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23 décembre 2002

Le premier Noël de Margaux

Je porte deux cafés dans le bureau de mon DRH qui éclate de rire en me voyant

…… Merci mon petit.

….. Comment allez-vous ?

……. Mais bien, depuis ce week-end, et vous ?

Je souris ….. Ça va merci

….. Alors quel est ce pli soucieux sur votre visage ?

Je bois mon café pour me donner une contenance …… Non rien de spécial.

….. Mais encore ?

Je finis par rire ……. Patrick vous n’êtes qu’un indiscret.

Il éclate de rire à son tour ……. Rien que ça ?

….. Vous avez parlé avec manou ?

….. Mon petit je parle beaucoup et de tout avec votre grand-mère.

….. Oui bien sûr.

….. Allez ne vous en faites pas, si c’est pour Maryse, nous allons faire en sorte de la garder un peu avec nous. Odette ne demande que ça !

Je hoche la tête …… D’accord, merci Patrick

Il me sourit ….. Vous n’avez pas à me remercier.

Je ramasse les tasses, et prends le dictaphone qu’il me tend. Je me mets au courrier sans vraiment d’engouement. Heureusement je n’ai pas celui de Matthieu.

Patrick a signé le courrier, je termine la mise sous pli. Je ne sais même pas si mon mari est dans son bureau, sa porte est fermée. Il est à peine onze heures et j’ai terminé mon travail, je me demande bien ce que je vais faire le reste de la journée.

Je vais laver les tasses et le plateau, avec une éponge je nettoie les alentours de la machine à café. J’essaie de m’occuper, quand mon téléphone sonne et me fait sursauter.

…… Darling veux-tu aller en courses ?

….. En courses ?

….. Faire les achats de Noël !

…… Heu lesquels ?

……. Aucune idée, un sapin par exemple et leurs décorations !

….. Ah !

Mon cerveau fonctionne à mille à l’heure …….. Heu non pas besoin.

….. Puis-je savoir pourquoi ?

Ironique je lui fais savoir ma pensée. ..….. Parce que je ne pensais pas que le grand PDG de Cathenry irait trainer les magasins à la recherche de guirlandes et de boules de Noël.

….. Bien !

J’ai senti son mécontentement dans ce simple mot. Je décroche mon téléphone et appelle la villa. C’est Lisette qui me répond

…. Bonjour Lisette

….. Bonjour madame Jorelle.

….. Est-ce que Georges pourrait me conduire cet après-midi dans un grand magasin ?

….. Si madame le désire, bien sûr. Que madame me dise où Georges doit prendre madame.

…. Heu, peut-il venir me chercher au bureau ? Nous gagnerons du temps.

…… Je l’envoie de suite madame.

….. Merci Lisette. Merci beaucoup.

Je sens un sourire dans la voix de l’employée …… Que madame ne s’inquiète pas

Du coup je range mon bureau et attends patiemment que madame Maurane me téléphone. En attendant je préviens Ghyslaine que je pars, et qu’elle ne m’attende pas pour manger.

L’après-midi avec Georges est un vrai plaisir. De par son bon goût nous avons acheté quantité de boules rouges et or, des kilomètres de guirlandes, des sujets de toutes sortes, sans sortir de notre couleur de base.

Dans ce même magasin je fais plusieurs emplettes. Pour chaque employée un coffret de chocolats suisse de grande renommée et une petite jacinthe en pot décoré. Pour les deux jardiniers et Georges, une bonne bouteille de vin accompagnera leurs chocolats

Mentalement je fais le tour de tout le monde. En fait nous avons pour habitude de ne pas se faire de cadeau, je trouve dommage, mais il est vrai que nous avons tout ce qu’il faut.

J’ai pour ma cousine, un tailleur et son corsage. Faisant la même taille que moi, je n’ai pas eu de mal à aller au forum un midi que Matthieu était absent

Je lui offrirai en douce. J’ai aussi pris un jeu de console pour Quentin et un joli ourson musical pour Aurélien. Je n’ai pas non plus oublié Sophie, je lui ai pris une jolie série de casseroles à fond en téflon.

Pour notre puce, avec son papa nous avons pris des vêtements et un trotteur, à cet âge difficile de faire de grands cadeaux, elle ne se rendra même pas compte

J’ai fait de folles dépenses mais je suis ravie. Je peux enfin dépenser sans compter. Mon salaire étant uniquement pour moi. Je n’ai pas à penser aux factures ou autre, je ne fais plus de versements à manou, et mon compte est largement rempli.

Le coffre plein d’emplettes, Georges me dépose à l’appartement, promettant de ranger tous les paquets. Je le remercie en lui recommandant une dernière fois de s’occuper de la décoration et du sapin.

……. A demain Georges, merci pour cet après-midi

….. Madame, vous n’avez pas à me remercier, je suis largement payé pour vous servir.

Je lui serre la main avec un grand sourire. Il remonte en voiture, je le regarde s’éloigner avant de prendre l’ascenseur, l’estomac un peu serré. Il est déjà tard et je m’attends à un accueil des plus froid !

Matthieu n’est pas rentré, je respire un bon coup. Je vais voir ma puce Je joue un bon quart d’heure avec elle, avant que Clara me demande si je veux la faire diner.
…… Non allez-y Clara.

Je vais prendre une douche et enfile une robe d’intérieur, installée sur le canapé j’attends mon mari.

Ce soir pendant le diner, Matthieu me fait savoir qu’il a déjeuné et passé un bon moment avec Marc, qui lui a répété ce que je lui avais dit. Il a soutenu que la comtesse n’était pas au mieux de sa forme et que souvent l’employée répondait pour la tante, lui coupant même la parole ou n’hésitant pas à la contredire.  

Il me fait comprendre qu’il va laisser faire les travaux, en donnant lui-même des directives à Marc qui semblant de rien les imposera au domaine. 

Matthieu m’entraine vers le canapé.

…… Mais ta tante pourra payer les travaux ?

…… Non, elle ne pourra pas, Marc va faire des devis au-dessus des moyens de Maryse

…… Pourquoi ? C’est du vol.

Matthieu sourit, tout en épluchant sa pomme ……… Darling, je connais exactement les finances de Maryse, dans le sens où je m’occupais de ses comptes, que je ne verse plus de rente, qu’elle ne perçoit plus de dividende de la société et que le domaine est lourd à entretenir

……. Mais elle a reçu beaucoup ?

Matthieu fait une moue en haussant une épaule d’un geste comique. …….. J’ai racheté au minima, sur du passif, elle a environ deux cent mille euros.

Ce qui me parait une énorme somme ………. C’est beaucoup quand même.

…… Darling Neuilly est une rente, entre les charges courantes et le personnel.

…. Mais alors comment tu fais ?

…… La société tourne à plein rendement, Neuilly est attaché à la société, c’est donc Cathenry qui paie les charges. Maryse n’est pas au courant, j’ai pris cette décision avec Patrick.

…… Ah d’accord.

…… Lorsque j’ai repris la société, nous étions au bord de la faillite. Il m’a fallu tout relever, les agences une par une, mais Neuilly engloutissait la plupart des bénéfices que je voulais réinjecter dans d’autres agences pour accroitre le chiffre d’affaires, du coup j’ai laissé un peu Neuilly en souffrance

Je glisse ma main dans la sienne. ……. C’est du passé chéri. Tu t’en es sorti à merveille.

