Depuis l’absence de Patrick, nous arrivons au bureau à neuf heures. Sarah fidèle à son poste, a commencé le courrier. Je la salue d’un sourire.
Dorénavant, lorsque nous aurons une intérimaire, je tiendrai mes distances. Même si Sarah est discrète, par derrière je ne sais pas si elle bavasse. Sylvie aussi me paraissait discrète, et total ce n’est pas une idiote menteuse.
Je vérifie comme tous les matins les pointages. J’ouvre une page blanche et cherche comment écrire à ma cousine. Il me faut choisir mes mots, les peser afin qu’ils ne soient pas interprétés de façon opposée au message que je veux faire passer.
L’interphone grésille, j’appuie sur le bouton.
.... Fais-nous un café Darling !
Devant le perco, j’essaie de réfléchir tout en regardant, sans le voir, le liquide noir et bouillant remplir les tasses.
Le plateau dans une main, je ferme la porte de l’autre, pose les cafés sur son bureau et m’assois. D’une voix calme, un sourire aux lèvres, il me sonde de ce regard perçant.
... Tout va bien darling ?
... Oui pourquoi ?
... Je t’ai trouvé tellement distance ce week-end, laisse-moi me poser des questions.
... Non rien, il n’y a rien. La chaleur peut-être, je ne sais pas !
... Tu as discuté avec Christine ?
... Sur quoi ?
Je me méfie, il a l’art et la manière de tirer les vers du nez à n’importe qui. Il a dû être à bonne école avec son oncle !
... Sur Herald déjà, je suppose !
... Oui je te l’ai dit.
... Christine m’a expliqué vaguement ce qu’il en ressort, je vais donc la convoquer et la virer, ça coupera court à ses divagations. Ensuite comme tu te plains de ne pas avoir assez de travail, je vais mettre Lalande en remplaçante des congés.
Ne sachant pas quoi lui répondre, j’opine de la tête et bois mon café.
... Dis-moi au service de madame Legal qui est au courant de cette histoire ?
... Bah je pense tout le monde, enfin le service de Sabine et Evelyne, puisque c’est le même service
... Donc, à qui dois-je demander des éclaircissements ?
... L’une ou l’autre, ou même Chantal.
Il décroche son téléphone et compose un numéro.
.... Jorelle à l’appareil
......
.... Demandez à madame Benton de monter me voir
.....
Il raccroche en me souriant ....... Au moins nous serons fixés.
Nous attendons quelques minutes, avant d’entendre frapper
... Entrez !
Chantal avance en nous saluant. Je me lève et l’embrasse.
... Asseyez-vous madame Benton
Chantal prend place à côté de moi. Je la sens tendue. Il faut dire qu’être convoquée chez le PDG ne présage jamais rien de bon.
Matthieu croise ses mains sur le bureau et la regarde droit dans les yeux. D’une voix aimable, il lui demande comment est le nouveau service
Chantal ... Bien, monsieur. Nous sommes guidées par madame Legal qui n’a pas peur de venir nous aider ou nous assister.
... Entre vous ?
... On s’entend bien, nous sommes entre copines, donc l’entente est parfaite.
... Herald est votre copine ?
... Je ne dirais pas ça, monsieur le Président. Nous ne la connaissons pas vraiment, ça ne fait pas longtemps, qu’elle est parmi nous.
.... Et son travail ?
... C’est à madame Legal qu’il faudrait demander, mais je pense que ça va, puisqu’elle ne dit rien.
... Madame Legal ne dit rien, mais Herald, que raconte-t-elle ?
Je vois Chantal me regarder, comme pour m’appeler au secours.
Je lui souris pour l’encourager ... Dis-le Chantal, dis ce que tu sais, ce que tu m’as dit.
Chantal, se racle la gorge ... Mademoiselle Herald, serait soit- disant heu ... Comment vous expliquer ?
Matthieu lui fait un large sourire. Je sais qu’il est en train de l’amadouer pour qu’elle parle........ Madame Benton, inutile de m’expliquer, rapportez-moi les faits simplement
...... Bah voilà mademoiselle Herald, aurait été chez votre cousine, et parait que depuis elle passe ses week-ends dans votre famille, qu’elle connait bien votre mère.
...... Bien et qui est sensée être ma cousine ?
...... Mademoiselle Frontasky serait votre cousine. Et d’après ce que j’ai compris, la grand-mère de Mélissandre serait votre mère.
... Bien ! Je vous remercie madame Benton.
Il se lève la raccompagne à la porte, en lui précisant ....... Pas un mot en bas !
....... Oui monsieur le Président.
Il referme la porte et revient s’assoir...... Fais-nous un café darling s’il te plait, et envoie moi Lalande.
Je reprends le plateau et vais au perco. Pendant que le café coule, je dis à Sarah
.... Le PDG veut te voir. Ne t’inquiète pas, c’est pour te proposer quelque chose
Je la vois blêmir ... Bon d’accord !
Je vais avec elle, Matthieu la prie de s’assoir, il lui tend une tasse de café
... Merci monsieur !
.... Mademoiselle Lalande, dans le sens où nous sommes en période de congés, il n’y a pas vraiment de travail pour deux à la direction.
Pâle elle acquiesce .... Oui je comprends monsieur
Matthieu avale son café en une gorgée. J’essaie de souffler sur le mien, Sarah n’a pas toucher à sa tasse. Je sais qu’elle pense que ça y est, elle n’a encore plus de travail.
Mon mari lui sourit .... J’ai une proposition à vous faire, que vous êtes en droit de refuser.
... Oui monsieur.
.... J’aimerais vous garder, et pour cela, vous mettre comme remplaçante dans divers services au gré des besoins selon les congés des employés.
... Oui monsieur.
... Cela vous intéresse ?
... Oui bien sûr monsieur.
... Vous quittez l’agence intérim et je vous fais un premier contrat de deux mois, nous verrons ensuite, avec le même salaire. Cela vous va ?
... Oh oui bien sûr monsieur
... Bien ! Nous le daterons d’aujourd’hui. Vous commencerez cet après-midi au secrétariat avec madame Legal.
... Oui monsieur, merci
Comme tout à l’heure, il se lève lui signifiant que l’entretien est fini. Sarah affichant un peu plus de sérénité, sourit en sortant
De son tiroir, il sort des papiers qu’il remplit. Je comprends que ce sont des feuilles de fin de mission. Il décroche son téléphone.
.... Monsieur Jorelle !
....
.... Madame Maurane, une employée va vous demander à sortir, vous débloquez un sas, elle n’aura pas de badge
......
.... D’ici à peine dix minutes
.....
Il raccroche, se lève, enfile sa veste, machinalement il redresse son nœud de cravate
Je lui emboite le pas. Je sais que ça va chauffer !
Sans même frapper il ouvre la porte d’un coup sec, les têtes se lèvent. D’une main dans le bas de mon dos, il me fait passer devant.
... Bonjour mesdames et mesdemoiselles.
Certaines répondent en cœur... Bonjour monsieur le Président, d’autres. ... Bonjour monsieur
Il regarde les filles tour à tour ........... Certaines d’entre vous, connaissent madame Jorelle ! D’autres non comme mademoiselle Charron, puisque vous êtes nouvelle dans la société.
Il la transperce de son regard froid, et répète d’une voix autoritaire ........ N’est-ce pas mademoiselle Charron !
......... Oui monsieur.
…… Certaines me connaissent d’autres non ! N’est-ce pas ?
