascenseur, il glisse une carte dans la fente au-dessus des boutons. L’ascenseur ferme ses portes et nous conduit directement en sous-sol. Nous nous retrouvons dans un parking ou une seule voiture est garée. Monsieur Jorelle de son bip déclenche l’ouverture du véhicule. Un petit signal se fait entendre.

Il ouvre la portière et attend que je m’installe sur le siège passager. La luxueuse voiture sent bon le cuir des sièges, mélangé à son eau de toilette. Mon pouls s’accélère.

Nous sortons du parking, et prenons les grands Boulevards de Paris. Je cherche le M représentant son prénom.

Michel ? .... Marc ? ... Maxime ? .... Martial ? ...... Martin ? Je souris en pensant à Maurice. Et pourquoi Henri sur sa porte ?

Il se gare devant un théâtre.

Tout en glissant sa main dans le bas de mes reins, il me conduit à l'intérieur du bâtiment. Dans ce grand hall des femmes, certaines en robes longues, des hommes au costume impeccable. Je me sens toute petite dans ce grand monde. Quelques couples viennent saluer Monsieur Jorelle, les hommes me sourient tandis que les femmes m'ignorent ou me regardent de la tête aux pieds.

Mr Jorelle, se glisse entre tous ces gens essayant d'éviter le plus possible les salutations. Il nous conduit vers une salle aux fauteuils garnis de velours rouges. Une jeune femme souriante attend, mon patron lui tend deux billets, elle nous conduit aux fauteuils où nous prenons place. J'ai le temps de remarquer que sur les deux premiers rangs, tous le sièges sont marqués "réservés"

Depuis le départ du bureau, monsieur Jorelle ne m'a pratiquement pas adressé la parole, sauf pour me demander en chemin, si tout allait bien. Il est resté très concentré sur sa conduite, ou peut-être dans ses pensées. De temps à autre je l'observais. Sa mâchoire puissante serrée, ses grandes mains posées sur le volant.

Mr Jorelle ......... Comment vous sentez-vous Mélissandre ? 

Me tournant vers lui, je remarque qu’il m’appelle par mon prénom. Mon cœur bat la chamade, je réponds que tout va bien.

Se penchant vers moi, il me murmure ........ Nous partirons dès l'entracte, je n'apprécie guère ce genre de spectacle à grand rabattage. Othello n'est pas ma tasse de thé !

Je ne sais pas quoi lui répondre, moi non plus je n'aime pas ce genre de pièce à moitié chantée ou je ne comprends pas le but. Je fais simplement oui de la tête.

La salle se remplie peu à peu dans un bruissement de robe et de chuchotement. Un couple âgé vient prendre place à ma droite.

Les lumières s'éteignent, un silence se fait. Je ne suis pas plus passionnée que ça, je connais cette histoire pour l'avoir lu en terminale. Desdémone et Othello chanté par des voix haut-perchées, je ne reconnais pas du tout la lecture qui m'avait pourtant passionnée.

Le rideau tombe pour un entracte. Des applaudissements crépitent de toute part dans la salle, machinalement j'applaudis Mr Jorelle se lève et me tend la main. En sentant mon cœur s’emballer je glisse ma main dans la sienne, je sens sa chaleur m’électriser. Nous remontons vers le fond de la salle rapidement, de retour dans le hall, il me demande si je désire boire quelque chose au bar. Je refuse. Mon estomac commence à donner de signes de faim. 

Mr Jorelle ....... Voulez-vous que nous partions ? Allons dîner et je vous raccompagnerai ensuite.

........ Oui monsieur.

Adroitement il évite quelques couples qui se rapprochent de nous, un portier nous ouvre le battant menant à l'extérieur, Monsieur Jorelle me conduit à la voiture

La circulation est fluide, nous roulons une vingtaine de minutes, Nous sommes sortis de Paris, Monsieur Jorelle s'arrête devant un établissement qui semble luxueux. 

Le restaurant style vieux bistrot est chaleureux. Des petites tables recouvertes de nappes à carreaux, des banquettes de cuir bordeaux. Une lumière tamisée. Un jeune homme nous conduit à une table. Il y a quelques tables occupées. 

Le serveur tire légèrement la table, je prends place sur la banquette, tandis que mon patron me fait face dans un fauteuil. 

Le serveur ... Prendrez-vous un apéritif ? 

Mr Jorelle me regarde interrogatif, je refuse n'ayant pas trop l'habitude de boire de l'alcool. Il s'adresse au serveur et commande un jus de fruit et un whisky.

Le serveur repart, Mr Jorelle me dévisage, je rougis en baissant les yeux.

D’une voix douce et mélodieuse, pas du tout celle qu'il prend au travail il me demande si je rougis toujours ainsi ? 

Dans un murmure je réponds .... Heu je ne sais pas !

........ Vous êtes si ravissante Mélissandre.

Le serveur revient avec nos consommations et les menus. Je souffle intérieurement de soulagement, il m'évite de répondre. Mr Jorelle approche son verre du mien, jusqu'à le trinquer, et en souriant me regardant droit dans les yeux
......... A votre santé Mélissandre, et à une longue carrière à mes côtés !

Je lève un peu mon verre à la hauteur du sien, et murmure ....... Merci Monsieur.

Mr Jorelle ........ En dehors du bureau, appelez-moi Matthieu.

Je plonge mes yeux dans son regard gris-acier, des petites étoiles dansent, il sourit toujours. Je baisse mes yeux, intimidée.

Mr Jorelle engage une conversation anodine sur le travail, est-ce que je me plais, les divers services m'ont-ils appris la marche de la société ?

Je n’ose pas lui dire que j’ai trouvé une très mauvaise organisation. Je réponds le plus détendue possible. Nous sommes sur un terrain neutre. Nous parlons aussi de cette première partie au théâtre. Il m'avoue s'ennuyer fermement devant ce genre de spectacle, précisant qu'il préfère largement une comédie amusante dans un petit théâtre, ou la détente est assurée.

Nous échangeons nos goûts, lectures, cinémas musiques. Je m'aperçois que beaucoup d’affinités nous rapprochent. Finalement il n'est pas si inaccessible qu'il en paraît. En souriant intérieurement je me dis, bah il est humain tout compte fait.

Il me raccompagne chez Manou, tout en conversant. Devant la petite grille de ma grand-mère il me remercie gentiment, en me serrant la main cordialement.

Je monte les quelques marches, le cœur battant. Refermant la porte d'entrée, je le vois qui m'observe, de la main je lui fais un petit signe. Il me sourit en hochant la tête. J'attends que la voiture ne soit plus visible pour entrer et refermer doucement la porte.