….. Patrick m’a soutenu, et ton arrivée dans ma vie a été un souffle de bonheur

….. Oh merci mon chéri.

Il me sourit de ce sourire que j’aime tant.

La comtesse ne tiendra pas longtemps, surtout avec les factures des travaux. Elle va vite se rendre compte que la société et son dirigeant la faisait vivre.

……. Et tu feras quoi alors ?

…… Rien tant que l’autre sera en place. La maison a un bail de trois mois, d’ici là où je le prolonge ou je l’arrête et nous réintégrons le domaine.

Nous finissons notre conversation dans des ébats amoureux, là sur le canapé au risque de nous faire prendre par Clara ou Sophie. En nous en rendant compte, nous éclatons de rire et allons ensemble sous la douche.

Ce matin nous partons avec Clara et notre puce pour la villa.

En arrivant dans le parc je reste éblouie. Partout de grandes guirlandes scintillantes, les arbres pour la plupart nus de leurs feuilles sont décorés de lampes multicolores.

Marjorie nous ouvre la porte avec un grand sourire. …… Bonjour madame Jorelle, bonjour monsieur

Nous la saluons et entrons dans le salon- salle à manger. Catherine à son tour nous reçoit gentiment, un immense sapin trône dans le salon, tout illuminé. Je reste interdite devant la beauté de sa décoration.

L’odeur de la sève empli la pièce. Je prends Margaux des bras de Clara, lui enlève son manteau et l’approche du sapin. En poussant des petits cris, elle allonge le bras, sa menotte s’ouvre et se ferme à chaque exclamation.

Je ris et la donnant à sa nurse. Matthieu me prend la main, nous montons à l’étage vérifier toutes les chambres, sachant que tout le monde va dormir là. Parain et tata, Lise, Manou et Patrick, Alexandre et Sophie qui doit venir avec son patron. Seule pour Noël, il n’était pas question de la laisser à l’appartement.

Les cuisines nous ont préparé un déjeuner léger, après manger, mon mari m’entraine dans une petite balade. J’ai un coup au cœur, pensant au magnifique parc du domaine, de la gloriette ou c’est toujours un plaisir de se retrouver. De ce beau salon de jardin que Matthieu avait offert et qu’on a à peine profiter
Reverrais-je tout ça ? Ma fille connaitra-t-elle ?

Je chasse ma mélancolie en entendant la voiture de Patrick. Nous allons au-devant des arrivants, et rentrons au chaud

J’ai les mains et les pieds glacés.

Nous prenons place dans le salon, aussitôt Catherine pose un plateau de tasses. Matthieu fait le service.

Manou demande sa chambre pour se préparer. Je monte avec ma grand-mère

……. Je t’ai attribuée celle-ci manou, j’espère que ça ira. Tu as la salle de bains ici

Je me dirige vers la porte au fond de la chambre

….. C’est parfait ma poupée.

J’embrasse ma grand-mère ……. Je vais aussi me préparer manou, tu sauras redescendre ?

….. Oui ma puce ne t’inquiète pas.

Je vais embrasser ma fille et jouer une dizaine de minutes avec elle. Elle est déjà en pyjama prête à se coucher. Je souris à Clara ……. Tout va bien ?

…… Oui madame Jorelle.

…… Quand elle sera endormie, mettez le babyphone et descendez en cuisine, les filles ont préparé un petit repas.

….. Merci madame.

J’ai demandé à George, qu’il passe la consigne aux cuisines. Après tout pourquoi ferions-nous bombance et les employés mangeraient ordinairement ? Non pas avec moi. Je pars du principe que nous leur devons tout, ils nous servent avec respect et gentillesse

En arrivant dans notre chambre je trouve mon mari les cheveux humides en caleçon au milieu de la pièce

…… Tu étais où Darling ?

….. Avec Margaux, et j’ai dit à Clara de mettre le babyphone pour descendre aux cuisines, je sais qu’elles font un repas

…… Oui tu as bien fait ma chatte !

Je lui tends mes lèvres qu’il effleure ………. Ne me tente pas madame Jorelle !

Je vais à la salle d’eau en riant.

Je me prépare rapidement tout en prenant soin à mon maquillage et mon brushing. Un voile d’eau de toilette je peux descendre.

Au salon tonton tata et Lise sont arrivés, ils sont en grande conversation avec manou et Patrick. Alexandre et Sophie nous rejoignent pendant que Matthieu sert le champagne en guise d’apéritif.

Nous trinquons à ce nouveau Noël. Tout le monde parle à tout le monde, un joyeux brouhaha se fait entendre. Je suis à mon aise dans le bruit de ma famille, des gens que j’aime, si ce n’est qu’il en manque !

Tata et manou me font compliment du repas qui est une perfection. Les mets de qualité sont tout simplement sublimes. Le foie gras fait et cuisiné par Lisette est véritablement un délice.

Lisette nous a concocté un repas de fêtes digne des plus grands restaurants.

Après les deux entrées, la souris d’agneau fondante accompagnée de petits légumes mi-cuits, je commence à être gavée, Catherine nous sert un petit verre rempli de boule de glace et d’un liquide jaunâtre. Je sens

Matthieu sourit …… C’est un trou normand, glace à la pomme et calva.

Je déguste la cuillère de glace et comme Matthieu me le préconise, j’avale d’un trait l’alcool. Une certaine chaleur se propage dans ma bouche et dans tout mon corps. Je me sens bien, je me sens flotter dans un halo de bonheur

Le reste du repas nous tient encore une petite heure à table.

Nous allons au salon pour prendre café et champagne. Une musique s’élève dans la pièce, Matthieu me tend la main. Je me retrouve dans ses bras à tournoyer. Lise et Alexandre, je vois tonton et tata se lever et nous rejoindre sur la supposée piste.

L’alcool aidant, les bras de mon époux me guidant dans cette valse, je suis comme dit manou tourneboulée.

A minuit nous nous embrassons tous, nous souhaitant plein de bonnes choses.

Je m’éclipse quelques minutes et vais aux cuisines espérant y trouver Georges. Il est là avec les filles, discrètement je lui fais signe

……. Madame Jorelle ?

…… J’aurai voulu donner les petits présents au personnel.

….. Oui madame Jorelle, je vais vous chercher ça

J’attends à peine quelques minutes, Georges revient avec un grand sac de supermarché et une cagette qui contient les petits pots de fleurs.
Je le remercie, nous allons aux cuisines. Les filles finissent leur repas de Noël

…… Je viens par ces quelques petits présents vous remercier d’être à notre service avec autant de gentillesse.
Tout en parlant je leur offre à chacune une boite de chocolat pendant que Georges leur donne une Jacynthe.

Je leur fais la bise en leur souhaitant un joyeux Noël.

En sortant de la pièce je fais un petit signe de la main. En croisant le regard de Lisette je peux voir ses yeux brillants de larmes.

Je retourne au salon, ou des éclats de rires se font entendre.