Nous pouvons entendre des oui des non monsieur.
Il laisse passer quelques secondes pesantes avant de reprendre
......... Bien ! Quant à certaines ici, je n’ai pas souvenir avoir invité une employée de ce bureau chez ma mère ou chez moi ! J’ignorais aussi avoir une parenté avec mademoiselle Frontasky, ni ma femme d’ailleurs ! J’aimerais donc remettre les choses à leur place !
Il s’arrête de parler et jette un regard sur chaque fille avant de s’attarder sur Sylvie. .......... Aussi mademoiselle Herald, lorsque vous voudrez vous rendre intéressante, évitez d’associer ma femme ou moi à vos divagations mensongères. Sur ce vous pouvez ramasser vos affaires, votre contrat s’arrête aujourd’hui !
Je la vois pâlir, elle range un stylo dans son sac et sans un mot passe devant nous pour sortir, Matthieu tend la main dans sa direction
... Votre carte de pointage, s’il vous plait.
Elle fouille dans son sac et lui donne sa carte. Je peux remarquer que ses yeux brillent de larmes. Il lui remet sa feuille de fin de mission, ouvre la porte pour la laisser passer, et la referme rapidement.
.......... Bien ceci étant fait, sachez que ma politique n’a pas changé. Les ragots mensongers je n’en veux pas, je ne suis pas directeur d’une école maternelle, mais PDG d’une société qui fait travailler plus de trois cent personnes ! Je veux donc de la discipline et du respect envers ma femme, et envers vos collègues. J’espère me faire bien comprendre !
En cœur les filles répondent ...... Oui monsieur
Son ton se radoucit, un léger sourire sur les lèvres
......... Vous aurez cet après-midi une remplaçante ! Madame Legal, au moindre mot, à la moindre ingérence, je vous veux dans mon bureau compris ?
....... Oui monsieur Jorelle
.......... Madame Legal, comment voulez-vous faire marcher un bureau avec une bonne entente, si vous laissez errer une brebis galeuse ?
Evelyne sourit ........ Je ne me voyais pas vous déranger pour des racontars abracadabresques. Nous connaissons madame Jorelle, Christine Frontasky et Elise Dumont.
......... En la laissant répandre des boniments, jusqu’où aurait-elle été ? Hum ? Dans trois mois je couchais avec elle ?
Evelyne émet un petit rire .......... Monsieur Jorelle, elle passait pour une folle, nous avons bien rit.
... Oui vous, et mademoiselle Charron ? Elle riait ?
Evelyne se tourne vers la jeune femme ...... Françoise, nous ne t’avons pas prévenu, de ne pas écouter ses mensonges.
... Si bien sûr.
... Nous ne t’avons pas dit, de te méfier d’elle
... Oui !
Elle se tourne vers mon mari ...... Voyez monsieur le Président !
... Bien ! Elle ira raconter ses boniments ailleurs, vous voilà débarrasser ! Sur ce mesdames, mesdemoiselles je vous souhaite une bonne journée.
Evelyne suivit des autres ........ Merci monsieur Jorelle
Chantal que nous n’avons pas entendue ....... Monsieur le Président, nous pouvons offrir un café à Mélissandre ?
... Et pourquoi à Mélissandre ?
Chantal ... Heu bah, heu parce que ça nous ferait plaisir.
... Elle en a de la chance ma femme ! On ne m’invite pas à boire le café !
Les filles sourient.
Chantal.... Mais monsieur le Président vous ne venez jamais nous voir, on ne peut pas vous offrir un café.
Matthieu taquin .... Il vaut mieux pour vous que je ne prenne pas le temps de descendre !
Chantal qui ne se formalise pas.... Heu oui vous avez raison. Mais vous voulez un café ?
... Merci madame Benton, j’ai du travail !
Il ressort comme il est entré. Je regarde Chantal et éclate de rire.
Les filles viennent me faire la bise, elles discutent toutes en même temps.
Françoise ... C’est lui le patron ?
Chantal .... Oui bien sûr.
Françoise ........ Ah je croyais que c’était le monsieur qui descend des fois
Evelyne ........ Ah non, monsieur Duval est le DRH
Françoise ... Ah d’accord. Il est jeune alors le patron.
Evelyne ......... Oui et pas touche il est marié.
Françoise rit ... Oui j’ai cru comprendre, mais je ne vois toujours pas qui est sa femme.
Les filles rient de bon cœur, je la regarde ... Françoise, je suis madame Jorelle !
Françoise me regarde avec des yeux ronds ........ Ah d’accord ! Désolée.
........ Mais non, ne t’inquiète pas.
Chantal me tend une tasse, je la remercie. Je demande à Nadine si tout va bien
... Oui merci.
... Veux-tu que l’on déjeune ensemble ce midi.
... Oui bien sûr, ce serait avec plaisir.
... Ok, appelle-moi quand tu es prête.
Je bois un peu de café, pour ne pas vexer les filles et repose ma tasse. Je leur souhaite une bonne journée et remonte.
Je vais frapper à la porte de mon mari.
... Entrez !
... Darling, veux-tu me taper ce courrier, qu’il parte avant midi
... Oui bien sûr.
Je remarque qu’il a pris l’appareil de Patrick. Sarah se servant de l’autre. Je tape tout en écoutant, c’est une lettre de licenciement pour convenances personnelles au nom de Didier Herald. Je suis soufflée.
Pourquoi il vire aussi le frère ? Bah alors là ! J’imprime et porte la feuille à mon mari qui la signe. Il décroche son téléphone.
..... Jorelle à l’appareil, j’ai besoin que vous envoyiez un courrier recommandé tout de suite.
Il raccroche. A peine quelques minutes un type entre, après avoir frappé à la porte
.... Bonjour monsieur !
.... Bonjour monsieur Michet, allez à la poste de suite !
... Oui monsieur.
Il prend la lettre et le coupon d’envoi recommandé que Matthieu a rempli, et repart en me faisant un grand sourire. Une légère odeur d’eau de toilette me parvient aux narines. Je ne peux m’empêcher de faire remarquer
....... Ah bah au moins celui-là sent le propre.
Matthieu sourit .... Allons-nous déjeuner ?
......... Ah, heu je voulais déjeuner avec mademoiselle Lemoine. Mais je peux lui téléphoner si tu veux.
....... Non va manger avec mademoiselle Lemoine. Je vais faire un saut à Neuilly ou j’ai laissé un dossier.
....... D’accord alors !
....... N’oublie pas, Lalande n’est pas là cet après-midi.
... Oui, oui, bah je l’accompagnerai et la présenterai.
Il se lève et viens effleurer mes lèvres. Je retourne dans mon bureau et demande à Sarah si personne n’a téléphoné
... Non du tout !
A peine dit, que mon téléphone sonne. Je décroche
Evelyne ... Si tu veux Nadine t’attend.
...... D’accord dis- lui que je descends, on se retrouve dans le hall.
....... D’accord, bisou.
....... Bisous ma jolie.
Je prends mon sac et donne rendez-vous à Sarah pour treize heures. Je descends par l’ascenseur. J’attends quelques secondes, Nadine arrive par les escaliers.
Sur le trottoir je lui demande si un chinois lui plairait.
....... Oh oui avec plaisir
....... Allez viens, je te l’offre.
....... Merci !
