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23 décembre 2002

Le premier Noël de Margaux

Je porte deux cafés dans le bureau de mon DRH qui éclate de rire en me voyant

…… Merci mon petit.

….. Comment allez-vous ?

……. Mais bien, depuis ce week-end, et vous ?

Je souris ….. Ça va merci

….. Alors quel est ce pli soucieux sur votre visage ?

Je bois mon café pour me donner une contenance …… Non rien de spécial.

….. Mais encore ?

Je finis par rire ……. Patrick vous n’êtes qu’un indiscret.

Il éclate de rire à son tour ……. Rien que ça ?

….. Vous avez parlé avec manou ?

….. Mon petit je parle beaucoup et de tout avec votre grand-mère.

….. Oui bien sûr.

….. Allez ne vous en faites pas, si c’est pour Maryse, nous allons faire en sorte de la garder un peu avec nous. Odette ne demande que ça !

Je hoche la tête …… D’accord, merci Patrick

Il me sourit ….. Vous n’avez pas à me remercier.

Je ramasse les tasses, et prends le dictaphone qu’il me tend. Je me mets au courrier sans vraiment d’engouement. Heureusement je n’ai pas celui de Matthieu.

Patrick a signé le courrier, je termine la mise sous pli. Je ne sais même pas si mon mari est dans son bureau, sa porte est fermée. Il est à peine onze heures et j’ai terminé mon travail, je me demande bien ce que je vais faire le reste de la journée.

Je vais laver les tasses et le plateau, avec une éponge je nettoie les alentours de la machine à café. J’essaie de m’occuper, quand mon téléphone sonne et me fait sursauter.

…… Darling veux-tu aller en courses ?

….. En courses ?

….. Faire les achats de Noël !

…… Heu lesquels ?

……. Aucune idée, un sapin par exemple et leurs décorations !

….. Ah !

Mon cerveau fonctionne à mille à l’heure …….. Heu non pas besoin.

….. Puis-je savoir pourquoi ?

Ironique je lui fais savoir ma pensée. ..….. Parce que je ne pensais pas que le grand PDG de Cathenry irait trainer les magasins à la recherche de guirlandes et de boules de Noël.

….. Bien !

J’ai senti son mécontentement dans ce simple mot. Je décroche mon téléphone et appelle la villa. C’est Lisette qui me répond

…. Bonjour Lisette

….. Bonjour madame Jorelle.

….. Est-ce que Georges pourrait me conduire cet après-midi dans un grand magasin ?

….. Si madame le désire, bien sûr. Que madame me dise où Georges doit prendre madame.

…. Heu, peut-il venir me chercher au bureau ? Nous gagnerons du temps.

…… Je l’envoie de suite madame.

….. Merci Lisette. Merci beaucoup.

Je sens un sourire dans la voix de l’employée …… Que madame ne s’inquiète pas

Du coup je range mon bureau et attends patiemment que madame Maurane me téléphone. En attendant je préviens Ghyslaine que je pars, et qu’elle ne m’attende pas pour manger.

L’après-midi avec Georges est un vrai plaisir. De par son bon goût nous avons acheté quantité de boules rouges et or, des kilomètres de guirlandes, des sujets de toutes sortes, sans sortir de notre couleur de base.

Dans ce même magasin je fais plusieurs emplettes. Pour chaque employée un coffret de chocolats suisse de grande renommée et une petite jacinthe en pot décoré. Pour les deux jardiniers et Georges, une bonne bouteille de vin accompagnera leurs chocolats

Mentalement je fais le tour de tout le monde. En fait nous avons pour habitude de ne pas se faire de cadeau, je trouve dommage, mais il est vrai que nous avons tout ce qu’il faut.

J’ai pour ma cousine, un tailleur et son corsage. Faisant la même taille que moi, je n’ai pas eu de mal à aller au forum un midi que Matthieu était absent

Je lui offrirai en douce. J’ai aussi pris un jeu de console pour Quentin et un joli ourson musical pour Aurélien. Je n’ai pas non plus oublié Sophie, je lui ai pris une jolie série de casseroles à fond en téflon.