Le champagne coule à flot, nous dansons jusque tard dans la nuit. Je passe de bras en bras, avec tonton qui me fera valser, Patrick aussi. Alexandre me fera tournoyer dans un slow. Les gars n’oublient pas d’inviter Sophie qui se détend et rit de bon cœur.

Il est trois heures quand nous montons nous coucher. Je suis épuisée et m’endors rapidement dans les bras de mon mari.

Je me lève sans bruit et me prépare tranquillement. Je vais à la chambre de ma puce qui gazouille sur son tapis de jeu, sa nourrice assise à ses côtés.
Dès mon entrée dans la pièce elle prend la petite et se lève ……. Bonjour madame Jorelle, je voulais vous remercier pour hier

Je lui souris …….. Bonjour Clara, rien de plus normal. Je vais descendre avec Margaux

……. Oui madame

Elle me tend ma fille qui babille. A la salle à manger Manou et tata finissent leur déjeuner. Je les embrasse, Sophie arrive, je lui fais la bise

….. Bah qu’avez-vous fait de vos maris ?

Tata sourit ……. Ils sont allés prendre l’air. Donne-moi la petite et déjeune tranquillement

……. Merci tata

Justement Patrick et tonton arrivent, suivis de près des amoureux. Mon mari daigne nous rejoindre, son cousin le taquine. Matthieu répond sur le même ton. Nous finissons par rire.

La journée est plus calme, on sent les convives fatigués. Le repas du midi est à l’image de celui de la veille. Des mets de choix.

Parrain et tata nous quitte en toute fin d’après-midi emmenant Lison. Manou et Patrick restent diner avec nous. Alexandre et Sophie nous quitte aussi.

Le repas léger est très calme, ma grand-mère et son mari nous quittent en milieu de soirée

Matthieu a décidé de nous octroyer quelques jours de repos. En cette fin d’année mon mari a besoin de recharger un peu les batteries. Ses traits tirés en témoignent.

Le matin nous nous prélassons au lit, sans parler, juste à profiter d’être dans les bras rassurants de mon mari. Un silence de communion nous uni, nous n’avons pas besoin de plus pour nous prouver notre amour

Dans la matinée il s’enferme une paire d’heure dans le bureau. Je le soupçonne de téléphoner à son oncle, pour s’enquérir de la bonne marche de la société. Peut-être répondre à quelques mails.

Après le déjeuner du midi, nous allons ensemble nous allonger. A mes côtés je sens Matthieu relâcher la pression et s’abandonner dans un sommeil réparateur. Souvent d’entendre sa respiration tranquille et régulière, je me laisse aller et m’endors à mon tour.

Après un café, nous allons promener notre puce bien emmitouflée soit dans son landau soit dans les bras de son papa.

Cette petite semaine passe très vite, j’ai profité au maximum de ma puce et de son papa. Je le trouve plus reposé, les traits détendus et moins sur la réserve. Ces toutes petites vacances ont été bénéfiques

Lundi soir après diner, nous reprenons la route pour l’appartement. En partant je vais souhaiter bon courage au personnel en leur serrant la main.

Clara couche une Margaux grognon, certainement fatiguée sans pouvoir trouver le sommeil.

Au petit déjeuner, Matthieu me dit aller faire un tour rapide aux bureaux.

Pour m’occuper, je vais prendre le bain à ma puce et lui fais ses soins. Je joue un bon moment avec elle, jusqu’aux premiers signes de sommeil, je la couche et lui fredonne une douce mélodie.

Je vais me prélasser dans un bain chaud et parfumé.

En passant dans le couloir j’entends Clara parler à ma fille qui gazouille, je souris. Je trouve qu’elle fait d’énormes progrès de jour en jour. Sa perle de nourrice s’en occupe merveilleusement bien.

Je décide de lui donner son repas. Elle se tient droite dans sa chaise haute et ouvre bien la bouche, elle essaie d’attraper la cuillère. Du coup je lui en donne une, qu’elle s’empresse de taper dans la purée, ce qui éclabousse un peu les alentours.
Je voudrais lui enlever, ce n’était pas une bonne idée. Un hurlement soudain s’élève dans la cuisine.

Sidérée, je regarde ma fille, sans pouvoir réagir. Au même moment Matthieu entre dans la cuisine

….. Que se passe-t-il ?

En deux mots je lui explique la situation

….. Tu ne dois pas la laisser hurler comme ça darling !

D’un ton sévère son père la faire taire. La petite regarde son père avec une tête toute triste et prête à pleurer.

Il se tourne vers Clara ………. Continuez de la faire déjeuner !

….. Oui monsieur.

Entourant mes épaules il me conduit à la table de la salle à manger. ……… Darling, tu ne peux pas laisser Margaux piquer de telles colères.

…… Ce n’est qu’un bébé.

…. Un bébé qui sait très bien ce qu’elle fait !

Je n’insiste pas, aucune envie qu’on s’engueule pour un bébé de 6 mois qui se met à crier pour une petite cuillère

Après manger, Matthieu m’oblige à aller m’allonger pour me reposer un peu, il voit que je suis contrariée.

Un doux baiser me sort de mon rêve. Matthieu penché sur moi sourit ………. Allez marmotte, va te préparer.

Je l’attrape par le cou et l’oblige à se pencher sur moi, presque couché. Je force sa jolie bouche aux lèvres chaudes, je sens son sourire, nous nous embrassons passionnément, de longues minutes.

…… Allez madame Jorelle, votre grand-mère nous attend

Je le repousse et le taquine en me levant ……… Ah, et pas son mari ?

D’une claque sur les fesses, il me pousse vers la salle d’eau. Je découvre une magnifique robe noire fourreau. Je souris, en me glissant sous l’eau de la douche. Je me maquille soigneusement et reforme mon brushing rapidement.

En pénétrant dans le salon je peux voir mon mari dans toute sa splendeur me détailler les yeux brillants d’amour. Il vient m’enlacer et m’embrasse à m’en faire perdre la tête.
……. Madame Jorelle, il vous faudra un jour payer votre perfection qui a pour effet de me faire perdre tout sens des réalités.

Le cœur battant je ris de bonheur ……… Monsieur Jorelle, vous êtes déloyal, vous faites en sorte que je devienne tentatrice et vous me faites reproche de votre manque de retenue.

C’est en riant que nous descendons au parking, Margaux dans les bras de son père, Clara la mallette bébé à la main.

Chez manou le sapin est somptueusement décoré, quelques paquets au pied. Je suis assez étonnée, il n’est pas dans nos habitudes d’échanger des cadeaux.

Une jeune femme nous débarrasse de nos manteaux, Clara emmène Margaux à la cuisine pour la faire diner. Je sais qu’au moment de l’apéritif elle va passer de bras en bras.

Patrick nous conduit au salon, et nous prie de nous assoir. Je demande à Alexandre à quelle heure arrivent mon parrain tata et Lise

…… Aucune idée, je ne vis pas chez eux. De plus pas sûr qu’ils soient invités

Je hausse une épaule ……. Tu es vraiment nul des fois

Il fronce les sourcils …… Dis-moi mon cher cousin, tu n’as pas encore réussi à la faire taire cette mégère !                                                                                                                                             

Je sens Matthieu à mes côtés se retenir de rire ……….. Que veux-tu mon cher, n’aurais-tu pas un exemple dans tes connaissances ?