Bras dessus- bras dessous nous allons à notre petit restaurant chinois. Le patron un grand sourire aux lèvres se penche pour nous saluer. Ce petit bonhomme au visage jaune me fait sourire. Il nous conduit à une petite table et nous tend les menus.
Je suis en pleine concentration, hésitant entre une salade chinoise ou des rouleaux de printemps. Allez j’opte pour la salade, composée de chou émincé, de carottes râpées et de filament d’algues vertes. Leur sauce un peu épaisse au miel, je l’adore.
Pendant que nous mangeons, je lui pose quelques questions sur son petit. Comme tout maman, elle me répond avec un visage qui s’éclaire, dans ses yeux on peut lire l’amour qu’elle ressent. Je lui demande pour son ami, s’il se plait à son travail. Elle me rassure, et me remercie encore et encore.
Je souris .... Quand on peut aider !
Presqu’au dessert elle me dit en plaisantant ... Je ne connaissais pas ton mari. Je n’ai jamais eu à faire au patron, qu’au DRH, c’est avec lui que j’ai signé mon contrat.
....... C’est la première fois que tu le voyais ?
........ Ah oui, j’en avais entendu parler, mais ne l’avais jamais vu, enfin juste un fois au début, quand il y avait le standard
..... A la réunion tu n’étais pas là ?
..... Non j’avais pris ma journée, le petit était mal fichu
........ Ah et qu’avais-tu entendu sur son sujet ?
Elle rit ...... Que c’était beau mec, et c’est vrai
Je ris aussi, elle reprend ...... J’avais aussi entendu qu’il était heu comment dire, qu’il était autoritaire.
...... Au travail oui, mais pas dans notre vie, ne t’inquiète pas.
....... Non je ne m’inquiète pas, simplement je me demandais comment il était.
....... Te voilà fixer ! Surtout ne va pas dire que tu manges avec la femme du boss et qu’il t’invite chez lui
Elle éclate de rire, un rire plein de gaité qui lui fait venir les larmes aux yeux ........ Mais non ça ne risque pas !
Je paie, nous repartons tranquillement au travail. A son étage je lui fais la bise et lui souhaite une bonne continuation.
J’attends Sarah, quelques minutes. Je l’invite à prendre ses affaires et à me suivre.
Je la présente à Sabine qui est là, Evelyne n’est pas rentrée de déjeuner.
Sabine me fait la bise et en souriant ...... Alors parait que ton mari a sévi !
... Hé oui, tu le connais bien je crois !
... Oh que oui ! Bon comment vas-tu ?
... Ma foi, ça va, voilà sa remplaçante Sarah Lalande, elle est sous contrat contrairement à Herald qu’elle remplace
Sabine .... Bonjour mademoiselle
Sarah ... Bonjour madame.
Sabine se tourne vers Nadine ....... Dis, tu peux lui expliquer le travail ?
Nadine ... Oui bien sûr
Je regarde Sabine ... Bon allez je vous laisse.
A la cantonade je lance ... Bise les filles, bon courage.
Certaines répondent ... Bisous Mélissandre.
Je remonte à mon bureau, je sais Matthieu absent, il n’est pas rentré de Neuilly, il a du manger avec sa tante. Je regarde le dictaphone, tape rapidement les quelques lettres et porte le parapheur.
En moi je souris, j’ai l’impression de me retrouver à mes débuts. Assise les yeux sur l’écran je cherche les mots pour écrire à ma cousine.
Chère Lise,
Je butte, comment commencer, comment lui parler en mots simples tout en insistant sur les points cruciaux ?
Je me lève et me fais un café, tout en réfléchissant, je sirote le liquide chaud.
J’ai parlé avec mon mari de ton souhait de t’excuser. Il accepte que tu lui envoies un mail d’explications. Il n’a pas dit que ça effacerait tout pour autant, il n’a pas dit qu’il répondrait, et surtout, il n’a pas dit que tu reviendrais dans notre vie.
A toi de bien choisir tes mots pour que ton désir d’être entendue soit efficace. Je ne sais pas quoi te dire d’autre. Vois avec ton père qui pourra peut-être t’aider.
Je t’embrasse
Mélissandre
Je fais un copier-coller, ouvre ma boite mail et recopie ce brouillon. Je relis bien, pèse les mots. En ai-je dit assez ? Est-ce clair ? Va -t-elle comprendre ?
J’ai un léger doute. On verra bien, ce qu’elle écrira et ce que Matthieu décidera.
Je prends le plateau, les tasses sales et vais aux lavabos faire la petite vaisselle. Je ne reverrai pas Matthieu. Il me téléphone en milieu d’après-midi
... Darling, je ne repasserai au bureau que sur le tard, ne m’attends pas. Pars si tu veux.
... D’accord, à ce soir.
Je ferme les armoires, éteint l’imprimante, mon pc et le perco. Je prends mon sac et ferme mon bureau à clefs. Je range mes clés et descends par les escaliers.
Je salue madame Maurane et lui précise qu’en cas de problème, elle contacte monsieur Cériez.
Je descends le boulevard jusqu’au métro. Je réfléchis à ce que je vais faire à l’appartement. En passant devant le kiosque à journaux j’achète une revue people. Dans la rame qui m’emmène je le feuillette rapidement, quand d’un coup mon cœur s’emballe. Un gros titre attire mon attention.
Une nouvelle histoire d’amour chez le grand patron Cathenry
Je roule le magazine, soudain pressée d’être rentrée.
En arrivant, je défais mes escarpins, pose mon sac sur la console de l’entrée, en passant devant la cuisine, je salue Sophie et lui demande une orangeade fraiche.
Je vais m’installer sur le canapé en glissant mes jambes sous mes fesses. Calée contre les coussins, je cherche fébrile la page qui m’intéresse.
Comme à notre mariage, tout un album photo représentant manou et Patrick en photos. L’échange des alliances, la sortie de la mairie, manou sortant de la Cadillac souriante. Au restaurant, pendant le repas, devant la pièce montée, et pour finir dans le parc avec à son bras Matthieu et moi au bras de Patrick.
Je souris en lisant les divers commentaires. L’article qui fait deux pages recto-verso est signé par Romain.
C’est seulement en entendant du bruit que je lève la tête. Matthieu la cravate desserrée et en chemise vient s’assoir à mes côtés.
... Tout va bien darling ?
Je lui souris et lui tends le journal, il jette un œil, Sophie lui amène un verre avec un fond de whisky.
...... Merci Sophie, nous passerons à table rapidement, j’ai du travail
....... C’est prêt, si vous voulez
Mattieu boit une gorgée de son verre, et jette le magazine sur la petite table .... Bel article, il a du talent ce Romain.
... Oui, les photos sont jolies en plus.
... Passons-nous à table ?
... Oui bien sûr.
Il me tend la main, pour m’aider à m’extirper du canapé, nous allons à la salle à manger. Pendant le repas il est disert, il me raconte son après-midi, du coup il a monté son dossier à Neuilly tranquillement.
Par principe, je demande de quel dossier il s’agit.
... L’achat d’un nouveau parc automobile à Nantes. Je devrais me rendre sur place la semaine prochaine.
... Tu vas t’absenter longtemps ?
Sa fourchette en l’air, il me regarde en souriant .... Tout au plus, deux jours, je pars en avion.
... Ah !
... Veux-tu venir ?
... Heu bah je ne sais pas, il n’y aura personne au bureau.
... Non donc, tu n’auras pas de courrier.
... On peut laisser la direction sans personne ?
