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11 octobre 2001

Constat de Patrick

 ...... Madame Jorelle, il serait temps de vous lever !

Je m’étire avant d’ouvrir les yeux, et mets ma bouche en O, au travers de mes cils je regarde mon mari se pencher sur moi. D’un geste qui le surprend je m’accroche à son cou et le fais basculer il s’affale de tout son long sur moi. J’éclate de rire

Je force un peu sa bouche et l’embrasse fougueusement, je déboutonne sa chemise le pousse sur le côté, pour défaire la boucle de sa ceinture. Il finit de se déshabiller.

En reprenant nos esprits, nous rions ... Madame Jorelle, vous n’êtes qu’une petite garce !

... Oui monsieur Jorelle, j’en suis consciente, mais je crois que vous aimez les petites garces.

... Allez darling, dépêche-toi nous sommes attendus !

... On va à Neuilly ?

... Cervelle de moineau, nous sommes attendus chez ton père et il est déjà onze heures.

... Ah oui !

Je saute du lit, et vais sous la douche. Matthieu me rejoint, nous nous savonnons en riant. Il retourne dans la chambre ramasser ses affaires, je vais dans le dressing enfiler un jeans et un sweat léger, j’attache mes cheveux en queue de cheval, enfile mes mocassins à talons et rejoins Matthieu dans l’entrée, il parle à Sophie qui lui sourit.

Anne-Marie nous reçoit avec un grand sourire et nous remercie. Je regarde Matthieu sans comprendre. En allant au salon, mon mari me glisse. .... J’ai fait livrer des fleurs.

J’embrasse mon père, manou et Patrick. Je suis étonnée de ne pas voir Maryse. Christine aussi manque à l’appel tout comme Alexandre.

Je vais voir ma belle-mère dans la cuisine.
... Je peux faire quelque chose Anne-Marie

... Non ma puce, je venais juste arroser le gigot.

.... Christine n’est pas là ?

.... Elle n’est pas dans sa chambre ?

... Ah je ne sais pas. Elle ne peut pas sortir quand elle nous entend ?

Anne-Marie sourit .... Elle n’est pas très bien en ce moment, je crois qu’avec son ami, ça ne marche pas terriblement

En haussant les épaules je ne peux me retenir d’ironiser....... Disons qu’elle n’a pas vraiment l’attitude d’une fille folle de son mec

Anne-Marie sourit ... C’est le moins qu’on puisse dire.

... Alors ne nous étonnons pas, si Alexandre prend la tangente.

... Oui il semblerait que l’idylle n’est pas au mieux de sa forme.

... Bah il ne faudra pas en vouloir à Alexandre.

... Es-tu au courant de quelque chose ?

... Plus ou moins, mais tu sais, ça ne me regarde pas. Elle se débrouille, elle est grande

... Tout à fait ma puce. Et toi tu vas bien ?

... Je suis la femme la plus heureuse et chaque jour plus amoureuse

Elle entoure mes épaules ... Alors nous sommes deux, et même trois avec manou.

Je ris, en entrant dans le salon. Mon père me regarde attendri de m’entendre rire, enlacée avec son amie

Un coup de sonnette nous fait savoir que du monde arrive. Mon père se précipite, laissant Anne-Marie passer le plat de petits fours salés.

Maryse et Alexandre viennent nous saluer. Le salon calme prend vite une allure de fête joyeuse. Maryse nous fait rire avec quelques boutades.

A la cantonade, je demande ironique ....... Heu vous avez punie Christine dans sa chambre ou quoi ?

Mon père fronce les sourcils ... Absolument pas, va la chercher !

..... Oh papa, elle entend bien qu’on est là quand même ! Elle ne peut pas venir dire bonjour ?

... Tu sais bien comment elle est.

.... Non papa ! Arrête, elle veut se joindre à nous, elle se ramène, on ne l’intéresse pas elle reste !

... Mélissandre qu’est-ce qui se passe ?

... Rien ! J’en ai marre qu’elle se fasse prier, comme une altesse royale. Elle connait notre mode de vie depuis le temps

Tout le monde me regarde. D’un coup j’ai plombé l’apéritif, mais je veux que tous se rende compte de son attitude négative

Manou ... Ma poupée, qu’est-ce qui t’arrive.

... Mais rien manou, son chéri est là, et elle ne se précipite pas ? Faudra m’expliquer !

Manou toujours conciliante ... Peut-être n’est-elle pas prête.

... A treize heures elle n’est pas prête, ok je vais aller la chercher !

Je me lève d’un bond, quand Alexandre attrape mon bras .... Laisse ! Pour moi aucune importance.

Personne ne dit rien, j’essaie de sourire .... Je vais lui dire qu’on passe à table ?

Alexandre .... Ne le fais pas pour moi, j’en ai pris mon parti. Je ne vais pas me trainer à ses pieds. Elle ne veut rien changer, qu’elle ne change rien, à savoir que la suite est sans moi !

Je suis dépitée, la fin sera venue plus vite que prévu. Je me rassois et prends mon verre pour me donner une contenance. J’ai une soudaine envie de pleurer. Matthieu m’enlace et murmure dans mon oreille ... Ce n’est pas ton problème darling.

Maryse essaie de relancer la conversation. Petit à petit la gêne se dissipe, quand enfin Christine arrive, un grand sourire aux lèvres.

... Bonjour tout le monde.

Mon père .... Que faisais-tu ? Nous t’attendions.

... Oui, désolée, je finissais de ranger ma chambre.

Anne-Marie ... Mais tu aurais pu le faire après.

Christine ... Non comme ça s’est fait !

Je ne peux m’empêcher d’être cinglante .... Et on ne t’a jamais appris la politesse ?

De cette voix qui m’énerve elle demande ... Pourquoi tu dis ça ?

.... Tu ne sais pas venir dire bonjour quand tu entends les gens arriver ?

... Bah, si je suis venue

Je ne réponds pas, j’ai envie de la gifler. Matthieu la toise, Alexandre parle avec son père, il ne s’est même pas levé pour l’accueillir. Personne ne s’occupe d’elle. Nous passons à table. Je vois tout de suite l’attitude d’Alexandre, il ne lui adresse pratiquement pas la parole de tout le repas. Il me taquine, je réponds sur le même ton. Mon père lui demande l’avancement des travaux. Alexandre, suggère dès la fin de faire une petite crémaillère.

Maryse propose de s’en occuper vu son emploi du temps chargé. C’est avec gentillesse qu’il accepte, mais quand tout sera au point.

Maryse... Tu me feras part des gens que tu désires inviter.
.... Ne vous inquiétez pas ma tante, nous verrons ça.

La tante les yeux brillants sourit. La bonne humeur est revenue. 

Dans l’après-midi, nous allons faire une balade sur le boulevard. Patrick entouré de Manou et Maryse, mon père et Anne-Marie, Alexandre avec Matthieu et moi. Christine un peu à l’écart n’essaie même pas de se rapprocher de nous.

En rentrant Alexandre s’excuse, et prétextant du travail nous quitte, nous demandant de ramener Maryse au domaine.

Nous partageons le repas du soir avec mes parents. Tout en étant heureuse d’être au milieu des miens, j’ai un sentiment de peine pour Alexandre. Christine égale à elle-même n’a même pas daigné raccompagner son mec à la porte. J’en viens à me dire, que c’est la meilleure solution. En réalité elle n’en a rien à faire

Dès le lundi, je confie à Ghyslaine mes tristes constatations, sur l’attitude de Christine pendant le repas chez mon père. Elle n’est en rien étonnée, et comme elle dit, on l’a prévenue, c’était à elle de voir.

Mercredi midi mon mari m’invite au restaurant. Je suis assez étonnée, je pensais qu’il partait.
... Je pars demain et rentre vendredi. Nous irons à Neuilly.

... D’accord.

.... J’aimerais te parler !

Alors qu’il commande un martini et un whisky, je le regarde attendant de savoir. Priant qu’il ne me parle pas de Christine, je sens que je vais me mettre en colère

 .... La semaine dernière j’ai eu ta cousine au téléphone.

... Ah !

Nous choquons nos verres en nous souriant. Ses yeux sont clairs, je le sais de bonne humeur, normalement aucun ombre ne devrait foncer son regard, si je suis fine, sans monter au créneau.

... Elle m’avait auparavant écrit mais j’ai laissé passer un peu de temps, avant de lui répondre, qu’elle pouvait me joindre par téléphone.

... D’accord, elle te disait quoi dans son mail ?

... Les habituels regrets sur son attitude, je voulais donc me rendre compte au son de sa voix, si c’était réel.

...Et donc ?

... Il a été très difficile de parler, dans le sens où elle n’a fait que pleurer

... Oh !

Il me sourit ... Darling, ça lui fait du bien, de s’apercevoir que tout ne lui est pas du.

Je bois une gorgée de mon martini. Je réfléchis vite, et essaie de ne pas répondre avec mon engouement habituel

... Et alors ?

... Alors ? Pour ma part rien, et toi ?

Je sens mon pouls s’accélérer j’essaie de garder ma voix calme. .... Ça veut dire quoi ?

.... Ça veut dire, que principalement c’est toi qui as été mortifiée, et je ne ferais rien sans ton accord.

... Et de quel accord tu as besoin ? Tu veux faire quoi ?

... Personnellement ? Je ne ferais rien de plus.

... Alors pourquoi tu m’en parles ?

.... Doucement darling ! Je t’en parle parce que si tu décides de faire un bout d’essai, je me plierai à ton désir

... Pour me le reprocher après ?

Il sourit .... Non puisque je serai consentant. Simplement ta grand-mère est malheureuse de ne plus voir son fils, et j’apprécie trop ta grand-mère pour lui causer de la peine.

... Donc tu attends que je te dise oui ou non.

... Exactement !

... Si je dis non, j’aurais le chagrin de ma grand-mère sur la paillasse, si je dis oui et que Lise déraille j’aurais la pagaille sur la conscience.

... Madame Jorelle je vous connais téméraire !

... Et tu comptes agir comment pour les faire revenir ?

... En les invitant tout simplement.

... D’accord. A l’appartement ?

... Non à Neuilly.  

.... Et tu veux les inviter quand ?

.... Ce week-end ?

Je regarde mon mari, je sais que j’ai les yeux brillants de joie. Je me réfrène

... D’accord, tu veux inviter qui ?

... Les Dumont, Patrick et manou, ton père et ta belle-mère. Qui veux-tu inviter d’autre ?

... Ah non je demandais, tu aurais pu vouloir les inviter juste eux, pour parler, pour rétablir de bonnes bases.

... Non je pense, que noyés avec tout le monde, ils seront plus à l’aise.

... D’accord.

Nous finissons notre mousse au chocolat, je n’ai guère touché aux ravioles, pourtant très bonnes. Matthieu me répond taquin.
... Puisque madame Jorelle est d’accord en tout point, retournons au travail !

Main dans la main, nous remontons le boulevard, nous séparant pour passer chacun par un sas.

Sa main dans la cambrure de mes reins, il me fait entrer dans l’ascenseur. Effleure mes lèvres et me laisse à la porte de mon bureau.
Dans l’après-midi, il me demande deux cafés. Patrick est dans son bureau, je l’embrasse, je ne l’ai pas vu ce matin
Je retourne de mon côté et n’ayant plus de travail, je sors les notes que j’ai pris pendant le cours de vendredi pour les mettre au propre, et faire quelques recherches

Un peu avant de partir Matthieu me rejoint, alors que je range mes cours.

... Studieuse petite élève !

Je souris ... Heu oui, j’ai un, heu ... Comment dire ? Un tortionnaire menace de me fesser, alors tu comprends

Il éclate de rire, tourne le poste téléphonique vers lui et compose un numéro. Il met le haut-parleur.

Après s’être présenté en tant que société Cathenry il demande à parler à monsieur Dumont.

.... Dumont à l’appareil, bonjour !

... Bonjour Pierre, Matthieu à l’appareil.

Un silence oppressant, mon oncle ne parle pas.
Matthieu ... Je sais votre temps compté, aussi en quelques mots je vous donne la raison de mon appel

... Oui ?

... J’ai eu votre fille au téléphone, nous avons discuté longuement. Elle fait amende honorable et m’a présenté ses plus plates excuses. J’aimerais qu’elle en fasse autant avec sa cousine.

... Et vous voulez que j’intercède auprès de ma fille ?

... Non monsieur Dumont, je pense que votre fille a compris certaines choses. Avec Mélissandre nous souhaiterions que vous vous joigniez à nous samedi à Neuilly.

.... Quelque chose de spécial à fêter ?

... En quelque sorte oui, disons un armistice aux hostilités, par exemple

... Bien, j’en fais part à ma femme et ma fille.

... Appelez-moi demain pour votre réponse.

... D’accord.

... Bonne fin d’après-midi monsieur Dumont. J’espère pouvoir compter sur votre présence

... Merci.

J’entends le bip, signe qu’il a raccroché. J’essaie d’imaginer le plaisir de leur soirée. Peut-être les recommandations de mon oncle envers Elise

Jeudi soir, comme une gamine, je ris en rentrant avec Patrick. Ma grand-mère me reçoit avec beaucoup de plaisir. Nous nous installons au salon, manou amène un café à son mari et un verre de limonade pour moi.

Manou en souriant .... Vois comme ton mari parti en déplacement, je retrouve ma petite fille.

Je souris .... Manou je t’adore et tu le sais, mais je ne vais pas laisser mon mari s’envoler trop souvent

….. Tu as raison ma poupée. Ne laisse jamais l’oiseau trop loin du nid

Je ris ….. Oh manou, pas question, ne t’inquiète pas.

Nous plaisantons, quand subitement manou me demande si j’ai des nouvelles de Christine

….. Ah non pourquoi ?

…... Comme ça ma poupée.

…... Non pas comme ça manou, dis-moi.

…... Comme vous travaillez ensemble, vous pourriez parler
….... Manou, je suis au troisième avec un travail par-dessus la tête, je n’ai pas le temps de descendre faire la causette à Christine. Et pour lui dire quoi ?

..... Pour parler entre filles.

….. Manou, je sais où tu veux en venir. Avec Ghyslaine nous l’avons mise en garde, je lui ai dit qu’Alexandre était en train de décrocher. Elle n’a pas fait d’effort, je crois même que ça a empiré, alors tu vois manou, elle se démerde.

Je me tourne vers Patrick ...... Comment est Alexandre ?

Patrick pose sa tasse et me regarde droit dans les yeux …... Nous ne le voyons guère, il est à Neuilly et nous ici.

…... Oui mais peut-être vous avez des nouvelles ?

….. Pas depuis samedi, mais je sais mon fils résistant.

….. Ouais enfin, c’est quand même dommage.

Patrick souris ……... Reconnaissez mon petit, qu’ils n’étaient pas vraiment assortis.

Je souris ..…... Oui bien sûr, mais ça aurait pu marcher. 

Manou se lève, Patrick me répond en souriant ........ Mélissandre, un couple n’est pas à sens unique. Il faut être deux.

... Alors pourquoi Patrick ?

... Pourquoi quoi ?

... Pourquoi a-t-elle laissé Alexandre espérer ?

Patrick baisse le ton, il parle bas. …... J’ai discuté un peu avec mademoiselle Frontasky. J’ai tout de suite compris qu’elle s’amusait.

... C’est une garce ?

Patrick rit de bon cœur …... Non disons qu’elle avait une certaine fierté que mon fils la remarque.

... Le pauvre.

... Il s’en est vite rendu compte, mais persistait, mettant ça sur la timidité de votre amie.

... Il s’en est rendu compte comment ?

... Quand il a essayé de vous demander pour son salon. Et que vous avez répondu vert pomme.

J’éclate de rire …... Et c’est ça qui lui a fait dire que sa copine n’était pas amoureuse ?

…... Non mon petit, mais par la suite, il lui a demandé comment elle, elle le verrait

….. Et ?

….. Elle aurait répondu textuellement, tu veux que je te réponde quoi ? Ce n’est pas chez moi. Alexandre lui a fait remarquer que si leur histoire débouchait, ils se mettraient bien ensemble

…... Bah oui logique et ?

…... Toujours d’après les dires de mon fils, elle aurait souri en répliquant, en ménage ? Alexandre lui a fait comprendre qu’il n’était pas pour un mariage dans l’immédiat. Elle a rétorqué. Alors ne compte pas sur moi. Autant en rester là. Je ne vais pas passer pour une gourde qui vit avec un homme qui ne veut pas se marier.

Alexandre lui aurait répondu. …… Je ne te demande pas de nous mettre ensemble, mais d’apprendre à nous connaitre

Sur ce elle aurait ri et rétorquer …… Ah oui évidemment je ne suis pas Mélissandre, pour me marier en 4e vitesse. Et si je tombe enceinte ? Tu crois que je vais rester seule avec ton môme ?

…... Pourquoi elle est enceinte ?

…... Non pas que je sache, je suppose qu’ils prennent ou prenaient certaines précautions. Et entre nous, je pense qu’Alexandre respectait cette demoiselle, et n’a pas été au-delà de quelques baisers

…... Donc le premier couillon qui lui proposera le mariage, elle ira les yeux fermés ?

…... C’est ce que j’ai cru comprendre.

…... Mais et les sentiments ils sont où ?

…... Je lui ai fait entrevoir, qu’il fallait d’abord se connaitre avant de passer devant le maire, elle a demandé si vous et Matthieu aviez attendu pour vous marier, donc qu’elle ne comprenait pas la réticence de mon fils.

…... C’est donc bien ça, elle voulait se marier, et comme il a dit pas tout de suite, bah elle arrête la relation. Super la fille !

…... Je ne vous ai rien dit mon petit !

….. N’ayez crainte Patrick, vous me connaissez, mais vous savez quoi ? Bah elle me dégoute !

….. N’en laissez rien paraitre, ça chagrinerait votre grand-mère

….. Non bien sûr, mais je vais l’éviter un max

Du salon je crie .... Manou tu veux que je t’aide ?

Manou arrive …... Non ma poupée, reste avec Patrick, ainsi il n’est pas dans mes jambes.

Je regarde Patrick qui sourit à sa femme, en la regardant avec amour.

Après diner, manou refuse que je fasse la vaisselle. Je vais me coucher dans mon lit de jeune fille, en mettant mon réveil à sept heures

Mon manteau sur le dos, j’allume le perco. J’accroche mon manteau, range mon sac et ouvre les armoires. Ça ne sert plus à grand-chose depuis qu’on est informatisé, c’est plus par habitude

Mon plateau en main, je frappe chez mon DRH, il m’accueille avec un grand sourire, pose son stylo et pousse les papiers qu’il a devant lui.

…... Matthieu rentre aujourd’hui !

….. Normalement oui, et on va à Neuilly

…... Oui, il y aura votre cousine et ses parents.

…... Oui, j’espère que ça va aller.

….. Je pense que mademoiselle Dumont saura saisir cette chance.

Je souris …... Vous avez du courrier ?

…... Non mon petit.

....... Je vais au standard, si vous me chercher.

…... D’accord.

Je ramasse les tasses, et ferme la porte, je pose mon plateau près du perco. J’embrasse mon amie et refuse le café

....... Salut toi !

…... Salut ma Gi, tu vas ?

…... Oui, et toi ?

….. Ben oui, pourquoi ?

…... Allez, annonce la couleur.

Je ris …... Oh tu n’as pas honte ? Tu n’en as pas assez que je te raconte ma vie ?

…... Honte non, après tu me dis que si tu as envie, ma belle.

…... Disons que des fois, ça me soule de venir pleurer sur ton épaule. Tu ne me confies pas tes soucis

…... Mais je n’ai pas ou du moins plus de soucis, ma belle. A part cet enfant qu’on n’arrive pas à avoir, et le médecin dit que tout va bien.

…... Peut-être que vous y penser de trop, et du coup ça ne marche pas.
….... C’est ce que me dit Marc. Je fais une obsession.

..... Ma chérie, c’est tout le bonheur que je te souhaite.

….. Je sais ma belle. Bon et toi ?

En deux mots, je lui raconte mon échange d’hier avec Patrick, chez ma grand-mère.

…... Eh bien voilà, nous sommes renseignées.

Je regarde Ghyslaine ... Tu crois que c’est une garce ?

…... Non je ne pense pas, mais elle a tellement entendu sa mère lui rabâcher que les hommes sont des salauds, qu’elle se superpose à elle.

….. Mais Gi, ça ne l’a pas empêché de coucher ! Et si elle était tombée enceinte ?

…... Ma belle c’est un toubib, il sait très bien les précautions qu’il faut prendre, ce n’est pas un bourrin

….. Heu oui bien sûr. Mais tu vois, pour moi c’est une saloperie. Et s’ils s’étaient mariés ? Il aurait été malheureux comme les pierres. Tu vois dès le début, je ne sentais pas cette relation.

…... Et elle, tu l’as revu ?

…... Heu non, et franchement je n’ai pas envie.

…... Oui je te comprends, et chez ton père, tu vas faire comment ?

.... Semblant de rien, que veux-tu que je fasse ?

Je lui raconte pour Lise, que Matthieu les a invités samedi

….. Oh, bah dis donc, qui a changé notre PDG en humain ?

J’éclate de rire …... Oh tu n’es pas gentille ma GI.

Elle rit aussi …... C’est vrai tu as raison. Bon on mange ensemble ?

….. Oui bien sûr, à moins que ton patron rentre et m’invite

….. Ok tu me diras.

Sur mon bureau, Patrick a mis son dictaphone. A midi dix, je lui apporte le parapheur.
…... Je mange avec madame Germain

…... Bien, mon petit, bon appétit

…... Merci, vous aussi Patrick.

Je téléphone à Ghyslaine, nous nous rejoignons dans le hall. Pratiquement tout le repas, nous parlons de Christine. Ghyslaine me fait entrevoir qu’en fin de compte, cette fille n’est pas libérée du joug de sa mère, et que son attitude est presque normale.

Je n’en suis pas convaincue, et en fait part à mon amie, que depuis bientôt huit mois qu’elle est chez mon père, elle a bien dû se rendre compte de la vie.

Je finis par dire à mon amie …... On va arrêter d’en parler, parce que franchement ça me met la haine.

Ghyslaine sourit, nous repartons. Je refuse son café, prétextant aller voir si mon mari serait rentré de voyage 

Les deux bureaux sont vides. Je me fais un café et sors mes cours du tiroir de mon bureau. Je fais quelques recherches, je n’arrive pas à me concentrer, les yeux rivés sur la pendule. Cet après-midi est vraiment très long.
En pleine lecture d’un procès, sur internet, je ne fais pas attention à ma porte qui s’ouvre, c’est en voyant deux mains à plat sur mon bureau que je réalise. Je me lève d’un bond et me jette dans ses bras, riant et pleurant en même temps

Il se recule un peu …... Madame Jorelle, je ne reviens pas d’un voyage de six mois

Nous nous embrassons longuement, je suis suspendue à son cou.

... Nous partons ?

.... Oui, le temps de ranger.

En quatrième vitesse, j’enregistre ma page, éteins l’ordinateur, le perco et ferme les armoires, j’attrape mon manteau et rejoins Matthieu dans son bureau, il raccroche son téléphone.

Je vois son visage fatigué, pas rasé, son costume fripé. Nous rentrons à l’appartement. 

Matthieu prend le temps de boire un café avec moi. ….... Je vais prendre une douche darling.

….... D’accord mon amour.

Il se retourne d’un coup ...... Peux-tu me répéter ça ?

Je rougis ….. Heu quoi ? D’accord ?

Il rit ... Non, après !

.... Allez monsieur Jorelle à la douche !

Nous ne nous couchons pas très tard, Matthieu me dit être fatigué.

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3 octobre 2001

Dilemme

Depuis que nous sommes rentrés de Neuilly dimanche soir, je sens Matthieu soucieux, je n’ose pas lui demander, j’attends qu’il me parle.

Mercredi en arrivant au bureau je prépare tout de suite deux cafés et vais le boire avec Matthieu dans son bureau, avant d’aller voir Patrick

Je pose le plateau et m’assois, je le regarde droit dans les yeux, et lui demande ce qui le tracasse.
... Rien en particulier darling, pourquoi ?

... Parce que depuis dimanche, je vois que tu es préoccupé, est-ce pour ta tante ?

... Alexandre, tombera donc toujours sur des petites garces ?

... Tu crois que ça nous regarde ?

... Quand ils vont se séparer, quand Alexandre mettra fin à cette mascarade, que vont penser tes parents ? Qu’effectivement c’est un coureur de jupons ?

.... Il ne va pas se marier avec une fille qui ne le rend pas heureux, tout ça pour plaire à la famille !

.... Non bien sûr ! Iras-tu lui parler ?

... Honnêtement ? Je n’en sais rien, elle va me rabrouer, me faisant comprendre que c’est une grande fille.

... Essaie darling, vois si elle tient vraiment à mon cousin, ou si c’est sa position qui l’attire.

... Je ne suis sûre de rien mais, d’un autre côté c’est son premier mec.

.... Non darling !

.. Comment ça non ?

... Alexandre m’a dit qu’elle n’était plus vierge

Je regarde mon mari, sidérée. ........ De plus ne me dis pas qu’elle a une attitude de femme amoureuse !

... Pourquoi ? J’avais une attitude de femme amoureuse ?

Il rit .... Oui madame Jorelle, vos yeux parlaient pour vous

Je ris à mon tour ... Oh tricheur !

... Allez, file, j’ai du travail.
... D’accord, je vais au standard

.... Bien !

J’embrasse mon amie, et accepte le café. Je ne sais pas comment entamer le sujet sans qu’elle me dise ne pas avoir envie de parler de Christine, me répétant de ne pas m’en mêler

.... Allez, ma belle dis-moi tout !

J’éclate de rire ... Oh mais toi alors !

... Une dispute avec ton beau mâle ?

... Ah non tout est trop beau pour être vrai.

... Alors quoi ?

... Bah j’aimerais te parler d’un truc, mais voilà, je ne voudrais pas que tu m’envoies balader.

... Et pourquoi je t’enverrais balader ?

... Parce que ça concerne Christine

... Ah ! Qu’est-ce qu’elle a fait encore ? Ou pas fait !

D’un bloc je lui raconte tout, je ne m’arrête pas, même leur vie intime qui n’en est pas une. Lui soulignant qu’Alexandre m’a demandé de lui parler, mais que voilà je ne sais pas comment faire.

Ghyslaine me laisse parler, sans m’interrompre. De temps à autre, elle répond au téléphone, et m’écoute à nouveau.

... Voilà ma Gi tu sais tout.

... Je vais te dire, avec Marc nous nous sommes posés des questions. Que fait cette fille avec un type comme monsieur Duval.

... Je pense qu’au début il a été attiré par son minois et son calme, en sortant de son histoire avec l’autre folle. Mais voilà quoi ! Maintenant il fatigue. Ils n’ont pas de conversation, elle répond oui, non, si tu veux.

... C’est ça, exactement

... Tu vois ma Gi, il a besoin d’avoir en face de lui une femme, pas une fille qui joue à la petite fille

... Que te dire ?

... Je ne sais pas, je ne sais même pas comment lui présenter les choses. Elle m’énerve

... Et lui pourquoi il ne lui parle pas ?

... Si, il a essayé, elle ne répond pas, ou alors elle dit, bah je suis comme ça.  Je sens qu’il décroche, il va la larguer

... Ah ! A ce point-là ?

... Oui je le vois gros comme une maison. En plus Matthieu se fait du souci

.... Pourquoi ?

... Bah comme il dit, pourquoi son cousin va passer ? Pour un dragueur ?

.... Oui mais bon, ton mari n’est pas dans la tête de son cousin.

... Non bien sûr. Mais vis-à-vis de ma famille

... Oui bah, le cousin ne va pas poursuivre une relation qui ne lui convient pas, pour la famille

... C’est ce que j’ai dit à Matthieu.

Nous continuons de papoter un peu, je me décide à retourner à mon travail

Sur mon bureau les deux dictaphones. Je me mets rapidement à la saisie des courriers. A midi Ghyslaine me téléphone, je n’ai pas fini, tant pis, je vais manger quand même

J’ai parlé plus d’une heure avec mon amie, sans avoir trouvé de solution.

En attendant notre ile flottante Ghyslaine me fait part de ses conclusions

... Tu vas voir Christine, tu lui dis que si elle ne bouge pas, elle va perdre le cousin.

... Heu oui enfin je ne peux pas lui dire comme ça.

... Et pourquoi ?

... Tu la connais, elle va baisser la tête, et pas piper

... Alors écoute, je te propose un truc. On mange toutes les trois et je t’appuie.

.... Ah cool, tu es un amour ma Gi.

Elle rit ... Je suis ton amie, ne l’oublie jamais, et je vois que cette histoire t’attriste !

Par-dessus la table, je prends la main de mon amie .... Disons qu’Alexandre mérite un peu de bonheur aussi.

... Bien sûr, et avec sa copine pas très épanouie on se demande au lit comment ça se passe

J’éclate de rire ... Oh bah ma Gi alors !

... Bah écoute c’est vrai !

On repart en riant. Je ne m’arrête pas, je m’attèle à mon travail, avant que mon adorable PDG rouspète.

Enfin j’arrive au bout des deux appareils. Il va être seize heures, je n’ai pas levé le nez de mon clavier

Je porte les parapheurs. Il n’y a personne dans les bureaux.

Jeudi je n’ai que très peu de courrier que je boucle rapidement. Je vérifie les pointages et ouvre ma boite personnelle. Un message de Lise attend.

Ma Méli,

J’ai réussi lundi à téléphoner à ton mari. D’abord je lui ai écrit, puis à la fin de ma lettre j’ai demandé à lui parler au téléphone, il a répondu, oui.

Au téléphone, il m’a laissé m’expliquer, mais je pleurais, alors j’avais du mal à lui faire passer les mots que j’avais préparé. A la fin il a dit. J’en parle à ma femme, et vous tiens au courant mademoiselle Dumont. Je ne peux faire davantage

J’ai dit, oui je comprends. Ma Méli, ne me ferme pas ta porte. J’aimerais tellement vous serrer dans mes bras. Tous vous me manquez. Retrouvez notre complicité. Je te promets, j’ai compris la leçon, j’ai compris la vie. Tu n’auras pas l’occasion de me reprocher mon attitude. Je suis devenue calme, je sais que je me suis très mal comportée et que je vous avais fait du mal, j’ai compris que je peux vous perdre pour toujours.

Je t’embrasse bien fort.

Je lui réponds dans la foulée, pour ne pas oublier, et je sais qu’elle attend une réponse. Qu’elle doit guetter tous les soirs sa boite.

Coucou ma Lison,

Pour l’instant mon mari ne m’a parlé de rien. Il a quelques soucis à régler, j’attends donc qu’il me mette au courant. Selon la conversation qu’on aura, j’essaierai d’appuyer en ta faveur. Comme tu n’es pas sans savoir, les décisions nous les prenons à deux, mais en ce qui te concerne, seul mon mari décidera. Je ne veux pas me disputer avec lui pour ma cousine. Comprends-moi. J’ai une vie merveilleuse avec un mari amoureux, je ne veux pas jeter d’ombre au tableau.

Je t’embrasse très fort, moi aussi j’espère qu’on va se retrouver rapidement.

J’envoie le message, sachant qu’elle attend

A midi je téléphone à Ghyslaine comme d’habitude
... On mange ?

... Dis-moi ma belle, on invite Christine ?

... Si tu veux.

... Tu l’appelles ?

... Ok, a tout de suite.

Je compose le numéro de Christine et d’une voix que je veux bienveillante, lui demande ce qu’elle fait ce midi

... Bah je vais manger

J’éclate de rire ... Je m’en doute, mais avec Alexandre ?

... Non il n’a pas le temps.
... Ok tu es seule alors ?

... Bah oui.

... Je mange avec Gigi, ça te dit de te joindre à nous ?

... Si je ne dérange pas

... Bah non pourquoi tu nous dérangerais ? Tu es bête ou quoi ?

... Bon d’accord, on se retrouve où ?

.. Dans le hall ?

... D’accord.

Elle raccroche, j’en fais autant songeuse d’un coup. Je vais chercher Ghyslaine et en descendant par l’ascenseur je lui glisse quelques mots

.. Bon je te préviens, la miss n’est pas de bon poil

... Ah pourquoi ?
... Aucune idée.

Nous embrassons Christine, je vais serrer la main à l’hôtesse d’accueil. Nous sortons et décidons d’aller à la brasserie.

Avec Ghyslaine nous faisons les filles enjouées. Je m’écrie

... Oh c’est trop cool de manger ensemble comme au bon vieux temps

Gi ... Carrément ! Hein Christine ?

... Oui.

La serveuse nous reçoit avec un grand sourire, et nous emmène à une table tranquille. Elle nous propose steak frites ou rôti de porc jardinière. Nous optons pour le steak-frites

Elle dépose une assiette de charcuterie devant nous.

Ghyslaine n’attend pas pour attaquer Christine

... Alors Christine, les travaux ça avancent ?

... Je ne sais pas.

.. Comment tu ne sais pas ? Tu ne vas pas voir avec ton chéri ?

... Bah il ne m’a pas demandé.

... C’est à toi, ma jolie de lui poser la question, de lui demander de voir ce qui est fait

... Bah c’est chez lui.

... Evidemment que c’est chez lui, mais ça ne t’intéresse pas ?

... Tu veux que je te dise quoi ? Ça ne me regarde pas

J’ai envie de sourire, je sens Ghyslaine perdre pied et commencer à s’agacer en essayant de garder son calme.

... Donc ce que fait ton amoureux ne te concerne pas !

... Tu veux que je te dise quoi ? Il fait comme il veut

Ghyslaine enfourne une frite et prend le temps de la mastiquer, semblant réfléchir

... Dis-moi Mélissandre, la société Cathenry appartient à qui ?

Je souris ... Essentiellement à mon mari pourquoi ?

... Et ce qui s’y passe ne t’intéresse pas ? Tu ne lui poses jamais de question sur un truc concernant la société ?

... Bah si quand même. Je n’interfère pas dans ses décisions, mais je me tiens au courant.

... Ah me voilà rassurée.

Christine ... Ce n’est pas pareil, Mélissandre est sa secrétaire

Ghyslaine ... Enfin c’est quand même la femme du PDG non ?

Christine ... A la différence je ne suis pas la femme d’Alexandre.

Ghyslaine ... Tu partages bien sa vie, vous pieutez bien ensemble

Christine ne répond pas, nous finissons notre plat en silence. La serveuse nous amène une part de tarte aux pommes.
Ghyslaine regarde Christine ... Tu es amoureuse du fils Duval ?

... Pourquoi ?

Ghyslaine, lui assène le coup de grâce, et d’une voix où elle contient sa colère, lui jette en pleine face

... Non Christine tu n’es pas amoureuse, tu es flattée que ce type t’ai remarqué. Tu as une attitude de prétentieuse qui se montre au bras d’un beau mec, instruit et riche. Mais tu n’es pas amoureuse.

... Pourquoi tu dis ça ?

... Parce que si tu étais amoureuse, tu aurais une autre attitude. Tu t’intéresserais à ce qu’il fait, à ce qu’il dit. Tu t’imposerais, tu échangerais tes idées avec lui

... Et tu veux que je lui dise quoi ? Il ne me demande pas, il demande à Mélissandre, il rit avec elle, pas avec moi

Et là Ghyslaine tempête ... Mais que tu poses des questions, que tu te renseignes à savoir s’il a passé une bonne journée, s’il n’est pas trop fatigué s’il veut aller se promener avec toi. Bordel tu es con ou quoi ?

Christine met ses mains devant son visage et renifle, ce qui met la rage à mon amie
... Garde tes larmes, tu les verseras quand il va te quitter. Parce que ça ne va pas tarder, je te le dis

Christine la regarde les yeux pleins de colère .... Pourquoi tu dis ça ?

Et là, un battement plus fort que les autres, saute dans ma poitrine. Il n’y a pas une larme dans ses yeux.

Ghyslaine jette un regard dégouté sur notre copine, je pense qu’elle a fait la même constatation que moi.

 .... Vois-tu si les filles ça parlent entre elles, les mecs font pareil !

... Il a dit quelque chose à ton mari ?

... Disons qu’il se pose des questions. Il se demande ce que tu fais avec lui.

... Pourquoi tu dis ça ?

.... Pourquoi je dis ça ? Pourquoi je dis ça. Tu ne sais dire que ça ?

.... Mais non.

.... Tu ne t’intéresse à rien de ce qu’il fait, tu ne poses jamais de questions, tu n’es même pas capable d’être un minimum, enjouée et souriante quand vous êtes ensemble. Tu fais quoi avec lui ? Et en plus tu nous fais ton cinéma en faisant semblant de pleurer, tu nous prends pour des connes ou quoi ?

J’essaie de sourire à mon amie, et prends une voix tranquille .... Christine tu es assez avec nous, tu vois bien qu’avec Matthieu nous discutons, nous rions, nous chahutons, quand on te regarde avec Alexandre, on dirait que ça fait cinquante ans que vous êtes ensemble, et que vous n’avez plus rien à découvrir.

... Alexandre n’est pas comme Matthieu

... Comment ça il n’est pas comme Matthieu

... Vous riez, vous plaisantez, vous chahutez, je ne sais pas
Je lui demande .... Tu ne sais pas quoi ?

.... Faire comme vous. Il ne le fait pas

..... Et pourquoi ?

Elle hausse les épaules. ...... Je ne sais pas, tu veux que je te dise quoi ?

..... A moi rien, mais avec lui tu dois bien parler, quand même. Au début tu riais avec lui.

Agacée elle répond sèchement ...... Je te dis que non. Avec toi il rit, il parle anglais comme ça je ne comprends pas

... Christine, moi non plus je ne savais pas faire. Ce n’est pas mon père et sa garce qui m’ont donné un bel exemple de la vie de couple, mais vois-tu j’aime mon mari, et il m’aime, et tous les jours nous nous le prouvons. Par un sourire, par une parole, par un rire. Matthieu non plus au début ne riait pas, parlait peu. C’est peu à peu que nous en sommes venus à chahuter ensemble, à nous taquiner. Tu vis chez mon père, tu as sous les yeux un couple qui s’aime. Tu vois bien Anne-Marie aller chercher un bisou à mon père, tu l’entends lui dire des mots doux. Alors ne me dit pas que tu ne sais pas.

Ghyslaine .... Tu es venue à la maison, Marc parlait avec Alexandre, et alors, même si ça ne me regardait pas je parlais bien avec eux !

... Oui

... Et pourquoi tu ne disais rien ?

... Tu voulais que je dise quoi ? Je n’y connais rien dans les travaux

Ghyslaine ... Parce que moi j’y connais quelque chose ? Tu es une pauvre cruche ! Ne viens pas pleurer, quand Alexandre te dira que c’est fini entre vous deux.

Elle se lève, je la sens terriblement en colère. Nous allons payer. Christine ne parle pas, elle nous quitte au deuxième, sans un mot. Je vais avec mon amie boire le café au standard.

Je regarde mon amie et éclate de rire ...... Bah ma Gigi je ne te connaissais pas ce tempérament de feu

Elle sourit ... Oui, bon dis-toi qu’on a perdu deux heures, parce qu’elle ne fera pas d’effort. J’ai la certitude qu’elle n’aime pas ton cousin, j’en viens à penser comme toi.

... Comment ça, penser comme moi ?

... Qu’elle a toujours été attirée par ton mari, et qu’elle a pris Alexandre faute de mieux.

... Ma grand-mère pense qu’elle est amoureuse.

... Alors ta grand-mère se trompe

Je regarde mon amie en riant ........ Oh tu crois ma Gi ?

... On peut être timide, je te l’accorde, mais elle n’est pas amoureuse, j’en suis convaincue.

... Quelle merde !

Ghyslaine me sert un nouveau café .... C’est bien dommage que je ne connaisse pas un type bien placé, je lui aurais présenté Christine, et je parie qu’au premier petit mot gentil, elle serait tombée dans ses bras.

... Non tu crois ?

... J’en file ma main à couper ! Tu comprends toi avec monsieur Jorelle, mariés, ta grand-mère mariée à monsieur Duval, bah la bonne aubaine, elle se tape le cousin.

Elle éclate de rire ... Je crois que ta cousine avait raison, quand elle disait ça reste dans la famille.

Je souris ... Oui enfin Christine n’est pas vraiment de la famille. Et là je crois que mes parents vont encore l’avoir dans dix ans.

