Département automobile
Au standard j’embrasse Ghyslaine et lui demande des nouvelles de son fils, Monsieur Duval arrive, avec sa mallette à la main. Il vient nous saluer et se tourne vers moi, gentiment il me rappelle que je suis attendue au service de monsieur Aimeriau
... Oui monsieur.
Une angoisse me prend, je ne sais pas pourquoi. Je me sens pâlir. J’aurai tellement aimé retourner dans le service d’Evelyne. Monsieur Duval sentant très certainement mon appréhension, propose de me conduire.
Nous montons au premier étage, il entre sans frapper. Une grande salle, 6 bureaux, quelques employés sont assis en train de papoter.
Mr Duval ….... Bonjour messieurs, monsieur Aimeriau est arrivé ?
Un type répond non.
......… Bien ! Mademoiselle, va rester quelques temps avec vous.
Monsieur Duval se tourne vers moi et avec un gentil sourire en me serrant la main, me souhaite une bonne journée.
......… Merci monsieur.
Il repart. Je reste là plantée, les employés sans s’occuper de moi reprennent leur conversation. Un monsieur d’un certain âge arrive. Je l’ai déjà remarqué passant devant le standard. Il me fait penser à une fouine avec ses petits yeux toujours plissés.
.....… Vous êtes ?
…...... Bonjour monsieur, je suis mademoiselle Robin, monsieur Duval m’a placé chez vous.
Il marmonne je ne sais quoi et me dit d’aller m’installer à un bureau, en me le montrant du doigt. Il serre la main aux employés avant d’aller dans sa bulle en verre sans plus s’occuper de moi. J’attends qu’on vienne me dire ce que je dois faire. Il est pratiquement 10 heures, quand enfin les employés se décident à se mettre au travail. Celui qui a répondu à monsieur Duval, m’apporte une chemise cartonnée qu’il ouvre
… Voilà sur cette grille regarde en haut dans la première case, tu as la succursale, tu remplis la grille avec les cartes grises des voitures. La date d’achat, la marque du véhicule, le kilométrage enfin tout quoi ! Tu as compris ?
........ Oui je pense.
….... Bon si tu as un souci tu viens me voir, je m’appelle Alain.
….... Oui merci.
Je commence par regarder une carte grise et essaie de la déchiffrer. Je ne comprends pas grand-chose à tous ces numéros. Le type me tend une carte grise, avec une grille déjà remplie
.......… Tiens celle-ci est faite, prends la pour exemple.
Je relève la tête et croise son regard, je le remercie.
Deux types étudient le tiercé sur un journal en commentant tout haut leurs pronostics. Un feuillette un journal et le dernier est au téléphone.
Alain ….... Bon ça y est les gars que j’aille faire les jeux
Ils répondent en chœur « Oui » fouillent dans leur poche à la recherche de monnaie qu’ils lui tendent. Alain ramasse l’argent et sort du bureau. Je ne le reverrai pas. Il est à peine midi je me retrouve seule, ils sont tous partis. Ni les uns ni les autres n’ont commencé à travailler. Quant au chef on ne l’a pas vu de la matinée. Je suis dépitée. Je referme ma chemise et la mets sur la pile, j’attrape mon sac et ma veste. Je descends rejoindre les filles au standard. L’après-midi Alain travaille un peu, et un autre passe son temps au téléphone, racontant sa vie
Je prends la chemise d’hier laissée sur le bureau et commence à déchiffrer la carte grise, les employés arrivent les uns derrière les autres. Mes pensées sont ailleurs. Je pense à ce service qui ne sert à rien comme celui de Martel, avec des salariés qui font tout juste acte de présence. Ils entrent comme dans un moulin. En plein après-midi ils s’en vont, ou arrivent avec leurs courses vers quatorze voire quinze heures. Je crois que c’est le pire service que j’ai fait.
La semaine est triste et n’en finit pas, c’est la boule au ventre que je monte le matin.