... Il y a Cériez, en cas de problème !
... Oui, alors je veux bien, parce que rester toute seule ici, ça ne me dit rien.
... As-tu écris à ta cousine ?
... Oui !
Je lui dis ce que j’ai envoyé comme courrier, attendant son approbation, au lieu de ça, il me glace !
... Il est certain que mon pardon, qui n’en sera pas un la mettra de toute façon à l’écart de notre vie. Nous la verrons chez ta grand-mère, si Patrick accepte sa présence, et chez ton père. Uniquement là !
... Donc en gros, si Patrick ne veut pas la voir, et comme mon père ne l’invite plus, ce courrier ne sert à rien
... Si, il sert à ce qu’elle se rende compte qu’elle a été beaucoup trop loin, et qu’elle doit ravaler son mépris orgueilleux.
Je ne réponds pas et fini ma salade de fruits.
La conversation retombe. A peine terminé sa dernière bouchée, Matthieu se lève, fait le tour de la table et viens effleurer mes lèvres .... A tout de suite darling.
Je vais prendre une longue douche fraiche, enfile une nuisette, cadeau de mon mari et mon magazine en main, je me couche. Je ne me lasse pas de regarder les photos, en souriant intérieurement. Je trouve ma grand-mère jolie et rajeunie.
Matthieu tarde, j’éteins la lumière.
Je me sens secouer .... Debout madame Jorelle !
J’écarquille les yeux, Mattieu est assis sur le bord du lit, souriant. Tout frais rasé et habillé d’un pantalon de toile et d’un polo.
.... Viens déjeuner, et apprête-toi rapidement, Georges va arriver !
En poussant les draps je lui demande pourquoi.
... Pourquoi quoi darling ? Nous allons à Nantes, ne t’en souviens-tu pas ?
Je ris ... Ah oui.
Heureuse et de bonne humeur, je fonce sous la douche et me prépare en dix minutes. J’avale une tasse de café.
Georges droit comme un I se tient dans l’entrée. Deux valises à ses pieds.
Matthieu .... Allez ranger les valises
... Oui monsieur.
Matthieu m’enlace et m’embrasse passionnément. ... Nous rentrons demain après-midi
... Ah !
... Tu as l’air déçue ?
... C’est court comme voyage.
Matthieu éclate de rire .... Nous ne partons pas en vacances madame Jorelle, mais en voyage d’affaires, j’ai rendez-vous cet après-midi à 14 heures. Je visite et si le site m’intéresse je signe demain matin, puis nous rentrerons à Neuilly
... Ah d’accord.
.... Darling, te rappelles-tu que ta grand-mère et mon oncle rentrent demain après-midi !
Je croise son regard limpide et rieur, une émotion me submerge .... Heu oui bien sûr
Il rit .... Menteuse !
... Mais non, pourquoi tu dis ça ?
... Parce que madame Jorelle, je viens juste de te le rappeler.
Nous nous embrassons en riant. Il prend ma main. Georges attend pour nous conduire
Le trajet n’est pas long de Paris à Nantes, nous passons plus de temps dans les deux aéroports. Matthieu hèle un taxi et donne l’adresse d’un hôtel en centre-ville. Dès nos valises posées nous sortons.
Dehors une chaleur pesante. Nous déambulons dans des petites rues piétonnes. Une foule va et vient. Des boutiques bordent ces rues pavées. De temps à autre, avec Matthieu nous nous arrêtons devant une jolie vitrine et commentons.
Ici personne pour nous traquer, personne pour nous reconnaitre.
Nous sommes à peine débarqués à Nantes, qu’il nous faut déjà repartir. Ce jour et demi est passé si rapidement que je n’ai pas eu le temps de visiter cette belle ville.
Matthieu après le déjeuner, m’a laissé à l’hôtel et est parti signer cet achat d’usine désaffectée pour en faire un parc automobile.
En fin d’après-midi, il m’a rejoint, nous avons visiter un peu le centre-ville, poussé jusqu’à la Cathédrale Saint-Paul – Saint-Pierre, avons diné dans un petit restaurant italien, et sommes rentrés à l’hôtel ou nous avons pris un verre dans le beau jardin.
Ce matin, un taxi nous emmène à l’aéroport. A la descente d’avion Georges attend devant le tapis à bagages.
Nous allons directement à Neuilly.
Dans le salon, Maryse feuillète un magazine, semblant nous attendre
... Ah mes enfants, vous voilà
.... Vous êtes seule ma tante ?
... Comme tu vois.
Nous nous embrassons, Matthieu demande du café à Catherine. Maryse s’informe auprès de son neveu, comment s’est passé cette transaction. Il lui fait savoir qu’il a acquis cet achat à un prix satisfaisant, les travaux commenceront très prochainement
Maryse ... Nous tombons en pleine période estivale
Matthieu remercie Catherine qui vient de déposer son plateau avec le café. Il m’offre une tasse et garde l’autre. Il prend le temps d’avaler son contenu en deux gorgées et la repose. Maryse attend
... Toutes les entreprises ne sont pas en congés !
.... Mais superviseras-tu les travaux ?
.... Araser des bâtiments vétustes, faire une surface plane goudronnée et monter un petit bâtiment pour des bureaux, n’a pas réellement besoin de ma présence. Un architecte sera là, plus le chef de chantier
... Je comprends, et tu penses le mettre en service quand ?
... Début septembre, il devrait être ouvert au public.
.... Et tu comptes en ouvrir plusieurs ?
... Celui-ci est le deuxième, celui de Roissy marche bien, je verrai.
La tante semble réfléchir. Matthieu demande où est son cousin
Maryse sourit .... Alexandre ne me rend pas de compte, et je l’ignore totalement.
Matthieu... Et nos voyageurs, à quelle heure arrivent-ils ?
.... Ils atterrissent à quatorze heures trente, je pense donc qu’ils seront là vers seize heures.
... Bien !
.... J’ai invité tes beaux-parents !
... Pour quand ?
.... Ce week-end !
.... Parfait, ma tante je vous demande de m’excuser, je vais au bureau avant le déjeuner !
... Fais mon grand.
Il se lève et se penche sur moi, il effleure mes lèvres. .... J’en ai pour très peu de temps darling
Je fais oui de la tête et le regarde sortir. La tante me fait revenir sur terre.
... Comment allez-vous mon petit ?
Je souris ... Bien je vous remercie
... Allez-vous partir quelques jours avec Matthieu ? Il aurait besoin de se reposer un peu
... Oui nous avions vaguement parlé de quelques jours en Corse
Nous papotons. Elle me fait sourire de par sa verve légère
Matthieu revient, son air sombre ne dit rien qui vaille. Je le regarde interrogative
.... Nous déjeunons ma tante ?
... Oui bien sûr.
Nous nous retrouvons tous les trois dans la grande salle à manger. Maryse entreprend de faire un semblant de causette, j’essaie de m’intéresser, de donner la réplique si ça me concerne, mais je sens une certaine tension autour de la table
Enfin, nous nous levons, sans demander, je monte à la chambre.
Je me rafraichis un peu et change de tenue, j’enfile un short et un corsage léger, que je noue à la taille. Je prends mon bouquin et à l’ombre d’un grand sapin j’essaie de me plonger dans ma lecture
Je repense à ce que m’a dit Matthieu pour le mail de ma cousine. Si j’avais su je n’aurais pas répondu en lui suggérant de lui écrire. Je crains que par des mots blessants, il la rabaisse encore davantage. J’ai senti au travers de ces lignes qu’elle était très bas moralement. J’imagine le chagrin de mon oncle et ma tante.