... J’en ai peur aussi, ma belle. A moins qu’on lui mette un type dans les pattes.

... Oui mais qui ?

.... Aucune idée, elle n’a que des gonzesses dans son service

Je hausse les épaules ... Laissons faire les choses. Vois-tu j’avais peur qu’elle souffre, en fin de compte c’est Alexandre qui va morfler.

... Je le pense aussi. Christine sera vexée d’être lâchée, mais elle s’en remettra vite tu verras ! 

En repoussant ma tasse, je fais part à mon amie du mail de Lise.

... Et vous allez faire quoi ?

... J’attends que Matthieu m’en parle, je ne suis pas censé être au courant. J’essaierai de plaider en sa faveur. Je crois là qu’elle a compris, et de toute façon, elle ne pourra plus dire que je m’envoie en l’air avec le PDG

Ghyslaine rit .... Ah bon, tu ne t’envoie pas en l’air ?

Je ris .... Si mais avec mon mari.

Nous nous quittons sur cette note de gaité.

Vendredi soir nous rentrons à l’appartement. En chemin je demande à Matthieu si nous n’allons pas à Neuilly.

... Non madame Jorelle, ce soir tu vas à l’école !

... Ah oui

Il tourne la tête légèrement et me sourit .... Madame Jorelle je vais vous mettre une fessée pour oublier vos cours

Je ris ... Mais non je le sais, mais je pensais le suivre au domaine.

... Je préfère que tu sois au calme.

Nous n’avons pas le même prof que l’an passé, pendant deux heures il nous fait un cours animé. C’est un monsieur d’un certain âge, plein d’humour et de passion pour son métier. Il me conquit, j’ai hâte d’être au prochain cours.

Je rassemble mes notes éteins l’ordinateur et regarde mon mari

... Monsieur Jorelle j’ai faim.

Il se lève et vient m’embrasser ....... C’est une bonne maladie !

Nous allons à la salle à manger, tout en parlant de ce cours, qu’il a écouté.

... Emmène tes devoirs au bureau, tu as bien du temps libre pour les faire, au lieu de courir les couloirs

... Ah oui, pour me faire pincer par le PDG ?

Il rit ... Une toute petite chose terrorisée.

... Bah remarque. Si tu m’avais virée, tout mon avenir s’effondrait.

... Comment voulais-tu que je te licencie, et te perde de vue, alors que je tombais amoureux de toi.

... Ah gros bêta, et je devais le savoir ?

... As-tu déjà vu un patron prier sa secrétaire de l’accompagner à des soirées ? Lui offrir des tenues ?

Je ris ... Manou avait essayé de m’ouvrir les yeux, mais je ne pouvais pas penser que l’homme que j’aimais secrètement tomberait amoureux d’une vulgaire petite secrétaire-standardiste.

.... C’est de la femme que je suis tombé amoureux, pas de sa situation madame Jorelle.

... Moi aussi monsieur Jorelle, c’est l’homme que j’aime, pas sa situation, sa société qui des fois nous sépare.

... A ce propos, la semaine prochaine je pars deux jours.

... Tu vas où ?

... A Nantes, je pars mercredi matin, je serais de retour jeudi dans l’après-midi, j’y vais en voiture. Tout compte fait je gagnerais du temps.

... Oh je vais faire quoi toute seule ?

... Va chez manou !

... Ah oui, d’accord. Cool

Il éclate de rire ...... Gamine !

Je prends une voix de petite fille exprès ... Bah tu me laisses toute seule

... Oui bien sûr, pour mon plaisir.

Je change de voix, et prends un ton menaçant ....... Ouais bah fais bien attention. Je crève les yeux à la gonzesse qui les pose sur toi, et je te crève !

Il rit, de ce rire qui sort du cœur, ce rire chaud qui me rend toute chose .... Darling, que vas-tu imaginer ?

.... Oui, oui, on n’est jamais trop prudent. Ce qui est à moi, reste à moi tu as compris ?

.... Bien madame Jorelle, le message est passé.

Nous ferons l’amour passionnément.

29 septembre 2001

Une histoire de locataires

Nous allons directement à Neuilly. La tante est seule, je la trouve un peu tristounette, dès qu'elle nous voit, un grand sourire éclaire son visage.

Catherine place son éternel plateau sur la petite table, garni de verres. Maryse demande des détails sur la maison, est-ce qu'ils l'ont prise. Toujours des conversations à mi-mots, heureusement maintenant j'ai appris à saisir et suivre leurs échanges. Matthieu répond de bonne grâce.

Je suis étonnée de ne pas voir manou et Patrick, mais je ne demande rien. Je n'ai pas suivi, et du coup ignore ce dont ils parlent

Matthieu .... Je demanderai à Romain de mettre une annonce dans son journal, nous recevrons les candidates en même temps. Je ne vais pas perdre plusieurs après-midis.

Maryse ... Tu les recevras à la société ?

... Mais non ici. ... Avez-vous fait nettoyer les logements ?

... Oui, il aurait été bien de faire donner un coup de rafraichissement.

... Bien nous demanderons à monsieur Germain.

... Mais il travaille chez Alexandre.

... Il n'a pas long à mettre un coup de peinture sur trois petits appartements.

Il se tourne vers moi.... Es-tu déjà montée ?

... Ah non jamais, j'ignorais qu'il y avait des appartements là-haut

... Oui, enfin ce sont des deux pièces. Veux-tu les voir

J'hausse les épaules ... Bah oui si tu veux

... Montez-vous ma tante ?

... Non va, avec ta femme.

Matthieu me prend la main, nous montons au premier étage, au fond du couloir, Matthieu ouvre une porte, un autre escalier. Je me rappelle que c'est celui que j'ai emprunté le lendemain de mon mariage. En fait il donne sur la droite du hall d'entrée.

Avec Matthieu nous grimpons la dizaine de marches. Un palier plus petit que celui du premier. Il ouvre une porte, je me retrouve dans une pièce d'une belle dimension, un petit coin cuisine, une autre porte sur la gauche, une autre pièce un peu plus petite. En nous retournant, une porte à côté, c'est une salle de bains, et un WC.

... Qu'en penses-tu ?

... Bah pour une étudiante, c'est royal non ?

... Je pense aussi.

... A quoi servaient ces appartements ?

... Du temps de mon grand-père, le personnel restait à demeure.

... Ah, ils étaient que trois ?

... En fait il y avait un majordome, la gouvernante celle qui s'occupait du personnel féminin et un chauffeur.

... Ah d'accord. Remarque oui c'est dommage de les laisser vides.

... Au moins ma tante pourra pouponner des gamines

Je souris, il m'enlace nous redescendons par l'escalier de service, et nous retrouvons dans le grand hall. Nous retournons au salon, devant une Marjorie étonnée.

Maryse ... Alors qu'en dis-tu ? Un petit rafraichissement des peintures ?

... Oui je vais voir ça.

Ils discutent des futures modalités d'une location, Maryse propose même de faire de la co-location.

Mon mari la coupe, net .... Il n'en est pas question. Trois locataires seront suffisants, je n'ai pas envie d'être envahi

... Je proposais simplement.
... Oui, oui, je vous voir venir ! Trois pas une de plus ! Et dans le parc, il y aura une colonie de vacances, c'est ça l'histoire ?

Maryse rit, de ce petit rire discret ... Je n'avais pas vu cet aspect

... Evidemment !

Le repas et une partie de la soirée, sont axés sur ce futur contrat de location pour les trois petits appartements. Je me dis, si Christine avait pu trouver une chambre comme ça, chez l'habitant ça aurait été bien. Quelques fois je regrette de l'avoir introduit chez mes parents, bien mieux depuis qu'elle est avec Alexandre. Soudain je pense à Ghyslaine, du coup je ne lui ai parlé de rien. Manque de temps ou réflexion à savoir si oui ou non je peux lui confier ce qui me perturbe.

Matthieu veut louer, en meublé, samedi après-midi nous allons dans le bureau, regarder sur internet, ce qu'offrent les grands magasins de mobilier, pratique et à moindre coût. Au fur et à mesure, nous notons les références de ou des articles.

Nous essayons de visualiser et de meubler les appartements de façon agréable et fonctionnelle. Enfin deux bonnes heures plus tard, Matthieu éteint l'ordinateur et me propose d'aller prendre un verre avec sa tante.

Tout en nous dirigeant, vers le salon, je lui demande s'il a eu Marc et si celui-ci est ok pour faire les travaux

... Non, je ne vais pas téléphoner à sa femme un samedi. Je verrais lundi. De toute façon, à l'allure ou il va, en une semaine les appartements seront prêts.

... D'accord, tu attends pour donner rendez-vous ?

... Oui, puisqu'il faudra bien leur faire visiter, alors autant que ce soit propre et meublé

.... Ah d'accord.

Au salon Maryse à l'air de nous attendre. ... Alors les enfants, vous avez fini ?

... Oui, j'enverrais certainement Georges commander ce qu'il faut, quand les peintures seront faites

... Oui tu as raison. Peut-être que nous pouvons faire appartement par appartement ?

... Non, il faut les faire ensemble, on n'aura pas à revenir dessus.

... Oui je te laisse carte blanche.

Tout en sirotant mon verre, je décroche de leur conversation, qui s'éternise et tourne un peu en rond. Au bruit de la porte je tourne la tête, et avec un grand sourire je me lève. Patrick et manou entrent.

D'un coup le salon me parait moins vide. Je commençais à trouver le temps long.

Maryse quitte le sujet appartement, pour engager la conversation sur la maison. J'ai envie de rire. Matthieu me propose quelques pas dans le parc. J'accepte avec empressement, sachant que manou et Patrick vont être accaparés par Maryse.

Nous marchons en cadence, enlacés, sans parler, juste pour le plaisir d'être ensemble. Au détour d'une allée, je fais savoir à Matthieu que j'ai validé mon inscription à la fac.

... Bien, tu as le calendrier des cours ?

... Heu oui bien sûr.

... Tu me diras !

... Pas de grands changements par rapport à l'an passé, tous les premiers vendredis de chaque mois, sauf changement du prof pour une raison ou une autre.

... Quel est la prochaine date ?

... Vendredi qui arrive.

... Il n'y a pas eu de reprise en septembre ?

... Heu si mais je l'ai loupé.

Il s'arrête net, m'obligeant aussi à m'arrêter. .... Comment ça ? Tu as loupé le premier cours ?

... En fait c'est en allant sur ma boite mails, que j'ai vu la relance de la fac, donc j'ai fait l'inscription aussitôt

Je vois ses yeux se foncer, au fur et à mesure que je parle

... Tu n'as que tes cours et la fac à penser, et tu fais l'impasse ?

... Mais non, de toute façon ce n'est pas bien grave, le premier cours, n'en est pas un. Le prof se présente et nous explique l'année à venir, il n'y a pas de devoirs, je vais certainement les recevoir en début de semaine, ou même après le cours.

... Le prof explique le déroulement de l'année, et ce n'est pas important. Tu te moques de qui ?

Je sens mon pouls s'accélérer. ... Bon, c'est fait. J'écrirai à ma copine et elle me dira.

... Je te préviens Mélissandre, il est hors de question que tu fasses l'impasse sur un cours ou un devoir

... Bon écoute, jusqu'à maintenant je me suis débrouillée seule et j'ai réussi, alors ne viens pas me dire ce que je dois faire

.... Doucement madame Jorelle ! J'ai promis à ton père que tu irais au bout de tes études, et je te garantis que tu vas aller au bout !

... Oui c'est bon !

.... Tu me donneras le calendrier des cours, je veux m'assurer du suivi

Je ne réponds pas, je n'ai pas envie d'envenimer. Nous rentrons avec un semblant de tranquillité mais je sais au fond de moi, qu'il est en colère.

Le salon est bien animé, Christine et Alexandre ont rejoint les anciens. Je vais les embrasser Matthieu s'assoit.
... Bonjour Christine

... Bonjour Matthieu.

Je remarque qu'elle le regarde bien et sourit légèrement en penchant la tête. Il ne s'occupe pas davantage d'elle et sert l'apéritif, Alexandre offre les verres à chacun

Matthieu .... Aurions-nous interrompu une conversation ?

Alexandre ... Absolument pas, nous parlions de la future maison de monsieur et madame Duval père !

Matthieu sourit à manou ... Heureuse manou ?

Manou rit .... Mon cher petit-fils, on le serait à moins. Il me faudrait être bien difficile et ingrate envers mon époux qui me comble.

Matthieu rit à son tour ... N'est-ce pas le rôle d'un époux, que de rendre sa femme heureuse ?

Manou taquine ... Tout comme une femme doit rendre heureux son époux. Mais je crois que j'ai attrapé le meilleur qui puisse exister.

Matthieu espiègle .... Quel message voulez-vous me faire passer manou ? Ne serais-je pas un époux parfait ?

.... Mon cher Matthieu, seule ma poupée pourrait le dire

... Alors si elle ne vous a rien dit, je reste sur la liste des bons époux !

Manou rit ... Qui ne dit mot consent ?

... Il me semble manou, que c'est l'adage, non ?

Manou se tourne vers moi .... N'est-ce pas ma poupée ?

... Manou si tu le dis, je te fais confiance

... Ce n'est pas une question de confiance sur un diton, mais plutôt une certitude.

Je regarde Matthieu espiègle .... Tu es un bon mari ?

.... Madame Jorelle il me semble oui. Disons que je n'ai pas une cervelle de moineau

J'éclate de rire .... Non mais tu as une telle facilité à faire en sorte de ne jamais avoir tort.

.... Dis-donc tu as une chose à penser, une seule et tu te permets de l'oublier !

... C'est bien ce que je dis, tu prends le moindre prétexte pour avoir raison.

Je sais qu'il plaisante, je sais que je peux à mots couverts lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de se mettre en colère tout à l'heure.

Christine me regarde avec des yeux ronds. Je prends Maryse à témoin

... Je n'ai pas raison Maryse ?

La tante sourit .... Il est difficile je le reconnais, d'avoir le dernier mot avec un de mes neveux.

Alexandre ... Plaignez-vous ma tante !

Matthieu craignant que la bonne entente vire, demande à Alexandre, s'il serait possible de prendre monsieur Germain pour une petite semaine.

Alexandre .... Tu veux refaire ton appartement ?

Matthieu sourit .... Non, je voudrais faire rafraichir les appartements là-haut

Alexandre ... Pour ? Tu veux emménager à Neuilly

Matthieu rit, de ce rire chaud, qui m'émoustille .... Non, ta tante a peur de s'ennuyer, j'ai donc suggéré qu'elle prenne trois locataires

Alexandre fronce les sourcils. Oh mon Dieu, ''Matthieu sort de ce corps''. Et de cette voix coupante

... Et ? Nous allons cohabiter avec des pensionnaires parce que la comtesse s'ennuie ?

Maryse ... Je te prie Alexandre d'éviter de persifler.

Je regarde Patrick et manou, ils parlent à voix basse, sans trop s'occuper de ce qui se passe. Je n'ai pas entendu la suite de l'échange entre Maryse et son neveu,

Matthieu ... je vais mettre les conditions sur le bail

Alexandre ... Ah tu crois ça ! Quand on aura le dos tourné, les mouflettes envahiront le salon, la télé, et pourquoi pas la salle à manger, la bibliothèque et le bureau

Maryse... Ne sois pas ridicule Alexandre, la journée il n'y a personne, et ces jeunes filles seront à leurs études ou leur travail

Alexandre ... Alors expliquez-moi à quoi sert de prendre des pensionnaires ?

... Mais pour savoir que cette maison bouge, qu'elle vit

Alexandre ironique ... Elle vivra quand ? Puisque vous me dites que la journée les locataires ne seront pas présentes. Prenez-vous une dame de compagnie, au moins vous ne serez pas seule !

Il se tourne vers mon mari et sans se départir de ce ton persifleur ........ Matthieu tu réfléchis des fois ? Avant de lui céder tous ces caprices ?

Je suis soufflée, avant que Matthieu réponde, Patrick d'une voix de colère remet son fils en place

... Non mais dis-donc Alexandre, tu t'écoutes parler ?

Alexandre toise son père .... Père soit réaliste, après les Marsaque on va se taper des gamines qui vont tout chambarder et retourner, ne rien respecter et ça avec la bénédiction de ta sœur !

Patrick .... Ça va pour toi, tu n'as pas eu à trop les supporter et sans Matthieu on les aurait encore à demeure

Alexandre ... Rappelle-moi mon cher papa, où tu étais quand je me suis retrouvé à six cent kilomètres d'ici

Patrick gronde... Je veillais ta mère, tu as la mémoire courte !

Alexandre ... Ah oui, et Maryse ?

Matthieu ... Arrête Alexandre, ce n'est pas le moment. Oublie un peu le passé. Personne ne t'a empêché de revenir quand j'étais en place.

Alexandre glacial ... Pour faire quoi ? Partager mes repas avec de la vermine ?

Matthieu ... Tu n'as pas tort, je te l'accorde, je crains comme toi que des locataires perturbent cette maison.

.... Je suis étonné que tu n'y aies pas pensé avant.

... Bien sûr que j'y ai pensé, mais j'ai aussi pensé qu'un essai n'était pas définitif.

.... Alors prends une dame de compagnie à la comtesse et fait qu'elle sache jouer au bridge

Matthieu éclate de rire et se tourne vers sa tante ........ Qu'en pensez-vous ma tante ?

Le regard attristé de la tante, me fait mal au cœur. J'en arrive à me demander si Alexandre n'est pas plus dur que mon mari qui malgré tout, aime faire plaisir à la vieille dame. 

Alexandre ... Inutile de refaire les appartements elle aura une chambre, elles sont en nombre suffisant me semble-t-il ?

Matthieu ... Bien je vais réfléchir à ce nouvel aspect, passons à table !

La tante d'habitude si bavarde, parle très peu. Manou mange en silence, Patrick a le regard en colère. Et voilà encore une soirée moitié gâchée. Décidément dans cette famille, il y en a toujours un pour mettre la pagaille.

En nous couchant j'ai envie de parler de l'attitude d'Alexandre à mon mari, il ne m'en laisse pas le temps. Je m'endormirais dans ses bras, pleinement comblée

Comme bien souvent, je me réveille seule dans le grand lit. Une douche rapide, je descends boire un café. Christine est dans la salle à manger, elle termine son petit déjeuner. Sans l’embrasser je la salue et lui demande si tout va bien

.... Oui et toi ?

Tout en me servant et en saluant aussi Catherine, je réponds à Christine.

....  Bien aussi. Où est ton amoureux ?

... Il est avec Matthieu dans le bureau.

... Ah d’accord !

Je prends le temps de déjeuner, je n’ai pas envie de lui faire la causette. Certaines choses vraiment me dérangent. Son attitude hier quand Alexandre se prenait de bec avec sa tante, et qu’elle était toute béate devant son mec. Alors que dès que Matthieu ouvre la bouche, ou même s’il apparait, elle fait celle qui tremble.

Je ne comprends vraiment pas cette fille. Je suis dépitée de m’être trompée sur son compte. Alors oui elle n’est pas méchante, elle ne fait pas de bruit, mes parents l’apprécient beaucoup. Mais à quel jeu elle joue ?

Au moment où je vais pour me resservir un café, les deux cousins arrivent. Alexandre m’embrasse Matthieu vient effleurer mes lèvres

Alexandre sert deux cafés .... Tu veux Tibou ?

... Non merci

Et vlan elle a repris sa voix de petite fille. Je sens mon pouls s’accélérer

Alexandre me sourit ....... Alors belle cousine que dis-tu ?

... Heu rien !

Matthieu en riant .... Ma femme, ne cause jamais sans avoir déjeuner.

Alexandre rit aussi ... C’est pour mieux se rattraper après !

Je souris .... Voilà, c’est exactement ça !

Alexandre me taquine gentiment, Matthieu a reculé sa chaise légèrement, les jambes croisées il écoute nos réparties,

Christine comme à son habitude a baissé la tête. D’un coup son attitude m’insupporte

Alexandre en souriant me demande si je refuse toujours de choisir la couleur de son salon

Je ris .... Vert pomme et rose qu’en penses-tu ?

Le cousin éclate de ce rire chaud, si semblable à celui de Matthieu

... Reste dans les études de droit, la déco n’est à priori pas pour toi.

Je demande innocemment ... Ah bon, tu n’aimerais pas ?

Et perfidement... Et toi Christine tu en penses quoi ?

Elle me regarde et de sa toute petite voix ... Je ne sais pas.

.... Tu ne sais pas quoi 

…... Oui si Alexandre veut.

J’éclate de rire, d’un rire ironique .... Bah voilà Alexandre, tu auras un salon vert pomme ! Christine n’est pas contre

Je me tourne vers Matthieu ... On fait quoi monsieur Jorelle ?

.... As-tu une idée ?

Au même moment Patrick et manou arrivent, les embrassades reprennent. Je pousse un soupir de soulagement.

Patrick .... Comment allez-vous les jeunes ?

Alexandre .... Bien et vous-même ?

Patrick sourit ... Bien ! Et Christine ? Ça va mon petit ?

Christine sans même lever les yeux de ce ton qui m’agace. ... Oui merci Patrick

Patrick ne s’attarde pas .... Et ma nièce ? Bien dormi ?

... Oui, comme un bébé.

Patrick demande à Matthieu ce qu’il compte faire, mon mari se sert à nouveau un café, me propose de la tête je fais non

Il repose le pot sur la plaque chauffante, sans demander à son cousin ni Christine. Il prend le temps de boire une gorgée.

... Je pense lui prendre une dame de compagnie. Il faut reconnaitre que dans cette grande maison, seule, il est évident qu’elle s’ennuie.

Alexandre .... Comment faisait-elle avant ?

Matthieu .... Justement avant, elle s’entourait de gens de peu, mais au moins elle avait la possibilité de parler

.... Je ne comprends pas que tu cèdes à ses fantaisies.

.... Je ne cède à rien du tout, j’essaie d’adoucir ses jours. Que peut-on lui reprocher sans cesse ?

.... Mais rien franchement, rien de ce qui est advenu, ce qu’on est devenu

….. Et alors ? Regrettes-tu d’être médecin d’avoir fait les études qui te plaisaient ?

…... Non, certes non !

….. Aurais-tu fait les mêmes études ici ? T’en aurait-elle laissé la possibilité ? Tu aurais été palefrenier pour sa salope de fille !

Je tourne la tête vers mon mari, cette colère prête à exploser et ces mots orduriers ne sont pas dans ses habitudes. Il est blanc. Je sens que ça va péter entre les cousins

J’essaie de reprendre le fil de la conversation.

Matthieu .... Alors prends-toi en à ton père par exemple !

.... Mon père ne m’a jamais lâché, mon père a été un père à mes côtés bien plus que tu ne peux l’imaginer

... Je n’imagine rien Alexandre, et tu le sais, je chéris mon oncle, mais ne viens pas faire un procès à ta tante, qui n’avait pas son mot à dire. Nous n’étions pas ses enfants. Quel regard avait-elle sur notre éducation ?

... Elle sait si bien s’insurger quand elle veut !

... Donc tu me fais comprendre que le jour où tu auras des enfants, je prendrai leur avenir en main !

.... Aucun rapport

... Mais si, bien sûr que si ! Puisque Maryse aurait dû s’occuper du fils de son frère et du fils de sa sœur !

... Tu étais orphelin, je te rappelle

.... Et quand bien même, ma mère était toujours vivante !

.... Ta mère n’avait pas le caractère Duval

.... Sois gentil Alexandre, ne t’occupe pas du caractère de ma mère, occupe-toi de la tienne.

... Il est évident que la mienne était aux abonnés absents.

... Que vis-tu dans le passé, avance merde ! Au lieu de ressasser sans arrêt. Tu vas bientôt être plus vieux que ton père.

..... Oui, facile pour toi !

.... Non détrompe-toi, rien n’a été facile. Il m’a fallu à peine mes diplômes en poche relever une société, jour et nuit et enterrer ma mère. Crois-tu que si j’avais ressassé sans arrêt nous en serions là aujourd’hui ? Crois-tu que tu serais dans ton cabinet ? Non monsieur Duval, vous seriez dans une piaule minable à bosser dans un hôpital de banlieue, à faire des gardes et des journées de quinze heures par jour.

... Je sais ce qu’on te doit Matthieu

….. Alors fais comme moi, vis ta vie, sans te retourner, profite de ton bonheur avec mademoiselle Frontasky et arrête de te poser des questions ou nul n’a la réponse !

... Alors prends-lui une dame de compagnie

... Bien sûr et avec ou sans ton assentiment !

Alexandre rit moqueur .... Je sais pertinemment que tu accéderas à ses désiderata, sans t’occuper de nous. Tu es seul maitre en la demeure !

.... Ne prends pas et ne vois pas les choses ainsi. Ne me reproche pas ma situation, je t’envie bien plus que tu ne dois m’envier. J’ai une boutique à faire tourner, et une famille à faire vivre. Ne crois-tu pas que j’aspire à des week-ends tranquilles, ou je peux me reposer la tête ?

... C’est évident.

... Alors fais montre d’un peu plus de courtoisie et arrête d’attaquer tout le monde sans réels prétextes.

... Dois-je être déloyal et ne pas dire tout haut ce que je pense ?

... Tu peux, tu en as le droit, tout est permis, tant que ça ne devient pas une ritournelle. Prends-toi en aux bonnes personnes, arrête de te tromper de cible. Ne sois pas acrimonieux au moindre prétexte.

Alexandre d’un geste las, passe sa main dans ses cheveux, et regarde son cousin, d’un air fatigué d’un coup.

Matthieu d’un ton radouci .... Alexandre, tu as un père formidable, un amour de belle-mère, une copine et un boulot super, que demander de plus ? La vie reprend ses droits et te rend enfin ce que tu n’avais plus. Profite du moment présent.

... Oui je sais.

... Crois-tu que pour moi tout a été facile ? Je me suis battu comme un lion, contre des employés qui avaient décidé de faire la loi dans l’entreprise, crois-tu que ce soit de gaité de cœur de passer pour un despote auprès des salariés ? J’ai trois cent familles à faire vivre, penses-tu que je puisse être laxiste ? Non je me dois d’être intraitable, juste mais intraitable. Je suis obligé de faire tourner la boutique, d’autant que pour vous offrir, nous offrir ce que nous avons failli perdre. Tu comprends ça ?

.... Oui, et je t’en remercie sincèrement Matthieu. Je sais que sans toi nous serions dans le caniveau

.... Alors profite, et que tout le monde profite. Vois-tu je vais te dire mon cher cousin, j’ai retrouvé goût à la vie, le jour où j’ai posé mon regard sur mademoiselle Robin ! Avant je m’enfonçais comme un acharné dans le travail. Ton père m’a aidé a levé le nez des livres de comptes. Sans lui, je pense que je serais parti à la dérive, me rendant malade de devoir relever agence, par agence. Je dois aussi à ton père, ce que nous sommes aujourd’hui. Maryse m’a été d’une aide précieuse, de par sa présence, son affection. Penses-y avant de vouloir dévorer tout le monde.

....... Bien Matthieu Jorelle, je vais faire abstraction de cette jeunesse, la balayant d’un coup de main.

.......... Tout à fait, et vis l’instant présent. Secoue ton endormie et éclatez-vous ! Parce que j’ai quelques doutes !

Alexandre tourne la tête vers Christine, je m’aperçois que manou et Patrick ont désertés.

... D’accord tibou ?

.... Oui si tu veux.

Je n’ai pas entendu la question d’Alexandre qui se lève en tendant la main à Christine. Matthieu se lève, du coup je me lève. Nous allons faire quelques pas dans le parc. Les deux cousins discutent tranquillement, je pars dans mes pensées.

Christine ne pipe pas un mot. Sa tête de martyre me tape sur le système au plus haut point.

Je me rapproche de mon mari et glisse ma main dans la sienne. Je me rends compte qu’il a une charge énorme sur ses épaules, qu’il n’a que trente ans et déjà une vie derrière lui. Mon cœur se gonfle d’amour pour cet homme, si bon. Pensant sans cesse aux siens, essayant de faire au mieux pour tout le monde. Je comprends ce côté autoritaire, tant dans la famille qu’au travail.

... Tout va bien darling ?

Je lui lance un regard amoureux j’essaie de faire passer dans mes yeux tous les sentiments que j’ai pour lui.
... Oui. Ne t’inquiète pas.

Je me tourne vers Alexandre .... Alors ils avancent les travaux ?

Alexandre .... Oui, et même plus vite que je ne le pensais.

Je plaisante... Ah c’est cool alors. J’ai hâte de voir le salon.

Alexandre éclate de rire .... Tout compte fait, il ne sera pas vert pomme, mais framboise ou cerise, qu’en penses-tu ?

Je ris ... Et pourquoi pas, qu’en pense Christine ?

Alexandre lève un sourcil ... Aucune importance, que je le fasse rose ou vert, elle consentira.

Je suis saisie de sa réponse ironique. Je me ressaisis pour ne pas rallumer la mauvaise ambiance.

... Cher cousin, non qu’elle n’ait pas d’idée, disons qu’elle te laisse libre choix. Ce n’est pas ce qu’on appelle l’amour ?

.... Par amour, tu laisses Matthieu guider toute ta vie, sans broncher ?

... Heu, cher cousin, je n’ai pas le tempérament de ta petite chérie !

... Hum c’est certain !

Matthieu taquin ... Madame Jorelle sous ses airs tranquilles cache un tempérament impétueux.

Alexandre .... La joute oratoire n’est-elle pas un jeu en soi ?

Matthieu .... Alors elle en connait bien les règles

Je ris .... Non mais oh, les deux cousins.

Matthieu m’enlace, en me soulevant de terre il me fait tournoyer ......... Je vous aime madame Jorelle, ne changez rien !

Je ris à gorge déployée, Alexandre et Christine se sont arrêtés, je peux intercepter le regard rieur d’Alexandre et celui de Christine qui me foudroie.

Enfin Matthieu me repose et effleure mes lèvres, nous repartons main dans la main.

Alexandre .... Aurais-je la bonne fortune de vivre un bonheur identique ?

Matthieu .... A toi, de mettre un coup de pied dans la fourmilière.

Alexandre dubitatif émet un ... Hum ! Pas certain que ça serve, il manque l’engouement. Ce petit quelque chose qui fait que !

Mon pouls s’emballe. Est-ce que Christine percute sur ce qu’Alexandre fait passer comme message ?

Matthieu .... Bien trop sage, ou ce sont uniquement des airs pour attirer le regard ?

Alexandre .... Certainement un petit jeu qui amplifie les mauvais côtés

.... Vas-tu t’en satisfaire ?

... Non, trop déplaisant et surtout épuisant !

Le silence retombe. Je suis déconcertée par ce que je viens d’entendre. Je sais malgré leur demi-mot qu’ils parlaient de Christine, et devant elle en plus. Elle n’a même pas l’idée de mettre son grain de sel, de se défendre. J’ai envie là tout de suite de la secouer, de lui dire réveille-toi, tu es en train de perdre ton mec.

Maryse, son frère et manou, devisent tranquillement sur cette belle arrière- saison. Matthieu sort les bouteilles de la vitrine, Catherine pose le plateau de verres. Je pense que ce plateau attend sur un guéridon, je n’ai pas remarqué. Ou dans un placard peut-être.

Manou m’interpelle ... Mélissandre ?

... Heu oui manou ?

Manou me sourit ... Je demandais si vous vouliez venir le prochain week-end avec Maryse.

... Heu bah oui pourquoi ?

Maryse ... Oui merci Odette, ça me sortira un peu.

Je croise le regard d’Alexandre et en souriant lui fais les gros yeux.

... Compris ma belle cousine

J’éclate de rire, tout le monde nous regarde sans saisir ce qui provoque cette hilarité

Le temps de l’apéritif est agréable. Tout le monde papote en riant. Le repas sera sur le même ton. Maryse est volubile faisant rire manou à plusieurs reprises.
Ma grand-mère en femme perspicace a su installer ses marques dans la famille. Depuis qu’elle est avec Patrick, elle a rajeuni, je la trouve belle. Son mari est aux petits soins. Ils se sont bien trouvés, toujours sur la même longueur d’onde.

Les anciens vont à la télé, nous nous retrouvons au salon pour boire le café. Matthieu propose une sortie à Montmartre, histoire de changer d’air.

C’est Alexandre qui nous emmène, je souris, mon mari monte derrière avec moi. En plaisantant il dit à son cousin

.... Conduisez-nous monsieur Duval !

... Bien monsieur Jorelle.

Nous déambulons dans les ruelles qui montent, nous arrêtant devant les boutiques de souvenirs en riant. Sur la place du Tertre, nous essayons de trouver une place en terrasse. L’espace des peintres est bondé d’une foule disparate.

Un type cheveux longs, blouse blanche maculée de peinture, s’approche de notre table

... Un portrait messieurs-dames ?

Alexandre ... Non merci !

Le serveur amène nos consommations. J’offre mon visage aux derniers rayons de soleil, en renversant légèrement la tête, je ferme les yeux.

... Madame Jorelle, ne t’endors pas !

Je ris et sans bouger réponds taquine à mon mari ...... Aucun risque, je te surveille !

... Qu’est-ce à dire ?

... Hum, rien de spécial, simplement que je ne vais certainement pas m’endormir.

Matthieu éclate de rire, suivi de son cousin.

Alexandre .... Te voilà prévenu cher cousin !

Matthieu .... Ne t’inquiète pas nous sommes deux à ne pas nous endormir.

Alexandre se tourne vers Christine .... Et toi tibou ? Tu dormirais ?

Christine revient à la réalité, elle n’a rien suivi de nos échanges, accaparée à regarder ce qui se passe autour de nous.

.... M’endormir ? Heu non pourquoi ?

Alexandre, jette froidement à l’intention de Matthieu .... Désolant !

Matthieu .... Il faut des fois secouer le pommier pour en récolter les fruits.
Alexandre ... Est-ce que ce sera suffisant ? Est-ce que ça ne va pas être lassant à force ?

... Tu es bien plus tempérant que moi, cher cousin. Essaie d’apprivoiser la colombe !

Le cousin taquin ... As-tu eu besoin ?

Mon mari me sourit, et d’un doigt sous mon menton, tourne ma tête en sa direction, il effleure mes lèvres avant de répondre à son cousin.
... Nul besoin, je savais dès le premier regard, que je ne devrais pas apprivoiser, plutôt dompter un petit cheval fougueux

Nous rions tous les trois, Christine nous regarde avec cet air de tomber d’une autre planète

... Monsieur Jorelle, vous êtes déloyal. Vous étiez en ce temps-là mon patron !

.... Darling, ne le suis-je plus ?

... Disons que tu es d’abord mon mari, et que j’ai appris à connaitre le patron !

D’un coup sans qu’on s’y attende Matthieu parle en anglais. Je sais que Christine ne le comprend pas. Je suis abasourdie par ce que j’entends

...... What are you going to do ?        (Que comptes-tu faire ?)

....... Leave it there honestly there is nothing to belearned.     (En rester là, honnêtement il n’y a rien à en tirer)

........ So don’t make it last longer           (Alors ne fait pas durer plus longtemps)

.... She looked attractive at first glance, but her attitude does not suit me    (Elle paraissait attirante au premier regard, mais son attitude ne me convient pas.)

........ Like what ?                (Comme quoi ?)

..... No discussion, no fantasy. Nothing is nothing          (Aucune discussion, aucune fantaisie. Rien, c’est le néant)       

... Did you try to chat with her ?             (As-tu essayer de discuter avec elle ?)

... Dialogue is difficult                            (Le dialogue est difficile)

... So punch your fist on the table and put things flat           (Alors tape du poing sur la table, et mets les choses à plat)

Alexandre éclate de rire ........ I have no time to waste, the feelings are missing      (Je n’ai pas de temps à perdre, il manque les sentiments)

Alexandre se tourne vers moi .... Beautiful cousin, would you talk to your friend ?  (Belle cousine, tu parlerais à ton amie ?)

Je le regarde, essayant de savoir s’il est sérieux, je vois un air dépité sur son visage. J’éclate de rire.

... Cher Alexandre, une fois m’a suffi, et j’ai vu que donner mon ressenti, ne m’apportait que rancœur. 

... Report was somewhat skewed !              (Le rapport était quelque peu faussé !)

... Maybe but won’t it be again ?                   (Ne le sera-t-il pas encore une fois ?)

Alexandre sourit. ....... Try to find out what’s on her mind         (Essaie de savoir ce qu’elle a en tête)

J’éclate de rire ......... Ask her to marry, she’s just waiting for that         (Demande-là en mariage, elle n’attend que ça)

Alexandre fronce les sourcils et d’une voix froide, reprenant le français......... C’est une plaisanterie ?

........ Absolutely not, that’s what she made me understand               (Absolument pas, c’est ce qu’elle m’a fait comprendre.)

...... Try to talk to her, probe her               (Essaie de lui parler, de la sonder)

.. I’Il see but I don’t guarantee you anighing, I don’t want to get involved  (Je verrai, je ne te garantis rien, je n’ai pas envie de m’en mêler.)

... Can I thank you in advance ?      (Puis-je te remercier à l’avance ?)

.. I do not know. The business of others, you see, the less we take care of it      (Je ne sais pas. Les affaires des autres, vois-tu moins on s’en occupe, mieux c’est.)

.... Je comprends ma belle ! J’aurai essayé.

Je ris pour détendre l’atmosphère ........ Bon je verrai ce que je peux faire !

Il se penche et dépose un baiser sur ma joue.

Matthieu .... Nous partons ?

On se lève, et main dans la main avec mon mari, nous redescendons à la voiture. En chemin, personne ne parle. J’essaie de détendre l’atmosphère comme je peux

.... Tu connaissais Montmartre Christine ?

... Non.

... C’est joli hein ?

... Oui.

... Ces peintres sont vraiment talentueux ! Tu as vu ?

... Difficile de les louper, il n’y a que ça !

... Oh t’as quoi là tout de suite ?

... Rien !

Je croise le regard d’Alexandre dans le rétroviseur. Je ne sais que penser. Je laisse tomber.

Pendant le repas, je me rends compte que Christine fait carrément la gueule. Elle ne dit pas un mot, je l’ignore totalement, les deux cousins aussi.

26 septembre 2001

Volte-face

Ce matin, je n’ai pas de courrier, ayant été avec Matthieu et Patrick à Neuilly tout le week-end. Je décide de nettoyer le percolateur, ce qui me prends un peu de temps. La machine propre et détartrée, je passe à mon travail, en recroisant les fins de congés, je vérifie les pointages. J’ouvre ma boite personnelle. Un mail de la fac me relance pour mon inscription. Mon pouls s’emballe, j’ai complètement oublié cet aspect de ma vie. Je m’empresse de valider mon enregistrement, à l’aide de ma carte bleue, je règle le montant et imprime la liste de livres demandés, pour pouvoir comparer avec ceux que j’ai déjà.

Je m’aperçois que j’ai loupé le premier cours, en date du 14 septembre. J’imprime aussi le calendrier des cours, en souriant. En un an, tant de choses me sont arrivées. Mon mariage, avec un homme comme beaucoup de jeunes filles rêveraient. Une onde d’amour envers mon mari me prend tout entière. Auprès de lui je vis un vrai conte de fée.

Ma fausse-couche, et toutes ces histoires qui ne riment à rien et qui me mettent à cran, j’essaie de faire l’impasse maintenant. Aucune envie d’assombrir mon ménage.

Je continue de vider ma boite, je supprime les pubs qui n’ont pas d’intérêt. Un mail de ma cousine. Le cœur battant j’ouvre et vois, qu’elle m’en a écrit une tartine

Ma Méli

Tout d’abord je te remercie de prendre de mes nouvelles. Qu’est-ce que je peux te dire, ou te raconter. Ma vie est simple comme bonjour. Je travaille du mardi au samedi dans le magasin de mon oncle. Je fais du ménage dans le magasin ou dans les réserves, je fais le réassortiment dans les rayons. Bref une vie pas bien joyeuse. Je m’ennuie à mourir dans ce travail, mon père refuse que je cherche autre chose, disant que comme je n’ai pas de diplôme, que je dois déjà être contente d’avoir cette place. Tu vois pour moi c’est vraiment un travail qui ne me convient pas 

Où est le temps où je m’éclatais dans mon job ? Je ne te dis pas, des erreurs que j’ai commises, ça je l’ai bien compris. Je te parle de nos crises de fou rire, avec toi ou Ghyslaine, je te parle de nos hamburgers au square en riant. Je te parle de ça. Comme je regrette ce bon temps que je n’ai pas su apprécier.