A la salle d’eau je me démaquille et me brosse les dents. Manou est couchée, je ne fais pas de bruit. Il est pratiquement minuit. Nous avons trainé au restaurant. J’ai même ri de bon cœur, à l’humour de mon patron en lui répondant taquine.

Dans mon lit, je pense et repasse minute par minute cette soirée. Je finis par m’endormir.

Je retrouve ma cousine qui prépare le café

Mr Duval ........ Comment vont mes standardistes ?

Lise ......... Bah comme un vendredi hein

Mr Duval en souriant répond avec évidence......... Et c’est le week-end !

Ma cousine sourit ........ Ouais c’est chouette hein ?

  ......... Des projets pour ce week-end mademoiselle Dumont ?

........ Ah ouais, je vais me reposer

  ......... Je vais vous retrouver lundi en pleine forme alors !

 .......... Oh bah on pourrait inverser la tendance, venir le week-end et se reposer le reste du temps.
Le DRH sourit ........ Mademoiselle Dumont, vous vous ennuieriez à la longue. Vous n’avez pas l’âge de la retraite.

 ........ Ah si seulement

......... Ts-Ts-Ts Voyons, vous êtes toute jeune !

........ Ouais et plus qu’une semaine, et je suis en vacances.

Mr Duval ......... Et bien c’est parfait alors !

Il sourit et m’invite à le suivre. Ça y est je pars dans un service, c’est sûr. Zut ! Il aurait pu me laisser aujourd’hui pour le dernier jour de la semaine

Il ouvre la porte, s’efface pour me laisser entrer. Il pose sa mallette sur sa table de travail et l’ouvre. Il commande deux cafés par l’interphone

......... Asseyez-vous mon petit. Comment allez -vous ?

.......... Bien monsieur je vous remercie.

Il attend la petite souris grise et son plateau, alors qu’elle repart, il lui demande de fermer la porte. Il me tend une tasse en souriant. Je le remercie. Il pousse le plateau sur le côté et déplie un journal.
......... Alors mademoiselle Robin, nous faisons la une des journaux ?

Je pose ma tasse brulante et le regarde sans comprendre. Il tourne le journal vers moi. Et là, je n’en crois pas mes yeux.

Une photo A4 prend, la moitié de la feuille, Monsieur Jorelle et moi, dans la salle du théâtre, au moment où nous sortons à l’entracte, alors que mon patron me serre contre lui pour nous faufiler vers la sortie.

« Le PDG des établissements Cathenry à la première d’Othello. Qui est cette belle inconnue ? »

Un article de quelques lignes sous la photo que je ne lis même pas. Mon cœur loupe un battement, je me sens devenir livide. Je n’arrive pas à détacher mes yeux du journal.

Mr Duval ........ Ne vous inquiétez pas, ce ne sont que des ragots de journalistes en mal de sensation. Notre PDG les intrigue.

Je ne réponds pas, j’ai la bouche pâteuse, les mains glacées. Je demande la permission de redescendre.

........ Oui mon petit, lundi vous êtes au département automobile chez monsieur Aimeriau

Je fais oui de la tête, et sors, les jambes tremblantes. Je vais aux lavabos me rafraichir, mon double dans la glace est d’une pâleur extrême. J’essaie de reprendre mes esprits avant de rejoindre ma cousine.

Je prie pour que les téléphones ne s’arrêtent pas de sonner, je sais, je sens que Lise va me questionner sans fin.

Elle est en communication, elle me regarde en fronçant les sourcils et du menton me demande ce que j’ai, de la tête je fais non.

Je me sers un café, je ne l’ai pas bu là-haut. Je prends le temps de le boire, et appuie sur la touche qui clignote. Je me mets au travail.

Vers onze heures les lignes se calment un peu. Lise me demande ce qui se passe.

........ Rien pourquoi ?

 ....... Tu étais toute blanche en descendant tu t’es faite engueulée ?

........ Ah non pas du tout.

....... Il voulait quoi Duval ?

......... Me dire que lundi je suis au service département automobile

 ......... Ah bon, bah il ne pouvait pas te le dire là ? Il est obligé de te faire monter ?

........ Je ne sais pas, on parle un peu des autres services.

......... Ah ok.

Je suis soulagée, de m’en tirer à si bon compte, elle ne pose pas plus de questions et oriente la conversation sur le retour de vacances de ses parents, me disant qu’ils viennent chez Manou ce week-end.

A midi, Lise enclenche le répondeur de la société, nous nous apprêtons à partir manger quand monsieur Duval et monsieur Jorelle sortent de l’ascenseur. Le PDG s’approche du comptoir et me regarde profondément.

... Miss Robin, I am sincerely sorry for the article in the newspaper    (Mademoiselle Robin, je suis sincèrement désolé pour l’article du journal) 

Je croise son regard et fataliste hausse les épaules. …..… You are not for nothing sir.         (Vous n’y êtes pour rien Monsieur)

Il me sourit …… What can I do to repair?                 (Que puis-je faire pour réparer ?)

Je lui rends son sourire et taquine je réponds ….... Not much sir, I’m afraid         (Pas grand-chose monsieur, je le crains)

Will I have the opportunity to invite you back?          (Aurais-je la possibilité de vous inviter de nouveau ?)

If it’s part of my job, of course Sir                    (Si cela fait partie de mon travail bien sûr monsieur)

Taquin il demande ……. Only ?                                 (Seulement ?)

Je rougis sans répondre

… Thank you charming Mélissandre                       (Merci charmante Mélissandre)

 Il me fait un sourire charmeur. Je sens mon cœur s’emballer.

Lise est restée la bouche ouverte, essayant de suivre notre dialogue.

A table elle me demande ce que me voulait Jorelle

Je hausse les épaules d’un air détaché, que je n’ai pas du tout ......... Rien de spécial.

........ Ah bon, bah pourquoi il parle anglais ?

........ Je n’en sais rien, c’est souvent qu’il me parle en anglais.

........ Ah bon mais pourquoi ?

Elle commence à m’agacer, et je réponds sèchement. ......... Ecoute Elise je n’en sais rien, tu n’auras qu’à lui demander.

........ Oh bah ça va, ne monte pas sur tes grands chevaux l’intello

......... Je ne monte pas sur mes grands chevaux, mais Lise tu me poses des questions et je n’ai pas de réponses.

........ Ok, ok, je ne demanderai plus rien. Mais bon c’est bizarre !

Je ne relève pas et finis ma crème caramel à contre cœur, je ne veux pas me disputer avec ma cousine. En repartant je glisse mon bras sous le sien et l’entraine simulant une bonne humeur que je n’ai pas.
L’après-midi se traine, Lise boude à moitié et je n’ai pas envie de parler de futilités. 

