Malveillance
J’embrasse les filles, et attends monsieur Duval, sachant qu’il ne va pas tarder. Ghyslaine nous raconte une blague de son fils, Lise explique à grands mots et détails, l’anniversaire de Manou.
Je vois le DRH arriver, sa mallette à la main, en pénétrant dans le hall, il me sourit, je lui rends son sourire.
......... Bonjour Madame, mesdemoiselles. Comment allez-vous ?
Ghyslaine ....... Bien monsieur
Mr Duval ....... Je ne demande pas à mademoiselle Dumont, elle est toujours en forme
Lise rit ........ Doucement monsieur Duval, nous ne sommes que lundi hein !!
Mr Duval répond ironique ....... Justement le lundi vous êtes reposée !
Il coupe court et se tourne vers moi ......... Montons mademoiselle Robin.
J’attrape mon sac et m’engouffre dans l’ascenseur à sa suite.
....... Comment allez-vous mon petit ?
........ Bien monsieur je vous remercie
....... Comment votre cousine peut-elle être si dissemblable de vous ?
Je souris ...... Nous n’avons pas le même caractère.
........ Hum ! Je vois ça
Il sourit et ouvre la porte de son bureau, il s’efface pour me laisser entrer.
....... Asseyez-vous, nous attendons le patron !
Je sens mon pouls s’accélérer, monsieur Duval commande trois cafés au travers de l’interphone. La petite souris arrive avec un plateau. J’ai envie de sourire. La même coiffure, la même robe et le même visage revêche
Elle pose une feuille sur le bureau de monsieur Duval
La porte derrière moi s’ouvre, j’entends la voix de monsieur Jorelle autoritaire
....... Mademoiselle Perez, où est le courrier de vendredi ?
Elle répond sèchement........ Il n’est pas tapé !
.... Je ne vous l’ai pas donné vendredi midi ?
... Oui et je n’ai pas eu le temps, je n’étais pas là l’après-midi
Elle repart en claquant la porte. Je reste sidérée.
Mr Jorelle ....... Tu ne m’as pas fait signer de feuille !
Mr Duval ...... Aucune chance, je viens de l’avoir !
Monsieur Jorelle me serre la main, et s’assoit à côté de moi, il me tend une tasse de café, je le remercie, il avale le sien en deux gorgées. Monsieur Duval signe la feuille que la femme a apporté
Monsieur Jorelle se lève.
....... Suivez-moi mademoiselle Robin
Nous allons dans son bureau. J’ai le cœur qui bat, ou va-t-il me mettre ? Un soudain pessimiste me prend, je me sens blêmir.
Il me prie de m'assoir et se met sur son fauteuil. Les coudes posés sur la table, les mains croisées sous le menton, d'une voix adoucie il me demande de le regarder.
Mr Jorelle ...... Mélissandre, que se passe-t-il ?
Tendue comme un arc, je réponds avec une tranquillité que je n’ai pas ......... Ça va monsieur.
Le téléphone sonne, il décroche et parle quelques instants en faisant des ‘’Hum’’ ‘’ Oui’’ ‘’ Nous en reparlerons je suis en réunion’’
Il raccroche
Mr Jorelle .......Vous allez être mutée définitivement et être formée par Mademoiselle Perez pour la remplacer. Avec votre niveau d'études cela ne devrait pas vous poser de problème. Je veux que vous soyez attachée uniquement à mon service et celui de Monsieur Duval !
Je le regarde la bouche ouverte, je n'en reviens pas, j'essaie de me ressaisir.
Mr Jorelle continue .......... Vous avez gravi avec beaucoup d'efforts les étapes, je n'ai eu que des éloges sur votre sérieux. Ce poste sera le dernier. Vous serez appelée de temps à autre à m'accompagner, est-ce que ça peut vous poser problème ?
....... Non monsieur.
........ Ces heures vous seront payées. Aurez-vous la possibilité de vous libérer au pied levé ?
........ Oui bien sûr Monsieur, sauf les soirs de cours.
........ D’accord ! Nous rajouterons sur votre contrat votre emploi. Suivez-moi !
Il se lève, comme un ressort et va en direction de cette porte latérale nous nous retrouvons dans un bureau clair, d'une belle dimension ressemblant aux deux autres. Assise à une table de travail la petite souris grise, lit le journal.
Mr Jorelle ........ Voici Mademoiselle Robin, vous la formerez jusqu’à votre départ !
Il repart comme il est venu, sans un merci ni bonne journée. La vieille me regarde de la tête aux pieds et se penche sur l'article qu'elle lisait, je reste plantée comme un piquet. Je détaille la pièce, un grand bureau en L, sur le petit côté un écran d'ordinateur. De chaque côté de la pièce une porte de communication. A droite de la porte d'entrée, un petit canapé bas avec deux larges coussins une table basse, quelques revues dessus. Je sens tout de suite l'atmosphère confinée et l'air saturé de cette pièce. Il y pourtant de belles et grandes fenêtres mais certainement jamais ouvertes.
De la matinée, elle ne m’adressera pas la parole. A midi elle enfile son imperméable prend son sac et sort sans un mot.
Je rejoins les filles au standard
Lise ...... Tu es où alors ?
..... Là-haut avec mademoiselle Perez
Ghyslaine ...... Et bien bon courage ma petite chérie.
Lison rit ....... Ouais, ce n'est pas dame bonté. C'est une vieille fille acariâtre, qui se croit encore au temps du vieux.