Pour notre puce, avec son papa nous avons pris des vêtements et un trotteur, à cet âge difficile de faire de grands cadeaux, elle ne se rendra même pas compte

J’ai fait de folles dépenses mais je suis ravie. Je peux enfin dépenser sans compter. Mon salaire étant uniquement pour moi. Je n’ai pas à penser aux factures ou autre, je ne fais plus de versements à manou, et mon compte est largement rempli.

Le coffre plein d’emplettes, Georges me dépose à l’appartement, promettant de ranger tous les paquets. Je le remercie en lui recommandant une dernière fois de s’occuper de la décoration et du sapin.

……. A demain Georges, merci pour cet après-midi

….. Madame, vous n’avez pas à me remercier, je suis largement payé pour vous servir.

Je lui serre la main avec un grand sourire. Il remonte en voiture, je le regarde s’éloigner avant de prendre l’ascenseur, l’estomac un peu serré. Il est déjà tard et je m’attends à un accueil des plus froid !

Matthieu n’est pas rentré, je respire un bon coup. Je vais voir ma puce Je joue un bon quart d’heure avec elle, avant que Clara me demande si je veux la faire diner.
…… Non allez-y Clara.

Je vais prendre une douche et enfile une robe d’intérieur, installée sur le canapé j’attends mon mari.

Ce soir pendant le diner, Matthieu me fait savoir qu’il a déjeuné et passé un bon moment avec Marc, qui lui a répété ce que je lui avais dit. Il a soutenu que la comtesse n’était pas au mieux de sa forme et que souvent l’employée répondait pour la tante, lui coupant même la parole ou n’hésitant pas à la contredire.  

Il me fait comprendre qu’il va laisser faire les travaux, en donnant lui-même des directives à Marc qui semblant de rien les imposera au domaine. 

Matthieu m’entraine vers le canapé.

…… Mais ta tante pourra payer les travaux ?

…… Non, elle ne pourra pas, Marc va faire des devis au-dessus des moyens de Maryse

…… Pourquoi ? C’est du vol.

Matthieu sourit, tout en épluchant sa pomme ……… Darling, je connais exactement les finances de Maryse, dans le sens où je m’occupais de ses comptes, que je ne verse plus de rente, qu’elle ne perçoit plus de dividende de la société et que le domaine est lourd à entretenir

……. Mais elle a reçu beaucoup ?

Matthieu fait une moue en haussant une épaule d’un geste comique. …….. J’ai racheté au minima, sur du passif, elle a environ deux cent mille euros.

Ce qui me parait une énorme somme ………. C’est beaucoup quand même.

…… Darling Neuilly est une rente, entre les charges courantes et le personnel.

…. Mais alors comment tu fais ?

…… La société tourne à plein rendement, Neuilly est attaché à la société, c’est donc Cathenry qui paie les charges. Maryse n’est pas au courant, j’ai pris cette décision avec Patrick.

…… Ah d’accord.

…… Lorsque j’ai repris la société, nous étions au bord de la faillite. Il m’a fallu tout relever, les agences une par une, mais Neuilly engloutissait la plupart des bénéfices que je voulais réinjecter dans d’autres agences pour accroitre le chiffre d’affaires, du coup j’ai laissé un peu Neuilly en souffrance

Je glisse ma main dans la sienne. ……. C’est du passé chéri. Tu t’en es sorti à merveille.

….. Patrick m’a soutenu, et ton arrivée dans ma vie a été un souffle de bonheur

….. Oh merci mon chéri.

Il me sourit de ce sourire que j’aime tant.

La comtesse ne tiendra pas longtemps, surtout avec les factures des travaux. Elle va vite se rendre compte que la société et son dirigeant la faisait vivre.

……. Et tu feras quoi alors ?

…… Rien tant que l’autre sera en place. La maison a un bail de trois mois, d’ici là où je le prolonge ou je l’arrête et nous réintégrons le domaine.

Nous finissons notre conversation dans des ébats amoureux, là sur le canapé au risque de nous faire prendre par Clara ou Sophie. En nous en rendant compte, nous éclatons de rire et allons ensemble sous la douche.

Ce matin nous partons avec Clara et notre puce pour la villa.

En arrivant dans le parc je reste éblouie. Partout de grandes guirlandes scintillantes, les arbres pour la plupart nus de leurs feuilles sont décorés de lampes multicolores.