Je me secoue et essaie de m’intéresser à ma lecture.
Je ferme mon bouquin et remonte la grande allée, je n’arrive pas à me plonger dans ce roman. Je vais le ranger et retourne au salon, que je trouve vide. Je tourne un peu en rond et monte m’allonger
Depuis quelques jours je sens une certaine langueur. Est-ce dû à la chaleur ? Pourtant à l’appartement, nous avons l’air climatisé, au bureau aussi. Tout le troisième bénéficie de l’air climatisé, et dans ce grand domaine, les murs sont tellement épais que la chaleur ne passe pas, même si dehors il fait lourd et très chaud.
Les mains sous la nuque, mes pensées vont inlassablement à Lise, à Christine, une vague pensée m’envoie Ghyslaine en pleine face. Je sais qu’elle a des problèmes financiers, son mari n’arrive pas à décrocher de contrat, la période des congés n’est pas favorable. Même si le salaire de mon amie est appréciable, je suppose qu’il couvre le crédit, les factures et le courant de la vie, avec difficultés.
Je sens un doux baiser sur mes lèvres, j’ouvre les yeux en souriant
.... Alors madame Jorelle ?
Je m’étire ... Il est quelle heure ?
.... Bientôt seize heures, et tout le monde ne devrait pas tarder.
Je le repousse pour me lever. Je me rafraichis, enfile une robe de coton et me peigne. Je descends le grand escalier au bras de mon mari.
Maryse et Alexandre sont au salon. En entrant dans la pièce, j’ai comme l’impression que nous arrêtons un dialogue. Les yeux d’Alexandre expriment de la colère, le visage de la tante est peiné.
Matthieu demande des rafraichissements à la jeune femme qui est toujours dans les parages. Maryse met fin à ce silence pesant.
.... Vous vous êtes reposée un peu mon petit ?
Je lui souris .... Oui, je vous remercie.
Catherine arrive avec son plateau et pose des verres emplis d’eau pétillante. Matthieu fait le service, tout en questionnant son cousin sur les futurs travaux de son cabinet. Alexandre devise tranquillement, ses yeux sont redevenus de ce marron-noisette rieur.
La porte du salon s’ouvre, mon cœur fait un bon de joie. Manou au bras de Patrick, avancent tout sourire
Je me lève, tout le monde se lève. Les embrassades n’en finissent pas. Je serre ma grand-mère dans mes bras. Elle est belle, épanouie souriante, bronzée. Ses yeux expriment un immense bonheur.
A peine nous sommes assis, que mon père et Anne-Marie, accompagnés de Christine, entrent à leur tour.
Le salon d’un coup se rempli de bonne humeur, des rires retentissent. Tout le monde y va de sa question, de son sentiment sur la belle mine des mariés.
Manou les yeux pétillants raconte cette belle croisière. Les sites qu’ils ont pu visiter, le bonheur des escales. Patrick attendri regarde sa dulcinée et l’écoute retracer leurs dix jours idylliques
Matthieu .... Vous comptez repartir ?
Patrick ... Nous pouvons rester quelques jours. Veux-tu partir avec ta femme ?
.... Non, je me renseigne simplement.
.... Alors nous partirons milieu de semaine prochaine quelques jours en Bretagne, selon les désirs de madame Duval
Patrick en souriant se tourne vers ma grand-mère .... N’est-ce pas ma bien-aimée ?
Manou dévore son mari, dans ses yeux on peut y voir tout l’amour qu’elle lui porte .... Oui.
Maryse engage la conversation sur la Bretagne, ses particularités. Machinalement je croise le regard de Christine, et lui souris. Je vois tout de suite son visage fermé, je sens que quelque chose cloche. Je ne m’attarde pas. J’ai promis de ne pas m’en occuper. Si elle vient me parler, je verrai, si elle ne dit rien, alors je garderai pour moi mes interrogations
Sans que je n’y prenne garde, Matthieu se tourne vers moi .... Et nous darling ?
Je n’ai pas écouté, toute à mes pensées vers Christine .... Heu quoi nous ?
Matthieu plonge son regard dans le mien. Ai-je répondu un peu sèchement ?
.... Je te demande si tu veux partir trois semaines, ou couper les vacances en deux ?
.... Heu bah je ne sais pas.
Il fronce les sourcils un instant, et se tournant vers son oncle .... Prends ton temps !
Patrick .... Disons que je peux reprendre avant
Matthieu .... Non ne changez rien à vos projets. Pars avec Manou, nous partirons en août. Tu auras moins de personnel à driver.
Patrick sourit .... Ce n’est pas ce qui me perturbe le plus.
Matthieu rit .... Non je me doute.
La tante .... Personne ne viendra au domaine en août ?
Matthieu .... Fermez-le et donnez les vacances au personnel.
La tante .... Tu sais bien que je n’aime pas le fermer, puis à la cuisine ils sont déjà en effectif réduit.
Alexandre .... Mais je serais là ma tante.
Patrick .... Oui et si ma bien-aimée le désire, nous viendrons le week-end.
Je n’écoute plus leur conversation, je m’évade ailleurs. Matthieu se lève, va à ce meuble contenant des bouteilles de toutes sortes
Alexandre .... J’ai fait mettre du champagne au frais, pour le retour de nos tourtereaux
Matthieu ... Parfait !
Patrick sourit ... Et bien mon fils, quel langage !
Alexandre insolent .... Que veux-tu père, c’est celui qu’on nous apprend en pension
Matthieu fait diversion .... Ne pars-tu pas quelques jours Alexandre ?
.... Je suis en vacances, cher cousin .... Alors ici ou ailleurs !
Hum, je le sens querelleur. Décidément il y a toujours un grain de sable qui vient se mettre dans les rouages, pour nous empêcher de passer une soirée tranquille, dans cette baraque !
Machinalement je pousse un soupir. Matthieu se tourne vers moi .... Un souci ?
J’essaie de prendre sur moi, malgré la colère que je sens monter .... Non ça va.
Alexandre fait le service et tend une coupe de champagne à chacun. Les conversations reprennent sur des sujets moins fâcheux. Maryse et manou échange quelques boutades sur les différentes façons de cuisiner une paella
Je suis toujours étonnée que Maryse parle si facilement de cuisine et recettes, alors que je parie qu’elle n’a jamais touché une casserole de sa vie
La soirée se passe tranquillement, le repas est agréable. Malgré tout je ne peux détacher mon regard de la mine renfrognée de Christine.
Après diner, Matthieu propose d’aller voir le feu d’artifice. Patrick invoquant le décalage horaire et la fatigue, refuse. Je regarde ma grand-mère, je sais qu’elle adore, elle cligne ses yeux en me faisant un sourire
Maryse ... Allez-y entre jeunes, à nos âges nous apprécions moins ces bains de foule.
Mon père sourit .... C’est gentil Maryse de nous associer aux jeunes.
Maryse de ce petit rire très aristocratique ... Ah mon cher Bernard, quand vous serez perclus d’arthrose vous pourrez rejoindre le groupe des anciens
Nous rions, elle détend un peu l’atmosphère qui malgré tout est pesante. Il est décidé que mon père et Anne-Marie prennent Alexandre et Christine, tandis que je monte en voiture avec mon mari.