........ Elle ne m'a pas adressé un mot de la matinée. Je ne sais pas si ça va être comme ça tous les jours.
Les filles m'expliquent que les employés la soupçonnent d'avoir toujours été amoureuse du vieux, que ça fait plus de 30 ans qu'elle est dans la société et que quand la mère du président est décédée, elle a cru devenir patronne. On dit même qu'ils étaient amants
En haussant les épaules je réponds ........ Ah ! des commérages ?
Lise ......... Non, non, tu peux parler de la vieille tout le monde comprendra.
Je lui souris et non sans une pointe d'ironie lui fais remarquer
......... Tu sais moi les affaires des autres je ne m'en occupe pas. Par principe, je n'aime pas qu'on s'occupe des miennes.
Lise baisse le nez dans son assiette, je crois que je l'ai vexée, j'essaie de relancer la conversation. Tout va bien, elle sourit et se détend.
Lise ....... Bah en tout cas ils sont virés ces gros cons. Et ça y va dur dans les couloirs
....... Ils n’en ont pas assez de colporter ?
....... Bah tu sais, d’un mot en vient un autre, et tout le monde sait qu’il a viré en moins d’une semaine dix personnes pratiquement
Je me sens pâlir, Ghyslaine me sourit
....... Dis la cousine, ne crois pas en être responsable
........ Oui enfin à chaque fois je suis au milieu quand même
Lise éclate de rire ........ Bah ouais, tu te tapes la direction
Je souris, sachant que c’est l’humour de ma cousine.
En rentrant au bureau je m'arrête boire le café avec les filles. J'emprunte les escaliers pour monter les trois étages. Je frappe à la porte et attends.
N’ayant pas de réponse j’entre, elle est assise, son journal posé devant elle.
Pas un mot, elle ne m’adressera pas un mot de l’après-midi. Vers seize heures un type amène une sacoche en cuir qu'il me tend et me demande l'autre. Je le regarde d'un air complètement idiot. Je ne sais pas ce qu'il veut.
Lui ........ La sacoche de courrier
Je me tourne vers Mademoiselle Perez pour lui demander. Elle me toise comme si j’étais une merde de chien et de sa voix hargneuse me répond ........ Elle n’est pas sur mon nez !
Je me retiens de lui répondre, quatre armoires sont adossées au mur de séparation du bureau de monsieur Duval, je bloque devant. Le jeune homme vient à mon secours, ouvre la dernière à droite et prend une sacoche identique à celle qu'il vient de me donner. Il me fait un petit clin d'œil et repart comme il est venu.
Dix-sept heures trente, je la vois enfiler son imperméable prendre son sac et partir. Je sors à mon tour et rejoins ma cousine
Après diner, je vais me préparer pour la nuit, je suis fatiguée d’être restée debout toute la journée. La douche me délasse un peu. J’envoie un message à ma cousine. ‘’ Ma Lison j’ai des devoirs ‘’
Je n’ai pas envie d’échanger avec Elise, je reste un peu avec ma grand-mère et me couche. Le sommeil tarde, je me pose tellement de questions sur cette société. Que de malveillance venant des anciens.
Ce matin je retrouve Lise et Ghyslaine au standard, je prends le temps de boire un café avec les filles, et monte avec monsieur Duval qui me demande si tout va bien
.... Oui monsieur je vous remercie
En sortant de l’ascenseur il me sourit ...... A tout à l’heure mon petit.
Je fais oui de la tête, avec angoisse j’ouvre la porte du bureau, à peine entrée elle m’apostrophe.
...... Vous êtes en retard !
Je ne réponds pas, en retard ou pas, pour ce que je fais. De cette voix pleine d’agressivité, elle m’ordonne de m’occuper du courrier
Je regarde sur le bureau, pas une enveloppe ne traine. Je demande où est le courrier.
...... Vous ne voyez pas la sacoche ? Elle est sous votre nez !
Effectivement sur le petit sofa il y a la sacoche en cuir. Je l’ouvre et sors un gros paquet de lettres sans savoir ce qu’il faut en faire. Les ouvrir, pas les ouvrir ?
Sans me démonter je lui demande ce que je dois en faire. Elle me regarde comme si je descendais de mars et méchamment
... Vous voulez en faire quoi ? A part le trier et le distribuer.
Dans mon cerveau en ébullition je me répète ‘’Le trier ? Ah oui et comment je fais ? ‘’ Je sens la nervosité me gagner, et demande froidement en quoi consiste le tri
... Vous êtes idiote ou vous le faites exprès ?
Le cœur battant, la colère au bord des lèvres, je me retiens de ne pas l’envoyer sur les roses. Je me mets dans l'angle du bureau et pose le paquet. Il y a des grandes enveloppes, des plus petites, des à fenêtre.
Celle où je vois PDG ou Mr Jorelle Directeur ou, Mr Duval, je les mets sur le côté. Après je butte, triturant les enveloppes sans avoir aucune idée de quoi en faire.
Pour la énième fois je lui demande de m’expliquer.
........ Mais ma pauvre fille, vous sortez d'où ? Ce n'est pas compliqué pas besoin d'avoir son BAC, il suffit de savoir lire.
Son air revêche, sa voix hostile, me donne envie de la remettre en place une bonne fois pour toute. Je me tais et prends une grande inspiration.