…… Oh grand Dieu, jamais de la vie

La joute verbale cesse, alors que nous entendons du bruit. Lise et ses parents viennent nous embrasser. Lise est en beauté, elle a mis le tailleur que je lui ai offert la semaine dernière.
Je la prends dans mes bras et la complimente.
…… Merci à toi ma Méli.

L’animation reprend, quand je vois la figure d’Alexandre changer. Patrick se lève et va au-devant des nouveaux arrivants. Je reconnais sans tourner la tête la voix de Maryse.

Dans un parfait ensemble tout le monde se lève pour l’accueillir. Une soudaine angoisse m’étreint. Une certaine peine m’enveloppe en voyant la vieille dame, amaigrie, la mine triste et fatiguée. Sa dame de compagnie sur ses talons.

Elle embrasse tout le monde sans distinction et s’assoit sur le canapé face à nous. Direct sa bonne femme comme l’appelle mon mari, prend place à ses côtés.

Nous reprenons nos places, la conversation est tombée, et là tout de suite je sens qu’il va y avoir un clash. Mon mari ? Son cousin ? Aucune idée pour l’instant

Patrick propose un porto à la tante qui acquiesce d’un petit sourire. Je me lance

…… Comment allez-vous Maryse ?

La tristesse de son regard me fait mal. Encore un peu et j’aurai l’impression qu’elle va éclater en sanglots.

….. Ni bien, ni mal.

Je prends le verre que Patrick me tend et le remercie d’un grand sourire, j’essaie de lancer une conversation avec tata et ma cousine, quand cette dernière me demande où est sa filleule.

….. Elle mange avec sa nounou, elle va venir après.

Je n’ai pas fini ma phrase que Margaux dans les bras de Clara s’agite et pousse ses petits cris.

Lise se lève et tend les bras, Clara lui donne l’enfant et retourne à la cuisine.

Tata prend la main de la petite et babille avec elle, j’ai envie de rire. Les hommes discutent entre eux, Manou s’exclame devant son arrière-petite-fille qui saute sur les genoux de sa marraine

….. Quelle vivacité cette petite, elle marchera de bonne heure

….. Tu crois manou ?

…. J’en suis certaine, tu as marché tu avais à peine onze mois

Nous voilà à parler de Lise et moi petite. 

Margaux qui est passée des bras de Lise à manou et tata, commence à s’agiter. 

Dans la cuisine, un grand remue-ménage. Je demande à Clara de changer et coucher la petite.

Clara me suit dans le salon pour récupérer la petite. Je suis très étonnée, elle est dans les bras de Maryse et semble écouter avec grand intérêt ce que lui chuchote la tante. J’ai envie de sourire, Margaux étant calmée j’attends un peu avant de mettre fin à ce joli tableau. Je profite de mon téléphone pour faire une photo.

Nous passons à table, manou place ses convives, les anciens d’un bout de table, la jeunesse ensemble à l’opposé.

Le repas se déroule dans les rires et les taquineries des uns et des autres. Alexandre s’attaque à ses futurs beaux-parents avec espièglerie, mon oncle n’est pas dupe et répond du tac au tac. Avec Lise, tata et manou nous sommes obligées de rire. Je surprends quelques sourires de Maryse, ses yeux ont la douceur que j’ai toujours connu. D’un coup mon cœur se serre, j’apprécie tellement cette femme.

Au milieu du repas, j’intercepte un geste de la mère Billion qui ne me plait pas beaucoup. Discrètement je tire la manche de mon mari, qui pose son regard sur moi. Tout aussi discrètement je lui glisse dans l’oreille

….. Elle empêche ta tante de manger, et elle a mis un truc dans son verre, je ne sais pas ce que c’est.

Matthieu d’un regard capte l’attention de son cousin qui comprend que quelque chose n’est pas au goût de Matthieu.

Matthieu …….. Seriez-vous malade ma tante ?

La tante au regard effacé. …… Non mon grand pourquoi ?

….. Pourquoi ? Que prenez-vous comme médicament ?

….. Non c’est pour m’aider à digérer.

Alexandre …… Auriez-vous des difficultés à digérer ?

….. Oui si le repas est trop copieux.

Alexandre sourit …….. Je vous ai connu avoir un bon coup de fourchette pourtant.

La tante baisse des yeux tristes dans son assiette vide sans répondre. Alexandre se lève, fait le tour de la table et d’un mouvement brusque attrape le verre de la tante et le sent. Il sort de la pièce et revient quelques minutes après avec un verre propre.

L’ambiance est retombée, la dame de compagnie, le visage fermé foudroie la tante du regard.
J’ai presqu’envie de me lever et de la gifler, mais pour qui elle se prend cette dingue ?

Les deux cousins discutent à voix basse et en anglais. Je capte quelques mots ou il serait question d’odeur de noisette.

Tonton et Patrick essaient de remettre des discussions plus joyeuses en route. Lise fait son pitre ce qui finit par faire rire tout le monde. 

Nous trainons trois bonnes heures à table, le repas était succulent. Au moment de passer au salon pour le café et les liqueurs, les deux cousins s’approchent de la mère Billion.

Matthieu ……. Je vous prie madame de quitter cette maison, la place des domestiques n’est pas à la table des patrons !

….. Je ne vous permets pas monsieur, je ne fais pas partie de votre personnel

Alexandre ….. Peut-être mais ici c’est la maison de mon père, et nous n’avons pas besoin de vous en ce jour

Matthieu fait un geste de la main, une jeune femme amène le sac et le manteau de la dame de compagnie. Alexandre la raccompagne à la porte. ……. Je vous ai appelé un taxi !

Je glisse ma main dans celle de mon mari. Il penche la tête vers moi, et effleure mes lèvres. ….. Une bonne chose de faite.

…. Vous allez faire quoi ?

…. La virer purement et simplement, en fait elle n’a pas de contrat avec la tante. Nous verrons ça demain.

J’essaie de me replonger dans l’animation du réveillon. Manou me tend un paquet.

…… Le Noël de la petite.

Je me lève et prends manou dans mes bras, je la serre fort…….. Merci manou.

Un joli ourson musical avec une tête toute rigolote. Tata aussi m’offre un paquet, un bel ensemble tricoté, robe et cardigan, je les remercie chaleureusement. Lise à son tour me tend un paquet, je finis par rire

…… Hé ben, je suis gâtée.

Le parrain et la marraine ont pris un jeu d’éveil, fait de cubes, d’anneaux et bien d’autres choses qui s’empilent, dans de jolies couleurs

Je remercie tout le monde en leur faisant la bise. Maryse me tend presque timidement un petit paquet enrubanné. C’est aussi un jouet musical, j’embrasse la tante en la serrant fort dans mes bras.