C’est quand on a tout perdu, qu’on s’aperçoit de ce qu’on avait. Malheureusement je sais que je ne pourrais jamais rattraper ce temps

J’ai téléphoné à manou, pour prendre de ses nouvelles, elle m’a répondu avec sa gentillesse habituelle. J’ai promis de la rappeler, je ne peux que le lundi parce que je suis seule à la maison. Mais la dernière fois, je pense que c’est monsieur Duval qui a décroché, et je n’ai pas osé parler, j’ai raccroché.

Je n’ai pas écrit à ton mari, j’ai demandé à mon père pour m’aider à écrire un courrier, il m’a répondu. Tu as su mettre la pagaille, alors débrouille-toi.

Mon père m’a complètement tourné le dos, je n’ai plus que ma mère, qui me dit de laisser passer le temps, que ça va s’arranger, mais je sais que ce n’est pas vrai. Je sais que j’ai perdu toutes mes chances, de te revoir un jour, de revoir manou et que je resterai confinée à jamais dans ce boulot qui ne m’apportera jamais rien.

Ma Méli, je ne sais pas quoi te dire d’autre. J’ai tellement honte, je suis tellement aux ras des pâquerettes. J’ai fait un début de dépression, ma mère m’a emmené chez le médecin, je suis sous cachet pour arrêter de pleurer et essayer de reprendre le dessus. Peut-être quand je me sentirai un peu plus forte je vais essayer comme toi de reprendre des études. Alors pas un haut niveau comme toi ma Méli, car toi tu es une tête. Non je vais essayer de faire des études qui me sortira de cet enfer. Mais je ne sais pas encore dans quoi. Peut-être quelque chose comme secrétaire ou aide comptable. Ou un emploi dans les bureaux.

Pour ton mari, je n’ose pas lui téléphoner, j’ai peur de sa réaction, de son ton froid qui va me stopper net dans ce que je voudrais lui dire. Je préfèrerais lui écrire, je voudrais lui demander pardon, mais je n’ai pas les mots. Je ne sais pas comment lui faire comprendre, que j’ai réellement changée, que je ne suis plus la Elise Dumont qu’il a connu.

Voilà ma Méli. Inutile que j’essaie de te téléphoner, je sais que le standard ne me passera pas ton poste. Peut-être que toi si tu le veux, tu peux m’appeler le lundi, je suis seule à la maison, et ça me ferais vraiment plaisir de t’entendre, même si c’est pour m’engueuler. Je reconnais que tu aurais le droit.

Je t’embrasse de tout mon cœur, tu me manques.
Lison.

Je reste baba, devant cette lettre. Je la relis une deuxième fois, pour bien me l’imprégner. Je ne réponds pas, ma décision est prise, je verrai selon son attitude.

Je décroche mon téléphone et compose le numéro de chez mon oncle. A la deuxième sonnerie j’entends un triste

... Allo ?

.... Lise ?

Je reçois un sanglot en guise de réponse.

... Lise ne pleure pas. Je viens de lire ton message. Je ne sais pas quoi te dire, ma pauvre.

Je n’ai que sanglots en écho

... Lise parle-moi

Quelques secondes, quand d’une voix éteinte, elle me dit ... Oui Méli.

... Qu’est-ce que je peux faire ?

.... Rien, je crois que tu ne peux rien faire

... Ecris à Matthieu, lui seul pourra faire pencher la balance

Entre deux sanglots, ma cousine essaie de s’expliquer .... Je ne sais pas quoi lui dire, à part pardon, et je m’excuse mais je sais qu’il ne voudra pas.

... Elise, écrit lui à tête reposée, explique-lui que tu ne voulais pas tout ça, que tu n’étais pas toi, que tu as agis impulsivement.

... Oui Méli d’accord

... Dis-lui que nous avons été tant séparées petites, que tu as mal d’être encore séparée de moi. Je ne sais pas moi, dis-lui que tu ne vois plus manou et qu’elle te manque.

... Oui Méli.

... Dis-lui que tu as mûrie, que cette histoire t’a anéantie et t’a fait changer, que tu n’es plus la même. Que tu implores son pardon.

... Oui Méli d’accord.

Dans un sanglot elle arrive à me dire ... Merci Méli. Je t’embrasse fort.

... Moi aussi Lise je t’embrasse. Tiens-moi au courant. Envoie-moi un petit mail, et j’essaierai de te rappeler.

... Merci Méli.

... Allez je te laisse. Ecris-lui promets-moi.

... Oui Méli

Je raccroche submergée de tristesse. Elle est complètement détruite. Elle la grande Elise Dumont, au bagou irréfléchi, à la verve inconséquente. La voilà éteinte.

J’essaie d’effacer ce triste sentiment, en allant manger avec Ghyslaine. De tout le repas, je fais l’enjouée, mais sans plus, je ne parle de rien, ni du mail de Lise, ni de mon appel téléphonique. J’abrège le plus possible le repas, prétextant du travail à finir. Nous nous faisons la bise dans le couloir, devant la porte du standard.

Je n’en parle pas non plus à Matthieu, j’attends de savoir ce que Lise fera. La décision lui appartient.

Sur mon bureau, le dictaphone de mon mari, avec un post-it collé dessus. De sa belle écriture il a écrit ‘’merci darling’’

Je souris, et mets l’oreillette, pour écouter sa voix chaude, aux intonations qui me font frissonner, me donnant l’envie de me fondre en lui.
Je tape les douze courriers, l’imprimante en fonction crache ses feuilles, je me fais un café. Je glisse le courrier dans le parapheur et le porte sur le bureau de mon mari.

Le PDG et le DRH sont absents. Je rentre seule à l’appartement. Matthieu sera de retour assez tard, je l’ai attendu pour le diner.

Toute la semaine les deux hommes seront absents, malgré tout j’ai pas mal de courrier à remettre à la signature avant de partir le soir.

J’ai prévenue Ghyslaine, que j’étais un peu surbookée et que du coup je partais tard pour manger. Compréhensive, elle n’a pas posé plus de question.

Mercredi, je termine d’imprimer les lettres, quand j’entends toquer à ma porte.
... Oui entrez !

Christine s’avance devant moi, un petit sourire aux lèvres.
... Bonjour Mélissandre, je viens voir si tu veux déjeuner avec moi.

... Oui bien sûr, je termine et je suis à toi.
... Oui, oui vas-y.

Je ramasse les feuilles dans le panier de l’imprimante, je trie entre les deux parapheurs et vais les porter sur les bureaux respectifs.
Je décroche mon téléphone ... Oui c’est moi, je voulais déjeuner avec toi, mais je suis prise

J’écoute ce que me dit Ghyslaine.
... D’accord, bisous à plus tard.

Je raccroche sans un mot

Christine ... Si tu avais prévu autre chose, nous pouvons remettre.

... Non aucune importance.
Je prends mon sac, enfile ma veste, et l’entraine vers l’ascenseur.   D’une voix timide elle me demande où je veux manger

.... Comme tu veux. Un burger ? Un croque ? Les normands ?

... Heu oui un burger tu veux

Je souris sans répondre. Nous allons à la restauration rapide. Toutes les tables sont prises, je regarde Christine ....... On va ailleurs ?

... Heu oui si tu veux.

... Un croque ?

... Oui d’accord.

Nous repartons, et allons à la brasserie, nous commandons un croque une limonade pour moi, un vittel fraise pour Christine.

En attendant le serveur Christine me demande ... Tu veux parler Mélissandre ?

....... Et toi tu veux parler ?

........ Je voudrais t’expliquer pour …..

Le serveur apporte nos verres et nos assiettes, ne laissant pas Christine continuer. Je le remercie, coupe mon croque et commence à manger, tout en déglutissant, je demande à nouveau de quoi elle veut parler

......... Je voulais te parler d’Alexandre.

Je la regarde, réfléchis deux secondes et lâche ...... .... Christine, soit gentille tu me parles de tout ce que tu veux, mais pas de ta relation avec le cousin de mon mari. Cela ne me regarde pas.

....... Non je voulais te dire, pour ce qui s’est passé.

Tout en mangeant mon croque pendant qu’il est chaud, je rétorque le plus gentiment possible

........ Christine, ce qui est fait, est fait. Inutile de revenir dessus. Passons à autre chose.

Elle attaque à son tour son croque, qu’elle mange du bout des dents. J’ai fini le mien, j’attends qu’elle vienne à bout du sien.

En prenant ma voix la plus douce, un grand sourire aux lèvres je lui déclare, faisant passer un message.

........ Christine, la seule chose que je te souhaite c’est d’être aussi heureuse avec Alexandre, que je le suis avec Matthieu. Le reste ne m’intéresse pas.

D’une voix morne, elle répond ........ Je pensais que comme on était avec eux, on aurait pu en parler.

........ Pourquoi ? Qu’ils soient cousins ne changent rien, tu ne vas pas me raconter ce que tu fais au lit, et moi non plus. C’est intime et ça nous regarde, ce n’est pas des trucs à discuter

........ Non je ne te parle pas de ça, je te parle par exemple de leurs manières, heu .... De leur façon de faire.

Je regarde mon amie, qu’a-t-elle à me confesser ? Une suspicion me dit, qu’Alexandre n’est peut-être pas si tendre qu’il le laisse paraitre.

....... Qu’est-ce que je peux te dire ? Matthieu a des manières toutes à fait normales. Si ce n’est leur rang qui est supérieur au nôtre et qui fait que, ils sont très prévenants et courtois.

........ Heu oui, bien sûr.

........  Que reproches-tu à Alexandre ? Il te frappe ?

Elle rit ....... Non, oh non pas du tout.

....... Alors ? Qu’est-ce qui te fait dire que tu voudrais connaitre les façons de mon mari, et savoir si son cousin à les mêmes.

....... Non, je ne veux rien savoir. Simplement il y a des choses que je ne comprends pas.

...... Comme quoi ?

....... Je peux te dire ?

........ Si ce n’est pas trop personnel, vas-y

........ Par exemple, des fois il emploie des mots, et je ne sais pas ce que ça veut dire.

Je souris .... Alors note-les dans ta petite tête, et le soir tu cherches sur internet. Ou tu lui demandes carrément.

... Je ne suis pas forte en vocabulaire, toi tu en as beaucoup, et tu sais parler

... Christine, ne te compares pas à moi. J’ai des qualités que tu n’as pas, tu en as que je n’ai pas ! Nous sommes différentes, reste-toi et n’essaie pas de me ressembler
......... Non Mélissandre, ce n’est pas ce que je dis.

....... Alors c’est quoi ?

Elle rougit légèrement ....... Des fois Matthieu, t’embrasse, ou il chahute avec toi, vous riez

Je la regarde sans comprendre ......... Oui et ? Tu ne ris pas avec Alexandre ?

...... Oui des fois

..... Et alors ? Que cherches-tu à me dire ?

..... Bah voilà quoi. Ils ne font pas pareil

..... Comment ça ils ne font pas pareil ? Vous n’êtes pas mariés, Alexandre ne va pas te bécoter devant tout le monde. Ils ont de la tenue, de l’éducation

....... Oui ! Des fois Alexandre, parle comme Matthieu, il est sec, et je n’aime pas. 

..... Christine, il faut que tu t’affirmes tu ne peux pas rester éternellement cette petite fille qui a peur de tout.

....... Non avec moi ça va.

........ Tu as peur d’Alexandre ?

........ Non, il est gentil 

........ Christine, tu n’as pas dix ans, écoute. Matthieu ne se met pas en colère sans raison, et au travail tout va bien, alors !

....... Oui bien sûr. Mais pourquoi Alexandre n’est pas comme Matthieu

..... Mais il n’est pas comment ?

Baissant les yeux, elle lâche d’une voix geignarde que Matthieu est prévenant, attentionné amoureux. Elle me sort tout un panel des qualités de mon mari et finit par dire. Alexandre ne fait pas tout ça

J’éclate de rire, non par moquerie, mais alors là, c’est la meilleure.  

….... Christine tu plaisantes là ? Comment peux-tu comparer les deux cousins et nous. Toi et moi n’avons pas le même caractère, Alexandre et Matthieu non plus

........ Non, ce n’est pas ça, Mélissandre, je ne sais pas comment te dire.

Je coupe court et demande....... Pourquoi as-tu cette attitude avec Matthieu ? Il ne t’a jamais engueulée

...... Non bien sûr.

….. Alors pourquoi ?

….. Disons qu’il est très séduisant, et du coup ça m’intimide

Je regarde Christine, croyant ne pas avoir bien compris. …… Comment ça il t’intimide par sa séduction ?

….. Non ce n’est pas ce que je dis.

….. C’est quoi alors ?

Elle rougit ……. Je ne sais pas comment te dire, il m’impressionne.

..... Arrête avec ça Christine. Il ne t’a jamais rien dit, jamais engueulé. Il t’a fait monter en grade

….. Oui je sais.

….. Alors quoi ? Et dis-moi pourquoi quand tu parles de mon mari tu dis Matthieu et quand on est ensemble tu l’appelles monsieur ?

…. J’aime bien ton mari, mais je ne sais pas quoi lui dire

...... Et avec Alexandre tu parles ?

..... Oui un peu.

.... Tu es amoureuse d’Alexandre ?

....... Je suis bien avec lui. Il est gentil

…... Oui tu me l’as déjà dit, en fait avec toi tout le monde est gentil. Tu sais la gentillesse ne fait pas tout. Qu’est-ce que tu aimes en lui ?

....... Je suis bien.

........ C’est quoi être bien ?

Elle rougit, je lui souris ....... C’est quoi être bien ? Tu es amoureuse ou juste attirée ?

 ........ C’est pareil non ?

Je la regarde, surprise de sa réponse.

........ Dis-moi vous couchez ensemble ?

Elle est toute rouge et murmure un .......C’est arrivé une fois, mais il n’a pas voulu aller plus loin

...... Pourquoi ?

Elle hausse les épaules ........ Je ne sais pas

....... Et tu aimes, quand il te caresse, quand il te fait l’amour.

....... Je ne sais pas.

....... D’accord. Tu lui dis que tu l’aimes ?

........ Non

…... Pourquoi ?

…... Lui non plus ne me le dit pas.

…... Oui, ils sont pudiques sur les mots, mais tu apprendras qu’il t’aime au travers des petites choses qu’il peut faire.

........ Comme quoi ?

......... Heu je ne sais pas, venir manger avec toi le midi, par exemple. Ce qui prouve qu’il veut être avec toi uniquement.

........ Maintenant il ne vient plus, il dit qu’il n’a pas le temps

........ Pourquoi Christine il prétexte de plus avoir le temps ?

Elle hausse les épaules, et de ce regard de chien battu ........ Je ne sais pas

....... Et tu ne poses pas de question ?

...... S’il n’a pas envie je ne peux pas le forcer.

....... Et pendant tes vacances vous vous êtes vus ?

..... Non

...... Et le week-end ?

...... Oui le premier week-end et dimanche dernier

..... Et c’est tout ?

..... Oui

..... Et tu ne lui as pas demandé pourquoi ?

Elle hausse une nouvelle fois les épaules ........ Tu veux que je lui demande quoi ? Il fait comme il veut

... Donc s’il se barre, tu t’en moqueras ?

…... Non ce n’est pas ça, j’attends

...... Tu attends quoi ?

..... Bah j’attends qu’il me demande.

.... Qu’il te demande quoi ?

Elle fait non de la tête. ........ Je ne sais pas, peut-être pour qu’on se marie.

 ......... Mais Christine, on ne se marie pas sur un coup de tête. Il faut réfléchir savoir si tu veux faire toute ta vie avec un homme, le même

..... Et toi tu as fait comment avec Matthieu ?

..... Mais Matthieu et moi ça n’a rien à voir, je te l’ai déjà expliqué.

...... Bah oui, je sais bien, mais pourquoi Alexandre n’est pas comme Matthieu ?

….... Bon écoute essaie de faire un effort avec Alexandre et secoue-toi un peu, si vraiment tu l’aimes, et arrête de rentrer dans un trou de souris quand Matthieu est dans les parages, tu penses te rendre intéressante, mais tu passes pour une cruche

........ Pourquoi tu dis ça

Et là, je sens que je commence à perdre patience .... Ecoute Christine arrête de toujours dire pourquoi, et réfléchis deux minutes.
Je me lève, nous allons payer, et rentrons au bureau. Je ne l’invite pas à boire un café, et lui dit sur un ton plus sec que je ne l’aurais voulu

....... J’espère que cet échange, ne sera pas répété, déformé et mal interprété.

....... Non je ne dirais rien.

En remontant dans mon bureau, je suis complètement désorientée, Je réfléchis, à qui demander ? A qui en parler ?

Ghyslaine ? Elle va me dire que je me fais des idées. J’ouvre ma boite, pour savoir si Lise m’a répondu, je n’ai rien, c’est donc, qu’elle n’a pas réussi à écrire à Matthieu. Elle bloque et ne sait pas comment s’en sortir.
Une pensée me traverse l’esprit et me fait sourire, quand Patrick m’a dit d’arrêter le droit et de faire psycho. En riant toute seule, je me dis qu’il n’a peut-être pas tort.

Allez, je vais m’occuper du courrier, ça m’évitera de trop penser.

Jeudi, un peu avant midi, Matthieu fait sonner l’interphone .... Darling tu es prête ?

.... Heu oui.

Son rire éclate à travers le micro de l’appareil .... Menteuse, tu ne te rappelles même pas ce qu’on fait ce midi !

Je ris, à mon tour .... Perdu, monsieur Jorelle, nous allons manger avec nos parents et nous allons visiter une maison

... Allez coquine, prépare-toi

Je ferme les armoires et range les clés, Matthieu est là, les mains dans les poches, suivant tous mes gestes.

Je passe devant lui, pour décrocher ma veste en lui tirant la langue. Il attrape mon bras et me fait faire un volte- face, il force ma bouche et d’un baiser sauvage, fait monter le désir en moi.

Je suis à bout de souffle, le cœur battant à cent à l’heure. Il s’écarte et plonge son regard dans le mien. Le sien est de ce gris-vert perçant. L’air de dire, c’est moi qui mène la barque.

Je ne baisse pas les yeux et lui souffle ... Espèce de tricheur, tu ne te bats pas à armes égales.

... Madame Jorelle, vos armes sont supérieures aux miennes.

... Ah ouais ? Lesquelles ?

... Vos atouts féminins pour m’aguicher et me faire perdre la tête !

J’éclate de rire ....... Oh monsieur Jorelle, qu’elles sont donc ces pensées ?

Il m’aide à enfiler ma veste .... Allez femme de petite vertu, avant que je ne vous viole sur le canapé de mon bureau !

Nous retrouvons Patrick et Manou à la pizzeria du boulevard, en bas de chez mon père.

Matthieu nous emmène en voiture à l’agence. Une jeune femme nous reçoit aimablement.

... Vous me suivez ?

Nous remontons en voiture, et suivons la sienne, elle se gare devant les grandes grilles hautes. Un trousseau de clé à la main, par principe elle sonne. Matthieu serre la main à un monsieur que j’ai déjà vu, lors des travaux du standard, et de la grande pièce informatique. Je lui souris et lui serre la main.

La femme de l’agence, nous fait entrer dans un très beau jardin, super bien entretenu. Des parterres de fleurs, de rosiers et de lauriers roses et rouges, donnent quelques touches de couleurs à cette magnifique pelouse.

La maison se présente devant nous, massive, en L et de plain-pied, elle est entourée d’une grande terrasse. Aucune fenêtre, que des portes fenêtres double battants, à petits carreaux séparés par des croisillons blancs. Une toiture en ardoise.

Nous entrons dans un vaste hall dallé de larges carreaux de marbre blanc, une cuisine aménagée dernier cri ouverte sur le salon-salle à manger. Trois chambres deux salles de bains et une salle d’eau. Un bureau et en enfilade une bibliothèque.

Je vois tout à fait manou, évoluer dans cette belle demeure, aux peintures et tapisseries claires. Je regarde ma grand-mère pendue au bras de Patrick, elle a les joues roses, les yeux remplis de bonheur. Elle regarde partout.

Je vais chercher la main de mon mari, qui papote avec la fille de l’agence et monsieur Garcia. Il baisse son regard sur moi, interrogateur. Je lui souris et demande

... Alors ?

Monsieur Garcia .... Très belle demeure, la toiture est bien entretenue, le chauffage est neuf, les ballons d’eau chaude aussi. Rien à dire, pour ma part.

La fille de l’agence ... C’est une bonne affaire, je pense même à une petite négociation, les vendeurs sont pressés

Matthieu ... Et on peut savoir pourquoi ?

La fille sourit ... Ils sont malheureusement en divorce, et donc ne veulent pas payer les impôts de cette maison.

Matthieu ... Qui s’élève à ?

La fille ... J’ai tous les papiers à l’agence, si vous voulez, nous irons en discuter.

Manou et Patrick font un deuxième tour du propriétaire, main dans la main, se parlant tout bas, presqu’en chuchotant.

Nous faisons un tour rapide du jardin, deux garages attenants permettent de ranger voitures et outillages. Enfin la fille nous entraine. Elle doit en avoir marre, ça fait presque deux heures qu’on est là.
Monsieur Garcia nous salue, et repart de son côté. Nous allons à l’agence sur le boulevard. Je souris, au moins manou ne sera pas dépaysée.

Matthieu pose plusieurs questions à la fille, les charges, les impôts. Après des palabres, Matthieu fait savoir que nous donnerons une réponse rapide.

La fille .... Faites vite, j’ai une autre visite demain, et deux, samedi. Si vous faites une proposition.

Matthieu .... Bien,

Nous remontons en voiture, Matthieu nous emmène à la brasserie quelques pas plus loin. Nous aurions bien pu y aller à pied, d’ailleurs.

Autour de la table, manou silencieuse, laisse l’oncle et le neveu débattre du prix, quand Patrick se tourne vers sa femme.

... Qu’en dis-tu ma bien aimée ?

Manou ... Elle n’est pas trop grande pour nous ?

Patrick ... Tout ce qu’il y a de plus normal, cuisine, salle à manger, salon chambres, et un bureau

Manou sourit ... Mon cher époux, trois chambres, une bibliothèque, un bureau un immense jardin.

Patrick regarde tendrement ma grand-mère ... Une chambre pour Mélissandre et Matthieu, une chambre pour Alexandre et son amie, et notre chambre. En avons-nous de trop ?

Manou rit ... Vu sous cet angle.

Matthieu ... Cette maison est-elle à votre goût manou ?

... Disons que ça va me changer de mon petit pavillon

Je mets mon grain de sel .... Manou, tu dois tourner la page, et recommencer ta vie dans une nouvelle maison avec ton nouveau mari

.... Oui je sais bien ma poupée, mais il est dur d’effacer cinquante ans de sa vie.

... Manou, tu seras bien dans cette belle maison, et puis tu ne changes pas de quartier, le marché est au bout de la rue, tu te rapproches de papa, et tu ne perds pas tes amies.

Manou se tourne vers Patrick .... Que te dire mon cher époux, que ma petite fille n’ait dit. Il est évident que cette maison est magnifique.

Matthieu sort son téléphone et parlemente avec je suppose la fille de l’agence. Il débat sur un chiffre de vente, je pense qu’elle finit par céder, puisque Matthieu nous fait savoir, qu’elle attend à l’agence pour établir le contrat de vente.

Manou me tend un trousseau de clés .... Attendez-nous à la maison, mes enfants.

Matthieu plus rapide prend les clés, nous laissons manou et Patrick repartir vers l’agence. Nous nous installons dans le jardin avec un verre d’eau fraiche. Il me demande ce que je pense de cette maison

... Ah bah franchement elle est trop belle. Mais il est certain que c’est grand, et manou va être sans cesse dans son ménage

Matthieu sourit .... Non, Patrick finira par avoir gain de cause, en prenant du personnel.

Je souris à mon tour .... Ah chez les Jorelle, Duval, vous savez arriver à vos fins hein !

... Il n’est pas admissible que la femme du DRH fasse le ménage tout de même.

... Je me doute, je n’ai moi-même pas le droit de me faire cuire deux œufs, Sophie est direct derrière moi, de peur que je mette le feu.

 .... Et que vas-tu te faire cuire des œufs ?

... Il est des fois, monsieur Jorelle où vous découchez plusieurs jours, et j’ai besoin de m’occuper, alors je me fais cuire deux œufs sur le plat, comme j’aurai pu faire autre chose.

... Aimerais-tu une maison ?

Je le regarde ne comprenant pas sa question ... Heu pourquoi ?

.... Non, je te demande, préfèrerais-tu une maison à l’appartement ?

... Non, j’aime bien l’appartement, et puis nous avons Neuilly pour changer de l’appartement.

Il me regarde songeur, Patrick et manou arrivent bras dessus-bras dessous.

En riant je m’exclame ... Alors ?

Manou ... Bah voilà c’est fait.

Patrick .... Vous allez diner avec nous les enfants.

Matthieu .... D’accord !

La soirée se passe en parlant de cette maison, des projets qu’ils ont de quelques changements qu’ils vont apporter. Je sens manou comme sur un petit nuage. La signature chez le notaire sera dans à peine trois mois.
Patrick .... Nous espérons pouvoir fêter Noël dans cette demeure, n’est-ce pas ma bien-aimée.

.... Oh oui bien sûr. Ce qui me parait normal. Nous avons maintenant de la place pour tourner

Je souris, en regardant manou, ses yeux brillants ses joues roses. Un peu après vingt-deux heures, Matthieu donne le signal du départ. J’embrasse manou et semblant de rien, lui dit que je l’appellerai demain.

Elle plisse ses yeux en signe d’accord. J’embrasse Patrick et lui dit à demain pour la dernière journée de la semaine.

L'enregistrement des courriers, n'en finit pas. J'ai le sentiment de ne pas avancer. Enfin à onze heures j'envoie la dernière lettre vers l'imprimante. Je ramasse la liasse de feuilles dans le panier. Tout en triant et classant dans le parapheur je téléphone à manou, espérant qu'elle ne soit pas partie faire ses courses.

... Comment vas-tu ma poupée ?

Je ris ... Bah écoute depuis hier ça va et toi ?

... J'ai l'impression de rêver, comment pourrais-je ne pas aller, j'ai l'homme le plus charmant que la terre puisse porter

Je ris .... Manou, il y en a deux alors.

Ma grand-mère à son tour rit, et me demande ce que j'ai d'important à lui dire.

.... Manou, je ne sais pas comment t'expliquer, je ne voudrais pas qu'on pense que j'ai une quelconque jalousie ou autre, je voudrais juste comprendre certaines choses.

... Dis-moi ma poupée, si je peux t'aider.

D'un bloc je lui raconte la conversation que j'ai eu avec Christine, sans rien omettre, même ce qui s'est passé entre Alexandre et moi.

Ma grand-mère m'écoute sans m'interrompre, à bout de souffle je termine mon récit par ...... Voilà manou, je ne sais pas pourquoi elle a cette attitude.

Ma grand-mère me glace par sa réponse ….... Ma poupée, comment ne pas tomber amoureuse de ton mari ? Il représente ce que toute femme cherche dans un homme. La solidité, le charisme, la position.

.... Tu veux me dire qu'elle est amoureuse de Matthieu

.... Amoureuse, non, attirée certainement

... Alors que fait-elle avec Alexandre ?

.... Ma puce, Alexandre est la copie conforme de ton mari.

... Donc elle prend Alexandre pour un succédané ?

Manou rit .... Ma puce, Alexandre n'est pas une pâle copie, c'est le même, si elle a cru être amoureuse de Matthieu, elle est certainement tombée amoureuse d'Alexandre. 

.... Donc tu veux me dire qu'elle a cru aimer Matthieu, que sa recherche était ce genre d'homme, et que du coup Alexandre est arrivé bien à propos ?

... En quelque sorte oui. Christine est une jeune fille ténébreuse, mais et sans rien laisser paraitre, elle a du caractère sauf qu'elle ne l'exprime pas comme toi. J'ai pu constater que sous ses airs introvertis elle est assez entêtée et elle sait ce qu'elle veut

... Ah non manou, ne me dit pas que Christine a du caractère, je la trouve au contraire un peu molle

.... Je me suis mal exprimée ma puce, effectivement elle n'a pas du caractère, elle a son caractère

... Bah oui évidemment comme tout le monde

.... Disons, que toi, tu vas ruer dans les brancards, tu as ce côté un peu impétueux, Christine quand quelque chose la dérange, elle se renferme, mais n'en pense pas moins

.... Et pourquoi ne dit-elle rien alors ? Pourquoi elle ne s'exprime pas ?

... Ce n'est simplement pas dans son caractère, elle n'avait il me semble, pas le droit de s'exprimer chez sa mère

.... Mais manou depuis plus de six mois, quand même

... Change t'on toute une jeunesse d'un coup de baguette magique ? Elle rit et s'exprime beaucoup plus qu'au début, il y a de l'amélioration, laissons faire le temps

... Alors manou, je ne crois pas qu'avec Alexandre ça durera.

... Pourquoi ma puce ? Tu sais quelque chose ?

... Manou, Alexandre est pareil que Matthieu, il leur faut du répondant, de la vivacité d'esprit. Pas quelqu'un qui baisse la tête quand il ouvre la bouche.

Ma grand-mère éclate de rire .... Ma poupée, je ne pense pas qu'il te faut t'inquiéter, Christine mène parfaitement sa barque.

... D'accord merci, je vais te laisser. Gros bisous ma manou chérie

.... Bisous ma poupée. A bientôt j'espère.

... Oui ne t'inquiète pas.

Je raccroche avec ce sentiment d'insatisfaction. Me ferais-je de fausses idées ? Pourtant les paroles d'Alexandre me reviennent en mémoire.
Je décroche mon téléphone, Ghyslaine répond instantanément

... Société Cathenry à votre service.

.... Bonjour madame Germain, vous mangez ?

Je l'entends rire ... Mais évidemment madame Jorelle

.... Ok, j'arrive.

Je raccroche, enfile ma veste, prends mon sac et vais sonner à la porte du standard, sans entrer.

Nous allons manger chez les normands. Nous y sommes bien, la nourriture est bonne, et ils sont sympathiques.

La patronne vient nous serrer la main, et nous installe dans la petite salle à l'écart de la salle de bar pleine d'ouvriers bruyants.

Elle nous amène, une belle tranche de terrine de lapin. Avec Ghyslaine nous mangeons en silence, je me tâte, dois-je parler ou pas ? Pourra-t-elle ou voudra-t-elle m'aider à voir clair ?

Alors que la serveuse nous amène deux grandes assiettes de choucroute garnie, Ghyslaine me demande en souriant

... Bon tu m'exposes ton problème ou pas ?

Je me sens rougir .... Un problème ? Non pas vraiment, plutôt un questionnement

….. Questionnement sur quoi ?

J'hausse les épaules …... Je ne sais pas, je crois que tu vas me prendre pour une folle.

Ghyslaine éclate de rire .... Une folle ? Je crois que tu es guérie de ta folie, non ?

.... Heu comment ça ?

.... Quand tu m'as avoué que Matthieu t'avait demandé en mariage, tu m'as fait comprendre que c'était une folie. Et tu vois tu es guérie, puisque tu es mariée avec le seul mec que personne n'a jamais réussi à attraper.

Je ris ... Rho, tu es bête.

... Bon allez dis-moi ce petit secret, comment tu as fait pour le soustraire à toutes ces filles amoureuses. Tu dois bien avoir un don caché, un grain de beauté sur la fesse ou je ne sais quoi

Je ris de bon cœur et la taquine .... Dis-donc et toi ? Comment as-tu fait pour attraper Marc ?

... Hé je suis amoureuse de mon mari mais, il n'y a pas photo entre ton mari et le mien

... Bah non hein, heureusement. Si tous les mecs se ressemblaient ça serait ennuyeux.

….... Remarque ma belle j'estime beaucoup ton mari, mais honnêtement je ne me verrais pas avec lui. Monsieur Jorelle tout gentil qu'il est, a un caractère trop bien trempé pour moi. Marc est tempérant.

….. Mais non, Matthieu aussi est tempérant.

…... Ah bon quand ? Ah oui quand il dort

Je ris ... Pourquoi tu dis ça ? Ne me dis pas que tu en as peur.

Ghyslaine sourit .... Peur non, je suis une grande fille, mais disons qu'il sait se faire craindre et respecter.

.... Ma chérie, il est bien obligé non ?

... Oui bien sûr.

... Qu'est-ce qui se passe Ghyslaine ? Tu t'es fait engueulée ?

Elle sourit, mais je vois dans ses yeux, qu'elle est peinée.  .... Disons que Claudine a eu à faire à lui mercredi

…... Ah je ne suis pas au courant.

…... Elle a pris un appel, on lui a demandé le responsable de la société, elle n'a pas demandé de nom, direct elle a passé la communication à ton mari. C'était un appel pour Thibault

... Ah merde, mais bon rien de grave.

... Ton mari a déboulé, et il l'a engueulé, disant que si elle ne savait pas répondre au téléphone, on recrutait sur les marchés pour vendre des patates.

J'éclate de rire .... Et elle n'avait jamais vu son PDG ?

…... Bah non, et puis j'en ai pris aussi plein mon grade, il m'a dit de former le personnel au lieu de lire le journal

…... Ah merde, désolée.

Elle sourit ... Non t'inquiète, je connais les colères de monsieur Jorelle.

…... Et comment va cette Claudine ?
….. Bah depuis mercredi elle n'est pas très bien, elle n'ose même plus passer d'appels à ton mari

... Bon j'irais la voir.

Nous finissons notre repas. Je vais avec Ghyslaine boire le café. Au standard, à part Pascaline, je ne connais pas les trois autres filles. Je serre la main à Pascaline et lui demande comment elle va. Elle me fait un grand sourire et me répond gentiment. Je serre la main aux autres filles et me présente. Une jeune femme pâle regarde ma main et hésite avant de me la serrer.

... Claudine ?

... Oui, c'est moi.

... Venez avec moi.

Elle se lève, blême. Je l'emmène dans le bureau de Ghyslaine et ferme la porte de communication. Je demande à mon amie un café et prie Claudine de s'asseoir.

Ghyslaine nous sert le café, et reprend sa place, elle me sourit, je pousse une tasse vers la jeune femme

... Claudine, je ne connais pas votre nom de famille

... Claudine Lombard

... Bien, je suis madame Jorelle, la femme du PDG. Alors je vais vous expliquer, mon mari est virulent sur le coup de la colère, ensuite, il n'y pense plus. Vous pouvez le croiser dans un couloir, et lui serrer la main, il ne vous mangera pas.

Elle fait oui de la tête en tournant son café.

... Madame Lombard, il ne faut pas vous traumatiser d'accord ?

... Oui madame.

.. Vous vous plaisez ici ? Vous êtes là depuis quand ?

... Depuis fin juin.

... Avec qui avez-vous signez votre embauche ?

... Avec le monsieur de la porte en face

Ghyslaine .... Avec Duval

.... D'accord, avec le DRH, le monsieur qui vous a interpellé c'est le grand patron.

.... Oui Ghyslaine me l'a dit.

Je lui souris... Bon allez, c'est un patron, et comme vous le savez, ils sont toujours mécontents non ?

... Heu oui.

Je la laisse repartir à son poste et souris à Ghyslaine en tendant ma tasse

Le téléphone de mon amie sonne, elle décroche

.... Bonjour monsieur

....

.... Si.

....

.... Elle boit son café monsieur

.....

.... Je ne vous interdis pas de vous joindre à nous.

....

.... Bah comme ça, vous pourrez me dire que je suis une bonne employée au lieu de me disputer

J'entends le rire de mon mari.

Ghyslaine raccroche et me sourit.... Le ponte arrive !

La porte s'ouvre sur le PDG, je vois ses yeux clairs, je sais qu'il est de bonne humeur. Ghyslaine se lève pour lui serrer la main.

.... Madame Germain, je souhaiterais que la malice de ma femme ne déteigne pas sur mon personnel !

Ghyslaine ... Je n'ai pas besoin de Mélissandre pour ça.

Matthieu sourit et me regarde. ... Quand tu t'absentes, essaie de me dire ou tu vas, ça m'évitera que je fasse le tour de la société !

.... Monsieur Jorelle, je suis comment vous dire, en coupure repas !

Ghyslaine a servi un café à son patron.

Tendrement je lui propose.... Monsieur Jorelle, vous pourriez aller voir madame Lombard ?

... Pour ?

... Je ne sais pas, pour la rassurer, elle pleure depuis mercredi.

Il sonde mon regard, un léger sourire ironique aux lèvres. Je me sens rougir légèrement. Va-t-il me remettre en place là tout de suite devant Ghyslaine ?

Il se tourne vers Ghyslaine. ... Elle est là ?

... Oui bien sûr

... Appelez-là !

Ghyslaine se lève et va chercher Claudine, qui blêmit quand elle voit son patron.

Tranquillement il croise ses jambes et se tourne vers la jeune femme ......... Madame Lombard, le B-A BA d'une standardiste est de se renseigner de qui est au téléphone, ensuite de faire préciser quel interlocuteur il veut, et de ne pas vous tromper de bureau.

Il la regarde, elle n'a pas baissé les yeux, je peux voir qu'ils brillent de larmes.

Il reprend ironique .... Votre responsable ne vous a pas expliqué tout ça ?

... Si monsieur.

... Parce que si madame Germain, ne fait pas son travail, je la mets à pied !

Je souris à Ghyslaine, je sais que Matthieu plaisante

... Non monsieur madame Germain m'a expliqué, mais ce monsieur insistait pour avoir le responsable de la société

... Sachez madame que tous, vous demanderont le responsable, n'est-il pas mieux d'avoir à faire à Dieu qu'à ses saints ?

... Oui monsieur

... Et croyez-vous que je n'aie que ça à faire de répondre au téléphone ?

... Non monsieur

... Vous triez les appels, ensuite ma secrétaire trie ceux que vous lui passez, et enfin je prends selon l'importance. Si je sais que c'est un publicitaire qui me fera perdre mon temps alors ma secrétaire est payée pour s'en dépatouiller. Comprenez-vous ?

... Oui monsieur !

... Parfait, alors quittez cet air de martyr, au risque que ma femme me gâche ma soirée avec des remontrances comme quoi je tourmente mon personnel !

Il lui fait son sourire qui tue, elle réussit à se détendre un peu et murmure .... Merci monsieur le président

…... Bien !

Il se tourne vers moi .... Madame Jorelle, daignerait-elle venir taper mon courrier ?

... Heu oui j'arrive.

Il se lève et m'attend, j'embrasse mon amie et serre la main à Claudine qui est figée.

Sur mon bureau le dictaphone. Je me mets tout de suite à la saisie, Matthieu est parti dans son bureau.

L'après-midi passe rapidement, je n'ai pas le temps de lever la tête, qu'il est déjà l'heure de partir.         

3 septembre 2001

Le cabinet d'Alexandre

En arrivant au travail, Matthieu me prévient que ce midi nous mangeons avec son cousin. Je le regarde de travers

... En quel honneur ?

... Il ouvre son cabinet aujourd’hui, et aimerait nous faire partager ce bonheur.

... Ah !

Nous nous séparons devant nos bureaux. Tout en allumant mes machines et ouvrant mes armoires, je réfléchis à comment me soustraire de ce déjeuner.

Je porte un café à mon mari, il me tend le parapheur.

Je le pose sur mon bureau et emmène chez mon directeur les deux cafés que j’ai préparé

Il se lève à mon entrée prend le plateau de mes mains et m’embrasse chaleureusement.

Nous nous asseyons, tout en tournant mon sucre dans la tasse, je récapitule vite fait ce que je voudrais lui dire

... Tout va bien Mélissandre ?

... Oui, heu, je peux vous demander quelque chose ?

... Bien sûr mon petit, qu’est-ce qui se passe ?

... Déjà je voulais vous remercier pour ce merveilleux week-end, j’ai été heureuse ces deux jours chez ma grand-mère

Il sourit .... Vous n’êtes pas heureuse autrement ?

Je rougis un peu .... Heu si bien sûr.

Le visage sérieux, toute trace de sourire disparue, il sonde quelques instant mon visage. Des instants qui me paraissent longs, je finis par rougir et baisser les yeux.

.... Qu’est-ce qui se passe mon petit ?