Elle m'arrache des mains les enveloppes que je tiens. Je suis écœurée de son comportement. Je sors et me dirige vers les toilettes les larmes aux yeux. En passant devant l'ascenseur, les portes s'ouvrent sur le PDG, je baisse la tête et continue quand dans mon dos j'entends
....... Mélissandre approchez !
Je ne me retourne pas et continue dans le couloir. Monsieur Jorelle, attrape mon bras et me fait faire un demi-tour sur moi-même.
Mr Jorelle ........ Ne m’auriez-vous pas entendu ?
Je sais qu'il me détaille, je ne lève pas les yeux, quand je sens sa main sous mon menton m'obligeant à lever la tête vers lui. Le cœur battant, les joues écarlates, les yeux pleins de colère, je croise son regard
Mr Jorelle ....... Que se passe-t-il ?
....... Rien Monsieur.
..... ... Ça se passe bien avec Perez ?
Sans répondre, je me dégage d’un coup sec et me dirige vers les toilettes. Je m’adosse au mur, et éclate en sanglots. Je respire à fond pour me calmer. Je bois un peu d’eau fraiche dans mes mains en coupe, avec du papier essuie-main j’efface les traces de larmes et mon maquillage qui a légèrement coulé. Je retourne au bureau l'angoisse me tenaillant les entrailles.
En entrant dans le bureau, je vois la porte de communication du bureau de monsieur Jorelle grande ouverte.
Melle Perez...... le courrier est trié vous pouvez le porter.
J'enregistre que pour une fois elle a mis en avant le PDG et que le ton est radouci. Elle me tend le paquet d'enveloppes sans autre commentaire.
Je regarde les en-têtes et commence par le PDG qui me remercie d'un signe de tête. Je passe dans le bureau de Mr Duval qui me sourit.
Je me dirige vers le couloir, mon paquet d'enveloppes à la main. Je regarde les noms, cela ne me dit rien du tout. Je descends au premier et longe le couloir, les portes ne comportent aucun nom, juste les services.
Les services j’en connais quelques-uns pour y avoir travailler, mais je ne connais pas le nom des gens. Je sens le stress me gagner.
Indécise je vais voir Elise, peut-être pourra-t-elle m'aider elle connait tout le monde. J'arrive au standard, ma cousine papote avec sa collègue
Lise ...... Tiens Méli qu'est-ce que tu fais ?
....... Je suis désolée Lise, je dois distribuer le courrier, je suis complètement perdue.
Ma voix s'enroue, Ghyslaine me regarde en fronçant les sourcils, elle lâche d'un ton sarcastique
....... Distribuer le courrier ? Quel courrier ?
Je leur montre le paquet d’enveloppes ....... Celui-là
Lise et Ghyslaine se regardent.
....... C’est nouveau ? Va Elise emmène ta cousine.
Avec Lise nous faisons le tour des bureaux, je distribue mes enveloppes. En entrant chez Gérard je discute deux minutes avec lui. Il me demande où est Bruno et pourquoi c'est moi qui lui apporte son courrier. Lise prompte comme à son habitude, répond que c'est la nouvelle mode décidée par la vieille. Gérard sourit et me souhaite bon courage.
Je remercie Lise qui m'embrasse en me disant de ne pas m'en faire. Je retourne au bureau une boule au ventre.
....... Ah bah vous en avez mis du temps !
Je la toise sans répondre, elle ne m'adressera plus la parole de la journée. Elle pianote sur son ordinateur ou répond au téléphone sans s'occuper de moi.
Dans l’après-midi elle me donne deux parapheurs ........ Allez porter ça chez Jorelle et Duval !
Je me dirige vers la porte du couloir.
...... Vous allez où ?
Je me retourne .......... Portez ça chez monsieur Jorelle et monsieur .......
Elle ne me laisse pas finir ma phrase ........ Décidément l’intelligence ne vous étouffe pas ! Vous avez des facultés déficientes ou quoi ? Vous passez là.
Elle me montre les portes latérales. ........ A droite Duval, à gauche Jorelle ! Ce n’est pas compliqué.
Une envie de lui envoyer les classeurs dans la tête me prends. Je me ressaisis rapidement et me dirige vers la droite
Je me retrouve dans le bureau de monsieur Duval, je ne comprends pas. Je réfléchis deux secondes quand la porte s'ouvre.
......... Ah mon petit, c’est le courrier ?
....... Oui Monsieur
...... Bien posez-le sur mon bureau.
Je traverse le bureau de Mademoiselle Perez et vais à la porte de droite que j'ouvre sans frapper. Le PDG est au téléphone. Je me trouve gourde, je pensais le bureau vide. Je stoppe net.
Il me fait signe d'approcher, je lui tends le courrier en rougissant, et vais pour repartir.
Mr Jorelle ........ Merci Mélissandre.
Je rejoins mademoiselle Perez qui est aussi au téléphone. J'attends plantée comme un piquet
Mr Duval l'appelle à l'interphone, elle le rejoint dans son bureau avec un calepin et un crayon, me laissant seule et désœuvrée jusqu’au soir
Sans un mot elle enfile son imperméable et prend son sac, elle me regarde comme si j’étais la dernière des abruties
..... Vous couchez là ?
Je prends mes affaires, passe devant elle et descends les étages. En me voyant arriver, Lise me regarde en fronçant les sourcils
....... Méli ça va ?
Je me sais pâle, je fais oui de la tête. J’embrasse Ghyslaine, Lise glisse son bras sous le mien, nous allons au métro
.... Alors ? Ça s'est passé comment ?