L’ambiance est bon enfant, manou fait servir café et champagne. Une douce musique s’élève, Matthieu me tend la main, nous nous retrouvons au milieu du salon à danser.
Tard dans la soirée, ou plutôt au petit matin, les deux cousins s’entretiennent à l’écart de tout le monde. Matthieu vient me voir

….. Darling, il était question que nous dormions sur place, avec Alexandre et Elise. Nous aimerions que la tante ne rentre pas à Neuilly, elle va donc dormir ici, et nous allons rentrer, nous reviendrons demain. Clara et Margaux dormiront ici aussi

….. Oui bien sûr, il n’y a pas de problème, mais pourquoi ?

….. Avec Alexandre, demain nous voulons en savoir un peu plus, sur l’état de la tante. 

….. Oui d’accord.

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16 décembre 2002

La villa

En chemin, je rappelle à Matthieu que cette semaine, je dois faire un stage.

…… Vois avec Cériez darling, je vais à Créteil.

….. D’accord, heu je prends qui pour les après-midi ?

….. Vois avec madame Benton ou madame Legal, elles ont des intérimaires

….. D’accord.

Il me dépose aux portes du bureau. Sur le trottoir, je le regarde partir, un sentiment de solitude me prend subitement, sans raison aucune, puisqu’il rentre ce soir.

En entrant dans le sas, je ravale mes larmes et me traite d’imbécile. J’affiche un sourire en pénétrant dans le hall.

Je vais directement au bureau d’Evelyne qui me reçoit gentiment. Sabine arrive derrière moi, nous nous faisons la bise.

Les filles me demandent ce qui m’amène en souriant je leur explique qu’il me faut une intérimaire pour la semaine

Evelyne ……. Il y a Astrid, elle est rapide et comprend facilement.

….. Elle est arrivée ?

….. Oui c’est la blonde là-bas.

…… D’accord

….. Astrid, tu changes de poste, tu es à la direction pour la semaine. Ça ne t’ennuie pas ?

La jeune femme nous regarde …….. Ah non pas du tout.

Je lui souris …… Je vous emmène ?

….. Oui !

J’attends qu’elle prenne ses affaires, son sac et son manteau. Nous montons en ascenseur. Je lui donne le planning à lire, allume les machines et ouvre les armoires

Je prépare le plateau et vais frapper à la porte du DRH, qui sourit en me voyant.

Il se lève pour m’embrasser ……… Comment allez-vous Mélissandre ?

……. Mais bien, et vous ? J’ai récupéré une intérimaire au secrétariat, je suis en stage cette semaine

….. Bien mon petit !

Je discute une bonne heure, avec mon DRH, nous rions sur quelques boutades. De but en blanc il me demande si ma cousine est souffrante.
….. Non pas que je sache pourquoi ?

…… Avec votre grand-mère nous l’avons trouvé sur la réserve ce week-end

…… Un petit différend avec monsieur Duval fils

Il éclate de rire ……. Alors, laissons-les régler leur différend.

Je souris …… Bon je vais aller travailler un peu.

Je donne le dictaphone du DRH à l’intérimaire, en lui disant de prendre exemple sur les feuilles que je lui ai confié.

Je téléphone à Cériez et lui explique qu’il me faut un stage d’une semaine. Je me justifie en expliquant que c’est en accord avec mon PDG et mari. Nous papotons quelques minutes, il m’attend pour 14H
Le dictaphone de Matthieu est plein, et j’ai l’impression de ne pas avancer, le téléphone n’arrête pas de sonner. A midi j’envoie l’intérimaire manger. Enfin vers midi quarante je peux aller chercher ma cousine.

Je propose un plat à la brasserie. Je lui demande si avec son adonis ça va mieux. Elle m’explique qu’elle a éclaté en sanglots, du coup il l’a prise dans ses bras ils se sont expliqués, il s’est excusé de s’être emporté, elle s’est excusée d’avoir mal réagi

Je ris …….. Bon bah voilà tout est bien qui finit bien.

Je vais boire le café au standard, pour faire une bise à mon amie.
De retour au bureau j’accélère pour terminer mes courriers, et vérifie rapidement celui d’Astrid.
A quatorze heures je descends chez Claude.

En remontant je vois l’intérimaire faire la mise sous pli. Je lui demande si tout a été signé.

…… Oui madame.

….. Bien.

Par l’interphone je préviens mon mari que je suis remontée.

….. Veux-tu rentrer ?

….. Tu as fini ?

….. Oui ça ira pour aujourd’hui !

Je range mes affaires et préviens la jeune femme que je pars, qu’elle devra éteindre l’imprimante et le perco.

Je retrouve Matthieu dans son bureau.

En chemin il m’explique qu’il doit aller à Reims pour l’ouverture d’une nouvelle agence.

…… Mais t’arrêteras-tu un jour mon chéri ?

….. Nous n’avions pas de grande enseigne dans la Marne, et j’ai de la demande.

….. D’accord. Tu pars combien de temps ?

….. Demain matin, je pense rentrer jeudi au plus tard.

….. D’accord.

Il se tourne vers moi en souriant …….. Alors si mon épouse est d’accord !

…… Ben d’accord pas d’accord, ça ne changera rien. Et je ne peux même pas venir avec toi, je suis tenue par mon stage

….. Et ça été avec Cériez ?

….. Oui c’est cool, j’aime bien travailler avec lui, il explique bien.

Il sourit en faisant des hum ! Hum !

C’est enlacé que nous allons voir notre puce, dès qu’elle nous voit elle s’agite en poussant ses petits cris.

Ce matin Matthieu me dépose à la société, il espère rentrer demain, jeudi au plus tard. Je l’embrasse avant de présenter ma carte de pointage. Dans le sas je me retourne, Matthieu m’envoie un grand sourire avant de démarrer.

Comme chaque fois qu’il part je ressens comme un abandon. Je monte le cœur gros, les larmes au bord des yeux.

Tout en faisant le café j’essaie de réfléchir à cette attitude complètement folle. Seul un psy pourrait m’aider, mais je pense que ça vient de la perte de ma mère qui est en soi comme un abandon, puis l’attitude de mon père.

Je porte deux cafés dans le bureau de mon DRH qui éclate de rire en me voyant

Nous papotons une petite heure, sur divers sujets sans grande importance, juste histoire de discuter.

Je me sens bien seule à l’étage, mon PDG de mari n’est pas rentré mon DRH a déserté, sur mon bureau le courrier signé.

L’intérimaire n’est pas rentrée de déjeuner. Je me fais un café et tout en réfléchissant je fais la mise sous pli.

A quatorze heures, je descends chez monsieur Cériez en laissant quelques consignes à l’intérimaire.
Claude me reçoit d’un grand sourire et d’une franche poignée de main.

Les trois heures de cours passent en explications de quelques cours que j’ai du mal à retenir.

……. Nous reviendrons dessus demain, si vous le souhaitez

…… Oui d’accord, merci Claude.

Nous nous serrons la main en nous disant à demain, même heure.

Je retrouve l’intérimaire à faire la mise sous pli. Par habitude je lui demande si le courrier a été signé.

…… Oui madame, par le DRH.

…… D’accord, bon je me sauve, vous fermerez les armoires et éteindrez le perco et l’imprimante.

…… Oui d’accord.

Je rassemble mes affaires, vais frapper chez Patrick, pour le prévenir que je rentre. Il se lève et me fait la bise.