Marjorie nous ouvre la porte avec un grand sourire. …… Bonjour madame Jorelle, bonjour monsieur

Nous la saluons et entrons dans le salon- salle à manger. Catherine à son tour nous reçoit gentiment, un immense sapin trône dans le salon, tout illuminé. Je reste interdite devant la beauté de sa décoration.

L’odeur de la sève empli la pièce. Je prends Margaux des bras de Clara, lui enlève son manteau et l’approche du sapin. En poussant des petits cris, elle allonge le bras, sa menotte s’ouvre et se ferme à chaque exclamation.

Je ris et la donnant à sa nurse. Matthieu me prend la main, nous montons à l’étage vérifier toutes les chambres, sachant que tout le monde va dormir là. Parain et tata, Lise, Manou et Patrick, Alexandre et Sophie qui doit venir avec son patron. Seule pour Noël, il n’était pas question de la laisser à l’appartement.

Les cuisines nous ont préparé un déjeuner léger, après manger, mon mari m’entraine dans une petite balade. J’ai un coup au cœur, pensant au magnifique parc du domaine, de la gloriette ou c’est toujours un plaisir de se retrouver. De ce beau salon de jardin que Matthieu avait offert et qu’on a à peine profiter
Reverrais-je tout ça ? Ma fille connaitra-t-elle ?

Je chasse ma mélancolie en entendant la voiture de Patrick. Nous allons au-devant des arrivants, et rentrons au chaud

J’ai les mains et les pieds glacés.

Nous prenons place dans le salon, aussitôt Catherine pose un plateau de tasses. Matthieu fait le service.

Manou demande sa chambre pour se préparer. Je monte avec ma grand-mère

……. Je t’ai attribuée celle-ci manou, j’espère que ça ira. Tu as la salle de bains ici

Je me dirige vers la porte au fond de la chambre

….. C’est parfait ma poupée.

J’embrasse ma grand-mère ……. Je vais aussi me préparer manou, tu sauras redescendre ?

….. Oui ma puce ne t’inquiète pas.

Je vais embrasser ma fille et jouer une dizaine de minutes avec elle. Elle est déjà en pyjama prête à se coucher. Je souris à Clara ……. Tout va bien ?

…… Oui madame Jorelle.

…… Quand elle sera endormie, mettez le babyphone et descendez en cuisine, les filles ont préparé un petit repas.

….. Merci madame.

J’ai demandé à George, qu’il passe la consigne aux cuisines. Après tout pourquoi ferions-nous bombance et les employés mangeraient ordinairement ? Non pas avec moi. Je pars du principe que nous leur devons tout, ils nous servent avec respect et gentillesse

En arrivant dans notre chambre je trouve mon mari les cheveux humides en caleçon au milieu de la pièce

…… Tu étais où Darling ?

….. Avec Margaux, et j’ai dit à Clara de mettre le babyphone pour descendre aux cuisines, je sais qu’elles font un repas

…… Oui tu as bien fait ma chatte !

Je lui tends mes lèvres qu’il effleure ………. Ne me tente pas madame Jorelle !

Je vais à la salle d’eau en riant.

Je me prépare rapidement tout en prenant soin à mon maquillage et mon brushing. Un voile d’eau de toilette je peux descendre.

Au salon tonton tata et Lise sont arrivés, ils sont en grande conversation avec manou et Patrick. Alexandre et Sophie nous rejoignent pendant que Matthieu sert le champagne en guise d’apéritif.

Nous trinquons à ce nouveau Noël. Tout le monde parle à tout le monde, un joyeux brouhaha se fait entendre. Je suis à mon aise dans le bruit de ma famille, des gens que j’aime, si ce n’est qu’il en manque !

Tata et manou me font compliment du repas qui est une perfection. Les mets de qualité sont tout simplement sublimes. Le foie gras fait et cuisiné par Lisette est véritablement un délice.

Lisette nous a concocté un repas de fêtes digne des plus grands restaurants.

Après les deux entrées, la souris d’agneau fondante accompagnée de petits légumes mi-cuits, je commence à être gavée, Catherine nous sert un petit verre rempli de boule de glace et d’un liquide jaunâtre. Je sens

Matthieu sourit …… C’est un trou normand, glace à la pomme et calva.