Le soir, je raconte à Manou le journal, le PDG et Lise. Elle me dit de ne pas m’en faire, que mon patron doit être un homme très bien pour venir s’excuser. En riant, elle me souligne que ma cousine a toujours été une petite fouineuse.
Manou me fais sourire, je commence à me détendre.

Je laisse ma grand-mère à sa télévision.

Je me connecte sur la fenêtre de Lise et lui envoie un coucou.  Sur le portail de la Fac, j’entre mes identifiants et enregistre mon inscription. Je tape les numéros de ma carte bleue.
Une fenêtre s’ouvre indiquant mon paiement. Je vais sur l’année de mon cursus, imprime le calendrier des cours et regarde la liste des bouquins à se procurer

Sur le site de cette grande librairie au centre de Paris, je cherche les références des livres, enregistre ma commande et tape une nouvelle fois les numéros de ma carte bleue.
Je souris en pensant que j’ai bien allégé mon compte en banque, tout en étant contente de ne pas avoir à calculer un bout de chandelle. Mes moyens me permettent de ne pas faire d’impasse sur une fourniture
Je ferme mes fenêtres et clic sur le petit rectangle bleu m’indiquant que Lise a répondu I

Nous échangeons une bonne heure, j’évite les sujets qui pourrait faire monter la pression.

Ce week-end risque d’être aussi calme que le précédent. La famille me manque, les rires et les discussions aussi. De plus j’ai hâte de reprendre mes études, de me plonger dans mes bouquins, d’apprendre toujours plus.

Samedi matin, je vais au marché avec Manou, selon notre rituel. A la boulangerie je prends deux éclairs au chocolat et la baguette de pain, pas trop cuite comme Manou l’aime. Nous rentrons tranquillement. Je dispose les fruits dans la coupe, quand la cloche de la grille retentit, n’attendant personne, nous allons ensemble ouvrir la porte d’entrée.

Mon père fini de monter les marches. Il est bronzé et à l’air en forme. Un grand sourire éclaire son visage.

.... Je suis rentré hier après-midi, je viens vous porter quelques souvenirs.
Manou .... Bonjour Bernard, votre visite fait plaisir.

Manou offre l’apéritif à papa, il nous tend un paquet cadeau à chacune.  Fébrilement j’ouvre le mien, à l’intérieur un magnifique sous-main en cuir marron clair garni d’un liseré doré. J’embrasse tendrement mon père en le remerciant.
Manou a un très joli châle en laine, tricoté main.

.... Oh Bernard, il est magnifique, je vous remercie
Elle se lève et embrasse mon père qui sourit.

Papa ... Que diriez-vous d’aller déjeuner sur les bords de Marne

Manou ... Ce serait avec grand plaisir. Je vais me préparer.
Prestement Manou enlève sa blouse qu’elle garde toujours à la maison, va se donner un coup de peigne et enfile ses chaussures.

Je ramasse les papiers éparpillés et les mets à la poubelle, j’emmène mon sous-main sur mon bureau.
Au cours du repas, papa nous apprend qu’il est allé rendre visite à des amis en Espagne. Après manger nous allons nous promener, il fait très beau presque trop chaud en cette fin août. Mon père nous raccompagne en fin d’après-midi.

Je prends un bouquin et vais m’allonger sur l’herbe. Je finis par somnoler. Manou viendra me réveiller pratiquement à l’heure du diner. Je passe la soirée avec elle devant un film à l’eau de rose retraçant la vie amoureuse d’une fille de la noblesse et d’un jardinier.

Dans mon lit, je passe et repasse dans ma tête les amis de mon père, je n’en connais aucun en Espagne. Je conclus qu’il était peut-être avec des collègues.
Dimanche matin, je fais un peu de ménage dans le salon pendant que Manou trie des revues de crochet. Nous attendons la visite de Lise et ses parents.

Ils viennent sans ma cousine, et à leur tour nous offrent des souvenirs. Pour Manou de jolis essuie-mains en éponge blanche bordée d’un galon marron. Deux petites oies picorent. J’ai un joli mug avec une vue de Sarlat. Nous les remercions en les embrassant.

Ils ne partent pas tard, lundi tout le monde travaille et tata veut ranger les valises.

7 août 2000

La colère du patron

Pendant que Lise prépare le café, je mets les téléphones en route. Les employés sont peu nombreux en ce début août.

Tout en buvant notre café, Lise me demande ce que j’ai fait ce week-end. Je lui raconte le marché samedi matin et les bords de Marne dimanche après-midi avec mon père

... Bah ça va tu fais des trucs quand même

... Comment ça ?

... Bah tu sors

Je ris ... Oui avec manou et mon père. Pourquoi ?

... Bah tu profites bien de manou.

Un téléphone sonne, m’empêchant de répondre.

Je la trouve de mauvaise humeur. Elle raccroche, j’en profite pour lui demander ce qu’elle a

... Non rien, je suis nase, je n’ai pas beaucoup dormi ce week-end, je suis sortie

... Toi aussi tu sors alors !

... Bah évidemment tu crois quoi ? Que je reste confinée dans ma chambre ?

Je la regarde sans bien comprendre ce qu’elle veut sous-entendre. Je n’insiste pas.

La matinée passée, je me rends compte que nous n’avons pas vu le DRH. Je le suppose en congés. Un petit serrement me prend. J’apprécie beaucoup cet homme. Dommage, il va me manquer le temps que je sois au standard.

Mardi matin mon pouls fait un bond, je suis contente, Monsieur Duval est là, aimable et souriant comme toujours. Il nous salue et nous demande comment nous allons.
Lison … Ben doucement hein, il fait chaud !

Le DRH sourit et demande narquois. ........ Normal à cette époque non ?

 Lise montre sa mauvaise humeur. ....... Evidemment, sauf qu’ici ce n’est pas tenable

........ Baissez le store !

......... Et alors ça changera quoi ?

Le DRH ne se départi pas de son sourire. ........ Voudriez-vous un ventilateur mademoiselle Dumont ?

Mi-figue mi-raisin elle riposte. ........ Bah ça ne serait pas du luxe !

....… Je vous sens en forme mademoiselle Dumont !

Ma cousine insolente répond … Ouais on va dire ça comme ça. Vous ça va tranquille, vous avez la clim là-haut !

Il devient moqueur. ....… Le privilège d’être en étage mademoiselle Dumont

Je regarde ma cousine en biais, le toupet qu’elle a vis-à-vis de son supérieur me coupe le souffle. Le DRH me regarde, il n’a pas l’air de s’offusquer et répond ironique

......... Je vais soumettre votre idée au PDG.