A part Alain qui travaille un peu, allez trois ou quatre heures dans une journée, c’est tout. Ils apprennent le journal ou passe leur temps au téléphone. L’après-midi s’ils nous honorent de leur présence, c’est soit pour discuter entre eux, en déboisant tout le monde ou presque ou en faisant des mots croisés. Quant au chef, il est quasiment invisible. Je ne comprends vraiment pas cette mentalité. Pensent-ils qu’une société fonctionne toute seule ? Je suis écœurée, moi qui aie tant galéré pour avoir ne serait-ce qu’un job de quelques mois.
En tout cas maintenant que j’ai signé un contrat, je vais m’accrocher. Il me reste deux ans d’études pour mon master et un an supplémentaire pour l’école de magistrature, et je ne vais pas risquer de tout perdre. Je suis embauchée pour bosser, et je vais respecter le contrat, et ce pourquoi je suis payée chaque fin de mois.
Ce soir j’ai mon premier cours, j’allume mon pc et attends. Je sors un calepin et un crayon de bois. Un homme au visage sévère et fermé se présente. Pendant une demi-heure il nous fait une leçon de morale, expliquant que si nous n’avons pas la constance d’assister aux cours, autant arrêter tout de suite.
Il poursuit par des révisions de l’an passé. Ces deux heures ne m’amènent rien de concret et j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps.
Je rejoins Manou au salon.
... Alors ma poupée, ça été ?
Tout en allant à la cuisine pour manger, je lui raconte ce prof en le mimant nous faisant la morale comme à des enfants. Manou rit. Nous rangeons la cuisine, je vais avec ma grand-mère me délasser devant la télé.
Samedi selon nos habitudes, nous allons faire un tour au marché. L’après-midi je me penche sur les premiers devoirs à renvoyer.
Dans la soirée j’échange par écrit avec Lison. Comme je lui ai expliqué je ne veux pas me servir de la cam, pour ne pas déranger Manou qui écoute la télé.
Elle me raconte en riant qu’elle est célibataire. Son petit copain n’aura pas duré longtemps.
... Alors tu vas faire quoi de tes vacances ?
... Me reposer et aller à la piscine pour bronzer
Je souris à son humour. Nous échangeons jusque très tard. Vers minuit je lui dis bonsoir.
Je remets mon pc sur le bureau, et vais me brosser les dents avant de me coucher.
Dimanche je buche pour finir mes devoirs commencés, et les envoyer rapidement.
Je m’arrête embrasser Ghyslaine, elle me propose un café que j’accepte volontiers. Pas vraiment pressée d’aller dans ce service. La semaine dernière m’a parue tellement morne, que j’angoisse pour cette semaine.
Je monte les escaliers d’un pas pesant, sans frapper j’entre et vais m’assoir. Les deux types du journal sont là, Alain brille par son absence
J’essaie de me concentrer sur le dossier entamé. Je n’ai pas beaucoup avancé et de toute façon je ne fais pas plus d’efforts que ça. Je vais à mon rythme, j’en ferai toujours plus que les 4 employés réunis.
Quand je rentre le soir, je me change pour une tenue plus décontractée. Avec Manou nous nous mettons dans le jardin et nous racontons notre journée devant soit un verre de limonade fraiche soit une menthe à l’eau. Nous voulons profiter de ces dernières belles journées de début septembre.
Après dîner, je range la cuisine avec Manou, avant d’aller me détendre sous la douche. Je rejoins ma grand-mère une petite demi-heure au salon pour écouter les infos. Dès le générique qui annonce le film, affectueusement je l'embrasse en lui souhaitant une bonne nuit.
Allongée sur mon lit, j'ouvre mon pc sur mes jambes relevées, avec Lison nous papotons un peu avant de m'endormir rapidement.
J’ai hâte que cette pénible semaine finisse. Hâte que ma cousine rentre lundi. Oui mais voilà nous ne sommes que mardi
Je suis en pleine méditation quand monsieur Aimeriau présent aujourd’hui vient m’avertir que je dois monter à la direction. Sans un mot je me lève prends mon sac et sors.