Je déguste la cuillère de glace et comme Matthieu me le préconise, j’avale d’un trait l’alcool. Une certaine chaleur se propage dans ma bouche et dans tout mon corps. Je me sens bien, je me sens flotter dans un halo de bonheur

Le reste du repas nous tient encore une petite heure à table.

Nous allons au salon pour prendre café et champagne. Une musique s’élève dans la pièce, Matthieu me tend la main. Je me retrouve dans ses bras à tournoyer. Lise et Alexandre, je vois tonton et tata se lever et nous rejoindre sur la supposée piste.

L’alcool aidant, les bras de mon époux me guidant dans cette valse, je suis comme dit manou tourneboulée.

A minuit nous nous embrassons tous, nous souhaitant plein de bonnes choses.

Je m’éclipse quelques minutes et vais aux cuisines espérant y trouver Georges. Il est là avec les filles, discrètement je lui fais signe

……. Madame Jorelle ?

…… J’aurai voulu donner les petits présents au personnel.

….. Oui madame Jorelle, je vais vous chercher ça

J’attends à peine quelques minutes, Georges revient avec un grand sac de supermarché et une cagette qui contient les petits pots de fleurs.
Je le remercie, nous allons aux cuisines. Les filles finissent leur repas de Noël

…… Je viens par ces quelques petits présents vous remercier d’être à notre service avec autant de gentillesse.
Tout en parlant je leur offre à chacune une boite de chocolat pendant que Georges leur donne une Jacynthe.

Je leur fais la bise en leur souhaitant un joyeux Noël.

En sortant de la pièce je fais un petit signe de la main. En croisant le regard de Lisette je peux voir ses yeux brillants de larmes.

Je retourne au salon, ou des éclats de rires se font entendre.

Le champagne coule à flot, nous dansons jusque tard dans la nuit. Je passe de bras en bras, avec tonton qui me fera valser, Patrick aussi. Alexandre me fera tournoyer dans un slow. Les gars n’oublient pas d’inviter Sophie qui se détend et rit de bon cœur.

Il est trois heures quand nous montons nous coucher. Je suis épuisée et m’endors rapidement dans les bras de mon mari.

Je me lève sans bruit et me prépare tranquillement. Je vais à la chambre de ma puce qui gazouille sur son tapis de jeu, sa nourrice assise à ses côtés.
Dès mon entrée dans la pièce elle prend la petite et se lève ……. Bonjour madame Jorelle, je voulais vous remercier pour hier

Je lui souris …….. Bonjour Clara, rien de plus normal. Je vais descendre avec Margaux

……. Oui madame

Elle me tend ma fille qui babille. A la salle à manger Manou et tata finissent leur déjeuner. Je les embrasse, Sophie arrive, je lui fais la bise

….. Bah qu’avez-vous fait de vos maris ?

Tata sourit ……. Ils sont allés prendre l’air. Donne-moi la petite et déjeune tranquillement

……. Merci tata

Justement Patrick et tonton arrivent, suivis de près des amoureux. Mon mari daigne nous rejoindre, son cousin le taquine. Matthieu répond sur le même ton. Nous finissons par rire.

La journée est plus calme, on sent les convives fatigués. Le repas du midi est à l’image de celui de la veille. Des mets de choix.

Parrain et tata nous quitte en toute fin d’après-midi emmenant Lison. Manou et Patrick restent diner avec nous. Alexandre et Sophie nous quitte aussi.

Le repas léger est très calme, ma grand-mère et son mari nous quittent en milieu de soirée

Matthieu a décidé de nous octroyer quelques jours de repos. En cette fin d’année mon mari a besoin de recharger un peu les batteries. Ses traits tirés en témoignent.

Le matin nous nous prélassons au lit, sans parler, juste à profiter d’être dans les bras rassurants de mon mari. Un silence de communion nous uni, nous n’avons pas besoin de plus pour nous prouver notre amour

Dans la matinée il s’enferme une paire d’heure dans le bureau. Je le soupçonne de téléphoner à son oncle, pour s’enquérir de la bonne marche de la société. Peut-être répondre à quelques mails.