La voix directoriale s’élève dans le hall.
........ Quelle idée mon cher Patrick ?

Mr Duval fait un franc sourire au PDG en lui serrant la main. ........ Mademoiselle Dumont sollicite de la direction la climatisation ou à défaut un ventilateur.

Je regarde ma cousine qui a rougit.

Le PDG ........ Mademoiselle Dumont, agitez-vous moins, vous aurez moins chaud !

Lise insolente ......... Ah c’est malin !

Le PDG fronce les sourcils, la voix sèche claque dans le hall. ......... Pardon ?

Lise ........ Rien !

Le PDG sans se départir de son ton autoritaire. ....... Je préfère !

Il se tourne vers moi ........ Have you got hot miss Robin?                  (Avez-vous chaud mademoiselle Robin ?)

Malgré moi je souris ........ It’s bearable sir      (C’est supportable monsieur)

........ I do not want you to be confined to the standard, I wat you to turn in society

 (Je ne souhaite pas que vous soyez cantonnée au standard, je veux que vous tourniez dans la société)

 ........ Yes sir                          (oui monsieur)

........ Take your things and follow me               (Prenez vos affaires et suivez-moi)

Je me lève, prends mon sac et fais le tour du comptoir.
Lise ........ Bah tu vas où ?

Je lui souris ......... Je change de rue.

Lise ........ Mais monsieur Duval je vais être seule ?

Le PDG ....... Votre collègue revient demain ! Une journée vous pensez vous en sortir sans avoir trop chaud ?

Il parle ironiquement, Lise baragouine quelque chose que je ne comprends pas, le PDG me fait monter dans l’ascenseur, je me mets dans le coin reculé.

…… Elle a un toupet celle-ci !

Monsieur Duval sourit ……… C’est mademoiselle Dumont !

Arrivés au troisième, monsieur Duval se pousse pour que je sorte. Je les attends et suis le Président, il ouvre la porte et me laisser entrer. Il me prie de m’assoir, décroche son téléphone, et compose un numéro

........ Passez-moi Mokopaldi

........

........ Evidemment ! Je vous envoie mademoiselle Robin.

........

Il raccroche légèrement, agacé. Je vois ses sourcils se froncer.

........ Vous êtes attendue, premier étage, 3e porte de droite.

......... Bien monsieur.
Je descends à pied et vais frapper à la porte du bureau, sans réponse je frappe à la porte d’à côté et attends quelques secondes. Une fille, un broc de cafetière à la main.

... Bonjour vous cherchez quelque chose ?

... Bonjour je suis au secrétariat ?

... Oui !

....... Je suis mademoiselle Robin.

......... Ah oui, entrez

Elle se tourne et appelle une collègue ......... Evelyne c’est mademoiselle Robin.

La fameuse Evelyne vient à ma rencontre, me serre la main avec un grand sourire.
........ Bienvenue parmi nous.

Je me sens rassérénée par cet accueil. Elle me montre une place

........ Prends ce bureau, Aurélie est absente deux semaines, je pense que tu viens la remplacer.

........ Certainement, oui

Je pose mon sac sur la table et m’assois. Je sais donc que je vais rester deux semaines. Les filles continuent de papoter, elles me proposent un café que j’accepte avec plaisir.

Au bout d'un bon quart d'heure celle qui m'a reçue, dépose une corbeille avec des chemises cartonnées sur ma table, et me dis tout en prenant un dossier.
... Voilà c’est classé par mois, dans cette grille tu tapes le nom, et tu pointes les présences et les absences, sur cette colonne tu marques le nombre de jours mensuels et à côté dans celle-ci, la raison, alors pour vacances, tu mets C.A pour les arrêts maladie AM, pour les stages ST, voilà ce n’est pas trop compliqué tu vois.

Tout en me parlant, elle me montre les colonnes et fini de m'expliquer qu'en bas il faut noter le nombre de jours par colonne, s'il n'y a rien on met 0.

Je fais oui de la tête, fouille dans mon sac à la recherche de mon stylo et commence le travail.

Au début je tâtonne. L’après-midi j’ai pris le rythme et avance rapidement.

Ce matin je suis contente de partir au travail, l’ambiance est super et les filles vraiment agréables. Nous travaillons dans un climat détendu.

Je rejoins ma cousine et Ghyslaine au standard pour déjeuner. Nous parlons un peu de ce nouveau poste. Lise me prévient de me méfier de la responsable du bureau.

.... Elle fait des grands sourires mais très hypocritement, téléphone à la direction au moindre truc.

Je la remercie et lui promets de me tenir sur mes gardes, malgré tout j’ajoute

... Pourtant elle a l’air vraiment gentille, elle travaille même avec nous.

Ghyslaine me regarde étonnée et me demande de lui décrire la responsable de bureau.

... Un peu plus petite que moi, brune une coupe au carré.

Ghyslaine ... Tu parles d’Evelyne Legal !

Moi ... Oui c’est ça, c’est elle qui m’a reçue.

Lise ... Non la chef est un vrai mec

A mon tour je lui dis qu'elle n'était pas là hier ni ce matin. Ghyslaine hausse les épaules, et répond, qu'elle fait ce qu'elle veut, avant d’ajouter. ....... A moins qu’elle soit en vacances, ce qui serait très bien pour toi.

.... Je ne sais pas du tout.

Lise ... En tout cas fait attention c’est une véritable peau de vache.

L’après-midi se passe tout aussi tranquillement, j’avance à mon rythme mais suffisamment vite.

Le vendredi midi je fini ma huitième corbeille, la fille en face de moi me fait un grand sourire

... Oh ralenti, tu vas casser le rythme.

Je souris à mon tour.

Je rejoins les filles au standard. Nous décidons d’aller manger un grec.

En rentrant de déjeuner, une femme la quarantaine, plus masculine que féminine, se présente à moi, je pense tout de suite à ce que m’ont dit les filles. D'un ton sec et assez autoritaire.

........ Bonjour, je suis Madame Mokopaldi, ici c'est moi qui décide ce que fait qui et quoi. 

Je la regarde droit dans les yeux et aussi sèchement qu’elle je dis ........ Bonjour madame.

Mme Mokopaldi ....... Maintenant que les présentations sont faites, vous prendrez dans ce placard tous les dossiers de présentéisme et les archiverez. Il n'y a pas de temps pour bailler aux corneilles dans ce bureau. Vous croyez pouvoir faire une corbeille par semaine peut-être ? 

Je rougis de colère sous le regard des filles, mais pour qui elle m'a pris ? Je ne réponds pas à son sarcasme, lui tourne le dos et vais pour aller m'assoir, quand d'un geste brusque, elle m'attrape par le bras en serrant fort
Aucun bruit dans la pièce, les filles sont suspendues à mes lèvres.