Une boule au fond de la gorge, j’essaie de prendre une respiration normale, mon pouls s’est accéléré.

... Heu, bah voilà, enfin c’est un peu compliqué en fait.

... Matthieu ?

Je souris et fais non de la tête, je repose ma tasse, cherche mes mots, et sans réfléchir davantage, comme à mon habitude je me jette à l’eau impulsivement.
... Pourquoi votre fils m’attaque toujours ?

... Je pense qu’il a compris, que vous n’étiez en rien dans l’attitude de mademoiselle Frontasky

….. Heu, comment ça ?

…... Disons que cette demoiselle, que vous aviez amicalement mis en garde, a certainement mal interprété votre disons, avertissement.

…... Pourquoi Patrick ?

….. Pourquoi je l’ignore mon petit ! N’a-t-elle pas saisie votre intervention ? L’a-t-elle mal discernée ?

…... Patrick je lui ai textuellement dit, de ne pas s’emballer, et d’être prudente, je n’ai rien dit de répréhensible contre Alexandre.

... Que pourrais-je vous dire ?

.... Je suis peinée, je ne veux pas que Matthieu s’engueule avec son cousin, et en plus je ne comprends pas Christine

... Que ne comprenez-vous pas ?

... Mais son attitude, déjà avec Matthieu, pourquoi elle agit comme ça ? On dirait que Matthieu va la piler sur place.

... C’est une petite introvertie

... Patrick, j’appréciais beaucoup Christine, je respectais ce que je prenais pour de la douceur, de la candeur, mais je m’aperçois qu’elle joue à la petite fille, et de ce fait attire le regard sur elle.

Patrick éclate de rire .... Mélissandre, arrêtez le droit et faites psycho, je vous l’ai déjà dit.

Je souris, prête à rire .... Non mais soyez sérieux.

... Je suis sérieux !

... Mais pourquoi ? Pourquoi avec Matthieu ?

.... Matthieu représente l’autorité à double sens, est-elle ainsi avec Thibault ?

... Ah je ne sais pas. Et avec vous ?

... J’ai déjà eu l’occasion de parler avec elle ici même en tant que DRH. Je la sais timide, mais ne l’est-on pas dans ce cas-là ? Les jours passant, elle arrivait à sourire en me portant un café. Si je demandais comment elle allait elle répondait clairement. 

... Patrick je peux vous parler en toute sincérité ?

... Bien sûr mon petit, vous le savez et le devez.

... Serait-elle amoureuse de Matthieu et du coup comme Alexandre ressemble beaucoup à son cousin, elle aurait reporté cet amour sur votre fils ? Enfin je ne sais pas comment vous expliquer mon ressenti

.... Il m’aurait fallu parler en profondeur avec mademoiselle Frontasky pour le savoir.

Je fais oui de la tête, regarde mon oncle et lui souris .... Patrick pourquoi vous m’avez battu froid la semaine dernière ? A cause de l’altercation avec Alexandre ?

Il m’observe, détaille mon visage que je voudrais serein.

….... Aucun rapport Mélissandre, Je ne prends pas parti pour mon fils, il a suffisamment de tempérament pour démêler ses problèmes.

….... Alors pourquoi ?

….... Pour la même raison, que vous me posez cette question.

.... Comment ça ?

.... Mélissandre, je vous estime hautement, non parce que vous êtes madame Jorelle, mais parce que vous êtes, vous ! Franche, spontanée, loyale.

Il sourit et demande .... Vous en voulez d’autre ?

Je ris ... Non ça va merci, mais ça ne répond pas à ma question

... Il m’est difficile d’être entre une nièce que je chéris et un fils au caractère fort.

.... D’accord merci Patrick. Vous serez là ce midi ?

... Bien sûr !

... Il y aura qui ? Vous le savez ?

... Maryse, votre grand-mère, monsieur et madame Germain, mademoiselle Frontasky

... Ah oui tout le monde quoi !

 .... N’ayez aucune crainte.

... Non je ne crains rien non plus. Vous savez je sais me défendre.

Il sourit ... J’ai cru remarquer.

Je lui souris aussi et demande taquine .... Comment les deux cousins peuvent avoir un caractère aussi fort, et vous Patrick vous ne perdez jamais votre calme.

Il éclate de rire .... Mélissandre, jeune j’étais fougueux comme les garçons, j’ai appris par mes études qu’il ne sert à rien de monter au créneau. Je suis aussi énergique qu’eux, seulement je sais tempérer.

... Je ne voyais pas Alexandre comme ça.

... Comment comme ça ?

... Avec ce caractère ressemblant tant à Matthieu.

... Petit, ils étaient si souvent associés. Les gens de passage les prenaient pour des frères, si semblables en tout.

.... Voyez, c’est là Patrick que je me demande comment fera Christine le jour où ils ne seront pas d’accord. Il va l’écraser d’une pichenette.

... Comment faites-vous avec Matthieu ?

.... Heu bah je réponds, je ne me laisse pas faire.
... Alors elle apprendra ou partira.

Je le regarde surprise de sa réponse .... Vous pensez que leur histoire n’est pas solide ?

... Disons que j’aurai plutôt vu une jeune fille un peu plus dynamique. Alexandre est comme Matthieu, il a besoin d’ardeur. Ne va-t-il pas se lasser ?

... Alors là Patrick, je ne saurais pas vous dire. Vous n’aimez pas Christine ?

Il rit, de ce petit rire léger ... Non que je ne l’aime pas, je n’ai pas besoin de lui prouver mon amour. Disons que je l’apprécie à sa juste valeur.

... Hum, oui bien sûr.

.... Que dire mon petit ? C’est sa vie, je n’interférerai pas. Mais il est certain que ça pliera où ça rompra.

Je ramasse les tasses et en souriant je lui fais comprendre qu’il me faut aller travailler.

... A tout à l’heure mon petit.

... Merci Patrick pour cet échange.

Je referme la porte de communication. Un œil à la pendule me fait savoir que nous avons parlé plus d’une heure. Rapidement je fais la mise sous plis des quelques lettres, tout en pensant aux paroles de Patrick. Aurait-il compris comme moi, que Christine n’est pas réellement amoureuse ?

Je jette les enveloppes dans la corbeille à courrier et téléphone à manou.

... Oh ma poupée, j’attendais ton appel.

... Désolée manou, j’ai trainé un peu.

... Nous étions ravis avec Patrick de votre présence.
... Et nous aussi manou. Alors dis-moi ce que te tracasse.

... Oui j’ai un problème de décision.

J’éclate de rire ... Toi manou indécise ?

.... Disons que je ne voudrais pas passer pour une ingrate

.... Mais pourquoi ?

... Voilà, tu sais qu’avec Patrick nous habitons la semaine ici et le week-end à Neuilly, mais en fait Patrick ne se sent nulle part chez lui. Je voulais donc vendre la maison et nous aurions acheté la nôtre tu comprends.

.. Bah évidemment manou, et où est le problème.

... Disons qu’il m’est difficile de quitter cette maison ou j’ai eu mes enfants, ou j’ai tant de souvenirs. Et puis que va penser ton oncle, alors qu’il a tant donné pour faire les travaux.

... Manou tu ne peux pas t’arrêter sur ces considérations. Tu commences une nouvelle vie, tu dois tourner la page. Je ne te dis pas d’oublier tes souvenirs, mais tu dois t’en créer d’autres. Ta vie maintenant c’est vous deux.

Manou m’avance tout un tas d’arguments que je balaie directement, lui démontrant que sa vie ne regarde pas son fils, qu’elle doit penser à son mari.

Une demi-heure plus tard, manou fini par se ranger à mes opinions. Nous nous faisons bisous en nous disant à tout à l’heure

Je vais faire la petite vaisselle, en entrant dans le bureau je vois mon mari assis à ma place, les bras croisés sur le bureau.

Je souris ... Monsieur Jorelle vous avez changé de poste ?

.... Madame Jorelle je vous attends !

... Heu oui, tu as besoin de moi ?

... Nous sommes attendus je te rappelle. Il est midi vingt

... Ah heu oui.

Nous descendons le boulevard à pied. Tout en me rassurant puisqu’il y aura tout le monde, malgré tout j’angoisse un peu de savoir si Alexandre ne va pas me prendre de front. Bon je ne vais pas quitter la main de Matthieu, me réfugier auprès de lui. M’appuyer sur son épaule que je sais forte.

Matthieu pousse la lourde porte. Je peux voir une belle plaque brillante en cuivre

‘’ Docteur Alexandre Duval’’

Comme Patrick doit être fier. Matthieu sonne, à cette nouvelle et belle porte en chêne. Alexandre nous ouvre tout sourire. Je le trouve beau en costume cravate. J’ai eu l’habitude de le voir en jeans ou pantalon de toile et polo ou chemisette.

Il embrasse Matthieu et m’enlace .... Bonjour belle cousine.

Sur la réserve je le regarde droit dans les yeux. Les siens sont pétillants de bonheur. Je lui trouve un air malicieux. Dans l’oreille il me susurre

.... Faisons une trêve belle cousine. Nous parlerons si tu le souhaites.
Pendant ce temps Matthieu embrasse sa tante, je regarde le cousin sans répondre et embrasse Maryse à mon tour.

D’un pas décidé entrainant mon mari je vais dire bonjour à Christine qui me sourit mal à l’aise.

... Bonjour Mélissandre, bonjour Matthieu.

Matthieu répond sèchement ... Bonjour Christine.

Je m’avance pour l’embrasser, Matthieu ne fait pas un geste. Bon qu’est-ce qui se passe encore. Je demande où sont Patrick et ma grand-mère, au même moment la sonnette retentit. Manou au bras de son époux. Dans un tailleur d’excellente coupe, légèrement maquillée, la touche de Bénédicte sur sa coiffure. Elle est resplendissante. Mon cœur s’emballe de joie.
Alors que nous nous sommes vues ce week-end, je l’embrasse comme si j’avais six mois à rattraper.

Un joyeux brouhaha emplit le bureau du médecin. Ghyslaine et Marc arrivent à leur tour, suivit de très près de mon père et Anne-Marie.

Matthieu discute avec sa tante, je me rapproche de ma belle-mère, lui demande des nouvelles de leurs vacances. J’évite au maximum de m’approcher de Christine ou même de Ghyslaine. J’ai un peu de ressenti envers mon amie. J’ai l’impression qu’elle s’est rapproché bien plus de Christine, tout en s’éloignant de moi. Non que je sois jalouse, mais j’ai cette incompréhension qui me dérange.

Alexandre sert le champagne sans compter. Les bouteilles se suivent à une allure vertigineuse. Il faut dire que nous sommes dix personnes

Alexandre murmure quelque chose à l’oreille de Christine, qui fait oui de la tête. Direct je vais vers Matthieu et essaie de m’intéresser à l’échange qu’il a avec mon père qui me dit en souriant.

... Je viens juste de vous inviter pour ce week-end.

... Ah cool papa, oui

Matthieu rit ... Voilà Bernard, vous avez la réponse !

Mon père sourit .... Ton mari me disait te demander avant de me donner la réponse

... Bah si bien sûr, il pouvait dire oui tout seul comme un grand.

Nous rions, d’un coup d’œil je fais le tour du cabinet, qui sent bon le neuf et le propre. Tout a été refait et bien calculer. Un grand bureau avec deux bibliothèques contenant des livres. Devant le bureau deux fauteuils en tissu. Le siège du docteur est une chaise haute de bureau, en cuir. Une cloison sépare ce bureau de la salle d’auscultation.
Une table longue, un meuble avec des instruments, un tabouret dans le coin, et un valet sur pied. Tout est neuf et rutilant.

Alexandre donne le départ pour aller au restaurant. Je me sens mieux, à table, je sais que personne ne pourra critiquer mon indifférence envers mes amies, au cas où ce ne serait pas passer inaperçu.

Tous à pied, nous nous rendons dans le restaurant dont nous avons nos habitudes. Une grande table a été réservée. Un menu spécial a été commandé.

A table, tout le monde devise tranquillement. Je me suis arrangée pour être à côté de mon mari et à ma droite Patrick. Si je croise le regard de l’une ou l’autre je souris, mais ne dit rien.

Deux bonnes heures plus tard, nous quittons le restaurant, je suis étonnée que personne ne se disent au revoir. Avec Matthieu nous rentrons au bureau. Ni Christine puisqu’elle a pris sa journée, ni Ghyslaine ne remonte avec nous.

Dans l’ascenseur, Matthieu me fait savoir, qu’il a juste sa mallette à prendre au bureau, et que nous allons tous à Neuilly.

... Tous ? Heu tout le monde ?

... Oui darling.

... Ah je ne savais pas.

... Je n’ai pas eu le temps de te prévenir, ça s’est décidé ce matin, avec Maryse.

... D’accord !

Je le laisse prendre sa mallette, nous redescendons en ascenseur jusqu’au parking.

Dans le salon, un joyeux brouhaha s’élève, fait de rire et de gaité. Nous nous serrons sur les canapés.

Chacun y va de sa petite blague envers ce tout jeune médecin. Il rit de ce rire, qui ressemble tant à celui de Matthieu.

Plus je l’examine, plus je le connais et plus je vois la parenté entre eux. Ce sont deux Duval purs et durs. Je sais par la tante que le grand-père, était du même acabit. Bel homme de caractère, menant tout le monde avec finesse mais fermeté. Patrick soit- disant lui ressemble physiquement

Quoique je pense Matthieu plus totalitaire, de par ses fonctions à faire tourner une grande entreprise. Alexandre serait peut-être plus affable, lui aussi de par son métier de médecin. Obligé d’écouter la misère et les petits bobos de ses patients.

Catherine et une autre jeune fille, posent des plateaux de rafraichissements. Les deux cousins font le service. Alexandre me tend un verre en me faisant un grand sourire. Je le remercie, sans sourire, je me méfie d’une colère qui pourrait être en sommeil.

Maryse propose une petite promenade dans le parc, pour une meilleure digestion. Nous voilà tous à sortir sous le soleil de ce début septembre.

J’attends Matthieu qui laisse passer tout le monde, avant de descendre les quelques marches.
... Tout va bien darling ?

... Oui et toi ?

Il baisse son regard vers moi et me sourit, sans parler, il attrape ma taille, je mets mon bras autour de la sienne, nous marchons en cadence. Je vois Alexandre se retourner sur nous et attendre. Nous arrivons à sa hauteur

... Matthieu me laisseras-tu deviser avec ta femme ?

... Bien sûr, je t’en prie.

Mon mari me lâche, me laissant là, déconcertée quant à l’attitude que je dois avoir. Mon pouls s’accélère. Alexandre encercle mes épaules et m’attire vers une petite allée transversale. Je ne dis rien. Il m’oblige presqu’à m’assoir dans l’herbe et se met en face de moi, en costume il s’assoit dans l’herbe j’ai envie de rire. Je mets mes jambes sur le côté et joue avec un brin d’herbe

.... Mélissandre, dissipons ce malaise entre nous !

Je le regarde, essaie de chercher dans ses yeux de l’animosité. Il sourit, ses yeux clairs et pétillants m’envoie un message de gentillesse

... Ce n’est pas moi qui aie créé ce malaise Alexandre.

.... Disons que j’ai eu une version un peu erronée ou extrapolée.

... Ah ! Et comment as-tu su que les dires étaient faux ?

... Par ton amie, qui est malheureuse de cette dissension

J’éclate de rire .... Ah, alors elle te raconte des faux prétextes elle fait courir des bruits et après elle est malheureuse ?

Il sourit .... Non belle cousine, c’est Madame Germain ton amie, qui a remis les points sur les I

... Comment ça ?

... Disons que Christine ayant perçu chez toi, une censure à notre relation, m’a rapporté tes supposés dires de façon, un peu imagée.

... Ah !

... Un soir que j’étais avec son mari, madame Germain m’a convié à diner, nous avons discuté, elle m’a expliqué que je faisais fausse route sur ce qui m’avait été rapporté.

... Et tu ne pouvais pas tout simplement me demander, au lieu de m’agresser ?

Il éclate de rire .... Belle cousine au tempérament fougueux. Disons que Christine n’est pas très expressive, et il est difficile de communiquer si elle est soucieuse.

... Donc elle raconte à sa sauce, et hop tu t’en tiens là, sans chercher plus loin.

... Mélissandre, quitte ce ton de reproche, je suis là pour faire la paix, et recommencer notre relation sur un meilleur pied.

Je pousse un soupir, essaie de respirer calmement. Moi aussi je voudrais faire la paix, mais j’en ai gros la patate, qu’on ait pu penser que j’étais jalouse. Je sens les larmes monter.

... Mélissandre, les choses étant claires maintenant, reprenons notre relation de cousin-cousine là où nous l’avons laissé

Je fais oui de la tête, n’arrivant pas à parler de peur d’éclater en sanglots.

... Alors oui je venais de jeter Isabelle aux yeux de tous, mais ça faisait un an que je savais que je ne ferais pas ma vie avec elle. Matthieu m’a aidé à m’en délivrer, et je l’en ai remercié. Ne crois pas que je coure après chaque jupon. Avec Christine je n’ai qu’une relation toute amicale ! Elle ne peut infirmer

... Ecoute, c’est votre histoire, j’ai voulu essayer de protéger celle que je considérais comme une sœur, maintenant je ne m’en mêlerai plus, et même si je voyais un quelconque problème, je ne ferais rien

.... Tu ne la considère plus comme ta sœur ?

... Disons que je suis refroidie.

... Elle est peinée de ta froideur

.... Non Alexandre, ce n’est pas de la froideur, disons que je me tiens sur mes gardes, et à part lui parler boulot ou demander des nouvelles des miens, je n’aurais pas d’autre conversation avec elle.

... Ne veux-tu pas t’expliquer avec elle ?

... M’expliquer de quoi ? Pour qu’elle prenne mes paroles à contre sens ? Qu’elle aille bavasser je ne sais quoi !

.... Et si c’est Christine qui vient à toi ?

Je hausse les épaules, je ne sais que répondre. Ironique je demande
.... Et son attitude envers mon mari, ça ne t’interpelle pas ?

...... Nous en avons parlé, elle craint Matthieu.

....... Arrête Alexandre, il ne l’a jamais engueulé même pas au travail, quand elle me suppléait à la direction. Se serait-elle, là aussi imaginée des trucs qui n’existent pas ?

... Je ne pense pas, non, quels trucs ?

... Ah je ne sais pas, demande-lui ! Et surtout demande-lui de t’expliquer pourquoi ici elle le vouvoie et lui donne du monsieur et au travail devant les autres, elle le tutoie l’appelle Mathieu et rigole avec lui. Parce que là je suis curieuse !

Il sonde mon visage, pour savoir si j’ai tout dit, si je ne lui cache pas quelque chose. Je souris hypocritement. Qu’il se démerde avec sa dulcinée

D’un bond il se lève, secoue son pantalon et me tend la main, je me lève à mon tour. Les mains dans les poches de son pantalon, Alexandre marche au même pas que moi. Nous remontons vers la gloriette sans un mot. Je crois que tout est dit.

Nous ne rencontrons personne, je me demande s’ils sont rentrés. Alexandre monte les quelques marches en bois je le suis. Nous nous asseyons, laissant passer quelques minutes de silence

Alexandre .... La paix est signée belle cousine ?

Je souris ... Oui bien sûr.

... Rentrons-nous ?

... Oui

Je me lève, d’un geste qui me surprend, Alexandre m’enlace et me claque deux bises sur les joues. Je réponds avec joie, je sais qu’il n’y aura plus de quiproquos entre nous.

Il me tient par les épaules et en riant .... Belle cousine, lorsque j’aurai un doute, je viendrai te trouver, je te sais franche et sans détour. Matthieu a trouvé une perle rare, un joyau en toi.

Je lève la tête vers lui. .... Christine n’est pas une perle rare ?

Il rit .... Une perle rare, ne se trouve pas deux fois !

Je suis étonnée de cette réponse ... Que comptes-tu faire ?

... Comment ça ?

.... Avec Christine

... Le temps nous le dira.

.... Alors je ne comprends pas ce que vous faites ensemble si tu n’es pas sûr de toi.

... Ne te méprends pas Mélissandre. J’apprécie Christine, nous nous découvrons. Certains côtés m’attirent, tandis que d’autres me posent questions.

Nous arrivons devant l’envolée de marches menant à la maison, je n’insiste pas.

Alexandre .... Nous en reparlerons si tu le veux bien. Tu connais ton amie, peut-être pourras-tu m’en dire davantage, qu’elle ne veut en laisser paraitre.

Je ne réponds pas, Marjorie sourire aux lèvres a ouvert la porte.

Nous rejoignons la tribu au salon, ils sont à l’apéritif. Je vois le regard sombre de Christine, je ne m’attarde pas

Maryse ... Bah les enfants où étiez-vous passés ?

Alexandre .... Ma tante, dans le parc, où voulez-vous qu’on soit ?

Le ton froid d’Alexandre arrête net sa tante dans sa curiosité. Mon mari me tend un verre de martini, son sourire à couper le souffle éclaire son visage. Je me hisse sur la pointe des pieds pour effleurer ses lèvres.

Il m’attire près de mon père pour nous asseoir. Le froid installé dans le salon à notre entrée, s’efface petit à petit, les conversations de tous genres reprennent.

Le diner se déroule dans une bonne ambiance. Mes parents repartent emmenant une Christine renfrognée. La famille Germain quitte aussi le domaine, en m’embrassant Ghyslaine me demande comment je vais. Je réponds gentiment. Manou et Patrick restent à Neuilly, nous repartons à l’appartement.

En chemin Matthieu me demande si j’ai pu m’expliquer avec son cousin. Je lui raconte les gros traits de nos échanges.

Cette nuit nous ferons l’amour comme des assoiffés, des boulimiques, prenant une revanche sur ce mal-être qui m’habitait je me donne entière et sans réserve.

Je ne revois pas Christine qui a posé trois semaines de congés. Je ne demande rien, ni où elle est, ni ce qu’elle fait.

Mercredi Ghyslaine m’invite à déjeuner. Elle essaie de discuter de Christine. Je n’y vais pas par quatre chemins, lui envoyant ce que j’aie sur la paillasse. Lui faisant comprendre que depuis son rapprochement avec Christine je suis passée à la trappe.

Ghyslaine se défend, m’expliquant qu’ayant de fréquents rapports avec Alexandre, elle se sent obligée d’inviter Christine. 

.... Mélissandre, je ne suis pas une girouette, tu es et resteras mon amie. Sache que je n’ai que toi en véritable amie. Christine est une copine, une bonne collègue, point barre ! Si tu as pensé que je m’étais éloignée tu as eu tort, mais je n’arrive pas à t’aborder, systématiquement tu refuses ma présence.

... Comment savoir ? A qui faire confiance ? Tu sais la trahison de Lise m’a servi de leçon, je suis devenue méfiante. Tu peux faire de Christine ton amie, tu as le droit d’en avoir plusieurs, mais sache que depuis tous ces problèmes je me tiens sur mes gardes. J’ai découvert un trait de caractère de Christine qui ne me plait pas, donc je préfère me tenir à distance. J’aime, non j’adore mon mari, et à lui seul je fais confiance

Elle rit ... Tu peux, parce qu’il devient féroce quand on ose toucher à un de tes cheveux.

... Comment ça ?

.... Chaque fois que tu es mêlée de loin ou de près à un problème, monsieur Jorelle sort les griffes et balaie tout devant son passage sans aucune considération pour celui qui est devant.

... Tu veux me dire quoi ? Tu sais quelque chose ?

.... Non ma belle, rien de particulier, mais je le sais c’est tout. J’ai bien vu avec Lise. Et je me suis aperçu qu’il battait froid Christine.

... Heu, oui peut-être.

...Mélissandre, j’ai eu une conversation avec Alexandre Duval, j’ai remis les choses à leur place.

Je le sais, par la conversation que j’ai eu avec le cousin, mais je veux en savoir d’avantage, qu’est-ce qui a fait qu’il soit revenu vers moi. Innocemment je demande

... Ah ! Et tu as dit quoi ?

... Ce qui devait être dit. La vérité. Que jamais au grand jamais tu avais interdit à Christine d’avoir cette relation, simplement que tu l’avais mise en garde de ne pas précipiter les choses, et d’attendre qu’elle soit sûre.

... Et il a dit quoi ?

... Il m’a demandé des explications, ce que je lui ai donné, répétant mot à mot ce que tu avais dit à Christine, puisque tu me l’avais répété. J’ai grande confiance en toi Mélissandre, je sais que tu ne mens pas.

... Mais elle non plus ne mens pas, enfin elle ne nous avait encore pas donné le prétexte de douter d’elle.

.... Non je ne pense pas qu’elle mente, quoique des fois il y a eu des quiproquos qui font méditer. Je suppose qu’elle a voulu rapporter tes propos en donnant sa version, sans penser à mal. Elle a peut-être un peu grossi votre conversation.

... De toute façon Gi, je ne dirai plus rien. Elle m’a déçue franchement. J’en viens à me demander si ce qu’elle nous a dit sur sa mère, n’a pas été amplifié, qu’elle ne cherchait pas une excuse pour se barrer de chez elle.

... Non, Mélissandre, j’ai eu sa mère à plusieurs reprises au téléphone, et elle s’emporte facilement. Mais là aussi la dernière conversation laisse à penser que Christine n’a pas tout dit

... Ouais, enfin de toute façon, avec Christine ça sera bonjour-bonsoir et basta.

.... Ça reviendra petit à petit, si avec Duval fils, vous vous côtoyez

... Ça sera moins qu’avant de toute façon. Dans le sens où nous irons à Neuilly que tous les quinze jours.

... D’accord, ma belle. On rentre ?

Bras dessus, bras dessous, nous retournons au travail, j’accepte de boire le café avec mon amie retrouvée.

Vendredi Matthieu vient me chercher à onze heures, nous rentrons à l’appartement. Dans l’entrée des bagages.

La surprise est immense. Nous allons une semaine en Dordogne. Nous faisons le plein de tendresse, d’amour et de repos.

En rentrant ce samedi après-midi, nous allons directement chez manou, qui m’apprend que son pavillon est en vente, et que quelques visites ont été effectuées. Un couple avec deux enfants semble très intéressé.

Je demande à manou si elle a une autre maison en vue. Elle me fait savoir qu’en attendant de trouver, ils iront à Neuilly

Alors que nous nous trouvons toutes les deux dans la cuisine, je m’informe à savoir si tonton est au courant.

Le regard de manou se voile. Il aurait répondu, à sa mère, qu’elle n’avait pas besoin de ses conseils, entrée dans une grande famille, qu’elle prenne plaisir à vivre leur train de vie

J’ai regardé ma grand-mère sans comprendre et lui ai demandé de m’expliquer

.... Ils sont écartés maintenant, et d’autant que je suis avec Patrick, alors ils sont blessés et se sentent mis de côté.

... Alors parrain n’est pas juste. Tu n’y es pour rien !

Manou hausse les épaules, et empoignant la corbeille de pain, me prie de la suivre, et de ne parler de rien

Nous rentrons dimanche soir sur Paris. Je discute avec mon mari de cette vente de maison.

Après avoir tergiversé, mercredi après-midi, une fois le courrier plié, j’envoie un mail à ma cousine

Salut Lison, comment vas-tu ? Que deviens-tu ? As-tu écrit ou téléphoné à mon mari ? As-tu des nouvelles de manou ?

En attente de te lire, je t’embrasse. Méli

Le soir pendant le repas j’essaie de savoir si Matthieu a eu ma cousine au téléphone, ou si elle a écrit.

... Non pourquoi ? Tu as des nouvelles ?

... Heu bah non justement.

.... Alors que veux-tu que je te dise ?

... Non rien c’était juste pour savoir.

Je ne dis rien du mail que je lui ai envoyé. Je sens que ça l’agace quand je parle de Lise.

Vendredi nous allons directement à Neuilly. Maryse est seule. La soirée est très calme

Samedi midi manou et Patrick nous rejoignent, je suis contente.

Matthieu demande à sa tante .... Comment va Alexandre ?

.... Il a assez de travail, il est lancé. Les clients affluent je pense par curiosité

Matthieu sourit .... Il se fera une belle réputation. Le verrons-nous ?

Maryse pousse un soupir ... Je ne le vois guère.

... Comment ça ? Il ne réside pas ici ?

... Si bien sûr,

... Alors vous le voyez, que voulez-vous de plus ? Il ne va pas vous faire la lecture

... Ne sois pas ridicule !

... Il a son travail, il a une vie extérieure, n’a-t-il pas droit à sa liberté ? Vous voulez lui moucher le nez ?

... Ce n’est pas ce que je dis, maintenant je vous vois une semaine sur deux, et Alexandre ne passe que rarement son dimanche ici.

... Ma tante, j’ai aussi une belle famille, qui demande à voir ma femme ! Si vous vous ennuyez prenez des pensionnaires !

... Que ferais-je de pensionnaires ?

... De l’occupation, prenez des étudiantes par exemples, louez à bas prix deux ou trois chambres, vous aurez de l’animation

Je vois les yeux de la tante se mettent à briller, j’ai envie de sourire

... Crois-tu cela faisable ?

Matthieu éclate de rire ... Et pourquoi pas ?

... Mais comment saurais-je si ce sont des étudiantes de qualité ?

.... N’ayant pas assez de travail à la société, je vais comme d’habitude m’en occuper !

Maryse pousse son petit rire de comtesse .... Vois-tu comme tu sais être obligeant mon neveu.

Nous rions, le bon ton est donné. Matthieu se ressaisit en souriant. Toutefois, il la met en garde

... Pas de familiarité, je ne les veux pas à notre table quand nous sommes en famille ! L’escalier de service leur sera réservé.

La tante s’empresse d’acquiescer ... Oui, oui bien sûr.

... Et dès que j’aurais le dos tourné vous en ferez à votre tête

Elle rit ... Voilà, tu as tout compris

... Les chambres du haut, aucune des nôtres, aucune du premier. C’est bien compris ?

... Mais oui ne t’inquiète pas.

... Et le personnel, n’est pas à leur disposition. Entendons-nous bien.

Comme une petite fille Maryse répond .... Oui d’accord.

Nous passons à table. Patrick nous apprend que dans la semaine, ils vont visiter un bien immobilier que je connais, pour être passée souvent devant. Une maison, plutôt une belle demeure, avec ses grandes portes fenêtres à petit carreaux. Un immense jardin, caché par des grilles hautes. Dans le quartier huppé de la ville, pas loin de chez mon père.

Matthieu ... Vous visitez quand ?

... Jeudi nous avons rendez-vous à quinze heures.

... Bien !

... Vous voulez venir avec nous ? Je pense que cela ferait plaisir à ma femme.

Je regarde manou qui me sourit en plissant ses yeux, je me tourne vers mon mari qui me regarde interrogatif

D’une voix émue je réponds .... Oui, je veux bien.

Matthieu ... Ok, nous déjeunerons ensemble et nous irons à cette visite. Veux-tu que nous emmenions Garcia ?

Patrick ... On peut oui !

Manou ... Qui es Garcia ?

Matthieu .... Un architecte, qui détectera tout de suite un problème

Manou ... Quel problème ?

Matthieu ... Une fissure ou autre, que sais-je

Manou .... D’accord, merci Matthieu

... De rien chère manou.

Maryse, évidemment rajoute son grain de sel.... Il me tarde de vous voir installer alors.

Patrick .... Ma chère sœur, non que je ne veuille pas que tu te joignes à nous, mais qu’est-ce à dire si nous venons en délégation ?

Maryse de son air de petite fille rabrouée, me fait sourire .... Oui bien sûr je comprends

Nous passons un après-midi tranquille, un dimanche au calme. Nous rentrons sur Paris, après avoir diné. Patrick et manou partent aussi.

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20 août 2001

Week-end de bonheur

Avec Matthieu nous reprenons le travail dès lundi, sans avoir beaucoup de courrier, j’ai de quoi m’occuper et ça me va bien, ça m’évite de penser.

Je sais Matthieu absent pour la matinée, il m’a prévenu qu’il allait à Pantin.

Je suis en pleine mise sous pli, quand j’entends frapper, ce qui me fait lever la tête.
.... Entrez !

La porte s’ouvre sur Ghyslaine bronzée qui s’écrie ... Alors ma belle, qu’est-ce que tu deviens ?

Je souris ... Bah rien de spécial et toi ?

... Je suis rentrée, je pensais te voir.

.... Oui, désolée.

Elle me regarde ... Un problème ?

... Non ça va, tu veux un café ?

.... Allez vas-y.

Une fois suffit, je n’ai pas envie de raconter mes déboires à Ghyslaine. Je pensais sincèrement que c’était mon amie, mais maintenant j’ai quelques doutes. Christine aussi je pensais que c’était mon amie, presque une sœur. A qui puis-je me confier sans que ce soit mal interprété, répété, déformé ?   Dorénavant je préfère me taire. Je me suis rendu compte que la seule personne avec qui je peux parler librement hormis ma grand-mère, c’est mon mari. Dorénavant je ne dirais plus rien à personne, à part Matthieu, à lui je peux confier mes doutes, mes peurs ou mes joies

Je porte les tasses sur mon bureau, Ghyslaine a pris place sur un fauteuil visiteur.

... On mange ensemble ?

... Oui si tu veux.

... Oh bah cache ta joie, ma belle.

Je souris et bois mon café. Ghyslaine ne s’attarde pas .... Je t’appelle ?

... Oui, je vais prévenir Matthieu.

... Ok, à toute

Elle referme la porte en souriant, mais je sais qu’elle a vu que j’avais une préoccupation. Je vais frapper à la porte de mon mari, le bureau vide me fait savoir qu’il n’est pas rentré de sa visite à Pantin. Sur son bloc-notes je lui mets un petit mot, le prévenant que je mange avec Ghyslaine.

Je retourne à mon travail, que je boucle rapidement, je porte les parapheurs. Patrick est présent.

... Merci Mélissandre.

Je referme la porte sans un mot. Depuis l’altercation avec son fils, je le trouve distant. Je n’ai rien dit à Matthieu mais je suis affligée. Je n’ose même pas téléphoner à ma grand-mère. En fin de compte, je crois que je me suis mise tout le monde à dos, alors que je ne me sens vraiment pas en faute.

Je décroche à la deuxième sonnerie.
... Je suis prête si tu veux.

... J’arrive

Nous nous retrouvons dans le couloir, elle glisse son bras sous le mien, nous prenons l’ascenseur. Je salue madame Maurane que je n’ai pas vu ce matin, étant venue avec Matthieu, du sous-sol nous sommes montés directement à nos bureaux

Ghyslaine me demande si on va chez les normands. Je dis oui, là ou ailleurs je m’en moque

A peine sommes-nous assises que Ghyslaine attaque.
... Allez ma belle, vide ton sac !

... Pourquoi ?

... Pourquoi tu dois vider ton sac ?

Elle rit ...  Pour te faire du bien, pour confier à ton amie tes tourments.

... Ah non tout va bien, aucun tourment

.... Donc tu n’as rien à me dire ?

Je souris .... Non désolée Gigi, je n’ai rien à te dire de spécial.

... Alors moi je vais te parler !

... Oui enfin si ça me concerne ok, mais si ça ne me concerne pas, je n’aime autant pas.

... Justement ça te concerne. ... Ecoute, ma belle, tu le sais j’ai eu Christine et le cousin de ton mari à la maison avant tes vacances.

... Oui, et franchement Ghyslaine, tu es chez toi, tu invites qui tu veux.

.... Non ne te méprends pas, j’aime bien Christine, mais mon amie c’est toi

... Oui et ?

... Je les ai donc eues à la maison, j’avais téléphoné à ton mari pour vous inviter aussi, mais il a refusé prétextant le retour de ta grand-mère et monsieur Duval, et que tu serais peinée si tu n’étais pas présente. J’ai tout à fait compris, je sais le lien qui t’uni à ta grand-mère.

... Oui ça aussi je le sais.

Elle ne relève pas et continue....... En fait Marc et Alexandre voulait peaufiner les plans de l’architecte, ils sont restés ensemble tout l’après-midi, je me suis donc retrouvée avec Christine, qui comme tu le sais ne parle pas beaucoup. Je l’ai donc fait causer de choses et d’autres. Jusqu’à lui demander si toi et elle ça allait mieux

…... Pourquoi mieux ? On n’a jamais été en froid.

….... Pas en froid réellement mais plutôt un peu éloignées, tu me l’as dit toi-même.

........ Oui enfin, c’est ce qu’elle s’est mis en tête, parce que moi perso je n’ai pas changé

........ Donc, elle m’a avoué être mal à l’aise entre ton mari et toi, ayant peur que vous jugiez mal cette relation.

Et là j’éclate de rire, je regarde mon amie ........ Non mais oh, elle se fout de qui en fin de compte ?

....... Je n’en sais rien, ma belle, une chose est sûre ton mari l’impressionne terriblement, elle m’a avoué perdre tous ses sens de la réalité en sa présence

......... Alors je vais te dire Ghyslaine, je crois Christine amoureuse de Matthieu, sans l’avouer !

Ghyslaine me regarde en fronçant les sourcils ....... Ne dis pas n’importe quoi.

....... Alors explique-moi son attitude vis-à-vis de Matthieu, qu’on soit chez la tante, chez ma grand-mère, chez mon père et la différence quand on est au bureau ?

........ Disons qu’elle est intimidée devant ton mari.

....... Non arrête ce registre Gi, mon mari ne peut pas être plus gentil qu’il est avec elle. De plus explique moi pourquoi quand elle a besoin de congés, c’est à mon mari qu’elle demande ? Et comme par hasard elle le tutoie et l’appelle Matthieu

....... Je te dis, ce qu’elle m’a confié.

....... Et le cousin qui a le même caractère que mon mari, elle n’en a pas peur ?

Ghyslaine rit .... Dis-moi ma belle, ce n’est pas toi qui aurais dit. Quand on aime on n’a pas peur

........ Oui enfin, je ne crois pas à ce boniment. Donc comme elle a peur de mon mari, elle a été dire à tout le monde que je lui tournais le dos, parce que je ne voulais pas qu’elle fréquente Alexandre, c’est ça ?

.... Disons, qu’elle a l’impression qu’effectivement tu t’es un peu éloignée d’elle.
... Ecoute Ghyslaine, restons-en là, et va demander à Christine d’être un peu plus honnête quand elle te raconte ses petites misères.
Je me lève, n’ayant pas du tout envie de poursuivre sur ce terrain. Pour moi tout a été dit, et je ne vais pas indéfiniment me justifier auprès de tout le monde.

Nous rentrons en silence. Sur mon bureau le dictaphone de Patrick, je suis presque soulagée d’avoir du courrier à taper, ce qui m’évitera de penser.

Cette semaine, je reste bien sagement à mon bureau, je ne rends visite ni à Christine, ni à Ghyslaine. J’évite même d’aller manger avec mon amie.
C’est le cœur gros que je prends cette décision, mais j’ai besoin de me retrouver seule avec moi-même

J’angoisse, je vois l’heure tourner et je sais que Matthieu va me dire qu’on va à Neuilly pour le week-end, et franchement je n’ai pas envie de me retrouver entre l’ironie d’Alexandre et la tête de martyr de Christine

La porte de communication entre le bureau de Matthieu et le mien, s’ouvre. Je lève les yeux vers lui, j’étais en train d’éteindre mon ordinateur.

... Ma tante rentre demain, veux-tu aller à Neuilly ?

Je me sens blêmir, comment lui dire non

... Heu pas trop, mais si ta tante rentre.

.... Aucune importance, nous pouvons faire l’impasse.

... Alors je préfère.

... Bien, prépare-toi nous partons.

Je ferme les armoires, éteins le perco et l’imprimante. Je sors mon sac du tiroir. Matthieu vient me chercher nous allons dire au revoir à Patrick

... Vous n’allez pas à Neuilly ?

Matthieu .... Non je n’y tiens pas !

Patrick me regarde, songeur, je lui demande gentiment d’embrasser ma grand-mère pour moi.

Il sourit ... Je n’y manquerais pas mon petit ... Mais pourquoi ne venez- vous pas dimanche ?

Matthieu ... Où ?

Patrick rit .... Chez madame Duval.

Matthieu sourit et me regarde .... Darling ?

.... Heu oui je veux bien, merci Patrick

Matthieu ... Mais toi-même, tu ne vas pas à Neuilly ?

.... Nous passerons demain en coup de vent, tu connais ta tante, quand elle rentre, elle est épuisée.