……. Bonne soirée Mélissandre

…… Merci Patrick, bonne soirée aussi, embrassez manou

Il sourit ….. Je n’y manquerai pas.

Je vais directement voir ma fille, et joue une petite heure, avant de la rendre à sa nourrice qui va la faire manger

Ce soir Sophie est absente, la soirée est tristounette. Je ne vais même pas à la télévision, je me couche avec un bouquin.

Matthieu me téléphone un peu avant vingt-deux heures, il m’apprend qu’il a bien bossé et espère rentrer plus tôt. J’exulte

……. Je t’attends demain alors

Il éclate de rire …….. Darling je suis arrivé en fin de matinée, le temps d’aller prospecter. Non je pense rentrer jeudi en après-midi ça te va ?

…… Heu bah faudra bien hein !

…… Oui madame Jorelle, je t’aime, dors bien
C’est le cœur gros que je raccroche.

Ce midi je mange avec Lise, Ghyslaine va faire des courses, et Alexandre est plein de rendez-vous à domicile

Nous avalons rapidement un croque-monsieur salade. Lise voudrait que je l’aide pour une dissertation.

Pendant qu’elle s’occupe du café, je relis ses notes. Assise sur une chaise visiteur, elle boit son café à petites gorgées, nous débattons sur ce sujet épineux

‘’La raison peut-elle tout expliquer ?’’

Je réfléchis quelques secondes. Sans lui donner mes idées, je la laisse noter quelques questions qui vont l’aider, la conseille de faire des recherches sur Kant et sa pensée. Je l’aiguille en lui justifiant le terme raison qui vient du latin ratio qui veut dire calcul

Je fini par lui expliquer que la raison se définit comme la capacité de l’Homme à formuler des jugements mais aussi à faire la différence entre le vrai et le faux, le bien et le mal. Et enfin je lui fais remarquer que la raison est une faculté de juger qui permet à l’homme de connaitre le monde théorique et d’orienter ses actions dans l’aspect pratique.

Lise me regarde avec de grands yeux étonnés ………. Woua l’intello ! Je suis scotchée

Je ris ……. Pourquoi ?

….. Mais comment tu sais tout ça ?

….. J’ai appris ma Lison !

…… Bon je fais et je t’emmène pour dire si je ne suis pas hors sujet ?

….. Oui, ok !

Elle m’embrasse en me serrant dans ses bras ………. Merci ma Méli, tu es la meilleure

L’intérimaire entre et nous regarde en souriant. Lise fait coucou de la main et referme la porte en douceur

A quatorze heures, je descends chez monsieur Cériez en laissant quelques consignes à l’intérimaire.
Claude me reçoit d’un grand sourire et d’une franche poignée de main. Nous revoyons les deux leçons d’hier et lundi, il me pose des questions pertinentes, je ne tombe pas dans les pièges, mais les déjoue habilement. Notre cours se termine en éclats de rire.

Ce mercredi je mange avec Ghyslaine que je trouve bien silencieuse
…… Qu’est-ce qui se passe Ghy ?

…… J’ai du mal à trouver une nourrice, du coup Marc ne prend pas de chantier et garde les enfants

…… Ah mince. Tu t’es renseignée auprès de qui ?

…… La mairie, et la PMI mais les nourrices ont leur quota pour l’année, je me réveille un peu tard.

…… Et tu n’as pas de crèche

…… C’est pareil, tu sais, il faut s’y prendre au 6e mois de grossesse

……. Ah zut, je ne sais pas quoi te dire. Et quelqu’un qui viendrait chez toi c’est cher ?

Elle sourit …… Ma belle, on n’a pas vraiment les moyens

…… Oui je me doute. Mets des annonces chez les commerçants, souvent quand j’étais étudiante je trouvais comme ça

…… Oui je vais voir.

J’essaie de lui trouver des idées. Décidément je suis vraiment chanceuse d’être libérée de tous ces soucis qui minent.

En rentrant je glisse mon bras sous celui de mon amie, pour essayer de lui donner un peu de réconfort. Je la quitte devant sa porte de standard en l’embrassant.

Alors que je m’apprête à me coucher, Matthieu me téléphone pour me dire qu’il est satisfait, il me pose des questions sur le bureau, je le rassure en le faisant rire.

J’ai hâte, il m’a promis de rentrer demain en milieu d’après-midi.

Le cours de Claude Cériez se termine en fou rire, comme souvent. Sous ses airs d’avocat austère, c’est en fait un type super et rempli d’humour.

Alors que je remonte au bureau, la porte de communication avec mon mari est ouverte. Je me précipite.
…… Oh tu es rentré.

Il éclate de rire ………. Je viens juste d’arriver darling

Nous échangeons un long baiser qui me fait frémir. Doucement il se détache de moi.

……. Veux-tu rentrer ?

….. Heu oui si tu veux.
….. Il nous faut nous préparer, ce soir est le gala de fin d’année

…… Ah bon ! Mais tu ne m’as rien dit, je n’ai pas de tenue de prévue.

Il sourit ……. Madame Jorelle, dois-je jusqu’à aller m’occuper de vos tenues ?

…… Heu bah non, mais je ne savais pas.

…… Je t’ai fait livrer une robe darling.

Je monte sur ma pointe des pieds et murmure sur ses lèvres ……….. Merci monsieur mon mari

Il attrape ma taille et force ma bouche je glisse mes mains autour de sa taille, pour me serrer contre lui.
……. Allez femme de petite vertu, dépêche-toi

Je souris en allant chercher mes affaires, Matthieu me rejoint dans mon bureau. Il pose le parapheur sur le bureau d’Astrid et m’aide à enfiler mon manteau. Il attrape ma main nous allons à l’ascenseur.

Je vais voir ma puce avant de finir de me préparer. J’aime autant qu’elle ne bave pas sur ma robe. Cette robe que Matthieu m’a fait livrer, et qui vont en faire rêver plus d’une.

Deux ans déjà que je suis entrée dans la vie de Matthieu, ou plutôt deux ans que j’ai découvert être follement amoureuse de ce bel homme inabordable. Ce même gala qui m’a fait savoir que ma vie ne serait plus pareille sans cet homme.
Même dans mes rêves les plus fous, je ne pouvais imaginer que lui aussi tombait amoureux de la petite standardiste que j’étais.

Mathieu me rejoint, beau comme un Dieu dans ce costume au tissu soyeux. ……… Darling vas te préparer.

Je lui tends ma bouche pour sentir ses lèvres chaudes sur les miennes.
Au bras de mon mari, aux yeux de tous, nous entrons dans ce grand salon qui respire l’argent et l’aisance des personnes présentes.

Matthieu m’entraine vers le vestiaire, il range le petit carré de plastic dans sa poche et me donne la main.

J’ai envie d’éclater de rire. Monsieur et madame Duval viennent à notre rencontre.

Manou est magnifique dans une robe longue. Les deux hommes nous emmènent vers une banquette, un serveur nous offre une coupe de champagne.
…… Tu es belle manou

….. Merci ma puce, tu es resplendissante !

Mon pouls s’accélère, comment peut-on être aussi heureux ? Est-ce que ça ne va pas s’arrêter subitement ?