Nous allons aux abords de la tour Effel. Serrée dans les bras de Matthieu, je ne perds pas une seconde pour admirer ce feu d’artifice grandiose. Intérieurement je m’extasie. Papa nous propose de prendre un verre avant de nous quitter.
Attablés à une terrasse, je suis le mouvement des gens. Les Champs sont animés. Une foule se promène, les terrasses sont pleines.
Matthieu .... Ne passez- vous pas le week-end au domaine ?
Mon père regarde Anne- Marie qui répond en souriant.... Mon chéri je ne sais pas ce que tu as décidé.
Papa ... Ma foi, je n’ai rien décidé.
Matthieu .... Bien, alors restez avec nous, Mélissandre sera contente de vous avoir un peu.
Il se tourne vers moi .... N’est-ce pas darling ?
... Oui, bah oui bien sûr.
Nous décidons de rentrer. Après les embrassades, nous montons. Une toilette vite fait et je me couche. Matthieu doit être sous la douche. J’essaie de l’attendre, sans pouvoir lutter contre le sommeil. Je m’endors
Je descends à la salle à manger. Catherine fidèle au poste me sert mon café. Je la remercie en souriant et lui demande l’heure
.... Dix heure vingt madame Jorelle
J’avale la tasse de café et remercie la jeune femme. Bon qu’est-ce qui m’arrive, pour que je dorme autant ? D’accord on s’est couché tard, mais quand même.
La maison me parait silencieuse, je vais dans le parc. Ils sont à la gloriette
Matthieu ... Ma femme daigne enfin nous rejoindre.
J’embrasse tout le monde .... Pourquoi tu ne m’as pas réveillée ?
... Et pourquoi devrais-je te réveiller ? Tu dors, c’est que tu en as besoin !
Je le regarde, essayant de sonder ses yeux, je ne lui trouve pas un visage vraiment reposé. Je retiens à temps la réflexion qui me vient en tête, et haussant les épaules je vais m’assoir à côté de ma belle-mère.
J’écoute les conversations sans m’incruster. Je sens le regard interrogateur de Matthieu sur moi.
Le week-end est en soi plaisant. Je suis heureuse au milieu des miens. Si je fais abstraction de l’humeur belliqueuse d’Alexandre, la tête déplaisante que Christine nous offre, et l’air sombre de mon mari, qui en personne du grand monde, ne montre rien pour ceux qui ne le connaisse pas
Dimanche mon père et ma belle-mère nous quittent en fin d’après-midi, laissant Christine. Nous partons après avoir partagé leur diner. J’embrasse fort ma grand-mère en la serrant dans mes bras.
Je ne fais aucun commentaire sur le fait que Christine reste au domaine. Je vais me coucher directement.
La semaine passe vite, étant seule au bureau, je reprends mes habitudes. Après le peu de courrier je m’occupe comme je peux.
Ce week-end, nous sommes restés à l’appartement. Matthieu la plupart du temps est enfermé dans son bureau. Sans nous faire ostensiblement la tête, un certain malaise s’est installé et j’en ignore la raison
Matthieu me dépose devant la société, il m’embrasse et me demande de lui faire un tableau sur le quinquennat qu’il a enfin réussi à obtenir.
.... Heu tu veux quoi exactement ?
... Tu me fais par année les déficits et les bénéfices. Tu te sens capable ?
... Evidemment !
... Bien, fais-moi un tableau productif, que je puisse voir rapidement ce qui ne va pas.
... Tu le veux en globalité ou par agence ?
Il réfléchit quelques secondes et en souriant .... Je pensais régionalement mais si tu peux par ville, ça m’arrangerait.
... D’accord, mais pas pour ce soir.
.... Tu n’auras pas de courrier, aujourd’hui. Fais ce que tu peux, commence par Paris et sa couronne !
... D’accord.
Une main sur la poignée de la portière je demande ironique .... Ça sera tout monsieur le Président ?
... Prends la petite Lalande avec toi.
... Mais tu l’as mis chez madame Legal
... Prends la pour la semaine !
.... Tu ne viens pas au bureau ?
.... Non je vais à l’agence de Saint Denis.
.... Heu pourquoi tu as licencié Denis Herald ?
.... Parce qu’il pose les mêmes problèmes que sa sœur.
J’éclate de rire .... Il passe ses week-ends avec la femme du boss ?
Matthieu sourit .... Presque ! Allez file
Je me penche quémandant un baiser.
A l’accueil je salue madame Maurane et papote quelques minutes.
... Vous ne posez pas de vacances madame Maurane ?
... Je ne pense pas y avoir droit.
.... Je regarde, et vous dis ce midi
Elle me fait un grand sourire .... Merci madame Jorelle
... Allez bonne journée.
... Merci madame Jorelle, vous aussi
Je longe le couloir et vais voir les copines du secrétariat. Chantal me reçoit en riant
.... Madame Jorelle, vous devriez faire installer votre bureau avec nous.
Je ris ... Oui tu as raison. Mais tu n’es pas en vacances toi ?
.... Hé non, Sabine est partie vendredi, je prends donc l’intérim sur ordre du patron.
.... Ma chère, dis-donc, tu ne serais pas un peu privilégiée ?
Deux têtes nouvelles me bouffent du regard. Nadine me fait un petit coucou discret de la main, et Chantal en riant
... Ouais enfin je n’ai pas la chance de partager le lit de ce mec beau comme un Dieu
J’éclate de rire .... Hé ma biche puis quoi encore ?
Chantal taquine .... Oh bah c’est tout, pour le reste je te le laisse, hum je ne suis pas sûre de me faire à son despotisme
Je passe mon bras sous celui de ma copine ...... Tu n’as pas honte ?
... Ah non pas du tout
Je ris devant la tête de Chantal. C’est un vrai pitre. Je l’estime beaucoup, dès le début je l’ai appréciée. Jamais un commérage, des plaisanteries mignonnes et sans conséquences. C’est une fille joviale
... Bon tu me fais un café ?
... Mais avec plaisir madame Jorelle.
Pendant qu’elle prépare le café je vais embrasser Nadine
.... Ça va ma jolie ?
.... Oui je te remercie.
Doucement je lui demande qui sont ces filles, elle me chuchote ... Des intérimaires.
Je souris aux filles et vais leur serrer la main en me présentant... Madame Jorelle
L’une me dit s’appeler madame Strackiotti et l’autre mademoiselle Romedenne.
Chantal sert le café aux filles, pendant qu’elle me sert je demande depuis quand les intérimaires sont là.
Chantal .... Depuis lundi dernier, je pense que c’est pour les vacances
... Mais qui les a reçues ? Je n’ai pas donné de carte de pointage.
... Je crois que c’est ton mari qui s’en est occupé.
... D’accord je regarderai ... Bon ma chérie tu ne vas pas être contente, je t’embarque la petite Lalande
... Ah bon ! Longtemps ?
Je souris ... Non une semaine tout au plus.
... Bah on fera sans hein !
Tout en buvant mon café, je papote avec Chantal, en attendant Sarah. Ne la voyant pas venir, je fini par monter.
Je vais chercher l’épais listing sur le bureau de mon mari, et réfléchis comment faire son tableau.
J’ouvre Excel et commence par inscrire les agences de Paris par lettre alphabétique.
J’entends frapper .... Entrez !
.... Bonjour Mélissandre, tu m’as fait appeler ?
... Oui, cette semaine tu vas être avec moi. J’espère que ça ne t’ennuie pas.