Je lui raconte, quelle ne m'adresse que très peu la parole, ne m'expliquant pas du tout le travail et me traitant d’abrutie
... Pfff ça ne m'étonne pas de cette vieille bique.
Nous nous embrassons en nous quittant. Je rentre chez Manou fatiguée d'avoir été debout toute la journée sur mes talons hauts
Le soir j’échange un peu avec Lise, elle me demande combien de temps je reste avec Perez.
........ C’est mon dernier poste, je suis affectée là, elle part en retraite je crois.
...... Woua l’intello c’est trop super dis donc. Et tu fais quoi ?
...... Je distribue le courrier et attends qu’elle m’apprenne le travail
....... Elle doit t’apprendre, elle doit t’apprendre, enfin pour l’instant c’est le néant.
Je souris .... Oh peut-être que demain ça sera mieux.
...... Ce n’est pas à toi de distribuer le courrier, avec Ghyslaine on ne comprend pas.
..... Oui pas grave, au moins ça m’occupe.
........ Jorelle m’a téléphoné, tu sais pour l’autre jour, les connards du service auto, qu’il a viré
....... Heu oui et ?
Elle rit ......... Il m’a rassuré en me faisant promettre la prochaine fois d’être un peu plus diplomate.
........ Faut dire que tu n’y as pas été avec le dos de la cuillère.
...... Oh bah attends, on n’est pas là pour se faire traiter de pute quand même.
..... Non bien sûr
..... Tu vois qu’il est top ce mec, au moins il a des couilles. Je l’adore.
Je ris ........ Oh Lison !
J’’étouffe un bâillement, souhaite une bonne nuit à Lise et coupe. Je m’endors la tête à peine sur l’oreiller.
Ce matin je refuse le café des filles et monte directement. J’attends Perez qui arrive sans se presser. En entrant elle balance la sacoche qu’elle a en main, sur le petit sofa
......... Ne restez pas plantée là, occupez-vous du courrier.
C’est tout ce que je ferais de la matinée.
A peine assise que Lison me demande, en haussant les épaules je lui réponds.
... Toujours pareil, à part le courrier, je n'ai même pas fait une photocopie, je gobe les mouches.
Lise …Parles-en à Duval.
Je fais non de la tête, nous entamons notre plat de hachis parmentier.
Avant de rejoindre le 3e je bois un café avec Lise, et me décide à monter défaitiste, sachant ces longues heures sans rien faire
Assise dans le métro, je regarde par la fenêtre machinalement. Nous sommes dans les tunnels sombres. Je suis toute à mes pensées. Qu'est- ce donc que cette Perez encore ? Qu’est-ce que j’ai fait pour ne tomber que sur des gens malveillants ?
Je m'aperçois de plus en plus que cette société n'est pas si paisible que j'aurai pu le penser. C'est à celui ou celle qui poussera l'autre. Ils ont peur de quoi ? Que je leur pique leur place ?
J'arrive chez Manou, ça sent bon le caramel. Je vais à la cuisine et l'embrasse.
Moi ......... Hum Manou ça sent trop bon.
........ Je t'ai fait des œufs au lait ma poupée.
Je fais un nouveau petit baiser à ma grand-mère, elle sait que j'adore ça, quand j'étais petite je lui demandai souvent des œufs dans le lait. Ce qui la faisait rire. Et pour la taquiner je lui dis
... Ah tu fais des œufs dans le lait ?
.... Oui ma poupée.
Elle sourit avec bonté, et me demande comment s'est passé cette journée dans mon nouveau post. Je lui dis "très bien" Je ne veux pas la chagriner en lui racontant mes petits soucis.
... Qu'est-ce que je peux te faire Manou ?
... Rien ma poupée va te délasser.
Je vais dans ma chambre, et me change, je range mon tailleur enfile un jeans et un sweat, je prends mes feuillets de cours et m'allonge à demi sur mon lit.
Manou .... Méli, téléphone pour toi c'est Lise.
Je me lève, rassemble mes feuillets et vais au salon, Manou à poser le combiné sur la petite console.
... Allô ?
... Alors Méli, ça n'a pas été ta journée ?
Je lui raconte en gros le stress de cette journée et lui demande pourquoi Mademoiselle Perez agit de cette manière.
....... C'est une vieille fille aigrie, elle ne veut pas partir en retraite, ça fait deux ans déjà qu'elle devrait avoir quitté la société mais elle s'accroche, elle a commencé il y a 30 ans avec l’ancien patron, elle était sa maitresse. Tu sais ce que je disais c'est vrai. Il la sautait sur le canapé dans le bureau. C'est de notoriété publique
Lise termine sa phrase en riant.
....... Ah d'accord, donc elle va me faire la misère, et après je fais comment si elle ne m'apprend rien du boulot ? Je vais être complètement perdue, et me faire virer, je ne ferai jamais l'affaire.
...... Ecoute attendons quelques jours et on en parle ok ?
...... D'accord Lison. Dis-moi comment ça se fait qu’il y ait une telle ambiance dans cette boîte !
..... Ça ne fait pas assez longtemps que j’y suis, mais c’est surtout les anciens qui mettent la pagaille. Ils le font exprès
........ Mais pourquoi ?
...... Parce que l’ancien patron a été viré et Jorelle a pris la place.
........ Mais comment ça ? Qui a viré l’ancien patron ?