Je chasse vite mes pensées noires et essaie de m’intéresser à ce que racontent les hommes.

Le repas est comme dans mes souvenirs, ni mauvais ni bon. Il est quelconque, ce qui interpelle dans ces grands salons luxueux.

Matthieu me fera danser une bonne partie de la soirée, jusqu’au petit matin. Patrick et Manou sont partis depuis un bon moment.

Je m’allonge avec plaisir dans le lit, il n’est pas loin de trois heures du matin.

Je me réveille seule dans ce grand lit, en me penchant légèrement je peux lire l’heure sur le radio-réveil de Matthieu.

Oh ! Il est dix heures vingt. Je me lève d’un bond. Dans la salle à manger ma tasse et le petit déjeuné est resté. Je vais à la cuisine. Madame Breton me reçoit avec sa gentillesse un peu bourrue. Elle me fait savoir que Matthieu est parti il y a un peu plus d’une heure.

Une douche fraiche me sort de ma fatigue, j’enfile à la hâte un jeans et un sweat. Je vais passer un bon moment auprès de ma puce.

Je suis admirative à ses progrès. Elle arrive à attraper un cube si je lui tends. Elle le porte à la bouche, et en riant je lui enlève

…… Non, non petite coquine, ce n’est pas bon

Ce qui la fait rire aux éclats.

Je tourne la tête au bruit de la porte. Matthieu dans l’encadrement sourit ironiquement

….. Quoi ?

….. Bonjour madame Jorelle.

Je m’extirpe du fauteuil, la petite dans les bras, j’embrasse mon mari, qui murmure tout près de mes lèvres ……… Vous êtes ravissante madame Jorelle.

Je rougis légèrement et lui tends sa fille.

Il dépose un baiser sur son front et la donne à sa nourrice, il m’entraine dans le salon. Sur la petite table un plateau et deux verres.

Je trempe mes lèvres dans ce liquide légèrement amer et sirupeux.

….. Dis-moi darling, as-tu pensé au menu de Noël ?

Je reviens sur terre, et regarde mon mari sans vraiment comprendre sa question. ……… Heu bah non pourquoi ?

….. Pourquoi ? Noël est dans deux jours, et il me semble que nous ayons des invités.

….. Heu bah je ne sais pas, tu ne veux pas t’en occuper ?

…. Madame Jorelle, j’aimerais que vous preniez vos fonctions d’épouse et maitresse des lieux.
Je souris et hausse légèrement mon épaule …… Bah je ne sais pas ! Une dinde aux marrons ?

….. Tu n’aurais pas plus original ?

….. Heu bah tu veux manger quoi ?

….. Non darling, tu ne m’auras pas, c’est à toi de décider et donner les ordres pour la cuisine.

….. Mais d’habitude qui s’occupe des repas à Neuilly

…. Maryse entre autres ! Il me semble qu’elle représentait la maitresse de maison, avant ton arrivée

…. Mais après aussi, elle n’a jamais fait appel à moi

….. Fais-toi aider de manou ou ta tante !

….. Heu oui d’accord !

….. Le réveillon étant mardi soir, nous irons à Neuilly lundi après-midi. Ce week-end j’ai invité tout le monde

….. Deux jours pour préparer un réveillon ?

Mon mari sourit …….. Dis-moi n’ai-je pas le droit à quelques jours de congés ? De plus tu auras tout à organiser la salle à manger, la décoration d’un sapin, les menus à établir avec Lisette, crois-tu que tout se fasse sans nous ?

….. Heu mais non, mais je n’ai pas l’habitude, commander du personnel ce n’est pas facile

….. Notre personnel te vénère, alors ne te fais pas de souci !

…… Bon d’accord !

….. Passons-nous à table ?

….. Heu oui bien sûr.

Je sens l’homme détendu et de bonne humeur, je profite du repas pour lui rapporter la conversation que j’aie eu avec Ghyslaine

Au fur et à mesure que je lui relate les propos, je vois son visage changer, ses yeux foncer. Je sens la colère proche.

….. Quand as-tu appris ça ?

…… La semaine dernière, mais comme tu étais préoccupé avec ta nouvelle agence, je ne voulais pas rajouter de soucis.

…… Bien ! Merci darling

….. Tu vas faire quoi ?

…. Dans le sens ou Neuilly m’appartiens, et que je n’ai donné aucun ordre, il n’y aura pas de travaux

….. Oui mais si ta tante, les ordonne ?

….. Alors je porterai plainte pour dégradation de biens

….. Tu sais mon chéri, je crois que ta tante est complètement sous l’emprise de cette folle

…. J’ai voulu l’éliminer de son entourage, elle s’y est opposée !

….. Je crois qu’elle est dépassée par tout ça. Tu sais, elle ne se porte pas très bien, d’après manou, elle a énormément maigri, l’autre la prive de nourriture. Elle se plaint

….. Qui se plaint ?

…. Ta tante, aurait lâchée quelques bribes à manou.

….. Comme quoi ? Subit-elle des sévices ?

….. La laisser crever de faim fait partie des sévices ?

….. Hum, laissons passer Noël nous verrons après

….. Tu vas l’inviter pour Noël ?

….. Non !

….. Pourquoi Matthieu ? Vois-là au moins, discute avec elle

….. Je lui ai dit ce que j’avais à lui dire, elle n’a pas entendu, qu’elle fasse sa vie comme elle l’entend.

Mon pouls s’emballe, c’est avec colère que je lâche ……. C’est dingue quand même !

…. Qu’est-ce qui est dingue ?

…. Avec Alexandre, vous ne lâchez jamais ?

Il plonge son regard dans le mien, et me fixe quelques secondes, sa voix sèche claque dans le silence de la salle à manger

……. On invite ton père à Noël ?

….. Certainement pas !

….. Alors le sujet est clos !

Je commence à m’énerver ……. Mais ça n’a rien à voir

….. C’est exactement la même chose. Ton père héberge une intrigante, ma tante aussi. Donne-moi la différence !

….. La différence ? Mon père vit heureux entre sa gonzesse et sa nouvelle fille, à contrario ta tante est enfermée avec une folle qui refuse l’accès de la maison à tout le monde !

D’un ton froid, un ton qui n’admet pas de réplique, en jetant sa serviette sur la table, il me balance en pleine figure

……. Contente toi d’être une bonne maitresse de maison, et ne t’occupe pas des histoires de famille !

Je suis soufflée, je n’ai même pas le temps de répondre, qu’il a déjà quitté la pièce.

La petite gazouille dans son siège auto. Je suis calée contre la portière et ne parle pas. J’ai du ressenti sur la dispute d’hier au soir.

Sitôt descendue de voiture, je vais à la cuisine, saluer le personnel et m’entretenir avec Lisette, je sais qu’elle a l’habitude et qu’elle saura me guider.

Sans façon je m’assois à la grande table, ou deux jeunes femmes épluches des légumes. Ne connaissant pas du tout le rangement des placards, je demande s’il est possible d’avoir un café.
Lisette me sert avec un grand sourire. Sent-elle que sa patronne, ou plutôt la femme du patron est contrariée.

….. Lisette, que pourrions-nous prévoir comme repas de Noël et pour le lendemain.