..... Vous avez entendu ce que je vous ai dit ?

Je la toise et d’une voix sèche lui intime de me lâcher immédiatement

Mme Mokopaldi ........ Vous vous prenez pour qui ? Vous n'êtes qu'une jeune branleuse comme toutes les intérimaires qu'on m'envoie. Si ça ne vous plait pas vous pouvez partir !

Mon pouls s’accélère et d’un ton de colère froide en la toisant ........ Et vous, vous vous prenez pour qui ? Je suis ici comme vous pour travailler, pas pour me faire injurier. Je ne vous permets pas !

Mme Mokopaldi ........ Vous allez me parler autrement espèce de petite pisseuse

Mon sang ne fait qu’un tour........ Alors comprenons-nous bien, c’est vous qui allez me parler autrement, toute chef que vous êtes. Je ne suis pas plus une pisseuse ou une branleuse, que vous madame !

Un bruit sec retentit, ma joue d’un coup me brûle, je viens de recevoir une gifle magistrale. Je suis hors de moi, le cœur battant à tout rompre.

Elle tourne les talons et décroche un téléphone. Je vais chercher mon sac, range mes affaires et m’apprête à partir quand je l’entends hurler dans le téléphone

Elle .... Il est hors de question que je garde cette jeune incapable dans mon service, envoyez-moi une autre intérimaire !

.....

Les filles commencent à murmurer, certaines s'indignent du comportement de cette vipère.

Mes affaires sous le bras, je m’apprête à monter voir le DRH.

Elle raccroche le téléphone d'un geste brusque en s'adressant à la cantonade... Vous attendez quoi pour vous mettre au travail. Vous croyez être payées à regarder le plafond ? 

Se tournant vers moi de ce ton tranchant......... Et vous ? Vous attendez quoi ? Les archives ne vont pas se faire toute seule !

....... Mouchez-vous dedans, je m’en vais ! Vous êtes une malade, il faut vous faire soigner !

Je sors en claquant la porte plus fort que je ne l'aurais voulu. Je suis outrée, on ne l'a pas vue de la semaine, elle ne me connaît de nulle part et se permet de me juger, de juger mon travail de m’insulter et pour finir me gifle.

Mes larmes brouillent mes yeux, je respire un grand coup et monte voir le DRH qui j’en suis sûre va me signifier mon licenciement. Tant pis, je ne peux pas accepter de me faire gifler par une collègue ou une chef.

Je passe par les toilettes pour me moucher et essuyer mes yeux. Je nettoie les traces de maquillage qui ont coulées. Ma joue est rouge, les doigts ont cinglé.

Les mains glacées, une boule au ventre et la rage au cœur, je frappe à la porte de Monsieur Duval  

Mr Duval ... Avancez mon petit, asseyez-vous. Voulez-vous un café, je vois que vous en avez besoin.

La gorge serrée, j'essaie de déglutir, pendant qu'il commande le café à travers l'interphone. Quelques secondes de silence, je triture mes doigts, la tête baissée, les larmes perlent au bord de mes yeux. J'essaie de respirer à fond. Je sens le regard de Monsieur Duval sur moi. La secrétaire apporte le plateau sans un mot, le pose sur le bureau et ressort.

Mr Duval ... Allez mon petit, buvez votre café, séchez vos larmes et racontez-moi tout.

Je bois le breuvage bouillant à petites gorgées, que lui dire ? C’est la parole d’une ancienne contre moi. Je ne sais pas comment m'en sortir, quand d'un coup la porte s'ouvre sur le PDG. Mon cœur repart à mille à l'heure. Alors là je suis cuite, il va me virer sur le champ.

 ....... Président, le problème est plus grave !

Le directeur fait un signe de tête au président en direction de ma joue. Monsieur Jorelle en chemise, s’assoit sur la chaise à côté de moi, d’un geste délicat il relève mon menton, ses yeux se sont assombris, il me dévisage et s’attarde sur ma joue marquée de cinq doigts. Il lâche mon regard, se lève, passe la tête par la porte de communication et demande un café. Debout, les mains dans les poches, il me demande à son tour, ce qui s'est passé.

J'hésite, je trébuche sur les mots, et d'un coup je lâche la pression et débite d'un trait notre altercation.

Mr Jorelle s’adressant au directeur, lui demande de faire monter madame Legal.

Evelyne la fille qui m'a reçue gentiment, est là présente devant nous. Quelle va être son attitude ? Va -t-elle prendre le parti de sa cheffe et mentir pour ne pas être ennuyée par la suite ?

  ... Bah voilà Messieurs, mademoiselle s'est mise au travail sans problème. Elle a vite compris, j'ai vérifié tout était impeccable. Elle est rapide et consciencieuse.
Elle raconte dans le menu détail la venue de la cheffe cet après-midi quand Monsieur Jorelle l'interrompt.

.... Mokopaldi était où ce matin ? 

Evelyne ... Absente monsieur.

... Et hier ?

... Absente monsieur

... Depuis quand elle est absente ?

... Depuis vendredi dernier, nous pensions qu’elle était en vacances.

Le PDG demande au DRH, s'il a signé une feuille d’autorisation d’absence. Ce dernier répond par la négative.

Mr Jorelle .... Continuez !

Son ton froid paralyse quelque peu notre conteuse, qui a du mal à reprendre les explications.

Elle confirme que la responsable de bureau est rarement présente le matin, part souvent dans le milieu d’après-midi sans explication. Que quand elle est là, elle aboie sur tout le monde et sème la terreur sur les nouvelles, d’où le fait que les intérimaires ne restent pas.

Le PDG décroche le téléphone, et tout en faisant signe à la jeune femme que l'entretien est terminé, il demande que Mokopaldi monte au bureau.

En attendant qu'elle se présente, Monsieur Jorelle d'un ton froid s'adresse au directeur ... Le ménage va continuer !

Monsieur Duval me sourit comme pour me réconforter. Je sais que je suis livide

On entend frapper, sans que quiconque ne dise d’entrer, la porte s’ouvre sur Mokopaldi très sûre d'elle. Elle salue les deux hommes et de sa voix rauque

.... Vous voulez me voir ? 

Mr Jorelle .... Que s'est-il passé ce matin ? 

Madame Mokopaldi ... Ce matin ? Rien de spécial pourquoi ? 

Monsieur Jorelle dans un mouvement d'humeur, lui répond sèchement que c'est lui qui pose les questions. Elle radoucit son ton et lui demande ce qu'il veut savoir exactement.

Mr Jorelle ... Je parle français non ? Où étiez- vous ce matin ? 

Sans se démonter, elle répond ...J'étais absente.