Je descends voir Ghyslaine qui est seule, et lui confie mon sac à main. Je n’ai pas de quoi le ranger là-haut et je n’ai qu’une confiance mitigée dans ces hommes.
J’espère qu’il va me dire, qu’il me change de service. Je croise les doigts en montant dans l’ascenseur pour aller plus vite
Je frappe discrètement à la porte du DRH
... Entrez !
J’ouvre la porte, sachant déjà ce que monsieur Duval va me dire. Je souris.
... Asseyez-vous mon petit.
Il décroche son téléphone et dit simplement ... « Nous t’attendons ! »
La porte derrière moi s’ouvre sur le patron. Mon cœur s’emballe, je me traite intérieurement de gourde.
Monsieur Duval se lève, laisse sa place au PDG et reste debout à côté du bureau. Monsieur Jorelle me regarde intensément je me sens rougir.
Le PDG ........ Expliquez-moi comment vous conciliez cours et travail !
........ Je prends des cours par correspondance et en présentéisme par vidéo-conférence. Ainsi je ne déborde pas sur les heures de travail.
.......... Oui vous me l’avez déjà dit. Mais comment vous organisez-vous ? Les devoirs, les cours ?
........... Je reçois les cours je les travaille le soir ou le week-end. C’est un cursus pour les personnes qui ont une activité en parallèle.
.......... C'est un apprentissage bien plus difficile que la FAC
........ Je ne sais pas Monsieur.
....... Vous n'avez pas de bourses ?
........ Non Monsieur.
........ Comment ça, vos parents sont-ils donc si aisés ?
......... Il faut croire monsieur !
......... Que font-ils ?
........ Mon père est inspecteur régional dans le secteur bancaire.
......... Et votre mère ?
A cette question mon cœur se serre, d’une voix mélancolique en baissant les yeux. ......... Je n'ai plus de mère monsieur
.......... Désolé Mademoiselle. Vous vivez seule avec votre père ?
.......... Non je vis avec ma grand-mère.
Il fronce légèrement les sourcils, mais n'insiste pas. Il change de sujet.
........ Savez-vous faire un courrier, une mise en page ?
......... Oui Monsieur.
......... Vous avez principalement travaillé en secteur bancaire ?
......... Principalement oui, en entreprise aussi
.......... En tant que quoi ?
.......... Souvent comme simple employée de bureau
........ Bien ! Comment ça se passe dans le service d’Aimeriau ?
Je mordille ma lèvre, que lui dire ? ........ Ça va monsieur.
Il sourit......... Le contraire m’aurait étonné n’est-ce pas !
Mon pouls s’accélère, je me sens rougir.
Mr Jorelle ........ J’ai une proposition à vous faire, que vous êtes en droit de refuser. Vous me rendriez un fier service en acceptant.
Je le regarde sans comprendre ce qu'il veut. Il m'observe, me dévisageant jusqu'à me faire rougir. Aujourd’hui ses yeux sont d'un vert presque clair. Sa jolie bouche bien ourlée dessine un léger sourire. Lison à raison, il est craquant
Mr Jorelle ........... Jeudi 14, j'ai un cocktail, je souhaiterais que vous m’accompagniez
Je plonge mon regard dans le sien. Je n'y lis rien, il reste énigmatique, et continue sans lâcher mon regard.
.......... Nous n'y ferons qu'une apparition, comme la dernière fois, mais je me dois d'être vu. Plusieurs représentants seront là. Votre rôle consiste à rester à mes côtés, si on vous pose des questions sur la société, à répondre simplement ....... De passer nous voir, l'endroit étant mal choisi ! Quelle que soit la question.
Je fais oui de la tête, en clignant des yeux, signe que j'ai bien compris ce qu'il voulait.