…. Que plairait-il à madame de manger ?

Je souris tristement …… Je n’en ai aucune idée, n’ayant jamais eu à me préoccuper de repas ou de maison et de marche à suivre.

Lisette avec sa gentillesse, me rassure. Nous réussissons en même pas une demie heure à établir plusieurs menus. Je la remercie chaleureusement et monte voir si ma fille dort.

Une jeune femme me fait savoir que la nurse est descendue avec l’enfant

Je redescends mécontente. Décidément je ne sens pas cette journée, comme une journée grand bonheur. Au salon j’allume la télé et m’enfonce dans les coussins du grand fauteuil.

Toute à mes pensées, je ne regarde même pas le programme, quand du bruit me fait tourner la tête. Manou au bras de Patrick fait son entrée.

Un poids se détache de mon estomac, les larmes aux yeux je me lève embrasser Patrick et serrer ma grand-mère dans mes bras.

…… Tout va bien ma poupée ?

En essuyant mes yeux je fais oui de la tête. Matthieu vient saluer les arrivants. Catherine pose son plateau de verres, Matthieu sert l’apéritif.

L’oncle et le neveu essaient de tenir un semblant de dialogue. Je sens le regard de manou peser sur moi.

Le repas n’est pas triste, mais pas animé non plus. Je ne parle pratiquement pas. Dès la fin, les deux hommes se retirent dans le bureau. Je respire un peu

Manou et moi allons au salon. Catherine nous sert le café

…… Tu veux la télé manou ?

….. Pas spécialement ma puce. Veux-tu me parler de ce souci qui barre ton front ?

J’essaie de sourire à ma grand-mère, en quelques mots je lui relate la discussion mouvementé avec mon mari hier au soir. Je lui fais part de mon désarroi vis-à-vis de la tante que j’apprécie beaucoup. J’insiste sur le fait que je l’ai connue gaie, agréable souriante.

……. Nous en avons parlé avec Patrick, tu n’es pas sans savoir que seul ton mari peut prendre ce genre de décision. Nous l’avons conviée pour le trente et un.

….. Et elle va venir avec sa bonne femme ?

Manou sourit ……. Aucune idée ma puce. Son frère va essayer de lui faire entendre raison, nous la garderons à dormir

….. Manou, comment peut, elle être si faible devant les autres ?

…..Comment ça ?

…. Elle n’a pas plus de caractère ? Elle se laissera toujours bouffer ?

…… Ma puce, elle est d’une ancienne génération, élevée dans la tradition des grandes maisons, son mari menait la barque, elle n’a jamais eu à se battre pour vivre, elle s’est toujours laissée bercer, et elle va dans le sens du vent.

….. Non manou je ne suis pas d’accord, elle sait imposer ses idées quand elle veut.

….. Poupée, j’adore ton mari et tu le sais, et je ne voudrais pas que tu puisses penser que je médis, mais Matthieu impose sa loi partout, et tu le sais !

….. Alors ça veut dire qu’on va la laisser mourir sans bouger le petit doigt ?

….. Laisse faire Patrick, ne t’inquiète pas. Ton mari arrive à se ranger aux idées et aux paroles de son oncle qui sait être persuasif en douceur.

….. Bah j’espère !

….. Apprends ma puce, à ne pas prendre ton mari de front, il n’a pas l’habitude qu’on lui tienne tête, n’oublie pas sa position.

….. Oui d’accord manou

Je change de sujet, pour ne pas plomber l’après-midi, malgré tout j’ai du ressenti envers Matthieu. Je n’apprécie pas du tout d’être reléguée au simple rôle de femme de maison.

Nous ne reverrons les hommes qu’en fin d’après-midi, au moment où mon oncle et ma tante arrivent avec Lise. Je suis contente de leur venue, je sais que ça va adoucir cette atmosphère un peu lourde.
Alexandre nous rejoint presqu’à l’heure du repas.

Le diner est plus animé que le déjeuner, j’arrive à sourire avec Lise qui nous amuse de ses réparties.

Après le repas, elle m’entraine dehors, malgré le froid glacial, nous faisons quelques pas pendant qu’elle grille sa clope

…… Tu es souffrante Méli ?

…… Non je me suis frittée avec Matthieu.

….. Oh merde pourquoi ? Heu non tu me dis que si tu veux

Je lui raconte en quelques mots la discussion et la remise en place de mon mari

….. Il l’a dit sur le coup de l’énervement, Méli.

…… Non je n’accepte pas, et là je lui en veux, c’est la première fois qu’il me remet à une place de femme de ménage

Elise éclate de rire ……… Mais non ma Méli, juste que c’est difficile pour eux cette situation, et tu connais les gars, ils sont orgueilleux, on ne peut pas leur dire ce qu’ils doivent faire.

….. Je ne lui ai pas non plus dit, ce qu’il devait faire. Laisse tomber.

Nous rentrons en pressant le pas, nous sommes gelées. Lise passe aux toilettes, je rejoins le salon ou les voix vont bon train.

Personne ne demande rien, et ça me soulage. Je n’aurai pas supporter une réflexion. J’attends un temps raisonnable, avant de dire bonsoir et de monter me coucher

Après une douche rapide, je me glisse dans les draps et me tourne. J’essaie de m’endormir, mais je crois que le sommeil va me fuir.

Alors que je suis entourée de ma famille, je me sens angoissée. Je descends déjeuner, la salle à manger est vide et Matthieu n’était plus dans le lit.

Catherine me salue d’un grand sourire, auquel je réponds. Je me sers une grande tasse de café, ajoute deux sucres et un peu de lait. Je n’ai pas faim, et les petits pains tout chauds ne me tentent pas.

Alors que je vais pour quitter la salle à manger, Matthieu et Alexandre viennent s’installer. Matthieu effleure mes lèvres, son cousin me fait un grand sourire …… Bonjour cousine number one

…… Bonjour !

Je n’attends pas et me lève, je monte à l’étage pour voir ma puce, Clara finit de l’habiller

Elle se lève prestement ……. Bonjour madame Jorelle

….. Bonjour Clara. Tout va bien ?

…. Oui madame, Margaux est une gentille petite fille.

Je souris et tends les bras, elle me place l’enfant qui sautille contre moi.

Je descends avec ma fille et m’installe au salon. Au moins j’aurai une occupation au milieu de leur bla-bla

Au bout d’une petite heure Margaux commence à s’agiter, je la remonte à sa nourrice et redescends sans beaucoup d’énergie.

Dans la matinée, je vais faire un tour dans le parc avec ma cousine. J’essaie de ne rien laisser paraître et tout en la laissant fumer sa cigarette, je parle comme si aucun souci ne me perturbait.

Pendant le déjeuner, les conversations vont bon train entre manou et tata au sujet des repas pour les réveillons. Je ne relève pas, et ne préviens même pas qu’ici tout est au point grâce à Lisette.

Mon oncle et ma tante parte relativement tôt. Comme dit tonton, on ne sait jamais s’il ne va pas geler. Lise part avec ses parents, Alexandre ayant quelques paperasses à faire, nous quitte rapidement
Je vais dire au revoir au personnel dans la cuisine, nous rentrons à Paris.

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