Après le déjeuner du midi, nous allons ensemble nous allonger. A mes côtés je sens Matthieu relâcher la pression et s’abandonner dans un sommeil réparateur. Souvent d’entendre sa respiration tranquille et régulière, je me laisse aller et m’endors à mon tour.

Après un café, nous allons promener notre puce bien emmitouflée soit dans son landau soit dans les bras de son papa.

Cette petite semaine passe très vite, j’ai profité au maximum de ma puce et de son papa. Je le trouve plus reposé, les traits détendus et moins sur la réserve. Ces toutes petites vacances ont été bénéfiques

Lundi soir après diner, nous reprenons la route pour l’appartement. En partant je vais souhaiter bon courage au personnel en leur serrant la main.

Clara couche une Margaux grognon, certainement fatiguée sans pouvoir trouver le sommeil.

Au petit déjeuner, Matthieu me dit aller faire un tour rapide aux bureaux.

Pour m’occuper, je vais prendre le bain à ma puce et lui fais ses soins. Je joue un bon moment avec elle, jusqu’aux premiers signes de sommeil, je la couche et lui fredonne une douce mélodie.

Je vais me prélasser dans un bain chaud et parfumé.

En passant dans le couloir j’entends Clara parler à ma fille qui gazouille, je souris. Je trouve qu’elle fait d’énormes progrès de jour en jour. Sa perle de nourrice s’en occupe merveilleusement bien.

Je décide de lui donner son repas. Elle se tient droite dans sa chaise haute et ouvre bien la bouche, elle essaie d’attraper la cuillère. Du coup je lui en donne une, qu’elle s’empresse de taper dans la purée, ce qui éclabousse un peu les alentours.
Je voudrais lui enlever, ce n’était pas une bonne idée. Un hurlement soudain s’élève dans la cuisine.

Sidérée, je regarde ma fille, sans pouvoir réagir. Au même moment Matthieu entre dans la cuisine

….. Que se passe-t-il ?

En deux mots je lui explique la situation

….. Tu ne dois pas la laisser hurler comme ça darling !

D’un ton sévère son père la faire taire. La petite regarde son père avec une tête toute triste et prête à pleurer.

Il se tourne vers Clara ………. Continuez de la faire déjeuner !

….. Oui monsieur.

Entourant mes épaules il me conduit à la table de la salle à manger. ……… Darling, tu ne peux pas laisser Margaux piquer de telles colères.

…… Ce n’est qu’un bébé.

…. Un bébé qui sait très bien ce qu’elle fait !

Je n’insiste pas, aucune envie qu’on s’engueule pour un bébé de 6 mois qui se met à crier pour une petite cuillère

Après manger, Matthieu m’oblige à aller m’allonger pour me reposer un peu, il voit que je suis contrariée.

Un doux baiser me sort de mon rêve. Matthieu penché sur moi sourit ………. Allez marmotte, va te préparer.

Je l’attrape par le cou et l’oblige à se pencher sur moi, presque couché. Je force sa jolie bouche aux lèvres chaudes, je sens son sourire, nous nous embrassons passionnément, de longues minutes.

…… Allez madame Jorelle, votre grand-mère nous attend

Je le repousse et le taquine en me levant ……… Ah, et pas son mari ?

D’une claque sur les fesses, il me pousse vers la salle d’eau. Je découvre une magnifique robe noire fourreau. Je souris, en me glissant sous l’eau de la douche. Je me maquille soigneusement et reforme mon brushing rapidement.

En pénétrant dans le salon je peux voir mon mari dans toute sa splendeur me détailler les yeux brillants d’amour. Il vient m’enlacer et m’embrasse à m’en faire perdre la tête.
……. Madame Jorelle, il vous faudra un jour payer votre perfection qui a pour effet de me faire perdre tout sens des réalités.

Le cœur battant je ris de bonheur ……… Monsieur Jorelle, vous êtes déloyal, vous faites en sorte que je devienne tentatrice et vous me faites reproche de votre manque de retenue.

C’est en riant que nous descendons au parking, Margaux dans les bras de son père, Clara la mallette bébé à la main.

Chez manou le sapin est somptueusement décoré, quelques paquets au pied. Je suis assez étonnée, il n’est pas dans nos habitudes d’échanger des cadeaux.