Mr Jorelle ......... Il va de soi que votre soirée sera payée en heures supplémentaires. Avez-vous une tenue style robe de cocktail ou autre ? Non que vous ne soyez pas élégante, bien au contraire. Mais le tailleur n'est pas très approprié.
......... Non monsieur, mais je peux m'en procurer une si c'est nécessaire.
......... Je m'en occupe, je vous la ferai livrer chez vous.
......... Pouvez-vous me dire l'endroit et l'heure à laquelle je devrais me présenter ?
........... Je viendrais vous chercher, je ne vais pas vous faire prendre les transports dans cette tenue. De plus il est mieux que nous arrivions ensemble.
.......... Oui Monsieur.
........ Vous prendrez votre après-midi, pour vous préparer. Je serai chez vous à dix-huit heures trente, soyez prête.
.....… Oui monsieur.
.......… Pas un mot à quiconque, la discrétion vous est demandée. D’autre part, je veux que vous alliez au standard
Je fais oui de la tête et me lève, je salue les deux hommes, le cœur battant. Dans le couloir j’attends un peu que ma respiration se calme avant de descendre.
Ce matin je suis en grande forme, contente d’être avec Ghyslaine je pars le cœur léger. J’apprécie beaucoup cette jeune femme calme, je me demande comment elle fait avec l’exubérance de ma cousine.
En arrivant, je souris, pose mes affaires dans l’armoire et vais prendre la place de ma cousine. Ghyslaine me propose un café, que j’accepte volontiers
Il y peu de travail mais beaucoup d’échanges avec Ghyslaine, qui m’apprend qu’elle est mariée depuis cinq ans, un petit garçon est venu combler leur bonheur.
Je lui explique que ne m’entendant pas avec la compagne de mon père, je suis partie vivre chez ma grand-mère.
Nos confidences nous rapprochent. En souriant je lui demande comment elle supporte Lise.
...... Elle est jeune avec une vie facile, elle n’a pas encore acquis de maturité, et pour ta cousine patron ou collègue elle ne fait pas la différence.
Je souris .... C’est vrai, mon oncle et ma tante sont adorables, mais n’ayant qu’elle, ils la chouchoute un max.
........ Elle grandira, ça va que monsieur Duval est cool, je ne suis pas sûre qu’un autre accepterait d’être chahuter comme ça par une employée. Je pense que Jorelle aurait vite fait de la remettre en place
Je souris et reconnais que des fois, elle me met mal à l’aise.
Nous rions en nous remémorant les propos qu’elle tient au directeur. Je voudrais faire remarquer à ma nouvelle collègue cette habitude que j’ai remarqué chez Lise, de critiquer tout le monde, mais je ne sais pas si elle va apprécier que je parle sur le dos de ma cousine.
J’embrasse ma nouvelle amie, lui souhaitant un bon week-end.
En entendant la voix de Lise je me lève immédiatement. Encore endormie je vais à la cuisine pour trouver tonton, tata, ma cousine et mon père. Manou leur sert un café.
........ Ah ma grande, nous t’avons réveillée.
........ Non Manou ne t’inquiète pas.
Lise ......... Oh la marmotte il est bientôt dix heures, tu ne pousses pas un peu.
Je lui tire la langue et embrasse tout le monde, je me verse un grand bol de café au lait.
Il est prévu ce week-end que les travaux concerneront la salle à manger et le salon.
Mon oncle .... Pour ne pas laisser trop de désordre à maman toute la semaine, nous allons essayer de travailler par étape.
Mon père ........ Oui tu as raison.
....... Je viendrais le soir avancer le chantier
........ Je peux aussi venir.
....... Oui il serait bien que ce soit fini pour l’anniversaire de la mère.
........ Nous avons deux semaines, ça devrait aller.
Je vais à la salle d’eau me rafraichir. Dans ma chambre, j’ouvre grand mon lit en rabattant le drap et la fine couverture au pied. J’ouvre la porte-fenêtre, et rejoins Lise.