....... En fait ce n’était pas le patron, c’était le mari de la patronne mais c’est lui qui faisait tourner la boite
...... Mais qu’est-ce qu’il y avait avec l’ancienne direction ?
...... Bah il ne s’occupait de rien, chacun faisait ce qu’il voulait, ça été loin. Moi je suis arrivée après, je ne l’ai pas connu. C’est Duval qui l’a remplacé
...... Et monsieur Jorelle ?
... Bah je ne sais pas trop pourquoi c’est lui qui est à la direction en fait.
On discute encore quelques minutes, je raccroche sur bisous-bisous. Je me sens un peu mieux.
Nous passons à table, Manou aime bien manger à 19 heures ensuite elle suit ses informations et son film. C'est tout un rituel, et je ne veux en aucun cas lui perturber ses petites habitudes.
Après manger je l'aide à débarrasser, lave la vaisselle, j'y tiens absolument et sors la poubelle. Manou va se mettre en chemise de nuit pendant ce temps et file s'asseoir sur son beau canapé pour regarder la télé. Souvent je lui tiens compagnie puis à l'heure du film, je la laisse tranquille.
La semaine se termine sans amélioration. Comme les jours précédents, ma journée consiste à aller de service en service porter le courrier.
Avec Manou, nous allons faire notre petit marché, elle achète des macarons en prévision de jeudi, elle est décidée à recevoir ses copines pour un goûter. Je suis contente, qu’enfin elle prenne de bonnes résolutions.
En chemin elle me fait part de l’invitation des parents de Lison pour le lendemain.
Nous vidons le panier et rangeons nos achats. Manou me propose pour ce midi des escalopes à la crème et champignons avec de la purée.
...... Impeccable Manou, tu veux que j’épluche les pommes de terre ?
...... Si tu veux ma poupée.
Je m’assois à la table et pèle les pommes de terre, je les coupe en carrés dans la passoire. Manou s’active, elle sort le couvert, quand une idée me vient.
...... Manou, tu ne voudrais pas que le week-end on mange dans la salle à manger ?
.......... Mais oui ma poupée, pourquoi pas !
...... Bah oui, elle est tellement jolie, il faut en profiter
Manou sourit ... Toute ma maison est jolie. Je suis tellement heureuse.
Tout en préparant nous échangeons nos impressions. Nous nous mettons à table, Manou tourne légèrement la télé du salon que nous puissions la voir en mangeant. Ce qui ne nous empêche pas de parler.
Pendant qu’elle va chercher les escalopes et la purée, je zappe sur les chaines, jusqu’à tomber sur une émission de jardinage.
Manou me sert et s’assoit.
....... Oh regarde Manou c’est trop joli ces parterres de fleurs.
....… Oui ma poupée, tu sais du temps de ton grand-père, j’avais des fleurs partout.
….... Ah bon ! Mais on pourrait en remettre si tu veux !
Manou en riant me fait remarquer qu’elle est trop vieille pour bêcher le jardin.
Je ris … Mais manou on demandera à papa, je suis sûre qu’il voudrait bien nous aider.
Ma grand-mère me regarde en souriant, ses yeux sont pleins d’amour. De cet amour d’une grand-mère qui chérit sa petite fille. Je l’aime aussi de tout mon cœur.
J’essaie de rattraper toutes ces années, ou l’autre m’a privée de ma grand-mère. Tout en sachant que le temps perdu ne se rattrape pas. J’ai eu mal quand au cours d’une conversation, m’a grand-mère m’a avoué être restée des week-ends entiers à pleurer parce qu’elle m’apercevait et ne pouvait même pas m’embrasser. Elle m’a confessé en vouloir à mon père de ne pas être suffisamment autoritaire pour tenir tête à sa pimbêche. Je souris en entendant ce sobriquet. Je lui avais confié les sévices et traumatismes psychologiques qu’elle m’a fait endurer. Manou fine et à l’écoute, m’avait fait comprendre que si je m’étais jetée autant dans les études c’était pour oublier mon mal-être, lui prouver que j’étais et allais devenir quelqu’un
Après manger, je refuse que ma grand-mère m’aide à ranger la cuisine, je la renvoie à sa télévision, je sais que son émission va commencer. Nous avons trainé à table.
Je porte un café à Manou, mets les tabourets sur la table, balaie et lave le sol. Contente de moi je vais me détendre.
Je m’installe sur mon lit avec mon ordinateur et bipe ma cousine.
Je lui écris ... Lison je ne mets pas la cam, Manou regarde la télé.
Je baisse la fenêtre et cherche sur internet quelques explications sur des Maths, quand la fenêtre de Lise clignote.
- Tu fais quoi ?
- Rien de spécial je vois mes cours et toi ?
- Moi non plus. Vous venez manger demain
- Oui Manou m’a dit.
- Ça te dirait de sortir ce soir, je vais avec des potes dans un pub.
- Non je te remercie, il faut que je fasse mes devoirs.
- Mais jamais tu sors !
- C’est important pour moi, je ne peux pas rater mon année tu sais.
- Ouais mais tu pourrais t’amuser un peu quand même.
- J’aurais le temps après ma Lison.
Nous échangeons pendant plus d’une heure, quand je lui dis que je vais bosser un peu.
Lise - D’accord l’intello, bon courage.
Je lui envoie un smiley de bisous et la remercie. Je ferme sa fenêtre.
Je bosse une bonne partie de l’après-midi. Le soir je me délasse devant la télé avec manou.