Une jeune femme nous débarrasse de nos manteaux, Clara emmène Margaux à la cuisine pour la faire diner. Je sais qu’au moment de l’apéritif elle va passer de bras en bras.

Patrick nous conduit au salon, et nous prie de nous assoir. Je demande à Alexandre à quelle heure arrivent mon parrain tata et Lise

…… Aucune idée, je ne vis pas chez eux. De plus pas sûr qu’ils soient invités

Je hausse une épaule ……. Tu es vraiment nul des fois

Il fronce les sourcils …… Dis-moi mon cher cousin, tu n’as pas encore réussi à la faire taire cette mégère !                                                                                                                                             

Je sens Matthieu à mes côtés se retenir de rire ……….. Que veux-tu mon cher, n’aurais-tu pas un exemple dans tes connaissances ?

…… Oh grand Dieu, jamais de la vie

La joute verbale cesse, alors que nous entendons du bruit. Lise et ses parents viennent nous embrasser. Lise est en beauté, elle a mis le tailleur que je lui ai offert la semaine dernière.
Je la prends dans mes bras et la complimente.
…… Merci à toi ma Méli.

L’animation reprend, quand je vois la figure d’Alexandre changer. Patrick se lève et va au-devant des nouveaux arrivants. Je reconnais sans tourner la tête la voix de Maryse.

Dans un parfait ensemble tout le monde se lève pour l’accueillir. Une soudaine angoisse m’étreint. Une certaine peine m’enveloppe en voyant la vieille dame, amaigrie, la mine triste et fatiguée. Sa dame de compagnie sur ses talons.

Elle embrasse tout le monde sans distinction et s’assoit sur le canapé face à nous. Direct sa bonne femme comme l’appelle mon mari, prend place à ses côtés.

Nous reprenons nos places, la conversation est tombée, et là tout de suite je sens qu’il va y avoir un clash. Mon mari ? Son cousin ? Aucune idée pour l’instant

Patrick propose un porto à la tante qui acquiesce d’un petit sourire. Je me lance

…… Comment allez-vous Maryse ?

La tristesse de son regard me fait mal. Encore un peu et j’aurai l’impression qu’elle va éclater en sanglots.

….. Ni bien, ni mal.

Je prends le verre que Patrick me tend et le remercie d’un grand sourire, j’essaie de lancer une conversation avec tata et ma cousine, quand cette dernière me demande où est sa filleule.

….. Elle mange avec sa nounou, elle va venir après.

Je n’ai pas fini ma phrase que Margaux dans les bras de Clara s’agite et pousse ses petits cris.

Lise se lève et tend les bras, Clara lui donne l’enfant et retourne à la cuisine.

Tata prend la main de la petite et babille avec elle, j’ai envie de rire. Les hommes discutent entre eux, Manou s’exclame devant son arrière-petite-fille qui saute sur les genoux de sa marraine

….. Quelle vivacité cette petite, elle marchera de bonne heure

….. Tu crois manou ?

…. J’en suis certaine, tu as marché tu avais à peine onze mois

Nous voilà à parler de Lise et moi petite. 

Margaux qui est passée des bras de Lise à manou et tata, commence à s’agiter. 

Dans la cuisine, un grand remue-ménage. Je demande à Clara de changer et coucher la petite.

Clara me suit dans le salon pour récupérer la petite. Je suis très étonnée, elle est dans les bras de Maryse et semble écouter avec grand intérêt ce que lui chuchote la tante. J’ai envie de sourire, Margaux étant calmée j’attends un peu avant de mettre fin à ce joli tableau. Je profite de mon téléphone pour faire une photo.

Nous passons à table, manou place ses convives, les anciens d’un bout de table, la jeunesse ensemble à l’opposé.

Le repas se déroule dans les rires et les taquineries des uns et des autres. Alexandre s’attaque à ses futurs beaux-parents avec espièglerie, mon oncle n’est pas dupe et répond du tac au tac. Avec Lise, tata et manou nous sommes obligées de rire. Je surprends quelques sourires de Maryse, ses yeux ont la douceur que j’ai toujours connu. D’un coup mon cœur se serre, j’apprécie tellement cette femme.