Les hommes ont poussé les meubles du salon dans la salle à manger
A grands rires nous enlevons des lés entiers de ce vieux papier à grosses fleurs orange sur fond marron. Les murs dessous apparaissent clairs, comme par enchantement le salon semble plus lumineux et plus grand.
A midi nous déjeunons sous le grand tilleul d’un rôti froid et une salade de riz que tata a apporté, le dessert est fait de pêches juteuses et sucrées à volonté
Après manger nous finissons le décollage, et enlevons les traces de colle. Tonton commence l’enduit.
D’un coup Lise balance son éponge dans le seau d’eau, ce qui provoque des éclaboussures.
Lise ........ Je jette l’éponge.
Je l’imite, nous rions, en rinçant nos seaux et nos éponges et les portons à la cave pour la prochaine fois.
A la salle d’eau nous nous rafraichissons et rejoignons les femmes dehors. Lise s’affale dans l’herbe, je m’assieds à côté. Tata nous apporte de grands verres de menthe à l’eau.
Tout en sirotant mon liquide frais, je fais remarquer à Lise qu’elle est bien bronzée.
......... Ah oui je ne t’ai pas dit, je reviens des Baléares.
J’éclate de rire devant son sérieux. Nous plaisantons en échangeant des futilités. Lise prend un air du grand monde, en me lançant des « Ma chère comprenez que les Baléares ne sont plus ce qu’ils étaient »
Sautant du coq à l’âne, comme à son habitude, elle me demande des nouvelles du boulot.
.......... Rien de spécial, il n’y a pas beaucoup de travail.
........ Vous faites quoi alors ?
....... Bah rien, on attend les appels, on fait monter des gens. On papote
........ Vous parlez de quoi ?
....... De tout de rien.
...... Bah vous avez des sujets quand même.
Les hommes viennent nous rejoindre, ils se mettent à côté de nous, une bière à la main. Ce qui m’empêche de répondre aux questions insistantes de ma cousine.
Je regarde mon père, il a les yeux brillants, un sourire aux lèvres il discute avec son beau-frère des travaux qui se terminent.
Mon oncle ........ Bon c’est un gros chantier, s’il faut je poserai un ou deux jours.
Mon père ....... Je ne pense pas pouvoir poser de journée en ce moment, mais je verrai
....... Ce n’est pas grave ne t’inquiète pas.
Je les laisse deviser tranquillement, mon père porte sa canette à la bouche et bois une rasade de bière. Intérieurement je jubile, il brave les interdits.
....... Bah dis-donc mon papounet, si elle te voyait faire elle piquerait bien une crise.
Mon père me regarde longuement et lâche d’un coup ........ Aucune importance, je suis célibataire !
Un blanc s’installe. Manou rompt le silence. ......... Il vous aura fallût du temps !
Mon père ........ Effectivement Odette, et Mélissandre m’a ouvert les yeux !
Manou ........ Dommage que cette enfant ait eu à subir la vacherie de cette femme.
Mon père ....... Et j’en demande pardon à ma fille.
Lise ......... Ouais bah quand même, on te le disait qu’elle frappait Méli, mais toi tu disais non, elle est tombée.
Le visage de mon père s’assombrit, comme chaque fois qu’il est mal à l’aise, il passe sa main sur son visage.
........ Elle me disait que Méli tombait ou se cognait, je ne pouvais penser qu’elle mentait, et Mélissandre ne se plaignait jamais
Mon oncle ......... Allez ! Allez ! Rien ne sert de revenir sur le passé. Mélissandre a vite grandie, elle est forte sous des airs fragiles. Elle s’en sort très bien, et maintenant elle est heureuse chez maman.
Mon père se rapproche de moi, il me prend dans ses bras et me claque deux grosses bises sur les joues.
.......... Je m’en veux tellement ma puce de ne pas avoir tout vu. Je m’enfonçais dans le travail, je me cachais la vérité.