Matthieu éclate de rire .... Ok pour dimanche.

Patrick .... Venez déjeuner, Odette adore cuisiner.

Nous le remercions et partons. Je suis heureuse, je vais avoir ma grand-mère pour moi toute seule. J’aurais envie de sauter au cou de Patrick pour cette invitation.

La soirée se passe tranquillement. Enlacés étroitement devant la télé que nous ne regardons pas spécialement, nous discutons de plusieurs choses. Matthieu me demande s’il me plairait de changer les peintures de l’appartement

... Mais non pourquoi ?

... Sont-elles à ton goût ?

... Mais oui, j’aime bien ton appartement

... Le nôtre darling

Je souris. Matthieu me propose de faire une petite virée vers le 10 septembre, justifiant qu’il fait encore beau, même si les journées sont plus courtes.

Nous parlons jusque tard, pour nous retrouver dans les bras l’un de l’autre dans notre monde merveilleux.

Samedi matin, alors que nous prenons notre petit déjeuner, Sophie amène le téléphone à son patron.

... Allo ?

....

.... Bonjour manou

.....

... Bien sûr, pas de problème.

Il raccroche, mon pouls s’emballe, est-ce que manou a annulé pour demain. Je regarde mon mari, interrogative.

Il me sourit .... Dépêche-toi de déjeuner, ta grand-mère nous attend pour le week-end

Je le regarde et éclate de rire, la joie s’empare de moi. Quand d’un coup une inquiétude me prend.

... Il y aura qui ?

... Toi et je suppose ton mari

... Tu es bête.

... Madame Jorelle, mesurez vos propos.

Je sais à ses yeux qu’il plaisante. Je demande ce qu’on amène chez ma grand-mère.

... Veux-tu que nous nous arrêtions prendre des fleurs ?

... Heu oui, si tu veux.

En chemin, je lui dis que je les pensais à Neuilly aujourd’hui. Mon mari me fait savoir, qu’ils ont remis au week-end prochain, laissant Maryse reprendre ses petites habitudes. 

En sonnant chez manou pour prévenir de notre arrivée, je prie pour que l’on soit que nous quatre. La porte s’ouvre sur un Patrick souriant.

Je l’embrasse et vais dans la cuisine voir manou, qui en sort au même moment, venant à notre rencontre. Je la serre dans mes bras et l’embrasse.

Matthieu à son tour embrasse ma grand-mère et lui offre le bel, azalée, que nous avons choisi
Patrick ... Nous avons mis le couvert dehors

Matthieu ... C’est parfait.

Sous la pergola une jolie table est dressée avec quatre couverts. Je respire.

Patrick revient avec une bouteille de champagne
Matthieu en riant ... Que fête-t-on ?

Patrick sourit ... la joie de vous avoir à notre table !

 ... Tu nous as tout autant à Neuilly.

 .... Disons qu’ici nous sommes tranquilles

Manou un plat de mini brochettes de crudités à la main, vient s’assoir, Patrick sert les verres.

Manou ... Je suis contente les enfants de vous avoir, dormirez-vous ici ?

Matthieu me regarde interrogateur je souris ... Oh bah oui alors, mais tu aurais dû le dire, je n’ai pas de change.
Mon mari sourit taquin .... Il me faut penser à tout madame Jorelle, jusqu’à vos petites culottes.

Je fais la fille outrée ........ Oh non mais !

Nous rions, il me fait savoir qu’un sac est dans le coffre de la voiture.

... Alors c’était prévu ?

... Ta grand-mère a téléphoné ce matin pour avoir la certitude que c’était toujours d’accord.

... Evidemment monsieur Jorelle, vous ne me mettez jamais au courant de rien !

... Une surprise reste une surprise !

... Alors une surprise comme ça, je veux bien, tu es pardonné. Et je peux savoir quand ça s’est décidé ?

... Madame Jorelle, ce matin pendant que vous vous prélassiez dans le lit conjugal !

Le repas se passe sur un ton badin. Je retrouve Patrick homme charmant et plein d’humour.

Manou nous a concocté un repas de gala. Je vais pour l’aider à débarrasser quand elle me dit

... Laisse ma poupée, je m’en arrangerai tout à l’heure.

... Mais non manou, je vais faire la vaisselle.

Patrick me fait sourire. ….... Mélissandre, faites poids avec moi, je veux prendre une employée de maison, votre grand-mère se récrie

Je ris …... Ah alors Patrick, je ne vais pas vous êtes d’une grande aide.

Patrick prend un air penaud ... Il me faut maintenant faire la vaisselle !

J’éclate de rire .... Oh bah manou, tu vas changer mon directeur en femme d’intérieur ?

Manou sourit .... Me vois-tu ma poupée avec une femme dans les jambes, je deviendrais vite oisive, déjà que ton mari fait venir le jardinier une fois par semaine.

... Mais manou, tu fais tellement de choses, garde les repas, et vis tranquille, profite de ton mari.

Patrick ... Vois-tu ma bien-aimée, ta petite fille est de mon avis.

Manou ... Mais que ferais-je quand tu es au bureau.

Patrick .... Tu te prélasses !

Je me récrie ... Mais non manou, tu tricotes, tu brodes, tu vas te promener, tu invites tes amies, tu fais tes courses et les repas, déjà c’est bien.

... Tricoter ? Aurais-tu quelque chose à nous annoncer ?

... Ah non, perdu ! Mon mari ne veut pas me faire mère

Matthieu ... Madame Jorelle nous avions convenu que vous deviez finir vos études !

.... Oui mais on a le droit de changer d’idée en cours de route, mais tu fais tout pour pas que ça arrive

Matthieu éclate de rire .... Devant ta grand-mère, n’as-tu pas honte ?

Je fais la fille étonnée .... Ah non pas du tout, et comme ça, manou sera occupée, on lui donnera le bébé pour sortir

Patrick .... Hum, je crois qu’on a passé l’âge de changer des couches

Nous rions. Je suis si bien, que je ris de tout.

Tout compte fait, je vais à la cuisine faire la vaisselle en un rien de temps. Patrick l’essuie pendant que manou tourne en rond. Matthieu assis à la table de cuisine nous regarde tout en devisant tranquillement avec nous.
... Dites donc monsieur Jorelle, vous n’avez pas honte de rester assis pendant que Patrick essuie la vaisselle.

... Tu as raison darling, mais j’aurai bien trop peur de briser la porcelaine de manou

... Ouais, toutes les excuses sont bonnes, pour te faire servir

... Le privilège d’être PDG, vois-tu ?

Je rince mes mains, et vais les passer sur la figure de Matthieu qui m’attrape

......... Petite garce, tu vas me le payer.

Il m’attrape et me balance sur son épaule, je ris en appelant à l’aide. Manou pleure de rire, et Patrick nous regarde en souriant. Matthieu claque mes fesses

... Je vais t’apprendre les bonnes manières, petite malicieuse insolente.

... Non pitié monsieur Jorelle, pitié je ne recommencerai plus. Manou au secours !

Dans le jardin il me lâche, en riant, je l’attrape au cou et penche sa tête, en me hissant sur la pointe des pieds, je l’embrasse sur les lèves en forçant sa bouche. Nous échangeons un doux et court baiser.

Manou amène des tasses et Patrick le pot de café. J’essaie de reprendre ma respiration et mes esprits. J’ai rarement l’occasion de chahuter avec mon mari. A Neuilly ce serait mal venu. Une fois chez mon père, et la tante s’est un peu récriée, je me rends compte que Matthieu est bien plus libre d’esprit chez les miens que chez les siens. Il est abordable et rieur, taquin et chahuteur. De se lâcher, lui fait aussi du bien. Il est tellement le contraire au travail. Je souris en moi. Si Christine le voyait, elle baisserait la tête ? Chahute-t-elle avec Alexandre ?

.... Mélissandre ?

... Heu oui ?

Mon mari me taquine .... Tu es partie où ?

... Bah je suis là.

... Ta grand-mère demande si nous voulons faire une promenade !

... Ah ! Heu bah je ne sais pas. Tu veux aller où manou ?

... Pas de lieu précis, sur le boulevard, pour nous dégourdir un peu.

... Ah, oui bah ok alors.

Main dans la main avec mon mari, nous cheminons tranquillement aux côtés de manou qui donne le bras à Patrick. Nous allons jusqu’en haut du boulevard, tout en regardant les vitrines. Au retour nous nous arrêtons au salon de thé prendre une consommation. Matthieu propose de nous emmener au restaurant ce soir.

Manou ... Nous avons prévu, le repas de ce soir, Matthieu

... Ne peut-il être gardé ? Nous le mangerons demain midi !

Patrick ... Mais oui ma bien-aimée, ne te soucie pas pour ça.

Il est donc convenu que nous allions manger sur Paris, Matthieu nous conduira

Nous rentrons chez manou, je vais à la salle d’eau, avec un mélange d’émoi et de sentiments confus. Je me revois me préparer et me faire belle pour mon patron. Je me donne un coup de peigne et me lave les mains

... Madame Jorelle est prête ?

Je souris ... Heu oui, je suis juste aller me laver les mains.

Matthieu nous emmène dans un grand restaurant, ou nous sommes déjà allés tous les deux, au temps ou semblant de rien, il m’attachait à lui. Je souris intérieurement, je sais que sur les menus des femmes il n’y a pas de prix.

En entrant dans l’établissement, je vois manou regarder partout. Le type costume trois pièces nous installe à une table ronde, il enlève l’étiquette ‘’réservé’’

Nous commandons l’apéritif, que nous sirotons, Patrick revient à la charge, pour que manou accepte une femme de ménage. Je souris et propose à manou de la prendre un jour sur deux, pour garder la sensation de s’occuper de sa maison, ou alors que le matin

Le serveur vient nous porter les menus, ce qui coupe court cette conversation, Patrick oriente sa femme sur des mets de choix.

Le repas, de haute gastronomie ravit nos papilles. Manou s’extasie et remercie chaleureusement mon mari pour cette délectation

Nous trainons à table, prenant plaisir à être tous les quatre

Quand nous rentrons, il n’est pas loin de minuit. Je m’endors presque tout de suite dans les bras de mon mari.

.... Debout la marmotte !

J’ouvre un œil ... Oh déjà ?

... Il va être dix heures madame Jorelle.

... Oh non !

... J’ai épousé un loir.

Je prends mon oreiller et lui lance à la figure ... Non mais oh, dis donc !

Il pose l’oreiller et se penche à mon oreille .... Madame Jorelle, votre comportement mérite une fessée.

Je ris et m’accroche à son cou .... Interdit monsieur Jorelle.

... Hum, ne me tente pas !

Je le repousse et me lève ... Tu viens boire un café avec moi ?

... Evidemment.

Je tire un peu sur mon tee-shirt qui me sert de chemise de nuit. Il a beau être long, il découvre malgré tout, mes cuisses assez haut.

Personne dans la cuisine, je demande à Matthieu ou sont passés son oncle et ma grand-mère.

…. Ils sont partis chercher du pain frais.

….. Tu sais je crois que Patrick à raison, ça serait bien que manou ait quelqu’un pour l’aider, en plus ça lui ferait une compagnie la journée quand il est au bureau.

….. C’est à eux de voir, darling.

…... Heu oui bien sûr.

Je bois mon café et file à la salle d’eau laissant Matthieu en plan. J’ai cru déceler comme un reproche dans la voix de mon mari. Croit-il que, je vais m’en mêler ? Patrick m’a demandé mon avis, je l’ai donné, après effectivement ils font comme ils veulent.

Prête, je vais à la cuisine pour me servir un café, quand je vois manou s’activer

... Tu es toute seule manou ?

... J’ai envoyé les hommes dehors, Patrick tourne en rond quand je cuisine

Je ris et me sers, je propose un café à ma grand-mère qui accepte. Je lui demande ce que je peux lui faire.

... La salade ?

... D’accord, je te fais ça, viens boire ton café.

En regardant ma grand-mère, je lui trouve un air soucieux.

….. Qu’est-ce qui se passe manou ?

….. Rien ma poupée.

….. Hum je n’en suis pas si sûre, je te connais.

Ma grand-mère me sourit ... Je sais ma poupée, tout comme je te connais, et je suis heureuse de te voir avec ton mari vous formez un si beau couple. Votre entente fait plaisir à voir.

…... Toi aussi manou, vous formez un beau couple.
….. C’est une si belle famille

….. Manou, je te téléphone demain, nous serons tranquilles pour parler.
….. Oui ma poupée.

Je lave la salade et la prépare, j’ai vu que manou avait envie de parler mais se retenait.

Le repas comme les autres, est animé, après des crudités en salade, un rosbeef accompagné d’un mélange de légumes, la salade et le fromage. Patrick a dressé une belle tarte aux fraises sur le plat de service en porcelaine.

J’éclate de rire .... Oh bah, drôle de fraisier

Patrick sourit .... J’ai pensé à ma nièce

Je le taquine ... Ah bah pour une fois que quelqu’un pense à moi, merci mon oncle

Nous rions. Manou m’interdit d’aller faire la vaisselle et de ranger la cuisine. L’après-midi passe vite, Matthieu donne le signal du départ. Le cœur serré j’embrasse ma grand-mère et Patrick qui me dit

.... A demain mon petit.

Je fais oui de la tête en levant les yeux vers lui. Je lui souris

9 août 2001

La Corse

Dès le lendemain de la signature, nous partons quelques jours. Matthieu ne me parle de rien, ni de l’altercation d’avec son cousin, ni de Christine.

Nous allons à Porto Vecchio en avion, sur place il loue une voiture pour nos déplacements. Nous visitons la citadelle datant du XVI e siècle. Nous dinons souvent sur le port. Main dans la main, nous nous baladons dans les ruelles offrant de petites boutiques. Nous nous baignons à Palombaggia, nous farnientons sur le sable blanc, fin comme de la poudre.

Ces dix jours sont un rêve, je retrouve mon mari en homme amoureux et tendre. Malheureusement le retour est imminent.
Nous sommes à l’aéroport. Dans un peu plus d’une heure nous débarquerons à Neuilly. Un sentiment d’angoisse me prend. Qui sera au domaine ? Nous sommes dimanche, j’espère trouver Manou
Georges est là, droit comme un I, il empoigne nos bagages, qu’il range dans le coffre. Matthieu ouvre la portière, je m’assois, il se met à côté de moi, entourant mes épaules.

....... Tout va bien darling ?

....... Oui et toi ?

Il enfonce son regard dans le mien, un petit sourire narquois aux lèvres .... Rêveuse madame Jorelle ?

Je souris ......... Pleine de beaux souvenirs.

......... Séjour court, nous partirons en septembre, si tu le souhaites.

Je fais oui de la tête. La voiture file sur la route.

Des éclats de voix résonnent, quand nous passons la porte du salon. Je reconnais tout de suite la voix d’Alexandre.

Patrick et manou sont présents, Alexandre et Christine serrés l’un contre l’autre rient

En nous voyant, la tête de Christine change de tout au tout, elle s’arrête net. J’embrasse tout le monde sans exception, faisant celle qui n’a rien vu. Est-ce que mon mari s’est aperçu du changement de Christine ?

Manou .... Tu as bonne mine ma poupée.

........ Merci manou, il te faut demander à Patrick de t’emmener, c’est trop joli.

Patrick en souriant ........ Les désirs de madame Duval sont des ordres, encore faut-il que mon patron m’accorde quelques jours, je crois avoir eu mon cota de congés

Matthieu ......... Mon cher, je ne suis en rien ton patron, et si tu veux t’accorder une semaine, inutile de faire une feuille à ma secrétaire.

Nous rions, Matthieu demande si tout va bien, s’ils ont des nouvelles de leur tante

Alexandre ....... Tu sais bien que Maryse en compagnie de la baronne, ne pense plus à rien !

Matthieu ........ Laissons-lui ce plaisir !

Je regarde Christine et lui souris gentiment ........ Ça va Christine ?

Avant qu’elle réponde Alexandre ironique répond ....... N’aies crainte belle cousine, je n’ai pas profité de ton absence pour la maltraiter.

Je lui rétorque sur le même ton ....... Si elle apprécie la maltraitance, c’est son problème, mais alors lui aurais-tu interdit de parler ?

Il rit ......... Que nenni, elle est en droit de s’exprimer, tout comme toi.

......... Alors pourquoi réponds-tu pour elle ?

Matthieu, manou et Patrick assistent à cet échange sans s’interposer. La joute entre Alexandre et moi a l’air d’amuser mon mari

........ Disons que Christine impressionnée ne répondra peut-être pas ouvertement.

....... Impressionnée ah bon ! Et par quoi ou qui ?

..... Peut-être par son amie

…. Je l’impressionne ? Première nouvelle.

…. Disons qu’elle garde une certaine réserve

........ Ah bon, serait-elle hypocrite pour ne pas dire le fond de sa pensée ?

Je regarde Christine qui baisse la tête, malgré tout j’intercepte son petit sourire en coin.

....... Oh Christine tu ne sais pas parler ? Il te faut un porte-parole ?

........ Heu non, bien sûr que non.

....... Tu sais bien me dire ta pensée quand tu fais galoper ta grande imagination en racontant des choses qui n’existent que dans ta tête !

..... Non je n’ai rien dit

..... Bien sûr, tu ne dis jamais rien, tu n’es même pas capable de me dire si tout va bien au boulot. Je ne te demande pas de me raconter tes parties de jambes en l’air, je m’en tape !

La colère m’emporte, je me lève et claque la porte en sortant, je me réfugie dans le jardin. Ça fait un quart d’heure qu’on est arrivés avec Matthieu et déjà son cousin m’attaque.

Je marche sans but, et fini par m’assoir dans l’herbe l’esprit vide. C’est décidé, je ne viendrai plus quand ils seront là. Je n’ai pas envie tous les week-ends d’être sur le qui-vive à savoir si Alexandre va m’attaquer ou pas. Si Christine va se renfermer ou pas. J’en viens à avoir de mauvaises pensées. N’a-t-elle pas cette attitude pour reporter toute l’attention sur elle justement ? N’est-ce pas un jeu de parfaire son rôle de petite fille fragile pour attirer les regards ?

Je suis en pleine réflexions, quand je vois Matthieu de son pas allongé se diriger vers moi. Sans un mot il s’assoit à côté de moi et me prend dans ses bras. Cette marque de tendresse me fait éclater en sanglots

.... Qu’est-ce qui se passe darling ?

Je ne sais même pas quoi répondre

.... Qu’elle est cette animosité avec mon cousin ?

J’essuie mes yeux et renifle un peu ........ Pourquoi Christine change de tout au tout quand je suis là ? Elle conforte ton cousin dans l’idée que je lui en veux d’être avec lui, mais quand est-ce qu’elle va comprendre que je m’en tape ?

........ Darling, je ne suis pas sûr que ce fait vienne de toi.

........ Alors c’est lui qui s’est mis ça en tête ? Mais pourquoi ?

Matthieu rit ........ Ma petite femme, tu sais pertinemment que si je suis dans les parages, Christine ne respire plus.

......... Oh faut qu’elle arrête avec ça, tu ne l’as jamais engueulée, c’est du cinéma. Pour faire signer ses feuilles de congés, elle n’a pas peur de toi, elle sait bien te demander ! Ou alors elle est mordue de toi, d’où son attitude !

Il éclate de rire ........ Madame Jorelle, que de mauvaises pensées.

......... Ecoute Matthieu, les filles ont appris à te connaitre. Au travail elles savent très bien que sous tes airs de dirigeant autoritaire, tu sais rire et plaisanter. Au secrétariat, elles t’apprécie, et elles me disent souvent que tu es un patron hors pair.

........ Christine est timorée, que veux-tu ?

... Je crois plutôt qu’elle se donne un genre de petite fille fragile pour attirer les regards sur elle. Elle n’est timide en rien.  

Matthieu tourne ma tête vers lui, de son index il soulève mon menton, nos regards se croisent. Il essaie de me sonder, je ne baisse pas les yeux.

........ Rentrons !

Nous allons au salon, Patrick Manou, et les deux jeunes n’ont pas bougé.

Matthieu fait signe à Catherine ........ Faites porter des rafraichissements !

A son ton je sens que la colère couve. Va-t-elle se tourner contre moi ? De mes pensées que je lui ai avouées ?

Catherine pose un plateau de verres d’eau pétillante. Patrick fait le service en donnant un verre à chacun. Matthieu prend le temps de boire une gorgée, et son verre en main demande

........ Alors Christine, raconte-moi un peu comment ça se passe au bureau.

Elle lève les yeux vers lui, quittant ce regard triste, un léger sourire aux lèvres ........ Tout va bien, monsieur Thibault est content, il me l’a dit

........ Parfait, et avec les filles ça se passe bien ? Aucun problème ?

........ Non, elles sont sympathiques.

J’ai compris, il la met en confiance et d’un coup il va l’acculer. Il a capté ce que j’ai essayé de lui dire, il veut se rendre compte par lui-même.

J’ai loupé un épisode, Christine la tête baissée, ce léger rictus aux lèvres ne répond pas. Matthieu de sa voix doucereuse demande

........ Pourquoi ne réponds-tu pas Christine ?

........ Je ne sais pas monsieur !

........ Dites-moi mademoiselle Frontasky depuis quand êtes-vous dans la famille de ma femme ?

........ Depuis mars

........ Donc depuis mars, que tu fais partie de la famille Robin, je suis encore monsieur en dehors de la société ?

Alexandre va pour intervenir, d’une voix sèche Matthieu le rembarre

......... Ne t’occupe pas de ça, s’il te plait ! J’aimerais comprendre pourquoi elle fait courir le bruit que ma femme lui tourne le dos alors qu’elle n’est même pas capable de répondre à une question simple !

Alexandre froidement ....... Ne te trompe pas de cible !

Matthieu ........ C’est toi qui te trompes de cible ! Ouvre les yeux !

Alexandre ........ Donne-moi un exemple !

Matthieu en grondant ........ Vous riez à gorge déployée, on entre ma femme et moi, et d’un coup Christine se met dans un trou de souris, on n’entend plus le son de sa voix, alors explique-moi, si celle-ci n’en est pas capable !

Alexandre .... Christine se sent dépréciée par son amie, et de plus tu n’es pas sans savoir que tu l’intimides

Matthieu éclate de rire, un rire ironique ........ Cesse tout de suite Alexandre, je n’intimide aucunement ton amie, simplement elle s’est mise en tête qu’elle devait baisser les yeux quand je suis avec mon épouse. Dis-moi pourquoi au bureau quand une employée est là, ou qu’elle m’apporte ses feuilles de congés à faire signer, ta dulcinée m’appelle Matthieu et me tutoie et ici c’est monsieur ! Vas-y j’aimerai comprendre ! De plus si ma femme dépréciait mademoiselle Frontasky, tu n’aurais jamais fait sa connaissance, elle serait toujours à se morfondre chez sa mère. Si ma femme dépréciait mademoiselle Frontasky, elle pointerait toujours au chômage !  

........ Je suis au fait de ça, Christine ne m’a rien caché. Ta femme a dès ma rencontre avec Christine, mit celle-ci en garde contre moi, sans me connaitre.

Je m’insurge ......... Alexandre, tu n’es même pas honnête. Aurais-je du laisser mon amie s’enticher de toi sans savoir ce que tu cherchais ? Tu jettes Isabelle le samedi et tu fais ton baratin le lendemain à Christine. Aurais-je été une vraie amie si je ne l’avais pas mise en garde ? Après tout que connaissais-je de toi ?

Alexandre ........ Et donc, tu juges au laisser paraitre, sans connaitre les gens ?

........ Peut-être est-ce une erreur, mais je me devais de la mettre en garde. Elle ne connait rien de la vie

........ Pourquoi tu as de meilleures connaissances ? Quand tu t’es mariée avec Matthieu tu avais de parfaites notions de la vie à deux ? Ne t’es-tu pas marié précipitamment ?

Matthieu ......... Ne va pas trop loin, Alexandre. Nous étions dans l’obligation d’accélérer afin de protéger l’intégrité de Mélissandre. Sa photo s’étalait en grand dans tous les journaux ! A ce jour je n’ai pas encore vu vos têtes

Alexandre sourit ....... Et je ne m’en porte pas plus mal !

Matthieu ....... Christine, réponds-moi, quelle est cette attitude négative, qui fait que règne une ambiance tendue !

.... Je n’ai pas demandé ça.

... Tu n’as pas demandé quoi ? 

... Je n’ai pas demandé que l’ambiance soit tendue monsieur

Matthieu d’une voix qui me fait sursauter ....... Arrête de m’appeler monsieur, c’est agaçant à la longue. Tu couches avec mon cousin ?

Alexandre ... Je ne te permets pas.

Matthieu .... Que vous couchiez ou pas, je m’en moque. Ce que je ne comprends pas, c’est son obstination. Que cherche-t-elle ? A ce qu’on s’intéresse à elle ? Qu’on se tourne vers elle, pauvre petite fille esseulée. Et dans le plumard elle joue aussi les prudes ?

Alexandre ....... Tu es immonde

.......... Non je suis réaliste !

Manou et Patrick ne disent rien, je sens ma grand-mère attristée. Matthieu se radoucit

......... Ecoute Alexandre, il est hors de question que nous soyons en froid à cause de mademoiselle Frontasky qui se complait dans ce rôle de jouvencelle. Grâce à ma femme, elle a un poste de fonction, un bon salaire. Sans Mélissandre qui a intercédé en sa faveur, elle serait toujours au standard. Alors arrête de penser que madame Jorelle fulmine de voir son amie avec mon cousin.

Alexandre ........ J’ai pourtant eu vent, que ta femme avait changé d’attitude envers son amie depuis !

Matthieu ........ Christine que reproche-tu à Mélissandre au juste ?

....... Heu non rien

........ Ah si, parce qu’on n’est pas là depuis une demie heure à débattre sur ton ressenti envers Mélissandre pour rien !

La tête baissée, je surprends un petit sourire, qu’elle efface rapidement. ....... Non, peut-être que j’ai cru que Mélissandre était moins proche de moi.

....... Et qu’est-ce qui te fait dire ça ?

........ On parle moins, on se voit moins.

Matthieu éclate de rire ....... Donc si j’ai bien compris, quand tu es avec Alexandre, enlacée, Mélissandre doit venir tenir la chandelle, et interrompre vos échanges !

........ Mais non je ne dis pas ça.

....... Alors dis-moi, que je comprenne !

....... Même au travail

....... Quoi même au travail ? Rappelle-moi à quel étage tu es, et à quel étage est Mélissandre.

....... Non ce n’est pas ça que je dis, mais avant on mangeait ensemble.

........ Je te rafraichis la mémoire, ou c’est top secret ?

....... Oui mais des fois je suis toute seule.

........ Donc quand Alexandre ne vient pas déjeuner avec toi, Mélissandre te sert de dame de compagnie pour ne pas que tu sois seule !

........ Mais non ce n’est pas ce que je dis.

....... En fait tu ne dis rien, et Alexandre se fait des idées, il tance ma femme pour des non-dits, par plaisir, c’est ça ?

....... Non je n’ai pas dit à Alexandre de se disputer avec Mélissandre.

Le ton de Matthieu se fait ironique .......... Rappelle-moi où tu étais le samedi du retour des vacances de manou et Patrick 

.......... Nous étions invités chez madame Germain.

........ Et ça ne t’a rien fait d’aller manger chez l’amie de ma femme, pendant qu’elle était seule au domaine ?

....... Je ne pouvais pas refuser, Ghyslaine m’avait téléphoné pour m’inviter.

....... En as-tu averti Mélissandre ?

...... Non.

........ Et pourquoi tu lui caches des choses comme ça ?

....... Non je ne voulais pas lui cacher, je n’ai pas eu l’occasion de lui dire.

....... Ah ! Et le lendemain vous n’étiez pas au domaine ? Quand Mélissandre t’a demandé pourquoi tu étais absente la veille tu n’as pas répondu, pourquoi ? C’était top secret aussi ? Mélissandre doit s’enquérir mais n’obtiendra pas de réponse, c’est ça l’histoire ?

Alexandre ... Mais tu étais au courant, pourquoi ne pas l’avoir dit à ta femme.

....... Est-ce à moi de raconter vos week-ends à ma femme ?

Alexandre ........ Non bien sûr que non, mais tu pouvais lui dire. De plus il me semble que la femme de Marc vous avait aussi lancé une invitation.

........ Exact, et la grand-mère de ma femme rentrant de vacances, il était normal que nous soyons présents !

........ Christine lui aurait dit, je pense. Mais elle ne sait comment aborder ta femme, elle a peur de faire des impairs

Matthieu d’une voix qui gronde rétorque à son cousin ........ C’est une plaisanterie j’espère !

...... Ecoute Matthieu, Christine ne veut pas s’embrouiller avec ta femme, de ce fait elle évite les discussions trop personnelles.

Je ne peux m’empêcher de demander ......... C’est quoi des discussions trop personnelles ?

Alexandre sourit ......... Disons des discussions qui engendreraient une certaine dissension !

....... Ah, une certaine dissension ! Comme quoi ?

Alexandre hausse les épaules, un sourire ironique aux lèvres ……… Des sujets qui te déplairaient par exemple

…….. Me dire qu’elle attend que tu lui propose le mariage c’est une discussion personnelle ou pas ?

Je jette un regard vers Christine qui est rouge pivoine

Alexandre éclate de rire ......... Chère cousine ne met pas la charrue avant les bœufs, s’il te plait !

..... Je ne mets rien du tout, demande-lui à ta copine si elle ne m’en n’a pas parler

Alexandre se ressaisit et de cette voix froide ......... Arrête de te faire des films et ne t’occupe pas de notre relation !

Matthieu ......... Christine ?

Christine de cette petite voix qui m’agace ...... Quoi ?

..... Est-ce vrai ce qu’avance Mélissandre ?

..... Je n’ai pas dit comme ça

Je ne laisse pas Matthieu parler ......... Tu ne m’as pas dit que je m’étais mariée rapidement et que tu attendais qu’Alexandre te propose le mariage, quand je t’ai dit que ça faisait deux mois que vous étiez ensemble tu as répondu quoi ? Oui bah j’attends qu’il se déclare. Vrai ou pas ? Et quand je t’ai demandé si vous flirtiez que m’as-tu répondu ? Pas encore mais ça va venir.

….. Non je n’ai pas dit comme ça

Hors de moi je me mets à hausser le ton …… Oh tu te fous de moi ? C’est encore moi qui mens !

Matthieu boit son verre d’un coup, le pose sur la table et me tend la main.

......... Embrasse ta grand-mère, nous rentrons, j’en ai assez entendu !

Le cœur gros, j’embrasse ma grand-mère et Patrick, avant que je fasse la bise aux jeunes Matthieu m’entraine.

Dans la voiture j’éclate en sanglots, relâchant la tension de cette discussion. Une heure une seule heure que nous sommes rentrés de Corse, que nous sommes descendus de l’avion, et voilà c’est déjà un conflit.

Il nous conduit au parc Monceau. Je le sais dans ses pensées. Je ne dis rien, j’essaie d’analyser la situation. Vais-je me fâcher avec Christine alors qu’elle vit chez mon père. Comment faire le jour où il nous invite ?

J’ai le cœur gros. Je n’ai rien fait pour que cette situation dégénère. Je voulais juste mettre mon amie en garde. Je ne pensais pas en arriver là. Comme quoi, je devrais à l’avenir faire attention, et ne m’occuper de rien. Après tout qui ai-je eu pour me mettre en garde contre un mariage précipité.

.... Veux-tu aller manger au restaurant ?

Je lève la tête vers mon mari. .... Je n’ai pas très faim.

... Allons manger une salade.

La gorge nouée, je fais oui de la tête.

... Arrête de t’en faire !

... Tu vois, c’est plus facile à dire qu’à faire. Si un jour tu l’engueules on dira que c’est de ma faute, tout comme Lise disait que je faisais tout pour que tu la vires.

.... Alors j’aviserai à ce moment-là !

... Si j’étais sûre de trouver du travail, j’irais, en fait ça me desserre de travailler avec toi !

.... Il n’est pas question que tu quittes la société, je me suis engagée à ce que tu poursuives tes études et tu refuses mon aide. Donc le sujet est clos.

Matthieu m’emmène déjeuner sur une péniche qui flotte sur la Seine, nous mangeons sur le pont. Une légère bise fraichit un peu cet air lourd. Je me sens bien d’un coup. Amoureuse de mon mari et heureuse dans ce décor sentimental.

Nous dégustons notre sorbet quand je demande d’une petite voix qu’il me fasse un enfant.

.... Ma douce femme, laisse les choses se faire.

... Alors ça ne se fera pas, puisque tu prends toutes les précautions.

Il rit ... Bien madame Jorelle, le message est passé.

La péniche à quai, nous descendons et nous promenons enlacés le long de la Seine. Assez tard, nous reprenons la voiture et rentrons.
Notre nuit sera faite d’amour et de confidences sur nos sentiments. Je m’aperçois que Matthieu est jaloux de tout ce qui me touche, de tous ceux qui m’approchent, et du mal qu’on peut me faire. Je sais à cet instant que rien ne peut m’arriver tant qu’il est près de moi.

Nous nous réveillons ensemble, et trainons un peu au lit. Je lui raconte les échanges que j’ai eu avec Christine, son attente pour se marier avec son cousin, et ma certitude qu’elle ne l’aime pas.
Matthieu m’embrasse fougueusement et m’emmène dans cet autre monde. Mais je sais qu’il m’a entendu.

27 juillet 2001

Stupéfaction

Je suis nue, dans les bras de mon mari. Une onde de bonheur me submerge, je le réveille de mes caresses que j’appuie de plus en plus. Nous partons dans notre délicieux monde.

Matthieu .... Vous aurais-je manqué madame Jorelle

Je ris .... Oh bah non voyons ! Et moi je t’ai manqué ?

.... Oh que oui !

Il me prend dans ses bras, mon cœur palpite, je râle de plaisir quand il me fait sienne une nouvelle fois.

Repus, nous reprenons nos esprits.

.... Femme fatale, levons-nous ! J’ai du travail

... Nous allons au bureau ?

... Non, repose-toi, je vais étudier tes listings ici.

D’un bond je saute du lit, m’enroule dans le peignoir de Matthieu et vais sous la douche.

Matthieu en pantalon de toile et chemisette, nous descendons déjeuner. Tout en mordant dans ma tartine, je lui demande s’il a besoin de moi, si je peux l’aider en quoique ce soit

Il sourit .... Non darling, je devrais m’en sortir. Veux-tu inviter tes parents ? Je crois qu’ensuite ils partent en vacances.

... Ah ! Mais Christine a posé ses jours en septembre.

... Christine est grande, elle n’a pas besoin de tes parents pour partir en congés.

... Ah ! Heu oui !

Il me sonde, enfonce sans regard dans les mien. .... Quelque chose t’ennuie ?

... Ah non rien.

Je finis mon déjeuner, Matthieu va dans son bureau, je prends mon bouquin et vais dans le parc. Je m’allonge dans l’herbe et finis par m’endormir.

.... La marmotte viendrait-elle se joindre à nous pour le repas ?

J’ouvre un œil, et souris .... Ah oui j’ai faim en plus.

Matthieu me tend la main pour m’aider à me lever, il se baisse et ramasse le bouquin. Enlacés nous rejoignons Maryse seule à table. Le repas est vite expédié. Matthieu retourne à son bureau dès son café avalé.

Avec Maryse nous allons au salon télé. Après les informations, nous nous plongeons dans une série qui me fait sourire. Manou la regardait aussi. Je ne pensais pas Maryse pouvant s’attarder à ce genre de feuilleton à l’eau de rose.

La tante me propose d’aller au salon prendre un rafraichissement. Tout en la suivant, je me demande bien ce que je vais faire de mon après-midi.

Catherine pose son plateau sur la petite table, de grands verres d’eau pétillante, accompagné d’une rondelle de citron. Je tends un verre à Maryse qui me remercie en souriant.

... Il me semble que Matthieu ait invité vos parents pour ce week-end

... Oui c’est gentil.

.... Oui j’aime quand ce vieux domaine vibre de bruit. Du temps de mon père, de grands bals étaient organisés. Cette demeure vivait

... Et pourquoi vous n’en organisez pas ?

... Matthieu n’est pas féru de ces grandes réceptions.

... Ah !

... C’était un enfant joyeux par le passé, il s’est beaucoup renfermé. De plus il a une charge considérable sur les épaules.

... Oui j’en suis consciente.

... Il revit depuis votre mariage, mon petit. Et puis la venue de son cousin, l’aide à s’ouvrir
... Oui ils sont très proches.

Maryse rit ... Sous ses airs calmes Alexandre, a un tempérament proche de Matthieu. Celui des Duval

Je souris ... J’ai cru comprendre.

Elle me parle des garçons petits, de leurs facéties. De son bonheur de les avoir. Elle-même n’ayant pas eu d’enfant.

Matthieu et Alexandre entrent en même temps. Je salue Alexandre, qui me sourit. Matthieu vient prendre place près de moi, il réclame un café et demande s’ils ont interrompu une discussion

Maryse .... Non pas spécialement

Matthieu effleure mes lèvres, et sitôt son café avalé, repart à son travail.

Alexandre et sa tante échange sur les travaux qui devraient démarrer très prochainement. D’un coup sans que je m’y attende il me demande pourquoi je suis silencieuse

Je le regarde et cherche dans son regard si je peux lire quelque chose. Je hausse les épaules

... J’écoute

.... Tu ne participes jamais ?

Je souris ... Tu veux que je te dise quoi ? Que je choisisse le papier de ton salon ?

Alexandre sans se départir de ce sourire un peu ironique .... Et pourquoi pas ? Une touche féminine est toujours agréable

Je ris carrément .... Crois-tu que ce soit à moi de discuter de ces choses-là avec toi ?

... Et pourquoi pas ?

Je le regarde sans comprendre, j’ai l’impression qu’il me cherche querelle

 .... Dis-moi, crois-tu que Matthieu demanderait à Christine comment décorer son salon ?

..... Je ne suis pas Matthieu !

... Et moi je ne suis pas Christine

.... Qu’as-tu contre Christine ?

... Mais rien, si ça te dit qu’elle décore ton salon, je n’y vois pas d’inconvénient

..... Aurais-tu un sentiment de concupiscence chère cousine ?

J’éclate de rire et devant sa tante, je lui balance froidement .... Alors écoute moi bien Alexandre Duval, je me moque complètement de tes petites aventures. Je serais envahie du sentiment de concupiscence quand une fille posera ses yeux sur mon mari. Lui seul m’intéresse. Tu peux bien faire ce que tu veux de ta vie, aucun intérêt pour moi !

.... Et ton amie ?

.... Quoi mon amie ?

... Sa vie ne t’intéresse pas non plus ?

... Mon amie ? Mais dis-moi c’est une grande fille, je ne suis pas sa mère. Tout comme toi elle fait ce qu’elle veut, elle s’amuse avec toi, tu t’amuses avec elle, ça vous regarde, vos ébats ne me passionnent pas vraiment vois-tu !

... Quelle fougue madame Jorelle !

…... Aucune fougue .... Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés !

……. En gros, tu me fais comprendre que tu n’intercèderas pas dans mes affaires, si je n’intercède pas dans les tiennes

Je ris …... Je ne suis pas sûre que Matthieu te laisse te mêler de nos affaires. Je m’entends nos affaires de couple.

Alexandre sonde mon regard, le sien est plein de colère, je ne baisse pas les yeux.

…... Et pourtant, si j’ai souvenance, je me suis avancé à venir te réconforter.

Je blêmis à ce souvenir, virulente je rétorque ........ Merci de me le rappeler ! J’apprécie ta diplomatie

…... Dans la peine, je sais interagir !

……. Pour m’en faire reproche à la moindre occasion ?

Il élude la question ...... Donc si ton amie est, elle-même dans la peine, tu n’iras pas lui apporter ton soutien ?

…... Et pourquoi serait-elle dans la peine ? Je la sais heureuse et bien entourée !

….... Tu ne sais, que ce que tu as envie de savoir.

…... Pourquoi ? Devrais-je en savoir en plus ? Alors dis-moi ce que je méconnais, et que je devrais apprendre !

…... Peut-être qu’en parlant avec ton amie, tu apprendrais certaines choses, qui la rendent malheureuse.

Ironique je ne peux m’empêcher de lui demander ….... Et cette grande tristesse vient de toi ?

…... Non, absolument pas, je ne suis pas celui que tu prends plaisir à croire

…... Je ne crois rien, Alexandre !