Au milieu du repas, j’intercepte un geste de la mère Billion qui ne me plait pas beaucoup. Discrètement je tire la manche de mon mari, qui pose son regard sur moi. Tout aussi discrètement je lui glisse dans l’oreille

….. Elle empêche ta tante de manger, et elle a mis un truc dans son verre, je ne sais pas ce que c’est.

Matthieu d’un regard capte l’attention de son cousin qui comprend que quelque chose n’est pas au goût de Matthieu.

Matthieu …….. Seriez-vous malade ma tante ?

La tante au regard effacé. …… Non mon grand pourquoi ?

….. Pourquoi ? Que prenez-vous comme médicament ?

….. Non c’est pour m’aider à digérer.

Alexandre …… Auriez-vous des difficultés à digérer ?

….. Oui si le repas est trop copieux.

Alexandre sourit …….. Je vous ai connu avoir un bon coup de fourchette pourtant.

La tante baisse des yeux tristes dans son assiette vide sans répondre. Alexandre se lève, fait le tour de la table et d’un mouvement brusque attrape le verre de la tante et le sent. Il sort de la pièce et revient quelques minutes après avec un verre propre.

L’ambiance est retombée, la dame de compagnie, le visage fermé foudroie la tante du regard.
J’ai presqu’envie de me lever et de la gifler, mais pour qui elle se prend cette dingue ?

Les deux cousins discutent à voix basse et en anglais. Je capte quelques mots ou il serait question d’odeur de noisette.

Tonton et Patrick essaient de remettre des discussions plus joyeuses en route. Lise fait son pitre ce qui finit par faire rire tout le monde. 

Nous trainons trois bonnes heures à table, le repas était succulent. Au moment de passer au salon pour le café et les liqueurs, les deux cousins s’approchent de la mère Billion.

Matthieu ……. Je vous prie madame de quitter cette maison, la place des domestiques n’est pas à la table des patrons !

….. Je ne vous permets pas monsieur, je ne fais pas partie de votre personnel

Alexandre ….. Peut-être mais ici c’est la maison de mon père, et nous n’avons pas besoin de vous en ce jour

Matthieu fait un geste de la main, une jeune femme amène le sac et le manteau de la dame de compagnie. Alexandre la raccompagne à la porte. ……. Je vous ai appelé un taxi !

Je glisse ma main dans celle de mon mari. Il penche la tête vers moi, et effleure mes lèvres. ….. Une bonne chose de faite.

…. Vous allez faire quoi ?

…. La virer purement et simplement, en fait elle n’a pas de contrat avec la tante. Nous verrons ça demain.

J’essaie de me replonger dans l’animation du réveillon. Manou me tend un paquet.

…… Le Noël de la petite.

Je me lève et prends manou dans mes bras, je la serre fort…….. Merci manou.

Un joli ourson musical avec une tête toute rigolote. Tata aussi m’offre un paquet, un bel ensemble tricoté, robe et cardigan, je les remercie chaleureusement. Lise à son tour me tend un paquet, je finis par rire

…… Hé ben, je suis gâtée.

Le parrain et la marraine ont pris un jeu d’éveil, fait de cubes, d’anneaux et bien d’autres choses qui s’empilent, dans de jolies couleurs

Je remercie tout le monde en leur faisant la bise. Maryse me tend presque timidement un petit paquet enrubanné. C’est aussi un jouet musical, j’embrasse la tante en la serrant fort dans mes bras.

L’ambiance est bon enfant, manou fait servir café et champagne. Une douce musique s’élève, Matthieu me tend la main, nous nous retrouvons au milieu du salon à danser.
Tard dans la soirée, ou plutôt au petit matin, les deux cousins s’entretiennent à l’écart de tout le monde. Matthieu vient me voir

….. Darling, il était question que nous dormions sur place, avec Alexandre et Elise. Nous aimerions que la tante ne rentre pas à Neuilly, elle va donc dormir ici, et nous allons rentrer, nous reviendrons demain. Clara et Margaux dormiront ici aussi

….. Oui bien sûr, il n’y a pas de problème, mais pourquoi ?

….. Avec Alexandre, demain nous voulons en savoir un peu plus, sur l’état de la tante. 

….. Oui d’accord.

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