Mr Jorelle...  Hier ?  

Elle commence à se sentir mal et pâlit sans répondre. Le PDG d'un ton sec tout en la dévisageant froidement

... J'attends vos explications !

Mme Mokopaldi ... J'étais absente mais j'allais faire ma feuille.

Mr Jorelle ....... Dans le sens où vos absences sont à répétition, que vous faites la pluie et le beau temps, vous pouvez rassembler vos affaires et sortir de cette entreprise. Je vous ai envoyé cette jeune femme, qui n’est pas une intérimaire. Vous savez celles que vous exécrez au plus haut point ! 

D'une voix tremblante, elle regarde le Président ....... Monsieur vous ne pouvez pas me renvoyer comme ça. Depuis 10 ans que je travaille ici.

Mr Jorelle ....... Les temps changent, et ce ne seront certainement pas les employés qui feront la loi sous mes ordres ! Nous savons comment vous êtes arrivée ici, n'est-ce pas ! C'est moi le patron, votre mécène ne fait partie ni du personnel ni de la direction !

Pâle, elle ressort du bureau, en claquant la porte.

Je me lève, contrariée qu'une employée perde sa place à cause de moi. Je vais pour partir, quand le PDG de sa voix qui glace m'ordonne de me rassoir.

... Je ne vous ai pas dit de bouger !

Mon pouls s'accélère, je ne réponds pas, croisant le gentil regard de Monsieur Duval.

Mr Jorelle ... Parfait une bonne chose de faite... Et de neuf !
Mr Duval ... Les commentaires vont aller bon train.

Mr Jorelle .... Que ça puisse circuler dans les couloirs, je n’en ai que faire, et ce n’est qu’un début. Donne-lui son lundi en JD !

Il sort du bureau, monsieur Duval me fait signer une feuille de congés pour lundi.

... Allez mon petit, ne vous en faites pas.

Je me détends un peu, signe la feuille et la tends au directeur, la porte s’ouvre sur le PDG, il a enfilé sa veste.

Mr Jorelle ... Mademoiselle Robin, descendons !

De son pas allongé Monsieur Jorelle me conduit au secrétariat, sans un mot. Je presse le pas pour rester à sa hauteur. Il ouvre la porte d’un coup sec, sans frapper. Madame Mokopaldi assise à son bureau, raccroche le téléphone à notre entrée. Il n’y a pas un bruit dans la pièce.
Mr Jorelle d’un ton froid ........... N'auriez-vous pas compris ce que je vous ai dit ?  Vous avez trente secondes pour rassembler vos affaires.
Elle se lève et commence à vider son bureau, en me jetant un regard haineux. Les filles sont penchées sur leur table de travail. On sent comme un malaise planer dans cette ambiance feutrée, ou juste le crissement du crayon sur le papier, et le bruit des touches de claviers indiquent qu'il y a du mouvement.
Monsieur Jorelle attire l’attention des filles et de cette voix autoritaire annonce à la cantonade

......... Dans le sens où je trouve inadmissible de profiter de son pouvoir de responsable de bureau pour s’absenter au frais de la société, d'user et d'abuser de son statut pour malmener ses collègues, sachez que Mokopaldi est licenciée sur le champ. Madame Legal prendra sa place. Même si je suis souvent absent de la société, je suis au courant de tout ce qui s'y passe. Il y a un règlement à respecter. Si certaines d'entre vous ne sont pas d'accord, la porte est grande ouverte.

Se tournant vers moi .... Mademoiselle Robin restera avec vous le temps que je le jugerai nécessaire !

Il ressort comme il est entré. Je suis dans mes petits souliers personne ne dit rien. Le cœur battant j'essaie de capter le regard de quelqu’un. Evelyne me sourit, l'air de dire ne t'inquiète pas.
Au bout de longues minutes, enfin l’autre quitte le bureau sans un mot, personne ne lui dit au revoir. Je respire un peu. Une jeune femme, la trentaine me sourit et me dit.
........ Ah ben la nouvelle, tu n'as pas froid aux yeux, on aime ça ! Tu nous as enfin débarrassé de cette vieille lesbienne.

Une autre ........ Bon on s'en fou de sa vie, mais c'est vrai qu'ici c'était l'enfer.

Evelyne ........ Allez les filles, ne soyons pas mauvaise langue, elle part c'est bien, restons unies comme avant.
Quelques-unes répondent par l'affirmatif.  D'autres sourient. Christèle demande qui fait le café. Je me propose d'emblée.

Elle me demande mon prénom

.... Mélissandre.

... Oh dis-donc tu as un super joli prénom. 

... Merci

Les filles rient, j'empoigne le bocal de la cafetière et vais chercher de l'eau. Heureuse de rester dans ce service sans cette peau de vache. L’après-midi est détendu, le travail se fait dans la bonne humeur.

La cloche de la grille fait retentir son grelot, je sors de la salle d’eau et ouvre la porte d’entrée. Lise et ses parents grimpent les quelques marches.

Dans la cuisine, Manou sert déjà le café. Après les embrassades, tonton nous prévient de suite qu’il y a du travail sur la planche.

Mon père toque à la porte et entre, vêtu d’un bermuda et d’un tee-shirt qui lui donnent un air plus jeune. Il est tout sourire en embrassant à son tour tout le monde 

Mon oncle attend que les effusions prennent fin et nous distribue à chacun nos tâches.
... Maman et Jacqueline, vous sortez de la cuisine. Les filles vous videz les placards, nous avons amené des cartons. J’ai quatre jours, c’est suffisant si on ne perd pas de temps
Mon père ... Je ne serai pas là lundi !

Tonton ... Ne t’inquiète pas Bernard, on devrait y arriver

Mon père ... Je viendrai lundi soir si vous ne partez pas trop tôt.

Tonton ... D’accord !

Tata ... Chéri mets le micro-onde et la cafetière dans la salle à manger.
Tonton ... A vos ordres princesse !

Tata ... Les filles donnez-moi les assiettes pour ce midi !

Je sors assiettes et verres, pendant que Lison s’occupe des couverts. Nous portons tout à la salle à manger.

Les deux femmes s’installent dans le jardin. Mon oncle et mon père mesurent les murs, Lise et moi vidons les placards dans des cartons que les hommes emmènent dans le salon au fur et à mesure

En une heure les placards sont vidés, les hommes nous font sortir de la cuisine. Nous allons dans ma chambre.

Assises en tailleur sur mon lit, nous papotons de ce qui s’est passé hier, le licenciement de Mokopaldi a fait le tour des couloirs. Lise médit sur cette femme, puis sur plusieurs employés, en des termes désagréables. J’essaie de la détourner de cette conversation qui me gêne, sans succès elle continue de baver sur les uns et les autres.