A onze heures, tonton vient nous chercher. Tata nous accueille à la porte. Les embrassades n’en finissent pas.
On entend Lise dévaler les escaliers.
Mon oncle …... Adieu calme et tranquillité
Lison …...... Oh papa, comment tu es hein !
Mon oncle rit et demande à sa fille, de reconnaître que c’est une tornade.
Aidée de ma cousine, nous mettons le couvert dans la salle à manger, tonton sert l’apéritif. Il me propose un doigt de porto que j’accepte.
Comme à son habitude tata a cuisiné avec talent. Le repas est animé. Manou s’étonne de ne pas voir mon père.
Tonton ........ Nous l’avions invité, mais il était pris.
Lison me demande ce que j’ai fait hier
....... J’ai perdu mon latin sur un devoir de maths que je n’ai pas compris.
Mon oncle ........ Tu aurais dû l’emmener, nous l’aurions vu ensemble ma chérie.
....... Ah mince je n’ai pas pensé !
....... Donne-le à ta cousine, et je te téléphonerai si tu veux.
........ Oh oui tonton, tu es super, merci.
Mon oncle rit …… Je savais bien ma puce que j’étais super !
Ma tante rajoute en se moquant........ Fais attention, tu pourrais avoir les chevilles qui enflent.
Nous montons dans la chambre de ma cousine. On échange un peu sur tout, mes études, le travail, la mode, nous écoutons de la musique en sourdine. Lise comme à son habitude saute du coq à l’âne.
Nous dinons avec eux, tonton nous raccompagne en fin de soirée.
Lise m’attend au métro, pour me donner du courage comme elle dit en riant. Le midi, les filles me répètent que je n’ai pas à distribuer le courrier, ça ne fait pas partie de mes tâches
Je leur demande si elles sont sûres de ce qu’elles avancent
Ghyslaine ...... Ma belle, c’est le travail de Bruno de s’occuper du courrier, toi tu fais celui de Jorelle et Duval !
Je leur raconte par le menu détail mes journées. Ce qui est très vite fait et dit.
Je bois le café au standard.
Ce matin je me prépare avec un calme apparent, que je n’ai pas. Une boule au ventre je vais au travail. C’est décidé, je ne bougerai pas.
Ghyslaine n'est pas encore arrivée, je bois un café avec ma cousine et monte au troisième, assez nerveuse me demandant comment ça va se passer. Lison a eu beau me réconforter, je me fais un sang d'encre.
En une semaine je n'ai rien appris du travail. Je ne sais pas ce qu'elle fait sur son ordinateur comment sait- elle qu'il y a du courrier à taper ? Qu’est-ce qu’elle fait comme photocopie ? Les dossiers dans les armoires, que concernent-ils ?
Je perds le peu de confiance que j'ai.
Ghyslaine arrive nous nous faisons la bise. Mademoiselle Perez prend la sacoche que Lise lui tend et me regarde d'un œil mauvais, la bouche pincée.
Lise ....... Fini ton café, elle n'a rien à te dire, quand c'est elle qui te fait attendre.
Je hausse les épaules dans un signe de lassitude, en pensant ... Et on n'est que mardi !
Elle ne m'adresse pas la parole moi non plus et c'est très bien. J'ai décidé de ne rien faire de mon propre chef. Si elle ne m'explique pas le travail, je ne bougerais pas, je n’irais pas distribuer le courrier.
...... Occupez-vous du courrier au lieu de rester planter
Je la toise et très calmement je réponds ........ Occupez-vous-en vous-même !
Avec un semblant de calme je m’assois sur le sofa et feuillète une revue automobile qui se trouve sur la petite table. L’attitude de mademoiselle Perez ne change pas. Elle ne s’occupe absolument pas de moi. Je suis complètement transparente. Je ne descends plus distribuer le courrier. J’attends avec impatience l’heure de partir
Jeudi dernier, Mr Jorelle m'a fait appeler, pour me dire qu'il ne comprenait pas le courrier que je lui avais remis, qu'il me fallait être plus consciencieuse dans mon travail. J'étais sortie du bureau, écœurée, c'est elle qui m'avait envoyée.
Je passe ma matinée debout à faire les 100 pas dans le bureau, à regarder par la fenêtre et à m’assoir sur ce vieux canapé défoncé.
Dès qu’il est midi, sans attendre, je prends mon sac et rejoins les filles au standard, le soir pareil je n’attends pas une minute de plus.
Ce soir en entrant, j’ai un mail sur le portail de l’école, m’avertissant que nous avons cours jeudi soir, le prof ne pouvant pas l’assurer vendredi
Mon ordinateur bipe c'est ma cousine
- Ça va Méli-Mélo ? Je t’attendais, ça fait vingt minutes que je t’ai bipé !
- Oui, j’étais avec une copine de fac, pour un devoir
- Ah d'accord ! Je ne savais pas. Bon alors ça a donné quoi la vieille.
- Rien de changé tu sais, je n'ai toujours rien vu, rien n'appris. C’est le néant total et j’ai décidé de ne plus distribuer le courrier, je verrais bien.
- Bah oui elle est cinglée cette vieille bique, tu ne distribues que le courrier de Jorelle et Duval
- Je ne sais pas si elle se rend compte des retombées désastreuses pour moi, si je me fais virer.
- Tiens le coup
- C’est dur, je ne sais pas si je vais y arriver. Et je fais quoi lundi prochain ?