…... Alors pourquoi cette indifférence ?

Je commence à m’énerver .... Indifférente à quoi ?

... Indifférence envers ton amie ?

Et là j’explose. La tante me regarde peinée, jamais je n’ai donné l’occasion à cette famille de me voir en colère.
…... Alors écoute-moi bien, dès le début j’ai mis en garde Christine contre une aventure allant trop rapidement à mon avis. Elle m’a désagréablement remise en place, m’expliquant qu’elle savait où elle allait, que je n’avais rien à lui reprocher, m’étant moi-même mariée rapidement. Mon mari m’a invectivé me faisant savoir que vous étiez grands, et que vous saviez ce que vous faisiez. L’un comme l’autre m’ont balancé que je n’avais pas à intervenir dans la vie de ta petite copine. Alors aujourd’hui ne viens pas me faire un procès parce que je ne me sens pas concernée par votre liaison

.... Je te parle de ton amie qui souffre parce que tu te détournes d’elle.

…... Je me détourne d’elle ? Ah vous êtes des malins. Donc quand vous êtes ensemble je viens taper l’incruste et t’écarte, et comme ça on dira que j’ai fait en sorte que vous vous sépariez

…... N’aurais-tu pas tendance à interpréter selon ton idée ? Faisant semblant de ne pas comprendre ce qu’on te dit ?

…... Oui ça doit être ça, je suis la niaise de service.

Je me lève en colère et monte dans la chambre. Les battements de mon cœur tapent dans ma poitrine à m’en faire mal

Alors ça, c’est la meilleure. Je m’inquiète de cette relation, on me traite de Lise Dumont inquisitrice, je ne m’en occupe pas on me traite d’égoïste jalouse. Non mais je rêve !

Je ne sors pas de ma chambre de l’après-midi. Je me prélasse dans un bain, prends le temps de faire un brushing et me maquille. Matthieu viendra me chercher
... Tout va bien darling ?

.... Oui merci.

Le bain ne m’a pas calmé, et je suis encore énervée quand je descends les rejoindre à table. Pendant tout le repas je ne desserrerais pas les dents. A plusieurs reprises je sens le regard interrogateur de mon mari, posé sur moi

Dès qu’ils vont au salon, je remonte et me couche avec mon bouquin.

Matthieu me réveille d’un baiser, sa main sur mon sein me fait frémir, j’ouvre les yeux et lui souris

.... Bien dormi ?

... Oui merci et toi.

... Je dors toujours bien à tes côtés darling.

Il enlève sa main de dessous mon tee-shirt et tourne mon visage vers lui .... Qu’avais-tu hier ?

... Rien pourquoi ?

.... Tu n’as pas dit un mot de tout le repas.

.... Disons que je n’avais rien à dire.

Il me regarde longuement, essayant de lire en moi. ... Que se passe-t-il Mélissandre.

... Rien !

J’ai répondu un peu sèchement, je vais pour me lever, quand il attrape mon bras, me faisant me rassoir sur le bord du lit

... Dis-moi ce qui se passe !

... Je me suis embrouillée avec ton cousin, là tu es content ?

Il n’a pas lâché mon bras, il s’assoit à côté de moi. .... Et pourquoi ?

.... Alors écoute, on ne va pas s’éterniser sur ça, parce que ça commence à me fatiguer

... Doucement darling ! Explique-moi !

... C’est simple et pas compliqué ! Si je demande à Christine comment elle va, comment ça va avec ton cousin, je suis une indiscrète, si je ne demande rien, je suis une jalouse qui ne s’occupe pas de son amie

Je me dégage brusquement et me lève, je me retourne et dans toute la colère que je suis, je regarde mon mari et lui jette en pleine face

.... Vous me direz ce que je dois faire, et si ça continue je ne viendrais plus ici !

Je claque la porte de la salle de bain, m’asseyant sur le bord de la baignoire, j’essaie de calmer mon pouls.

Matthieu les cheveux humides de la douche, m’attend dans la chambre. Son visage fermé me fait savoir que la bonne humeur est envolée. Nous descendons déjeuner. J’avale juste un bol de café au lait, et sans attendre je sors de la salle à manger. Je sais de toute façon qu’il va aller s’enfermer dans le bureau 

Je vais au salon télé et en boule dans un fauteuil légèrement incliné je zappe plusieurs chaines, m’arrêtant sur une émission de cuisine. Je regarde sans écouter, je suis perdue dans mes pensées. Une envie de pleurer me prend. J’essaie de me retenir en respirant le plus calmement possible.

Je sens que ce vendredi va être long. Je regarde la télé un bon moment. Je monte chercher mon gros livre, et pensant trouver Maryse dans le salon, je vais m’installer.

Plongée dans cette histoire, je ne vois pas l’heure passer. J’ai lu pendant deux heures. J’ai eu du mal à m’attacher à ce livre, tout compte fait, il est captivant.

Maryse accompagnée de ses deux neveux, vient s’installer. Catherine aussitôt pose un plateau de verre. Alexandre va dans le meuble et sort des bouteilles. Il sert un porto à sa tante et me demande ce que je désire.

... Rien merci !

Matthieu et Maryse se tourne en même temps vers moi, je souris à la tante

... Tout va bien mon petit ?

... Oui, je n’ai juste pas envie d’apéritif

Alexandre ironique ... Serait-ce parce que je fais le service ?

Tout aussi ironique je le regarde ... Tomberait-on dans la stupidité ?

... Non je demande.

... Et quand bien même Matthieu servirait que je n’en prendrais pas plus.

Il sert un whisky à Matthieu et lui tend son verre, puis finit par se servir et s’assoir à côté de sa tante.

Matthieu .... Veux-tu un jus de fruits ?

Je fais non de la tête. Les deux cousins entament un échange sur les travaux, les plans. Bien des matériaux sont stockés chez Marc.

Matthieu .... Je le pense consciencieux, il a fait tout l’intérieur de son pavillon. Ce sont de belles prestations.

Alexandre ... Oui justement nous sommes invités samedi midi, je verrais ça de plus près. De plus il m’a aidé dans les choix des matériaux pour le cabinet.

Matthieu ... Il compte mettre combien de temps ? Il t’a fait une estimation ?

Alexandre .... Il suppute, en commençant dès mercredi, travaillant du lundi au samedi, terminer fin août.

Matthieu ... Tu ouvres directement ?

... J’espère apposer ma plaque le 3 septembre.

... Bien, je t’enverrai quelques visites médicales, celles du bureau, et tu peux compter sur les agences de Paris, qui tout compte fait, ne fera que peu de transport.

.... Je te remercie. Je pense que la clientèle se fidélisera rapidement, puisque je garde les malades du docteur Legrand !

... C’est une bonne chose.

Maryse .... Tu seras à demeure ici ?

Alexandre ... Ma tante, bien obligé. Les travaux de l’appartement, vont être un peu plus longs dans le sens, ou le bruit trop intense risque de déranger ma clientèle.

Maryse ... Mais alors comment feras-tu ?

Alexandre sourit .... Disons que pour défoncer les carrelages au sol, Marc s’en chargera le matin lorsque je serais en consultations extérieures.

Maryse ... Oui je comprends. J’espère que tu m’inviteras à visiter !

Alexandre rit .... Attendez un peu que je sois installé.

Maryse ... C’est évident !

Matthieu .... Penses-tu prendre une secrétaire ? Il n’y a rien de plus agaçant que d’attendre des heures dans une salle d’attente 

Alexandre rit joyeusement .... Pas dans l’immédiat, mais c’est prévu dans l’avenir. A moins que je détourne ton personnel

Matthieu rit à son tour ... Je te l’interdis !

Alexandre redevient sérieux .... Je plaisante ! Chacun son travail, rien de mieux que d’entretenir l’attente le soir

Matthieu ... Il suffit de mettre son travail en dehors de la vie de couple.

.... Oui bien sûr, mais dans un milieu tel que le mien, systématiquement les patients seront au milieu de chaque tête à tête.

Matthieu .... Bien ! Je vais boucler mon dossier, une paire d’heure, et je suis à vous !

Il se tourne vers moi .... Merci darling tu as fait un bon travail.

Je lui souris sans répondre. Il se lève, je l’imite et sors du salon. Je n’ai absolument pas envie de faire la causette à son cousin.

Mon bouquin en main, je vais en direction de la gloriette. Assise sur les marches je retourne dans mon histoire. Au bout d’une heure je ne tiens plus. La lourde chaleur me rend moite et un léger mal de tête s’annonce.

Je rentre et discrètement monte dans la chambre. A la salle d’eau, dans mon verre, je bois en le remplissant plusieurs fois et avale deux aspirines. L’eau fraiche me fait du bien. Je prends une douche tiède et en sous-vêtement je m’allonge sur le lit.
Heureusement, la chambre est fraiche, les volets sont à demi baissés.

Je guette l’heure, je ne veux pas que Matthieu vienne me chercher. A dix-neuf heures, j’enfile une jupe droite et courte, une tunique longue sans manche, je noue les pans à la taille, chausse mes sandales à talons. Un coup de peigne. Je descends.
Les voix dans le salon, me préviennent qu’ils y sont. Je les rejoins.

Matthieu .... Où étais-tu ?

.... Je suis montée prendre une douche.

Matthieu m’envoie son sourire qui tue. Je vais me blottir contre lui. Alexandre sert l’apéritif, je prends un martini. Non que j’en ai vraiment envie, mais ça m’évitera son ironie.

La tante et les neveux parlent à mi-mots, je sirote mon martini sans me mêler à leur conversation. Et de toute façon, je ne sais pas trop de quoi ils débattent.
Le repas est calme, de temps à autre, un des deux hommes lancent une phrase à l’autre qui répond. Le silence retombe.

Après diner, avec Matthieu nous allons faire quelques pas, en rentrant je lui propose de regarder un film. J’ai vu dans ce petit salon télé qu’il y avait tout un meuble à étagères, garni de dvd.

Matthieu, m’enlace et m’emmène au salon télé, il choisit un film drôle que j’ai déjà vu, mais peu importe. Je suis contente de pouvoir rire aux bouffonneries des acteurs, et de passer une soirée ailleurs que dans le salon avec Maryse et Alexandre

Nous montons nous coucher en riant du jeu des acteurs et de leurs bons mots.

A la salle à manger, je suis seule, Matthieu était déjà levé, quand je me suis réveillée. Je prends un café et demande l’heure à Catherine, qui est là, fidèle au poste

... Il est dix heures madame Jorelle

Je la remercie d’un grand sourire, me sers un nouveau café, quand Matthieu arrive.
.... Alors madame Jorelle, vous daignez enfin vous lever ?

... Oui j’ai trainé un peu.

... Tes parents ne devraient pas tarder

Tout en discutant, il s’est assis et se sert aussi un café. Il me regarde longuement par-dessus sa tasse.

... Heu j’ai du noir sur le bout du nez ?

Il éclate de rire ... Hum je te sens en forme ce matin !

Je pose mon bol et à mon tour le dévisage. Me demandant toujours comment un si bel homme a pu s’arrêter sur moi.

... Tu as pu faire avec les listings ?

... Oui, dans le sens où tu m’as fait un tirage par département, et un par agence, j’ai rapidement vu les quelques agences qui ne rentabilisent pas. Il va me falloir aller voir pourquoi.

... Tu en as beaucoup ?

.... Principalement dans le nord, alors ou mauvaise gestion du responsable, ou manque de clientèle, dans ce cas, j’en fermerais une

... Mais dans le nord, il y en a plusieurs, entre Lille, Dunkerque, Cambrai, Valenciennes

... Oui, mais inutile d’en avoir trois à Lille, si elles ne tournent pas à plein rendement.

... Oui, bien sûr.

... En fait, pour être sûr d’avoir un marché prioritaire, j’ai ouvert à tour de bras, maintenant il me faut compenser selon les demandes.

... Comment ça ?

... Exemple dans l’Est, il y a une forte demande, à Strasbourg il n’y a qu’une agence, et je pense que deux seraient bien avec entente préalable à la SNCF

... A oui d’accord, mais alors ceux qui habitent le nord si tu fermes l’agence, ils ne vont pas aller travailler dans l’est ? Tu les licencies ?

... Non, en général ils sont en équipe tournante, je les placerai en poste en rapport avec leur domicile.

... D’accord oui je comprends

... Je verrais ça, en septembre, puisque de toute façon, on le sait en août la demande est moindre, les employés sont souvent en congés.

.... D’accord.

Il me sourit ... Alors si tu es d’accord, tout est parfait !

Il se lève et vient me chercher. Il m’enlace et m’embrasse passionnément. Je suis toujours mal à l’aise, quand il fait ça devant le personnel.

Nous allons faire quelques pas dans le parc, histoire de prendre un peu l’air, de nous retrouver. Nous nous dirigeons vers la gloriette, Matthieu m’entraine, nous allons nous assoir, il enserre mes épaules, je pose ma tête contre son torse viril, je peux sentir son eau de toilette, que j’aime tant. Nous restons sans parler, je suis bien, quand Matthieu brise ce silence.

... J’aimerai que nous partions quelques jours à partir de mercredi
... Ah !

... Oui, tu ne veux pas ?

... Heu si bien sûr, mais pourquoi mercredi ?

Il rit ... Parce que nous serons le premier.

... Ah d’accord.

... Partons-nous quelques jours en Corse ?

... Heu oui si tu veux.

... Bien ! Allons voir si tes parents sont arrivés.

Main dans la main, nous retournons au domaine. Marjorie me fait un grand sourire, avant d’ouvrir la porte menant au salon. J’entends la voix de Patrick, mon cœur fait un boum.

Je serre ma grand-mère dans mes bras .... Alors ma poupée, comment vas-tu ?

... Bien manou, et toi aussi, je vois.

Elle rit et m’embrasse à nouveau. Patrick me serre aussi dans ses bras ... Bonjour mon petit.

A peine sommes-nous assis, que mes parents arrivent, les embrassades continuent. Enfin un peu de calme revient. Maryse et papa en même temps demandent au couple comment étaient ces petites vacances. Nous rions. Manou raconte le kouign amann plein de beurre, mais si bon, les bonnes galettes, voilà Maryse partie à discuter cuisine riche.

J’essaie d’intercepter le regard d’Anne-Marie, je suis étonnée que Christine ne soit pas là, mais je ne pose pas de question

Nous prenons l’apéritif dans une bonne humeur, Matthieu taquine manou qui rit, les yeux brillants. Je la trouve jolie, peignée impeccablement d’une façon plus moderne qu’avant, légèrement maquillée et vêtue d’une robe de haute couture. 

Le repas est détendu, et entrecoupé de rires.

Au dessert Patrick pose quelques questions sur le travail. Matthieu lui explique le récapitulatif que j’ai fait et les résultats qu’il en a retenu. Un peu après le café les deux hommes vont s’enfermer dans le bureau.

Maryse propose de faire quelques pas. Je glisse mon bras sous celui d’Anne-Marie, et pendant que les deux vieilles dames et mon père discutent, je retiens un peu ma belle-mère, j’essaie de prendre une voix enjouée

.... Bah elle n’est pas venue Christine ?

... Non ma grande, elle était invitée avec Alexandre, chez tes amis

... Mes amis ?

... Oui Ghyslaine et son mari

... Ah ok !

Anne-Marie s’arrête et me regarde interrogative ... Qu’est-ce qui se passe avec la petite ?

... Comment ça ?

.... Disons qu’elle était un peu tristounette, je lui ai demandé si avec Alexandre tout allait bien, elle a fini par me dire que tu étais fâchée contre elle. C’est au travail ?

Mon pouls s’emballe de colère, je réponds froidement .... Non mais faut qu’elle arrête de se monter la tête toute seule !

Anne Marie gentiment me fait remarquer qu’elle ne pose qu’une question. Je me radoucis et en deux mots je lui explique mon ressenti sur cette amourette très rapide.

Anne-Marie sourit .... Il semblerait que dans cette famille, on ne se perde pas en préliminaires.

.... Oui, enfin il y a des limites. 

... Je pense qu’ils sont vraiment épris l’un de l’autre.

... Alors tout va bien.

... Je te sens mécontente de leur relation.

... Non Anne-Marie, je ne suis pas mécontente, au contraire si Christine trouve un peu de bonheur. Mais vois-tu je ne crois pas qu’elle soit amoureuse, je dirais plutôt qu’elle cherche un pigeon

... Qu’entends-tu par-là ?

Je lui raconte en quelques mots l’échange que j’ai eu avec Christine et qui m’ont donné à réfléchir

Ma belle-mère semble perplexe. ... Peut-être s’est-elle mal exprimée ou auras-tu mal compris ?

Je regarde Anne-Marie essayant de sonder son regard.

….. Je pense au contraire avoir très bien compris qu’elle n’est en rien amoureuse

… Christine sous ses airs de grande timide, est sensée et perspicace. 

... Bah écoute, alors ne nous en occupons pas.

... Tu devrais lui parler, la réconforter, elle te considère un peu comme sa sœur, elle te voue une telle affection.

... Et pour lui dire quoi ?

... Enlever cette idée qu’elle se fait, que tu es mécontente qu’elle soit avec ton cousin

J’éclate de rire et d’une tirade explique à ma belle-mère que lorsque j’ai voulu la mettre en garde on m’a traité de jalouse et maintenant on me traite d’égoïse parce que je ne lui en parle pas.

.... Pourquoi n’organises-tu pas des sorties à quatre ? Vous êtes du même âge.

... Heu je ne sais pas, j’en parlerai à Matthieu.

Je ne dis plus rien. Lundi j’irai voir Christine et lui ferai bien comprendre que sa vie ne m’intéresse pas, et qu’elle est libre de faire ce qu’elle veut. Non mais oh ! C’est bon là, de me remettre sur le dos son mal-être.

Nous allongeons le pas, jusqu’à rattraper le petit groupe devant. Patrick et Matthieu nous rejoignent. Mon mari m’attire à lui et sonde mon regard. Nous continuons la balade, enlacés.

Une fois ce grand tour de parc achevé, ce qui donne une heure de promenade tranquille, nous retournons au salon nous rafraichir avec de grands verres de citronnade que Catherine apporte immédiatement

Je suis toujours étonnée, de voir son empressement à poser son plateau, sachant s’il faut café ou boisson.

J’ai remarqué que Maryse est gentille avec son personnel. Jamais de remontrance, jamais un mot plus haut que l’autre.

Au contraire de son neveu, froid et distant avec ses employés. Il n’y ait que Sophie qui ait grâce à ses yeux.

Sans vraiment participer aux échanges qu’ils ont, j’écoute et souris à l’humour de Patrick ou Maryse.

Le week-end est agréable et passe évidemment très rapidement, comme chaque fois que je suis avec les miens. Bien sûr que j’apprécie sa tante, mais il faut reconnaitre que dans cette grande demeure, on tourne vite en rond. Comme à l’appartement d’ailleurs. Bien mieux en cette période de vacances, ou mes cours ne me tiennent même pas compagnie.

Tout le monde s’en va dimanche en fin d’après-midi. Nous partageons le diner avec la tante, avant de rentrer à Paris. Nous ne verrons ni Christine ni Alexandre du week-end.

Mattieu me fait savoir qu’il a repoussé d’une semaine notre départ, son cousin signant le sept, il veut être à ses côtés. Ce lundi Patrick reprend le travail, je suis heureuse de le retrouver, de retrouver nos petits échanges du matin autour d’un café. Bien mieux que je suis seule puisque Sarah a réintégré le service de Sabine, et ce n’est pas le peu de courrier enregistré sur les dictaphones qui m’occupe.

Je laisse passer une semaine avant d’aller voir Christine. Non que je ne veuille pas d’explications, mais je ne veux pas m’énerver et je préfère laisser retomber la colère. D’autant que j’ai vu sur les pointages qu’elle avait posé une semaine de vacances, du 30 juillet au 3 août. Je regarde qui a signé son bon. C’est Matthieu 

Une chose m’interpelle, lorsqu’elle a besoin de jour ou de vacances, elle s’adresse directement à mon mari sans venir me voir.
Le week-end à Neuilly nous ne verrons que Patrick et Manou.

Je ne me précipite donc pas, et descends la voir mercredi matin. Sans me sauter au cou, elle me sourit et m’accueille gentiment. Toutefois je la sens sur la réserve.
... Mélissandre c’est gentil de venir me voir, tu veux un café ?

... Oui si tu en as.

Elle se lève, prépare deux tasses qu’elle pose sur son bureau. Je m’assois sur une chaise visiteur. Innocemment je demande

... Tu vas bien ?

.... Oui merci et toi ?

... Bien ! Ça va

... Mes parents partent quand ?

... Heu ils sont partis samedi

... Samedi-là ? Le quatre ?

... Oui.

.. Tu sais où ils vont ?

... En Espagne je crois.

... Ah d’accord. Et toi tu ne voulais pas partir avec eux ?

Elle rougit ... Heu non, j’ai pris une semaine et j’ai encore en septembre.

 ... Oui je sais que tu as pris septembre. Mais que vas-tu faire ?

Elle hausse les épaules sans répondre, je n’insiste pas.

... Et avec Alexandre ça va ?

........ Oui

…... Bon écoute, je ne sais pas ce qui a été raconté ou plutôt ce que tu as raconté à Alexandre, mais je vais te dire Christine, ta relation avec lui ne me dérange pas, dans le sens, ou cela ne me regarde pas. Tu es grande et comme tu me l’as souligné tu sais où tu vas, alors arrête de dire à tout le monde que je te fais la tête ou que je te tourne le dos depuis que tu sors avec lui

Elle baisse les yeux ... Non je n’ai rien dit

Je sens la colère me prendre, j’essaie de ne pas parler trop sèchement

... Tu as bien dû dire à Alexandre que je te faisais la gueule pour je ne sais quelle raison ! Parait-il que je serais jalouse. Mais jalouse de quoi Christine ? J’aime mon mari, et je n’ai aucune vue sur ton mec 

... Non je n’ai jamais dit ça.

......... Je ne sais pas ce que tu as été baver, mais saches que j’ai mon cul à m’occuper et je n’ai pas le temps de m’occuper du tien. J’ai voulu au début te mettre en garde, ce n’était pas avec une arrière-pensée, je voulais simplement qu’il soit sincère et qu’il ne te brise pas ! Maintenant tu me dis que tout va bien, c’est parfait !

... Pourquoi tu me dis ça Mélissandre ?

.... Pourquoi ? Bah tu demanderas à ton mec pourquoi samedi dernier il m’a attaqué me traitant d’inquisitrice et la minute d’après d’égoïste. Pourquoi Anne Marie m’a demandé pourquoi je te fais la tête

De rouge elle passe à blême. ... Pourquoi Mélissandre ?

... Pourquoi quoi ?

... Pourquoi tu me dis ça ?

Essayant de rester calme je réponds ........Je te le dis, parce que je n’ai pas envie de me prendre la tête avec Alexandre Duval, auquel cas, je vais me prendre la tête aussi avec mon mari, pour une histoire de cul qui ne m’intéresse pas, tu comprends ce que je dis ?

... Je ne comprends pas, j’ai simplement dit à Alexandre, que tu t’étais éloignée de moi, je n’ai pas dit que tu étais jalouse

… Dis-moi Christine, je me suis éloignée de toi ? Qui descend toujours voir l’autre ? Qui invite toujours l’autre à manger ?

Tu montes me voir ? Tu me téléphone pour savoir si je vais bien ?  Non jamais, alors arrête d’inverser les rôles.

….. Mais je n’ai rien dit de tout ça.

... Peu importe ce que tu as dit ou pas dit. Simplement je veux que tu arrêtes de colporter à mes parents, à Alexandre et tous les gens qui nous entourent, que je te fais la gueule, parce que ce n’est pas vrai. Simplement quand tu es avec lui, je ne vais pas à tout bout champ te demander si tu vas bien. Tu es chez mon père bien entourée, tu es avec ton mec c’est bien. La vie ne tourne pas autour de toi Christine.

...... Et tu ne veux pas ?

..... Quoi ? Je ne veux pas quoi ?

..... Si on se mariait ?

Je la regarde ne comprenant pas ........ Si vous vous mariez ? Mais ça ne fait pas deux mois que vous vous connaissez Christine !

Elle sourit ironique ......... Oui et c’est ça qui te gène ?

........ Il t’a fait part de son désir de se marier ?

..... Non mais j’attends, il va le faire c’est obligé

..... Alors tous mes vœux.

...... Bah comme toi, et personne n’a rien dit

Je la regarde droit dans les yeux, la colère au bord des lèvres. Pour la première fois j’ai envie de la secouer

........ Oui sauf que nous ......... Bref, bah mariez-vous, vis ton bonheur sans t’occuper de ce que pense les autres. Et surtout si ta relation avec Alexandre ...

Je m’arrête à temps, de peur d’un coup que ce soit répété et mal interprété ......... Vis ta vie et arrête de te poser des questions sur mon attitude, je n’ai pas changé !

Elle fait oui de la tête, je me lève, et sans l’embrasser je sors de son bureau. Je descends voir mes copines au secrétariat, je n’ai pas envie de me retrouver seule là-haut, et pas envie de papoter avec Ghyslaine. J’ai un sentiment mitigé envers mon amie. Je ne sais pas pourquoi, depuis quelques temps certaines choses me gênent.

Après avoir fait la bise aux copines, je refuse le café prétextant que je viens d’en boire un. Une fesse posée sur un bureau je ris aux plaisanteries de Chantal, quand d’un coup la porte s’ouvre, faisant sursauter tout le monde

... Madame Jorelle faudra-t-il que je fasse le tour de la société pour vous trouver ?

Je souris, ses yeux sont rieurs, même si son ton est avec un semblant de sévérité. Tous les yeux vont de lui à moi.

... Monsieur Jorelle, nul besoin de faire le tour, vous savez où me trouver !

.... Bonjour mesdames

En cœur elles répondent .... Bonjour monsieur

S’adressant à moi, il demande si je compte remonter
... Tu as besoin de moi ?

... Mais non, je paie une secrétaire pour qu’elle fasse salon et prenne le café avec les copines !

Je ris ... Bon tu veux que je monte c’est ça ?

... Je veux que tu sois là à midi, nous avons rendez-vous !

.... Bah ne panique pas il est onze heures vingt

.... Je doute que tu en aies souvenance !

Je ris ……. Perdu monsieur Jorelle, je m’en rappelle très bien

….. Hum !!

Il se détourne et s’adresse à mon amie .... Tout va bien madame Betton ?

... Oui monsieur je vous remercie

... Parfait, bonne journée mesdames

Il ressort comme il est entré. Une jeune femme que je connais vaguement, me regarde ... C’est qui ?

Chantal ... Le grand patron.

La fille du prénom de Sandrine me regarde comiquement .... Ah ! Et tu parles comme ça au grand patron ?

Je ris .... Avant d’être mon patron, c’est mon mari !

Sandrine ... Ah, c’est toi madame Jorelle ?

... Heu oui pourquoi ?

... Non comme ça.

Je regarde Chantal et lui demande un café. Je vais avec elle dans le bureau et lui fais part de la réflexion de la nouvelle

Chantal ... Non c’est parce qu’on parlait de toi en disant que tu avais travaillé avec nous, et d’un mot en est venu un autre, on disait que tu avais attrapé le plus beau mec de tout Paris. Rien de mal

... Ah d’accord !

Je bois tranquillement mon café et demande quand revient Sabine.

.... Après le 15 août

…... D’accord, bon je vais remonter voir mon tendre époux

Chantal rit ……. Rho je ne sais pas comment tu fais, il a l’air tellement intransigeant. J’ai un mari tellement calme

... Non, c’est un amour, je te promets.

Nous nous embrassons en riant, je remonte et vais frapper à sa porte pour lui dire que je suis revenue. Je vais aux toilettes, me lave les mains et me repeigne. Je prends mon sac ferme le bureau et vais dans celui de mon mari. Alexandre est assis

Il se lève et viens m’embrasser. Je suis distante et réponds à peine à ses baisers.

Matthieu décroche son téléphone .... Tu viens ?

.....

Il raccroche et compose un autre numéro .... On descend !

Dans l’ascenseur je me mets dans le coin, laissant les trois hommes entre eux. Dans le hall nous trouvons Christine. Alexandre l’attrape par la taille et lui effleure le front

... Bonjour Tibou.

Matthieu demande à l’hôtesse de déclencher la porte centrale, nous sortons tous ensemble. Sur le trottoir Alexandre me regarde avec son air ironique

... Tu ne salues pas ton amie ?

Je m’arrête pile et le toise, je sais que mes yeux lancent des éclairs ....... Je n’ai pas été éduquée dans un bouge, je connais la politesse, alors demande-lui si je ne dis pas bonjour !

Je me retourne et avance seule, je ne sais même pas où on va. Je sens les larmes monter, qu’a-t-il contre moi ? Pourquoi m’attaque-t-il systématiquement ?

On m’attrape le bras, je tourne la tête, c’est mon mari, les yeux flamboyants de colère. Sans un mot nous allons au restaurant en bas du boulevard. J’ai l’appétit coupé.

Ils commandent l’apéritif. Je ne desserre pas les dents du repas, je commande une salade composée et refuse le dessert. Je ne bois pas le verre de vin qui m’a été servi.

Le repas traine en longueur. De temps à autre Alexandre glisse quelques mots à l’oreille de Christine qui sourit.

Enfin tout le monde se lève. Nous retournons Christine Patrick et moi au bureau. Les deux cousins partent chez le notaire

En montant Patrick me demande de faire deux cafés, j’amène le plateau et m’assois

... Que se passe-t-il mon petit ?

J’en ai gros la patate, et j’ai peur d’éclater en sanglots. De la tête je fais non et souffle sur mon café

Patrick ... Une mauvaise entente avec mon fils ?

Je lève les yeux vers lui, il a ce regard empli de bonté, il me sourit.

.... Honnêtement Patrick je ne sais pas. J’ai l’impression qu’Alexandre ne me supporte pas 

.... Et pour quelle raison ? Alexandre a un caractère fort, mais il ne se détourne pas des gens, bien mieux de la femme de son cousin.

... Peut-être qu’il n’aime pas ma tronche. On ne peut pas plaire à tout le monde

Patrick éclate de rire .... Soyez sérieuse Mélissandre !

... Alors je ne sais pas. Peut-être que ma verve ne lui plait pas.

... Et qu’est-ce qui pourrait lui déplaire dans votre façon de vous exprimer ?

.... Ah je ne suis pas vraiment du tempérament de Christine, je ne baisse pas les yeux quand on m’attaque

.... Vous aurait-il fait des remontrances ?

.... Non juste m’accuser d’être jalouse de sa liaison avec Christine.

.... Quel a été le déclencheur ? Je ne vous pense pas jalouse de votre amie tout de même !

Je me contiens, ne voulant pas lui cracher en pleine face que son fils est un imbécile imbu de sa petite personne, mais là je sens la colère prendre le dessus, et pêle-mêle je lui démêle notre prise de bec devant Maryse, je lui raconte que Christine se plaint à tout le monde que je lui tourne le dos parce qu’elle s’envoie en l’air avec son fils.

A bout de souffle j’éclate en sanglots.

.... Mon petit, ne vous mettez pas dans cet état pour des problèmes qui n’existent pas. Christine est tellement peu sûre d’elle qu’elle a peur de déplaire, et demande l’assentiment de chaque personne.

Entre deux sanglots que j’essaie de calmer .... Ecoutez Patrick, j’aime mon mari et leur histoire de cul je m’en tape royalement. Je n’ai demandé à personne pour me marier, et je n’aurais accepter de personne qu’on se mette en travers de mes décisions, alors ce n’est pas pour me mêler de leurs affaires. Je ne suis pas Elise Dumont, mais Mélissandre Robin !

Il sourit .... Je connais votre intégrité. Voulez-vous que je parle à Alexandre ?

... Non, il pourrait dire que je me suis plaint à mon tour.

... Avez-vous parlé avec votre amie ?

... Mais oui, dix fois je lui ai dit d’être heureuse, que je ne m’occupe pas de leur relation, qu’elle arrête de croire ça

... Allez sécher vos larmes, et faites-nous un café.

Je vais aux toilettes, passe un peu d’eau fraiche sur mon visage, efface les traces de larmes et de maquillage qui a coulé.

Calmée je fais deux cafés. Monsieur Duval me reçoit avec un grand sourire, à mon tour je lui souris.

.... Dites-moi, la petite Lalande est comment ?

... C’est une chouette fille, elle travaille vite et bien

... Je peux donc me l’attacher le temps de vos vacances ?

... Oui sans problème.

... Bien, elle remontera donc. Non qu’il y ait beaucoup de travail en août, mais il me faut une secrétaire

... Oui je comprends.

Nous parlons de choses et d’autres évitant les sujets pouvant fâcher. En le quittant je lui demande d’embrasser fort ma grand-mère.

10 juillet 2001

Quelques explications

Depuis l’absence de Patrick, nous arrivons au bureau à neuf heures. Sarah fidèle à son poste, a commencé le courrier. Je la salue d’un sourire.

Dorénavant, lorsque nous aurons une intérimaire, je tiendrai mes distances. Même si Sarah est discrète, par derrière je ne sais pas si elle bavasse. Sylvie aussi me paraissait discrète, et total ce n’est pas une idiote menteuse.

Je vérifie comme tous les matins les pointages. J’ouvre une page blanche et cherche comment écrire à ma cousine. Il me faut choisir mes mots, les peser afin qu’ils ne soient pas interprétés de façon opposée au message que je veux faire passer.
L’interphone grésille, j’appuie sur le bouton.
.... Fais-nous un café Darling !

Devant le perco, j’essaie de réfléchir tout en regardant, sans le voir, le liquide noir et bouillant remplir les tasses.

Le plateau dans une main, je ferme la porte de l’autre, pose les cafés sur son bureau et m’assois. D’une voix calme, un sourire aux lèvres, il me sonde de ce regard perçant.

... Tout va bien darling ?

... Oui pourquoi ?

... Je t’ai trouvé tellement distance ce week-end, laisse-moi me poser des questions.

... Non rien, il n’y a rien. La chaleur peut-être, je ne sais pas !

... Tu as discuté avec Christine ?

... Sur quoi ?

Je me méfie, il a l’art et la manière de tirer les vers du nez à n’importe qui. Il a dû être à bonne école avec son oncle !

... Sur Herald déjà, je suppose !

... Oui je te l’ai dit.

... Christine m’a expliqué vaguement ce qu’il en ressort, je vais donc la convoquer et la virer, ça coupera court à ses divagations. Ensuite comme tu te plains de ne pas avoir assez de travail, je vais mettre Lalande en remplaçante des congés.

Ne sachant pas quoi lui répondre, j’opine de la tête et bois mon café.

... Dis-moi au service de madame Legal qui est au courant de cette histoire ?

... Bah je pense tout le monde, enfin le service de Sabine et Evelyne, puisque c’est le même service
... Donc, à qui dois-je demander des éclaircissements ?

... L’une ou l’autre, ou même Chantal.

Il décroche son téléphone et compose un numéro.

.... Jorelle à l’appareil

......

.... Demandez à madame Benton de monter me voir

.....

Il raccroche en me souriant ....... Au moins nous serons fixés.

Nous attendons quelques minutes, avant d’entendre frapper

... Entrez !

Chantal avance en nous saluant. Je me lève et l’embrasse.

... Asseyez-vous madame Benton

Chantal prend place à côté de moi. Je la sens tendue. Il faut dire qu’être convoquée chez le PDG ne présage jamais rien de bon.

Matthieu croise ses mains sur le bureau et la regarde droit dans les yeux. D’une voix aimable, il lui demande comment est le nouveau service

Chantal ... Bien, monsieur. Nous sommes guidées par madame Legal qui n’a pas peur de venir nous aider ou nous assister.

... Entre vous ?

... On s’entend bien, nous sommes entre copines, donc l’entente est parfaite.

... Herald est votre copine ?

... Je ne dirais pas ça, monsieur le Président. Nous ne la connaissons pas vraiment, ça ne fait pas longtemps, qu’elle est parmi nous.

.... Et son travail ?

... C’est à madame Legal qu’il faudrait demander, mais je pense que ça va, puisqu’elle ne dit rien.

... Madame Legal ne dit rien, mais Herald, que raconte-t-elle ?

Je vois Chantal me regarder, comme pour m’appeler au secours.

Je lui souris pour l’encourager ... Dis-le Chantal, dis ce que tu sais, ce que tu m’as dit.

Chantal, se racle la gorge ... Mademoiselle Herald, serait soit- disant heu ... Comment vous expliquer ?

Matthieu lui fait un large sourire. Je sais qu’il est en train de l’amadouer pour qu’elle parle........ Madame Benton, inutile de m’expliquer, rapportez-moi les faits simplement

...... Bah voilà mademoiselle Herald, aurait été chez votre cousine, et parait que depuis elle passe ses week-ends dans votre famille, qu’elle connait bien votre mère.

...... Bien et qui est sensée être ma cousine ?

...... Mademoiselle Frontasky serait votre cousine. Et d’après ce que j’ai compris, la grand-mère de Mélissandre serait votre mère.

... Bien ! Je vous remercie madame Benton.

Il se lève la raccompagne à la porte, en lui précisant ....... Pas un mot en bas !

....... Oui monsieur le Président.

Il referme la porte et revient s’assoir...... Fais-nous un café darling s’il te plait, et envoie moi Lalande.

Je reprends le plateau et vais au perco. Pendant que le café coule, je dis à Sarah

.... Le PDG veut te voir. Ne t’inquiète pas, c’est pour te proposer quelque chose

Je la vois blêmir ... Bon d’accord !

Je vais avec elle, Matthieu la prie de s’assoir, il lui tend une tasse de café

... Merci monsieur !

.... Mademoiselle Lalande, dans le sens où nous sommes en période de congés, il n’y a pas vraiment de travail pour deux à la direction.

Pâle elle acquiesce .... Oui je comprends monsieur

Matthieu avale son café en une gorgée. J’essaie de souffler sur le mien, Sarah n’a pas toucher à sa tasse. Je sais qu’elle pense que ça y est, elle n’a encore plus de travail.

Mon mari lui sourit .... J’ai une proposition à vous faire, que vous êtes en droit de refuser.

... Oui monsieur.

.... J’aimerais vous garder, et pour cela, vous mettre comme remplaçante dans divers services au gré des besoins selon les congés des employés.

... Oui monsieur.

... Cela vous intéresse ?

... Oui bien sûr monsieur.

... Vous quittez l’agence intérim et je vous fais un premier contrat de deux mois, nous verrons ensuite, avec le même salaire. Cela vous va ?

... Oh oui bien sûr monsieur

... Bien ! Nous le daterons d’aujourd’hui. Vous commencerez cet après-midi au secrétariat avec madame Legal.

... Oui monsieur, merci

Comme tout à l’heure, il se lève lui signifiant que l’entretien est fini. Sarah affichant un peu plus de sérénité, sourit en sortant

De son tiroir, il sort des papiers qu’il remplit. Je comprends que ce sont des feuilles de fin de mission. Il décroche son téléphone.
.... Monsieur Jorelle !

....

.... Madame Maurane, une employée va vous demander à sortir, vous débloquez un sas, elle n’aura pas de badge

......

.... D’ici à peine dix minutes

.....

Il raccroche, se lève, enfile sa veste, machinalement il redresse son nœud de cravate

Je lui emboite le pas. Je sais que ça va chauffer !

Sans même frapper il ouvre la porte d’un coup sec, les têtes se lèvent. D’une main dans le bas de mon dos, il me fait passer devant.

... Bonjour mesdames et mesdemoiselles.

Certaines répondent en cœur... Bonjour monsieur le Président, d’autres. ... Bonjour monsieur

Il regarde les filles tour à tour ........... Certaines d’entre vous, connaissent madame Jorelle ! D’autres non comme mademoiselle Charron, puisque vous êtes nouvelle dans la société.

Il la transperce de son regard froid, et répète d’une voix autoritaire ........ N’est-ce pas mademoiselle Charron !

......... Oui monsieur.

…… Certaines me connaissent d’autres non ! N’est-ce pas ?

Nous pouvons entendre des oui des non monsieur.
Il laisse passer quelques secondes pesantes avant de reprendre

......... Bien ! Quant à certaines ici, je n’ai pas souvenir avoir invité une employée de ce bureau chez ma mère ou chez moi ! J’ignorais aussi avoir une parenté avec mademoiselle Frontasky, ni ma femme d’ailleurs ! J’aimerais donc remettre les choses à leur place !