Tata nous appelle pour dresser le couvert, que nous installons sous le tilleul. Les hommes ont mis les meubles de cuisine dehors.
Tonton ... Les filles cet après-midi vous dégraissez les placards. J’ai amené de la lessive.

Après le déjeuner, nous nous attelons au nettoyage des meubles. Sur la table de jardin tata et Manou font la vaisselle dans une cuvette.
Manou ........  Ça vous donne du mal tous ces travaux.

Tata .......... Mais non ! Ne vous en faites donc pas.
Manou ......... Vous êtes tellement tous si gentils.

Tata ... Allez, allez c’est normal.

Avec Lison nous rions et chahutons, nous nous aspergeons au tuyau d’arrosage en rinçant les meubles

Tonton attiré par nos cris vient voir ce qui se passe. Il prend sa grosse voix pour nous sermonner.

.......... Mais les filles ce n’est pas possible !

Lise ........ Mais papa il fait chaud.

Tonton ....... Chérie tu ne vois pas ta fille ?

Tata ........ Que veux-tu que je te dise ? Tu la connais !

Mon père sur les talons de mon oncle, sourit de me voir m’amuser.

Tonton ......... Il lui a manqué des fessées à cette gamine.

Lise ... Rho tout de suite ! Regarde comme ça fait du bien

Lise fait semblant d’arroser son père, elle mouille le haut de son tee-shirt. D’un geste vif, Il attrape le tuyau qui se gondole, l’eau asperge mon père, qui le rattrape et éteint le robinet.
Ma cousine sous le bras de son père agite ses jambes en hurlant .... « Maman au secours »

Manou pleure de rire.

Tata ... Ah ma fille, celle-là tu l’as bien méritée.
Tonton met quelques claques à sa fille qui crie de plus belle. J’ai mal au ventre de rire, j’attrape le hoquet.

Il relâche sa fille et rit de bon cœur .... Tu as vu ton vieux père, il a encore la main leste.

Lise ronchonne ... Ouais allez c’est ça.

Tonton penche sa tête ......... Allez fais-moi un bisou terreur

Lise se pend au cou de son père et l’embrasse. Mon cœur se serre un peu, il y a tellement de complicité entre eux. Je regarde mon père qui me sourit tristement. Je crois qu’il a lu dans mes pensées.

Les hommes rentrent. Je propose à ma cousine de continuer pour être tranquille.

Nous nous remettons au travail. Avec de grands chiffons nous essuyons les meubles dans tous les recoins. Décapés ils sont ternes. Nous les mettons en plein soleil, pour qu’ils sèchent bien.

Le soir nous dinons tous ensembles. Tonton et tata s’attardent un peu, mon père reste. Lise demande à Manou si elle peut dormir là.

Manou ........ Mais bien sûr ma puce !

Elle se lève et embrasse notre grand-mère. Les hommes rentrent les placards pour ne pas qu’ils soient humides avec la rosée.

Au lit, nous parlons un peu, avant de nous endormir.

Les hommes et tata arrive à neuf heures, avec Lise nous nous préparons rapidement

Manou de son pas vif nous rejoint... Alors mes puces ? Bien dormi ?

Nous nous retournons ensemble et nous jetons dans ses bras en l’embrassant. Ma cousine me pousse

........ Hé laisse-moi la place, toi tu as Manou tous les jours.
En riant je la traite de jalouse. Sur la table, nous poussons les outils des hommes pour pouvoir poser nos bols.

Un café vite avalé, mon oncle nous met dehors 

Nous décidons toutes les quatre d’aller nous promener au marché

Je glisse mon bras sous celui de Lise, nous parlons tout en riant. La vie est belle, je me sens si bien. Je revis complètement.

Pour midi comme tata n’a pas eu le temps de préparer quelque chose, nous prenons un poulet rôti froid et au petit supermarché des chips et un camembert. Tata propose que nous achetions des assiettes en cartons et des gobelets jetables

Manou ........ Oui vous avez bien raison Patricia, ça nous évitera de faire la vaisselle dans une cuvette.

En rentrant nous installons le pique-nique dehors.

L’après-midi, papa muni d’un pistolet à peinture laque les meubles d’une couleur crème du plus bel effet.

Allongée dans l’herbe avec ma cousine, je mordille un brin d’herbe tout en l’écoutant

Lison .... Alors raconte pour la mère Mokopaldi

....... Bah tu es au courant, il n’y a rien d’autre à rajouter

Elle me demande à quel service je suis affectée demain.

Je souris et fais l’ignorante ... Demain ? Service cuisine

....... Comment ça service cuisine ?

........ Je ne travaille pas.
....... Comment tu ne travailles pas ? Tu as pris ta journée ?

....... Non c’est le PDG qui me l’a donné

....... Ouais ! Ouais ! Espèce de sorcière, t’as tapée dans l’œil du boss ou quoi ?

........ Oui bien sûr pourquoi ?

......... Fais gaffe, il est pour moi !

Elle arrache une poignée d’herbe et veut me l’écraser sur la figure, je roule sur le côté pour cacher mon visage en gloussant.

........ Espèce de chouchoute, non mais c’est quoi ça, tu fais le pont et moi le con.

........ Bah voilà !

Lise fait sa moue de petite fille ........ Mais je vais être toute seule.

Je ris ........ Heu toute seule, tu oublies un peu Ghyslaine

......... Non allez Méli dis-moi !

Je lui raconte les gros traits de mon altercation avec Mokopaldi et son licenciement pour absences répétées, passant sous silence la gifle. Lise me laisse parler jusqu’à la fin sans m’interrompre.

Elle gonfle ses joues et relâche l’air dans un soufflement ....... Hé bé il ne rigole pas Jorelle. Toute façon ça fera une garce en moins.

....... Oui enfin, ça fait mal de savoir que par ma faute, elle s’est faite virée.

......... Non pas par ta faute, de toute façon il vire les anciens à tour de bras. Ah je l’adore ce mec, il est trop top

Je pouffe de rire ......... Ah oui quand même.

......... Bah quand même quoi ? Et toi, tu ne touches pas t’as compris ?

Je ris ......... Ah non je ne touche pas.

......... Fais gaffe tu n’as pas intérêt de poser les yeux sur lui. Il est à moi !

....... Parce que tu crois qu’il va s’arrêter à toi

....... Bah et pourquoi pas ?

... Ouais, bon dis m’en un peu plus, pourquoi il vire spécialement les anciens ?