Elle me sourit .... Non pas du tout
.... D’accord, fais-toi un café si tu veux.
... Oui, tu en veux un ?
.... Non merci
Je la laisse boire son café, tout en la regardant. C’est une jeune fille, un peu enrobée, mais jolie. Toujours propre et habillée avec goût, malgré cette tendance à être souvent en jeans.
En quelques mots je lui explique ce que j’attends d’elle. Je découpe le listing et lui donne la partie province, nous nous mettons au travail. Mon téléphone interrompt ce silence.
.... Salut ma belle, tu manges ?
Machinalement je lève la tête, il est bientôt treize heures
... Heu oui j’arrive.
Je raccroche .... Sarah, tu aurais dû aller manger.
... Oui j’y vais.
... A tout à l’heure. Prends ton temps
J’attrape mon sac, attends qu’elle sorte et ferme la porte à clé. Ghyslaine sort du standard au même moment. Avec un grand sourire, elle vient m’embrasser
... Bah alors j’attendais que tu m’appelles
... Je n’ai pas fait attention à l’heure.
Nous descendons par l’ascenseur. Tout en mangeant sa salade sarladaise, Ghyslaine me demande ce qui ne va pas.
... Ah non rien, tout va bien
... Tu as l’air songeuse.
... Non, enfin oui j’ai un récapitulatif à faire pour le patron, et ça prend un peu la tête
... Ah d’accord.
Le silence retombe. Je refuse le café, nous rentrons. Je m’attèle tout de suite à mon listing. Vu la vitesse à laquelle nous allons avec Sarah, je pense que vendredi ça sera largement bouclé.
Dans l’après-midi Matthieu me téléphone .... Darling, je vais m’absenter, essaie de maintenir l’ordre dans les bureaux
... Tu t’absentes longtemps ?
... Je pense rentrer jeudi soir, vendredi midi au plus tard.
... Ah !
.... Oui, je suis désolé. Il me faut mettre la plate-forme de Nantes en route, puis voir aux alentours à ouvrir une agence rapidement.
... Ok, bon courage
J’ai du parler pas très aimablement. Il laisse échapper un soupire
.... Mélissandre, je ne m’amuse pas. Patrick est en vacances, je ne peux pas laisser passer des occasions, je suis bien obligé de faire avec !
... Oui, bah je n’ai rien dit, à jeudi.
... A jeudi darling, si tu as un problème va voir Cériez
..... Oui d’accord !
J’entends le bip qui me fait savoir qu’il a raccroché. Un sentiment d’abandon m’envahit. J’ai un coup de cafard. Je me plonge dans le listing.
Sarah entre et se met au travail sans un bruit. Nous travaillons jusqu’à dix-sept heures trente sans interruption, elle me dit à demain. Je lève la tête et lui sourit
.... A demain Sarah, bonne soirée
... Merci
N’ayant pas envie de rentrer pour être seule à tourner en rond dans l’appartement avec une Sophie qui ne parle pratiquement pas, je reste au bureau.
Je rentre à vingt heures, contente d’avoir avancé. Dans le métro, je pense qu’une fois les provinces faites, Sarah pourra rejoindre le service de Chantal, je réunirai les agences en zone et par département. Il n’aura qu’à voir ce qui lui convient le mieux.
Je mange rapidement, prends un bain pour me délasser, et termine ma soirée dans mon lit avec un bouquin
A peine arrivée au bureau, Matthieu me téléphone, nous échangeons quelques banalités, il me souhaite une bonne journée.
Mardi après-midi, j’ai fini tout Paris, j’attaque la grande couronne. En deux heures je boucle mon tableau. Je demande à Sarah ce qui lui reste à faire
... Je n’ai plus que le nord et c’est fini
.... Veux-tu un café ?
.... Oui merci.
Je prépare les tasses, je suis satisfaite, nous avons travaillé bien plus vite que je ne l’aurai pensé. Il est vrai que Sarah saisit rapidement. Je pose son café sur son bureau et vais m’assoir avec ma tasse
.... Dis-moi, veux-tu redescendre au secrétariat ou rester ?
.... Je ne sais pas, ça m’est égal.
... Je te garde encore demain, ça va ?
... Oui bien sûr, comme tu veux
.... Maintenant que nous avons réussi à faire les agences, nous allons les regrouper par département
... D’accord.
... Si tu as Lens, tu fais attention aux différentes agences, tu les notes de la plus importante à la plus petite. Tu les sépares par un tableau et tu sautes deux lignes pour que ce soit clair. Tu sauras faire ?
.... Oui bien sûr
..... En haut du tableau tu centres la région tu mets en gras et tu soulignes
... Oui d’accord
... Bon vas-y lance l’imprimante et sort ce que tu as fait pour l’instant
La bécane se cale dans son bruit reconnaissable. De l’armoire je sors un listing vierge que j’insère dans le tiroir à feuille. L’impression des données se met en route, l’imprimante crache une dizaine de feuilles reliées.
Je lance à mon tour mon travail. Je mets les deux listings sur le coin de mon bureau
... Bien va déjeuner, nous verrons en rentrant.
Je décroche mon téléphone pour demander à Ghyslaine si elle vient.
.... J’arrive, on se rejoint en bas
... D’accord
J’attends Ghyslaine en papotant avec l’hôtesse d’accueil. Gérard vient me dire bonjour, nous nous faisons la bise. Ghyslaine arrive.
Sans un mot nous allons manger un croque-monsieur au bistrot d’en face.
Ghyslaine .... Tu as des soucis ?
Je la regarde, sortant de mes pensées .... Heu non pourquoi ?
... Je ne sais pas, je te trouve bien silencieuse.
... Bah, tu ne parles pas beaucoup non plus.
….... Que veux-tu que je te raconte ? Marc attend avec impatience le début du chantier. Avec Duval fils ils sont allés voir les locaux, ils se sont entretenus avec un architecte pour réunir les deux appartements et en faire un grand, qui fera environ cent cinquante mètres carrés. A part ça, je n’ai pas grand-chose à raconter
... Ah bah tu vois, je n’étais pas au courant.
... Bah que te dire ?
... Non rien, ça ne me concerne pas vraiment
Ghyslaine sourit ... Oui tout comme je ne pense pas que ton beau ténébreux raconte la société à son cousin
Je souris à mon tour ... Effectivement je ne crois pas non plus.
.... Tu as répondu à ta cousine ?
... Rapidement
.... Et ?
... Et quoi ?
... Elle t’a écrit de nouveau ?
... Ah non. Je lui ai suggéré d’écrire ou téléphoner à Matthieu mais de toute façon ça ne changera rien, il ne veut pas la voir
... Remarque elle a été loin, reconnais.
Je regarde mon amie, sans répondre et finis ma limonade.
Ghyslaine insiste .... Tu ne crois pas ?
..... Je ne crois rien, je pense qu’elle a compris, et je ne vois pas l’utilité de la rayer complètement de ma vie, en rayant par la même occasion mon parrain et ma tante.
... Donc tout le mal qu’elle t’a fait, qu’elle a fait à ta grand-mère, à Christine tu balaies d’un coup ?
Mon cœur s’emballe d’un coup. Je sens la colère m’envahir, j’essaie de me contrôler
... Je n’ai pas dit, ça ! Rien ne sert d’en parler de toute façon.
Ghyslaine me regarde tristement .... Tu as raison. Bon et Christine ça va ?