Il s’arrête de parler et jette un regard sur chaque fille avant de s’attarder sur Sylvie.  .......... Aussi mademoiselle Herald, lorsque vous voudrez vous rendre intéressante, évitez d’associer ma femme ou moi à vos divagations mensongères. Sur ce vous pouvez ramasser vos affaires, votre contrat s’arrête aujourd’hui !

Je la vois pâlir, elle range un stylo dans son sac et sans un mot passe devant nous pour sortir, Matthieu tend la main dans sa direction

... Votre carte de pointage, s’il vous plait.
Elle fouille dans son sac et lui donne sa carte. Je peux remarquer que ses yeux brillent de larmes. Il lui remet sa feuille de fin de mission, ouvre la porte pour la laisser passer, et la referme rapidement.

.......... Bien ceci étant fait, sachez que ma politique n’a pas changé. Les ragots mensongers je n’en veux pas, je ne suis pas directeur d’une école maternelle, mais PDG d’une société qui fait travailler plus de trois cent personnes ! Je veux donc de la discipline et du respect envers ma femme, et envers vos collègues. J’espère me faire bien comprendre !

En cœur les filles répondent ...... Oui monsieur 

Son ton se radoucit, un léger sourire sur les lèvres 

......... Vous aurez cet après-midi une remplaçante ! Madame Legal, au moindre mot, à la moindre ingérence, je vous veux dans mon bureau compris ?

....... Oui monsieur Jorelle

.......... Madame Legal, comment voulez-vous faire marcher un bureau avec une bonne entente, si vous laissez errer une brebis galeuse ?

Evelyne sourit ........ Je ne me voyais pas vous déranger pour des racontars abracadabresques. Nous connaissons madame Jorelle, Christine Frontasky et Elise Dumont.

......... En la laissant répandre des boniments, jusqu’où aurait-elle été ? Hum ? Dans trois mois je couchais avec elle ?

Evelyne émet un petit rire .......... Monsieur Jorelle, elle passait pour une folle, nous avons bien rit.

... Oui vous, et mademoiselle Charron ? Elle riait ?

Evelyne se tourne vers la jeune femme ...... Françoise, nous ne t’avons pas prévenu, de ne pas écouter ses mensonges.

... Si bien sûr.

... Nous ne t’avons pas dit, de te méfier d’elle
... Oui !

Elle se tourne vers mon mari ...... Voyez monsieur le Président !

... Bien ! Elle ira raconter ses boniments ailleurs, vous voilà débarrasser ! Sur ce mesdames, mesdemoiselles je vous souhaite une bonne journée.

Evelyne suivit des autres ........ Merci monsieur Jorelle

Chantal que nous n’avons pas entendue ....... Monsieur le Président, nous pouvons offrir un café à Mélissandre ?

... Et pourquoi à Mélissandre ?

Chantal ... Heu bah, heu parce que ça nous ferait plaisir.

... Elle en a de la chance ma femme ! On ne m’invite pas à boire le café !

Les filles sourient.

 Chantal.... Mais monsieur le Président vous ne venez jamais nous voir, on ne peut pas vous offrir un café.

Matthieu taquin .... Il vaut mieux pour vous que je ne prenne pas le temps de descendre !

Chantal qui ne se formalise pas.... Heu oui vous avez raison. Mais vous voulez un café ?

... Merci madame Benton, j’ai du travail !

Il ressort comme il est entré. Je regarde Chantal et éclate de rire.

Les filles viennent me faire la bise, elles discutent toutes en même temps.

Françoise ... C’est lui le patron ?

Chantal .... Oui bien sûr.

Françoise ........ Ah je croyais que c’était le monsieur qui descend des fois

Evelyne ........ Ah non, monsieur Duval est le DRH

Françoise ... Ah d’accord. Il est jeune alors le patron.

Evelyne ......... Oui et pas touche il est marié.

Françoise rit ... Oui j’ai cru comprendre, mais je ne vois toujours pas qui est sa femme.

Les filles rient de bon cœur, je la regarde ... Françoise, je suis madame Jorelle !

Françoise me regarde avec des yeux ronds ........ Ah d’accord ! Désolée.

........ Mais non, ne t’inquiète pas.
Chantal me tend une tasse, je la remercie. Je demande à Nadine si tout va bien

... Oui merci.

... Veux-tu que l’on déjeune ensemble ce midi.
... Oui bien sûr, ce serait avec plaisir.

... Ok, appelle-moi quand tu es prête.

Je bois un peu de café, pour ne pas vexer les filles et repose ma tasse. Je leur souhaite une bonne journée et remonte.
Je vais frapper à la porte de mon mari.

... Entrez !

... Darling, veux-tu me taper ce courrier, qu’il parte avant midi

... Oui bien sûr.

Je remarque qu’il a pris l’appareil de Patrick. Sarah se servant de l’autre. Je tape tout en écoutant, c’est une lettre de licenciement pour convenances personnelles au nom de Didier Herald. Je suis soufflée.

Pourquoi il vire aussi le frère ? Bah alors là ! J’imprime et porte la feuille à mon mari qui la signe. Il décroche son téléphone.
..... Jorelle à l’appareil, j’ai besoin que vous envoyiez un courrier recommandé tout de suite.

Il raccroche. A peine quelques minutes un type entre, après avoir frappé à la porte

.... Bonjour monsieur !

.... Bonjour monsieur Michet, allez à la poste de suite !

... Oui monsieur.

Il prend la lettre et le coupon d’envoi recommandé que Matthieu a rempli, et repart en me faisant un grand sourire. Une légère odeur d’eau de toilette me parvient aux narines. Je ne peux m’empêcher de faire remarquer

....... Ah bah au moins celui-là sent le propre.

Matthieu sourit .... Allons-nous déjeuner ?

......... Ah, heu je voulais déjeuner avec mademoiselle Lemoine. Mais je peux lui téléphoner si tu veux.

....... Non va manger avec mademoiselle Lemoine. Je vais faire un saut à Neuilly ou j’ai laissé un dossier.

....... D’accord alors !

....... N’oublie pas, Lalande n’est pas là cet après-midi.

... Oui, oui, bah je l’accompagnerai et la présenterai.

Il se lève et viens effleurer mes lèvres. Je retourne dans mon bureau et demande à Sarah si personne n’a téléphoné

... Non du tout !

A peine dit, que mon téléphone sonne. Je décroche

Evelyne ... Si tu veux Nadine t’attend.

...... D’accord dis- lui que je descends, on se retrouve dans le hall.

....... D’accord, bisou.
....... Bisous ma jolie.

Je prends mon sac et donne rendez-vous à Sarah pour treize heures. Je descends par l’ascenseur. J’attends quelques secondes, Nadine arrive par les escaliers.

Sur le trottoir je lui demande si un chinois lui plairait.

....... Oh oui avec plaisir

....... Allez viens, je te l’offre.
....... Merci !

Bras dessus- bras dessous nous allons à notre petit restaurant chinois. Le patron un grand sourire aux lèvres se penche pour nous saluer. Ce petit bonhomme au visage jaune me fait sourire. Il nous conduit à une petite table et nous tend les menus.

Je suis en pleine concentration, hésitant entre une salade chinoise ou des rouleaux de printemps. Allez j’opte pour la salade, composée de chou émincé, de carottes râpées et de filament d’algues vertes. Leur sauce un peu épaisse au miel, je l’adore.

Pendant que nous mangeons, je lui pose quelques questions sur son petit. Comme tout maman, elle me répond avec un visage qui s’éclaire, dans ses yeux on peut lire l’amour qu’elle ressent. Je lui demande pour son ami, s’il se plait à son travail. Elle me rassure, et me remercie encore et encore.

Je souris .... Quand on peut aider !

Presqu’au dessert elle me dit en plaisantant ... Je ne connaissais pas ton mari. Je n’ai jamais eu à faire au patron, qu’au DRH, c’est avec lui que j’ai signé mon contrat.

....... C’est la première fois que tu le voyais ?

........ Ah oui, j’en avais entendu parler, mais ne l’avais jamais vu, enfin juste un fois au début, quand il y avait le standard

..... A la réunion tu n’étais pas là ?

..... Non j’avais pris ma journée, le petit était mal fichu

........ Ah et qu’avais-tu entendu sur son sujet ?

Elle rit ...... Que c’était beau mec, et c’est vrai   

Je ris aussi, elle reprend ...... J’avais aussi entendu qu’il était heu comment dire, qu’il était autoritaire.

...... Au travail oui, mais pas dans notre vie, ne t’inquiète pas.

....... Non je ne m’inquiète pas, simplement je me demandais comment il était.

....... Te voilà fixer ! Surtout ne va pas dire que tu manges avec la femme du boss et qu’il t’invite chez lui

Elle éclate de rire, un rire plein de gaité qui lui fait venir les larmes aux yeux ........ Mais non ça ne risque pas !

Je paie, nous repartons tranquillement au travail. A son étage je lui fais la bise et lui souhaite une bonne continuation.

J’attends Sarah, quelques minutes. Je l’invite à prendre ses affaires et à me suivre.
Je la présente à Sabine qui est là, Evelyne n’est pas rentrée de déjeuner.

Sabine me fait la bise et en souriant ...... Alors parait que ton mari a sévi !

... Hé oui, tu le connais bien je crois !

... Oh que oui ! Bon comment vas-tu ?

... Ma foi, ça va, voilà sa remplaçante Sarah Lalande, elle est sous contrat contrairement à Herald qu’elle remplace

Sabine .... Bonjour mademoiselle

Sarah ... Bonjour madame.

Sabine se tourne vers Nadine ....... Dis, tu peux lui expliquer le travail ?

Nadine ... Oui bien sûr

Je regarde Sabine ... Bon allez je vous laisse.
A la cantonade je lance ... Bise les filles, bon courage.

Certaines répondent ... Bisous Mélissandre.

Je remonte à mon bureau, je sais Matthieu absent, il n’est pas rentré de Neuilly, il a du manger avec sa tante. Je regarde le dictaphone, tape rapidement les quelques lettres et porte le parapheur.
En moi je souris, j’ai l’impression de me retrouver à mes débuts. Assise les yeux sur l’écran je cherche les mots pour écrire à ma cousine.

Chère Lise,

Je butte, comment commencer, comment lui parler en mots simples tout en insistant sur les points cruciaux ?

Je me lève et me fais un café, tout en réfléchissant, je sirote le liquide chaud.

J’ai parlé avec mon mari de ton souhait de t’excuser. Il accepte que tu lui envoies un mail d’explications. Il n’a pas dit que ça effacerait tout pour autant, il n’a pas dit qu’il répondrait, et surtout, il n’a pas dit que tu reviendrais dans notre vie.

A toi de bien choisir tes mots pour que ton désir d’être entendue soit efficace. Je ne sais pas quoi te dire d’autre. Vois avec ton père qui pourra peut-être t’aider.

Je t’embrasse

Mélissandre

Je fais un copier-coller, ouvre ma boite mail et recopie ce brouillon. Je relis bien, pèse les mots. En ai-je dit assez ? Est-ce clair ? Va -t-elle comprendre ?

J’ai un léger doute. On verra bien, ce qu’elle écrira et ce que Matthieu décidera.

Je prends le plateau, les tasses sales et vais aux lavabos faire la petite vaisselle. Je ne reverrai pas Matthieu. Il me téléphone en milieu d’après-midi

... Darling, je ne repasserai au bureau que sur le tard, ne m’attends pas. Pars si tu veux.

... D’accord, à ce soir.

Je ferme les armoires, éteint l’imprimante, mon pc et le perco. Je prends mon sac et ferme mon bureau à clefs. Je range mes clés et descends par les escaliers.
Je salue madame Maurane et lui précise qu’en cas de problème, elle contacte monsieur Cériez.

Je descends le boulevard jusqu’au métro. Je réfléchis à ce que je vais faire à l’appartement. En passant devant le kiosque à journaux j’achète une revue people. Dans la rame qui m’emmène je le feuillette rapidement, quand d’un coup mon cœur s’emballe. Un gros titre attire mon attention.

Une nouvelle histoire d’amour chez le grand patron Cathenry

Je roule le magazine, soudain pressée d’être rentrée.

En arrivant, je défais mes escarpins, pose mon sac sur la console de l’entrée, en passant devant la cuisine, je salue Sophie et lui demande une orangeade fraiche.
Je vais m’installer sur le canapé en glissant mes jambes sous mes fesses. Calée contre les coussins, je cherche fébrile la page qui m’intéresse.

Comme à notre mariage, tout un album photo représentant manou et Patrick en photos. L’échange des alliances, la sortie de la mairie, manou sortant de la Cadillac souriante. Au restaurant, pendant le repas, devant la pièce montée, et pour finir dans le parc avec à son bras Matthieu et moi au bras de Patrick.
Je souris en lisant les divers commentaires. L’article qui fait deux pages recto-verso est signé par Romain.

C’est seulement en entendant du bruit que je lève la tête. Matthieu la cravate desserrée et en chemise vient s’assoir à mes côtés.

... Tout va bien darling ?

Je lui souris et lui tends le journal, il jette un œil, Sophie lui amène un verre avec un fond de whisky.

...... Merci Sophie, nous passerons à table rapidement, j’ai du travail

....... C’est prêt, si vous voulez

Mattieu boit une gorgée de son verre, et jette le magazine sur la petite table .... Bel article, il a du talent ce Romain.

... Oui, les photos sont jolies en plus.

... Passons-nous à table ?

... Oui bien sûr.

Il me tend la main, pour m’aider à m’extirper du canapé, nous allons à la salle à manger. Pendant le repas il est disert, il me raconte son après-midi, du coup il a monté son dossier à Neuilly tranquillement.

Par principe, je demande de quel dossier il s’agit.

... L’achat d’un nouveau parc automobile à Nantes. Je devrais me rendre sur place la semaine prochaine.

... Tu vas t’absenter longtemps ?

Sa fourchette en l’air, il me regarde en souriant .... Tout au plus, deux jours, je pars en avion.

... Ah !

... Veux-tu venir ?

... Heu bah je ne sais pas, il n’y aura personne au bureau.

... Non donc, tu n’auras pas de courrier.

... On peut laisser la direction sans personne ?

... Il y a Cériez, en cas de problème !

... Oui, alors je veux bien, parce que rester toute seule ici, ça ne me dit rien.

... As-tu écris à ta cousine ?

... Oui !

Je lui dis ce que j’ai envoyé comme courrier, attendant son approbation, au lieu de ça, il me glace !

... Il est certain que mon pardon, qui n’en sera pas un la mettra de toute façon à l’écart de notre vie. Nous la verrons chez ta grand-mère, si Patrick accepte sa présence, et chez ton père. Uniquement là !

... Donc en gros, si Patrick ne veut pas la voir, et comme mon père ne l’invite plus, ce courrier ne sert à rien

... Si, il sert à ce qu’elle se rende compte qu’elle a été beaucoup trop loin, et qu’elle doit ravaler son mépris orgueilleux.

Je ne réponds pas et fini ma salade de fruits.

La conversation retombe. A peine terminé sa dernière bouchée, Matthieu se lève, fait le tour de la table et viens effleurer mes lèvres .... A tout de suite darling.

Je vais prendre une longue douche fraiche, enfile une nuisette, cadeau de mon mari et mon magazine en main, je me couche. Je ne me lasse pas de regarder les photos, en souriant intérieurement. Je trouve ma grand-mère jolie et rajeunie.

Matthieu tarde, j’éteins la lumière.

 

Je me sens secouer .... Debout madame Jorelle !

J’écarquille les yeux, Mattieu est assis sur le bord du lit, souriant. Tout frais rasé et habillé d’un pantalon de toile et d’un polo.

.... Viens déjeuner, et apprête-toi rapidement, Georges va arriver !

En poussant les draps je lui demande pourquoi.

... Pourquoi quoi darling ? Nous allons à Nantes, ne t’en souviens-tu pas ?

Je ris ... Ah oui.

Heureuse et de bonne humeur, je fonce sous la douche et me prépare en dix minutes. J’avale une tasse de café.

Georges droit comme un I se tient dans l’entrée. Deux valises à ses pieds.

Matthieu .... Allez ranger les valises

... Oui monsieur.

Matthieu m’enlace et m’embrasse passionnément. ... Nous rentrons demain après-midi

... Ah !

... Tu as l’air déçue ?

... C’est court comme voyage.

Matthieu éclate de rire .... Nous ne partons pas en vacances madame Jorelle, mais en voyage d’affaires, j’ai rendez-vous cet après-midi à 14 heures. Je visite et si le site m’intéresse je signe demain matin, puis nous rentrerons à Neuilly

... Ah d’accord.

.... Darling, te rappelles-tu que ta grand-mère et mon oncle rentrent demain après-midi !

Je croise son regard limpide et rieur, une émotion me submerge .... Heu oui bien sûr

Il rit .... Menteuse !

... Mais non, pourquoi tu dis ça ?

... Parce que madame Jorelle, je viens juste de te le rappeler.

Nous nous embrassons en riant. Il prend ma main. Georges attend pour nous conduire

Le trajet n’est pas long de Paris à Nantes, nous passons plus de temps dans les deux aéroports. Matthieu hèle un taxi et donne l’adresse d’un hôtel en centre-ville. Dès nos valises posées nous sortons.

Dehors une chaleur pesante. Nous déambulons dans des petites rues piétonnes. Une foule va et vient. Des boutiques bordent ces rues pavées. De temps à autre, avec Matthieu nous nous arrêtons devant une jolie vitrine et commentons.

Ici personne pour nous traquer, personne pour nous reconnaitre.

Nous sommes à peine débarqués à Nantes, qu’il nous faut déjà repartir. Ce jour et demi est passé si rapidement que je n’ai pas eu le temps de visiter cette belle ville.

Matthieu après le déjeuner, m’a laissé à l’hôtel et est parti signer cet achat d’usine désaffectée pour en faire un parc automobile.

En fin d’après-midi, il m’a rejoint, nous avons visiter un peu le centre-ville, poussé jusqu’à la Cathédrale Saint-Paul – Saint-Pierre, avons diné dans un petit restaurant italien, et sommes rentrés à l’hôtel ou nous avons pris un verre dans le beau jardin.
Ce matin, un taxi nous emmène à l’aéroport. A la descente d’avion Georges attend devant le tapis à bagages.
Nous allons directement à Neuilly.

Dans le salon, Maryse feuillète un magazine, semblant nous attendre

... Ah mes enfants, vous voilà

.... Vous êtes seule ma tante ?

... Comme tu vois.

Nous nous embrassons, Matthieu demande du café à Catherine. Maryse s’informe auprès de son neveu, comment s’est passé cette transaction. Il lui fait savoir qu’il a acquis cet achat à un prix satisfaisant, les travaux commenceront très prochainement

Maryse ... Nous tombons en pleine période estivale

Matthieu remercie Catherine qui vient de déposer son plateau avec le café. Il m’offre une tasse et garde l’autre. Il prend le temps d’avaler son contenu en deux gorgées et la repose. Maryse attend

... Toutes les entreprises ne sont pas en congés !

.... Mais superviseras-tu les travaux ?

.... Araser des bâtiments vétustes, faire une surface plane goudronnée et monter un petit bâtiment pour des bureaux, n’a pas réellement besoin de ma présence. Un architecte sera là, plus le chef de chantier

... Je comprends, et tu penses le mettre en service quand ?

... Début septembre, il devrait être ouvert au public.

.... Et tu comptes en ouvrir plusieurs ?

... Celui-ci est le deuxième, celui de Roissy marche bien, je verrai.

La tante semble réfléchir. Matthieu demande où est son cousin

Maryse sourit .... Alexandre ne me rend pas de compte, et je l’ignore totalement.

Matthieu... Et nos voyageurs, à quelle heure arrivent-ils ?

.... Ils atterrissent à quatorze heures trente, je pense donc qu’ils seront là vers seize heures.

... Bien !

.... J’ai invité tes beaux-parents !

... Pour quand ?

.... Ce week-end !

.... Parfait, ma tante je vous demande de m’excuser, je vais au bureau avant le déjeuner !

... Fais mon grand.

Il se lève et se penche sur moi, il effleure mes lèvres. .... J’en ai pour très peu de temps darling

Je fais oui de la tête et le regarde sortir. La tante me fait revenir sur terre.

... Comment allez-vous mon petit ?

Je souris ... Bien je vous remercie

... Allez-vous partir quelques jours avec Matthieu ? Il aurait besoin de se reposer un peu

... Oui nous avions vaguement parlé de quelques jours en Corse

Nous papotons. Elle me fait sourire de par sa verve légère

Matthieu revient, son air sombre ne dit rien qui vaille. Je le regarde interrogative

.... Nous déjeunons ma tante ?

... Oui bien sûr.

Nous nous retrouvons tous les trois dans la grande salle à manger. Maryse entreprend de faire un semblant de causette, j’essaie de m’intéresser, de donner la réplique si ça me concerne, mais je sens une certaine tension autour de la table
Enfin, nous nous levons, sans demander, je monte à la chambre.
Je me rafraichis un peu et change de tenue, j’enfile un short et un corsage léger, que je noue à la taille. Je prends mon bouquin et à l’ombre d’un grand sapin j’essaie de me plonger dans ma lecture

Je repense à ce que m’a dit Matthieu pour le mail de ma cousine. Si j’avais su je n’aurais pas répondu en lui suggérant de lui écrire. Je crains que par des mots blessants, il la rabaisse encore davantage. J’ai senti au travers de ces lignes qu’elle était très bas moralement. J’imagine le chagrin de mon oncle et ma tante.

Je me secoue et essaie de m’intéresser à ma lecture.

Je ferme mon bouquin et remonte la grande allée, je n’arrive pas à me plonger dans ce roman. Je vais le ranger et retourne au salon, que je trouve vide. Je tourne un peu en rond et monte m’allonger 

Depuis quelques jours je sens une certaine langueur. Est-ce dû à la chaleur ? Pourtant à l’appartement, nous avons l’air climatisé, au bureau aussi. Tout le troisième bénéficie de l’air climatisé, et dans ce grand domaine, les murs sont tellement épais que la chaleur ne passe pas, même si dehors il fait lourd et très chaud.

Les mains sous la nuque, mes pensées vont inlassablement à Lise, à Christine, une vague pensée m’envoie Ghyslaine en pleine face. Je sais qu’elle a des problèmes financiers, son mari n’arrive pas à décrocher de contrat, la période des congés n’est pas favorable. Même si le salaire de mon amie est appréciable, je suppose qu’il couvre le crédit, les factures et le courant de la vie, avec difficultés.

Je sens un doux baiser sur mes lèvres, j’ouvre les yeux en souriant

.... Alors madame Jorelle ?

Je m’étire ... Il est quelle heure ?

.... Bientôt seize heures, et tout le monde ne devrait pas tarder.

Je le repousse pour me lever. Je me rafraichis, enfile une robe de coton et me peigne. Je descends le grand escalier au bras de mon mari.

Maryse et Alexandre sont au salon. En entrant dans la pièce, j’ai comme l’impression que nous arrêtons un dialogue. Les yeux d’Alexandre expriment de la colère, le visage de la tante est peiné.

Matthieu demande des rafraichissements à la jeune femme qui est toujours dans les parages. Maryse met fin à ce silence pesant.

.... Vous vous êtes reposée un peu mon petit ?

Je lui souris .... Oui, je vous remercie.

Catherine arrive avec son plateau et pose des verres emplis d’eau pétillante. Matthieu fait le service, tout en questionnant son cousin sur les futurs travaux de son cabinet. Alexandre devise tranquillement, ses yeux sont redevenus de ce marron-noisette rieur.

La porte du salon s’ouvre, mon cœur fait un bon de joie. Manou au bras de Patrick, avancent tout sourire

Je me lève, tout le monde se lève. Les embrassades n’en finissent pas. Je serre ma grand-mère dans mes bras. Elle est belle, épanouie souriante, bronzée. Ses yeux expriment un immense bonheur.
A peine nous sommes assis, que mon père et Anne-Marie, accompagnés de Christine, entrent à leur tour.

Le salon d’un coup se rempli de bonne humeur, des rires retentissent. Tout le monde y va de sa question, de son sentiment sur la belle mine des mariés.

Manou les yeux pétillants raconte cette belle croisière. Les sites qu’ils ont pu visiter, le bonheur des escales. Patrick attendri regarde sa dulcinée et l’écoute retracer leurs dix jours idylliques

Matthieu .... Vous comptez repartir ?

Patrick ... Nous pouvons rester quelques jours. Veux-tu partir avec ta femme ?

.... Non, je me renseigne simplement.

.... Alors nous partirons milieu de semaine prochaine quelques jours en Bretagne, selon les désirs de madame Duval

Patrick en souriant se tourne vers ma grand-mère .... N’est-ce pas ma bien-aimée ?

Manou dévore son mari, dans ses yeux on peut y voir tout l’amour qu’elle lui porte .... Oui.

Maryse engage la conversation sur la Bretagne, ses particularités. Machinalement je croise le regard de Christine, et lui souris. Je vois tout de suite son visage fermé, je sens que quelque chose cloche. Je ne m’attarde pas. J’ai promis de ne pas m’en occuper. Si elle vient me parler, je verrai, si elle ne dit rien, alors je garderai pour moi mes interrogations

Sans que je n’y prenne garde, Matthieu se tourne vers moi .... Et nous darling ?

Je n’ai pas écouté, toute à mes pensées vers Christine .... Heu quoi nous ?

Matthieu plonge son regard dans le mien. Ai-je répondu un peu sèchement ?

.... Je te demande si tu veux partir trois semaines, ou couper les vacances en deux ?

.... Heu bah je ne sais pas.

Il fronce les sourcils un instant, et se tournant vers son oncle .... Prends ton temps !

Patrick .... Disons que je peux reprendre avant

Matthieu .... Non ne changez rien à vos projets. Pars avec Manou, nous partirons en août. Tu auras moins de personnel à driver.

Patrick sourit .... Ce n’est pas ce qui me perturbe le plus.

Matthieu rit .... Non je me doute.

La tante .... Personne ne viendra au domaine en août ?

Matthieu .... Fermez-le et donnez les vacances au personnel.

La tante .... Tu sais bien que je n’aime pas le fermer, puis à la cuisine ils sont déjà en effectif réduit.

Alexandre .... Mais je serais là ma tante.

Patrick .... Oui et si ma bien-aimée le désire, nous viendrons le week-end.

Je n’écoute plus leur conversation, je m’évade ailleurs. Matthieu se lève, va à ce meuble contenant des bouteilles de toutes sortes

Alexandre .... J’ai fait mettre du champagne au frais, pour le retour de nos tourtereaux

Matthieu ... Parfait !

Patrick sourit ... Et bien mon fils, quel langage !

Alexandre insolent .... Que veux-tu père, c’est celui qu’on nous apprend en pension

Matthieu fait diversion .... Ne pars-tu pas quelques jours Alexandre ?

.... Je suis en vacances, cher cousin .... Alors ici ou ailleurs !

Hum, je le sens querelleur. Décidément il y a toujours un grain de sable qui vient se mettre dans les rouages, pour nous empêcher de passer une soirée tranquille, dans cette baraque !

Machinalement je pousse un soupir. Matthieu se tourne vers moi .... Un souci ?

J’essaie de prendre sur moi, malgré la colère que je sens monter .... Non ça va.

Alexandre fait le service et tend une coupe de champagne à chacun. Les conversations reprennent sur des sujets moins fâcheux. Maryse et manou échange quelques boutades sur les différentes façons de cuisiner une paella

Je suis toujours étonnée que Maryse parle si facilement de cuisine et recettes, alors que je parie qu’elle n’a jamais touché une casserole de sa vie
La soirée se passe tranquillement, le repas est agréable. Malgré tout je ne peux détacher mon regard de la mine renfrognée de Christine.

Après diner, Matthieu propose d’aller voir le feu d’artifice. Patrick invoquant le décalage horaire et la fatigue, refuse. Je regarde ma grand-mère, je sais qu’elle adore, elle cligne ses yeux en me faisant un sourire

Maryse ... Allez-y entre jeunes, à nos âges nous apprécions moins ces bains de foule.

Mon père sourit .... C’est gentil Maryse de nous associer aux jeunes.

Maryse de ce petit rire très aristocratique ... Ah mon cher Bernard, quand vous serez perclus d’arthrose vous pourrez rejoindre le groupe des anciens

Nous rions, elle détend un peu l’atmosphère qui malgré tout est pesante. Il est décidé que mon père et Anne-Marie prennent Alexandre et Christine, tandis que je monte en voiture avec mon mari.

Nous allons aux abords de la tour Effel. Serrée dans les bras de Matthieu, je ne perds pas une seconde pour admirer ce feu d’artifice grandiose. Intérieurement je m’extasie. Papa nous propose de prendre un verre avant de nous quitter.

Attablés à une terrasse, je suis le mouvement des gens. Les Champs sont animés. Une foule se promène, les terrasses sont pleines.

Matthieu .... Ne passez- vous pas le week-end au domaine ?

Mon père regarde Anne- Marie qui répond en souriant.... Mon chéri je ne sais pas ce que tu as décidé.

Papa ... Ma foi, je n’ai rien décidé.

Matthieu .... Bien, alors restez avec nous, Mélissandre sera contente de vous avoir un peu.

Il se tourne vers moi .... N’est-ce pas darling ?

... Oui, bah oui bien sûr.

Nous décidons de rentrer. Après les embrassades, nous montons. Une toilette vite fait et je me couche. Matthieu doit être sous la douche. J’essaie de l’attendre, sans pouvoir lutter contre le sommeil. Je m’endors

Je descends à la salle à manger. Catherine fidèle au poste me sert mon café. Je la remercie en souriant et lui demande l’heure

.... Dix heure vingt madame Jorelle

J’avale la tasse de café et remercie la jeune femme. Bon qu’est-ce qui m’arrive, pour que je dorme autant ? D’accord on s’est couché tard, mais quand même.

La maison me parait silencieuse, je vais dans le parc. Ils sont à la gloriette

Matthieu ... Ma femme daigne enfin nous rejoindre.

J’embrasse tout le monde .... Pourquoi tu ne m’as pas réveillée ?

... Et pourquoi devrais-je te réveiller ? Tu dors, c’est que tu en as besoin !

Je le regarde, essayant de sonder ses yeux, je ne lui trouve pas un visage vraiment reposé. Je retiens à temps la réflexion qui me vient en tête, et haussant les épaules je vais m’assoir à côté de ma belle-mère.

J’écoute les conversations sans m’incruster. Je sens le regard interrogateur de Matthieu sur moi.

Le week-end est en soi plaisant. Je suis heureuse au milieu des miens. Si je fais abstraction de l’humeur belliqueuse d’Alexandre, la tête déplaisante que Christine nous offre, et l’air sombre de mon mari, qui en personne du grand monde, ne montre rien pour ceux qui ne le connaisse pas

Dimanche mon père et ma belle-mère nous quittent en fin d’après-midi, laissant Christine. Nous partons après avoir partagé leur diner. J’embrasse fort ma grand-mère en la serrant dans mes bras.

Je ne fais aucun commentaire sur le fait que Christine reste au domaine. Je vais me coucher directement.

La semaine passe vite, étant seule au bureau, je reprends mes habitudes. Après le peu de courrier je m’occupe comme je peux.

Ce week-end, nous sommes restés à l’appartement. Matthieu la plupart du temps est enfermé dans son bureau. Sans nous faire ostensiblement la tête, un certain malaise s’est installé et j’en ignore la raison

Matthieu me dépose devant la société, il m’embrasse et me demande de lui faire un tableau sur le quinquennat qu’il a enfin réussi à obtenir.

.... Heu tu veux quoi exactement ?

... Tu me fais par année les déficits et les bénéfices. Tu te sens capable ?

... Evidemment !

... Bien, fais-moi un tableau productif, que je puisse voir rapidement ce qui ne va pas.

... Tu le veux en globalité ou par agence ?

Il réfléchit quelques secondes et en souriant .... Je pensais régionalement mais si tu peux par ville, ça m’arrangerait.

... D’accord, mais pas pour ce soir.

.... Tu n’auras pas de courrier, aujourd’hui. Fais ce que tu peux, commence par Paris et sa couronne !

... D’accord.

Une main sur la poignée de la portière je demande ironique .... Ça sera tout monsieur le Président ?

... Prends la petite Lalande avec toi.

... Mais tu l’as mis chez madame Legal

... Prends la pour la semaine !

.... Tu ne viens pas au bureau ?

.... Non je vais à l’agence de Saint Denis.

.... Heu pourquoi tu as licencié Denis Herald ?

.... Parce qu’il pose les mêmes problèmes que sa sœur.

J’éclate de rire .... Il passe ses week-ends avec la femme du boss ?

Matthieu sourit .... Presque ! Allez file

Je me penche quémandant un baiser.

A l’accueil je salue madame Maurane et papote quelques minutes.
... Vous ne posez pas de vacances madame Maurane ?

... Je ne pense pas y avoir droit.

.... Je regarde, et vous dis ce midi

Elle me fait un grand sourire .... Merci madame Jorelle

... Allez bonne journée.
... Merci madame Jorelle, vous aussi

Je longe le couloir et vais voir les copines du secrétariat. Chantal me reçoit en riant

.... Madame Jorelle, vous devriez faire installer votre bureau avec nous.

Je ris ... Oui tu as raison. Mais tu n’es pas en vacances toi ?

.... Hé non, Sabine est partie vendredi, je prends donc l’intérim sur ordre du patron.

.... Ma chère, dis-donc, tu ne serais pas un peu privilégiée ? 

Deux têtes nouvelles me bouffent du regard. Nadine me fait un petit coucou discret de la main, et Chantal en riant

... Ouais enfin je n’ai pas la chance de partager le lit de ce mec beau comme un Dieu

J’éclate de rire .... Hé ma biche puis quoi encore ?

Chantal taquine .... Oh bah c’est tout, pour le reste je te le laisse, hum je ne suis pas sûre de me faire à son despotisme

Je passe mon bras sous celui de ma copine ...... Tu n’as pas honte ?

... Ah non pas du tout

Je ris devant la tête de Chantal. C’est un vrai pitre. Je l’estime beaucoup, dès le début je l’ai appréciée. Jamais un commérage, des plaisanteries mignonnes et sans conséquences. C’est une fille joviale

... Bon tu me fais un café ?

... Mais avec plaisir madame Jorelle.

Pendant qu’elle prépare le café je vais embrasser Nadine

.... Ça va ma jolie ?

.... Oui je te remercie.

Doucement je lui demande qui sont ces filles, elle me chuchote ... Des intérimaires.

Je souris aux filles et vais leur serrer la main en me présentant... Madame Jorelle

L’une me dit s’appeler madame Strackiotti et l’autre mademoiselle Romedenne.

Chantal sert le café aux filles, pendant qu’elle me sert je demande depuis quand les intérimaires sont là.

Chantal .... Depuis lundi dernier, je pense que c’est pour les vacances

... Mais qui les a reçues ? Je n’ai pas donné de carte de pointage.

... Je crois que c’est ton mari qui s’en est occupé.

... D’accord je regarderai ... Bon ma chérie tu ne vas pas être contente, je t’embarque la petite Lalande

... Ah bon ! Longtemps ?

Je souris ... Non une semaine tout au plus.

... Bah on fera sans hein !

Tout en buvant mon café, je papote avec Chantal, en attendant Sarah. Ne la voyant pas venir, je fini par monter.

Je vais chercher l’épais listing sur le bureau de mon mari, et réfléchis comment faire son tableau.

J’ouvre Excel et commence par inscrire les agences de Paris par lettre alphabétique.

J’entends frapper .... Entrez !

.... Bonjour Mélissandre, tu m’as fait appeler ?

... Oui, cette semaine tu vas être avec moi. J’espère que ça ne t’ennuie pas.

Elle me sourit .... Non pas du tout

.... D’accord, fais-toi un café si tu veux.

... Oui, tu en veux un ?

.... Non merci

Je la laisse boire son café, tout en la regardant. C’est une jeune fille, un peu enrobée, mais jolie. Toujours propre et habillée avec goût, malgré cette tendance à être souvent en jeans.

En quelques mots je lui explique ce que j’attends d’elle. Je découpe le listing et lui donne la partie province, nous nous mettons au travail. Mon téléphone interrompt ce silence.
.... Salut ma belle, tu manges ?

Machinalement je lève la tête, il est bientôt treize heures

... Heu oui j’arrive.

Je raccroche .... Sarah, tu aurais dû aller manger.

... Oui j’y vais.

... A tout à l’heure. Prends ton temps

J’attrape mon sac, attends qu’elle sorte et ferme la porte à clé. Ghyslaine sort du standard au même moment. Avec un grand sourire, elle vient m’embrasser

... Bah alors j’attendais que tu m’appelles

... Je n’ai pas fait attention à l’heure.

Nous descendons par l’ascenseur. Tout en mangeant sa salade sarladaise, Ghyslaine me demande ce qui ne va pas.

... Ah non rien, tout va bien

... Tu as l’air songeuse.

... Non, enfin oui j’ai un récapitulatif à faire pour le patron, et ça prend un peu la tête

... Ah d’accord.

Le silence retombe. Je refuse le café, nous rentrons. Je m’attèle tout de suite à mon listing. Vu la vitesse à laquelle nous allons avec Sarah, je pense que vendredi ça sera largement bouclé.

Dans l’après-midi Matthieu me téléphone .... Darling, je vais m’absenter, essaie de maintenir l’ordre dans les bureaux

... Tu t’absentes longtemps ?

... Je pense rentrer jeudi soir, vendredi midi au plus tard.

... Ah !

.... Oui, je suis désolé. Il me faut mettre la plate-forme de Nantes en route, puis voir aux alentours à ouvrir une agence rapidement.

... Ok, bon courage

J’ai du parler pas très aimablement. Il laisse échapper un soupire

.... Mélissandre, je ne m’amuse pas. Patrick est en vacances, je ne peux pas laisser passer des occasions, je suis bien obligé de faire avec !

... Oui, bah je n’ai rien dit, à jeudi.

... A jeudi darling, si tu as un problème va voir Cériez

..... Oui d’accord !

J’entends le bip qui me fait savoir qu’il a raccroché. Un sentiment d’abandon m’envahit. J’ai un coup de cafard. Je me plonge dans le listing.
Sarah entre et se met au travail sans un bruit. Nous travaillons jusqu’à dix-sept heures trente sans interruption, elle me dit à demain. Je lève la tête et lui sourit

.... A demain Sarah, bonne soirée

... Merci

N’ayant pas envie de rentrer pour être seule à tourner en rond dans l’appartement avec une Sophie qui ne parle pratiquement pas, je reste au bureau.

Je rentre à vingt heures, contente d’avoir avancé. Dans le métro, je pense qu’une fois les provinces faites, Sarah pourra rejoindre le service de Chantal, je réunirai les agences en zone et par département. Il n’aura qu’à voir ce qui lui convient le mieux.

Je mange rapidement, prends un bain pour me délasser, et termine ma soirée dans mon lit avec un bouquin

A peine arrivée au bureau, Matthieu me téléphone, nous échangeons quelques banalités, il me souhaite une bonne journée.

Mardi après-midi, j’ai fini tout Paris, j’attaque la grande couronne. En deux heures je boucle mon tableau. Je demande à Sarah ce qui lui reste à faire

... Je n’ai plus que le nord et c’est fini

.... Veux-tu un café ?

.... Oui merci.

Je prépare les tasses, je suis satisfaite, nous avons travaillé bien plus vite que je ne l’aurai pensé. Il est vrai que Sarah saisit rapidement. Je pose son café sur son bureau et vais m’assoir avec ma tasse

.... Dis-moi, veux-tu redescendre au secrétariat ou rester ?

.... Je ne sais pas, ça m’est égal.

... Je te garde encore demain, ça va ?

... Oui bien sûr, comme tu veux

.... Maintenant que nous avons réussi à faire les agences, nous allons les regrouper par département

... D’accord.

... Si tu as Lens, tu fais attention aux différentes agences, tu les notes de la plus importante à la plus petite. Tu les sépares par un tableau et tu sautes deux lignes pour que ce soit clair. Tu sauras faire ?