Je sens les larmes monter malgré moi, Lison s'en aperçoit
- On va s'en occuper, et aller voir Duval.
- Non laisse, je verrai bien. Je me débrouillerai
Nous parlons encore un bon moment, au travers de l'écran.
Les jours défilent, on est déjà jeudi. Je ne dors plus, j’ai l’appétit coupé et très mauvaise mine
En mangeant ce midi avec ma cousine et Ghyslaine, je craque et fonds en larmes.
Les filles sont dépitées pour moi. En rentrant, Lise m'oblige à boire un café, elles me retiennent le maximum. Le personnel commence à rentrer. Je finis par monter pour attendre 17 heures 30 à ne rien faire.
Il est environ 15 heures quand l'interphone sonne
Mr Duval ........ Mademoiselle Perez, dites à Mademoiselle Robin de venir !
Elle ne répond pas, éteint l’interphone et se replonge dans son journal.
De moi-même je vais dans le bureau du directeur, le cœur battant, une anxiété terrible me prend dans le ventre. J’ai les jambes molles.
....... Vous m'avez fait demander Monsieur ?
......... Oui mon petit, fermez la porte.
Je m’exécute et approche de son bureau. Je me sais pâle.
...... Asseyez-vous mademoiselle Robin ! Je ne vous ai pas vu depuis lundi. Tout va bien ?
... Heu oui Monsieur.
.... Alors racontez-moi, qu'avez-vous appris la semaine dernière ?
Je me sens me liquéfier. Ça y est, l'heure fatidique est arrivée. Il va comprendre.
... Je ne sais quoi vous répondre.
… Juste ce que vous avez acquis comme connaissances !
… Rien Monsieur.
... Comment ça, vous n'avez rien appris ? Vous ne retenez pas les explications de Mademoiselle Perez ?
... Ça doit être ça.
... Sauriez-vous me dire ce qu'elle vous a expliqué et que vous n'avez pas compris ?
Je suis coincée, il va me pousser dans mes retranchements. Je sens mon estomac se serrer. Mes mains sont glacées.
.... Pas grand-chose monsieur
... C'est quoi pas grand-chose ?
... Rien Monsieur.
... Comment rien, elle ne vous a rien expliqué ou vous ne voulez pas répondre ? Rien, ne veut rien dire.
Il tente un sourire. Il n'est pas en colère, non, il parle calmement, il essaie de comprendre, mais que lui dire ? Que je suis payée à rester debout 8 heures pour gober les mouches ? Il n'insiste pas, décroche son téléphone
....... Je t’attends !
........
Il raccroche me regarde et sourit. J'entends dans mon dos la porte s'ouvrir. Le directeur se lève et vient prendre place à côté de moi. Monsieur Jorelle s'assoit sur le siège de monsieur Duval et me transperce de son regard. Je me sens mourir.
Le PDG appuie sur l'interphone ... Venez dans le bureau de Monsieur Duval
Melle Perez ne répond pas, la porte de communication s'ouvre, elle avance, son air revêche est parti de sa figure.
Mr Jorelle .... Mademoiselle Perez, comment ça se passe avec Mademoiselle Robin ?
Melle Perez ... Bien Monsieur.
Sa voix ne montre aucune animosité, elle serait presque aimable. Je suis carrément dégoûtée de cette mauvaise foi.
..... Que fait-elle ? Qu’avez-vous eu le temps de lui apprendre en une semaine et demie ?
Melle Perez ... Nous avons survolé le principal après c'est de la routine.
Le regard de Monsieur Jorelle ne me quitte pas des yeux, son regard me glace. Je me sens au bord de la nausée, mes tempes cognent. Sans me lâcher du regard, il continue de s'adresser à Mademoiselle Perez.
..... Que fait mademoiselle Robin ? La question est simple me semble-t-il ?
Mademoiselle Perez pince la bouche ...... Pas grand-chose elle refuse de faire ce que je demande
Une chappe de plomb s’abat sur mon estomac
Monsieur Jorelle me transperce de son regard ......... Mademoiselle Robin ?
Je prends une grande inspiration ......... Monsieur, je ne refuse rien du tout, juste d’aller distribuer le courrier dans tous les services. C’est tout ce que mademoiselle Perez m’a demandé depuis le début
Monsieur Jorelle ........ Distribuer le courrier ? Louviers est absent ?
Monsieur Duval ...... Non, non il est là.
Monsieur Jorelle d’un ton glacial, en baissant le ton .......... Vous vous prenez pour qui mademoiselle Perez ? Et, les autres vous les prenez pour des simples d’esprit ?
Elle commence à se sentir gênée. Je n'écoute pas, je pars ailleurs, je suis vidée. L'écœurement et l'indignation devant de tels mensonges me prennent entièrement, jusqu'au moment où j'entends Monsieur Jorelle hausser le ton.
..... Je vous écoute !
Elle marmonne un truc inaudible.
Mr Jorelle ......... Mademoiselle Robin fait quoi et comment à partir de lundi ? Les mauvais courriers, le sucre dans mon café c'est vous en fait ! Vous n'êtes qu'une imbécile !
Il la toise de la tête aux pieds. ......... Faites-moi un topo demi-heure par demi-heure de l'emploi du temps d'une journée
Melle Perez ne répond pas, blême elle regarde ses chaussures. Monsieur Jorelle, sur ce même ton de colère.