Je souris ironique .... Christine est une grande fille, je ne vais pas m’immiscer dans sa vie. Elle fait bien ce qu’elle veut
... Pourquoi Mélissandre ?
... Pourquoi quoi ?
... Pourquoi tu me dis qu’elle fait bien ce qu’elle veut ?
... Tu veux que je te dise quoi ? Je ne vais et ne veux pas passer pour une fouille-merde, tu m’as dit toi-même que je ne pouvais pas gérer sa vie, et tu as raison.
... Sans gérer sa vie, tu peux t’informer de comment elle va.
... Je pense qu’elle va bien, je la vois pratiquement tous les week-ends chez la tante, et si je ne la vois pas, Alexandre brille par son absence, je ne me pose donc pas de questions.
... Ecoute j’ai parlé avec Christine, elle est triste elle pense que tu lui en veux
.... Ah ! Et lui en vouloir de quoi ?
... Par exemple, d’être amoureuse de Duval fils
J’éclate de rire, un rire moqueur .... Oh Ghyslaine, faut arrêter votre psychose ! J’aime bien Alexandre, mais ça s’arrête là. J’aime mon mari et n’ai aucune vue sur son cousin. Et de plus, elle n’est pas amoureuse
.... Je n’ai pas dit que tu avais des vues, sur lui. Simplement elle trouve que tu t’es éloignée d’elle.
... Ah, donc quand elle roucoule avec son bellâtre, je tape l’incruste et lance une conversation semblant de rien
... Ce n’est pas ce que je dis, simplement elle trouve que tu n’es pas comme avant
.... Ecoute tu lui diras que je n’accepte pas qu’on se mettre en travers de Matthieu et moi, je respecte donc son amourette avec son adonis
.... Tu ne l’aimes pas son cousin ?
... Je n’ai pas à l’aimer, il m’indiffère. Je l’apprécie, disons comme un cousin et ça s’arrête là !
... Je pensais que tu l’estimais.
.... Oui, je l’estime, tu veux que je te dise quoi ? Je m’en fou de sa vie, j’ai déjà la mienne à m’occuper
.... Pourquoi dis-tu une amourette ? Tu n’y crois pas ?
Je regarde mon amie, droit dans les yeux ....... Quand tu entends ce que j’entends tu te poses des questions
.... Qu’as-tu entendu ?
J’hausse les épaules...... Que te dire, sans faire de ragots ?
.... Je ne pense pas qu’aider une amie c’est faire des ragots
..... Gi, je préfère garder mes impressions, je ne veux pas passer pour une rabat joie
Nous payons et rentrons en silence. J’embrasse mon amie devant sa porte et retourne à mon bureau. Je m’attèle de suite au travail pour ne pas réfléchir à ce qui n’est pas mon problème.
Seule dans mon lit je repense à la conversation de ce midi. Je ne comprends pas, quand je m’occupe de Christine on me fait voir mon côté intrusif, et quand je ne m’en occupe pas, on s’étonne, je suis limite la méchante
Jeudi midi, avec Sarah nous imprimons les nouveaux listings. Je suis contente, elle a bien travaillé. Pour la remercier je l’invite au restaurant. Je téléphone à Ghyslaine
... Je ne mange pas avec toi ma Gi
... Ok bon appétit.
... Merci, bisou
Elle raccroche, je l’ai trouvé un peu distante. Je propose à Sarah
.... Veux-tu que nous allions déjeuner ?
... Oui.
... Allez viens je t’invite
Elle me sourit. Je l’emmène chez les normands. En mangeant je lui demande si elle se plait dans la société
.... Oui, les filles sont gentilles dans le service
... Tu veux y retourner cet après-midi ?
... Oui, si tu n’as plus besoin de moi.
... Bah écoute non, nous avons fini ce que le PDG avait demandé
... D’accord.
Nous papotons un peu d’elle. Je la trouve agréable à discuter. Je l’accompagne au secrétariat, bois un café avec les filles et monte.
Je ne sais pas ce que je vais faire de mon après-midi, seule et sans occupation.
Un peu avant quinze heures, mon téléphone sonne.
... Darling, tu en es où dans tes tableaux ?
... Ils sont finis, j’ai fait par agence détaillée, et ensuite par département avec juste les chiffres
... Parfait madame Jorelle. Prends-les avec toi, et rejoins-moi dans le hall, j’arrive
... D’accord.
Je ferme les armoires et les machines, j’attrape mon sac et les listings, je descends et attends dans le hall. Madame Maurane me sourit.
Matthieu arrive par le sas, un signe de tête à l’hôtesse, de son pas allongé il vient à ma rencontre, prend les listings et m’attire à lui. Il effleure mes lèvres
... Tout va bien ?
... Oui j’espère que ça t’ira.
... Je verrais ça !
Il se tourne vers l’hôtesse et de cette voix directoriale .... Si vous avez un problème, vous vous adressez à monsieur Cériez
... Oui Monsieur
Nous sortons, sa voiture est garée le long du trottoir, il range les papiers dans le coffre. Nous allons à Neuilly
Je trouve à mon mari une mine fatiguée. Son costume froissé me fait comprendre qu’il a fait la route sans perdre de temps.
Maryse est au salon télévision, nous allons la saluer.
Elle se lève et nous embrasse, nous allons au salon boire un jus de fruits que Catherine amène, à peine nous sommes assis
Maryse .... Alors mon grand ?
... C’est en route. Je n’attends pas des exploits avant septembre, mais j’ai fait suffisamment de pub pour que ça démarre rapidement
.... Bien ! Pas de problème particulier ?
... Dans l’ensemble non.
Je n’écoute pas davantage, je sais qu’ils parlent de la plate-forme que Matthieu a été mettre en route à Nantes. Matthieu demande si elle a des nouvelles des mariés
... Je pense qu’ils devraient rentrer ce week-end. Tu devrais prendre quelques jours à ton tour, tu as une petite mine
.... Oui ! Je fais la balance des agences, et nous prendrons quelques jours. Et vous ma tante ?
... Je pars vendredi prochain.
... Bien ! De toute façon il y aura Patrick et Manou.
... Oui, ils m’ont dit qu’ils viendraient pour les week-ends
... Et Alexandre ?
... Oui je pense qu’il viendra aussi avec la petite
... Et il est où là ?
.... Je pense avec l’architecte ou monsieur Germain.
... D’accord, bon je vais prendre une douche et me changer
... Oui va.
Un silence s’installe, je me retrouve seule avec la tante. Bienveillante elle me demande comment je vais, soulignant ma petite mine aussi. Nous entamons un échange gentillet. Elle me fait savoir, qu’elle est très heureuse d’avoir Manou comme belle-sœur. Nous rions de quelques boutades. Je me détends.
Alexandre assiste au repas du soir. Il discute avec Matthieu de ses projets. Il précise qu’il signe chez le notaire le 7 août
Matthieu sourit ... C’est parfait, tu pourras peut-être ouvrir en septembre
... Oui je pense, j’espère.
Ils échangent sur ce futur cabinet médical. La tante intervient de temps à autre. Je les écoute.
Dès le repas terminé, Matthieu m’entraine dans le parc faire quelques pas. Nous ne parlons pas, main dans la main je profite de ces instants seule avec mon mari qui m’a manqué
Il est à peine vingt-deux heures quand Matthieu m’entraine dans notre chambre. Nous ferons l’amour comme des dingues, essayant de rattraper cette longue semaine.