.... Oui bien sûr

..... En haut du tableau tu centres la région tu mets en gras et tu soulignes

... Oui d’accord

... Bon vas-y lance l’imprimante et sort ce que tu as fait pour l’instant

La bécane se cale dans son bruit reconnaissable. De l’armoire je sors un listing vierge que j’insère dans le tiroir à feuille. L’impression des données se met en route, l’imprimante crache une dizaine de feuilles reliées.

Je lance à mon tour mon travail. Je mets les deux listings sur le coin de mon bureau

... Bien va déjeuner, nous verrons en rentrant.

Je décroche mon téléphone pour demander à Ghyslaine si elle vient.

.... J’arrive, on se rejoint en bas

... D’accord

J’attends Ghyslaine en papotant avec l’hôtesse d’accueil. Gérard vient me dire bonjour, nous nous faisons la bise. Ghyslaine arrive.

Sans un mot nous allons manger un croque-monsieur au bistrot d’en face.

Ghyslaine .... Tu as des soucis ?

Je la regarde, sortant de mes pensées .... Heu non pourquoi ?

... Je ne sais pas, je te trouve bien silencieuse.

... Bah, tu ne parles pas beaucoup non plus.

….... Que veux-tu que je te raconte ? Marc attend avec impatience le début du chantier. Avec Duval fils ils sont allés voir les locaux, ils se sont entretenus avec un architecte pour réunir les deux appartements et en faire un grand, qui fera environ cent cinquante mètres carrés. A part ça, je n’ai pas grand-chose à raconter

... Ah bah tu vois, je n’étais pas au courant.

... Bah que te dire ?

... Non rien, ça ne me concerne pas vraiment

Ghyslaine sourit ... Oui tout comme je ne pense pas que ton beau ténébreux raconte la société à son cousin

Je souris à mon tour ... Effectivement je ne crois pas non plus.

.... Tu as répondu à ta cousine ?

... Rapidement

.... Et ?

... Et quoi ?

... Elle t’a écrit de nouveau ?

... Ah non. Je lui ai suggéré d’écrire ou téléphoner à Matthieu mais de toute façon ça ne changera rien, il ne veut pas la voir

... Remarque elle a été loin, reconnais.

Je regarde mon amie, sans répondre et finis ma limonade.

Ghyslaine insiste .... Tu ne crois pas ?

..... Je ne crois rien, je pense qu’elle a compris, et je ne vois pas l’utilité de la rayer complètement de ma vie, en rayant par la même occasion mon parrain et ma tante.

... Donc tout le mal qu’elle t’a fait, qu’elle a fait à ta grand-mère, à Christine tu balaies d’un coup ?

Mon cœur s’emballe d’un coup. Je sens la colère m’envahir, j’essaie de me contrôler

... Je n’ai pas dit, ça ! Rien ne sert d’en parler de toute façon.

Ghyslaine me regarde tristement .... Tu as raison. Bon et Christine ça va ?

Je souris ironique .... Christine est une grande fille, je ne vais pas m’immiscer dans sa vie. Elle fait bien ce qu’elle veut

... Pourquoi Mélissandre ?

... Pourquoi quoi ?

... Pourquoi tu me dis qu’elle fait bien ce qu’elle veut ?

... Tu veux que je te dise quoi ? Je ne vais et ne veux pas passer pour une fouille-merde, tu m’as dit toi-même que je ne pouvais pas gérer sa vie, et tu as raison.

... Sans gérer sa vie, tu peux t’informer de comment elle va.

... Je pense qu’elle va bien, je la vois pratiquement tous les week-ends chez la tante, et si je ne la vois pas, Alexandre brille par son absence, je ne me pose donc pas de questions.

... Ecoute j’ai parlé avec Christine, elle est triste elle pense que tu lui en veux

.... Ah ! Et lui en vouloir de quoi ?

... Par exemple, d’être amoureuse de Duval fils

J’éclate de rire, un rire moqueur .... Oh Ghyslaine, faut arrêter votre psychose ! J’aime bien Alexandre, mais ça s’arrête là. J’aime mon mari et n’ai aucune vue sur son cousin. Et de plus, elle n’est pas amoureuse

.... Je n’ai pas dit que tu avais des vues, sur lui. Simplement elle trouve que tu t’es éloignée d’elle.

... Ah, donc quand elle roucoule avec son bellâtre, je tape l’incruste et lance une conversation semblant de rien

... Ce n’est pas ce que je dis, simplement elle trouve que tu n’es pas comme avant

.... Ecoute tu lui diras que je n’accepte pas qu’on se mettre en travers de Matthieu et moi, je respecte donc son amourette avec son adonis

.... Tu ne l’aimes pas son cousin ?

... Je n’ai pas à l’aimer, il m’indiffère. Je l’apprécie, disons comme un cousin et ça s’arrête là !

... Je pensais que tu l’estimais.

.... Oui, je l’estime, tu veux que je te dise quoi ? Je m’en fou de sa vie, j’ai déjà la mienne à m’occuper

.... Pourquoi dis-tu une amourette ? Tu n’y crois pas ?

Je regarde mon amie, droit dans les yeux ....... Quand tu entends ce que j’entends tu te poses des questions

.... Qu’as-tu entendu ?

J’hausse les épaules...... Que te dire, sans faire de ragots ?

.... Je ne pense pas qu’aider une amie c’est faire des ragots

..... Gi, je préfère garder mes impressions, je ne veux pas passer pour une rabat joie

Nous payons et rentrons en silence. J’embrasse mon amie devant sa porte et retourne à mon bureau. Je m’attèle de suite au travail pour ne pas réfléchir à ce qui n’est pas mon problème.

Seule dans mon lit je repense à la conversation de ce midi. Je ne comprends pas, quand je m’occupe de Christine on me fait voir mon côté intrusif, et quand je ne m’en occupe pas, on s’étonne, je suis limite la méchante

Jeudi midi, avec Sarah nous imprimons les nouveaux listings. Je suis contente, elle a bien travaillé. Pour la remercier je l’invite au restaurant. Je téléphone à Ghyslaine

... Je ne mange pas avec toi ma Gi

... Ok bon appétit.

... Merci, bisou

Elle raccroche, je l’ai trouvé un peu distante. Je propose à Sarah

.... Veux-tu que nous allions déjeuner ?

... Oui.

... Allez viens je t’invite

Elle me sourit. Je l’emmène chez les normands. En mangeant je lui demande si elle se plait dans la société

.... Oui, les filles sont gentilles dans le service

... Tu veux y retourner cet après-midi ?

... Oui, si tu n’as plus besoin de moi.

... Bah écoute non, nous avons fini ce que le PDG avait demandé

... D’accord.

Nous papotons un peu d’elle. Je la trouve agréable à discuter. Je l’accompagne au secrétariat, bois un café avec les filles et monte.

Je ne sais pas ce que je vais faire de mon après-midi, seule et sans occupation.

Un peu avant quinze heures, mon téléphone sonne.

... Darling, tu en es où dans tes tableaux ?

... Ils sont finis, j’ai fait par agence détaillée, et ensuite par département avec juste les chiffres

... Parfait madame Jorelle. Prends-les avec toi, et rejoins-moi dans le hall, j’arrive

... D’accord.

Je ferme les armoires et les machines, j’attrape mon sac et les listings, je descends et attends dans le hall. Madame Maurane me sourit.

Matthieu arrive par le sas, un signe de tête à l’hôtesse, de son pas allongé il vient à ma rencontre, prend les listings et m’attire à lui. Il effleure mes lèvres

... Tout va bien ?

... Oui j’espère que ça t’ira.

... Je verrais ça !

Il se tourne vers l’hôtesse et de cette voix directoriale .... Si vous avez un problème, vous vous adressez à monsieur Cériez

... Oui Monsieur

Nous sortons, sa voiture est garée le long du trottoir, il range les papiers dans le coffre. Nous allons à Neuilly

Je trouve à mon mari une mine fatiguée. Son costume froissé me fait comprendre qu’il a fait la route sans perdre de temps.

Maryse est au salon télévision, nous allons la saluer.

Elle se lève et nous embrasse, nous allons au salon boire un jus de fruits que Catherine amène, à peine nous sommes assis

Maryse .... Alors mon grand ?

... C’est en route. Je n’attends pas des exploits avant septembre, mais j’ai fait suffisamment de pub pour que ça démarre rapidement

.... Bien ! Pas de problème particulier ?

... Dans l’ensemble non.

Je n’écoute pas davantage, je sais qu’ils parlent de la plate-forme que Matthieu a été mettre en route à Nantes. Matthieu demande si elle a des nouvelles des mariés

... Je pense qu’ils devraient rentrer ce week-end. Tu devrais prendre quelques jours à ton tour, tu as une petite mine

.... Oui ! Je fais la balance des agences, et nous prendrons quelques jours. Et vous ma tante ?

... Je pars vendredi prochain.

... Bien ! De toute façon il y aura Patrick et Manou.

... Oui, ils m’ont dit qu’ils viendraient pour les week-ends

... Et Alexandre ?

... Oui je pense qu’il viendra aussi avec la petite

... Et il est où là ?

.... Je pense avec l’architecte ou monsieur Germain.

... D’accord, bon je vais prendre une douche et me changer

... Oui va.

Un silence s’installe, je me retrouve seule avec la tante. Bienveillante elle me demande comment je vais, soulignant ma petite mine aussi. Nous entamons un échange gentillet. Elle me fait savoir, qu’elle est très heureuse d’avoir Manou comme belle-sœur. Nous rions de quelques boutades. Je me détends.

Alexandre assiste au repas du soir. Il discute avec Matthieu de ses projets. Il précise qu’il signe chez le notaire le 7 août

Matthieu sourit ... C’est parfait, tu pourras peut-être ouvrir en septembre

... Oui je pense, j’espère.

Ils échangent sur ce futur cabinet médical. La tante intervient de temps à autre. Je les écoute.

Dès le repas terminé, Matthieu m’entraine dans le parc faire quelques pas. Nous ne parlons pas, main dans la main je profite de ces instants seule avec mon mari qui m’a manqué

Il est à peine vingt-deux heures quand Matthieu m’entraine dans notre chambre. Nous ferons l’amour comme des dingues, essayant de rattraper cette longue semaine.

7 juillet 2001

Désaccord

La lettre d’Elise tourne et retourne dans ma tête. Hier soir pendant le diner, Matthieu m’a demandé ce que j’avais. A deux doigts de lui parler de ce mail, je me suis retenue à temps, repensant aux paroles de Ghyslaine.

Après tout j’ai répondu avec le plus de sincérité possible, maintenant à elle de jouer.

... Tu es prête ?

Je me retourne et vois Matthieu dans l’embrasure de la porte, j’affiche un sourire. .... Oui !

Nous descendons au garage, Matthieu ouvre ma portière, je m’assois et me cale dans le siège moelleux. 

Nous arrivons légèrement en avance. Après avoir embrassé mon père je vais dans la cuisine embrasser Anne-Marie.

........ Il faut te faire quelque chose ?

....... Non merci ma grande, tout est prêt. Nous avons prévu barbecue et quelques salades composées.

....... D’accord. Maryse vient avec son chauffeur ?

....... Non je ne pense pas, elle devrait venir avec Alexandre.

....... Ah ! Et Christine elle est où ?

...... Certainement dans sa chambre.

....... D’accord !

Je retourne au salon ou mon père et Matthieu discutent. Papa tend un verre à son gendre qui le remercie. Je m’assois et attends étonnée que Christine ne vienne pas nous dire bonjour.

Ma belle-mère nous rejoint, sourire aux lèvres elle embrasse Matthieu qui s’est levé à son entrée. Papa nous offre un verre quand on entend la sonnette.

Mon père se lève et va ouvrir. Dans le salon les embrassades claquent. Les discussions s’animent. Enfin Christine apparait. Elle embrasse tout le monde
Je remarque qu’elle est charmante dans une robe estivale à bretelles fines, chaussée de sandales à talons. Maquillée et peignée à la perfection. Je me demande si elle ne sort pas de chez Bénédicte.

Mon père .... Avez-vous des nouvelles des mariés ?

Matthieu .... Aucune !

A.M ... Quel beau mariage ils ont eu !

Maryse en riant regarde mon père .... Mon cher Bernard, il ne reste plus que vous !

Mon père sourit .... Nous y songeons, peut-être l’an prochain

Maryse .... Oui il faut faire revivre un peu Neuilly ! Ces vieux murs ont besoin d’agitation

Matthieu ... Surtout vous ma tante !

La tante sourit, taquinant son neveu. Je remarque que Christine assise en face d’Alexandre lui fait souvent des petits sourires en douce. Je ne dis rien. Je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas à l’aise chez mon propre père.

Enfin Anne-Marie nous propose de passer sur la terrasse. Elle a dressé une jolie table dehors. Papa a ouvert le grand store pour nous préserver du soleil. On peut sentir l’odeur de la viande sur le barbecue. Je me sens en appétit.

Le repas est animé. Christine et Alexandre sont assis côte à côte. Je les surprends à se parler doucement sans qu’on puisse entendre. Je trouve Christine minaudière, sa façon de pencher sa tête, de sourire en coin de le regarder un peu aguicheuse, ne fait pas sincère. 

J’essaie de participer aux échanges des autres, sans rien laisser paraitre.

Le repas est copieux, Anne-Marie à fait les choses en grand. Christine se lève pour aider à débarrasser, Alexandre ramasse les assiettes, je vais pour me lever quand Christine me dit

... Laisse Mélissandre !

Je la regarde interrogative, quand je croise le regard de Maryse qui sourit. Je me rassois sans un mot. Anne Marie à dresser sur un plat, les pâtisseries qu’avec Matthieu nous avons amené. J’ai choisi exceptionnellement des parts individuelles.

Maryse .... Oh quelle bonne idée !

Matthieu ... Une idée de madame Jorelle !

Plus sèchement que je ne l’aurais voulu je réponds .... Comme ça il y en a pour tous les goûts !

Maryse .... Mais oui mon grand, et je vois des fraisiers pour te satisfaire.

Matthieu éclate de rire .... Exactement.

A tour de rôle Anne-Marie demande à chacun son choix, papa sert le café. Maryse part sur cette énième conversation sur les pâtisseries et différents desserts pour plaire à tout le monde.

L’après-midi se traine un peu. Je me faisais une joie de ce repas chez mon père, je me sens un peu en décalé. J’ai l’impression que Christine m’évite.

Mon père propose que nous rentrions au frais dans le salon. Je ramasse les assiettes à dessert et vais les porter dans la cuisine. Alexandre et Christine s’arrêtent net de parler. Je pose les assiettes sur la table et ressors sans un mot. Je rejoins papa Anne-Marie et Maryse dans le salon. Des coupes à champagne sont servies. Je m’assois et j’écoute en refusant le verre à mon père.

Maryse .... Ou est Matthieu ?

... Aucune idée, avec son cousin peut-être !

Elle n’insiste pas. Après quelques minutes Matthieu apparait en me fixant. Je peux voir son regard sombre. Il me tend la main

... Veux-tu aller faire un tour ?

... Heu je ne sais pas.

... Viens !

Il se tourne vers mon père ... Veuillez nous excuser !

En souriant il rajoute ... Une petite promenade digestive, nous ne craignons pas le soleil.

Mon père ... Mais oui bien sûr. De toute façon, vous dinez avec nous ce soir.

Matthieu ... Avec plaisir.

Mon mari m’entraine, il prend ma main, nous marchons en silence. Toute à mes pensées, je n’ai pas remarqué que nous étions devant chez ma grand-mère. Matthieu sort un trousseau de clés et me fait entrer dans le jardin.

Nous faisons le tour et allons, nous assoir sous le gros tilleul.

... Vas-tu me dire ce que tu as ?

Je le regarde, sonde l’expression de ses yeux ... Mais rien, pourquoi tu me demandes ça ?

... Tu n’as pratiquement pas parlé du repas.

... Bah j’écoutais.

... C’est la relation entre Alexandre et mademoiselle Frontasky qui te gêne ?

Je hausse les épaules et narquoise répond .... Hé, ils sont grands hein ! Ils font bien ce qu’ils veulent !

... Couverais-tu la même jalousie que ta cousine ?

Je le regarde abasourdie. Je respire un grand coup pour relâcher la pression et ne pas l’envoyer sur les roses.
.... Que veux-tu dire ?

.... A plusieurs reprises, tu as fusillé du regard ton amie. Crois-tu que je ne m’en sois pas aperçu ?

Je sens la colère monter ...... S’il te plait, n’inverse pas les rôles. Elle m’évite, refuse mon aide et ne m’adresse pas la parole, tu ne crois pas qu’il y ait comme un problème !

... Elle attend peut-être que tu te rapproches d’elle !

... Ah pourquoi ? On a été éloignées ?

... Ce n’est pas ce que je veux dire Mélissandre ! Ne craint-elle pas ta réaction ?

... Quelle réaction ? Alors écoute bien !  Je m’en tape d’avec qui elle sort, d’avec qui elle s’amourache et d’avec qui elle couche. Je n’ai aucune vue sur ton cousin, et elle ne me fait pas d’ombre. Je suis mariée et j’aime mon mari. Ton cousin tout gentil qu’il soit ne m’intéresse pas !

... Alors va parler avec Christine, elle se sentira rassérénée.

... Lui parler de quoi ?

... Je ne sais pas, de sa relation avec Alexandre, de son travail. Des échanges de filles en somme !

... Son travail, il me semble que tu es satisfait. Sa relation avec Alexandre, pourquoi je lui poserais des questions ? Je ne vais pas être intrusive au risque de m’entendre dire que je ressemble à ma cousine et me mêle de ce qui ne me regarde pas.

Matthieu pousse un soupir, croise ses jambes et me regarde longuement. Je ne lâche pas son regard, je ne baisse pas les yeux, malgré mon pouls qui s’emballe et la colère qui m’enveloppe.

.... Difficile de comprendre les femmes !

J’essaie de me radoucir ........ Pourquoi tu dis ça ?

Il éclate de rire ...... Chez vous tout est blanc ou noir, il n’y a pas de demie teinte. Où vous mettez les pieds dans le plat façon Dumont, ou vous vous désintéressez complètement de ce qui peut arriver à vos amies.

... Ah bon ! Bah excuse-moi du peu, mais si je m’étais désintéressée de Christine, elle serait toujours à subir le joug de sa mère ! Si je m’étais désintéressée de Landereau elle ferait toujours du ménage. Tu en veux encore ?

... Je sais que tu as ce côté mère Thérèsa, mais Christine est ton amie !

... Bien sûr que c’est mon amie, et pour cette même raison, je ne m’immisce pas dans sa vie. Je ne suis pas allée lui demander si je devais t’épouser !

... Bien, je vois qu’il ne sert à rien de discuter. Rentrons !

.... Tu veux discuter de quoi ? Sa relation avec ton cousin, je lui en ai touché deux mots, elle m’a jeté dans la tronche et d’une façon très discourtoise que ça ne me regardait pas, alors qu’elle vive sa vie !

Il me détaille et fronce les sourcils. Des yeux il fait le tour du jardin de manou, vérifiant si tout est bien entretenu. Nous partons, il referme la petite grille à clé et range le trousseau dans sa poche.

Chez mon père, nous rejoignons Alexandre et Christine dans le jardin. Par principe je souris à Christine et lui demande si tout va bien

... Oui bien sûr, pourquoi ça n’irait pas ?

... Ah non comme ça, je demande c’est tout.

... Ça va merci !

Je m’enfonce dans mon fauteuil et ne dit plus rien. Au moins mon mari ne pourra pas me reprocher quoique ce soit.

Le repas du soir est un peu plus animé que celui de midi. Les deux cousins à tour de rôle prennent plaisir à taquiner Maryse qui joyeuse répond du tac au tac. A plusieurs reprises je suis obligée de sourire.

Nous rentrons à l’appartement sur le tard, laissant Alexandre raccompagner Maryse qui ne manque pas de nous inviter tous, le lendemain à Neuilly.

Blottie dans les bras de mon mari, je suis bien, je ne pense à rien, je me réveille doucement, quand il brise cet instant magique.

... Me diras-tu ce qui te tracasse ?

... Bah rien, pourquoi ?

... Mélissandre, ne me dis pas que tu n’as pas un souci ou autre !

... Bah si je te le dis, je n’ai pas de souci.

... Appelons ça autrement alors ! Qu’est-ce qui te préoccupe ?

Je me redresse et m’appuie sur la tête de lit, je le regarde et lui demande légèrement ironique, ce qu’il attend comme réponse

... Je ne sais pas. Aurais-tu eu des nouvelles de ta cousine ?

... Pourquoi ?

.... Pour savoir !

.... Et tu veux savoir quoi ? Quelle est tombée au fond du puit ?

... Donc c’est ça ! Elle t’a téléphoné.

... Impossible, tu as donné des directives au standard.

... Effectivement !

... Alors comment veux-tu qu’elle m’appelle, personne n’a le numéro d’ici.

... Alors je pense qu’elle t’a écrit !

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que Ghyslaine a parlé avec mon mari. D’un coup, d’un seul je me sens trahie

.... Et quand bien même ? Tu veux aussi m’interdire ça ?

... Darling, je ne t’interdis rien, tu es libre, simplement je ne veux pas de ta cousine dans notre vie.

... Et peut-être qu’elle a changé, peut-être qu’elle s’est remise en question

Il part d’un grand éclat de rire ......... Non, tu crois vraiment ce que tu dis ?

... Et pourquoi pas ? Les gens ne peuvent pas se bonifier ? Les gens ne sont pas capables de réfléchir et de faire machine arrière ?

... Les gens si ! Pas ta cousine ! Au cas contraire, j’aimerai le voir pour le croire !

... Alors laisse-là communiquer avec toi, t’appeler, et tu pourras te faire une idée.

... Vous vous payez ma tête madame Jorelle ?

... Bah non pourquoi ?

... Pourquoi ? Parce que jamais elle ne remettra les pieds ni ici, ni à Neuilly ! Et chez ta grand-mère avec Patrick, cela m’étonnerait aussi.

... Alors stop, n’en parlons plus !

.... Bien levons-nous.

Durant le trajet, je ne desserre pas les dents. Matthieu gare la voiture au ras des escaliers, Georges descend, je n’attends pas j’ouvre ma portière et monte. Dans le salon mes parents et Maryse. Je les embrasse et m’assois.

Mon père .... Qu’as-tu fait de ton mari ma puce ?

... Il arrive.

Maryse me regarde, en fronçant légèrement les sourcils. Je lui souris. Matthieu entre il salue à son tour tout le monde et viens s’assoir à mes côtés. Il passe son bras autour de mes épaules et m’attire à lui. Je résiste, il ne dit rien et fait comme si rien n’était

... Aurions-nous interrompu une conversation ?

Sa tante nous regarde tour à tour. Elle sent qu’il y a quelque chose, mais son éducation l’empêche de poser des questions.

... Non pas spécialement, nous parlions des vacanciers.

Pourquoi je sens, je sais qu’elle ment ? Une intuition.
Matthieu .... Où est Alexandre ?

Maryse ... Aucune idée, certainement dans le parc

Matthieu .... Bien !

Un léger froid plane dans ce salon cossu. Maryse potine sur les dernières nouvelles de la reine d’Angleterre. Je n’écoute qu’à moitié.

Alexandre et Christine, main dans la main entrent et viennent nous dire bonjour. Ils ne se cachent même pas, j’ai donc bien la certitude qu’ils batifolent.
Et puis après tout, effectivement elle fait ce qu’elle veut ! Si personne ne trouve à redire alors je n’ai pas à m’en mêler.
Matthieu sert l’apéritif et nous tend nos verres. Il engage une conversation avec mon père. Maryse et Anne-Marie papotent sur la sécheresse qui se prépare.

Je sirote mon verre, m’obligeant à ne pas regarder dans la direction du jeune couple. Mes pensées s’envolent vers Manou. Mon installation chez elle, notre entente. Nos longues conversations. Le bien-être d’être au calme, entourée de son amour.
Matthieu tapote ma cuisse, je le regarde interrogative .......... Nous passons à table

.... Ah !

Je n’ai même pas vu que tout le monde était sorti du salon. Je m’aperçois que je n’ai pas faim. A table, je chipote mon assiette.
A.M ... Tout va bien Mélissandre ?

Je rougis légèrement ... Oui merci.

Les regards se posent sur moi, ce qui me mets mal à l’aise. Je me force à sourire

....... Avec cette chaleur je n’ai pas trop faim

Allez hop ça donne à Maryse un sujet de conversation. La chaleur étouffante, le manque d’appétit.

Matthieu .... Vous partez quand ma tante ?

Maryse taquine .... Pourquoi ? En aurais-tu assez de me voir ?

Matthieu sèchement ... Là n’est pas la question ! Je m’enquière simplement.

Maryse .... Alors comme tous les ans dès la première semaine d’août ! Et vous ? Partez-vous quelques jours ?

Matthieu .... Oui dès le retour de Patrick. Je ne peux laisser la société sans direction.

Après déjeuner, auquel je n’ai pas beaucoup participé, les anciens vont au salon pour le café. Je vais à la bibliothèque chercher un nouveau livre, j’ai rangé celui de Ken Follet. Devant les grandes vitres j’essaie de regarder un titre qui pourrait m’intéresser.

Je sursaute en entendant la porte .... Que fais-tu ?

... Je cherche de la lecture, j’ai fini les piliers de la terre

Mon mari les mains dans les poches, me regarde longuement, ses yeux sombres n’augurent rien de bon.

En deux pas, il est près de moi, ouvre une vitrine et me tends un gros volume

... Celui-ci est un peu la suite. 

Je regarde le titre, ‘’ Le temps des cathédrales’’

... D’accord, merci

Je referme la vitrine et prends le livre des mains de mon mari.

.... Tu diras à ta cousine, qu’elle m’envoie un mail, je verrais si je la reçois ou pas !

Je le regarde, ne saisissant pas s’il me dit ça pour me faire mal ou me faire plaisir. Innocemment je demande pourquoi

... Pourquoi quoi ?

... Pourquoi tu veux qu’elle t’envoie un mail ?

... Pour m’expliquer son attitude !

... Et après ça fera quoi ?

... Je verrais si elle est apte à faire amende honorable

.... Pour que tu la rabaisses plus bas que terre ?

Son visage se crispe. Je sens qu’il se retient de se mettre en colère.

... Ecoute-moi bien Mélissandre, je le fais uniquement pour que tu quittes cette tête d’enterrement. Ce n’est pas pour autant que je vais la recevoir à bras ouverts !

Je n’ai pas envie d’entamer un dialogue, je réponds simplement.

... Je verrai !

.... Parfait, allons rejoindre les autres.

Mon livre sous le bras, je donne la main à Matthieu qui m’entraine dans le salon. Je suis étonnée de ne voir que son cousin et Christine. Je ne peux m’empêcher de demander où est mon père.

... A la télévision avec Anne Marie et ma tante.

Alors que je m’assois, Alexandre se lève.
Matthieu .... Les filles, nous vous laissons un petit quart d’heure, j’ai des choses à régler avec Alexandre !

Christine fait un grand sourire à Matthieu. ........ Oui d’accord.

Et là, je sens comme un traquenard, comme un piège qui se referme sur moi.

A peine les hommes sortis, Catherine vient nous porter deux orangeades fraiches. Je la remercie d’un sourire.

Mon verre dans une main, mon bouquin posé sur mes cuisses, je l’ouvre et lis la préface. La voix de Christine me sort de mon engourdissement.

........ Mélissandre tu me fais la tête ?

Je la regarde, scrute son visage, elle ne baisse pas les yeux comme d’ordinaire. Je prends une grande inspiration avant de répondre faisant l’étonnée

....... Te faire la tête ? Et dis-moi pourquoi ?

...... Je crois que depuis que je suis avec Alexandre, tu me fais la tête.

Je ne quitte pas son visage, et droit dans les yeux je lui rétorque un peu ironique

....... Mais tu es grande, tu fais ce que tu veux, tu sors avec qui tu veux. De quel droit je me mêlerais de ta vie ?

...... Alors pourquoi tu ne me parles pas ?

...... Comment ça je ne te parle pas ?

...... Tu sais Mélissandre, ce n’est pas parce que vous pensez que je suis timide que je ne vois pas.

...... Alors Christine, écoute-moi bien. Que tu sois avec Alexandre je m’en moque. Simplement le samedi il quitte une gonzesse et le dimanche il te fait du bla-bla. Je trouve ça un peu curieux ! J’ai juste voulu te mettre en garde, sans arrière-pensée

....... Je sais il m’a parlé d’Isabelle, il m’a expliqué. Et on n’est pas sorti ensemble. Simplement tu es en couple, ton père ta grand-mère et Maryse ont des conversations à eux, du coup avec Alexandre on s’est rapprochés.

...... Et ben, c’est super alors !

....... Qu’est ce qui te déplait dans notre relation ?

....... Dans votre relation ? Pourquoi vous en êtes à batifoler ?

...... Non pas encore, j’attends, mais je vois bien que ça te déplait

........Mais rien, rien du tout ! Je suis contente pour toi, et comme tu m’as dit une fois, tu sais où tu vas. Alors pourquoi tu veux que cela me dérange !

....... Tu trouves que ça va trop vite ?

....... Qu’est-ce qui va trop vite ?

....... Bah que je sorte avec Alexandre !  

Je suis étonnée, et ne saisis pas ce qu’elle veut me dire ou me faire dire ........... Je ne comprends pas Christine, vous sortez ensemble ou pas ?

..... Non pas encore, mais j’espère que ça va venir.

...... Alors tout est bien, dans le meilleur des mondes. Continue d’espérer

....... On ne parle de rien pour l’instant, j’attends s’il me parle de mariage.

..... S’il te parle mariage ?

..... Oui comme toi, Tu as été très vite pour te marier avec monsieur Jorelle.

..... Oui tu me l’as déjà dit, et de plus nous étions obligés de faire taire les journaux, c’est pour ça qu’on a accéléré le mariage, uniquement pour ça. On ne pouvait pas sortir quelque part sans nous retrouver dans les magazines peoples

Son visage se détend, elle sourit .... Oui vous êtes beaux tous les deux. J’ai gardé tous les articles

J’éclate de rire. .... Ah bon ! Mais tu nous vois en réel, n’est-ce pas mieux ?

.... Dans les journaux monsieur Jorelle est beau, il plait beaucoup, il est élégant, il est attirant. On est obligée de tomber amoureuse.

Je la regarde, mon pouls s’accélère …… Comment ça ? Je croyais que tu en avais peur !

... Non pas peur, mais comment te dire .... Il parait inaccessible, c’est un patron

... Et Alexandre, tu ne le crains pas ?

... Ce n’est pas pareil, il essaie de me faire parler, j’ai raconté un peu ma jeunesse. Pourquoi j’étais chez ton père et tout ça quoi. Il a dit que tu étais une merveilleuse fille. Il t’apprécie beaucoup tu sais.

Je souris .... Mais je l’apprécie beaucoup aussi.

...... Alors ça ne te dérange pas ?

..... Mais non que vas-tu imaginer ? Seulement prends ton temps.

..... Oui enfin, j’ai déjà vingt-cinq ans.

Je souris sans relever. Je m’aperçois que sous ses airs de grande timide, elle est assez audacieuse. Je crains que cette idylle cours à la catastrophe.

Elle me fait savoir, que même si sa relation avec Alexandre n’est qu’aux prémices, Maryse n’a rien trouvé à redire, ni Matthieu ni mon père. Qu’elle ne s’emballe pas mais qu’elle compte bien avoir une issue avec ce beau brun.

Je la regarde, croyant ne pas bien comprendre.
... Une issue ?

Elle sourit .... Bah oui, moi aussi je voudrais me marier, Alexandre ce n’est pas ton mari, ça n’a rien à voir, mais on s’entend bien.

J’éclate de rire .... Ma belle, l’entente n’est pas suffisante pour aller devant monsieur le maire.

....... Tu n’as pas peur de ton mari ?

...... Mais non pourquoi ?

....... Il est très comment te dire, très patron

...... Quand on aime on n’a pas peur de l’autre, et Matthieu sous des airs autoritaires est un homme plein d’amour et de charme. Il ne peut pas être avec moi, comme il est au travail. Et toi tu n’as pas peur d’Alexandre ?

..... Non il est gentil

.... Certes il est gentil, mais il a un caractère fort aussi.

Elle me regarde de biais ....... Si tu n’as pas peur de Matthieu je ne vois pas pourquoi j’aurais peur d’Alexandre.

..... Bah écoute, vis ta vie.

De la tête elle fait oui et me sourit franchement en murmurant .... Merci Mélissandre.

... De rien ma belle. Par contre j’aimerais aborder un sujet avec toi.

... Oui, sur quoi ?

... Sur Herald !

... Oui je sais, elle raconte n’importe quoi, et j’ai peur que ça vienne aux oreilles de monsieur Jorelle

... Christine, tu ne peux pas l’appeler Matthieu ? …. Il y a cinq minutes tu l’appelles Matthieu et après monsieur, tu peux m’expliquer.

….. Il impressionne tu sais.

….. Arrête avec ça, il ne t’a jamais engueulé.

... Oui je sais, même Alexandre, il rit et dit, mon tibou, il est comme moi de chair et d’os. Ce n’est pas un Dieu qu’il faut vénérer.

Nous rions, ça ne m’étonne pas d’Alexandre. Je reviens au sujet qui me turlupine et lui demande ce qui s’est exactement passé, Christine n’étant pas menteuse, j’aurai au moins la vérité et la bonne version

.... Depuis plusieurs fois je parlais de Sylvie à Anne-Marie disant que je m’étais fait une copine au travail. Sylvie me disait mais on pourrait sortir un week-end ensemble, ça serait sympa. Je peux venir chez toi. J’ai dit, faut que je demande, et elle a dit ........Ah bon, tu n’es pas libre de faire ce que tu veux ? Alors je lui ai expliqué que j’habitais chez ma tante et son compagnon. Elle m’énervait en insistant, quand j’ai demandé à tes parents, ils ont dit oui. Une fois chez ton père, elle n’arrêtait pas de poser des questions, et un moment donné, ton père lui a dit .... Vous êtes bien curieuse ! Après elle n’a plus demandé.

.... Elle posait quoi comme question ?

... Bah pourquoi j’habitais là, que faisait ton père et Anne-Marie. Pourquoi ils avaient une si grande maison. Comment je faisais pour avoir autant d’habits.

... D’accord, et quel rapport avec le fait que tu sois ma cousine ?

Christine se trouble en essayant d’esquiver la question, j’insiste
... Dis-moi Christine, c’est juste pour savoir, et pouvoir lui couper l’herbe sous le pied.

... Bah la deuxième fois qu’elle est venue ...
Je lui coupe la parole.... Mais elle est venue combien de fois ?

... Trois fois, et après ton père lui a dit .... Savez-vous que les bonnes manières demandent à rendre une invitation, alors du coup elle m’a invité chez elle aussi.

.... D’accord, donc la deuxième fois, qu’est-ce qui s’est passé ?

.... Monsieur Duval et manou sont venus boire le café et manger le dessert, et monsieur Duval a serré la main à Sylvie en disant

... Mademoiselle Herald, vous ici !

Manou a demandé qui c’était, et monsieur Duval a répondu, une petite qui assiste Mélissandre à la direction. Après elle m’a dit, tu connais Mélissandre ? Bêtement j’ai répondu bah oui, c’est la fille de Bernard, elle m’a demandé qui s’était avec monsieur Duval et j’ai répondu ta grand-mère. Et de là elle s’est faite toute une histoire en disant que j’étais ta cousine. J’avais beau lui expliqué que rien du tout, nous n’avions pas de lien de sang, et elle n’en démord pas, elle dit qu’elle est mon amie et qu’elle va chez les parents de monsieur Jorelle le week-end. Tu connais la suite.

.... Tu permets que j’en parle à Matthieu ?

... Il va se fâcher contre moi ?

... Mais non, absolument pas ! Tu n’y es pour rien.

... De toute façon j’ai coupé les ponts avec elle, ce n’est pas une amie. Je sais maintenant qu’elle fréquente une fille de la compta.

... Dis-moi ce ne serait pas une pique -assiette ?

... Heu comment ça ?

... Elle n’essaierait pas de se trouver une bonne poire ?

... Je ne sais pas, je ne peux pas te dire.

... Elle fréquente qui à la compta ?

.... Une nouvelle chez madame Legal, on les voit souvent ensemble mais je ne connais pas son nom.

.... D’accord, je vais voir ce que je peux faire.

Je lui demande comment ça s’est passé quant à son tour elle a été chez Sylvie. Elle m’explique qu’elle jouait la prétentieuse en racontant la même chose, et sa mère lui a dit. Tu rentres dans le grand monde, ton patron est souvent accompagné d’une comtesse, ce doit être sa mère. Et Sylvie a dit, oui, oui c’est sa mère, elle est très gentille. Je n’ai rien répondu, j’étais tellement écœurée de ses mensonges.

... Tu aurais dû devant sa famille, la remettre en place.

... J’ai essayé mais elle me coupait la parole

Les deux hommes arrivent, l’air détendu. Matthieu demande si tout va bien.
... Oui bien sûr.

... Quelle conversation avons-nous coupé ?

Puisqu’il me tend une perche, je la saisie. ... Justement nous débattions d’Herald !

.... Herald ? Et pourquoi donc ?

... Ben, disons, que c’est une drôle de fille, un peu, beaucoup mytho sur les bords.
Matthieu fronce les sourcils, assis en face de moi, je le regarde droit dans les yeux, lâche la bombe en souriant et sarcastique

... Parait qu’elle te fréquente, et qu’elle passe ses week-ends dans ta famille.

... Qu’est-ce donc encore ce baratin ?  Vous n’en avez pas assez les filles toutes autant que vous êtes de créer des problèmes là, où il n’y a pas lieu !

.... Hé doucement, tu ne t’en prends pas à moi, et j’aimerais bien ne pas être associée à cette affabulatrice

... Raconte !

Son ton peu engageant, ses yeux foncés ne me plaisent guère.
... Bah tu sais quoi monsieur Jorelle, tu iras lui demander, tu seras mieux servi et tu ne viendras pas me faire un procès si je colporte. Et n’oublie pas de te renseigner auprès de Christine après tout c’est sa copine, pas la mienne !

J’entends un grand éclat de rire, je tourne la tête vers Alexandre. Je le fusille du regard, me lève et sors.

Mon bouquin en main, je ne vais pas à la gloriette, mais sur un banc à l’ombre d’un grand sapin, et essaie de me plonger dans ce nouveau roman.
Mes pensées sont désordonnées, tout comme cette lecture qui ne m’accroche pas. Dorénavant, si j’ai vent d’un quelconque racontar, d’un quelconque bruit de couloir, je les ignorerai. C’est bon, j’ai ma dose.
Bon en attendant, Christine c’est réglé, elle non plus je ne me mêlerai pas, et si toutefois elle essaie de me parler d’Alexandre je couperai rapidement. Ce qui me turlupine quand même, c’est qu’elle n’est pas amoureuse, j’en ai maintenant la conviction. Fière d’être avec Alexandre, mais pas du tout éprise. Quant à Herald, c’est réglé, reste plus que Lise. Demain je lui enverrai un mail.

Je respire un grand coup, avale une importante bouffée d’air et essaie de calmer mon pouls. Je me plonge enfin dans ma lecture.

Je finis par rentrer, je ne sais pas quelle heure il est. En arrivant au salon, je découvre que tout le monde est à l’apéritif.
Matthieu ... Tu étais où ?

Je prends une mine réjouie, avec un grand sourire ...... J’étais sous les sapins bleus, et me suis prise à mon bouquin, du coup je n’ai pas vu l’heure passer.

Mon père .... Nous t’attendions pour partir ma puce.

... Ah déjà, je suis désolée je n’ai pas fait attention qu’il était si tard.

Mon père ... Ce n’est pas grave, sauf que nous avons un peu abusé de l’hospitalité de Maryse

Maryse ... Mais non Bernard, voyons. Je vous ai proposé de diner avec nous.
Mon père ... Je vous remercie, mais nous allons rentrer, demain il y a l’école.

Mon père et Anne-Marie se lèvent, embrassent tout le monde, Christine a changé de tête, je peux lire son mécontentement de partir. Nous les accompagnons au bas du perron. La voiture s’en va, et je m’en veux de ne pas avoir profité d’eux

Nous passons à table. Le repas est détendu, j’essaie de participer, pour ne pas avoir de reproches ensuite par mon mari.

Après diner, nous allons faire quelques pas dans le parc. La grosse chaleur est tombée, il fait bon.

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