Nous échangeons sur ce sujet, ma cousine ne peut m’en apprendre davantage. Elle relate ce qu’elle sait et surtout ce qu’elle entend. Bavasse un peu sur untel ou une telle. Je ne pose pas davantage de question

En début de soirée, les hommes rentrent les meubles qui sont repeints et les rangent dans la salle à manger

Après diner tout le monde repart.  Mon père s’excuse de ne pouvoir être là le lendemain.

Tonton ........ Ne t’inquiète pas, je m’en sortirais bien

Papa ....... Je viens dès que possible

Tonton ........ D’accord, merci Bernard.

Les deux hommes s’embrassent comme des frères.

En allant préparer le petit déjeuner je marque un temps d’arrêt sur le pas de porte de la cuisine.
A la place du vieux revêtement mural une crédence gris clair, les murs sont complètement enduits, et repeints en une douce couleur, bleu très clair. Un plan de travail stratifié gris marbré remplace le carrelage marron. L’évier deux bacs avec un vide sauce au milieu vient en échange de l’évier en émail un bac, la vieille cuisinière à trois feux a disparue. Une plaque quatre feux est installée. Dessous un vide sans placard

Je suis en admiration. Manou arrive, émue elle me demande comment je trouve sa nouvelle cuisine.
.... C’est trop joli Manou, franchement tonton a bon goût.

Nous prenons notre petit déjeuner tout en papotant, jusqu’à l’arrivée de mon oncle

........ Salut les filles.

Manou rit ........ Eh bien mon fils, est-ce une manière de parler à ta vieille mère ?

Tonton la prend dans ses bras, elle parait d’un coup minuscule, il l’embrasse tendrement.

....... Ma petite mère, sache qu’avant tout, tu es une fille il me semble. Bon allez je te l’accorde une dame charmante.

Manou rit en le traitant de grand bêta.

Tonton ....... Ce n’est pas tout, j’ai du boulot moi !

Manou ......... Tu vas faire quoi ?

Tonton ... Je vais passer une deuxième couche de peinture, celle-ci me semble trop légère.

Manou ........ Mais tu vas tout salir.

Tonton ........ Mais non, ne t’inquiètes pas. Allez oust sortez de cette cuisine.

Je glisse mon bras sous celui de Manou et l’entraine vers le salon devant sa télé.

Je profite de ce temps libre, pour faire ma chambre à fond, je mets mes draps à la machine, passe l’aspirateur, fais les poussières et range ce qui traine.

Vers midi tonton nous propose d’aller manger à la pizzeria. Manou enlève sa blouse, nous partons.

Nous trainons à table, en prenant notre temps.

Deux heures plus tard, j’aide tonton à ranger tout le matériel, nous le portons soit dans la cave, en vue des prochains travaux soit dans le coffre de sa voiture. Nous enlevons l’adhésif de protection que tonton a posé avant de peindre, ainsi que la bâche qui recouvre tout le plan de travail, la plaque de cuisson et l’évier.

Vers cinq heures, mon oncle prend le temps de boire une bière, nous discutons tous les deux.

........ Comment ça va ton travail ma puce.
........ Bien tonton, je tourne dans la société, ça me fait voir d’autres horizons.
........ Pourquoi Lise se cantonne à son standard, et n’a pas plus d’ambition ?

....... Je ne sais pas tonton, elle n’a jamais été attirée par les études, mais elle a d’autres qualités.

Mon oncle me sourit et me fait une bise dans les cheveux ........ Tu es une gentille gamine.
Il pose sa canette. ........ Dis ma grande, te sens-tu capable de m’aider à accrocher les meubles ?

........ Oui bien sûr, si tu m’expliques.

Il prend un crayon, son mètre et son niveau et commence à faire de légers traits sur le mur.

....... Voilà nous allons présenter le meuble, et pendant que tu le tiens, je marque l’emplacement des réglettes.

........ D’accord !

Il m’aide à tenir le meuble le long du mur, le redresse et le plaque.

......... Tiens-le bien droit par les montants.
Je fais glisser mes mains en essayant de ne pas bouger le meuble que tonton tient fermement. Il place un niveau sur le dessus et à l’intérieur avec son crayon qu’il introduit dans le trou du fond du placard, il marque l’emplacement, et recommence de l’autre côté.
.......... C’est bon ma puce, nous allons le redescendre.
Doucement nous posons le meuble sur le plan de travail. Tonton à l’aide d’une perceuse, fais des trous aux marques de crayon. Alors qu’il repose son outil, on entend la sonnette. Je vais ouvrir à mon père.

Tonton ....... Ah tu tombes bien, je raccroche les meubles

Papa ........ Pile alors, je pose ma veste et j’arrive.

Il traverse le couloir et va dire bonjour à ma grand-mère qui s’est assoupie dans son fauteuil devant la télé.

Du coup, tonton n’a plus besoin de moi, je vais chercher mes draps dans le jardin et refait mon lit. Je rejoins Manou au salon, un verre de limonade à la main.

Sans vraiment regarder la télé, je pense à ce que tonton m’a dit, j’ai senti comme de l’amertume ou plutôt de la tristesse.

Le soir la cuisine est terminée. Les meubles accrochés.

Tonton ........ Voilà les filles plus qu’à remplir les placards.

Manou ........ Ne t’inquiète pas de ça mon grand. Je vous remercie beaucoup.

Tonton ........ En rentrant de vacances nous attaquerons le salon et la salle à manger.

Manou émue ne répond pas, elle fait juste oui de la tête.

Papa ......... Nous allons replacer le réfrigérateur Odette.

Tonton et mon père vont chercher le frigo que nous avions installé dans la salle à manger en attendant la fin des travaux. Je prends le four à micro-onde et le remet dans l’angle à son ancienne place.

Nous embrassons tonton, Manou le remercie encore une fois. Nous lui faisons coucou du haut des marches pendant qu’il démarre la voiture.

Papa ........ Je vais vous laisser

Manou ... D’accord Bernard, merci aussi à vous pour tout.

Mon père embrasse ma grand-mère. Nous nous retrouvons toutes les deux, d’un coup la maison est très calme.

........ Manou, tu veux qu’on range maintenant ?

........ Ma poupée il est bien tard, mangeons, je verrais ça demain
Nous nous préparons un plateau repas fait de tomates, jambon fromage et fruits.

Dès mon café avalé, je vais chercher les cartons que je vide un par un. Je plie le carton en l’écrasant avec les pieds et l’empile dans le couloir.

Manou m’aide en rangeant dans les placards. Nous donnons un coup de torchon dans les verres et les assiettes.

Deux bonnes heures plus tard, tout est rangé. Je vais prendre une douche, fais mon lit et enfile une robe légère.

L’après-midi papa nous propose une petite promenade aux bords de Marne. Nous mangeons une glace tout en nous baladant sur les berges.

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