.......... Papa, je ne t’en veux pas. C’était ta vie, en grandissant j’ai appris à me défendre contre sa méchanceté. C’est fini, elle ne pourrait plus m’atteindre, et plus personne ne m’atteindra.
Tata ......... Allez, les enfants mettons la table, demain il y a encore du travail
Le repas est joyeux, la tristesse de tout à l’heure est envolée. Tout le monde parle et rit en même temps. Lise fait comme d’habitude son pitre.
Il est à peine huit heures que j’entends la voix de mon père et mon oncle dans la maison. D’un bond je me lève
........ Bah vous êtes tombés du lit ?
Mon père me prend dans ses bras et m’embrasse.
......... Non mais nous ne voulons pas perdre de temps.
Pendant que je déjeune, ils prennent un café. Mon oncle me demande si je veux bien leur donner un petit coup de main.
........ Oui bien sûr, et tata elle ne vient pas ?
......... Si pour midi, ta cousine dormait encore.
Rapidement j’enfile un jeans et un tee-shirt et rejoins les hommes dans la salle à manger. Ils sont en train de vider les placards sous l’œil vigilant de Manou.
......... Attention à mon service en porcelaine Pierre. ........
......... Bernard prenez un autre carton, sinon celui-là va craquer.
Au bout de dix minutes, mon oncle se relève et d’une voix sévère
......... Maman, prends ton panier et va faire ton marché !
Manou marmonne en sortant de la pièce. Je souris et continue de passer la vaisselle à l’un ou l’autre des hommes.
L’enfilade de la salle à manger et le petit meuble à deux portes, sont entièrement vidées, le meuble-télé dans le salon aussi. Les deux hommes poussent la table de la salle à manger et débarrasse complètement le salon.
Mon oncle ......... Ma puce tu nous aides à décoller le papier ?
........... Oui bien sûr tonton
Je le fais avec plaisir, ça m’amuse de tirer sur les grands lés de papier et de découvrir les murs derrière. En même pas deux heures la salle à manger est mise à nu. Mon père juché sur un trois-marches lessive les plafonds, je ramasse les lambeaux de papier et les fourrent dans un grand sac poubelle. Tonton décollent les plinthes en bois. Je donne un grand coup de balai sur le sol.
La cloche tinte d’une telle force, que nous savons tout de suite que c’est Lison qui l’actionne.
Tonton........ Ah celle-ci un vrai démon.
Je ris d’entendre ma cousine chanter à tue-tête
Tonton ......... Adieu tranquillité tu nous as quitté.
Je pose le balai et la pelle, mon père sourit, Lise sur le seuil de la pièce.
........ Oh hé ! Attention, je peux repartir hein !
Tonton ......... Oui pars maintenant, et à pied comme ça fatiguée, tu dormiras et nous feras des vacances.
Elle rit traitant son père de vieux barbon, et embrasse mon père........... Tonton, reconnais que mon père est désagréable avec moi.
Mon père ....... Ah tu trouves ?
Lise ....... Ouais, ouais, tu es de son côté évidemment !
Tata nous appelle mettant fin à cette chamaillerie.
Après manger, mon oncle nous dit, qu’il n’est pas utile qu’on soit dans ses pattes, s’adressant à sa femme.
.......... Chérie, emmène ma mère en courses, en balade, où tu veux, mais sors-nous là de la maison ! Je ne veux personne.
Manou ........ Oh mais je ne vous embête pas.
Mon oncle .......... Tu es sans arrêt dans nos jambes, alors oust maman dégage le plancher !
Manou vexée fait demi-tour et enfile un gilet ........ Venez Patricia, puisque je dérange dans ma maison !
Les deux hommes retournent sur le chantier. Du jardin ou avec Lise nous nous sommes installées, nous pouvons les entendre siffloter ou parler.
Je m’allonge dans l’herbe et ferme les yeux, voulant éviter les questions de ma cousine. Lise reste assise en tailleur jouant avec un brin d’herbe.
Le week-end s’achève au diner sous le gros tilleul