....... J'attends, je ne vais pas y passer le week-end !
A chaque fois, qu'elle écrit, Mr Jorelle lui demande d'expliquer en détail. D'une voix tremblotante elle s'exécute contre son gré. J'essaie de me secouer et de retenir ce qu'elle dit.
Au bout d'un long moment, Monsieur Jorelle tend la main vers le calepin, parcoure les quelques feuilles, les arrache et me les tend.
Mr Jorelle ... Vous prendrez la place de Mademoiselle Perez et recopierez ces feuilles au propre avant de partir.
Il tourne la tête vers la souris ........ Quant à vous, je suis au regret de vous dire que c'est une faute professionnelle, ne pouvant vous licencier puisque vous partez, vous ne recevrez pas de prime de départ !
Il s’adresse à monsieur Duval ....... Tu téléphones à la compta et tu leur dis, de faire son solde de tout compte sans prime de départ !
Il se lève ........ Non, mais j’aurais tout vu, que des abrutis et des incapables !
Il sort par la porte du couloir, qu’il ferme avec brusquerie.
Monsieur Duval me sourit ....... Allez mon petit, prenez place au bureau et mettez ces notes au propre.
Mon estomac se relâche, mon pouls se régule.
Sans un mot je prends des feuilles vierges à la photocopieuse, avant de m'asseoir sur le grand siège, je le règle avec la manette, et sans un regard vers elle, je fouille dans les tiroirs pour trouver un stylo.
Je trace un tableau et recopie soigneusement les écrits
- 8 heures trente faire signer le courrier de la veille à Mr Jorelle et Mr Duval. Photocopier les lettres ranger les photocopies- mettre les lettres sous enveloppes ranger dans la sacoche courrier.
- 9 heures........... Et ainsi de suite jusqu'à midi... Je reprends de 13 heures jusqu'à 17 heures 30
L'interphone sonne, machinalement j’appuie sur le bouton qui vient de s'allumer vert, en laissant mon doigt dessus.
... Oui ?
Mr Jorelle ... Avez-vous fini de recopier ?
… Oui Monsieur.
... Portez moi vos écrits.
... Oui Monsieur.
Je ramasse mes feuillets et me dirige vers la porte de communication, je frappe discrètement.
Mr Jorelle .... Entrez.
Je lui tends mes feuilles, qu'il lit rapidement. Le tableau est clair et compréhensif.
Mr Jorelle ... C'est parfait. Asseyez-vous.
Pendant que je prends place sur un fauteuil en face de lui, il me demande pourquoi je ne suis pas venue le voir dès le début.
... Je pensais que ça allait s'arranger, et il n'est pas dans mes habitudes de me plaindre Monsieur.
.... Ce n'est pas se plaindre que de venir m'expliquer une faute grave. Il en va de la marche de la société Mademoiselle.
Il me toise, je rougis en faisant oui de la tête.
..... Qu’auriez-vous fait lundi ?
..... Je me serais débrouillée monsieur, j’aurais fait au mieux.
..... Je ne veux pas du mieux, je veux du parfait !
..... Oui monsieur.
Il me tend les feuilles, me signifiant que l'entretien est fini. Je le remercie et ferme discrètement la porte de communication. A la grosse pendule du mur, il est l'heure de partir. Je plie mes feuilles en deux, attrape mon sac, et sans attendre la souris grise, je pars. Dans l'ascenseur je glisse mes feuilles dans mon sac à mains. Je ne sais pas pourquoi, ma première envie était de les ranger dans un tiroir du bureau, une intuition m'a fait les emmener.
En chemin je raconte à Elise la convocation de Mr Duval.
... En rentrant de déjeuner j’ai demandé à Duval si je pouvais lui parler. Je lui ai tout raconter, que tu étais en train de péter un câble, qu'elle ne t'avait absolument rien appris, et qu'elle te faisait distribuer le courrier. Il m'a répondu, j'avais comme un mauvais présentiment. Je vais voir ça. Merci mademoiselle Dumont.
Je presse le bras de ma cousine et la remercie de cette démarche, qui m'a sortie du pétrin
Ce dernier jour, les portes de communications avec Le DRH et le PDG restent grandes ouvertes. Quand le téléphone dans un de leur bureau sonne, la porte se ferme, et s’ouvre dès que la communication est finie.
Toute la journée, mademoiselle Perez m’explique du bout des lèvres le déroulement du travail, me montre comment faire le courrier, m’explique le classement des armoires, le fonctionnement de l’imprimante et du perco.
Je note consciencieusement toutes les explications et range les feuilles dans mon sac.
Samedi après-midi je revois le cours donné jeudi. Lise m’a rendu le devoir de maths avec toutes les explications de tonton. J’ai téléphoné pour le remercier. Il m’a renouvelé quelques éclaircissements, difficiles de justifier par écrit.
Dans sa jeunesse, il rêvait d'être prof de maths. Il est imbattable dans cette matière. Pendant un boulot d'été dans une banque, il a bifurqué dans ses études. Une belle jeune fille venue ouvrir un compte, s’est présentée à mon oncle derrière son guichet. Elle deviendra ma tante. Ça fait bientôt vingt-cinq, qu'ils s'aiment comme au premier jour.
Je souris à cette pensée. C'est vrai qu'ils forment un couple merveilleux !
Dimanche soir, je regarde le film avec Manou pour me détendre un peu. Du week-end, je n’ai pas levé les yeux de mes bouquins.